Le Danube

Ce site aborde le fleuve dans une perspective géohistorique et holistique. On y parle d’histoire, d’ethnologie, d’environnement, de navigation, de bateliers, de musées de la batellerie, de climatologie, de grands et petits destins destins liés au Danube, d’hydrographie, d’îles, d’oiseaux, de poissons , de pêcheurs, du fascinant delta, de voyages sur le Danube, de musique, de compositeurs, de cuisines et de vins, de croisières, de cinéma, d’étymologie, de festivals et de cultures, de graveurs, de peintures, de littératures, de souvenirs, de savoirs et savoir-faire, de coutumes, de métiers du fleuve ou liés à celui-ci, de mythes, de légendes  ou encore de personnages danubiens d’anthologie ou d’habitants des bords du fleuve. Un site un peu comme un bateau qui descend et remonte le fleuve au long des jours quelqu’en soit les saisons. Bienvenue à bord !

L’une de ces légendes, parmi les plus belles de la mythologie européenne, raconte que Jason et ses Argonautes auraient remonté depuis l’une de ses « bouches » dans la mer Noire d’abord le Danube puis la Sava jusqu’à Siscia (Sisak en Croatie) et enfin son affluent la Kupa (Kolpa) jusqu’à son cours supérieur pour rejoindre ensuite l’Adriatique au retour de leur périlleuse expédition de conquête de la Toison d’or.

Le périple des Argonautes, tableau de Constantínos Volanákis (1837-1907) 

Brigach und Breg bringen die Donau zu Weg !
(La Brigach et la Breg ouvrent le chemin au Danube !)
Dicton populaire du Bade-Wurtemberg

« Il regarda le Danube : l’eau coule. L’eau coule tous les jours, elle est maintenant à Immendingen, maintenant à Eckhartsau, maintenant à Apatin, maintenant à Chilia Veche et maintenant de nouveau à Immendingen. Quand sa journée était très bonne, que pouvait-il penser d’autre que le Danube est éternel et qu’il est lui-même le Danube ? »
Péter Esterházy (1950-2016), L’œillade de la comtesse Hahn-Hahn, En descendant le Danube, Gallimard, Paris, 1999

Seul fleuve européen important avec le Pô à se diriger dans un axe général d’ouest en est, le Danube prend ses sources en Allemagne dans le massif de la Forêt-Noire (Bade-Wurtemberg) à Furtwangen pour les uns ou dans le parc du château de Donaueschingen, considérées comme la sources officielle, pour les autres.

Le bassin danubien, sources : International Commission for the Protection of the Danube River

On peut aussi considérer, pour mettre fin à cette querelle ancestrale, que le Danube prend à la fois ses sources à l’altitude de 1078 m au lieu-dit « Martinskapelle » (chapelle Saint-Martin) à Furtwangen (source de la Breg), au lieu-dit « Sankt-Georgen-Brigach » situé à 925 m d’altitude (source de la Brigach) sur la commune de Sankt-Georgen-im-Schwarzwald tout comme à Donaueschingen puisque c’est ici que toutes les eaux de ces multiples sources, rivières et ruisseaux se rejoignent et s’unissent pour former officiellement le Danube.

La source de la Breg (Danube) au lieu-dit saint-Martin à Furtwangen (Bade-Wurtemberg), photo © Danube-culture, droits réservés

Chapelle saint-Martin à Furtwangen dans la Forêt-Noire wurtembergeoise, photo © Danube-culture, droits réservés

Le confluent de la Breg (à gauche) avec la Brigach (à droite) auquel se sont joints les multiples sources et ruisseaux qui jaillissent du sous-sol du parc du château de Donaueschingen et de ses environs, donne naissance officiellement au Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Le fleuve traverse ensuite en formant de multiples méandres une grande partie du vieux continent, s’élargissant peu à peu grâce à ses nombreux affluents pour finir et s’ouvrir en apothéose sous la forme d’un magnifique delta toujours en évolution depuis sa création, prodigue en biodiversité et en écosystèmes. Le Danube se jette, en se divisant en trois bras principaux (on en comptait un nombre plus important dans l’Antiquité : Hérodote et Strabon tout comme l’historien romain d’origine grecque Amien Marcellin en comptaient cinq, Pline sept…) et de multiples ramifications secondaires (du moins pour les deux bras de Chilia et de Sfintu Gheorghe, celui de Sulina ayant été aménagé par la Commission Européenne du Danube à partir de 1880) dans la mer Noire ou Pont-Euxin chez les anciens Grecs, une mer quasiment fermée appartenant à part égale à l’Asie et au continent européen. D’autres grands fleuves européens à l’est du Danube comme le Dniestr (1362 km), le Dniepr (2285 km), appelé dans l’Antiquité le Boristhène, le Boug méridional (806 km) ou Hypanis pour les Grecs anciens, viennent également déverser leurs eaux douces dans cette mer d’une superficie de 400 000 km2.

Les cours du Moyen et du Bas-Danube ainsi que le delta et les côtes occidentales de la mer Noire vus d’un satellite

Le Danube est dès sa naissance et sur de nombreux aspects, un fleuve fascinant et complexe. Son histoire commence bien avant que les hommes ne viennent peupler et coloniser son delta puis son bassin tout entier.

Au coucher du jour sur le Danube slovaque… photo © Danube-culture, droits réservés

 « Ne pourrait-on reprendre à propos [du Danube] et des grands fleuves la formule de Montaigne et les dire « ondulants et divers »? Tantôt abondants et tantôt amaigris, tantôt clairs et tantôt chargés de boue, tantôt rapides et tantôt lents, et toujours changeants d’un instant, d’une saison ou d’une longue période à l’autre. Cette diversité et cette puissance font que, en tout temps et en tout lieu, les fleuves offrent, dans une perspective anthropocentriste un double aspect ; il y a le fleuve hostile par sa force brutale, par ses crues, par les maladies qu’il véhicule ; mais il y a aussi le fleuve qui offre une ressource abondante, des terres fertiles et planes sur ses rives, son énergie. Cela dans des contextes de milieux naturels et d’environnements culturels également divers, de sorte que le problème des relations qui s’établissent entre un fleuve et les collectivités humaines qui occupent et se partagent son bassin suppose autant de variations qu’il y a de fleuves et de lieux dans le bassin du fleuve: tel cadre est-il ou non favorable à l’emprise et à l’action humaine ? Quelles variations le temps et les systèmes socioculturels introduisent-ils dans ces systèmes de relations ? Quelles sont finalement les résultantes du jeu combiné des relations entre le fleuve et les hommes ? »
Jacques Bethemont, « Les temps du fleuve » in « Les grands fleuves, Entre nature et société », Armand Collin, Paris, 2002, p. 52

Le Danube en quelques chiffres…
Le Danube se distingue des autres fleuves par le fait que l’on en mesure sa longueur à contre-courant, de l’aval vers l’amont, de l’extrémité d’un de ses bras (bras de Sulina) ou du point kilométrique zéro sur le même bras jusqu’à ses sources dans le parc du château de Donaueschingen ou alors jusqu’au lieu-dit Saint-Martin à Furtwangen ; une longueur difficile à déterminer de manière précise d’autant plus qu’elle fut et est toujours variable au cours du temps en raison du travail du fleuve lui-même tout au long de son périple jusqu’à la mer Noire et des nombreux aménagements entrepris par les hommes, en particulier sur le bras de Sulina où furent supprimés de nombreux méandres, principalement à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces aménagements avaient pour objectif d’améliorer, de sécuriser la navigation et l’exportation de céréales, de lutter plus en amont contre des inondations répétitives mais ils eurent également pour conséquence de réduire non seulement sa longueur de 134 km mais aussi sa largeur en de nombreux endroits et de modifier sa biodiversité.
Longueur totale (actuelle) du Danube, de Sulina (point zéro, Dobroudja, Roumanie) jusqu’à la source de la Breg en Forêt-Noire (Furtwangen, Bade-Wurtemberg, Allemagne) : 2 888 km (on trouve également parfois le chiffre de 3019 km…).
Le Danube mesure 2 840 km (2857 km selon des sources officielles allemandes) du point zéro de Sulina jusqu’à Donaueschingen (Allemagne) où le fleuve prend officiellement sa (ses) source(s).

La statue de la Baar indiquant au jeune Danube le chemin au-dessus du bassin rénové de la source du Danube dans le parc du château des princes de Furstenberg à Donaueschingen, lieu officiel de la naissance du fleuve, photo © Danube-culture, droits réservés

De Sulina (Point Kilométrique 0) à Galaţi (PK 151), le parcours du fleuve est considéré comme une route maritime, aussi se mesure-t-il sur celui-ci en milles marins (1 mille marin = 1, 852 km).

En aval de Sulina et du point kilométrique zéro à partir duquel on mesure les distances sur le fleuve vers l’amont, le Danube poursuit inlassablement son chemin vers la mer Noire, photo © Danube-culture, droits réservés

La distance en ligne droite entre le confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen et l’embouchure du fleuve est de 1 630 km, donnant ainsi un coefficient de sinuosité de 1,7.
Le Danube n’est qu’à la vingt-neuvième place (en considérant que sa longueur est de 3019 km) ou à la trente-et-unième place pour 2840 km parmi les plus grands fleuves du monde ! C’est toutefois le plus long fleuve européen après la Volga (3 740 km, 3545 km selon d’autres sources), cours d’eau qui se jette dans la mer Caspienne, drainant un  bassin versant de 1 350 000 km2 mais qui n’est pas le plus grand fleuve prenant sa source sur le territoire de la Russie. Il faut également rappeler que le Danube et la Volga ont des caractéristiques hydrographiques très différentes.
Le Danube franchit, de ses sources en Forêt-Noire jusqu’à la mer Noire, 22 longitudes.

Au confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen (Bavière), les premiers pas officiels du Danube, photo © Danube-culture droits réservés

Un très faible dénivelé
Le dénivelé total du fleuve, depuis Donaueschingen jusqu’à la mer Noire n’est que de 678 m. La pente moyenne est donc très faible et n’est égale en moyenne qu’à 25 cm/km  d’où en particulier les nombreux du fleuve d’autrefois ! Si le coefficient de sa pente dépasse les 1% en amont d’Ulm, il s’abaisse à 0,5% entre le confluent du Lech et Regensburg (Ratisbonne) puis à 0,2% sur la fin de son parcours allemand jusqu’à Passau. Le dénivelé reprend ensuite un peu d’ampleur pour atteindre une moyenne de 0,4% à la hauteur de Bratislava puis s’abaisse à 0,1% sur la frontière slovaco-hongroise et à 0,006% dans la plaine panonienne, remonte à 0,3% dans le passage entre les Carpates et le Balkan, défilé dit des Portes-de-Fer (avec des variations entre 0,04 et 2%) avant de redescendre à 0,05% jusqu’à Cernavodă (Roumanie, rive droite) pour terminer ensuite à 0,01%  jusqu’à la mer Noire.

Débit
Le fleuve a un débit annuel moyen d’environ 203 millions m3 (6 500 m3/s).

Le Danube en Strudengau (Haute-Autriche) à la hauteur de Sarmingstein (rive gauche), fleuve miroir, à l’automne, photo © Danube-culture, droits réservés

Régime
Rassemblant des eaux en provenance des hautes montagnes (Alpes), de moyennes montagnes (Carpates, Balkan…) et de leurs contreforts, de hauts plateaux, de bassins et de plaines, le Danube possède un régime d’écoulement très complexe dont le profil évolue depuis celui d’une rivière de montagne jusqu’à celui d’un grand fleuve de basse plaine. De nombreuses crues affectant plus particulièrement le Haut et le Moyen-Danube, caractérisent son histoire mais le cours inférieur du fleuve n’a pas non plus été épargné par de sévères inondations. Ces crues dévastatrices n’ont toutefois pas touché au même moment l’ensemble du bassin en raison du « décalage chronologique qu’apportent à leur propagation les conditions d’écoulement et de l’hétérogénéité des influences météorologiques. »

L’embacle du Danube à la hauteur de Budapest pendant l’hiver 1939-1940, source Fortepan

Le Danube gelé à la hauteur de Vienne pendant l’hiver 2014-2015 , photo droits réservés

Le fleuve peut encore, pendant certains hivers rigoureux, en traversant des régions à climat continental, charrier des glaces qui provoquent alors des embâcles remontant vers l’amont à partir de rétrécissements situés entre les reliefs. Il n’était pas rare autrefois que le Bas-Danube soit également pris par les glaces pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois entre le port de Cernavodǎ et ses embouchures, bloquant tout trafic fluvial.

Principales crues historiques du Danube : 1342, 1501, 1572, 1598, 1670, 1736, 1787, 1830, 1838  (particulièrement terrible à Budapest), 1897, 1899, 1954, 1956, 1965, 1970, 2002, 2006, 2010, 2013

Inondations à Vienne en 1830

Principaux affluents
   Le Danube reçoit au long de son cours plus de 300 affluents plus ou moins importants parmi lesquels, d’amont en aval, l’Iller (rive droite, 147 km) au débit plus important que le Danube à son confluent avec celui-ci, le Lech (rive droite, 264 km), l’Isar (rive droite, 292 km), tous trois cours d’eau d’origine alpine, l’Inn (rive droite, 515 km), rivière fougueuse qui prend sa sources dans le massifs des Grisons (Suisse) et dont le débit serait également supérieur à celui du Danube à la hauteur de son confluent (Bavière), l’Enns (rive droite, 349 km), la Traun (rive droite, 153 km), deux  nouveaux affluents alpins, la Morava ou March (rive gauche, 329 km), la Leitha/Lajta/Litava (rive droite 180 km), la Váh/Waag (rive gauche, Waag, 378 km), le Hron ou Gran (rive gauche 298 km), l’Ipoly/Eipel (rive gauche, 232 km), la Drava/Drau (rive droite, 707 km), la Tisza/Tisa/Theiß (rive gauche, 970 km), la Sava/Save (rive droite, 940 km), le Timiș (rive gauche, 359 km), la Velika Morava (rive droite, 245 km), le Timok (rive gauche, 184 km), le Jiu (rive gauche, 331 km), l’Iskar/Искър (rive droite, 368 km), l’Olt (rive gauche, 670 km), la Yantra/Янтра (rive droite, 285 km), l’Argeş (rive gauche, 327 km), le Siret (rive gauche, 726 km) et le Prut/Prout (rive gauche, 967 km). Tous ces affluents prennent leurs sources dans l’un des trois massifs montagneux que le fleuve traverse : les Alpes, les Carpates et le Balkan.

Débit du fleuve et apport des principaux affluents

Le fleuve le plus international au monde !
10 pays se « partagent » aujourd’hui les rives du Danube ce qui en fait le fleuve le plus international au monde : d’amont en aval, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Ukraine. Outre ces dix pays que le fleuve traverse ou borde, son bassin versant englobe une partie du territoire de vingt autres (Italie, Suisse, République tchèque, Pologne, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Kosovo, Monténégro, Albanie).
Toutefois le Danube est un fleuve du continent européen qui n’a aucune nationalité et qui n’appartient à aucun pays qu’il borde ou traverse. Il n’est ni allemand, ni autrichien, ni slovaque ou hongrois, croate, serbe, roumain, bulgare, ukrainien ou moldave. Le Danube est le Danube !

Le bassin versant danubien ou de la Suisse orientale à la Moldavie : un espace cohérent mais aussi source de tensions ?
Le bassin versant du Danube, qui occupe le vingt-cinquième rang mondial et qui représente une superficie totale de 817 000 km2 (805 000 km2 selon d’autres sources) soit environ un douzième du continent européen, englobe la totalité ou une partie de 19 (ou 20 avec le Monténégro) pays européens pour une population d’environ 83 millions d’habitants. Il s’étend à partir de 8° 09’ (sources de la Breg et de la Brigach) jusqu’au 29° 45’ de longitude est (delta sur la mer Noire). Les 20 pays composant son bassin sont la Moldavie, l’Ukraine, la Bulgarie, la République de Macédoine, l’Albanie, la Roumanie, la Serbie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, l’Autriche, la Tchéquie, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse.
Le point le plus méridional du bassin danubien se situe au 42° 05’ de latitude nord, à la source de son affluent de la rive droite l’Iskar dans le massif du Rila (Bulgarie), et son point le plus septentrional à 50° 15’ de latitude nord, à la source de la Morava (March, rive gauche) en République tchèque à la frontière tchéco-polonaise.
Selon sa structure géologique et géographique, le bassin versant du Danube peut-être divisé en trois sous bassins : Le Haut-Danube, le Moyen-Danube et le Bas-Danube que les Grecs de l’Antiquité appelaient « Ister ».
Un tiers du bassin danubien appartient aux grands massifs montagneux récents (Alpes, Carpates, Balkan, Alpes dinariques) et les deux autres tiers sont formés des montagnes moyennes de formation plus ancienne (Forêt-Noire, Jura souabe et franconien, Forêts de Bavière et de Bohême, Hauteurs tchéco-moraves, monts de Măcin), des plateaux (Dobroudja, Ludogorie, plateau moldave, Podolie) et de grandes plaines (plaine pannonienne ou Alföld, plaine roumano-bulgare).

Bassin-du-Danube

Bassin versant du Danube ; le fleuve au coeur d’un important et indispensable réseau hydrographique européen. Il manque sur cette carte l’Albanie et la Macédoine dont une infime partie de leur territoire appartient au bassin du Danube (source Wikipedia)

Le bassin du Danube avoisine à l’Ouest et au Nord-Ouest, près de ses deux sources, le bassin du Rhin, confine au Nord au bassin de la Weser, de l’Elbe, de l’Oder et de la Vistule, au Nord-Est au bassin du Dniestr et au Sud aux bassins versants des fleuves tributaires de la mer Adriatique et de la mer Égée.

Climat
En raison de sa forme allongé d’ouest en est et de la variété de son relief, le bassin versant du Danube reflète des conditions climatiques très diversifiées : influences océaniques (Haut-Danube), influences méditerranéennes dans les territoires traversés par deux de ses affluents, la Drava et la Sava (Haut et Moyen-Danube), climat continental aux hivers rigoureux dans les régions danubiennes orientales (Bas-Danube). Le climat est également tributaire de l’altitude et de l’exposition au vent ou non. Ensoleillement, nébulosité, régime des précipitations et des vents contribuent à complexifier le climat et sont à l’origine de nombreux microclimats sur les rives danubiennes.

Le Danube à la hauteur du Braunsberg (Hainburg, Autriche), photo © Danube-culture, droits réservés

Le Danube et les hommes : berceau des premières civilisations européennes
On trouve sur les rives du Danube des témoignages de la présence humaine parmi les plus anciens du continent européen. Plusieurs représentations féminines et mythiques de la préhistoire dites Vénus , symbolisent le lien intime des hommes avec le fleuve dès le Paléolithique comme la Vénus de Hohle Fels découverte en 2008 non loin du Danube dans une grotte du Jura souabe, à proximité d’Ulm (Allemagne) qui a été sculptée dans de l’ivoire de mammouth et est datée d’env. 35 000-40 000 ans av. J.-C.

Vénus paléolithique de Hohle Fels, Jura souabe, photo droits réservés

Fany von Galgenberg, statuette en serpentine verte, retrouvée en 1988 à Strautzing, près de Krems, dans en  Wachau (Autriche), remonte quant à elle à de plus de 32 000 ans avant J.-C. La Vénus de Willendorf, mise à jour auparavant en Autriche également dans la région de la Wachau (1908), présente l’aspect d’une petite divinité fluviale en calcaire aux formes généreuses et appartient à l’époque glaciaire (entre 30 000 et 20 000 avant J.-C.).

Culture de Gârla Mare, âge du  Bronze, photo droits réservés

D’autres trésors archéologiques plus récents ont été retrouvés sur l’extraordinaire site archéologique de Vinča (Serbie), lieu sur lequel les hommes s’étaient installés dès la première période du Néolithique moyen, époque qualifiée « d’âge d’or du genre humain » par le poète romain Ovide. Tout comme celui de Vinča, le site serbe encore plus ancien de Lepensky Vir (9500 – 6200 av. J.-C.) à la hauteur des défilés des Portes-de-Fer, témoigne également du haut degré de savoir-faire de ces premières civilisations danubiennes et européennes ainsi que de leur lien intime avec le fleuve.

Les premiers navigateurs dans le delta du Danube auraient été les Phéniciens suivis des Égyptiens. Ceux-ci pourraient selon certaines sources l’avoir dénommé « Triton » en référence au Nil. Les ressources en minerais divers des Carpates étaient vraisemblablement connues de ce peuple dès la XVIIIe dynastie des pharaons (1580-1350 avant J.-C.). Certains géographes grecs pensaient même que le chemin de l’Istros, nom attribué par les Grecs au Bas-Danube, était connu de Sesostris III (vers 1872-1854 avant J.-C.). Les marins grecs (VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.) s’aventurent sur le Bas-Danube dans l’intention de découvrir de nouveaux territoires mais aussi de nouer des relations commerciales avec les populations autochtones. Les armées du souverain Perse Darius Ier (vers 550-486 av. J.C.) vont aussi s’avancer dans la région du delta et du Bas-Danube mais elles sont obligées de battre en retraite devant les redoutables tributs nomades scythes, bien plus au fait de la géographie spécifique de ce territoire. Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) fait campagne contre les tributs Gètes et Triballes appartenant au peuple thrace en 335 av. J.-C. À partir de 500 av. J.-C. les premières tributs celtes, dont la langue pourrait être à l’origine du nom de Danube, s’installent au bord du fleuve. À l’époque de la conquête romaine les peuples indigènes de la région du Danube se partagent en quatre catégories plus ou moins distinctes : les Celtes au nord-ouest, les Illyriens (ouest), à l’est les Daces et les Thraces au nord et au sud.

Les conquêtes romaines orientales datent de l’apogée de l’empire (100-300 ap. J.-C.) et font de « Fluvius Danubius » une de ses principales frontières. Les légions y surveillent le fameux « Limes » (zone frontalière) avec ses camps fortifiés le long du fleuve qui protègent plus ou moins bien l’empire des tributs barbares qui n’hésitent pas si besoin, à traverser un fleuve qui n’est pas un obstacle quand celui-ci est gelé certains hivers ou en raison d’un lit peu profond et la présence de nombreux gués et bancs de sable. Les flottes militaires romaines danubiennes (Ier-VIe siècles ap. J.-C) comme la Classis Flavia Moesica, (Ier-IIIsiècles ap. J-C) dans la zone du Bas-Danube ou la Classis Flavia Pannonica, basée sur le Moyen-Danube à Carnuntum (rive droite), en aval de Vindebona (Vienne) avec un détachement à Brigetio (Szőny), stationnent dans des ports près de camps militaires érigés sur les rives danubiennes et sur le littoral de la mer Noire. Ces flottes bien adaptées au contexte danubien, naviguent habilement et rapidement avec différents types de bateaux (liburnes) suivant les époques et les missions sur le Danube et certains de ses affluents comme la Drava et la Morava (March). La présence romaine atteint son apogée vers 300 ap. J.-C. Le fleuve, alors entièrement sous domination romaine de ses sources jusqu’au delta, (les Romains sont probablement les seuls à l’avoir réussi de toute l’histoire humaine !), est devenu un axe commercial et de communication. Plusieurs empereurs romains furent des « adeptes » du Danube parmi lesquels Constantin Ier (280-337), né en Illyrie à Naissus (Niš, Serbie) qui se rendra à plusieurs reprises dans ses provinces danubiennes pour y répandre le christianisme ou encore Marc-Aurèle (121-180), dont une partie des « Pensées pour moi-même » (entre 170 et 180)  a été rédigée sur les rives du fleuve près de Carnuntum. Cette occupation romaine a laissé des traces indélébiles dans l’histoire de ces contrées. Le déclin de l’empire romain bouleverse l’ordre établi, laissant une situation de plus plus instable et un territoire ouvert aux invasions et aux migrations de tributs nomades de l’Asie centrale et d’ailleurs. Les Bulgares envahissent la Dacie et fondent leur premier empire. Entretemps les Germains s’emparent de territoires situés sur le Haut-Danube. Passau tombe aux mains des Hermundures en 470. Succédant aux Huns, redoutables cavaliers asiates, les Avars établissent leur domination sur le Moyen-Danube (500-800 ap. J.-C.), assujettissant les tributs germaniques et slaves qui occupent déjà ces contrées. La domination avare prend fin lors de l’avènement de Charlemagne et de l’Empire franc.
Se sont ainsi implantées sur les territoires des deux empires, romain et byzantin, de nombreuses tributs que le bassin danubien occidental séduisait : Goths, Huns, Tatars, Magyars, Germains, Slaves, Francs, Tsiganes… et autres peuples venus souvent des steppes orientales et de contrées encore plus lointaines. Succédant à Rome, les empires byzantins puis le premier et second empires bulgares, dominent partiellement le Bas-Danube jusqu’au XIVe siècle. De redoutables expéditions mongoles viennent toutefois semer à plusieurs reprises la désolation dans ces contrées. Les Ottomans commencent à investir à leur tour les anciennes régions danubiennes byzantines et s’y installent pour une longue période. Manifestant des velléités de conquêtes européennes pendant trois siècles (XVe-XVIIe siècles), ils vont continuer à s’avancer et s’étendre peu à peu vers l’ouest annexant tout d’abord le Bas-Danube puis une grande partie du fleuve hongrois jusqu’au delà de Budapest, justifiant parfaitement l’appellation de « Danube ottoman ».

Les armées ottomanes assiègent sans succès Vienne pour la deuxième et dernière fois en 1683, collection du Musée de la ville de Vienne

Ces Ottomans seront difficilement repoussés à deux reprises aux portes de Vienne qu’ils assiègent en 1529 et 1683, par des coalitions d’armées catholiques et alliées. Tout comme les Romains, les Ottomans (La Grande Porte) avaient bien compris les intérêts stratégiques et économiques de maîtriser la navigation sur le Danube et s’y sont employés avec un certain succès. Ils s’appuient pour leurs conquêtes (et pour leurs échanges commerciaux !) sur des embarcations inspirées de leur flotte maritime mais adaptées aux conditions particulières et complexes de la navigation danubienne.

L’ïle d’Adah Kaleh dans les Portes-de-Fer, perle ottomane dont l’existence reste encore de nos jours le souvenir de la longue présence turque sur le moyen et le bas-Danube. L’île a malheureusement disparu en 1972, engloutie sous les eaux du gigantesque réservoir du barrage roumano-yougoslave des Portes-de-Fer (Djerdap I).

L’Empire russe entre régulièrement en conflit avec l’Empire ottoman et profite dès le début du XIXe de la fragilisation de l’Empire ottoman (onze conflits opposeront ces deux empires entre 1568 et 1878 !) pour le harceler et s’installer en Bessarabie et dans le delta puis il occupe provisoirement la Moldavie et la Valachie, alors principautés danubiennes sous domination turque dont il dit vouloir protéger la population orthodoxe… Celles-ci retrouveront leur indépendance perdu depuis plusieurs siècles en 1878. La situation sur le cours inférieur du fleuve et dans les régions riveraines reste instable, confuse et tributaire des nombreux affrontements qui s’y déroulent dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe : guerre de Crimée (1853-1856), guerres russo-turques danubiennes, guerres balkaniques (1912-1913), Première Guerre mondiale. Des alliances se font et se défont au gré des ententes et des mésententes, des trahisons, des gouvernements et des opportunités intéressées.

Le passage du Danube en juin 1877 par les armées russes, peinture de Nicolai Dimitriev-Orenburgski (1837-1898), 1883

Le Traité de Paris (1856) qui met fin à la guerre de Crimée, décrète également la liberté de navigation pour les bateaux de tous les États sans obligation de redevance des nations riveraines. Une Commission Européenne du Danube voit le jour. Elle sert en grande partie les intérêts des pays d’Europe de l’Ouest qui en sont membres. Elle est d’abord chargée de la gestion du secteur de navigation entre Galaţi (PK 150/ 81 Mille) et les embouchures puis de Brǎila (PK 170), en amont de Galaţi sur la rive gauche  jusqu’à la mer Noire et de l’aménagement des bras de Sulina et celui méridional de Saint-Georges. Elle cédera ultérieurement la place à une administration roumaine spécifique.

Le port de Sulina aménagé par la Commission Européenne du Danube au début du XXe siècle

La première guerre mondiale voient s’affronter sur le Danube même les flottes fluviales militaires et sur ses rives les armées de la Triple Entente (Russie, Royaume-uni et France) et de leurs alliés avec celles de la Triple Alliance (Autriche-Hongrie, Italie, Allemagne). La géographie des rives du Moyen et du Bas-Danube est bouleversée avec la défaite et la disparition de l’Empire austro-hongrois. De nombreuses grandes villes et leurs installations portuaires danubiennes seront bombardées lors de la seconde guerre mondiale, les ponts détruits, en particulier à Budapest lors de la retraite des armées nazies, ce qui a pour conséquence de stopper toute navigation commerciale.

Le pont Elisabeth parmi les ponts détruits de Budapest à la fin de la deuxième guerre mondiale, photo domaine public

De la frontière austro-tchécoslovaque jusqu’au delta, le fleuve sera sous surveillance et domination soviétiques, de 1945 jusqu’en 1989. Une nouvelle commission internationale, la Commission du Danube, composée cette fois exclusivement des États riverains y compris l’Union soviétique mais sans l’Autriche et l’Allemagne qui la rejoindront ultérieurement, est mise en place suite à la Conférence et à la Convention de Belgrade (1948).
Le fleuve est le théâtre de violents affrontements lors de la guerre croato-serbe (1991-1995), comme en témoignent  certains bâtiments de la cité croate de Vukovar (rive droite). Les installations portuaires ukrainiennes d’Ismaïl et de Reni sur la rive gauche du bras de Kilia (Chilia) tout comme celles d’Odessa, ont été récemment bombardées par l’armée russe.
Longue est la liste des empires et des nations du bassin danubien qui connaissent d’abord une expansion puis déclinent, se replient sur leur territoire d’origine voire disparaissent pour certains d’entre eux. Aucun empire n’a échappé à cette loi impitoyable. Il y a là pour l’Europe d’aujourd’hui une édifiante leçon d’histoire à méditer.
Malgré les conflits récurrents et des situations politiques parfois instables, des volontés plus ou moins ouvertes d’annexion de la navigation sur le fleuve, le Danube est resté un axe sur lequel et le long duquel les échanges, les routes commerciales et culturelles se sont développés.
L’Union européenne a fait du fleuve depuis 1997 un de ses neuf corridors prioritaires de transport multimodal au sein du marché unique européen, le corridor VII de transports paneuropéen ou corridor Rhin-Danube via le Main, un affluent du Rhin et le canal Rhin-Main-Danube. Il semblerait qu’aujourd’hui, du moins en ce qui concerne le Moyen et le Bas-Danube, les priorités d’aménagement et de transport se soient reportées bien plus sur les infrastructures routières (ponts, routes et autoroutes) que sur le fleuve lui-même, imparfaitement équipé en installations portuaires performantes. Le trafic fluvial sur cette partie de son cours stagne voire régresse alors que le transport des marchandises par camion a, quant à lui,  littéralement explosé avec des conséquences environnementales préoccupantes. Des perspectives inédites d’échanges commerciaux et de modalité ont engendré la construction de nouveaux ponts sur le moyen et le bas-Danube comme ceux de Belgrade, Calafat-Vidin ou, plus récemment, celui de Brăila, dernier pont sur le fleuve avant la mer Noire et qui a été inauguré au début de l’été 2023 . Certaines liaisons par bac pourraient, par conséquence, disparaitre du paysage danubien.

Le nouveau pont suspendu sur le Danube de Brăila (Roumanie) inauguré en juin 2023, dernier pont sur le fleuve avant la mer Noire, photo droits réservés

Navigation
Le Danube est navigable sur 2655 km sous certaines conditions pour les petites unités, depuis Ulm (Bavière, Allemagne) jusqu’à la mer Noire et pour les grosses unités de Kelheim jusqu’à la mer Noire (bras de Sulina, Roumanie), soit sur une distance officielle de 2414, 72 km (sources Via Donau). 34 affluents et sous-affluents du Danube sont ou ont été navigables sur une une partie de leur cours parmi lesquels, d’amont en aval, l’Inn, la Salzach, la Traun, l’Enns, la Morava, la Vah, la Drava, la Tisza la Save, la Velika Morava le Timiş, la Bega, le Prut, le Siret portant théoriquement la totalité de la longueur navigable sur le Danube, ses affluents, sous-affluents et  canaux, à 8000 km !

Un bateau des services de la navigation slovaque en amont de Bratislava, photo © Danube-culture, droits réservés

Le régime de sa navigation est administré depuis Kelheim jusqu’à Sulina par la Convention de Belgrade de 1948 et deux protocoles additionnels de 1998 dont la mise en application est confiée à une commission internationale, la Commission du Danube qui siège à Budapest.

Les enjeux internationaux du fleuve : le long et difficile processus de la navigation commerciale

Des échanges commerciaux se sont mis en place dès l’Antiquité. Des marins et des commerçants grecs fondent des comptoirs sur le Bas-Danube ou sur le littoral de la mer Noire comme Argamon (Orgame, VIIe siècle av. J.-C.) sur le cap Halmyris (Dolojman), Histria (VIe siècle avant J.-C.) surnommée la Pompéi roumaine, Tomis (Constanţa) ou Callatis (Mangalia). L’Empire romain, après ses victoires et ses conquêtes territoriales, assure pendant quelque temps la stabilité relative de ses frontières (Limes) grâce à la surveillance de la navigation sur le fleuve jusqu’à son delta avec sa flotte militaire répartie sur plusieurs bases et encourage le transport fluvial. Lui succède un Empire byzantin qui connaîtra de nombreuses crises successives. La navigation sur le fleuve va être plus tard jusqu’aux conquêtes ottomanes des rives du Danube aux mains des diverses entités politiques riveraines et de leurs représentants locaux plus ou moins officiels qui parfois s’émancipent de leur tutelle supérieure et imposent aux bateaux de commerce des taxes prohibitives ou pratiquent le pillage. Sur le Haut-Danube autrichien, la navigation commerciale est soumise à des seigneurs locaux qui parfois entravent les bateaux à l’aide de lourdes chaines et pillent les marchandises. L’Empire ottoman et l’Empire autrichien s’affrontent pour le partage du fleuve du XVIe au XVIIIe. La navigation commerciale (transport des céréales…) sur le Bas-Danube (Empire ottoman) au profit de Constantinople, dure jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle malgré le long déclin de celui-ci.
Le XIXe sera l’époque qui verra enfin la concrétisation de l’idée d’un statut international pour le fleuve. Cette idée inspirée de la révolution française ne pourra se réaliser qu’en 1856 à cause d’un centralisme viennois obtus et protectioniste, des nationalismes, des velleités d’indépendance qui vont agiter les peuples du bas-Danube et des guerres balkaniques et de Crimée.

Le Traité de Paris est signé le 18 mars 1856. En vertu de l’article 16 de celui-ci une première commission internationale voit le jour, la Commission Européenne du Danube qui est chargée des travaux d’aménagement « nécessaires, depuis Isaktcha (Isaccea, rive droite, mille 56,05), pour dégager les embouchures du Danube, ainsi que les parties de la mer y avoisinant, des sables et autres obstacles qui les obstruent, afin de mettre cette partie du fleuve et lesdites parties de la mer dans les meilleures conditions possibles de navigabilité pour tous les bateaux et favorisant l’exportation des ressources des pays du bas-Danube au profit de l’Europe occidentale et de la Turquie. » Le mandat de la C.E.D. dont le siège est à Galaţi, qui n’était initialement que de deux ans, sera étendu jusqu’à la fin des travaux puis il sera à nouveau prolongé à plusieurs reprises jusqu’en 1939, date à laquelle la C.E.D. transmet à la Roumanie la gestion des aménagements réalisés dans le delta du Danube.

Le Carolus Primus, yacht de la Commission Européenne du Danube

Une nouvelle convention est entretemps signée en 1921, après la première guerre mondiale pendant laquelle le Danube a lui-même été le théâtre d’affrontements tragiques. Une Commission Internationale du Danube (C.I.D.) est instituée, complémentaire de la Commission Européenne du Danube qui s’occupe du secteur Brăila-mer Noire. La C.I.D. prend en charge le fonctionnement de la navigation sur le reste du fleuve et des affluents correspondant. Elle est dissoute en 1940 à la conférence de Vienne, sous la pression des nazis. La navigation danubienne commerciale est quasiment totalement interrompue pendant la deuxième guerre mondiale.

Un des phares construits par la Commission Européenne du Danube à Sulina, aujourd’hui situé à plusieurs kilomètres du bord de la mer et transformé en musée de la C.E.D. Photo © Danube-culture, droits réservés

Une nouvelle commission internationale, la Commission du Danube dominée initialement par l’URSS et ses pays satellites, est établie à la suite de la Convention relative au régime de navigation sur le Danube, signée le 18 août 1948 à Belgrade. Elle a son siège à Budapest.
Ses compétences en terme de navigation s’exercent depuis cette date et s’étendent d’Ulm (Allemagne) jusqu’à Brǎila (Roumanie). Une Administration roumaine du Bas-Danube, dit « Danube maritime », gère en complément, le secteur de Brǎila jusqu’à Sulina.

Navigation maritime sur le bras aménagé de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Les enjeux environnementaux du Danube : un fleuve régulé, canalisé sur une grande partie de son cours et une nature fragilisée

Les premiers tentatives de régulation du fleuve ont eu lieu dès l’époque romaine puis à la Renaissance (XVIe) mais c’est à partir de la fin du XVIIIe siècle que les grandes initiatives d’aménagement pour la navigation, la régulation du fleuve et la protection contre les inondations ont commencé. Elles vont s’amplifier et se poursuivre tout au long des deux siècles suivants avec pour conséquence, conjointement à l’industrialisation d’une partie des rives danubiennes, au développement économique et démographique des villes en particulier de Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois et de Budapest, puis à la construction de nombreux et grands barrages à partir du milieu du XXe siècle sur les cours allemands et autrichiens du fleuve mais aussi plus récemment en Slovaquie (Gabčikovo) et en aval, à la hauteur des Portes-de-Fer (Djerdap I et II), une modification considérable de son cours entraînant la disparition, à quelques miraculeuses exceptions près, d’une grande partie des zones humides qui caractérisaient le fleuve dans ses parties hautes et moyennes tout comme une sévère réduction des habitats naturels et de son exceptionnelle biodiversité, la disparition ou la raréfaction préoccupante de certaines espèces de poissons dont l’emblématique esturgeon sur le Moyen et le Bas-Danube, victime à la fois d’une pêche incontrôlée et de braconnage et des obstacles obstruants ses routes migratoires. Le Danube est aujourd’hui le symbole des problématiques transfrontalières environnementales du continent européen auxquelles de nombreuses initiatives, pas toujours cohérentes, tentent de trouver une réponse durable. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait également, dans un proche avenir, engendrer des conséquences néfastes importantes pour la zone septentrionale du delta du Danube voire au-delà (destruction de sites naturels, bombardement des villes ukrainiennes riveraines du bras de Chilia, pollutions diverses…).

Un « produit » de l’histoire humaine
Le Danube a été et est aujourd’hui, à l’image d’autres cours d’eau européens, considérablement impacté par la présence des hommes sur ses rives. Plus de 80% de la longueur du fleuve ont ainsi été aménagés et sévèrement régulés. Plus de 700 barrages et déversoirs ont aussi été édifiés le long de ses principaux affluents. Son cours a été raccourci de 134 km et sa largeur a été réduite jusqu’à 40% depuis le milieu du XIXe siècle. Certains de ses principaux affluents ont également, tel la Tisza ou la Drava, subi le même sort. Pendant cette même période la quantité de sédiments qui se dépose dans le delta du Danube s’est aussi effondrée, diminuant de plus de la moitié et provoquant des mutations irréversibles. Le réchauffement climatique impacte déjà également le débit du fleuve avec des conséquences considérables pour la navigation ainsi que pour la biodiversité malgré des efforts conséquents mais insuffisants de protection et de renaturation sur plusieurs endroits de son cours (Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie).
Ces chiffres illustrent à quel point les hommes ont métamorphosé le profil du fleuve avec la construction de barrages puis de centrales hydroélectriques, d’ouvrages de rectification du cours, de coupures de méandres, d’initiatives de protection contre les inondations et d’autres aménagements. Mais où est donc le Danube d’antan ?

Le barrage roumano-serbe Djerdap I, dans les Portes-de-Fer, a certes considérablement amélioré la navigation dans cette partie du fleuve autrefois problématique et offert une énergie hydraulique abondante. Ce fut toutefois au détriment d’un patrimoine culturel (disparition de l’île turque d’Adah-Kaleh) et environnemental d’exception et une des causes de la disparition des esturgeons en amont, photo © Danube-culture, droits réservés

Ce n’est que depuis les 30 dernières années que des efforts pour inverser la tendance et tenter de restaurer ou de préserver les espaces naturels ceux-ci ont été entrepris. Parmi les organismes les plus actifs, l’ICPDR/IKSD (The International Commission for the Protection of the Danube River, Commission Internationale pour la Protection du Danube) est une organisation internationale composée de 14 États coopérants et de l’Union Européenne. Issue de la Convention sur la protection du Danube, signée par les pays du Danube en 1994 à Sofia (Bulgarie), elle est active à partir de 1998. L’ICPDR est depuis devenu l’un des organismes internationaux les plus importants et les plus dynamiques en matière de gestion des bassins hydrographiques en Europe. Elle s’occupe non seulement du Danube lui-même, mais aussi de l’ensemble du bassin du fleuve, qui comprend ses affluents ainsi que ses ressources en eau souterraine.
D’autre part une plate-forme scientifique  internationale rassemble désormais les plus importantes réserves naturelles danubiennes de biosphère dont celle du delta et les principaux parcs nationaux de 9 des 10 pays riverains du fleuve (Ukraine exceptées). Scientifiques et chercheurs collaborent, dans le cadre d’initiatives transfrontalières, à l’étude et à la protection de l’environnement et mettent en place des projets pour la reconstitution de milieux naturels danubiens endommagés par l’homme.
Des actions en faveur de la biodiversité sont aussi initiées par des organismes internationaux comme le repeuplement du delta et du Bas-Danube roumain, bulgare et ukrainien par les esturgeons, une espèce menacée d’extinction ainsi que par des associations locales de protection de l’environnement. Mais de nombreux dangers et difficultés subsistent.

Le Danube, tout comme comme le Rhin et le Rhône, est désormais un produit de l’histoire humaine. Ce ne sont pas seulement les hommes qui se sont adaptés au fleuve mais aussi celui-ci qui a été considérablement transformé par l’action des hommes.

Le devenir du Danube d’ici à la fin du XXIe siècle : du berceau de la civilisation à son tombeau  ?
Quel pourrait être le devenir du Danube comme celui d’autres grand fleuves européens (Rhin, Loire, Rhône, Elbe, Oder, Èbre, Pô…) du point de vue du réchauffement climatique ?
Le Danube demeure un écosystème d’une grande fragilité qu’il faudrait protéger avec une vigilance accrue, une collaboration internationale de plus grande envergure et une réelle cohérence dans les politiques européennes qui détruisent son patrimoine environnemental d’un côté en tentant de le préserver de l’autre.
De graves menaces pèsent incontestablement sur le fleuve : la baisse des précipitations, la baisse de l’apport des glaciers du fait de leur régression voire pour certains de leur disparition via les affluents alpins du Haut-Danube comme l’Inn, le Lech, l’Isar, la Traun…, impacteront considérablement le fleuve et son débit. À cela s’ajouteront l’augmentation des périodes d’étiages (quid alors de la navigation commerciale et touristique ?), des phénomènes d’évaporation et de réchauffement de l’eau du fleuve. Qu’en sera-t-il également des périodes de crue qui n’ont cessé de se répéter jusqu’à récemment et de leur évolution ?
On ne peut par conséquent que s’interroger sur le devenir du fleuve et s’inquiéter de son évolution face à la rapidité du changement climatique et des conséquences sur ce cours d’eau, son bassin, sa biodiversité et les populations riveraines. La sagesse voudrait que nous n’accroissions pas notre dépendance vis-à-vis du Danube voire même que nous la réduisions dès aujourd’hui afin de le préserver.

Retour aux sources, parc du château des princes Furstenberg, Donaueschingen, photo © Danube-culture, Droits réservés

Un fleuve et un bassin multiculturels
« Ce qui rend le Danube, avec ses pays et ses habitants, si attrayant, c’est justement la diversité qui s’est déployée sur un espace restreint : ni une nature intacte, ni une culture uniformément formatée. L’espace Danubien présente toujours à la fois une grande variété de nationalités, de religions, de langues, de niveaux différents de développement économique, de traditions qui ne se sont pas perdues et de nouveaux projets qui sont expérimentés ».
Karl Markus Gauss, « Ein Donauausflug von A bis Z », in : Die Donau hinab. Bilder von Christian Thanhäuser, Text von Karl markus Gauss, Innsbruck — Wien 2009

Le bassin danubien se caractérise d’abord et ce depuis l’antiquité, comme un territoire de nombreuses migrations et invasions, un espace habité en conséquence par des populations d’une très grande diversité ethnique ainsi que par la présence d’un magnifique patrimoine naturel et multiculturel.
De nombreuses langues sont parlées sur les rives du fleuve parmi lesquelles l’allemand, le slovaque, le hongrois, le serbo-croate, le roumain, le bulgare, le moldave, l’ukrainien, le russe, l’hébreu, le romani, le turc, le tchèque, le ruthène… Des centaines de dialectes locaux et régionaux symbolisent également l’extraordinaire et complexe mosaïque linguistique et culturelle du bassin danubien.
Plusieurs alphabets, latin, arabe, vieux-slavon et cyrillique cohabitent où cohabitèrent ensemble sur les rives du fleuve où à proximité.

Le Danube à Vienne depuis la rive gauche : un fleuve domestiqué et aménagé pour les loisirs, photo © Danube-culture droits réservés

Quatre capitales dont trois de pays appartenant actuellement à l’Union Européenne ont « fenêtre » sur le Danube : Vienne (Autriche), Bratislava (Slovaquie), Budapest (Hongrie) et Belgrade (Serbie).

La basilique archiépiscopale saint Adalbert d’Esztergom (rive droite, Hongrie), ville thermale au passé prestigieux, ancienne capitale hongroise, photo © Danube-culture, droits réservés

De nombreuses grandes villes et petites cités au patrimoine historique et culturel d’exception se tiennent sur les rives du fleuve ou proches d’elles ou encore sur son ancien cours et toujours en lien avec lui parmi lesquelles Donaueschingen considérée comme la source officielle du Danube, Ulm, Günzburg, Lauingen, Höchstadt, Donauwörth, Neuburg, Ingolstadt, Kelheim,  Regensburg, Straubing, Vilshofen, Passau (Allemagne), Aschach, Linz,

Le Danube à la hauteur de Linz, capitale de la Haute-Autriche, photo © Danube-culture, droits réservés

Enns, Grein, Ybbs, Persenbeug, Spitz, Melk, Dürnstein, Krems, Klosterneuburg, Tulln, Vienne, Hainburg (Autriche), Bratislava, Gabčikovo, Komárno, Šturovo (Slovaquie), Komárom, Esztergom, Szentendre, Budapest, Ráckeve, Dunaújváros, Dunaföldvár, Kalocsa, Szekszárd, Baja, Mohács (Hongrie), Apatin, Vukovar (Croatie), Novi Sad, Belgrade, Kladovo (Serbie), Orşova, Drobeta-Turnu Severin, Brăila, Galaţi, Tulcea, Sulina (Roumanie), Vidin, Ruse, Tutrakan, Silistra (Bulgarie), Reni, Ismaïl, Vilkovo (Ukraine) pour ne citer que quelques-unes d’entre elles.

Le bastion des pêcheurs d’Ulm (rive gauche) sur le Haut-Danube, point de départ de nombreux d’émigrants souabes au XVIIIe siècle, photo © Danube-culture, droits réservés

Le delta du Danube ou l’apothéose du fleuve : un univers peuplé depuis l’Antiquité, un monde à part, une histoire singulière, une biodiversité extraordinaire, un espace menacé à sanctuariser

Ancienne carte du delta du Danube de Rigas Vélestinlis (vers 1757-1798) ou Rigas le Thessalien, écrivain, philosophe, poète et patriote grec, une des plus importantes figures de la Renaissance culture grecque. Arrêté et accusé de conspiration contre l’Empire ottoman, il fut étranglé dans la tour Nebojša à Belgrade avec sept de ses compagnons et son corps jeté dans le Danube.

« Le delta du Danube est l’ultime et le plus extraordinaire cadeau que le grand fleuve fasse au continent avant que ses flots ne s’unissent à ceux de la mer Noire. »
Eugen Panighiant 

Le delta1 (le mot vient de la lettre grecque delta qui signifie « en forme de triangle ») du Danube qui est précisément, comme de nombreux deltas, en forme de triangle, est l’un des plus jeunes et des plus actifs écosystèmes du continent européen.
Les trois bras actuels principaux du fleuve et une multitude de bras secondaires irriguent aujourd’hui le territoire deltaïque : le bras septentrional roumano-ukrainien de Chilia (Kilia, 116 km de long), le bras médian dit de Sulina (63 km) qui draine l’essentel de la navigation depuis son aménagezment par la Commission Européenne du Danube et le bras méridional de Saint-Georges, (Sfântu Gheorghe, 109 km), forment, avant de se « jeter » dans la mer Noire (la déclivité du delta d’ouest en est n’est que de 0,006% !), un exceptionnel territoire alluvionnaire en constante progression vers la mer. Sa superficie s’étend sur 580 700 ha dont 459 000 ha se situent en Roumanie et 121 700 en Ukraine. Ces chiffres doivent être toutefois considérés comme une situation à une date donnée (1993) car de par ses importants apports alluvionnaires, le fleuve contribue à étendre la surface de son delta et à en modifier la géographie. Cette géographie mouvante entraîne des contestations des frontières établies comme l’a illustré un différent récent entre l’Ukraine et la Roumanie.
Ses processus géomorphologiques, écologiques, biologiques sont dépendants de la qualité de l’eau du Bas-Danube. Ce paysage unique qui n’a cessé d’être modelé par le fleuve dès 16 000 ans avant J.-C., est habité par les hommes depuis l’Antiquité. 

Le Pélican, oiseau emblématique du delta du Danube a bien failli disparaître. Aujourd’hui pélicans blancs et frisés sont protégés mais leur nombre a considérablement diminué depuis le début du XXe siècle, photo droits réservés

Le delta du Danube, avec son dense réseau de canaux qui relie plus d’une centaine de lacs et de limans peu profonds (6 m maximum), est d’abord considéré comme « le royaume de l’eau ».

Pêche dans le delta sur le bras de Sfântu Gheorghe (Saint-Georges), photo © Danube-culture, droits réservés

Ce territoire à 80 % aquatique fascine les scientifiques et les historiens depuis longtemps. On trouve déjà sa mention dans les oeuvres de nombreux écrivains, historiens, philosophes, géographes de l’Antiquité comme Hérodote, Erasthotène (176-194 av. J.-C.), Strabon, Ptolémée, Pline l’ancien, Tacite…

Une lotca dans le delta, photo © Danube-culture, droits réservés

Les premières investigations géomorphologiques connues, sont celle du grand géographe français Élysée Reclus (1830-1905) puis l’oeuvre de scientifiques roumains comme Grigore Antipa (1867-1944) en 1912 et 1914, Constantin Brătescu (1882-1945) en 1922, Gheorghe Vâlsan (1885-1935) et d’autres chercheurs roumains après la Seconde Guerre mondiale, recherches souvent associées à des programmes d’exploitation des ressources du delta comme la faune piscicole, les roseaux…
La première réserve naturelle dans le delta est créée grâce aux efforts de Grigore Antipa et de quelques autres scientifiques et concerne la forêt primaire de Letea (1938).

Forêt primaire de Letea, delta du Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Les autres précurseurs scientifiques de la protection l’environnement qui alerteront sur la fragilité du écosystème deltaïque, dès la fin des années cinquante, verront leur travail et leurs articles censurés par le régime communiste. Il faut attendre la chute de cette dictature pour que soit que soit inaugurée la réserve de biosphère (1990), le site Ramsar et que le delta fasse l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le delta du Danube, la surface couverte de roseaux (en marron), paradis des oiseaux et ses dépôts d’alluvions dans la mer Noire : un paysage en permanente évolution, photo prise le 26 février 2021 par le satellite Copernicus, European Union, Copernicus Sentinel-2 imagery

Le delta du Danube est le second plus grand delta d’Europe après celui de la Volga. Riche de 1 700 espèces végétales, d’environ 3 450 espèces animales, de 400 lacs intérieurs et d’une roselière de 2 700 kilomètres carrés, ce territoire bénéficie depuis quelques années de programmes de « reconstruction écologique » et appartient désormais au réseau mondial des Réserves de Biosphère de l’Unesco. Sa protection est devenue transfrontalière dès 1998, la partie située sur le territoire ukrainien du delta, au nord, étant entrée dans la réserve de biosphère.

Réserve de biosphère du delta du Danube, sources ARBB

Pour la seule Roumanie, 18 sites (soit 8 % de la surface du delta) sont classés en zones de « protection stricte ». Toute activité et présence humaine y sont en principe interdites. Dans les zones dites « tampons » (38,5 % du delta), les activités des habitants et le tourisme sont tolérés lorsqu’ils respectent l’environnement ce qui n’est pas toujours le cas pendant la période estivale. Enfin, 52,7 % du delta restent ouverts au développement économique mais sous le contrôle de l’administration chargée de la gestion de la réserve (ARBB). La partie roumaine du delta roumain est placée sous l’autorité administrative d’un gouverneur.

Delta du Danube, photo droits réservés

Au delà du delta la fin du Danube ?
Pas vraiment puisque les eaux du Danube, à l’instar de celles des autres grands fleuves de la mer Noire (Dniepr, Boug, Dniestr et Don), plus denses que ses propres eaux, poursuivent leur route sous-marine : un fort courant d’eau saumâtre situé à environ vingt-cinq mètres de profondeur et passant au large de Constanţa et des plages bulgares, avance vers le détroit des Dardanelles et la Méditerranée. Un canyon principal et des canyons secondaires dessinés par le fleuve sur le fond de la mer Noire et les courants sont visibles sur des photos satellites.
Le Danube est dans son essence, évidemment bien plus qu’un fleuve frontière, un rôle limité que n’a pourtant cessé de vouloir lui assigner l’homme depuis l’Antiquité avec plus ou moins de succès ou de conséquences désastreuses…

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Apothéose d’un fleuve : photo du delta du Danube prise par le satellite Landsat en 2000

Notes :
1 Le delta est une forme de relief littoral plus ou moins saillante vers le large et résultant de l’accumulation des matériaux apportés par un fleuve à son embouchure; la saillie peut n’être que relative, comme lorsque le delta occupe un fond de baie. L’avancée de la ligne de rivage est elle-même associée à une saillie des formes sous-marines construite par l’accumulation des matériaux en avant du relief émergé. Cette accumulation, en pente faible et limitée par un talus, constitue la plate- forme deltaïque. C’est l’ensemble des formes émergées (delta strico sensu ou plaine deltaïque) et des formes immergées qui constituent l’intégralité du relief deltaïque (Moore G.F. et Asquith D.G., 1971).

Eric Baude pour Danube-Culture, mis à jour décembre 2023, © droits réservés

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Le bassin versant du Danube

Haut, Moyen et Bas-Danube
Le Danube se divise du point de géologique et géophysique en trois parties :
-le Haut-Danube, de ses sources à Donaueschingen en Forêt-Noire jusqu’au PK 1791
-le Moyen-Danube, du PK 1791 jusqu’à la sortie du défilé des Portes-de-Fer (PK 931)
-le Bas-Danube, de la fin du défilé des Portes-de-Fer (PK 931) jusqu’à la mer Noire.

Le bassin versant du Danube comprend deux grandes chaînes de montagnes qui divisent le fleuve en trois entités géographiques : d’abord les montagnes appartenant à l’orogenèse alpine soit le massif des Hohe Tauern (Autriche), avec le Gross-Glockner (3 798 m) incluant également la chaine moins élevée des Niedere Tauern, le massif du Schneeberg (Basse-Autriche, 2076 m), du Rax (Styrie, 2007 m) et les montagne entourant la vallée de la Leitha (Burgenland). Ces massifs s’unissent par les Petites Carpates (Malé Karpaty) et les Carpates Blanches (Bilé Karpaty) au massif des Beskides (Beskydy) occidentales situées sur le territoire de la Slovaquie, de la République tchèque et de la Pologne. Le Danube réussit à se faufiler entre les Carpates occidentales (rive gauche) et les ultimes avancées des Alpes autrichiennes de la rive droit à la hauteur des Portes de Devín).
La deuxième chaîne montagneuse que le fleuve rencontre sur son parcours sont le massif du Balkan qui s’unit aux Carpates méridionales. Le Danube franchit ce relief dans un quadruple défilé entre les communes roumaines de Moldova Vecche et Drobeta-Turnu Severin (rive gauche) et entre les communes de Golubac et Kladovo (Serbie) sur la rive droite. C’est ce parcours qui forme le défilé des Portes-de-Fer.

Une succession de bassins alternant avec des défilés
La vallée du Danube est une succession de bassins dont l’ampleur s’accentue considérablement vers l’aval. Ces bassins sont séparés entre eux par des portes ou des défilés : la « Porte bavaroise » et la traversée d’une partie du Bayerischer Wald (Forêt Bavaroise), les « Portes de Linz » en amont de la capitale de la Haute-Autriche.

Les Portes de Linz, photo Danube-culture © droits réservés

Se succèdent ensuite le défilé de la Strudengau, autrefois redouté pour ses rapides en aval de la petite ville de Grein, de la légendaire Wachau, les « Portes de Vienne » avec les collines avancées du Wienerwald (Kahlenberg, Leopoldsberg, contreforts alpins), la « Porta Hungarica » ou défilé de Thèbes ou encore les « Portes de Devín » à la frontière austro-slovaque,   la « Cluse de Visegrád » sur le territoire hongrois en amont de Budapest où le Danube se faufile élégamment entre les monts Börszönyi (rive gauche) et ceux de Visegrád (rive droite) ainsi que les vieux massifs volcaniques de l’entrée du bassin pannonien.

Cluse de Visegrad, photo Danube-culture, © droits réservés

L’impressionnant secteur dit « des cataractes » (autrefois difficilement franchissable pour la navigation) dans la trouée des Carpates, s’étend sur 140 km et comporte quatre défilés ou « chaudrons » successifs : les défilés de « Kamenica », « Gospodin Vir », des « Kazan » et les célèbres et autrefois redoutées « Portes-de-Fer », bordées de parois abruptes qui contraignent parfois le lit du Danube à se resserrer sur 150 m de large et dont la profondeur va jusqu’à 50 m, le niveau inférieur se situant au dessous de celui de la mer Noire. Ces quatre passages étroits sont séparés par des bassins plus larges dans lesquels les affleurements des veines rocheuses forment toutefois des barres et des récifs au sein même du lit du fleuve. Ces récifs posèrent il n’y a pas si longtemps encore de redoutables problèmes à la navigation, problèmes qui ne furent résolus que par la construction du barrage hydroélectrique roumano-serbe des Portes-de-Fer (Djerdap I) dans les années 1970.

Le défilé des Portes-de-Fer et le monastère de Mraconia, photo Danube-culture, © droits réservés

Le Haut Danube : un fleuve de montagne

Le Haut-Danube (PK 2783-PK 1791) se faufile, dans une grande partie de son parcours initial, à travers des régions  montagneuses constituées sur gauche par le Jura souabe et le Jura franconien, la Forêt de Bavière et celle de Bohême du Sud, et à droite par le plateau souabe (plateau de Baar), le plateau de Bavière et les Préalpes des Alpes orientales.

Le Haut-Danube en aval de Passau, un fleuve de montagne, photo © Danube-culture, droits réservés

Le Haut-Danube possède un caractère de fleuve de montagne en raison des spécificités de sa vallée et du régime de ses eaux dans cette partie de son cours. Il forme à la frontière du plateau des Préalpes d’importants dépôts alluvionnaires dus à ses affluents alpins dont les plus importants sont l’Iller, le Lech, l’Isar, l’Inn, le Traun et l’Enns, tous des affluents de sa rive droite.
Sa vallée est en majorité étroite, profonde, serrée entre des parois assez abruptes. Ce n’est qu’en aval de la ville frontière de Passau que les passages larges et plus resserrés commencent à alterner. En amont de Passau sur son parcours allemand, ses rives sont souvent escarpées. Son lit est alors majoritairement sinueux et forme par endroits de brusques méandres. Dans les secteurs où il s’élargit, le lit du fleuve se ramifie, acquérant un caractère instable et formant un grand nombre de bras, de bancs d’alluvions et de seuils. Des digues longitudinales, des ouvrages fermant les bras secondaires et diminuant l’éparpillement du courant ainsi que des épis ont été érigés pour faciliter la navigation. De nombreuses centrales hydro-électriques ont été construites sur les Haut-Danube allemand et autrichien : Bad-Abbach (PK 2401,72), Regensburg (PK 2381,32), Geisling (PK 2354,30), Straubing (PK 2329,78), Kachlet (PK 2230,7), Jochenstein (PK 2203,33), Aschach (PK 2162,67), Ottensheim-Vilhering (PK 2146,91/2146,73), Abwinden-Asten (PK 2119,63), Wallsee-Mitterkirchen (PK 2095,62), Ybbs-Persenbeug (PK 2060,42), Melk, (PK 2038,16/2037,96), Altenwörth, (PK 1980,40/1979,83), Greifenstein, (PK 1949,23), Freudenau, (PK 1921,05). Quant à l’’imposant barrage de Gabčikovo en Slovaquie, en aval de Bratislava, il a été réalisé au PK 8,15 du canal de dérivation (PK 1819,15 du fleuve), qui se sépare du lit principal du Danube et commence au PK 1853 puis rejoint l’ancien lit au PK 1811.
La largeur du Haut-Danube varie dans des limites relativement restreintes, de 40 à 100 m sur le secteur Kelheim-Jochenstein et de 130 à 420 m sur le secteur Jochenstein-Gönyü.
La profondeur du fleuve demeure très instable sur les secteurs où, suite à l’élargissement artificiel de la vallée et du lit, se forment des seuils. Les profondeurs minima sont de 2,00 voire inférieures sur les secteurs non éclusés et de 2,7 à 2,8 m sur les secteurs de retenue. Les périodes de sécheresses estivales accentuent l’instabilité de la profondeur du lit du fleuve et il n’est pas rare que la navigation soit interrompue sur certains secteurs.
La vitesse du courant connait des variations importantes selon les endroits et le niveau de l’eau. Lors des niveaux d’eau moyens, elle se situe entre 3,0 et 10,0 km/h.
Le trafic fluvial régulier vers l’aval commence au niveau de Kelheim en Allemagne. Il se poursuit en amont via le canal Main-Rhin-Danube qui débouche dans le Danube à la hauteur de cette ville.

Le Moyen Danube : un fleuve de plaine

Le Moyen-Danube (PK 1791-PK 931), de Gönyü (Hongrie, rive droite) jusqu’à la sortie du défilé des Portes- de-Fer, traverse d’abord l’immense plaine pannonienne. À l’exception des secteurs escarpés de Visegrád et des défilés des Portes-de-Fer, il s’agit d’un fleuve de plaine.

Le Moyen-Danube hongrois, un fleuve de plaine, photo Danube-culture, © droits réservés

Sa vallée est large (5-20 km), constituée de grandes terrasses plates, sillonnées par de nombreux bras secondaires. Les rives du fleuve sont peu élevées et leurs pentes douces. Le fond du lit en est en majeure partie sablonneux.
Lorsque le fleuve franchit un relief montagneux, la vallée se resserre. Les rives et les versants s’élèvent alors et peuvent être par endroit même escarpés. Le fond du lit est pierreux et parsemé de seuils rocheux.
Sur la majeure partie de son cours moyen le fleuve est sinueux. Toutefois, la longueur des secteurs rectilignes et la sinuosité des méandres sont bien plus importantes que sur le Haut Danube. Le lit a un caractère instable et se ramifie en un grand nombre de bras secondaires. On y trouve de nombreux bancs de sable, des îles et des seuils rocheux.
Comme dans son cours supérieur et toujours en vue d’améliorer les conditions de navigation, des digues longitudinales ont été construites ainsi que des ouvrages de coupure et de concentration du courant. Quant aux travaux effectués en aval, suite à l’accroissement des dimensions du profil transversal du lit, ils n’ont eu pour but que de condamner certains bras secondaires par des digues transversales, de renforcer les berges et de couper certains méandres.
La largeur du lit dans les secteurs où des travaux de régularisation du courant ont été effectués, varie dans des limites peu importantes, de 300 à 420 m, alors que sur les autres secteurs, sa largeur oscille entre 400 et 2200 m. La largeur du  Danube ne  dépasse pas les 210 m dans les Portes-de-Fer, à la hauteur des gorges du Kazan. En raison de l’instabilité du lit, la profondeur du Moyen-Danube varie de manière importante, changeant constamment sur les seuils. Les profondeurs minima relevées lors des bas-niveaux se situe en moyenne entre 1,9 à 2,1 m.
Les brusques variations de déclivité du fleuve entrainent également une variabilité de la vitesse du courant. Lors des niveaux moyens, elle se situe entre 3,6-4,8 km/h sur le secteur Gönyü-Belgrade, entre 0,4-3 km/h sur le secteur Belgrade-écluses du barrage des Portes-de-Fer, et entre 6,5-9 km/h sur le secteur des écluses des Portes-de-Fer-Drobeta-Turnu Severin.

Le Bas-Danube ou Danube inférieur

Le Danube inférieur (PK 931 – 0 km) borde presque tout au long de son parcours la partie méridionale de la plaine du même nom. Cette plaine s’élève progressivement vers confins pour se fondre dans les contreforts des Carpates. À l’est, elle prend le nom de plateau de la Dobrogée. Au sud du Danube, sur la rive septentrionale, s’étend le plateau bulgare, région caractérisée par son unité géographique. Ce plateau descend doucement vers le Danube qu’il borde en pentes escarpées. Dans le cours inférieur du fleuve, la plaine du Bas Danube se rétrécie au nord avec les versants des collines de Moldavie, et au sud par le plateau de la Dobrogée. Plus en aval, la plaine s’élargit à nouveau pour constituer un large delta marécageux sillonné par un dense réseau de bras et de lacs au long desquels s’étendent de larges dunes se rétrécissant eu à peu en allant vers de la mer où elles se transforment en bancs de sable.
Le Danube inférieur est un fleuve de plaine typique. Sa vallée est large, s’étendant entre 7 et 10 km jusqu’à Turnu Măgurele (PK 597) et pouvant atteindre jusqu’au delta de 8 à 20 km. Sa largeur maximale est de 28 km, en aval de Hîrşova (km 253), et minimale de 3-4 km à proximité de Svistov (PK 555), Giurgiu (PK 493) et Orlovka (PK 105,3). La rive droite est escarpée tandis que la rive gauche est plate. Le lit du fleuve est peu sinueux dans sa majeure partie, les méandres peu prononcés et les secteurs rectilignes d’une longueur considérable.
Tout le long de son parcours, le lit se ramifie en un grand nombre de bras secondaires formant une multitude d’îles. Les bras secondaires n’étant pas fermés par des ouvrages hydroélectriques ou des digues, ils ont, pour la plupart, un caractère de cours d’eau. Ces bras se développent au maximum entre Silistra (PK 376) et Brăila (PK 170) ainsi que dans les secteurs où se rejoignent les bras de Chilia et de Saint-Georges.
Le delta commence au niveau du cap Tchatal d’Ismaïl (PK 79,63). Le cours principal du Danube se sépare alors en deux bras, ceux de Chilia et de Tulcea.
À partir de sa bifurcation jusqu’au PK 76 (les km sont comptés à partir de l’embouchure du bras, en direction du cap Tchatal d’Ismaïl), le bras roumano-ukrainien de Chilia coule en grande partie entre des rives plates, d’abord en direction du nord-est, puis du sud-est et ensuite, près de Vilkovo vers l’est, dessinant de larges méandres. Jusqu’à Pardina, ce bras ne forme qu’un seul lit. Plus loin, jusqu’à Chilia, il se sépare en trois bras ceux de Chilia, Sredni et Tataru (Ivaneşti), dessinant un réseau assez complexe qui se réunifie par la suite.
Au-delà du poetit village de Periprava (rive droite), le bras de Chilia se divise de nouveau en bras secondaires, ceux de Babina, Tchernovka, Priamoï et Solomonov (Ukraine). En aval de Vilkovo, le bras de Chilia se jette dans la mer Noire en se séparant à nouveau. Les principaux bras sont ceux d’Otchakovsky et Staro-Stamboulski.
Le bras de Tulcea est large de 200 m (mile 42,5) à 550 m (mile 41). Il est sinueux, dessine des courbes brusques surtout dans la région de Tulcea et s’étend jusqu’au Cap Tchatal de Saint-Georges (PK 62,97), en traversant un terrain en général plat, sauf dans le secteur des miles 39-38 quand s’approchent sur la rive droite les contreforts du plateau de la Dobrogée sur lequel se trouve la ville de Tulcea (PK 71,3).
Au cap Tchatal de Saint-Georges (Sfântu Gheorghe, mille 34), le bras de Tulcea se divise en deux, le bras de Sulina (à gauche) et celui  de Saint-Georges (à droite). Les rives du bras aménagé de Sulina, longues de 34 milles (63 km), sont plates, revêtues de perré sur une grande longueur. La largeur du bras est de 120 m en moyenne et ne présente pas de grandes variations car la plupart des bras secondaires ont été fermés et les méandres prononcés ont été rectifiés par des coupures.
Juste avant l’embouchure de ce bras dans la mer Noire se trouve le port de Sulina (PK 0). Pour la sortie en mer par la barre de Sulina, un canal construit par la Commission Européenne du Danube,  bordé de deux môles (sud et nord), conduit de l’embouchure du bras de Sulina jusqu’en mer. Le canal se dirige d’abord vers l’est et ensuite tourne légèrement vers le sud-est.

Point kilométrique zéro, bras de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Le chenal navigable principal du Danube passe par le bras de Sulina qui, suite aux importants travaux hydrotechniques, a été transformé en un canal presque rectiligne, accessible aux navires de mer.
En raison de la sinuosité de son lit, la largueur du Bas-Danube est extrêmement instable et accuse des variations considérables. La largeur moyenne caractéristique du lit se présente  selon les secteurs du fleuve comme suit :
Drobeta Turnu Severin – Calafat (PK 931 – 795) : 800 m
Calafat – Svistov  (kPK 795 – 555) : 800 m
Svistov – Silistra  ( PK 555 – 376) : 800 m
Silistra – Hirşova ( PK 376 – 253) : 560 m
Hirşova – Brǎila ( PK 253 – 170) : 400 m
Brǎila – cap Tchatal d’Ismaïl (PK 170 – 79, 63) : 900 m
Bras de Tulcea (PK 79, 63 – 62, 97) : 350 m
Bras de Sulina (PK 62, 97 – 0) : 120 m

Les profondeurs accusent des variations tombant, en période de basses eaux, à 15 dm sur les seuils.
Avec la construction d’une retenue d’eau sur le Bas-Danube entre Prahovo et Turnu-Severin, un secteur éclusé a été réalisé. Sa profondeur minimum est de 35 dm.

Bras de Sulina à son embouchure vu du ciel, sources NASA

Avant l’exécution des travaux hydrotechniques, le débit du Danube se répartissait entre les bras de Chilia, Sulina et Saint-Georges dans des proportions de 62 %, 8 % et 30 %. Des travaux hydrotechniques ont été également entrepris afin de permettre l’entrée des navires dans le Danube par les bras de Sulina et de Tulcea. À l’entrée amont du bras de Tulcea, au cap Tchatal d’Ismaïl, une digue en pierre de 430 m de long a été édifiée. Le bras de Sulina est rectifié par 10 coupures qui ont réduit sa longueur de 84,87 à 62,97 km soit 21,9 km en moins. Des épis ont été mis en place et les berges ont été consolidées par des murs de pierre. À l’embouchure du bras de Sulina se trouvent les môles nord et sud dont la longueur augmente constamment étant donné la constante et rapide progression des dépôts d’alluvions vers la mer. Leur longueur respective était en 1983 de 7 932 m.
Des travaux et des dragages sont effectués régulièrement afin de maintenir une profondeur de 24 pieds dans les secteurs limitatifs, surtout au niveau de la barre.
La réalisation de ces travaux permettent des conditions normale de navigation afin que des bâtiments d’un tirant d’eau de 24 pieds puissent remonter le Danube depuis la mer jusqu’à Brăila.
La vitesse du courant du Bas-Danube navigable varie entre 6, 3 km/h (haut niveau navigable) et 2 km/h, (bas niveau navigable) sur le secteur Brăila-Sulina.

Danube-culture, © droits réservés, mis à jour décembre 2023

Bras aménagé de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Alimentation du fleuve et régime des niveaux

Le Haut Danube est alimenté en premier lieu par la fonte des neiges des Alpes, surtout en été, et par des précipitations atmosphériques. Les affluents du Moyen Danube apportent les eaux provenant de la fonte printanière des neiges des Carpates via la Tisza et des précipitations atmosphériques d’été. En automne, pendant la période sèche et en hiver, le Moyen Danube est alimenté par des eaux souterraines.

Le Bas Danube est en principe un secteur de transit à travers lequel s’écoulent les eaux provenant du secteur amont auxquelles s’ajoutent également la fonte des neiges dans les Carpates et les précipitations atmosphériques. Tout comme sur le Moyen Danube, les eaux souterraines contribuent à l’alimentation du fleuve en automne et en hiver.

Ces particularités que l’on relève dans l’alimentation du Danube déterminent le régime des niveaux du fleuve.

Le cours supérieur du Danube est caractérisé par de brusques variations du niveau d’eau dont le maximum se situe au début de l’été et le minimum en hiver. Le réchauffement climatique est un facteur de plus en plus déterminant du régime du fleuve.

Sur le Moyen Danube, les crues venant de l’amont s’étalent et leur caractère est plus égal. La Tisza et la Sava modifient dans une certaine mesure le régime des niveaux du Danube. Elles apportent d’autres grosses crues provoquées surtout par les averses tombées dans les Alpes Dinariques et les vagues durables de crues printanières alimentées par la fonte des neiges dans les Carpates.

Le Bas Danube se caractérise par des variations de niveaux modérées et déterminées par l’évolution des vagues de crues venant des cours supérieur et moyen du Danube.

Bien que le niveau maximum annuel puisse survenir à n’importe quel mois, il est toutefois observé le plus souvent en été sur le Haut-Danube et le Moyen-Danube, et au printemps sur le Bas-Danube.

Les niveaux minima annuels sont relevés pendant la période où le Danube est alimenté principalement par des eaux souterraines, en général en automne ou en hiver.

L’amplitude des variations des niveaux d’eau varie le long du fleuve dans de larges proportions. Dans les régions montagneuses étroites elle peut aller jusqu’à 10 m. Les mêmes valeurs sont observées aux endroits où se forment des embâcles.

Dans les secteurs de plaine où le lit majeur est plus large, l’amplitude est de 3 à 5 m. Elle s’atténue vers l’embouchure du Danube où elle n’ atteint plus qu’un à un mètre et demi.

Sources :
Commission du Danube

Parcs et réserves naturels du Danube : une protection et une gestion d’écosytèmes fragiles et menacés

Ces structures, outre leur travail d’observation, de recensement, d’évaluation, de protection, de gestion de la biodiversité et d’échanges d’informations, missions réalisées par des des équipes scientifiques compétentes et motivées, mènent de nombreuses actions de sensibilisation. Elles bénéficient toutefois d’organisations administratives, de financements et de moyens d’action hétérogènes. Les périmètres protégés sont (trop) rarement inaccessibles au public.

Un aménagement fluvial souvent réalisé au détriment de l’environnement et de la biodiversité
Les travaux spectaculaires d’aménagement du fleuve pour la navigation et la protection contre les inondations puis pour la production d’énergie, aux XIXe et XXe siècles, notamment sur les Haut et Moyen-Danube, ont raccourci et considérablement modifié le cours du fleuve (endiguement, coupure des méandres, aménagement des berges, drainage du lit du fleuve…) ainsi que restreint drastiquement les zones naturelles et inondables, les forêts alluviales ancestrales qui jalonnaient autrefois son cours et celui de ses affluents. Du fait de certaines de ces modifications, il a de plus été constaté à plusieurs endroits un enfoncement du lit du fleuve.

Le Danube à la hauteur du Parc National des Prairies Alluviales Danubiennes, photo © Danube-culture, droits réservés

   À peine la moitié de la totalité du cours du Danube peut encore être considérée comme une zone naturelle et seules 20 % des zones naturelles existantes au XIXe siècle ont pu être préservées jusqu’à aujourd’hui, parfois avec beaucoup de difficultés et au prix d’une mobilisation importante de scientifiques et de la population riveraine à l’exemple de l’Autriche quand il fut question de construire, dans les années 1980, une nouvelle centrale hydro-électrique à la hauteur de la petite ville de Hainburg (Basse-Autriche), faisant du fleuve « un désert de béton entre Vienne et Bratislava, une succession d’eaux stagnantes, une retenue d’eau trouble avec des vannes et des barrages de dix mètres de haut »1 et détruisant une grande partie des prairies et forêts alluviales de cette région avec leur exceptionnelle biodiversité. Le projet de barrage de Nagymaros, initié également par des acteurs politiques et économiques en Hongrie communiste, fut aussi ultérieurement abandonné en raison de la détermination de la population hongroise à préserver l’environnement.

Anciens projets d’aménagement du Danube slovaco-hongrois. Si le projet de barrage de Gabčikovo, sur le Danube slovaque aus confins de la Hongrie, a vu le jour, celui de Nagymaros, sur le Danube hongrois, fut heureusement abandonné.

Un fleuve amputé et métamorphosé
   L’homme a ainsi détourné par le passé le cours du fleuve et modifié les paysages sans en mesurer avec pertinence les conséquences sur le moyen et long terme. La paranoïa de plusieurs générations de décideurs politiques et économiques, obsédés par le développement de la civilisation industrielle, la notion de « progrès » et les régimes totalitaires au XXe siècle, peu amènes envers le Moyen et le Bas-Danube, ont ainsi laissé leurs empreintes et cicatrices indélébiles sur le fleuve et ses rives : industries lourdes, industries chimiques, pollutions récurrentes et diverses, centrales nucléaires en mauvais état, agriculture intensive, surexploitation de graviers et de sable, rejets des eaux usées et autres à certains endroits, braconnage et surpêche de certaines espèces dont l’extraordinaire esturgeon à d’autres endroits et plus récemment, l’aménagement et le bétonnage de périmètres des berges suite à un développement touristique anarchique, ont mis et continuent de mettre le fleuve et son patrimoine environnemental à rude épreuve. Celui-ci a de plus commencé désormais à subir les conséquences des modifications climatiques qui impactent l’écosystème du fleuve et modifient le cycle de vie de nombreuses espèces végétales et animales.

Guépier d’Europe (Merops Apiaster), un des symbole de l’avifaune danubienne, photo © Jitka Havlová, droits réservés

Patrimoine mondial de l’Unesco
Deux territoires baignés par le Danube ont été classés, à divers titres, au patrimoine mondial de l’Unesco : la moitié de son delta (Roumanie et Ukraine) en tant que réserve de biosphère et la région de la Wachau (2000) au titre des paysages.
De nombreux autres sites naturels et paysagers du fleuve mériteraient une protection plus vigilante de leur biodiversité mais toutes les conditions ne semblent pas encore actuellement pour faire aboutir de telles initiatives.

Photo Mihai Baciu, droits réservés

Une collaboration transfrontalière
Plusieurs parcs nationaux avec les parcs et réserves naturels danubiens se sont judicieusement regroupées dans une plateforme qui a pris le nom de Danubeparks et ce dans une logique transnationale et transfrontalière de protection du Danube, de ses espaces naturels et de sa biodiversité. Cette plateforme permet la mise en commun de connaissances scientifiques, une collaboration pour des recherches et des actions de prévention et d’information ainsi qu’une réflexion commune sur le développement du tourisme durable autour du fleuve
Danubeparks, fondé en juin 2009 par la déclaration de Vienne, bénéficie de financements européens.
www.danubeparks.org

Dans la réserve de biosphère du delta du Danube, village de Letea, photo © Danube-culture, droits réservés

Réserve de Biosphère du delta du Danube (Roumanie)
580 000 hectares du delta du Danube sont classés en réserve de biosphère, réserve inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Année de création : 1990
Le delta est un univers danubien à part et, malgré des pollutions récurantes qui descendent souvent depuis l’amont, un impressionnant paradis pour de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Son territoire est un des plus importants espaces de migrations pour les oiseaux d’Europe et d’Asie. Il abrite plus de 1200 espèces de plantes, de rares variétés de plantes aquatiques, plus de 300 espèces d’oiseaux et plus de 150 espèces de poissons dont quelques rares spécimens du légendaire esturgeon et du béluga européen, deux espèces malmenées par les pécheurs du delta.
www.ddbra.ro
https://goo.gl/images/ARRPtv

Spatules eurasiennes (Platalea leucorodia) dans la réserve de biosphère du delta, photos droits réservés

Réserve Naturelle du Prut inférieur, lac de Beleu, petit delta de la République moldave (Moldavie)
1 755 hectares
Année de création : 1991

Parc Naturel Rusenski-Lom (Bulgarie)
3 408 hectares
Année de création : 1980
http://lomea.org/

Parc Naturel de Persina (Bulgarie)
21 762 hectares
Année de création : 1980
Ce parc est le plus grand espace naturel protégé de Bulgarie. Il est constitué en particulier de nombreuses îles préservées sur le Danube dans lesquelles nichent des aigles de mer (Pygargue à queue blanche).
www.persina.bg

Pygargue à queue blanche ou aigle de mer, un des plus majestueux oiseaux du Danube, photo droits réservés

Réserve de Biosphère de Srebarna (Bulgarie)
Cette structure ne fait pas partie de Danubeparks
Cette petite réserve de 9 km2 à l’écosystème fragile et qui fait la part belle à la faune ornithologique mais pas seulement, a été constituée dès 1942 autour du lac d’eau douce de Srebarna. Cette réserve est gérée par le bureau régional de l’environnement et de l’eau de Ruse.
www.riosv-ruse.org

Réserve Naturelle de Kalimok – Brushlen (Bulgarie)
Cette structure ne fait plus partie de Danubeparks
Administration de la Réserve Naturelle de Kalimok – Brushlen (ONG)
www.iber.bas.bg

Parc Naturel des Portes-de-Fer (Roumanie)
Surface : 115 665,80 ha
Année de création : 1990, déclaré en 2000
www.pnportiledefier.ro

Ile de Moldova-Vecche, Parc Naturel des Portes-de-Fer (Roumanie), photo Parc Naturel des Portes-de-Fer, droits réservés

Parc National de Djerdap (Serbie)
63 000 hectares
Année de création :
Ce parc ne fait pas partie de la plateforme commune Danubeparks.
Ce parc national magnifique de 63 000 hectares sur la rive méridionale du fleuve est, grâce à son relief, un belvédère au dessus du fleuve qui pénètre dans l’impressionnant défilé des Portes-de-Fer. Le site archéologique de Lepenski Vir témoigne quant à lui de la présence de l’homme dans ces lieux depuis des temps anciens. Sur la rive roumaine d’en face se trouve le Parc National des Portes-de-Fer.
www.npdjerdap.org

La Deliblatska peščara (Делиблатска пешчара en serbe) ou en français : «La dune de Deliblato» qui doit son nom au village de Deliblato est une réserve naturelle d’environ 350 hectares qui a été créé en 1965. Elle se situe au nord de la Serbie dans la province autonome de Voïvodine sur le territoire méridional multiculturel du Banat (rive gauche du Danube).
En raison de la richesse de sa flore et de sa faune, elle a été classée par l’UICN « réserve naturelle intégrale.
Cette réserve ne fait pas partie de la plateforme commune Danubeparks.
www.deliblatskapescera.rs

Parc National de Djerdap, Serbie, photo Danube-culture, droits réservés

Réserve Naturelle de Gornje Podunavlje (Serbie)
19 648 hectares
Année de création : 2001
Située à la frontière de la Serbie, de la Croatie et de la Hongrie, la Réserve Naturelle de Gornje Podunavlje est un modèle régional de collaboration transfrontalière dans le domaine de la protection de l’environnement. En partenariat avec le Parc Naturel de Kopački Rit (Croatie) et le Parc National Duna Dráva (Hongrie), il protège notamment, au sein de son territoire, des aires de nidification d’aigles de mer et de cigognes noires.
Institut National de Protection de la Nature
Administration des forêts
www.vojvodinasume.co.rs

Parc Naturel de Kopački Rit (Croatie)
23 891 hectares
Année de création : 1993 (1967)
Le Parc Naturel Kopački Rit était à l’origine une réserve de chasse. Il se trouve au confluent de la Dráva et du Danube (Km 1383) dans un paysage de zones inondables, de forêts alluviales primitives propices aux oiseaux migrateurs et aux poissons. Ce parc fait également partie de la réserve de biosphère de l’Unesco « Mura-Drava-Danube », créé en 2012.
Le parc propose un programme d’animations et de promenades dans l’environnement du parc, à pied, à bicyclette ou en bateau.
Administration du Parc Naturel de Kopački Rit :
www.pp-kopacki-rit.hr

Entre Mura, Drava et Danube, photo Parc Naturel de Kopacki Rit (Croatie)

Parc National Duna-Dráva (Hongrie)
50 000 hectares
Année de création : 1996
Le Parc National Duna Dráva (Duna-Drava Nemzeti Park en hongrois) s’étend tout au sud de la Hongrie, du confluent de la Sió (rive droite du Danube). jusqu’à la frontière avec la Croatie. Sa surface est un impressionnant labyrinthe de puszta, de prairies, forêts, bras secondaires, marais, étangs îles et îlots en permanente évolution. Le symbole du parc est la grue qu’on peut observer volant par millier au dessus du paysage au moment des migrations.
http://ddnp.nemzetipark.gov.hu//
www.ddnp.hu

Parc National Duna – Ipoly (Hongrie)
60 314 hectares
Année de création : 1997
Le Parc National Duna-Ipoly est l’autre grand parc des bords du Danube hongrois. Le fleuve traverse de superbes paysages de collines boisées et de grottes.
www.dinpi.hu

Zone de protection des paysages des prairies danubiennes (Slovaquie)
12 284 hectares
Année de création : 1998
La Morava est l’un des principaux affluents de la rive gauche du Danube. La réserve englobe une zone de prairies alluviales le long de la frontière slovaco-autrichienne.
Administration Nationale pour la protection de la nature
BROZ, Organisation Régionale pour la Protection de la Nature et le développement durable
www.broz.sk
Administration Nationale pour la protection de la nature
www.sopsr.sk

Parc National des Prairies Alluviales Danubiennes (Autriche)
9 300 hectares
Année de création : 1996
Centre d’accueil et d’information
Château d’ ORTH Nationalpark-Zentrum
2304 Orth/Donau, Autriche
www.donauauen.at

Cistude d’Europe (Emys orbicularis), Parc National des Prairies Alluviales Danubiennes, photo © Danube-culture, droits réservés

Aire de protection des paysages culturels de la Wachau (classement Unesco)
18 387 hectares et zone tampon 2 949 hectares
Année de classement à l’Unesco : 2000
https://whc.unesco.org/fr/list/970/.

Aire de protection de la vallée étroite du Danube/Passau
1  776 hectares
Année de création : 1996-1986
www.hausamstrom.de
www.donaugigant.com
www.passauer-land.de

Centre d’études des prairies alluviales de Neuburg sur le Danube (Allemagne)
2 997 hectares
Année de création : 2005
Ville d’Ingolstadt
District de Neuburg-Schrobenhausen
Le cours du Danube est en Allemagne, à l’exception de la partie encore naturelle située entre Straubing et Vilshofen (Bavière), fortement dégradé par une succession de barrages et d’usines hydroélectriques. Une démarche de revitalisation et de gestion des forêts alluviales subsistantes a toutefois commencé à être initiée. Le Centre d’études des forêts alluviales de Neuburg-sur-le-Danube travaille en collaboration avec les services de protection de l’environnement de cette commune et de ceux d’Ingolstadt à la mise ne place d’initiatives de développement durable.
District de Neuburg-Schrobenhausen
www.auenzentrum-neuburg-ingolstadt.de

Ville d’Ingolstadt :
www.ingolstadt.de

Dans le delta du Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Notes :
1 Franz Weber, Le paradis sauvé, « Un appel de Vienne », Éditions Pierre-Michel Favre, Lausanne, 1986

Danube-culture, mis à jour juin 2022

Le Danube : frontière ou trait d’union entre les peuples d’Europe centrale et orientale ?

Le Danube c’est évidemment bien plus qu’une frontière ou plutôt qu’une superpositions de frontières presque invisibles, parfois fluctuantes mais toujours palpables. Ce fût (mais n’est pas encore ?) le symbole d’affrontements, de confrontations douloureuses, d’enjeux entre un monde sédentaire à l’ouest et un univers longtemps nomade et de migration à l’est, entre des empires, entre des peuples, entre des régimes politiques opposés ? C’est en même temps une voie de vie, de civilisation et d’échanges. Ont été édifiées dès l’antiquité au long de ses rives des routes de marchandises, sont passés et passent sur celles-ci dans les deux sens des chemins d’invasions, de conquêtes, de pillards, de croisés, de migrants, de pèlerins, d’aventuriers de toutes sortes mais aussi et sur ces mêmes chemins des voies de diffusion de nouvelles cultures. Les abords du fleuve en sont toujours les mémoires vivantes, témoignent.

Le Danube : une impressionnante succession de paysages et d’horizons

Ruines de la forteresse d’Aggstein en Wachau, photo droits réservés

Le bassin versant danubien raconte aussi plusieurs histoires extraordinaires, celle de la formation du continent européen, celle de la nature d’abord puis celle d’une relation tumultueuse entre l’homme prométhéen et une divinité de la nature à la force, à la ténacité opiniâtre, au caractère ombrageux, indocile, colérique. Rien ne fut et ne sera jamais gagné définitivement par l’homme sur le fleuve impérial. Celui-ci, encore aujourd’hui, et malgré de nombreux et pharaoniques aménagements des deux derniers siècles avec ces cathédrales fluviales que sont les gigantesques barrages d’Autriche et des Portes de fer, sort régulièrement de son lit, provoquant des inondations sur des espaces considérables, rappelant à l’homme que lui seul décide. Comment vivre le mieux possible en composant avec ces incertitudes fut sans doute la question permanente des hommes depuis leur installation au long de ses rives.
Danube se tient bien au-delà de l’histoire humaine mais il la façonne continuellement. Le Danube est ainsi au sein de cette histoire tout à la fois le fleuve des émotions, des passions, de la démesure et du simple quotidien, des dangers de la nature, des légendes, des fêtes, du vivre ensemble ou parfois aussi… du ne plus vivre ensemble.
Chacun a « son » Danube ou le voit selon sa place, ses rêves, ses besoins, ses projets, sa propre histoire. Mille et un métiers, mille et une manières d’être et de faire déclinent l’incroyable attractivité du fleuve, mille et un regards se posent sur le Danube et le questionnent. Le fleuve génère sans le vouloir un incessant tourbillon de vies entremêlées.

C’est dans cet esprit que ce site francophone souhaite s’organiser et raconter le fleuve.

La France et le Danube : une histoire ancienne
Ce site francophone veut aussi se faire l’écho de la présence française au bord du fleuve et de son dialogue avec les pays riverains et leurs cultures. La France a eu le souci permanent, depuis la révolution, de permettre au Danube d’acquérir un statut de fleuve international justement partagé entre tous, statut illustré en particulier par des règles de navigation et protégé par une Commission du Danube ad hoc qui siège aujourd’hui à Budapest et dont l’une des quatre langues officielles est toujours le français.

Vive la France II

Sur le Danube hongrois en amont de Budapest, collection privée

Ce site regroupera également des sources et des informations en langue française liés à l’histoire du fleuve, à sa vie, à ses habitants, à ses cultures et à celles de son bassin.

 

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