Rudolf von Alt (1812-1905), peintre et aquarelliste viennois inspiré
Rudolf von Alt, Vue de Budapest avec le pont aux chaînes et le château, aquarelle, 1880
Ce prolifique peintre védutiste1 acquit une grande réputation bien au-delà des frontières de l’Autriche, grâce à ses tableaux et aquarelles représentant la nature, des paysages européens, du Danube, des vues de grandes et petites villes, de leur animation avec leurs scènes quotidiennes, en particulier de sa ville natale, Vienne et ses peintures d’intérieurs aux couleurs variées et contrastées
Rudolf von Alt, autoportrait 1890
Élève de son père Jakob (1789-1872), peintre, lithographe et aquarelliste allemand venu s’installer à Vienne, frère aîné du peintre Franz Alt (1821-1914), il étudie à partir de 1826 à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne mais son travail sur le motif influencera davantage sa formation. Il accomplit de longs voyages dans toute l’Autriche-Hongrie et dans le sud de l’Europe jusqu’en Sicile. En 1828, le jeune peintre accompagne son père dans les Alpes autrichiennes. Sa première exposition à Vienne a lieu en 1830. Il deviendra professeur à l’Académie des Beaux-Arts à partir de 1879 et sera anobli en 1892. C’est lui qui présente Klimt à l’empereur François-Joseph en 1898. Rudolf von Alt fut Président d’honneur de l’Association Artistique de la Sécession Viennoise.
Rudolf von Alt, À bord du vapeur de la DDSG Maria-Anna, aquarelle, 1837
Rudolf von Alt a commencé par peindre des tableaux aux architectures élaborées, comme la cathédrale saint-Étienne (1832) puis exprimera une préférence pour l’aquarelle. Son travail dans ce domaine peut se comparer aux plus grands des aquarellistes français et anglais de la même époque. Le format de ses aquarelles augmente progressivement et atteindra parfois celui de ses peintures à l’huile, dont le coloris est toutefois plus soutenu y compris dans les scènes d’intérieur.
Rudolf von Alt, Abbaye de Klosterneuburg, aquarelle, 1843
Son inspiration et sa technique se renouvellent constamment ; appartenant au début de sa carrière au sage réalisme du Biedermeier, puis à la peinture de plein air, il se rapproche du style impressionniste qu’il incorpore dans une touche très personnelle. Son style toujours très clair et aéré, sans fadeur ni mollesse, d’une grande délicatesse et poésie, évolue dans ses dernières œuvres vers un sens presque visionnaire de la réalité atmosphérique. Au cours de cette lente évolution, Rudolf von Alt ne se laisse malgré tout jamais entraîner à négliger l’aspect positif des choses.
Les collections les plus importantes de ses aquarelles sont conservées à Vienne en particulier à l’Albertina et au Kunsthistorisches Museum.
Notes : 1le védutisme est l’art de la vue, du paysage urbain ou suburbain et spécialement de ses représentants italiens du XVIIIe, comme Canaletto, Guardi, Belloto, Pannini…
Sources : SCHRÖDER, Klaus-Albert, STERNATH, Marie-Luise (Herausgegeben), Jakob und Rudolf von Alt, im Auftrag des Kaisers, Ausst.Kat., Albertina, Wien, 2010 KOSCHATZKY, Walter Rudolf von Alt, Residenz Verlag, Salzburg, 1976 Dictionnaire Larousse de la peinture, Éditions Larousse, Paris, 2003
Rudolf von Alt, Dürnstein in der Wachau vu de la rive droite, aquarelle 1852, collection de l’abbaye de Klosterneuburg
La superficie totale du bassin danubien est de 817 000 km2. Celui-ci « englobe des régions aussi variées que les moyennes montagnes d’Europe occidentale et centrale, les Alpes centrales, orientales et dinariques, les Carpates, les Balkans, les grandes plaines pannonienne et moldo-valaque ainsi que l’Ukraine méridionale. Son bassin voisine au nord avec ceux de la Weser, de l’Elbe, de l’Oder et de la Vistule, au nord-est avec le bassin du Dniestr, au sud avec les bassins des fleuves de la mer Egée (Salamvria,Vistritsa, Vardar, Aliakmon, Strylon ou Strouma, Maritsa) et de la mer Adriatique, enfin à l’ouest et au nord-ouest avec le bassin du Rhin.
Le bassin du Danube : 817 000 km2, source WWF Deutschland
Le Danube naît en Allemagne, de l’union de deux ruisseaux de montagne, la Breg et la Brigach, ruisseaux qui prennent leur source sur le versant est de la Forêt-Noire (Schwarzwald, Bade-Wurtemberg) à respectivement 1078 et 940 m d’altitude.
Ces deux cours d’eau de 49 et 43 km qui se rencontrent sur le territoire de la petite ville de Donaueschingen (Bade-Wurtemberg), forment immédiatement, avec l’apport conséquent de plusieurs sources du sous-sol karstique jaillissant sur le territoire de cette commune parmi lesquelles une quinzaine se trouvent dans la zone du parc du château des princes de Furstenberg (dont celle intitulée « Die Donauquelle » (« La source du Danube »), officiellement le Danube en aval de leur confluence.
La longueur totale du fleuve, à partir du confluent de ces deux ruisseaux est de 2783,4 km. 2414 km du fleuve sont navigables, de Kelheim (Allemagne) jusqu’à Sulina (kilomètre zéro, Roumanie).
Toutes les distances sur le Danube sont mesurées de l’aval vers l’amont, d’abord en milles de Sulina à Galaţi (Roumanie), puis en kilomètres de Galaţi jusqu’à Ulm (Allemagne). Le comptage en milles se termine au port de Galaţi où est installée la dernière et 80ème borne. En continuant à remonter le fleuve on trouve ensuite la première borne kilométrique (Point Kilométrique 150) et ainsi de suite jusqu’à Ulm. La distance en ligne droite, entre le confluent de la Breg avec de la Brigach et l’embouchure du fleuve est de 1630 km, ce qui donne un coefficient de sinuosité de 1,7.
Le dénivelé total du fleuve, depuis le confluent de la Breg et du Brigach jusqu’à la mer Noire n’est que de 678 m.
Dénivellation moyenne de la source jusqu’à Passau : 0,65%
Dénivellation moyenne de Passau à Hainburg : 0,5%
Dénivellation moyenne de Hainburg jusqu’à l’embouchure : 0,07%
La pente moyenne est donc très faible et n’est égale qu’à 25 cm/km.
Le débit d’eau moyen au Cap Tchatal d’Izmaïl (bras de Chilia) est de 6 500 m3/seconde (approximativement 205 km3/an) mais il varie considérablement selon les années et la météorologie.
À partir du confluent de la Breg et de la Brigach et jusqu’à la localité de Tuttlingen (PK 2747), le Danube coule vers le sud-est, puis il modifie son cours en direction du nord-est, orientation qu’il garde jusqu’à Regensburg (Ratisbonne, PK 2379). Il atteint alors le point le plus septentrional de son parcours (49°03′ de latitude nord). Le Danube se dirige par la suite vers le sud-est jusqu’à Gönyü, en Hongrie (PK 1791). À Gönyü, il poursuit d’abord son chemin vers l’est et oblique brusquement vers le sud dans la région de Vác (PK 1679). Le fleuve continue de couler vers le sud en direction de Vukovar (Croatie, PK 1333).
De Vukovar ( rive droite, Croatie) jusqu’à la petite ville de Bačka Palanka (rive gauche, Serbie, PK 1298), il maintient un cap sud-est puis est jusqu’au confluent avec la Tisza (PK 1214,5). Du confluent de la Tisza jusqu’à Artchar (PK 771), il dessine de grands méandres, coulant vers le sud-est et l’est jusqu’à Svistov (rive droite, Bulgarie, PK 554). C’est près de cette ville que le Danube atteint son point le plus méridional (43°38′ de latitude nord). Au delà le fleuve se dirige vers le nord-est jusqu’à la ville de Cernavodă, rive droite, Roumanie, PK 300). En aval de Cernavodǎ, le Danube prend la direction du nord, oblique ensuite doucement vers l’est à la hauteur du Siret, (PK 155), affluent de la rive gauche. Il maintient plus ou moins cette direction jusqu’à son delta.
Sur son cours inférieur, le Danube se ramifie et forme un large delta marécageux d’une superficie d’environ de 5640 km2. La longueur du delta d’ouest en est atteint 75 km sur une largeur de 150 km.
Photo du delta du Danube prise par le satellite Lansat en l’an 2000
Ce delta occupe la partie méridionale d’une vaste plaine s’étendant vers la mer Noire. À l’ouest du delta se dressent les contreforts septentrionaux du plateau de la Dobrogée roumaine derrière lesquels s’étend la plaine du Bas-Danube séparant les versants est des Carpates et des Balkans. Le point le plus avancé du delta danubien se trouve au Cap Tchatal d’Izmaïl.
Le lit principal se divise d’abord en deux bras, ceux de Chilia et de Tulcea. Le bras de Tulcea se divise à son tour en deux bras, celui de Saint-Georges (Sfântu Gheorghe) et celui de Sulina. Le Danube se jette ainsi actuellement dans la mer Noire par trois bras principaux : celui de Chilia au nord, le bras central de Sulina et le bras de Sfântu Gheorghe au sud. Les bras de Chilia et de Sfântu Gheorghe se divisent en de nombreux bras secondaires.
À partir du Cap Tchatal d’Izmaïl jusqu’à la localité de Pardina, le bras de Chilia coule dans un lit unique, d’abord vers le nord-est, ensuite, en aval d’Izmaïl, vers le sud-est. Entre la localité de Pardina et la petite ville de Vilkovo (Ukraine), le bras de Chilia se divise à deux reprises dans des bras secondaires formant de nombreuses îles et qui se réunissent plus loin à nouveau en un seul lit.
Le bras de Sulina est peu sinueux et non ramifié coulant vers l’est et se se jetant dans la mer Noire à hauteur du port de Sulina. Les localités les plus importantes situées sur ce bras sont les communes de Maliuc, Gorgova, Crişan et Sulina.
Le bras de Sfântu Gheorghe, forme de larges méandres et coule vers le sud-est en un seul lit. Cinq kilomètres avant la mer Noire il se divise en cinq bras, formant ainsi un delta secondaire. Les localités les plus importantes situées sur ce bras sont les communes de Mahmudia, Murighiol, Dunavat et Sfântu Gheorghe.
Sources : Stančík Andrej, Jovanovič, Slavoljub et al., Hydrology of the river Danube, Hydrologie du Danube, Hydrologie der Donau, Priroda Vydavatelstvo, Bratislava, 1988 Ritter Jean, Le Danube, P.U.F., Paris, 1976 Pardé Maurice, Frécaut, René, Hydrologie fluviale de l’Europe continentale. Le Bassin du Danube inférieur [article], Revue géographique de l’Est, Année 1963, 3-4, pp. 429-444 George, Pierre. Données hydrologiques récentes sur le Danube. In: L’information géographique, volume 5, n°2, 1941. p. 30; doi : https://doi.org/10.3406/ingeo.1941.5072
Ce fleuve aux multiples visages, reflets des multiples paysages traversés a ses musiques, ses compositeurs, ses musiciens comme il a ses écrivains, poètes, peintres, photographes, ses réalisateurs de films et de vidéos…
Et qu’importe au fond qu’ils soient compositeurs reconnus, grands interprètes, artistes professionnels ou simples amateurs, qu’ils soient musiciens traditionnels, modestes musiciens de rue, chanteurs, solistes ou choristes anonymes.
Rares sont les lieux sur les deux rives et aux alentours, d’amont en aval, qui n’aient été un jour ou qui ne soient encore aujourd’hui le théâtre de manifestations, de fêtes où la musique et la danse tiennent une place privilégiée. Combien également de sites prestigieux, historiques, de châteaux, de ruines médiévales, d’abbayes baroques ou classiques, de rues, de places, de parcs et d’élégants jardins, de scènes contemporaines, parfois directement aménagés sur le fleuve, d’où montent, certains jours, les échos d’une manifestation musicale, d’une aubade improvisée ?
Emmanuel Schikaneder (1751-1812), un Papageno mozartien et danubien né à Straubing (Bavière) !
Là où se tiennent les hommes au bord du fleuve, il y a musique ! Le Danube, berceau de la chanson des Nibelungen, n’a rien à envier au Rhin, à l’Elbe ou même à la Vltava tchèque (ce si joli nom slave qu’on traduit tristement sous le nom allemand de Moldau !). Bien au contraire, c’est « Le Fleuve musical européen » par excellence comme le chante le grand poète allemand et amoureux de l’univers fluvial, Friedrich Hölderlin (1770-1843), né lui-même sur les bords d’un affluent du Rhin, le Neckar (affluent du Danube préhistorique) et qui a consacré, parmi plusieurs poésies dédiées aux fleuves deux de ses plus beaux poèmes au Danube, À la source du Danube (Am Quell der Donau) et l’Ister (Der Ister). Vienne et Budapest ne se disputent-elles pas le titre de capitale de la musique en Europe ou au monde ? Déambuler dans les rues, sur les quais et certaines îles de ces deux métropoles, c’est sans cesse aller à la rencontre de musiciens et de compositeurs célèbres mais aussi d’artistes de rue, de cabarets inconnus ou miraculeusement sauvés de l’oubli par une unique chanson, une mélodie touchante qui a traversé les siècles, d’écrivains tel Franz Grillparzer (1791-1872) et le personnage émouvant de sa nouvelle Der arme Spielmann (Le pauvre musicien), un violoneux nostalgique, au destin tragique qui meurt lors d’une inondation de son quartier de Brigittenau (XXe arrondissement de Vienne) mais rejoint ensuite le paradis des musiciens ! Franz Grillparzer publie cette nouvelle en 1848. Maisons natales, chapelles, églises, cathédrales, abbayes, palais et châteaux, salles de bals et de concerts, théâtres, cours, parcs, jardins, statues, cimetières, auberges, caveaux (Heuriger)…, la promenade n’est alors qu’une incessante succession de rencontres avec le monde musical d’hier et d’aujourd’hui. Valses, galops, polkas, Ländler, musiques militaires, musiques de salon et de bals dans lesquels outre les Strauss, le violoniste du delta d’origine tsigane Georges Boulanger excellèrent, lieders, opéras et opérettes, ballets, répertoire religieux, musiques populaires (Schrammelmusik, musiques de cabaret), jazz, musiques de rue, de kiosques ou d’arrière-cours d’auberge, de foire ou musiques savantes dans des salles de concerts réputées, toutes ses musiques se portent à Vienne comme à Bratislava et Budapest une étonnante estime réciproque, les unes fécondant souvent les autres. Il n’est pas rare de voir et d’entendre des musiciens des grands orchestres symphoniques autrichiens interpréter des chansons traditionnelles du répertoire de la « Schrammelmusik » dans les Heuriger des quartiers périphériques viennois de Grinzing, Döbling, Nußdorf… Il arrive aussi que des musiciens du monde « classique » jouent sans bouder leur plaisir du répertoire tsigane et traditionnel dans les restaurants populaires de Budapest et d’autres grandes villes des bords du fleuve.
Le « Schrammel Quartett » en 1890
Le fleuve, la musique et le vin, une trilogie inséparable et si danubienne ! Bratislava la slovaque et Belgrade la balkanique résonnent elles aussi de multiples manifestations musicales, classiques et contemporaines, jours et nuits. Jusqu’à l’extrémité du delta et la petite ville de Sulina, aujourd’hui quelque peu endormie sur son glorieux passé et qui vit naître l’un des plus grands chefs d’orchestre de l’histoire de la musique, George Georgescu, jusqu’aux Lipovènes qui entretiennent avec passion leur patrimoine musical et dansé, en passant par les rives des campagnes slovaques, hongroises, croates, serbes, bulgares, roumaines, ukrainiennes, par les toutes les minorités parmi lesquelles celle des tsiganes, tous ces lieux dispersés, disséminés le long du fleuve sont imprégnés de mélodies engendrées par la rencontre féconde entre la nature, le fleuve et les hommes.
Les flots du Danube, une composition de J. Ivanovici, compositeur roumain d’origine serbe ayant travaillé sur les rives du Bas-Danube : un hymne au grand fleuve !
Difficile de ne pas évoquer également, quand on parle de musique sur les rives du Danube, les joyaux architecturaux et culturels que sont les prestigieuses abbayes baroque de Beuron, Kremsmünster, Wilhering, Saint-Florian, Melk, Göttweig et Klosterneuburg tant elles furent actives et réputées (elles le demeurent encore de nos jours) dans le domaine des arts et des sciences. Leurs orgues, leur lignée de maîtres de chapelle, de compositeurs, leurs maîtrises (choeurs d’enfants) et leurs impressionnantes bibliothèques musicales tout comme les nombreux festivals et concerts qui s’y déroulent, en témoignent.
Certaines régions semblent de prime abord plus privilégiées que d’autres mais toutes ont leur musique populaire spécifique. De nombreuses chansons traditionnelles, allemandes (souabes et bavaroises) autrichiennes, slovaques, croates, serbes, bulgares, roumaines, moldaves, valaques, ukrainiennes, tsiganes ont pour thème ou pour inspiration le Danube. Il y a encore les chansons des bateliers d’autrefois, des mariniers danubiens, ces corporations auxquelles Franz Schubert a rendu hommage dans son Lieder D. 536 « Der Schiffer » (Le batelier) chansons qu’on entendait parfois pendant les manoeuvres dans les passages délicats et qui leur donnaient force et courage, les chants des corporations liées à la présence du fleuve ou encore les hymnes des processions religieuses que les pèlerins chantaient avec ferveur en descendant le Danube en bateau. La musique pouvait aussi aider celles ceux qui s’aventuraient sur le fleuve à conjurer leur peur de mourrir noyés.
Anton Bruckner (1824-1986) : sa musique « connectée » avec le divin semble aussi évoquer et invoquer la puissance du Danube, dieu de la nature.
Ce fleuve a ses légendes musicales dans des genres très diversifiés. Il a fasciné et inspiré de nombreux compositeurs et musiciens européens bien au delà de ceux qui sont simplement et par hasard nés sur ses rives où à proximité tels Johann Nepomuk Hummel, né à Bratislava, Anton Bruckner, Ludwig van Beethoven, Viennois d’adoption, Franz Liszt, l’infatigable voyageur qui écrivit une messe pour la basilique d’Esztergom, Joseph Pleyel, Joseph Haydn, Franz Schubert et la famille Strauss, Carl Michaël Ziehrer, Josif Ivanovici, Franz Lehár né à Komárno, Belá Bartók, Georges Boulanger (Tulcea), le jazzman Johnny Rǎducanu (Brăila) et bien d’autres. La liste intégrale de tous ceux qui ont chanté et chante le Danube serait ici bien trop longue à énumérer.
On ne peut s’empêcher de penser enfin que peut-être les tonalités des voix, des langues et des dialectes des riverains, de ceux qui naviguent quotidiennement, reflètent secrètement quelques harmonies de la mélodie du fleuve.
Le chant polyphonique du fleuve Le Danube c’est aussi le chant de ses oiseaux et de la nature. Le fleuve, certains matins ou certains soirs, dans le delta, sur ses îles, dans les forêts et les prairies alluviales qu’il arrose, n’est qu’une extraordinaire polyphonie de chants d’oiseaux, de batraciens, d’animaux sauvages et de mille autres reliefs sonores.
Mais n’oublions pas que le grand fleuve compose avant tout d’abord sa propre musique, son propre chant, envoûtante mélodie assourdie et presque douloureuse qui monte dans certains lieux du fond de son lit comme une sorte de plainte, musique fluviale de pierres, de galets et de graviers roulés par un courant impétueux, pétris, polis et emportés inlassablement sans cesse au loin vers la mer, mystérieuse musique de la vie qui s’éloigne inexorablement. Il suffit d’ailleurs de s’asseoir sur ses berges à certains endroits ou de se laisser dériver à bord d’une embarcation dans le courant, pour entendre celle-ci et tomber sous le charme. Quelque soit le lieu où vous serez près du fleuve, allez marcher le soir sur ses rives, sur une digue, sur une plage, en vous éloignant un peu de l’embarcadère si vous descendez le Danube pour une croisière. C’est aussi cela la magie du Danube, un hymne de l’eau aux galets, au vent, à tous les éléments de la nature qui l’accompagne et fonde un chemin avec lui.
Entre gaité et nostalgie
Est-il nécessaire de rappeler que la plus populaire des oeuvres dédiées au Danube est évidemment la valse de Johann Strauss fils Sur le beau Danube bleu ? Si elle reste l’oeuvre la plus connue, la composition de référence, l’une des mélodies les plus fredonnées, l’une des plus diffusées du répertoire musical (ne l’entend-t-on pas jusque dans les avions de la compagnie autrichienne ou dans les toilettes du passage souterrain de l’Opéra de Vienne, tel un hymne aux divinités éternelles du kitsch ?), d’autres compositions moins connues voire oubliées rendent un aussi bel hommage au fleuve.
Première édition de l’oeuvre « Sur le beau Danube bleu » pour piano et choeur d’hommes
Plaisir d’amour
Un autre compositeur ayant vécu dans sa jeunesse quelques années sur les bords du Danube, Jean-Paul-Égide Martini (1741-1816), célèbre à son époque mais tombé complètement dans l’oubli pour le reste de son oeuvre, a aussi écrit une des plus célèbres chansons de tous les temps, Plaisir d’amour. Qui se souvient encore que l’auteur étudia au séminaire jésuite de Neuburg sur le Danube en Allemagne ?
Qui se souvient également que le violoniste virtuose Georges Boulanger (1893-1958), alias Ghiţa Bulencea est né à Tulcea aux portes du delta du Danube ? Au delà de Vienne et de Budapest, les autres villes riveraines du Danube slovaque, hongrois, croate, serbe, roumain bulgare et ukrainien où les influences musicales ne cessent de s’entrecroiser, de s’interpénétrer, ont aussi abondamment contribué au patrimoine musical européen avec un nombre conséquent de musiciens et de compositeurs dont malheureusement un petit nombre est passé à la postérité.
Nous nous sommes aussi attachés, dans ce chapitre particulier sur les musiques danubiennes, à découvrir, identifier, à localiser, quelques soient les époques et les genres, tout un répertoire éclectique, méconnu, ou connu localement, d’émouvantes chansons, lieder, danses, recueils et autres musiques et mélodies populaires inspirées par la présence du fleuve.
Parmi les institutions publiques danubiennes, la Bibliothèque Nationale Autrichienne de Vienne et son département des archives (corpus des chants populaires autrichiens) a mis en place depuis 1994 une banque de données qui ne cessent de s’enrichir et dans laquelle on trouve de nombreux Lieders et chansons populaires autrichiennes consacrés au Danube : www.volksliedwerk.ad
ABRAHAM, Paul (1882-1960) Compositeur né à Apatin sur le Danube (rive gauche), ville située à cette époque dans l’Empire austro-hongrois et aujourd’hui en Serbie (Voïvodine). Il étudie à l’Académie Franz Liszt de Budapest, compose de la musique instrumentale puis des opérettes qui rentre un vif succès (Fleur d’Hawaï, Bal au Savoy…). Il s’installe ensuite à Berlin, écrit des musiques de films mais avec l’arrivée des Nazis au pouvoir (P. Abraham est d’origine juive), il doit s’enfuir et erre entre Vienne, Budapest et Paris avant de partir pour Cuba et les États-Unis (New York) où il est enfermé un certain temps dans un asile d’aliénés pour troubles mentaux. Paul Abraham reviendra en 1956 en Allemagne et mourra à Hambourg quatre ans plus tard.
Paul Abraham (1882-1960)
Ses opérettes dont quelques-unes ont été représentées en France au Moulin-Rouge et au Théâtre Mogador sont des pastiches hétéroclites mélangeant non sans habilité des différents genres musicaux qui vont des danses hongroises à la musique de jazz.
ACHLEITNER, Joseph-Johann (1791-1828), compositeur né l’année de la mort de Mozart à Marbach-an-der-Donau (Basse-Autriche) dans la famille d’un instituteur. Il tient les orgues de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne de 1811 à 1818 et y travaille comme professeur de musique. On trouve parmi ses oeuvres un Requiem, un Ave Maria (Archives musicales de Spitz), des arias et d’autres petites pièces pour l’église.
AÏDÉ, Charles Hamilton ( 1826-1906) The Danube river, song
ALBRECHTSBERGER, Johann Georg (1736-1809)
Compositeur autrichien né à Klosterneuburg sur le Danube (rive droite) et mort à Vienne. Ami de Joseph Haydn et de Wolfgang Amadeus Mozart, organiste de la cour d’Autriche et Maître de chapelle de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Il fut également une année le professeur de Ludwig van Beethoven. Sa tombe se trouve au cimetière viennois de Saint-Marx, non loin du monument dédié à Mozart.
ADAM, Adolf (1803-1856) La fille du Danube, 1836
La fille du Danube, ballet-pantomime en deux actes et quatre tableaux.
L’oeuvre fut composée pour Marie Taglioni (1804-1884), la plus grande danseuse de l’époque romantique et créée à Paris au Théâtre de l’Opéra-Le Peletier, le 21 septembre 1836. Les décors ont été conçus par Pierre-Luc Charles Cicéri, Jules Diéterle, Léon Feuchère, Édouard Despléchin et Charles Séchan. Ce ballet-Pantomime ouvrit au compositeur la scène de l’Opéra de Paris. Le 13 octobre de la même année a lieu la première d’un autre de ses grands succès, l’opéra-comique Le postillon de Longjumeau sur un livret de Leuven et Brunswick (initialement intitulé Une voix), avec le ténor Jean-Baptiste Chollet dans le rôle titre.
Marie Taglioni (1804-1884), créatrice du rôle de Fleur-des-Champs dans La fille du Danube
ARBAN, Jean-Baptiste (1825-1889) Les échos du Danube, suite de valses pour piano (1883)
AUFSCHNEITER, Benedikt, Anton (1665-1742) Compositeur, kantor, organiste et théoricien de la musique autrichien originaire du Tyrol, né à Kitzbühel. Il fait ses études à Vienne et dédie ses première oeuvres aux empereurs Léopold Ier, Joseph Ier et à des personnalités ecclésiastiques. En 1705, il succède après la mort de Georges Muffat (1653-1704), d’origine savoyarde, élève de Lully et fondateur d’une dynastie de musiciens, comme maître de chapelle de la cour de l’évêque Johann Philipp, Graf von Lambert (1652-1712) et de la cathédrale de Passau où il compose essentiellement de la musique religieuse. Ses apports en tant que théoricien de la musique ont été récemment redécouverts. Dulcis fidium harmonia, symphoniis ecclesiasticis concinnata (1703)
BACKUS, Gus (Donald Edgar, 1937) Er macht mich krank, der Mondschein auf der Donau (1962) Chanson extraite du film « Les filles aiment çà » (Das haben die Mädchen gern) avec Paul Hörbiger und Brigitte Wentzel.
BARCELONA GIPSY BALKAN ORCHESTRA Od Ebra do Dunava, De l’Èbre au Danube (paroles de Ivan Kovacevic) CD SATKCD194, 2016 https://youtu.be/uOtGayTFmF8
BARTÓK, Belá (1881-1945) Le cours du Danube, opus 18 [A Duna folyása, BB 1/20]
Belá BARTÓK (1881-1945)
Compositeur hongrois, né dans les confins du Banat serbo-roumano-hongrois à San Nicolau Mare (Nagyszentmiklós en hongrois), aujourd’hui petite ville roumaine toute proche de la frontière hongroise.
« L’oeuvre majeure de cette floraison est inspirée par une leçon de géographie reçue à l’école, en 1890 : un poème pour piano intitulé Le Cours du Danube [A Duna folyása, BB 1/20], où Bartók décrit la descente du fleuve, de sa source à la mer Noire. C’est manifestement la composition dont il est le plus souvent fier. Dans le premier catalogue de ses oeuvres dressé en 1894, le titre est écrit en lettres capitales, souligné d’un trait gras, et c’est le seul morceau qui porte une dédicace : « Dédié à Maman » [« Ajánlva mamának »]. Dans le second catalogue, Le Cours du Danube apparaîtra avec la même majesté, en capitales et souligné trois fois. La dédicace a gagné en solennité : « À Maman (Mme veuve Bartók) » [« A mamának, Özv. Bartókné »]. C’est la plus longue (trente-deux pages) et la plus élaborée des oeuvres d’enfance : les trois mouvements se découpent chacun en plusieurs sections, au gré d’un programme géographique au patriotisme naïf et attendrissant, soigneusement inscrit dans la partition.
Le premier mouvement débute par l’image de flots tumultueux (la mélodie se détache d’arpèges brisés en doubles croches : « L’origine du Danube » [« A Duna eredete »] ; une partie centrale en accords staccato est finalement raturée : « Ceci ne doit pas être joué » [« Ezt nem kell játszani »]. Le fleuve s’apaise (un 6/8 en forme de barcarolle, spécifié « amabile ») et s’égaie au son d’une polka : « Il se réjouit à l’idée qu’il approche de la Hongrie » [« Örvend, hogy Magyarországhos közeledik »]. L’imminence de l’événement se traduit par des accords majestueux. Le second mouvement s’ouvre par cette bonne nouvelle : « Il se réjouit plus encore, parce qu’il est arrivé en Hongrie » [« Még jóbban örvend, mert Magyarországhos jött »]. Le fleuve laisse éclater sa joie en gaies appogiatures, puis « [il] dialogue avec ses affluents… Ceux-ci lui répondent [« A Duna bezsélget a mellékágakkal… Felelnek neki »]. Le Danube entre dans Budapest [« Budapestre érkezett »] au son d’une csárdás (l’une des danses propagées au XIXe siècle par les orchestres tsiganes, et qui passait alors pour l’authentique folklore hongrois). Il reçoit la Tisza [« Felveszi a Tiszát »], Allegro, puis fait ses adieux à la Hongrie [« Elbúcsúzik Magyarországtól »] : la musique, de fa majeur, s’infléchit en ré mineur prenant les tournures d’un mouvement lent de Verbunkos (danse traditionnelle de recrutement), la plus grande forme des orchestres tsiganes (rythmes pointés, quatrième degré élevé, formules cadentielles typiques). Un rythme de marche, puis un thème de choral solennel saluent les gorges grandioses de la Porte des fer [« A Vaskapúnál van »], puis on entend l’écho des rochers [« A sziklák visszhangja »] (effets charmants dans l’aigu du piano). Au début de la troisième partie, « Le Danube est encore triste d’avoir quitté la Hongrie » [« A Duna még szomorú, hogy Magyarországot elhagyta »] : la mélodie accompagnée, en ré mineur, Andante amabile, est secouée d’appogiatures chromatiques comme de sanglots. Puis le fleuve retrouve son entrain, Allegro, staccato : « Il recueille l’Olt et s’en réjouit » [« Felvezsi az Oltat és örvend neki »]. Dans un souci louable d’organisation, Bartók clôt sa partition par un thème très proche de celui du début, Moderato, en ré mineur, puis en fa majeur. Il peut conclure : « Il s’est jeté dans la mer Noire » [« Beleömlött a Fekete tengerbe »].
C’est cette pièce que Béla choisit d’interpréter, le 1er mai 1892, lors de sa première apparition publique connue avec certitude : un concert de charité de l’école communale au profit de ses instituteurs nécessiteux, à Nagyszöllös, où il se produit en tant que « compositeur » et « pianiste ». En plus du Cours du Danube, il joue des pièces d’Alfred Grünfeld et Joachim Raff, ainsi que l’Allegro de la Sonate opus 53, « Waldstein » de Beethoven. Le succès est vif, mesurable non seulement aux applaudissements mais aussi aux nombreux bouquets reçus par l’enfant : sept dont un de bonbons. Cette prestation lui vaut sa première critique de concert, dans l’hebdomadaire local, Ugocsa (du nom du « comitat » dont Nagyszöllös était le chef-lieu). »
Sources : Claire Delamarche, Béla Bartók, « Premières compositions », Librairie Arthème Fayard, Paris, 2012 On ne manquera pas de visiter la maison du compositeur à Budapest où il vécut de 1932 à 1940 avant d’émigrer aux États-Unis, maison transformée désormais en musée et (trop) peu visitée. On peut aussi fréquenter, parce qu’ils sont incontournables pour tout mélomane qui séjourne à Budapest et se respecte, quelques haut-lieux de musique de la capitale comme l’exceptionnel auditorium Belá Bartók à l’acoustique extraordinaire et son enceinte en bois clair, situé dans un ensemble architectural contemporain très réussi sur les bords du fleuve (Palais des Arts, quartier du Millenium). La musique et le Danube sont encore une fois associés pour de magnifiques concerts. Beaucoup d’autres lieux de Budapest rappellent au visiteur le souvenir du musicien hongrois d’exception. Des manifestations annuelles comme le Festival du printemps ne manquent jamais de rendre lui rendre un hommage justifié.
Comme dans la capitale autrichienne, la vie de Budapest bat au rythme des multiples musiques et programmations de concerts et d’opéras qui l’animent tout au de long de l’année. Le Sziget Festival, sur l’île Marguerite est l’un des évènements musicaux budapestois les plus populaires de l’année. Maison de Belá Bartók : www.bartokmuseum.hu Festival de printemps de Budapest :www.festivalcity.hu www.szigetfestival.com
BASTEL, Karel (1949)
« An der Alten Donau, drunt’ in Kaisermühlen« , » Sur le vieux Danube, en aval de Kaisermühlen », hymne de Kaisermühlen (Vienne), musique et parole de Karel Bastel. Le quartier de la rive gauche du Danube où se trouvait autrefois de nombreux bateaux-moulins et chanté par de nombreux écrivains parmi lesquels Adalbert Stifter, est aujourd’hui avec le bras mort du vieux Danube et ses îles est des endroits de loisir les plus appréciés des Viennois.
BEETHOVEN, Ludwig von (1770-1827)
On ne peut aussi sous-estimer l’influence indirecte du Danube dans les sources d’inspiration de Beethoven, né à Bonn sur le Rhin la même année (20 mars 1770) que son contemporain et poète de génie allemand, chantre des grands fleuves, Friedrich Hölderlin (1770-1843), né à Lauffen sur le bord du Neckar. Beethoven arrive à Vienne en 1792, l’année du couronnement de François II de Habsbourg (1768-1835) comme empereur du Saint Empire Romain germanique (1792-1806) puis empereur d’Autriche de 1804 à 1835 sous le nom de François Ier et habitera jusqu’à sa mort en 1827, soit en tout 35 de ses 57 années de sa vie, dans la capitale impériale autrichienne ou à proximité.
Il y change de résidence de nombreuses fois pour diverses raisons de résidence. Le compositeur séjourne en 1802 au nord de la capitale à Heiligenstadt (Döbling, aujourd’hui quartier de Vienne) où son médecin l’a envoyé se reposer après ses problèmes de surdité. C’est dans cette résidence de la rue Probus qu’il écrit à l’automne son testament dit de « Heiligenstadt », une lettre qui reflète son profond désespoir face au fait de ne plus pouvoir entendre : « Et mon malheur m’afflige doublement, car je dois rester méconnu, je n’ai pas le droit au repos dans la société humaine, aux conversations délicates, aux épanchements réciproques ; presque absolument seul, ce n’est que lorsque la plus haute nécessité l’exige qu’il m’est permis de me mêler aux autres hommes, je dois vivre comme un exilé, à l’approche de toute société une peur sans pareille m’assaille, parce que je crains d’être mis en danger, de laisser remarquer mon état – c’est ainsi que j’ai vécu les six derniers mois, passés à la campagne sur les conseils avisés de mon médecin pour ménager autant que possible mon ouïe ; il a presque prévenu mes dispositions actuelles, quoique, parfois poussé par un instinct social, je me sois laissé séduire. Mais quelle humiliation lorsque quelqu’un près de moi entendait une flûte au loin et que je n’entendais rien, ou lorsque quelqu’un entendait le berger chanter et que je n’entendais rien non plus ; de tels événements m’ont poussé jusqu’au bord du désespoir, il s’en fallut de peu que je ne misse fin à mes jours… »
La maison de Heiligenstadt dans la Probusgasse où Beethoven écrivit son testament dit « de Heiligenstadt », photo droits réservés
Beethoven reviendra séjourner à Heiligenstadt en 1808 dans une maison de la « Grinzingerstraße » où réside également le tout jeune poète et dramaturge Franz Grillparzer (1791-1872) qui possédait une grande culture musicale. Une amitié nait de cette rencontre et un projet de collaboration pour un opéra sur le thème soit de « Drahomira » (duchesse de Bohême), soit de « Mélusine », commence en 1823. C’est ce dernier thème que choisit Beethoven pour commencer à en écrire la musique mais aucun fragment ou esquisse n’en a été conservé. Le projet n’aboutit pas mais Franz Grillparzer garde intacte son admiration pour Beethoven et il écrira un émouvant éloge pour ses funérailles le 29 mars 1827. C’est le compositeur allemand Conradin Kreutzer (1780-1849) qui utilisera le texte de Grillparzer. L’opéra sera créé à Berlin en 1833 au théâtre royal de Prusse. Beethoven a entretenu une longue relation d’amitié avec le Bavarois originaire de Ratisbonne Johann Nepomuk Maelzel (1772-1738), l’inventeur du métronome.
Franz Grillparzer (1791-1872) en 1826 dont plusieurs des oeuvres sont liées au Danube, collection Goethe National Museum
Les relations de Beethoven avec Vienne sont contrastées en raison de son esprit d’indépendance et aussi de sa surdité qui va s’aggravant durant son long séjour. « À Vienne, on n’a plus le sens de ce qui est bon et fort, bref de la vraie musique… On ne veut plus entendre ni mon Fidelio, ni mes symphonies… Rossini prime tout… Camelote et pianotage, voilà le goût de nos Viennois ! » Il est vrai que Vienne s’enfonce rapidement après la défaite, l’exil définitif de Napoléon et la nomination du redoutable comte et prince Klemens Wenzel von Metternich (1773-1859) comme ministre des Affaires Étrangères de l’Empire autrichien puis surtout comme Chancelier, dans une atmosphère absolutiste conservatrice qui ne s’accorde guère aux idées novatrices de Beethoven. La situation politique autrichienne sous contrôle de la police de Metternich participe à l’apothéose du goût bourgeois, le Bierdermeier au sein duquel la musique de salon, les ballets, la musique de danse (Ländler) vont occuper le devant de la scène. Cette atmosphère de divertissement et ce répertoire de musique légère ouvrent le chemin aux heures prestigieuses de la valse des années Strauss.
Pendant sa jeunesse, le compositeur avait émis le voeux d’être pêcheur et plus tard, lors de son séjour viennois, il aimait à se rendre au bord du Danube, pour observer et discuter avec les pêcheurs et les bateliers.
Beethoven propose en 1823, peu de temps après le début des travaux, de venir diriger sa Missa Solemnis pour la consécration de la basilique saint Adalbert d’Esztergom sur le Danube hongrois, en amont de Budapest. La construction de l’édifice dure près de cinquante ans. La basilique ne sera finalement consacrée qu’en 1856. Aussi ce fut Franz Liszt qui dirige cette même année sa Graner Messe ou Messe d’Esztergom à cette occasion.
Le château de Gneixendorf, photo Von BSonne – Eigenes Werk, CC BY-SA 4.0, https
Son frère, Johann van Beethoven, pharmacien à Linz achète en 1819 le joli petit château baroque de Wasserhof à Gneixendorf, sur la rive droite du fleuve, à la hauteur de Krems (Basse-Autriche), en amont de Vienne. Ludwig van Beethoven, y séjourne à l’automne avec son neveu Karl à partir du 29 septembre 1826. Il loge dans la chambre d’angle à trois fenêtres au premier étage, à l’angle sud-ouest comme en témoigne une remarque de son neveu dans le cahier de conversation dont se servait le compositeur atteint de surdité : « Devant tes fenêtres se trouve un cadran solaire ». Le cadran solaire, qui date de la fin du XVIIIe siècle, se trouve entre la deuxième et la troisième fenêtre du côté sud. Beethoven y acheva le 30 octobre le quatuor à cordes en fa majeur op. 135 et composa ensuite le nouveau finale pour le quatuor à cordes en si bémol majeur op. 130. Il est vraisemblable que le musicien ait fait quelques promenades au bord du fleuve à cette occasion. Au début du mois de décembre, il retourna à Vienne, tombe malade pendant le trajet et meure trois mois plus tard.
BERG, Alban, (1885-1935) Alban Berg, né à Vienne, s’impose comme l’un des précurseurs les plus importants de la musique contemporaine. Il adopte successivement l’atonalisme et le dodécaphonisme. Formé par Arnold Schönberg, il est avec Anton Webern à l’origine d’un mouvement essentiel : la Seconde École de Vienne, en référence à la première composée de Haydn, Mozart et Beethoven. Son exploration musicale atteint la limite du sérialisme.
Dès son plus jeune âge, Alban Berg apprend le piano en autodidacte et façonne des mélodies de manière spontanée. Devenu l’élève de Schönberg en même temps que Webern, il dépasse l’influence première du romantisme allemand pour s’essayer à l’atonalisme, dans une Sonate pour piano (1908) puis un Quatuor à cordes (1910). Ces premières pièces reflètent encore le goût du compositeur pour Wagner, Wolf et Mahler. C’est dans l’opéra Wozzeck (1925) que Berg fait véritablement apparaître de nouvelles techniques, notamment vocales (Sprechgesang), qui cependant ne se trouvent jamais affranchies des formes classiques.
La période dodécaphonique de Berg débute en 1925 avec le Concerto de chambre. Elle se poursuit jusqu’à la fin de sa vie avec l’opéra inachevé Lulu. Créé lui aussi de façon posthume, le Concerto à la mémoire d’un ange, œuvre très personnelle pour violon et orchestre, exprime un lyrisme et un mysticisme obtenus grâce à une utilisation libre de la série et un appui sur des fragments musicaux de référence (chanson populaire ou choral de Bach). Alban Berg a dédié cet oeuvre à Manon Gropius, fille d’Alma Mahler et de l’architecte Walter Gropius décédée le lundi de Pâques 1935 à l’âge de 18 ans. Il mourra le 24 décembre de la même année.
Entre innovation révolutionnaire et relecture du passé, Alban Berg développe une oeuvre marquante et décisive pour l’entrée dans le XXe siècle.
Alban Berg en six dates :
1910 : création d’une association de littérature et de musique ; mouvement de la Seconde École de Vienne initié avec Schönberg et Webern.
1911 : transcription d’une symphonie de chambre de Schönberg pour piano.
1912 : réalisation d’un almanach avec le peintre Kandinsky, fondateur de l’art abstrait (première œuvre non figurative en 1910).
1925 : Berg intègre la nouvelle Société Internationale de Musique Contemporaine qui a pour objet la diffusion des idées musicales nouvelles.
1926 : adoption du système dodécaphonique développé par Schönberg à partir de 1923.
1927 : Berg signe un contrat avec Universal Edition, ce qui le libère des contraintes matérielles.
Alban Berg en six œuvres :
1905-1908 : Sieben frühe Lieder (Sept lieder de jeunesse), cycle de lieder pour voix de femme et piano ; orchestration en 1928.
1910 : Quatuor à cordes n°1 ; Berg bascule dans l’atonalisme.
1923-25 : Kammerkonzert, concerto de chambre pour violon, piano et treize instruments à vent ; dédié à Schönberg. Première œuvre dodécaphonique de Berg.
1925 : Wozzeck, opéra en trois actes d’après la pièce Woyzeck de G. Büchner, créé à Berlin. Considéré comme le premier opéra atonal malgré la présence de formes traditionnelles.
1929 (achevé en 1979 par Friedrich Cerha) : Lulu, premier opéra dodécaphonique, sur un livret inspiré par des œuvres de Frank Wedekind (La boîte de Pandore et L’esprit de la terre). Création à l’opéra de Zurich en 1937 puis en 1979 sous forme achevée à l’Opéra de Paris.
1935 : Concerto à la mémoire d’un ange, concerto pour violon créé de façon posthume en 1936 par Louis Krasner.
BERGER, Rodolphe (1864-1916) La Reine du Danube : célèbre valse viennoise : [pour piano] (10e éd.), Librairie Hachette, Paris 1902.
Compositeur d’origine viennoise installé à Paris.
BOBESCU, Constantin (1899-1992) Violoniste, chef d’orchestre, compositeur roumain
Né au bord du Danube à Reni dans le comté d’Ismail, le 21 mai 1899, Constantin Bobescu entreprend des études musicales à Iasi, d’abord avec ses frères aînés, Aurel et Jean. Il est ensuite élève pendant quatre ans dans la classe de violon d’Eduard Caudella, également directeur du Conservatoire et chef d’orchestre du Théâtre National de Iasi puis rejoint celle de son frère Jean au Conservatoire « Cornetti » de Craiova. La Première Guerre mondiale ramène Constantin Bobescu à Iasi où il a la chance de rencontrer George Enescu et de bénéficier de ses conseils. Enescu l’engage dans son quatuor qu’il forme à Bucarest et avec lequel il donne des concerts à l’Athénée.
Le musicien est recruté en 1935 par la Société roumaine de radiodiffusion, prenant la direction de l’Orchestre de salon composé de 15 à 20 instrumentistes, orchestre qui deviendra plus tard l’Orchestre de studio puis l’Orchestre de chambre de la radio roumaine. il restera à la radio jusqu’à son retrait de la vie artistique à l’âge de 73 ans.
BRAHMS, Johannes (1833-1897)
Le grand compositeur allemand est né à Hambourg sur les rives d’un autre grand fleuve, l’Elbe. Il s’est installé à Vienne en 1862. On ne peut s’empêcher de penser au Danube ou à l’Elbe à l’écoute de sa troisième symphonie, créée par l’Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction de Hans Richter (1843-1916).
Il ne reste plus rien du dernier appartement (4, Karlsgasse) tout proche du bâtiment du Musikverein et de l’église Charles où a résidé et où est mort le compositeur Johannes Brahms (1833-1897). Seule une modeste plaque en indique l’emplacement. Un monument lui est par contre dédié à proximité sur la Karlsplatz. Johannes Brahms est enterré au cimetière central de Vienne (Zentral Friedhof, Groupe 32 A, n°26). Le monument funéraire a été réalisé par Ilse Twardowski-Conrat (1880-1942) et inauguré en 1903.
Le monument de Rudolph Weyr (1847-1914) inauguré en 1908 en hommage à Johannes Brahms dans le parc Ressel sur la Karlsplatz, photo Bwag, droits réservés
Am Donaustrande (Sur la grève du Danube), Liebeslieder Walzer, opus 52 n° 9 pour voix et accompagnement de piano à quatre mains,.
Les 18 chants d’amour sur des textes de Georg Friedrich Daumer (1800-1875) regroupés sous le titre de Polydora évoquant par imitation des poésies populaires, en forme de valses tournoyantes de courte durée sont écrits en 1869 par un compositeur amoureux de Julie Schumann (1845-1872), troisième fille des musiciens Robert et Clara Schumann. Un amour qui semble ne pas avoir eu malheureusement d’écho chez la jeune femme qui se mariera cette même année avec le comte italien Vittorio Amadeo Radicati di Marmorito et décèdera de la tuberculose en 1872 à Paris.
Sur la grève du Danube, une chaumière
Une fille aux joues roses, à la fenêtre
La belle est bien gardée
Dix verrous condamnent sa porte
Dix verrous de fer, quelle plaisanterie,
Je les briserai comme du verre.
BREGOVIĆ, Goran (1950) Musicien et compositeur né dans une famille serbo-croate à Sarajevo. Il a écrit de nombreuses musiques de film, en particulier pour les long-métrages d’Emir Kustarica, Patrice Chéreau, Radu Mihaileanu, Marc Rivière… ( Le Temps des Gitans, 1990, Arizona Dream, 1993, Underground, 1995, La Reine Margot, Train de vie, Le lièvre de Vatanen…). Il est le fondateur de l’Orchestre des Mariages et enterrements avec lequel il s’est produit à travers toute l’Europe.
Sa musique est un « patchwork » très coloré et très rythmique d’influences diverses.
Un musicien du Danube balkanique emblématique dont les oeuvres ne laissent jamais indifférent.
BRUCKNER, Anton (1824-1896) Compositeur, organiste autrichien de l’époque romantique, né à Ansfelden sur la rivière Traun (Haute-Autriche), affluent de la rive gauche qui se jette dans le Danube en amont de Linz. Il a été attribué à Bruckner le surnom peu flatteur de « paysan du Danube » en raison de ses manières assez frustres. Ses contemporains n’ont apprécié que sur le tard sa musique mais c’est pourtant l’un des musiciens les plus importants et les plus innovateurs de son temps.
Ses oeuvres les plus significatives sont ses grandes symphonies, ses trois grandes messes et son Te Deum. Bruckner était également un brillant improvisateur sur l’orgue.
Anton Bruckner (1824-1896)
Bruckner et Linz
« Linz, chef-lieu de la Haute-Autriche, province natale du Maître, est désormais le foyer de son culte musical, grâce à son élève et biographe Auguste Göllerich. I1 s’y donne toutes les années un festival Bruckner, d’où l’on accourt de tous les points de l’Allemagne resplendissent les Alpes, tandis que le vaste Danube s’épand dans les plaines au milieu d’inextricables saulaies et de grasses prairies. Et dès lors les symphonies de Bruckner auront ce caractère fluvial, ces débordements, ces progressions essoufflantes pour les poitrines citadines, accoutumées à respirer des atmosphères moins vitales, et cet apparent désordre qui n’est que l’ordre naturel avec la variété d’une création, tous les recoins enchanteurs du bocage, les petites fleurs des prés, le scintillement des neiges lointaines et les nuages au flanc de la montagne. » William Ritter, « Un grand symphoniste catholique », Revue générale, vol. 85, 1907
Le compositeur a habité Linz et dans ses environs. Cette ville, chef-lieu de la Haute-Autriche, cité entreprenante et attachante qui fut en 2009 Capitale européenne de la culture, propose une visite guidée sur le thème du compositeur. On part ainsi à la découverte des lieux qui lui étaient chers ou de ceux qui lui sont dédiés comme sa maison, la vieille cathédrale « Der alter Dom » et pour laquelle il écrivit sa première symphonie. L’initiative « Escaliers de Bruckner » permet de voyager dans les pas du compositeur et de découvrir les orgues sur lesquelles il jouait et improvisait.
Bruckner composa sa Messe en mi mineur pour la nouvelle cathédrale de Linz, « Die Neuer Dom », appelée aussi « Mariendom ».
La « Brucknerhaus », salle de spectacle construite en 1974 par les architectes finlandais Kaja et Heikki Sirén est en forme de tarte de Linz (!), en référence à la célèbre pâtisserie locale imitée (plus ou moins fidèlement) dans le monde entier. Cette salle accueille également en résidence l’une des meilleures formations symphoniques autrichiennes, le « Bruckner Orchester ».
Le festival « Brucknerfest » a lieu à Linz une fois par an depuis 1979 et offre un mélange unique entre tradition et futur grâce à la venue à des musiciens de renommée internationale et un spectacle de son et lumière sur le Danube.
L’Université privée Anton Bruckner, ouverte en 2004, est dédiée à la musique, au théâtre et à la danse. Elle accueille plus de 850 étudiants pour près de 200 professeurs venant du monde entier. www.bruckneruni.at
À 20 km de Linz se trouve la grande abbaye baroque bénédictine de Saint-Florian, une des abbayes les plus réputées de Haute-Autriche. À l’intérieur de la collégiale, on peut admirer les deux orgues exceptionnelles dont un possédant plus de 7000 tuyaux, dit « de Bruckner ». Celui-ci en fut le titulaire de 1848 à 1855. Le compositeur est enterré, selon sa volonté, derrière cet instrument. Le compositeur fut également invité à jouer sur les orgues de l’abbaye de Klosterneuburg aux environs de Vienne. www.stift-st-florian.at
Une promenade musicale de quelques 8 kilomètres mène également par les champs et par les prés d’Ansfelden jusqu’à l’Abbaye de St.-Florian. Cet itinéraire s’accomplit au rythme d’extraits de ses 10 symphonies grâce à des bornes interactives placées le long du chemin dont on peut recevoir les informations sur différents appareils avec une fonction GPS.
BOULANGER, Georges (1893-1958) De son vrai nom Ghiţa Bulencea, violoniste virtuose, chef d’orchestre et compositeur d’origine roumaine né à Tulcea aux portes du delta du Danube. Un des artistes les plus populaires de son époque.
BUDAPEST et la musique hongroise Budapest rivalise avec Vienne dans le domaine des arts et dans celui de la musique en particulier. Ses salles de concert, pour certaines d’entre elles directement sur le fleuve, n’ont rien à envier aux grandes salles viennoises. Les Budapestois sont autant attachés à leurs institutions musicales que les Viennois à leur opéra ou au Konzertverein.
« Il est émouvant de traverser un samedi soir les rues de la ville. Du plus luxueux des restaurants à la mode comme du plus sordide bouge où se réfugient les débardeurs, une même mélodie s’élève vers le ciel nocturne. Des voix viriles la portent sur leurs vibrations profondes et clament la même complainte. On dirait d’une voix immense qui lance vers la nue un grand appel désespéré. La musique hongroise semble se fondre en un hymne unique où toutes les voix répètent les mêmes accords, entonnés sur le même rythme.
Tous ces musiciens, tous ces chanteurs, tous ceux qui les écoutent communient sous les espèces de la mélodie et du rythme dans une même pensée nationale.
Le Hongrois chante quand il est triste. Il passe sa peine à l’exhaler dans son chant, c’est-à-dire à la fondre dans la grande complainte commune où son peuple entier a exprimé sa révolte ou son espoir depuis plus de mille ans.
Les mélodies qui chantaient la tristesse du Kuruc disent aujourd’hui sur les mêmes paroles, dans la gorge du citadin du vingtième siècle, comme dans celle du paysan, la même douleur. Les causes de la tristesse ont varié , le caractère du chagrin n’a pas varié. Dans la musique se conserve la continuité du tempérament national. Et en réalité ce n’est pas son affliction d’avoir été vaincu par l’Allemand, le Turc, l’Europe coalisée de 1918, qui s’exprime dans le chant hérité des ancêtres. C’est une peine plus profonde, celle d’être Hongrois. D’avoir été le Hongrois de Mohács, celui de Világos comme celui de Trianon. D’avoir été vainqueur du Turc, vainqueur de l’Allemand ou du Slave et vaincu par l’Europe ingrate, de s’être fait une patrie et de rester quand même un sans-patrie dans une Europe hostile où il est abandonné par sa race, par ses parents, par ses anciens alliés, d’être à la fois sédentaire et errant, de vouloir la paix et d’être harcelé par la guerre, de vouloir vivre et d’être menacé de mort.
La musique rappelle au Hongrois ce qu’il est. Elle lui fait revivre sa grandeur et sa misère. Elle est la forme symbolique où se manifeste le plus authentiquement la Hongrie.
Salle de concert B. Bartok, MUPA, Budapest, photo droits réservés
Le public occidental ne connaît guère de la musique hongroise que quelques fragments qu’il ne sait pas toujours relier entre eux. En dehors de quelques auditions de Tsiganes, il n’a qu’en de rares occasions le moyen d’entendre des récitals ou des concerts de compositeurs comme Kodály, Dohnányi, Hubay, etc. Les oeuvres qui lui sont présentées sont surtout des compositions savantes, en partie inspirées par la technique des grands musiciens européens. Si grand que soit le mérite de ces oeuvres, elle ne donne aucune idée de ce qu’est la musique du Hongrois moyen. Mais ici encore, il convient de remarquer que les compositeurs hongrois même les plus européanisés ont toujours été dominés par la préoccupation de produire des oeuvres s’inspirant des motifs ou des éléments de la musique nationale plus particulièrement de la vieille musique paysanne. Leur mission a été d’exprimer en langage musical moderne la musique chantée par le paysan ou le soldat. De Liszt à Bártok, aucun n’y a failli. La production musicale hongroise est ainsi marquée d’une succession d’oeuvres comme la Rapsodie hongroise ou le Psalmus Hungaricus, sans parler des danses, des opéras, et toutes ces autres oeuvres où la musique occidentale s’allie à la complainte du Kuruc ou à la romance du berger de l’Alföld.
Je n’ai pas besoin d’ajouter que le public hongrois, avec la culture musicale qui le caractérise, sait apprécier aussi les grands chefs-d’oeuvres de la musique étrangère. Wagner a été joué à Budapest avant d’avoir obtenu de figurer régulièrement sur le répertoire allemand, Berlioz, qui a emprunté à la musique nationale hongroise la fameuse marche des cavaliers de Rákóczi, a été fêté en Hongrie alors qu’on l’ignorait en France. Aujourd’hui, nos virtuoses et nos compositeurs reçoivent là-bas, un accueil enthousiaste. Moi-même, je me rappelle les folles ovations décernées par une salle délirante à notre vieux maître Vincent d’Indy.
Mais le public des salles de concert ou d’opéra est en Hongrie comme en France une élite privilégiée. Son goût peut être des plus sûrs, il ne préjuge en rien de l’attitude du reste de la nation envers la musique. Ce qu’on vient de lire plus haut montre qu’en Hongrie, la musique, devenue une institution nationale, est la forme d’expression universelle et la plus authentique de la grande pensée de tout le peuple. »
Aurélien Sauvageot (1897-1988), Découverte de la Hongrie Aurélien Sauvageot est un linguiste français spécialisé dans les langues finno-ougrienne.
CHIRESU, Ioan, D. (1889-1980) Compositeur, pédagogue, professeur d’université, chef de chœur né sur la rive droite du Bas-Danube à Cernavodǎ en Dobroudja (Judets de Constanţa). Diplômé en théologie, il commence ses études au Conservatoire de Bucarest et les continue à la Schola Cantorum de Paris où il est l’élève de Vincent d’Indy. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il séjourne dans un village de la Moldavie et compose après la bataille de Mărășești pendant l’été 1917 l’une de ses œuvres les plus populaires, Mama sur un texte du poète Gh. Roiban. Il est l’auteur de plus de quatre cents pièces chorales dont beaucoup sont inspirées de la musique folklorique roumaine (Chant du coucou...). Il composa également une série d’oeuvres de propagande après l’installation du régime communiste en Roumanie.
Ioan D. Chirescu (1889-1980)
« Mon souhait, comme celui de tous les honnêtes gens du monde entier, est d’avoir une paix pleinement assurée, car c’est la seule façon de travailler et de créer de manière fructueuse dans tous les domaines, et notamment dans celui des arts. Je m’engage à partir de ce jour à toujours chanter avec le peuple. »
CIKKER, Ján (1911-1989) Compositeur et pédagogue slovaque, professeur au Conservatoire de Bratislava et conseiller auprès du Théâtre National slovaque puis après 1948 à la VŠEMU (École Nationale Supérieure des Arts de la Scène).
Son catalogue d’oeuvres comprend des poèmes symphoniques, des opéras (Juro Jánošík, 1950-1953, , Obliehanie Bystrice, 1969-1971, Coriolan, 1970-1972), de la musique de chambre, un cycle de lieder, des adaptations et des orchestrations de musique populaire.
COUZA, Dimitri, Théodore L’étoile du Danube, valse pour piano (Paris ?, 1962)
CUCLIN, Dimitru (1885-1978)
Dimitru Cuclin, compositeur, violoniste, musicologue, pédagogue, écrivain, poète, traducteur et philosophe (métaphysique), né à Galaţi (Moldavie roumaine) dans une famille originaire de Bessarabie d’où son père avait émigré pour la Roumanie, est une personnalité singulière du monde de la musique roumaine. Il étudie avec Vincent d’Indy à la Schola Cantorum de Paris mais, faute d’obtenir une prolongation de sa bourse d’études, il doit rentrer précocement en Roumanie (1914). Il enseignera au Conservatoire de Bucarest (premier titulaire de la Chaire d’esthétique et brièvement directeur), au Brooklyn Conservatory of Music et au City College of Music de New York entre 1922 et 1930 puis de nouveau au Conservatoire de musique de Bucarest dont il est brièvement le directeur pendant la seconde guerre mondiale. Il quitte ses fonctions en 1948. Le régime communiste prend le prétexte de sa participation à une soirée au Goethe Institut de Bucarest pour l’arrêter alors qu’il est âgé de 65 ans. Considéré comme réactionnaire et idéaliste, il est sévèrement condamné à deux années de travail forcé dans un camp de prisonniers sur le chantier du Canal de la mer Noire (1950-1952). Dimitru Cuclin a la chance de pouvoir en réchapper et de pouvoir à nouveau composer. Il meurt en 1978.
Ses oeuvres musicales (6 opéras, 20 symphonies, concerti pour piano, violon, clarinette, quatuors à cordes, musique vocale, ballet…) s’inscrivent dans la tradition des oeuvres de César Franck et de Vincent d’Indy.
Dimitru Cuclin (1885-1978)
CZERNY, Carl (1791-1857)
Pianiste virtuose, compositeur et pédagogue viennois qui fut notamment le professeur de Franz Liszt.
CZIBULKA, Alfons (1842-1894) Am Donaustrand, marche
DOSTAL, Nico (1895-1981)
Nikolaus Josef Michael Dostal
Compositeur, chef d’orchestre, arrangeur autrichien né à Korneuburg/Danube (rive gauche) en Basse-Autriche.
Auteur de nombreuses opérettes très populaires, suites orchestrales, ouvertures, opéras, ballets, intermèdes, valses de concert, oeuvres avec choeur et de musiques de film parmi lesquelles celles des films « Kaiserwalzer » (Une valse pour l’empereur, 1953) de Franz Antel et « Das Kind der Donau » (L’enfant du Danube, 1950) du réalisateur autrichien Georg Jacoby. A composé également un Rondo romantique pour hautbois et orchestre.
DUSÍK, Gejza (1907-1988) Compositeur slovaque, fondateur de l’opérette nationale slovaque. parmi ses oeuvres les plus connues on peut mentionner Zlatá rybka (Le poisson d’or, opérette, 1954, d’après un conte populaire russe), Na vlnách Dunaja (Sur les vagues du Danube, poème symphonique, 1937). Outre des opérettes il compose des oeuvres symphoniques, des oeuvres de musique de chambre et des lieder.
DVOŘÁK, Antonín (1844-1901) A já ti uplinu preč po Dunaječku, opus 32 n°1
Le compositeur tchèque habite dans ses jeunes années à Nelahozeves, un petit village au bord de l’Elbe. C’est à travers la poésie populaire que s’établit le lien de Dvořák avec le Danube. Dans la première chanson de ses Duos moraves, opus 32 pour soprano, mezzo et accompagnement de piano, le compositeur met en musique un texte de poésie populaire morave A já ti uplinu preč po Dunaječku. L’eau, les rivières, les fleuves, les lacs et les esprits qui y demeurent sont un thème récurrent de la poésie des pays de Bohême dans laquelle Dvořák et les autres compositeurs de ce pays ont puisé une partie importante de leur source d’inspiration. https://youtu.be/UWcjoAkBM1w
La thématique du Danube se rencontre évidemment régulièrement dans les chants populaires tout au long du parcours du fleuve, de ses sources jusqu’à son delta.
L’eau qui garde sa proie
« J’avais un bien-aimé
comme le romarin ;
C’est l’eau qui me l’a pris
Aux pervenches fleuries
Au temps de la pervenche
et des lavandes mûres,
Le Danube l’a pris
Dans son flot qui murmure
Au Danube j’irai
‘L’appelant d’un long cri
« Belle eau tranquille et pure
Rends-moi, rends-moi mon amour !
– Va je te le rendrai
Mais sans couleur de vie ;
Ah ! Quand tu le verras
Que ton coeur saignera ! »
L’eau qui garde sa proie, in Romarin ou Annette et Jean, ballades et poésies populaires tchèques et moraves, traduit par Suzanne Renaud, Les Amis de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek, 2002
EYSLER, Edmund (1874-1949) Donauliebchen, opérette, 1932
Compositeur viennois issue de la communauté juive, auteur de lieder et de musique instrumentale ainsi que de plus de soixante opérettes (Der lachende Ehemann, Frühling am Rhein, Die gold’ne Meisterin, l’opérette préférée d’Adolf Hitler, Wiener Musik…) et de deux opéras.
FAHRBACH, Philipp (1815-1885) Die Donau Nixe und Vater Rhein Compositeur né et mort à Vienne. Il commence par jouer sous la direction de Johann Strauss senior en 1825 puis s’en émancipe en 1835 en créant son propre orchestre, devenant ainsi un rival de Johann Strauss père puis de son fils Johann Strauss junior.
Son fils Philipp (1843-1894), également compositeur, dirigera l’orchestre de son père. Il se produira à Paris en 1878 à l’occasion de l’Exposition universelle.
FARKAS, Ferenc (1905-2000) The Danube valley Né à Nagykanizsa (Hongrie) le 15 décembre 1905, mort à Budapest le 10 octobre 2000.
Ferenc Farkas étudia la composition à l’Académie de Musique de Budapest avec Leò Weiner et Albert Siklòs (1922-1927) puis à l’Academia Santa Cecilia de Rome avec Ottorino Respighi (1929-1931). De 1932 à 1936, il séjourna à Vienne et à Copenhague où il écrivit de nombreuses musiques de film pour le metteur en scène Paul Fejös. De retour en Hongrie, il assura plusieurs fonctions musicales à Budapest, Kolozsvàr (Cluj, en Roumanie actuelle), Székesfehérvàr et enseigna la composition à l’Académie de Musique Franz Liszt de Budapest depuis 1949 jusqu’à sa retraite en 1975. Parmi ses nombreux élèves, citons György Ligeti, György Kurtag, Emil Petrovics, Zsolt Durkò, Sàndor Szokolay, Attila Bozay, Zoltàn Jeney…
Ferenc Farkas puise ses sources dans la musique populaire hongroise et la tradition musicale italienne mais explore aussi les courants modernes comme la dodécaphonie. Son oeuvre (plus de 700 titres) s’étend à tous les genres de musique : opéras, comédies musicales, ballets, musiques de film et de scène, oeuvres pour orchestre, concertos, musique de chambre, messes, cantates, oratorios, choeurs et lieder.
Une invention mélodique, un goût du rythme, vif et spontané, une parfaite aisance à écrire dans tous les styles et pour tous les instruments, une culture cosmopolite, un désir constant de concilier tradition et modernité sont les composantes du microcosme très personnel de Ferenc Farkas. Son oeuvre a enrichi la musique hongroise de nouvelles perspectives.
Parmi les nombreuses distinctions dont Ferenc Farkas a été honoré, citons :
le Prix Kossuth (1950, 1991)
le Prix Gottfried von Herder (1979)
Chevalier de l’Ordre de la République italienne (1984) Sources :
site officiel de Ferenc Farkas : www.ferencfarkas.org
FETERMAN, Toma (1979) Une cigogne a traversé le Danube La Caravane passe, Ahora in da Futur, Ziveli Orkestar : Olivier Llugany, Ben Body, Cyril Moret, Pat Gigon, Toma Feterman, Makasound / Pias, 2011
Auteur compositeur interprète, multi- instrumentiste (chant, guitare, basse, trompette), DJ, MC d’origine polono-roumaine aux traditions ashkénazes, fondateur de La Caravane passe, Les 4’zArts, Soviet Suprem, Le Freylekh Trio (musique Klezmer)…, une sorte d’explorateur musical qui aventure dans de nombreux univers artistiques avec talent. https://youtu.be/KVM1Of4U5Xs
FÖDERL, Karl (1885-1953) Wär die Donau ein kleines Wasserl, wiener Lieder, texte de J. Petrak Compositeur et cafetier (!) viennois
FRIEDELL, Egon (1878-1938) Le Roi du pétrole, ou le Sorcier du Danube (Der Petroleumkönig oder Donauzauberer), 1908, opérette parodique composée en collaboration avec l’écrivain Alfred Polgar (1873-1955)
FUČÍK, Julius (1872-1916) Vom Donauufer, valse de concert opus 135 (1903), Donausagen Waltz, Valse des légendes du Danube opus 233 (1909), Danubia, opus 229, marche
Julius Fučík (1872-1916)
Musicien tchèque talentueux et polyvalent, violoniste, bassoniste, percussionniste, il fréquente le conservatoire de sa ville natale et suit également les cours de composition d’Antonín Dvořák. Fučík joue du basson dans divers orchestres symphoniques et orchestres de théâtre. Il intègre d’abord le régiment d’infanterie n° 84 de Basse-Autriche avec lequel il joue à Krems/Danube puis à Vienne sous la direction de Karel Komzák. Julius Fučík dirigera ensuite pendant plusieurs années de prestigieuses fanfares militaires, notamment celle du régiment d’infanterie n°86, qui stationnait à Sarajevo en 1897. En 1900, il est envoyé à Budapest. Ces années budapestoises sont très prolifiques en termes de composition. Une de ses marches les plus célèbres, « L’entrée des gladiateurs », est composée lors de ce séjour. De 1910 à 1913 il dirige l’orchestre du régiment d’infanterie n° 92 à Theresienstadt (Bohême) jusqu’à son mariage à Berlin en 1913. Il fonde dans cette ville un orchestre et une maison d’édition musicale (« Tempo-Verlag ») puis meurt trois ans plus tard à l’âge de 44 ans en laissant un opus conséquent de plus de 400 oeuvres dont un certain nombre a été malheureusement perdu (opéra, lieder, requiem oeuvres pour choeur, musique de chambre, valses, marches…)
GEORGESCU, George (1887-1964), le « génie musical du Delta » !
Violoncelliste et grand chef d’orchestre roumain né dans le delta du Danube à Sulina. Il étudie au Conservatoire de Bucarest puis à Berlin avec Hugo Becker où il suit également les cours de direction et de composition. Après avoir joué avec le quatuor Marteau, il doit se tourner pour des raisons physiques vers la direction d’orchestre et travaille avec Arthur Nikisch à Leipzig. Il dirige l’Orchestre Philharmonique de Berlin en 1918 et rentre en Roumanie pour fonder la Philharmonie d’État George Enescu de Bucarest qu’il dirigera jusqu’à sa mort. Professeur au Conservatoire de la capitale roumaine (1950-1953), directeur de l’Opéra (1922-1940), admiré pour l’expressivité de ses interprétations, il fait de la Philharmonie d’État de Bucarest l’un des meilleurs orchestres au monde. https://souvenirsdescarpates.blogspot.com/2007/12/discographie-georgescu.html
GLETLE, Padre Johannes (Johann Baptist) OSB, (1653-1699)
Compositeur et organiste, fils du Cantor de la cathédrale d’Augsbourg Johann Melchior Gletle (1626-1683). Il étudie la théologie à l’abbaye bénédictine de Göttweig, se rend en 1678 à Vienne pour travailler avec Johann Kaspar Kerll (1628-1693), organiste de la cour impériale d’Autriche. Gletle obtient en 1682 le poste de Regens Chori (1682-1692) à l’abbaye bénédictine de Göttweig. Johann Melchior Gletle décède en 1683 et son fils le remplace temporairement puis revient à Göttweig. Il occupa, outre son poste de Regens Chori, d’autres fonctions comme celles de directeur, sous-prieur et maître des novices. Il fait imprimer à Krems en 1687 des psaumes en 9 parties avec accompagnement instrumental (Deliciae sacrae sive novem Psalmi Vespertini) et élargit le répertoire musical de la chapelle musicale de l’abbaye en acquérant des oeuvres de son père, d’Andreas Hofer (1629-1684), Maître de chapelle à la cour de Salzbourg et d’Ignaz Franz von Biber (1644-1704).
GOOCH, William (?-?) Easy Brillant Transcription of the beautiful Song Danube River, 1873
Compositeur américain actif dans la deuxième moitié du XIXe siècle.GROBE, Charles (1817-1879) The Danube River, Mazurka, 1875
Compositeur germano-américain prolifique émigré aux USA en 1839.
GULAK-ARTEMOVSKY, Semyon Stepanovitch (1813-1873) Le cosaque Zaporozhye sur le Danube, opéra comique, 1863
Chanteur (baryton), acteur, compositeur et dramaturge ukrainien, neveu du poète Petro Gulak-Artemovsky et proche du grand poète Taras Shevchenko, Semyon Stepanovitch Gulak-Artemovsky passa toute sa vie professionnelle en Russie. Son opéra comique Le cosaque Zaporozhye sur le Danube fut créé à le 26 avril 1863 au théâtre de Saint Pétersbourg.
GODÁR, Vladimír (1956)
Compositeur, musicologue et écrivain slovaque né à Bratislava. V. Godár a écrit en particulier des oeuvres symphoniques, de musique de chambre et de musique sacrée ainsi que d’excellentes musiques de film. Ses travaux de recherches musicologiques ont permis la redécouverte d’oeuvres de compositeurs slovaques du XIXe siècle. www.vladimirgodar.wz.cz
HAMILTON, Aidé (1826-1906) The Danube River Enregistré pour la Columbia en 1913 à New York par Grace Kerns (?-1936), connue sous le nom de Elle était connue sous le nom de « rossignol des tranchées » car elle passa huit mois à divertir les troupes américaines en France pendant la Première Guerre mondiale. https://www.loc.gov/item/playlist?tracks=jukebox-648335
HAYDN, Joseph (1732-1809) Joseph Haydn est originaire du petit village de Rohrau, à proximité du Danube (rive droite) en Autriche orientale, non loin de la frontière hongroise. Sa maison natale est transformée en un charmant et simple petit musée avec une agréable cour intérieure. Une saison de concert de musique de chambre y est proposée. Le compositeur étudia dans ses jeunes années dans la petite ville de Hainburg sur le Danube où son grand-père Matthyas Haydn et sa famille résidèrent auparavant. www.haydn-gesellschaft.at
De Hainburg sur le Danube à la cathédrale saint-Étienne de Vienne…
« Mon père, Dieu ait son âme, était charron de profession et sujet du comte Harrach. Par nature grand amateur de musique, il jouait de la harpe sans connaître ses notes, et enfant de cinq ans, je l’imitais consciencieusement en chantant ses airs courts et simples, ce qui conduisit mon père à me confier à un parent, directeur d’école à Hainburg, pour y apprendre les rudiments de la musique ainsi que d’autres matières nécessaires à la jeunesse. Le dieu tout-puissant (à Lui seul je rends grâces pour tant de bienfaits) m’a doté, particulièrement en musique, de tant de facilité que, dès ma sixième année, je chantais quelques messes dans le choeur et jouais aussi diverses choses au clavecin et au violon.
Dans ma septième année, feu le Capellmeister Reutter, passant par Hainburg, entendit par hasard ma voix, faible mais agréable. Il m’emmena aussitôt dans la chapelle où, tout en faisant mes études, j’ai appris d’excellents maîtres l’art du chant, du clavecin et du violon. J’ai ainsi chanté comme soprano avec grand succès, tant à Saint-Étienne qu’à la cour, jusqu’à ma dix-huitième année. » Joseph Haydn, Esquisse autobiographique, 1776
HENRION, Paul (1817-1901) Une rencontre dans le Danube (1864), opéra comique, livret de Jules de WAILLY
Paul Henrion est tout d’abord apprenti horloger et comédien ambulant. Il écrit près de 1 300 chansons dont 600 romances qui sont publiées par l’éditeur Colombier. Il compose également plusieurs œuvres lyriques sans grand succès et un nombre conséquent de pièces de salon pour piano. Paul Henrion est avec Ernest Bourget et Victor Parizot, l’un des fondateurs de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique (SACEM).
Paul Henrion (1817-1901)
HINDEMITH, Paul (1895-1963) « Ein Abend an der Donauquelle » (Un soir à la source du Danube), 3ème mouvement de Minimax – Repertorium für Militärmusik (1923), quatuor à cordes, créé au moment du Festival de musique contemporaine de Donaueschingen mais hors programme officiel. Ce festival intitulé initialement Kammermusikaufführungen zur Förderung der zeitgenössischen Tonkunst puis Donaueschinger Musiktage, a été fondé deux ans auparavant sous la protection du prince Max Egon II. de Fürstenberg (1863-1941). www.hindemith.info
HODY, Jean (1935) Le songe du Danube Pianiste et compositeur français
HOFSTETTER, Igo, (1926-2002) Compositeur d’opérette autrichien originaire de Linz (Haute-Autriche)
HOMOLOVÁ, Zuzana(1948) Stála Andulka pri Dunaji (Andulka au bord du Danube), chanson traditionnelle slovaque
Zuzana Homolová, de son vrai nom Dobromila Baloghová, est née à Ružomberok en Slovaquie.
Andulka au bord du Danube,
Lavait ses jambes blanches,
Tout en lavant ses jambes
Elle accouchait d’un joli garçon,
Mon garçon, que le courant t’emporte,
Et je resterai une vierge pure.
Une mégère passant par là,
Alla trouver le seigneur.
Qu’attendez-vous, seigneur,
Pour arrêter Andulka ?
Andulka, ouvre vite cette porte,
Père et mère te le demandent.
Je sais bien que ce ne sont père et mère,
Mais deux bourreaux qui viennent à moi.
Arrachez-moi les yeux bourreaux,
Et coupez-moi la tête.
Car j’ai bien mérité de mourir,
C’est mon neuvième fils que je fais ainsi périr.
HORNSTEIN, Robert, Freiherr von (1833-1890) Compositeur allemand de lieder, opéras, opérettes, ballets né à Donaueschingen.
« Je connaissais le jeune compositeur que je viens de mentionner, le baron Robert Freiherr von Hornstein que j’avais rencontré à Vienne, où il avait fait jouer sans succès une opérette assez gracieuse, « Les pages de Versailles ». « J’ai échoué », s’exclama-t-il en riant dans son dialecte souabe, lorsqu’après la représentation, il entra dans notre chambre d’hôte, où nous attendîmes son arrivée avec un peu d’embarras. Il s’est tout de suite assis à table et a déchiqueté un poulet rôti avec ses dix doigts, ses petits yeux disparaissant presque dans son jeune et large visage de Socrate. Son apparence et ses manières informes et sauvages ne permettaient pas de reconnaître facilement ni le baron ni l’homme d’esprit. Il m’apporta quelques cahiers de chansons mélodieuses et fraîches, qui me séduisirent par leur naïveté et leur douceur naturelle, qualités devenues si rares. Pourquoi Hornstein n’a-t-il jamais réussi à obtenir un vrai succès ? Avait-il trop peu de talent ou trop d’argent ? Je pense que c’est le dernier cas. Hornstein était d’une nature confortable et très riche à la base. Il a vite baissé les bras et semble n’avoir plus rien publié durant les trente dernières années de sa vie. Il racontait de manière très divertissante ses relations avec Richard Wagner à Zurich. Lorsque Wagner se lassa de son séjour à la villa Wesendonk , il écrivit à Hornstein qu’il souhaitait travailler à loisir à ses « Nibelungen » dans sa propriété. Hornstein n’avait pas seulement entendu parler, comme Gregorovius à Zurich, des « exploits de l’égoïsme » de Wagner, il les connaissait de l’intérieur. Il ne voulait pas faire à sa famille l’honneur d’héberger un invité aussi coûteux et explosif et s’en excusa très gentiment. Sur ce, Wagner lui répondit dans une courte lettre irritée que Hornstein regretterait amèrement d’avoir laissé passer cette occasion de devenir célèbre grâce à son séjour ». Eduard Hanslick, De ma vie (1894)
HUMMEL, Johann Nepomuk (1778-1837) Johan Nepomuk Hummel est né en Slovaquie à Bratislava (Presbourg en allemand, Pozsony en hongrois) dans une famille de musiciens. Ce fut l’un des plus brillants virtuoses de piano de son temps et un prolifique compositeur. The Project Hummel :
www.jnhummel.info
IGELHOFF, Peter (1904-1978) De son vrai nom Rudolf August Ordnung, pianiste et compositeur autrichien né à Vienne. Il compose des chansons dans les années 30 puis après la seconde guerre mondiale pendant laquelle il fut envoyé sur le front par les Nazis qui jugeaient que ses oeuvres étaient trop influencées par la musique américaine. Il écrivit par la suite de nombreuses musiques de film.
Sa chanson « Le capitaine du bateau à vapeur de la Compagnie Danubienne de Navigation à Vapeur » (D.D.S.G.) qui date de 1936, est une de ses compositions les plus populaires. https://youtu.be/pAxGc6QHpB0,
ILIEV, Diko (1898-1985) Dunavsko Horo, Danse du Danube, 1937 Compositeur et chef d’orchestre bulgare très populaire, né à Karlukovo mais ayant longtemps résidé à Oryahovo, petite ville sur la rive droite du Danube. Diko Iliev participe à partir de 1911 aux activités de l’harmonie du 16e régiment d’infanterie Lovech à Botevgrad. Il fut également membre de l’orchestre de l’École militaire de Sofia (1919-20). Après la Première Guerre mondiale, il démissionne et joue occasionnellement à des mariages dans la région de Vratza. De 1931 à 1958, son activité est liée à l’orchestre du 36e régiment d’infanterie de Kozloduj. En 1948, nommé chef d’orchestre, il occupe ces fonctions jusqu’à sa retraite tout en dirigeant l’harmonie de la Maison de la Culture d’Oriahovo et en créant plusieurs orchestres à vent dans la région de Vratza et du Montana. Diko Iliev est un phénomène unique dans la culture musicale bulgare. Il a composé sa première danse traditionnelle pour orchestre à vent « Iskarsko Horo » à l’âge de 19 ans. Ses danses traditionnelles pour orchestre à vent ont gagné en popularité et sont maintenant considérées comme des exemples contemporains des danses traditionnelles de la Bulgarie du nord. Il a écrit ses danses et marches traditionnelles les plus populaires entre 1931 à 1941 lorsqu’il a travaillé avec un certain Weiner, chef de musique tchèque qui dirigeait l’harmonie de la garnison d’Oriahovo. Diko Iliev a également écrit d’autres types de danses traditionnelles (elenino horo, daychovo horo, samokovsko horo, kokoniak, rachenitza, etc.), une vingtaine de marches et des pots-pourris de chants traditionnels. Sources : www.lukovit.bg/en/diko-iliev
IVANOVICI, Josif (1854-1902) Valurile Dunării, (Donauwellen, Les flots du Danube), valse, 1880
Ce compositeur d’origine serbe, né dans l’ancien empire austro-hongrois à Timisoara (Roumanie), fut lauréat du Grand Prix de Composition de l’Exposition Universelle de Paris en 1889 dans la catégorie marche.
Il étudie en Roumanie à Galaţi (Moldavie roumaine) avec Alois Riedl et à Iaşi avec Emil Lehr puis exerçe en tant que directeur d’harmonies militaires au bord du Danube, et à Bucarest. Il compose des fanfares, des marches, des valses, des chansons et divers potpourris (La vie de Bucarest, Un rêve sur la Volga, Nathalia, Abendtraüme, Der Liebesbote, Sur le bord de la Neva…) inspirés du folklore roumain.
Josif Ivanovici écrit pour un orchestre d’harmonie la valse Les Flots du Danube en 1880 et en fait également une version pour piano qu’il publie en 1880 et dédie à la femme de son éditeur bucarestois Emma Gebauer. Cette oeuvre devenue célèbre a été souvent confondue avec Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss. Ses adaptations orchestrales furent réalisées par le compositeur français Emile Waldteufel en 1886 (d’après la version pour piano) et ultérieurement par Constantin Bobescu (1899-1992). L’oeuvre a fait l’objet ultérieurement de nombreux autres arrangements y compris pour des musiques de film comme celle du compositeur américain Saul Chaplin (1912-1997) pour « The Jolson story » d’Alfred E. Green (1889-1960).
JANÁČEK, Leoš (1854-1928) Dunaj, (Le Danube), poème symphonique composé entre 1923 et 1928
Le poème symphonique Dunaj du compositeur morave L. Janáček a été écrit dans les années 1923-1928. Mais il semblerait que ce soit lors d’un séjour à Bratislava, en mars 1923, à l’occasion duquel il assiste à la création de son opéra Kat’a Kabanová, que le compositeur décide d’écrire un poème symphonique sur le Danube, fleuve qu’il considérait d’abord comme slave. Bedřich Smetana avait déjà précédé le musicien morave dans cette voie avec son poème symphonique épique Vltava, (malheureusement) plus connu sous le nom allemand de Moldau. Janáček préfère, de son côté, traiter le sujet d’une autre manière et représenter le Danube sous les traits d’une femme avec toutes ses passions et ses instincts.
Si l’on en croit le témoignage de son élève, le musicien Osvald Chlubna (1893-1971), assistant du compositeur, une esquisse autographe aurait été achevée dès mai 1925. Janáček lui-même déclara un jour qu’il considérait sa partition comme achevée mais il l’évoqua par ailleurs comme une oeuvre exigeant encore une période de maturation. La mort du compositeur vint cependant interrompre ce processus de composition. Osvald Chlubna achèvera par la suite Dunaj et c’est sous cette version qu’elle sera jouée jusqu’au travail récent de restitution de l’oeuvre dans sa version originale par les musicologues tchèques Leoš Faltus, Milan Štědron et Otakar Trhlík.
Le contexte qui inspire cette oeuvre et son programme sont polysémiques : l’une des idées directrices est la glorification du fleuve « des Slaves ». Des annotations figurant sur la partition du deuxième mouvement de la symphonie citent des extraits du poème Utonulá (La noyée) de la poétesse tchèque Pavla Kričková. En outre, le poème « Lola » de Soňa Spálová dissimulée sous le pseudonyme d’Alexander Insarov, est joint à la partition.
Le recours à la viole d’amour ainsi que l’emploi d’une soprano dans le troisième mouvement sont probablement liés au caractère érotique du sujet. L’usage d’un groupe de trois et quatre timbales, usage qui pose de grandes difficultés sur le plan acoustique, doit peut-être être rapporté au Danube en tant que fleuve. Le premier feuillet du quatrième mouvement a été perdu ce qui a posé des problèmes pour la reconstitution de la version originale de la symphonie.
Selon Leoš Faltus « on ne connait pas les raisons précises pour lesquelles L. Janáček aurait choisi d’intituler cette symphonie Dunaj. Ce titre évoque-t-il pour le compositeur le cours du temps qui emporte tout, les tragédies, les joies et les espoirs ou bien simplement le fleuve qui, monumental, continue inlassablement à couler ? »
Sources : Leos Faltus, extrait des actes du colloque de 2008 « Leoš Janáček, création et culture européenne », Paris, L’Harmattan – 2011 Sur la musique de Leoš Janáček on se reportera à l’excellent site en langue française www.musicabohemica.org et aux articles très documentés de Joseph Colomb.
KANNE, Friedrich August (1778–1833)
Sources Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne
Das Schloß Theben oder Der Kampf der Flußgötter, fantaisie féérique danubienne en deux actes (1817), livret d’après la vieille légende hongroise du souverain Arpad.
La scène se situe au confluent de la Morava avec le Danube, dans les environs de la forteresse de Theben (Devín) et l’action avec force nymphes et tritons se passe vers l’an 800.
Compositeur et critique musical allemand. Après avoir étudié la théologie et la médecine, il se consacre à l’étude de la littérature et de la musique à Dresde et s’installe à Vienne à partir de 1804, où il joue brièvement le rôle de tuteur musical pour le prince Joseph Franz de Lobkowitz, devient l’ami de Beethoven et consacre une partie de ses activités à la critique musical puis finit sa vie dans la misère après être devenu alcoolique.
Autres oeuvres :
Opéras Orpheus (Wien 1807), Miranda (Wien 1811), Die Mainacht oder der Blocksberg (Berlin 1834), Malvina (Wien 1823), Lindane oder die Fee und der Haarbeutelschneider (Wien 1824), Missa solemnis (Wien 1811), Frankreich und Oesterreich (cantate, Pressburg 1810), Mozart’s Grab (Wien 1821), 2 symphonies, lieders, musique de chambre et pour piano. KARAS, Anton (1906-1985).
Compositeur autrichien (austro-hongrois), joueur de cithare dans les Heuriger (auberges populaires typiquement viennoises souvent tenues par des vignerons). Il est choisi par le réalisateur Carol Reed pour être le directeur musical de son film « Le troisième homme » (1949). Le succès considérable du film change radicalement la vie du musicien. Après avoir été invité chez lui par C. Reed à Londres puis dans le monde entier, il revient à Vienne mais sa gloire et sa récente richesse suscitent la jalousie de ses compatriotes viennois, alors dans une sombre période. De plus la cithare n’était plus l’instrument à la mode. Ils s’acharnent à l’empêcher de réaliser son projet de tenir un Heuriger. En 1962-1963 Karas et sa femme s’installent à Kitzbühel et ouvrent une maison d’hôte luxueuse que fréquentèrent les stars et l’aristocratie, du champion autrichien de ski légendaire Tony Sailer au duc et à la duchesse de Windsor.
KAUER, Ferdinand (1751-1831) Das Donauweichen (La nymphe du Danube)
Singspiel sur un texte de Karl Friedrich Hensler (1761-1825) en forme de conte folklorique romantico-héroïque avec des arias (1797) d’après une légende de l’antiquité. Sa création eut lieu à Vienne le 11 janvier 1798, au théâtre populaire de Leopoldstadt dont F. Kauer en était l’un des chefs d’orchestre. L’oeuvre eut un immense succès dans la capitale autrichienne, succès qui se propagera Europe au début du XIXe siècle où elle fut l’un des ouvrages les plus joués du répertoire. Elle fut en particulier révisée et représentée par Goethe à Weimar, en Finlande, grand duché de l’empire russe à cette époque (première oeuvre lyrique mise en scène dans ce pays à Viipuri en 1826) et en Russie sous le titre de Леста, днепровская русалка (Lesta, la nymphe du Dniepr).
L’écrivain russe Nicolaï se serait inspiré de La Nymphe du Danube pour écrire son conte Une nuit de mai ou la noyée (Les soirées du Hameau, nouvelles ukrainiennes) dont à son tour le compositeur Rimski-Korsakov a tiré un livret pour son opéra du même nom. Ferdinad Kauer, compositeur prolifique est né en Moravie du sud, dans le village de Dýjakovice (Klein-Thaya) près de Znojmo (Znaim). Fils d’un instituteur, il fait son premier apprentissage musical avec son père, ses études humanistes au collège jésuite de Znojmo tout en jouant de l’orgue ce qui lui permet de contribuer financièrement à celles-ci puis il part au séminaire jésuite de la ville de Trnava (Tyrnau), en Hongrie où il continue à se produire en tant qu’organiste tout en étudiant la philosophie et plus tard la médecine, études qu’il n’achèvera toutefois pas car lorsque l’université de Trnava est transférée à Ofen (Buda) sur l’ordre de l’impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg, Kauerpréfère venir s’installer à Vienne vers 1777. Il s’établit progressivement d’abord comme professeur de piano et comme organiste dans une église de la périphérie de Vienne, à Rossau, dans un cloître (Serviten Kloster) ainsi que comme directeur du « département de la censure, des traductions et des corrections des célèbres éditions viennoises Artaria » ce qui lui permit évidemment de publier quelques-unes de ses oeuvres. Peu de temps après l’ouverture du Théâtre de Leopoldstadt en 1781, il est recruté comme violoniste dans l’orchestre, dirige ensuiteà partir de 1789 l’école de musique du théâtre de Leopoldstadt. Il perdit, lors des inondations du Danube à Vienne en 1830, la totalité de ses biens y compris la plupart des manuscrits de ses oeuvres.
KAUFMAN, Nikolaï (1925)
Compositeur, musicologue et ethnomusicologue bulgare né à Ruse. Auteur de recherches sur la musique dans les rites funéraires des peuples installés le long du Danube (1990).
KÉLER, Béla ou Adalbert Paul von Keler (1820-1882)
Vom Rhein zur Donau, valse pour orchestre opus 138
Le compositeur, violoniste et chef d’orchestre Béla Kéler est né à Bardějov (Bártfa en hongrois), alors en Autriche-Hongrie, aujourd’hui en Slovaquie. Après des études à Levoča, Debrecen et Prešov, il est admis en tant que premier violon dans l’orchestre du « Theater an der Wien » en 1845. Un an plus tard, son premier numéro d’opus sur un total de 139 compositions est publié. Le jeune musicien ne cesse lors de son séjour à Vienne de se perfectionner en harmonie et en contrepoint. Il est ensuite invité à Berlin et dirige la formation de Johann Sommer. De retour à Vienne sa carrière se poursuit la saison suivante avec l’orchestre deJoseph Franz (Karl) Lanner (1801-1843) qui vient de mourrir subitement. Entre 1856 et 1860, Kéler dirige la fanfare militaire du comte Mazzuchelli. Après un court engagement à la tête de son propre orchestre à Budapest, il part pour Wiesbaden, où il s’installe et travaille pendant les vingt dernières années de sa vie conduisant à partir de 1863 l’orchestre local du deuxième régiment du duc de Nassau, puis la formation de la station thermale tout en se produisant à Londres, Manchester, Copenhague, Amsterdam, Paris, Munich, Berlin, Hambourg, Dresde, Leipzig et Zurich. Sa musique était à l’époque aussi réputée que les oeuvres de la dynastie Strauss. Béla Kéler a légué à sa ville natale une grande partie de son patrimoine musical. Celui-ci est conservé dans la collection du musée Šariš de Bardejov.
La suite de valses « Du Rhin au Danube », op. 138, publiée pour la première fois en 1881, mêle des motifs de musique populaire allemande et autrichienne. La valse finale cite le trio d’une des mélodies la plus célèbre de Franz Suppè, « O du mein Österreich », motif de la marche « Mein Österreich » de Ferdinand Preis (1831-1864) en 1852, elle-même tirée de la chanson « Das ist mein Österreich » de l’opérette en trois actes « Romantisches Märchen s’Alraunl » (1849) de Franz von Suppè (1819-1895). Ce fut la toute dernière valse composée par B. Kéler. https://youtu.be/yQcyCN-iLmw
KODÁLY, Zoltán (1882-1967) Tiszan innen, Dunan tul (En-deçàde la Tisza, au delà du Danube), aria du singspiel Háry János
Duo de Háry János avec sa fiançée Örze n°8 tiré du Singspiel Háry János, opus 15. Le titre complet exact est Les aventures de Háry János, de Nagyabony au Burg de Vienne. L’oeuvre a été composée entre 1925 et 1927 et complétée en 1951. Le livret est tiré d’un poème humoristique de Janos Garay (1812-1853), Le vieux soldat. Ce poème restera populaire jusqu’au XXe siècle dans toute la Hongrie. Compositeur, pédagogue et ethnomusicologiste hongrois, né à Kecskemét et mort à Budapest. Il est avec Bela Bartok l’un des créateurs de l’école musicale hongroise contemporaine basée sur des sources de musique traditionnelle et l’un des plus importants compositeurs d’oeuvres pour choeur du XXe siècle. Toutes les oeuvres de ce musicien sont des odes à la vie et Kodály n’est asservi à aucune école ou mode tout en étant imprégnées de la tradition la plus ancienne dont le compositeur était un excellent connaisseur. Háry János est une ode à la paysannerie hongroise.
Háry
» En-deçà de la Tisza, au-delà du Danube,
Au delà de la Tisza,
est un gardien et ses chevaux,
Son petit cheval bai est attaché
Avec une cordelière de manteau,
Sans couverture, près de son maître.
Örze
» En-deçà de la Tisza, au-delà du Danube,
Au delà de la Tisza,
est un bouvier et son troupeau,
Il fait paître ses boeufs,
Et attend sa belle sur un lit d’herbe.
Háry
» En-deçà de la Tisza, au-delà du Danube,
Au delà de la Tisza
Est un berger et son troupeau,
C’est là qu’on fait la meilleure fricassée,
Qu’il mange avec sa petite fourchette
Et sa cuillère de bois,
Dans la marmite.
Háry et Örze
En-deçà de la Tisza, au-delà du Danube,
Au delà de la Tisza
Est une petite cabane sous un bouleau,
C’est à elle que je pense toujours,
Vers elle que soupire mon coeur
Et le coeur de celui que j’aime. «
La dernière strophe du duo est reprise dans le choeur final du Singspiel. Sources :kodaly.hu
Mathilde Alosia von Meyrswalde vers 1880, photo domaine public
KRALIK von MEYRSWALDEN, Mathilde Aloysia (1857-1944) Volkers Wacht (die Wacht an der Donau), chant de fête pour soli, choeur, texte de son frère, l’écrivain et poète Richard Kralik von Meyrswalden (1852-1934), 1907/1908 Donaugold, choeur avec accompagnement de piano, 1924 Une des malheureusement trop rares compositrices et pianistes de cette anthologie de musiques danubiennes.
Autrichienne, née à Linz dans un milieu industriel très aisée elle fait ses études avec Anton Bruckner, Franz Krenn (1816-1897) et Jules Epstein (1832-1926)
KRASNAY-KRAUSZ Mihály (Michaël) (1897-1940) Compositeur austro-hongrois issu de la communauté juive, né à Pančevo au confluent de la Tamiš et du Danube aujourd’hui dans la province serbe de Voïvodine.
Élève de Zoltán Kodály à Budapest, auteur d’oeuvres lyriques, de chansons et de musique de films
KRAUSE, Mickie (1970) Donaulied (2012)
Une version arrangée d’une vielle chanson à boire allemande triviale aux nombreuses variantes de textes dont l’une des versions fit l’objet d’une polémique et d’une pétition en 2020 de la part d’étudiantes et d’étudiants de Passau. https://youtu.be/rlnv8SFBqSw
KREMSER, Eduard (1938-1914) Am blauen Donaustrand, lieder (Kremser Album, Band II, 1913)
Compositeur, arrangeur, chef de choeur, chef d’orchestre autrichien né à Vienne. Il collecta, à la demande de la municipalité, les lieders et les oeuvres instrumentales de musique populaire viennoise et les publia sous forme d’albums. Cette musique est au au coeur de la tradition musicale populaire de la capitale autrichienne. Eduard Kremser fut membre d’honneur de la prestigieuse « Wiener Gesellschaft der Musik » (Société Viennoise de la Musique).
KREUTZER, Conradin (1780-1849)
Compositeur et chef d’orchestre allemand du début du début du romantisme, né à Meßkirch dans le Bade-Würtemberg, au sud du Danube. Il occupe le poste de Kapellmeister de 1818 à 1821 chez le prince Karl Egon II de Fürstenberg à Donaueschingen sur le Danube. Il composa l’opéra Melusine sur un texte du poète et dramaturge autrichien Franz Grillparzer (1791-1872) que devait mettre initialement en musique Beethoven (voir également à Beethoven).
KUSSER, Johann Sigismund (1660-1727)
Compositeur allemand contemporain de Henry Purcell (1659-1695) né à Presbourg (Bratislava) dans la famille d’un Kantor protestant. Il étudiera avec Jean-Baptiste Lully à Paris où il est connu sous le nom de Jean Sigismond Cousser avant de devenir maître de chapelle en Allemagne et directeur des opéras de Stuttgart et Hambourg. Son mauvais caractère et ses brouilles avec d’autres musiciens l’obligeront à émigrer en Italie puis en Grande-Bretagne et en Irlande( 1707). Il meurt à Dublin. Plusieurs de ses oeuvres sont conservées au département de musique de la Bibliothèque Nationale de France.
KUSTARICA, Emir (1954)
« Oh Danube, ma Danube ! »
On connait la passion du réalisateur pour les musiques des Balkans, sa proximité et sa complicité avec de nombreux instrumentistes !
« Oh Danube, ma Danube ! »
Emir Kustarica & friends, BMG Music
Un enregistrement réalisé avec The No Smoking Orchestra et la Fanfare Ciocarla.
LANNER, Joseph (Franz Karl) (1801-1843)
Compositeur et violoniste viennois qui est avec son ami Johann Strauss I le plus grand compositeur de danse de l’époque Biedermeier. Les deux musiciens sont d’ailleurs surnommés les pères de la valse viennoise.
LǍTĂRETU, Maria (1911-1972) Dunare cu valuri line, Le Danube avec ses douces vagues, chanson
Chanteuse populaire roumaine, contemporaine de Maria Tǎnase
LEHÁR, Franz (1870-1948) An der graue Donau, (Sur le beau Danube gris), valse
Dernière valse de concert composée par F. Lehár en réaction aux désillusions et à l’incompréhension que tous les amateurs de cette danse ressentaient devant l’évolution des goûts, elle est le miroir de l’histoire grandiose de ce genre. Ironiquement, le compositeur lui donna le nom de Sur le beau Danube gris.
Franz Lehár
« À Komorn [Komárno] une autre plaque, en deux langues, informe qu’ici est né Franz Lehár, maître d’un illusionnisme au carré et d’une musique de consommation dans laquelle la nostalgie des valses de Strauss, malgré une maestria pleine de gaité, se corrompt en une vulgaire désinvolte. L’illusionnisme de l’opérette, qui réduit la vie à la réplique « Garçon ! du champagne ! » ne cache pas cependant que ce n’est là qu’un brillant mensonge, le masque et la simulation du brio. Cette industrie du cynisme galant et sentimental, c’est du carton-pâte, qui, sans se donner de grands airs, détourne du sérieux de la vie. » Claudio Magris, « Tristement magyar », in Danube, Gallimard, Paris 1988
Compositeur austro-hongrois né au bord du Danube à Komárom, (Komárno, aujourd’hui en Slovaquie) et mort à Bad Ischl (Autriche). D’abord violoniste, puis chef de divers orchestres militaires dont ceux de Budapest (1898) et de Vienne (1899-1902), Franz Lehár se tourne finalement vers l’opérette et trouve là sa véritable voie. Il obtient déjà un franc succès avec son opéra Kukuška (Leipzig, 1896) et parvient à la gloire avec Die lustige Witwe, (La veuve joyeuse,Vienne, 1905), une des opérettes les plus jouées au monde avec celles de Johann Strauss. Suivent notamment Der Graf von Luxemburg (Le Comte de Luxembourg, Vienne, 1909), Der Zarewitsch et son hymne à la Volga, (Le Tsarévitch, Berlin, 1927) et Das Land des Lächelns, (Le Pays du sourire, Berlin, 1929). On décèle dans ces œuvres non seulement de fortes influences slaves, mais aussi celles du patrimoine de musiques populaires des pays d’Europe centrale.
F. Lehár eut recours aussi bien à la valse viennoise qu’à des danses plus modernes et fit appel au grand orchestre romantique enrichi parfois d’instruments inhabituels comme le célesta ou la balalaïka. Il fut le premier à faire chanter certains airs sur des évolutions chorégraphiques. Franz Lehár a également composé des musiques de film, deux concertos pour violon, des sonates pour piano, quelques soixante-cinq valses, plus de cinquante marches et quatre-vingt-dix mélodies.
LEONARD, Herbert (1945) Il neigeait sur le Danube bleu, chanson (1967)
Chanteur de variété français https://youtu.be/nX3NI2fu9zc
LEOPOLDI, Hermann (1888-1959) An der schönen roten Donau
Badesaison an der schönen blauen Donau (parodie sur la valse éponyme de Johann Strauss II)
Pianiste, compositeur, humoriste et cabarettiste viennois fondateur en 1922 du cabaret Leopoldi-Wiensenthal qui deviendra une scène incontournable de la capitale autrichienne et sera fréquenté par de nombreux artistes parmi lesquels Karl Valentin, Armin Berg, Hans Moser, Max Hansen… Mais l’établissement doit fermé dès 1925 pour des raisons financières. Avec sa partenaire de scène d’origine russe, Betja Milskaja, ils se produisent dans toute l’Europe. H. Leopoldi devient l’un des compositeurs de lieders viennois et de chansons les plus populaires de son époque, écrivant ses mélodies sur des textes de Peter Herz, Rudolf Skutajan, Theodor Waldau, Robert Katscher, Fritz Rotter, Hans Haller… Fuyant l’Anschluss en 1938, le couple est refoulé à la frontière tchécoslovaque qui a été fermée et doit rentrer à Vienne. Arrêté peu de temps après H. Leopoldi est déporté à Dachau puis à Buchenwald d’où il est libéré. Il peut alors, aidé par sa belle-famille, rejoindre sa femme partie au USA et poursuivre ses activités musicales en s’adaptant à son nouveau contexte, composant également des chansons en anglais et se produisant avec sa nouvelle partenaire new-yorkaise, Helly Möslein, dans des cafés d’exilés de langue allemande comme « l’Old Vienna » ou le « Viennese Lantern » et dans d’autres ville américaines. L. Hermani accompagné de Helly Möslein peut revenir en Autriche en 1947 où il reprend ses activités et se produit dans tout le pays. https://youtu.be/Qd-SddEdpYU
LISAC, Josipa (1950) Gdje Dunav ljubi nebo…
Chanteuse croate né à Zagreb
LISZT, Franz (1811-1856)
Missa solemnis « Graner Messe » (Messe de Gran), écrite pour la consécration de la Basilique Saint Adalbert d’Esztergom en 1856. Le compositeur est né à Doborján en Hongrie (aujourd’hui Raiding dans le Burgeland autrichien) le 22 octobre 1811 et meurt à Bayreuth le 31 juillet 1886. Son père, Adam Liszt travaille comme intendant d’un domainevoisin du prince Esterházy. Sa mère, Maria Anna Lager est la fille d’un boulanger autrichien établi à Krems dans la Wachau, au bord du Danube d’où est également originaire une partie de la famille de Mozart. Aussi il serait plus juste de parler à l’égard de Liszt, bien qu’il ait toujours revendiqué ses racines hongroises, de compositeur austro-hongrois.
Franz Liszt (1811-1856 )
Il reçoit ses premières leçons de piano avec son père et, en 1820, joue à Sopron et à Pozsony (Bratislava) dans le palais du prince Esterházy. L’année suivante, son fils obtient une bourse auprès de l’aristocratie hongroise. Adam Liszt l’accompagne à Vienne. Le jeune musicien prend des cours avec Karl Czerny pour le piano et de composition avec Antonio Salieri. Le 13 avril 1823 il joue à Vienne et à Pest et fait une forte impression. En automne de cette même année, sa famille s’installe à Paris mais le directeur du conservatoire de l’époque, le compositeur Luigi Cherubini refusera de l’admettre comme élève. Franz Liszt reste malgré tout à Paris et étudie auprès de Ferdinando Paer et d’Antoine Reicha, un compositeur originaire de Bohême émigré en France, professeur au conservatoire.
En 1825 a lieu à l’Opéra de Paris la création de son oeuvre lyrique en un acte, Don Sanche. Le compositeur publie des Études pour piano en 1826. Jusqu’à la mort de son père (1827). Liszt voyage, donne des concerts en France, en Angleterre, en Suisse et vit de leçons de musique. Les événements de 1830 lui inspirent une esquisse de symphonie révolutionnaire.
La première audition de la Symphonie Fantastique font sur lui une forte impression. Il entend Paganini (1831) et Chopin l’année suivante, se lie d’amitié avec le compositeur polonais et fréquente Lamartine, Hugo, Heine et Berlioz.
Le musicien hongrois fait connaissance de George Sand (1834) et entre dans le cercle de la comtesse de Plavigny, Marie d’Agoult avec laquelle s’installe alors à Genève où le musicien enseigne le piano au conservatoire. Leur fille Blandine nait le 18 décembre 1835. Après sa séparation d’avec le musicien, Marie d’Agoult publiera, sous le pseudonyme de Daniel Stern, des romans, des articles sur la musique, l’art, la politique et sur la révolution de 1848. Elle prend partie en faveur de la démocratie, de l’émancipation des femmes et tient en même temps un salon mondain très célèbre à Paris. Liszt revient plusieurs fois à Paris, puis à l’automne 1837 s’installe avec Marie d’Agoult à Bellagio (Italie) où nait leur seconde fille Cosima (qui épousera Hans Bülow en 1857, puis Richard Wagner en 1870). Le couple reste en Italie (Rome, Milan, Venise) jusqu’à la fin de 1839.
Une tournée de concerts qui débute par un récital à Vienne a lieu cette même année en solidarité avec les habitants de Pest, victimes d’une immense crue du Danube au printemps 1838 et d’une épidémie de peste. Pest fut à cette occasion presque entièrement détruite. Ce fut la plus importante inondation que connut la Hongrie et le gouvernement hongrois qui siégeait alors à Presbourg (Bratislava) doit en appeler à la solidarité internationale. Marie d’Agoult étant tombé malade, Liszt préfère rentrer en Italie. Leur fils Daniel naît le 9 mai 1839 à Rome.
À partir de décembre 1839, de nouveaux voyages le conduisent en Hongrie et ailleurs en Europe. Le titre de Maître de chapelle à la cour de Weimar lui est proposé et le compositeur accepte. En 1846 une tournée l’emmène de nouveau en Hongrie et se termine par des concerts en Russie (Kiev, Odessa, Elisabethgrad). Les années 1839-1844 sont celles de sa consécration comme virtuose du piano. Il devient le pianiste le plus admiré et le mieux rétribué du moment. Il est invité en novembre 1843 chez les princes Fürstenberg dans leur château de Donaueschingen dont le parc abritent les sources officielle du Danube et y compose des Ländler pour piano qui sont probablement un « souvenir musical » adressé à la princesse Amalie von Fürstenberg (1795-1869), princesse de Bade et épouse du prince Carl qui était, tout comme son mari, une grande mélomane. En 1844, le compositeur se sépare de Marie d’Agoult et inaugure une liaison avec la princesse Sayn-Wittgenstein, née Carolyne Ivanovska et épouse d’un prince russe.
Les journées révolutionnaires de 1848 lui inspirent Les Forgerons, la cantate Ungaria, l’Arbeiterchor. En février il s’installe à Weimar où Carolyne von Sayn-Wittgenstein le rejoint. Il dirige les premières représentations de nombreux opéras, en particulier Lohengrin de Richard Wagner, le 28 août 1850. C’est à Weimar qu’il va composer ses douze poèmes symphoniques, les symphonies Faust et Dante, les concertos pour piano, les Rhapsodies hongroises, les deux premiers volumes d’Album d’un voyageur, une sonate et de la musique religieuse.
Le musicien démissionne du poste de directeur de la musique de la cour de Weimar en 1858 et se brouille avec Wagner l’année suivante. En 1860, Joseph Joachim et Johannes Brahms publient dans le journal « Echo » de Berlin leur célèbre condamnation de la « Neudeutsche Schule » et par conséquent des musiques de Liszt et de Wagner. En octobre 1861 Liszt peut se marier religieusement. Il quitte Weimar et donne à sa vie et à son oeuvre une tournure mystique, peut être sous l’influence de sa compagne, composant La Légende de Sainte-Elisabeth de Hongrie, l’Oratorio Christus, la Missa choralis, la Messe hongroise du couronnement et le Requiem. Il ouvre un cours annuel de perfectionnement au piano à Weimar en janvier 1869 tout en continuant à séjourner chaque année en automne à la Villa d’Este à Tivoli. En 1871 Liszt devient Conseiller royal de la cour de Weimar. Le cinquantenaire de sa carrière a lieu à Budapest. Il est nommé président de la toute nouvelle Académie de musique de la capitale hongroise créée la même année (1875). Le compositeur meurt en juillet 1888 pendant son séjour à Bayreuth à l’occasion des représentations des opéras de Wagner.
À propos de la Missa Solemnis dite « Graner Messe«
F. Liszt écrit sa Missa Solemnis dite Graner Messe pour la consécration en 1856 de la basilique saint Adalbert d’Esztergom (Gran en allemand) sur le Danube et le Psaume XIII. Le projet nait d’abord en 1846 lors d’une visite à Pécs à la demande de l’évêque de cette ville qui souhaite consacrer la cathédrale nouvellement reconstruite. Liszt accepte mais l’oeuvre reste au niveau d’un projet. Ce même évêque est nommé trois ans plus tard archevêque d’Esztergom sur le Danube. La basilique reconstruite sur les ruines de celle détruite par les Ottoman aux XVIe et XVIIe siècles doit être consacrée et l’évêque rappelle sa promesse au compositeur. En février 1855, la messe est achevée (lettre à Richard Wagner du 2 mai 1855). Cette oeuvre du fait d’intrigues menées par le comte Leo Festetics, compositeur amateur et qui se prétendait l’ami de F. Liszt, faillit ne pas être exécutée. La création a lieu le 31 août 1856. Mihaly Mosonyi (1815-1870), un compositeur que F. Liszt considérait comme le plus doué des compositeurs hongrois de musique sacrée, écrivit les parties variables de la messe (elles ne furent toutefois pas jouées lors de la création) et participa comme contrebassiste à la création de l’oeuvre sous la direction du compositeur.
LOCKWOOD, Annea (1939) A sound map of the Danube, 2008 3 CD Lovely Music, LCD 2083, 162 mn
Compositrice américaine née en Nouvelle-Zélande, étudie la composition au Royal College of Music et la musique électronique en Allemagne à Darmstadt avec Gottfried Michael Koenig (1926), à l’École supérieure de musique de Cologne et en Hollande. Professeure émérite au College Vassar (USA). Sa posture de compositrice progressiste et l’étendue de ses champs d’intervention lui ont permis d’expérimenter dans de nombreux domaines musicaux, seule où avec des chorégraphes, des poètes et des plasticiens. À partir des paysages sonores microtonaux, électro-acoustiques et de la musique vocale, elle a également exploré et révélé des espaces jusque-là inconnus ou négligés dans la musique contemporaine. Ses oeuvres ont été jouée dans le monde entier. Comme son nom l’indique « A sound map of Danube » est constitué d’une série d’enregistrements de sonorités polyphoniques de l’environnement du Danube sur 59 sites différents, de ses sources jusqu’à la mer Noire avec 13 interviews de personnalités liées au fleuve. https://youtu.be/qwsnWZ4dwz0
LOUBÉ, Karl (1907-1983) Der Donaudampfschiffahrtskapitän, Tango
Pianiste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, directeur de théâtre, producteur radiophonique, né en Moravie du sud et mort à Klosterneuburg, près de Vienne. Il commence ses études de composition à Brno sous la direction de Leoš Janáček (1854-1928) puis à Vienne où il joue dans des boites de nuit au début de sa carrière et deviendra chef d’orchestre au Burgtheater et directeur du Stadttheater (1947). Karl Loubé fonde son propre orchestre de danse en 1949 avec lequel il interprète un vaste répertoire tout en composant opérettes, comédies musicales, musiques de danses, de films et pour la télévision et lieders dont certains sont devenus très populaires tel le tango Der Donaudampfschiffahrtskapitän. On peut considérer ce musicien comme le successeur de Johan Strauss II.
MAHLER, Gustav (1860-1911)
Situé à la période charnière du XIXe et du XXe siècles, Gustav Mahler initie la transition vers le post-romantisme et le modernisme. Le compositeur autrichien bouleverse le genre symphonique et devient l’un des symboles du romantisme exacerbé.
Issu d’une famille juive modeste de Bohême du sud, Gustav Mahler étudie au Conservatoire de Vienne où il suit notamment les cours d’harmonie de Robert Fuchs et de composition de Franz Krenn. C’est à cette occasion qu’il rencontre Bruckner. Mahler occupe ensuite différents postes de chef d’orchestre et de directeur musical en Europe centrale et en Autriche. Son génie de l’orchestration est remarqué lorsqu’il dirige Mozart, Beethoven et Wagner à l’opéra de Prague, salle qu’il quitte en raisons de conflits avec l’administration et les musiciens. Sa nomination comme directeur musical de l’opéra de Vienne, capitale alors en pleine ébullition artistique, constitue l’apogée de sa carrière. Dans le désaccord qui oppose les conservateurs (brahmsiens) aux progressistes (wagnériens), Gustav Mahler choisit son camp, celui de Wagner, compositeur qui le fascine par la révolution musicale qu’il porte. Victime d’antisémitisme malgré sa conversion et son épanchement pour le mysticisme catholique, il quitte Vienne et fini sa carrière à l’orchestre philharmonique de New York.
Par leurs dimensions monumentales, la démesure de l’effectif orchestral, la volonté d’embrasser un monde, les symphonies de Mahler constituent des chefs d’œuvre du romantisme. Jouant sur les contrastes entre trivialité et gravité, il excelle dans l’écriture contrapuntique, libre, dissonante et de plus en plus audacieuse.
De son vivant, c’est davantage son talent orchestral que son génie de compositeur qui sera célébré. Par l’évolution subtile de principes à laquelle son œuvre participe, il influence notamment Schönberg ou Chostakovitch.
L’œuvre de Mahler en 6 dates :
1884-1885 : Lieder eines fahrenden Gesellen (Chants d’un compagnon errant)
1888-1896 : Symphonie numéro 1 «Titan»
1888-1894 : Symphonie numéro 2 «Résurrection»
1901-1904 ; Kindertotenlieder (Chants pour des enfants morts)
1903-1904 : Symphonie numéro 6 «Tragique»
1908-1909 : Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre)
La vie de Mahler en 6 dates :
1883-1885 : second Kapellmeister à l’Opéra de Kassel, rencontre Johanna Richter à qui il dédie les Lieder eines fahrenden Gesellen.
1886 : dirige à l’opéra de Prague des représentations de Mozart, Gluck, Beethoven et Wagner
1888-1891 : directeur musical de l’Opéra Royal de Budapest.
1897- 1908 : dirige l’opéra de Vienne.
1901 : épouse Alma Schindler.
1908 : dirige au Metropolitan Opera de New York.Sources : Radio France, France-Musique : www.francemusique.fr
MANDICEVSCHI, Eusebie (1857-1929)
Compositeur, chef d’orchestre, chef de choeur et musicologue autrichien originaire de Bucovine et mort à Vienne, plus connu sous le nom de Eusebius Mandyczewski.
MARTINI, Jean-Paul Egide (1741-1816)
Ce contemporain de Joseph Haydn, né en Allemagne à Freystadt, à fait ses études au séminaire jésuite de Neuburg/Donau puis s’est installé en France où il occupa des fonctions importantes pour l’ancien régime et à la Restauration. Son oeuvre est aujourd’hui complètement tombée dans l’oubli à l’exception notoire de sa chanson Plaisir d’amour.
MORENO (?) Les flots du Danube, d’après l’oeuvre de I. Ivanovici
Musicien tsigane, guitariste, originaire de l’est de la France.
Ce fleuve métaphorique ne serait-il pas, avant tout celui des tsiganes, des minorités et de tout être humain qui se confronte durant toute son existence à l’absurdité des frontières ? Les flots du Danube (CD Moreno Boléro – 1996, CDAL 175)
MOSCOPOL, Jean (1903-1980) Né au bord du Danube en 1903 à Brăila dans une famille d’origine grecque, J. Moscopol montre des talents musicaux précoces. Il exerce différentes professions avant de choisir une carrière d’artiste en 1929. Il rejoint une troupe d’opérette bucarestoise puis parcourt le pays en tournée avec l’acteur Ion Manolescu et enregistre pour La voix de son maître environ 300 chansons. Invité à Berlin il est accompagné par des orchestres réputés et prendra aussi des cours de chant classique.
Après guerre, ayant une sainte horreur du communisme, il choisit l’exil, avec l’aide de l’actrice Elvira Popesco, s’établit brièvement en Grèce, en Allemagne et en France pour enfin s’installer aux États-Unis.
À New York, Jean Moscopol ne retrouvera toutefois pas sa célébrité d’avant-guerre et doit s’investit dans la vie de la diaspora roumaine dont il dirige la communauté de l’église Sfântu Dumitru. Il ne retourne au chant que pendant la décennie 1970, encouragé par le directeur du quotidien Universul Aristide Buhoiu et meurt en exil en 1980.
Le régime communiste a voulu effacer l’existence de cet artiste de la mémoire collective roumaine. Son expérience de chanteur dissident ne pouvant naturellement qu’exciter la colère de la censure totalitaire.
Un double CD a été édité par Star Media Music, réf. SMM 008 « Jean Moscopol – Cântece de dragoste / Balade şi cuplete anticomuniste ». Ţară comunistă (Pays communiste) est une mise en dérision des pratiques dictatoriales. Sources : Alain Chotil-Fani http://souvenirsdescarpates.blogspot.fr/ moscopol.blogspot.com
MOZART, Wolfgang Amadeus (1756-1791) Gehn wir im Prater, gehn wir in d’Hetz
Canon KV 558 (2 septembre 1788) https://youtu.be/BoL2NUnldDU Bien que né à Salzbourg, ville culturellement pétrie d’influence italienne grâce à ses princes-archevêques, baignée par les eaux vives de la Salzach, un sous-affluent alpin de la rive droite du Danube, autrefois importante voie commerciale et de transports de matières premières (bois et sel) et de marchandises, Mozart a passé une grande partie de sa courte vie dans la capitale de l’empire des Habsbourg. Ce séjour a été entrecoupé de nombreux périples avec sa famille à travers l’Europe. Quelques liens rattachent Mozart au fleuve et à ses rives allemandes, autrichiennes, slovaques et hongroises en particulier les parfois très brèves haltes qu’il fait lors de voyages avec sa famille à Donaueschingen dans le château des princes de Furstenberg (à l’endroit même où le Danube prend officiellement ses sources sous les fenêtres depuis lesquelles le jeune musicien a sans doute contemplé le parc élégant et le bassin natif du Danube), Ulm, Günsburg, Dillingen, Regensburg (Ratisbonne), Passau, Linz, Mauthausen, Ybbs, Melk, Stein, Vienne, Presbourg et Budapest.
La grand-mère maternelle du compositeur, Eva Rosina Barbara Altmann (1681-1755) qui se mariera pour la seconde fois avec Nikolaus Pertl de Sankt-Gilgen, le grand-père maternel du compositeur, était originaire de Stein/Donau en Wachau (Basse-Autriche) tout comme, étonnante coïncidence, Ludwig von Köchel (1800-1877), musicologue, chercheur, botaniste et auteur du catalogue des oeuvres de Mozart. Nikolaus Pertl est décrit dans la littérature scientifique mozartienne comme un père de famille à la fois simple et chaleureux aimant jouer s’amuser et chaleureux. Cet héritage du côté maternel pourrait avoir été en partie responsable des « traits naïfs, drôles et enfantins » qui caractérisait l’esprit de Mozart comme l’écrit le musicologue Alfred Einstein. C’est à Sankt-Gilgen, au bord du Wolfgansee (sic!), dans le Salzkammergut où le couple a déménagé, que naîtra leur fille Anna-Maria Walburga (1720-1778), mère du compositeur, un personnage discret mais central dans l’enfance et l’évolution du jeune prodige et dont on se souviendra qu’elle décède à Paris à l’âge de 57 ans. Le registre de sépulture de l’église Saint-Eustache dans laquelle a lieu l’enterrement mentionne à la date du 3 juillet 1778 que « le dit jour, Anne-Marie Perlt, âgée de 58 ans, femme de Léopold Mozart, maître de chapelle de Salzbourg en Bavière, décédée hier rue du Gros-Chenet, a été inhumée au cimetière en présence de Wolfgang Amadi Mozart, son fils, et de François Haina, trompette de chevau-légers de la garde du roi. »La tombe du petit cimetière a malheureusement disparu. Une plaque commémorative apposée dans l’église en 1953 rappelle cet évènement, un évènement qui a laissé longtemps un souvenir douloureux au compositeur bien mal entouré par ses protecteurs parisiens dans ces instants tragiques.
Une promenade sur les traces des familles Mozart et Köchel à Krems/Stein est proposée par l’office du tourisme : www.musikinkrems.at Mozart s’est rendu accompagné de sa famille à Vienne dès l’âge de six ans. Les voyages vers la capitale autrichiennes leur donneront l’occasion de descendre sur le Danube en coche d’eau ordinaire comme le faisait la plupart des voyageurs peu fortunés de cette époque. Un voyage qui pouvait réserver parfois de bonnes mais aussi de mauvaises surprises.
« N’avez-vous pas pensé que nous serions déjà à Vienne, alors que nous sommes toujours à Linz ? Demain, si Dieu le veut, nous continuerons notre chemin par le coche d’eau ordinaire. Nous serions déjà arrivés si nous n’avions été contraints de nous arrêter, bon gré, mal gré, 5 journées entières à Passau… » Leopold Mozart à Lorenz Hagenauer à Salzbourg, de Linz le 3 octobre 1762
C’est le lundi 20 septembre 1762 que la famille Mozart arriva à Passau à cinq heures du soir. Léopold obtient que son fils joue devant le prince-évêque de Passau, Joseph Maria, comte von Thun-Hohenstein (1713-1763), en sa présence. Wolfgang reçoit pour sa prestation un ducat d’or. Contrairement à l’intention initiale de son père, le séjour à Passau dura cinq jours, la faute en étant au prince-évêque comme l’écrit Leopold Mozart dans l’extrait de sa lettre ci-dessus. Sa sœur, Maria Anna, âgée de onze ans et qui n’a pas accompagné son frère pour son audition devant l’évêque, se rend en pèlerinage à Maria-Hilf sur la base d’une promesse faite à la femme de ménage. Le dimanche 26 septembre, la famille s’embarque enfin pour Linz en compagnie du chanoine de Passau, le comte Herberstein.
Il est surprenant que la famille Mozart n’ait pas donné de concert à Passau. Mais elle aurait eu besoin pour cela de l’autorisation du Spielgraf, qui était à l’époque l’organiste de la cathédrale de Passau et vice-maître de chapelle, Vinzenz Schmid. Léopold en a-t-il fait la demande ?
Les Mozart, après Passau et Linz où Wolgang est malade, s’arrêteront ensuite à Mauthausen (qu’on peut traduire en français par Bourg-de-péage, sur la rive gauche) où le jeune compositeur aurait également joué sur l’instrument de l »église paroissiale puis à Ybbs/Danube (rive droite) au monastère franciscain le 5 octobre 1762. Là, à stupéfaction des moines, il improvise sur les orgues :
« Monsieur mon très cher ami,
Le jour de la Saint-François, nous avons quitté Linz par le coche d’eau ordinaire et sommes arrivés le soir même à 7 heures et demie à Mauthausen, par une nuit très noire. Le mardi suivant, nous sommes arrivés à Ybbs, où deux frères mineurs et un bénédictin, qui étaient avec nous sur le bateau, ont dit une messe au cours de laquelle notre Wolferl se déchaina à l’orgue et joua si bien que les pères franciscains qui étaient à table avec quelques hôtes, laissèrent là leur repas, tout comme leurs invités, se précipitèrent dans le choeur et faillirent mourir d’étonnement… » Leopold Mozart à Lorenz Hagenauer, Vienne le 16 octobre 1762
Le jeune Mozart sur les orgues du couvent franciscains d’Ybbs/Donau, d’après un dessin de Karl Offterdinger (1829-1889)
Enfin les 13 et 21 octobre, Wolfgang et sa soeur se produisent tous les deux devant l’impératrice Marie-Thérèse à Vienne.
Leopold Mozart écrit dans cette même lettre que l' »on fait beaucoup de bruit au sujet des remous et tourbillons » [vraisemblablement ceux de la Strudengau en aval de Grein] que cela n’en vaut pas la peine. Nous en reparlerons en son temps… »
En revenant de Vienne lors d’un second voyage, en 1767, les Mozart visitent incognito l’abbaye bénédictine de Melk en Wachau (rive gauche) mais l’enfant prodige, déjà célèbre, est reconnu lorsqu’il joue sur les orgues. Lors de leur voyage de retour en 1768, la famille est cette fois invitée à déjeuner par l’abbé.
Il n’existe pas d’oeuvre spécifique du musicien autrichien inspirée par le fleuve mais… qui sait ! Comme tout bon Viennois, Mozart eut l’occasion d’aller se promener dans le grand parc du Prater sur les bords du Danube, ouvert au public en 1766 par l’empereur Joseph II.
On se souvient que Mozart a été inhumé au cimetière Sankt Marx de Vienne selon les règles strictes édictées par l’empereur Joseph II : bénédiction la veille devant une douzaine de personnes, transport le soir au Zentralfriedhof, inhumation communautaire le lendemain, absence de stèle. Les autorités ont bien essayé par la suite de récupérer sa dépouille, mais personne ne se souvenait plus avec certitude du lieu de la sépulture. En 1859, un monument fut érigé à l’emplacement supposé de sa tombe puis, en 1891, un cénotaphe au Zentralfriedhof.
« Que Vienne soit par excellence la ville de la musique, c’est la fausse rumeur qui persiste. En réalité, Vienne a envoyé Mozart et Vivaldi à la fosse commune, méconnu le génie de Schubert, ignoré celui d’Hugo Wolf, mené la vie dure à Mahler, contraint Schönberg à l’exil. Et tous, pour séduire un public à la fois cruel et frivole, se sont échinés à écrire dans un genre contraire à leur tempérament ». Dominique Fernandez, La perle et le croissant, l’Europe baroque de Naples à Saint-Petersbourg, Plon, collection Terres Humaines, 1995
MUFFAT, Georg (1653-1704) Compositeur et organiste d’origine savoyarde, élève de J. -B. Lully. Il occupe le poste d’organiste à la cathédrale de Strasbourg puis étudie à Ingolstadt, grande ville bavaroise sur le Danube, sollicite sans succès l’empereur Léopold Ier pour un poste de musicien à la cour de Vienne, séjourne à Prague, travaille à la cour du prince archevêque de Salzbourg Max Gandolf von Kuenburg comme organiste et musicien de chambre, voyage en Italie. Insatisfait de son poste à Salzbourg et de la relation avec le nouvel archevêque, il se tourne une nouvelle fois sans succès vers Vienne et obtient en 1690 le poste de Maître de chapelle de l’évêque de Passau Johann Philipp v. Lambert, poste qu’il occupe jusqu’en 1700. G. Muffat fait la synthèse dans ses excellentes compositions (Armonico tributo, 1682, Apparatus musico-organisticus, 1690…) des styles français et italiens. Ses quatre fils et plusieurs de ses petits-fils furent également musiciens et compositeurs.
MÜHLBERGER, Karl (1857-1944)
Karl Mühlberger (1857-1944)
Chef d’orchestre d’harmonies militaires autrichien et compositeur né en Wachau à Spitz/Donau. Karl Mühlberger a étudié avec le musicien tchèque Karel Komzák et au Conservatoire des Amis de la Musique de Vienne avec Josef Hellmesberger.
NIKODIJEVIC, Marko Cvetic, kucica… (Petite fleur, petite maison…)
Compositeur serbe contemporain, Marko Nikodijevic évoque dans cette oeuvre le dessin d’une petite fille kosovare de 5 ans dont le corps a été retrouvé dans le Danube en 1999.
NONO, Luigi (1924-1990) Post-Prae-ludium per Donau (1987) pour tuba et électronique live
Oeuvre composée en 1987 et créé la même année dans le cadre du festival de musique contemporaine de Donaueschingen (Allemagne) et dédiée à Giancarlo Schiaffini. À l’occasion de la première, donnée le 17 octobre 1987 à Donaueschingen (d’où le nom du fleuve dans le titre), le compositeur écrivit : « Si le déroulement de la composition est arrêté dans les moindres détails, la notation en revanche ne sert que de base pour l’interprète. Les nouvelles possibilités techniques qu’offre un tuba à six pistons donnent l’occasion au musicien de produire accidentellement d’autres occurrences sonores au-delà de ce modèle. La transformation électronique des sons n’est introduite dans la composition qu’avec modération et de manière différenciée. Le joueur de tuba doit écouter tous les procédés d’amplification du son, les assimiler et y réagir. C’est cette interaction entre la notation préétablie, une nouvelle technique de jeu et la musique électronique live qui donne naissance à une interprétation vivante. » Sources :
Programme Ars Musica, 1992
PEJAČEVIĆ, Dora (1885-1923)
Compositrice austro-hongroise appartenant à une famille de la noblesse croate, née à Budapest.
PLEYEL, Ignace Joseph (1757-1831)
Ignaz Joseph Pleyel (1757-1831)
Pianiste, chef d’orchestre, compositeur, éditeur et remarquable facteur d’instrument contemporain et ami de Mozart, né en Basse-Autriche sur la rive gauche du Danube, dans le petit village entouré de vignobles de Ruppersthal, aux portes de la Wachau en amont de Vienne. Il fut l’élève tout d’abord du compositeur et pédagogue tchèque établi dans la capitale autrichienne Jan Křtitel Vaňhal (1739-1813) puis de Joseph Haydn à Eisenstadt. En 1777 le comte Ladislas Erdödy le prend à son service. Il voyage en Italie et prend ensuite à sa mort la succession de Franz Xaver Richter (1709-1789), musicien originaire de Moravie, comme Maître de Chapelle à la cathédrale de Strasbourg en 1789, se rend ensuite à Londres où il dirige les Professionals Concerts et interprète lui-même ses propres oeuvres. Pleyel semble avoir eu maille à partir avec les autorités révolutionnaires françaises en 1793 mais s’établit malgré tout à Paris en 1795, ouvre un magasin de musique et d’instruments et fonde sa propre maison d’édition. Il inaugure en 1808 sa fabrique de piano en y associant son fils Camille à partir de 1815.
Ce fût l’un des compositeurs les plus joués, publiés et arrangés de son temps. Une grande salle de concert de Paris porte son nom. On peut aussi visiter sa maison natale à Ruppersthal aujourd’hui transformée en petit musée géré par la Société Internationale Ignaz Pleyel. Musée I. J. Pleyel de Ruppersthal et Société International Pleyel : www.pleyel.at
PORUMBESCU Ciprian (1853-1883) Zȃna Dunarii (La fée du Danube) pour piano La malurile Prutului (Sur les rives du Prut), valse pour soliste, choeur et piano, 1877
Compositeur, violoniste, chef de choeur et pédagogue roumain né et mort, à l’âge de 29 ans en Bucovine. Il fut élève au conservatoire de Czernowitz (Bucovine austro-hongroise) et de Vienne où il suit les cours de Franz Krenn et d’Anton Bruckner. Ses oeuvres sont jouées par les orchestres populaires de la capitales et ses chansons sont reprises par les jeunes étudiants de son pays comme hymnes à la liberté.
En raison de ses convictions politiques en faveur de la Roumanie, il doit retourner en Bucovine. Son opérette Crai Nou (La nouvelle lune), écrite en 1882, devient une des oeuvres les plus jouées de ce répertoire dans les années 1900. Le conservatoire de Bucarest porte son nom.
PREINDL, Joseph (1756-1823), organiste et compositeur, professeur de piano et de chant, né à Marbach an der Donau (Basse-Autriche) la même année que Mozart. Son père est organiste. Il chante dans la maitrise d’enfants de l’abbaye de Mariazell auprès de Franz Xaver Widerhofer (1742-1799), part à Vienne dès l’âge de 16 ans comme organiste et devient l’élève de Johann Georg Albrechtsberger (1736-1809). En 1773, il exerce comme professeur à l’orphelinat puis tient les orgues de l’église Maria am Gestade (Notre-Dame-du-rivage) deux années plus tard. En 1793, il est nommé organiste à l’église Saint-Pierre de Vienne et en 1797 à l’église Saint-Michel. Entretemps il est également devenu l’assistant de J.-G. Albrechtsberger à la cathédrale Saint-Étienne auquel il succèdera en 1809 comme Maître de chapelle. J. Preindl est citoyen de la ville de Vienne dont une rue porte son nom. Ce compositeur a écrit principalement de la musique d’église et des oeuvres pour orgue.
PTAK, Martin River Tales, « The endless stream of recurrence » Musicien et compositeur autrichien né à Krems/Donau en Wachau.
« River Tales est une séquence de pièces instrumentales incarnant sous forme d’onomatopées la puissance et le débit du Danube. Tout au long de son parcours, le style évoque l’eau et les éléments de la nature. Stream est tout en tourbillons d’arpèges de piano courant sur les rochers. Wings fait s’envoler une mélodie de piano dans le style de Chopin sur un fond ensoleillé tandis que Storm inonde l’atmosphère de gros nuages noirs menaçants aux cuivres. Une dramaturgie s’installe. L’oeuvre se partage dans une authentique synthèse de styles et de symboles. Un des sous-titres fait référence à des éléments autobiographiques. La jeunesse du tromboniste, pianiste et compositeur dans la ville autrichienne de Krems/Donau inspire une fusion confiante de la musique et de la mémoire. Les changements agités signalent le flux et la fluidité de l’expérience et sont évoqués dans de riches orchestrations de cordes. Les courants changeants de la séquence entrainent l’auditeur vers l’aval, parfois loin du rivage jusqu’au calme d’une paix intérieure. insaisissable. » Le tromboniste, pianiste et compositeur Martin Ptak a passé sa jeunesse « an der schönen blauen Donau », dans la petite ville autrichienne de Krems (rive gauche), porte d’entrée de la Wachau.En descendant le fleuve vers aval depuis Kremps, on arrive à la capitale historique musicale de Vienne en un peu moins d’une heure. L’eau, la musique et le vin ont fusionné dans cette étendue de terre depuis des temps immémoriaux. Ils coulent de même dans les contes musicaux fluviaux de Martin Ptak : musique de film et improvisations, souvenirs d’enfance et départs, effet de surface ou profondeur, choeur de trombones, tapisserie de cordes et multiples motifs pianistique.Une longue bande sonore des sources du fleuve jusqu’aux extrémités de son delta. The source, Stream, Wings, Merging, Storm, Flood, Sinking, Darkstone, Cycle, Kanon, Panta Rhei.
Martin Ptak, piano, Albin Janoska, Fender Rhodes, harmonium, live-sampling, Julia Maly, violin (track 2, 10), Claus Riedl, violin, Lena Fankhauser, viola, Melissa Coleman, cello, Alois Eberl, Martin Riener, Dominik Stöger, trombone, Gerald Pöttinger, bass trombone, contrabass trombone, Franz Winkler, tuba (track 6, 8), Martin Eberle, trumpet solo (track 2, 4, 8), Alois Eberl, trombone solo (track 9)
CD col legno WWE1CD20441, 61 mn et 5 secondes.
ROIZEN, Elena (1945-2007)
Chanteuse roumaine traditionnelle Hai Dunărea mea
https://youtu.be/8MjhenGOBLY
ROMAN, Elly (1905-1996) Compositeur roumain d’opérettes, de comédies musicales et de nombreuses mélodies dont certaines ont connu un immense succès. Ada-Kaleh, ballade rythmique contant les amours d’Aiseh et de Dragomir, texte Ștefan Tita, chanson interprétée par Gigi Marga, orchestre placé sous la direction de Teodor Cosma https://youtu.be/1uG-UWyGdpU
« De veacuri Dunarea de-argint,
se despleteste povestind,
de prea frumoasa Aiseh
din Insula Ada Kaleh.
Soptea povestea c-a-ndragit
pe Dragomir, luntras vestit,
si in fermecatul serii ceas,
ei doi cântau cu dulce glas
Ada Kaleh, Ada Kaleh,
pe-al tau pamânt vrajit
ce minunat a-nflorit
iubirea floarei de cais
Ada Kaleh, Ada Kaleh,
tu cresti iubirea mea din vis
În calea primei lor iubiri
crescut-au grele împotriviri,
spuneau ai ei: « sa-i despartim »,
spuneau ai lui: « de neam strain »,
Dar nu, ei nu s-au despartit,
pe veci în valuri s-au unit,
si-n fermecatul serii ceas,
adâncul parca prinde glas
Ada Kaleh, Ada Kaleh,
pe-a-l tau pamânt vrajit
ce minunat a-nflorit
iubirea floarei de cais
Ada Kaleh, Ada Kaleh,
tu cresti iubirea mea din vis
Dar anii peste ani au nins,
si noi lumini azi s-au aprins,
azi Dragomir si-o Aiseh,
fac nunta in Ada Kaleh
Azi vietile lor s-au unit,
urmasii celor ce-au pierit,
si în fermecatul serii ceas,
rasuna dulce al lor glas
RUBINSTEIN, Anton Grigoryevitch (1829-1894) Compositeur, pianiste, chef d’orchestre et pédagogue éminent né en Ukraine
« Lorsqu’après 1871, je descendis le Rhin de Mayence à Rotterdam, j’eus l’impression que ce fleuve peut couler paisiblement ; ses luttes sont terminées, il n’a plus désormais qu’à laisser flotter au fil de ses eaux les ladies anglaises et les misses américaines qui notent au crayon, dans leur Baedecker, le roc de la Loreley, le Stolzenfels ou le Rolandseck… Mais lorsque j’ai descendu le Danube de Vienne à Galatz et que j’ai observé les passagers du bateau, où se trouvaient mélangés des Allemands, des Hongrois, des Serbes, des Roumains, des Turcs, des Russes, j’ai compris que là se jouerait encore une terrible tragédie, dont dépendra la paix de l’Europe. » Pensées et aphorismes d’Anton Rubinstein, Le Ménestrel n°8 du 25/02/1900, p. 60
RÜEGG, Mathias (1952) Donauwalzer, arrangement de la valse du Beau Danube Bleu de Johann Strauss
L’oeuvre apparait dans le cd consacré à Johann Strauss « ALL THAT STRAUSS, First New Year’s Concert in Jazz » du Vienna Art Orchestra. Vienna Art Orchestra : www.vao.at
SAINT FLORIAN (abbaye augustinienne de), Haute-Autriche
Une des plus prestigieuses abbayes danubiennes autrichiennes avec une longue tradition musicale d’un très haut niveau. Les premiers documents de la longue tradition musicale de l’abbaye remontent au début du IXe siècle. Le manuscrit des Lamentations de Jérémie avec celui des Neumes de Saint-Gall sont aussi les plus anciennes sources musicales écrites d’Autriche. Les deux orgues de la collégiale illustrent au XVIe siècle la place conséquente de la musique dans la vie quotidienne de l’abbaye. Le grand orgue de la collégiale (1770-1774) est l’oeuvre du facteur Franz Xaver Krismann de Laibach. Le répertoire de l’abbaye s’est ouvert entretemps alors à différents styles au-delà des oeuvres religieuses incluant de la musique instrumentale. Ce sont les chanoines avec les musiciens employés au service du monastère et les chanteurs du chœur qui animent les offices religieux, les repas de cérémonies et de fêtes ainsi que lors des visites d’invités de marque ou encore dans le cadre de représentations théâtrales.
Le musicien de l’abbaye le plus célèbre au XVIIIe siècle fut le chanoine Franz Joseph Aumann (1728-1797). Ses œuvres, comparables à de celles de Michael Haydn (1737-1806), frère de Joseph Haydn (1732-1809), ou d’autres compositeurs contemporains, ont été diffusées bien au-delà des limites régionales. Ce chanoine entretenait d’ailleurs une relation amicale avec Michael Haydn qui lui rendit visite à l’abbaye.
Franz Schubert dont les chanoines, les musiciens et les chanteurs de l’abbaye aimaient à interpréter les oeuvres, faisait aussi partie des nombreux invités privilégiés. L’un de ses proches amis, le poète et librettiste Johann Mayrhofer (1787-1836) appartint au monastère pendant un certain temps.
Le chanoine Florian Franz Xaver Müller (1870-1948),l’un des compositeurs de Haute-Autriche les plus importants de la période romantique tardive, organiste du monastère et chef de choeur, occupa par la suite le poste de directeur musical de la cathédrale de Linz. Sa musique a été influencée par Anton Brucknerun musicien à qui il voua une véritable vénération tout au long de sa vie et qui fut le titulaire du grand orgue de la collégiale de l’abbaye de 1848 à 1855. A. Bruckner est enterré, selon sa volonté, derrière cet instrument.
Plus récemment, Augustinus Franz Kropfreiter (1936-2003), organiste et compositeur, perpétue la musicale du monastère à son plus haut niveau. Entré au monastère en 1954, il en est nommé organiste en 1960 puis Regenschori (Maître de chapelle) cinq ans plus tard. Après trois décennies de concerts et de tournées en Europe, au Japon et en Amérique du Sud, il se consacre exclusivement à la composition tout en aimant improviser à l’orgue. D’abord influencé par des compositeurs comme Paul Hindemith et Franck Martin, il s’est orienté vers la polyphonie et la dodécaphonie.
Quelques oeuvres de Franz Kropfreiter : Altdorfer Passion (1965), Te Deum (1970), Signum pour orgue (1976), Sinfonia concertante (1979), Severin-Oratorium (1980/81 ), Magnificat (1983), Concerto pour orgue et orchestre (« Leipziger Konzert », 1984), 1ère symphonie pour grand orchestre (1985), symphonie pour cordes (1985), Stabat Mater (1986), 2ème symphonie pour grand orchestre (1990), Soliloquia (1993), 3ème symphonie (M) et Testament pour grand orchestre (1994/95)…
SCHÄCHTER, Rafaël (27 mai 1905-1944) Pianiste, compositeur et chef d’orchestre, né à Brăila dans la communauté juive. Il fait ses études à Brno puis au Conservatoire de Prague. Il est forcé d’interrompre ses activités musicales à l’arrivée des nazis puis est interné au camp de Terezín (Bohême du nord) en 1941 où il organise de nombreuses manifestations musicales, dirige 35 fois l’opéra « La fiancée vendue » de B. Smetana, « Le Baiser » du même compositeur, des oeuvres lyriques de Mozart et le Requiem de Verdi à plusieurs reprises en reconstituant à chaque fois le choeur après la déportation de ses membres. Il est lui-même déporté en 1944 au camp de concentration d’Auschwitz et meurt avec de nombreux autres prisonniers du camp de Terezín dès son arrivée. Le charisme et le talent de R. Schächter aida les prisonniers du camp à affronter l’horreur de leur situation et à ne pas désespérer.
SCHANDL, Ernst (1920-1997) Musicien, compositeur et pédagogue autrichien né à Gmünd et mort à Krems-Stein sur le Danube. Il a écrit de nombreuses oeuvres (marches) en hommage au Danube, très populaires dans la Wachau et en Basse-Autriche.
SCHENCK, Johannes (env. 1656-1712) L’Écho du Danube, six sonates pour viole de gambe et basse continue
Compositeur né à Amsterdam vers 1656, si l’on en croit son certificat de mariage. Johannes Schenck est un éminent joueur de viole de gambe et compositeur de l’ère baroque sur la vie duquel nous avons relativement peu d’informations. La plupart des oeuvres qui sont parvenues sont d’une grande virtuosité. À 40 ans il est engagé par le prince électeur de Palatinat Johann Wilhem II dont la cour se tient à Düsseldorf sur le Rhin comme musicien de chambre de la cour. Il en devient ensuite intendant en 1710. Il accompagne un an plus tard le prince électeur à Francfort pour les fêtes couronnement de Charles VI.
L’empereur autrichien Léopold Ier de Habsbourg était un musicien averti et lui-même joueur de viole de gambe et compositeur. Aussi J. Schenck conçut-il le projet de se rendre à Vienne et de solliciter l’empereur au sein de sa cour. Malheureusement pour le virtuose hollandais, Léopold Ier de Habsbourg décède peu de temps après l’arrivée de J. Schenck et ses projets ne purent se réaliser. Il dut rentrer à Düsseldorf.
La suite de sonates intitulées L’Écho du Danube pourrait avoir été composée en vue de ce voyage à Vienne et initialement destinées à l’empereur autrichien. Selon certaines sources musicologiques cette suite aurait pu être écrite à Neuburg sur le Danube (bade-Wurtemberg). L’oeuvre n’est-elle pas précisément dédicacée au baron de Diamanstein, le superintendant de la musique de la cour ? Le manuscrit de ces oeuvres, probablement celui apporté par J. Schenck à Vienne et aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de l’Albertina, ne porte pas la mention du titre L’Écho du Danube contrairement à l’édition plus tardive publiée à Amsterdam par Estienne Roger. Un titre comme une évocation nostalgique d’un voyage sur les bords du Danube et d’une rencontre ratée avec un empereur musicien ?
Les six sonates de cette suite seront également éditées sous ce titre à Paris chez Le Clerc et Boivin en 1742.
J. Schenck a intitulé une autre de ses oeuvres Les Nymphes du Rhin.
Sources :
Ces informations proviennent du livret du CD consacré à des oeuvres pour viole de gambe de Johannes Schenck enregistrées par Lorenz Duftschmid (CPO 999 682-2) et du booklet de l’enregistrement réalisé par Hille Perl, The Music of Johan Schenk (DHM 88691903812)
SCHIKANEDER, Johann (Baptist) Joseph Emanuel (1751-1812)
Compositeur, chanteur, musicien, acteur de théâtre, librettiste, régisseur et directeur de théâtre, né au bord du Danube dans la petite ville bavaroise de Straubing et mort à Vienne. L’histoire a principalement retenu le nom d’Emmanuel Schikaneder en l’associant au succès de la Flûte enchantée de Mozart dans lequel il tint le rôle de Papageno lors de la première mais ses activités artistiques ont été multiples.
Emanuel Schikaneder en Papageno, 1791
SCHISKE, Karl (1916-1969) Compositeur autrichien et professeur de composition à l’Académie de musique de Vienne, né à Győr (Hongrie) dans l’Empire austro-hongrois et mort à Vienne. Il séjourne à partir de 1919 à Orth/Danube dans un environnement favorable à son travail de compositeur ainsi qu’à Vienne. Ami du peintre Carl Unger, il fut un grand admirateur de la musique d’Anton Bruckner.
Le musée de l’histoire local d’Orth/Danube consacre une partie de ses expositions à la présentation de la vie et des oeuvres de ce compositeur.
Karl Schiske (1916-1969), photo droits réservés
SCHÖNBERG, Arnold (1874-1951) Compositeur, peintre et théoricien viennois. Arnold Schoenberg a toujours considéré sa musique comme l’héritière authentique de la tradition classique et romantique allemande. Celui qui proclamait : « il y a encore beaucoup de bonnes musiques à écrire en do majeur » fut pourtant l’initiateur d’une révolution atonale sans précédentAutodidacte, Arnold Schoenberg fait ses armes en arrangeant et en orchestrant des opérettes et des chansons populaires. À partir de 1894, il bénéficie des conseils d’Alexander Zemlinsky – son futur beau frère – qui lui enseigne l’art du contrepoint. Fasciné par la musique de Richard Wagner et de Johannes Brahms. A. Schoenberg compose des œuvres de jeunesse dans la tradition romantique allemande. De cette époque, il laisse notamment l’une de ses pièces maîtresses – La nuit transfigurée – composée à l’âge de 26 ans.
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Une fois franchi le seuil vers l’atonalité, A. Schoenberg entame une période de création intense où il conduit l’émancipation de la dissonance à son paroxysme. C’est dans cette période dite d’ »atonalisme libre » que s’inscrivent le mélodrame Erwartung et le Pierrot Lunaire. Au début des années 1920, le compositeur met au point le dodécaphonisme sériel qu’il applique dans ses œuvres jusqu’à pousser le procédé à sa plus extrême virtuosité.
Exilé à Paris puis aux États-Unis où il se consacrera à l’enseignement jusqu’à la fin de sa vie, Arnold Schoenberg fut conscient d’avoir opéré une rupture musicale avec le passé même s’il restait persuadé d’être un conservateur qu’on avait forcé à devenir révolutionnaire.
Arnold Schoenberg en 6 dates :
1882 : Arnold Schoenberg commence à étudier le violon et le violoncelle.
1901 : épouse Mathilde Zemlinsky, sœur de son ancien professeur et s’installe à Berlin.
1903 : fait la connaissance de Gustav Mahler à Vienne et entame une carrière de professeur.
1910 : Arnold Schoenberg commence à enseigner à l’Académie de musique de Vienne et se tourne vers la peinture expressionniste.
1911 : achève son Traité d’Harmonie dédié à la mémoire de Gustav Mahler et s’installe pour la seconde fois à Berlin où il rencontre Ferruccio Busoni.
1933 : reconverti au judaïsme, il émigre aux Etats-Unis où il devient professeur à Boston puis à New York.
SCHRAMMEL, Johann (1850-1893)
Violoniste et compositeur viennois appartenant à une dynastie de musiciens populaires avec son père Kaspar Schrammel (1811-1895), son demi-frère Konrad Schrammel (1833-1905), son frère Josef (1852-1895) et son fils Hans Schrammel (1875-1933). Créateur avec son frère Josef de la « Schrammelmusik » dont les mélomanes de la capitale autrichienne se délectent encore de nos jours lors de nombreux occasions dans les auberges et les Heuriger où le vin coule joyeusement dans les verres. Il est vrai qu’à Vienne le vin ne va pas sans musique et vice-versa ! Il s’agît d’une authentique culture musicale viennoise d’une grande popularité qui puise ses origines dans la musique traditionnelle autrichienne et se confond parfois avec le répertoire de Wiener Lieder. Johann Schrammel est l’auteur de l’une des plus célèbres marches autrichiennes Wien bleiblt Wien.
SCHRAMMEL, Josef (1852-1895)
Violoniste et frère de Johann Schrammel. Il fonde avec celui-ci et le contraguitariste Anton Strohmayer en 1878 un trio (2 violons et une contraguitare) puis un quatuor (petite clarinette en sol ou « picksüßes Hölzl ») lorsque le clarinettiste Georg Dänzer se joint au groupe. Celui-ci acquiert une immense popularité et joue non seulement pour les classes populaires, la bourgeoisie viennoise mais aussi pour l’aristocratie. À la mort de G. Dänzer, la petite clarinette est remplacée par un accordéon. De nombreux ensembles continuent à perpétrer cette tradition.
SCHUBERT, Franz (1797-1828) Am Strom (au bord du fleuve) D. 39, opus 8/4, texte de Johann Mayrhofer Lied eines Schiffers an die Dioskuren, D. 360, opus 65 n°1, texte de Johann Mayrhofer Der Schiffer (Le marinier) D. 536 n° 2 Auf der Donau (Sur le Danube), D. 553, op.21 n°1, 1817, texte de Johann Mayrhofer (1787-1836)
Auf der Wellen Spiegel schwimmt der Kahn,
Alte Burgen ragen himmelan,
Tannenwälder rauschen geistergleich,
Und das Herz im Busen wird uns weich.
Denn der Menschen Werke sinken all’,
Wo ist Turm, wo Pforte, wo der Wall,
Wo sie selbst, die Starken, erzgeschirmt,
Die in Krieg und Jagden hingestürmt?
Trauriges Gestrüppe wuchert fort,
Während frommer Sage Kraft verdorrt:
Und im kleinen Kahne wird uns bang,
Wellen drohn wie Zeiten Untergang.
Le bateau glisse sur le miroir des vagues ;
les anciens châteaux s’élèvent vers le ciel,
les forêts de pins s’agitent comme des fantômes,
et nos cœurs s’affaiblissent dans nos poitrines.
Car toutes les œuvres de l’homme meurent ; il n’y a plus de tour, de porte, de rempart ;
où sont maintenant la tour, la porte, les remparts?
Où sont les puissants eux-mêmes, dans leur armure d’airain.
armure qui s’élançaient au combat et à la chasse ?
Les sombres buissons grandissent en rampant
tandis que le pouvoir du mythe pieux décline.
Et dans notre petit bateau, notre peur grandit;
les vagues, comme le temps, menacent le destin.
Der Strom (Le fleuve) D. 565, texte ? Der Fluss (La rivière) D. 693, texte de Friedrich Schlegel (1772-1829) Der Schiffer (La batelier) D 694, texte de Friedrich von Schlegel Schiffers Scheidelied, D. 910, texte de Franz von Schober (1796-1882) Auf der Strom (Sur le fleuve), D. 943, op. posth. 119, sur un texte de Ludwig Rellstab Instituteur et compositeur autrichien, peut-être le plus viennois et le plus danubien de tous les grands musiciens autrichiens. La nature et ses éléments sont une immense source d’inspiration et de consolation inépuisable pour Franz Schubert et ses amis de son cercle intime, poètes, peintres et musiciens de la capitale qui aiment se promener ensemble et tenir des académies dans les environs de Vienne. Plusieurs de ses lieder sont consacrés à l’élément liquide, à la mythologie de l’eau, au fleuve, aux bateliers, aux rivières et à leur environnement.
Par ailleurs et d’une certaine manière on peut dire que le Danube et ses affluents sont présents dans de nombreuses oeuvres du compositeur en tant que source d’inspiration. Franz Schubert séjourna régulièrement non loin du fleuve, au château d’Atzenbrugg, près de Tulln, en amont de Vienne, pendant les étés de 1820 à 1823. Il y était invité avec quelques autres artistes par son ami Franz von Schober. Promenades (au bord du fleuve), fêtes musicales et poétiques étaient au programme de ces joyeuses journées estivales.
Le château d’Atzenbrugg, restauré par la municipalité se visite et des concerts y sont régulièrement organisés.
On attribue cette phrase à Schubert à propos de Beethoven : « Il sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup d’eau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit généralement compris. »
Der Schiffer (Le batelier), lieder opus 21, D. 536 n°2 pour voix et piano
Texte de Johann Baptiste Mayrhofer (1787-1836)
« Im Winde, im Sturme befahr ich den Fluß,
Die Kleider durchweichet der Regen im Guß ;
Ich peitsche die Wellen mit mächtigem Schlag,
Erhoffend, erhoffend mir heiteren Tag.
Die Wellen, sie jagen das ächzende Schiff,
Es drohet der Strudel, es drohet das Riff.
Gesteine entkollern den felsigen Höh’n,
Und Tannen erseufzen wie Geistergestöhn.
So mußte es kommen, ich hab es gewollt,
Ich hasse ein Leben behaglich entrollt ;
Und schlängen die Wellen den ächzenden Kahn,
Ich priese doch immer die eigene Bahn.
Drum tose des Wassers ohnmächtiger Zorn,
Dem Herzen entquillet ein seliger Born,
Die Nerven erfrischend – o himmliche Lust,
Dem Sturme zu trotzen mit männlicher Brust. »
« Dans le vent et la tempête je traverse la rivière,
La pluie coule sur mes vêtements ;
Je fouette les vagues avec de mes coups redoublés,
Espérant quelque jours meilleurs.
Les vagues chassent mon bateau qui gémit,
Les tourbillons se font menaçants, les récifs le guettent.
Des rochers dévalent des falaises,
Et les sapins soupirent comme des fantômes à l’agonie.
C’est ainsi que cela devait être, je l’ai voulu,
Je hais la vie facile ;
Et même si les vagues mordent mon bateau,
Je préfère mon propre destin.
Qu’elle gronde la colère impuissante de l’eau,
De mon cœur jaillit une source de grâce,
qui apaise mon coeur – Ô plaisir céleste,
Défier la tempête avec un cœur d’homme. »
« La vision comparative que Mayrhofer donne du paysage du fleuve en amont de Vienne reflète exactement, et aujourd’hui encore, le caractère de cet endroit. »
Dietrich Fischer-Diskau, Les lieders de Schubert, Diapason Robert Laffont, Paris, 1977
Lied eines Schiffers an die Dioskuren, D. 360, opus 65 n°1, texte de Johann Mayrhofer : https://youtu.be/vx8HICw2xKk
SERESS, Rezső/Rudolf Spitzer (1899-1968)
Pianiste, compositeur, artiste de théâtre, cirque (trapéziste) et de bar-restaurant, appartenant à la communauté juive de Budapest au destin tragique. Il est emprisonné avec sa mère dans un camp de travail pendant la seconde guerre mondiale par les nazis. Seress Rezső survit à Budapest dans une grande pauvreté malgré le succès de certaines de ses chansons et se suicide à l’âge de 68 ans. Sa chanson la plus célèbre « Szomorú Vasárnap » (« Sombre dimanche« ), ou « Gloomy sunday » reprise en anglais par Paul Rebeson en 1940 et chantée également par Billie Holliday, intitulée initialement « Vége a Világnak » (« The end of the World« ) sur les paroles de son ami le poète hongrois László Jávor et écrite pendant un séjour à Paris en 1933, fut injustement accusée d’être à l’origine de nombreux suicides dans le Danube. La chanson est utilisée par plusieurs cinéastes dont Steven Spielberg (« La liste de Schindler »), Abel Ferrara, Sally Poter, Daniel Monzón… Elle a également été interprétée depuis par de nombreux chanteurs parmi lesquels Serge Gainsbourg (paroles de Jean Marèze et François-Eugène Gonda), Claire Diterzi, Sanseverino, Ray Charles, Björk, Loreena McKennit, Sarah Vaughan… https://youtu.be/f4tQ2o3dp6Y
STOICAN, Ioan Petre (1930-1994) Musicien traditionnel roumain (lăutari), violoniste né à Olteniţa, port roumain danubien de la rive gauche.
SIEBERT, Adolphe (1899-1991) Chef d’orchestre autrichien. Il fait ses études et vit à Vienne jusqu’en 1938. Ayant la réputation d’infatigable travailleur, il se consacre aux opérettes et aux valses viennoises. Il émigre ensuite en France et travaille pendant 25 ans pour France-Musique en tant que producteur. Comme chef d’orchestre, il dirige sa propre formation et devient le premier chef permanent de l’orchestre lyrique de la radiodiffusion française. A. Siebert était féru d’opérettes viennoises et de valses autrichiennes. L’essentiel de sa discographie est consacré à ce répertoire.
A. Siebert anime régulièrement au cours des années 70 des émissions sur France-Musique, émissions intitulées « Du Danube à la Seine » puis « Concert Promenade » jusqu’en 1991 émission qui a choisi pour indicatif « Un café viennois » du compositeur Robert Stolz.
SOUSA, John Philip (1854-1932) Across the Danube, marche (1877)
Musicien, chef d’orchestre et d’harmonies militaires américain d’origine portugaise des Açores et espagnol par son père et bavaroise par sa mère. Après avoir dirigé la United States Marines Band, il forme son propre orchestre à vent le Sousa’s band et se verra attribué le surnom du « Roi de la marche ». Il existe également un arrangement de cette oeuvre pour piano par Winner Septimer (1827-1902) publié la même année. https://youtu.be/505yrNo5RV8
STOLZ, Robert, (1880-1975) Drei von der Donau (Les trois du Danube), opérette créée à Vienne en 1947, livret de Robert Gilbert (1899-1978) et Rudolf Österreicher ( ), d’après le poème magique en trois actes de Johann Nestroy (1801-1862) « Der böse Geist Lumpacivagabundus oder Das liederliche Kleeblatt » (1933)
Träume an der Donau (Rêveries au bord du Danube), opus 662, RSWV 520, lieder pour voix et orchestre :
« Träume von Linz an der Donau Trage ich heimlich bei mir Ich kann Linz nicht vergessen Kann mich nicht trennen von hier Träume von Linz und der Donau Lassen erklingen mein Herz Denk an die schönen Stunden Denk an den Pöstlingberg
Mühlviertler Land Mein Heimatland Wie lieb ich dich Schönes Voralpenland Mühlviertler Land Mein Heimatland Ich bleib dir treu Mein geliebtes Donauland »
Compositeur prolifique et chef d’orchestre autrichien originaire de Graz (Styrie), considéré comme le dernier représentant de la valse viennoise et de l’âge d’argent de l’opérette. R. Stolz a également écrit de nombreuses musiques de films y compris pendant son séjour au États-Unis où il avait du émigré en 1938 et où il conquit, en tant qu’ambassadeur de la musique viennoise, Broadway. Il revint à Vienne après la guerre (1946) et compose presque jusqu’à la fin de sa vie laissant une oeuvre considérable d’environ 50 opérettes, une centaine de musiques de film et de nombreuses pièces dont le succès ne s’est pas démenti jusqu’à aujourd’hui. Ses domaines de prédilection étaient ceux de la « petite » opérette agréable et amusante et de la chanson viennoise. Sa musique est avant élégante, pétillante et toujours d’une grande expressivité. Comme chef d’orchestre, il fut un infatigable interprète des oeuvres de la dynastie Strauss, Joseph Labitzky, Franz von Suppé, Joseph Lanner, Carl Michaël Ziehrer…
« Si je ne ressens rien dans mon coeur, la musique n’atteindra pas les auditeurs ; on ne convainc que si l’on ressent et croit soi-même. Mon plus grand souhait, c’est que mes mélodies continuent de vivre dans le coeur des hommes. Je saurai alors que j’aurai accompli ma tâche et que ma vie n’aura pas été inutile. »
Robert Stolz
« Du sollst der Kaiser meiner Seele sein… », Une des plus belles mélodies de R. Stolz chanté par la soprano autrichienne Angelika Kirschläger
STADLER Maximilien, abbé (1748-1833) Pianiste, compositeur, musicographe, ami de, Haydn, Mozart, Beethoven et Schubert,
prieur de l’abbaye bénédictine de Melkde 1784 à 1786
STRAUSS, Johann, père (1804-1849) STRAUSS, Johann II ou fils (1825-1899) STRAUSS, Josef (1827-1870) STRAUSS, Edouard (1835-1916)
Donaulieder, valse opus 127 (Johann Strauss I/père) An der schönen blauen Donau (Sur le beau Danube bleu), valse opus 314 (Johan Strauss II/fils) Vom Donaustrande (De la grève du Danube), polka tirée de l’opérette Carnaval à Rome, opus 356 (Johann Strauss II, 1873) Donauweibchen (La nymphe du Danube), valse opus 427 sur des mélodies de l’opérette Simplizius (Johann Strauss II) Am Donaustrand (Sur la grève du Danube), improvisation pour voix et piano (Johann Strauss II)
On trouve également parmi les autres titres des valses, danses et autres oeuvres de la famille Strauss de nombreuses évocations des grands fleuves comme Die Lorelei – Rhein Klänge, valse opus 154 (J. Strauss I), Die Moldauerklänge, (J. Strauss I), Die Lava – Ströme, valse (J. Strauss II), Wellen und Wogen, Sirenen (J. Strauss), Neva, polka (J. Strauss), An der Moldau, polka française de l’opérette La Chauve – souris (J. Strauss II), An der Wolga, polka-mazurka opus 425 (J. Strauss II), An der Elbe, valse opus 477 (J. Strauss II).
Johann Strauss I
Johann Strauss I (Johann Strauss père) est un compositeur autrichien qui contribue à populariser le genre de la valse avec son ami Joseph Lanner et son rival Carl Michaël Ziehrer. Ils établissent les bases d’un genre musical qui permettront à ses fils de fonder une véritable dynastie. On peut citer, parmi ses oeuvres les plus populaires, la Marche de Radetzky et la valse de la Lorelei Rheine Klänge.
Johann Strauss (I) est le père de Johann Strauss (II), Josef Strauss et Eduard Strauss, de deux filles, Anna, née en 1829 et Thérèse née en 1831. Son fils, Ferdinand, né en 1834, décède à l’âge de dix mois.
Les parents de Johann Strauss I, tenaient une auberge pour les bateliers à proximité d’un bras du Danube. Sa mère meurt brutalement lorsqu’il a 7 ans. Cinq ans plus tard c’est son père qui se noie lors d’une inondation d’une Danube. Sa belle-mère cherche alors à placer le jeune garçon comme apprenti chez un relieur, Johann Lichtscheidl. Il prend des leçons de violon et d’alto en complément de son apprentissage qu’il termine en 1822. J. Strauss I étudie en parallèle la composition avec Johann Polischansky et obtient une place dans l’orchestre local d’un certain Michael Pamer. Il quitte cette formation pour rejoindre un quatuor à cordes connu sous le nom de « Quatuor Lanner ». C’est un ensemble de chambre formé par un rival potentiel, Joseph Lanner et les frères Karl et Johann Drahanek. Ce quatuor à cordes qui joue des valses viennoises et des danses populaires allemandes se transforme en un petit orchestre à cordes dès 1824.
Johann Strauss I prend la direction de cette formation à l’issue du carnaval de la même année assurant en même temps la direction d’un second orchestre plus réduit, formé en raison du succès du premier. En 1825, il décide de créer son propre ensemble et commence à composer après avoir réalisé qu’il peut aussi s’inspirer du succès de son rival afin de mettre fin à ses propres problèmes financiers. Il se place dès lors en concurrent officiel de Lanner et devient rapidement un des plus célèbres compositeurs de danses à Vienne. Il part en tournée avec son orchestre en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Angleterre et en Écosse.
Lors d’un voyage en France en 1837, J. Strauss I entend un quadrille et, séduit par cette danse, commence immédiatement à en écrire. Puis il importe cette danse en Autriche lors du carnaval de 1840, événement à partir duquel elle devient populaire. Son voyage en France démontre l’extraordinaire audience de la musique de J. Strauss dans les différents milieux sociaux. Son projet ambitieux de jouer sa musique en Angleterre à l’occasion du couronnement de la reine Victoria en 1838 se réalise.
Le compositeur se marie avec Maria Anna Streim en 1825 dans la paroisse de l’église de Liechtenthal à Vienne. Ce mariage est relativement instable, en raison de ses absences prolongées, de ses fréquentes tournées à l’étranger. Il prend une maîtresse, Émilie Trambusch, avec laquelle il aura huit enfants. Cette situation a probablement marqué les premières compositions de son fils Johann alors que son père avait formellement interdit à ses enfants de prendre des cours de musique. Avec la déclaration de paternité d’une fille née de sa liaison avec sa maîtresse, sa femme demande le divorce en 1844. Elle permet à son fils Johann de poursuivre activement sa carrière musicale.
En dépit de ses problèmes familiaux, Johann Strauss I continue à effectuer de nombreux voyages dans les îles britanniques, demeurant toujours prêt à écrire de nouvelles oeuvres pour des organisations de charité. Ses valses s’inspirent de danses populaires et sont précédées d’une courte introduction avec peu voire même sans lien avec la structure précédente. Elles sont généralement suivi d’une courte coda et d’une conclusion agitée. Johann Strauss junior, quant à lui, développera et étoffera la structure de la valse, utilisant pour sa musique un nombre d’instruments plus conséquent que les oeuvres de son père.
J. Strauss I est parmi les premiers compositeurs avec Joseph Lanner, à composer des oeuvres en leur donnant des titres individuels, comprenant qu’il est indispensable de rendre ses compositions immédiatement reconnaissables et d’en garantir par la même occasion un succès éditorial et durable. Il est aussi un des premiers musiciens à défendre, à l’occasion de ses concerts dans la salle de bal Sperl de Vienne, le principe de collecter un droit d’entrée fixe.
J. Strauss I meurt à Vienne en 1849. Il est d’abord enterré au cimetière de Döbling aux côtés de son ami et rival Joseph Lanner. En 1904, leurs dépouilles sont transférées dans les tombes d’honneur du cimetière central de Vienne. L’ancien cimetière de Döbling porte désormais le nom de parc Strauss-Lanner.
Berlioz lui-même dit du « Père de la Valse Viennoise » que « Vienne sans Strauss c’est comme l’Autriche sans le Danube ».
Le Monument à Johann Strauss dans le Parc municipal (Stadtpark) de Vienne
Johann Strauss II (junior)
Ach, welch ein Leben !
klar und helle,
wie die Welle
sprudelt es dahin !
Frauen und Reben,
herbe, wilde,
süsse, milde,
duften hier und blüh’n !
Zieht dich die Zaubermacht
lieblicher Augenpracht
hin an den Strand der Donau,
ja, da gibt es kein Entflieh’n !
Ah, quelle vie !
claire et transparente,
telle une vague
elle pétille jusque là-bas !
Femmes et vignes,
austères, sauvages,
suaves, douces,
embaument ici et fleurissent !
Le pouvoir magique
de la charmante splendeur des yeux
attire sur la grève du Danube,
oui, impossible de s’y soustraire !
Am Donaustrand (Sur la grève du Danube), improvisation pour voix et piano.
Texte de Ignaz Schnitzler (1939-1921), librettiste de l’opérette Le baron tsigane (1885)
Publié comme supplément dans le premier cahier de la revue viennoise An der schönen, blauen Donau du 15 janvier 1886.
Cette petite pièce divertissante contient des extraits de la valse du Beau Danube bleu opus 314 (première partie) et de la valse des Femmes viennoises opus 423. Le manuscrit de cette oeuvre a malheureusement été perdu.
Johann Strauss II (fils ou junior) a souvent joué les oeuvres de son père déclarant ouvertement son admiration pour sa musique malgré leur rivalité, rivalité entretenue par la presse d’alors. Johann Strauss père refusa par contre de se produire au Casino Dommayer où son fils avait débuté. Il contraria même ses débuts de carrière mais il fût vite relégué au second rang derrière son fils en terme de popularité.
« Il n’est pas dans mes intentions de me mesurer avec insolence au génie de mon père. »
« Je suis certain que mon père dans la tombe se réconciliera avec moi si je sais prouver que je ne suis pas indigne de ma profession d’artiste. »
« C’est étrange mais votre musique reste aussi jeune que vous. Après tant d’années, elle n’a pas pris une ride. »
Propos de l’empereur François-Joseph de Habsbourg à propos de la musique de Johann Strauss fils.
Polka Von Donaustrande, tirée de l’opérette le Carnaval de Rome et interprétée par la soprano autrichienne Andre Kirschlager
À propos de la valse du Beau Danube bleu…
Johann Strauss junior a 42 ans lorsque, à la demande du directeur de l’association chorale de Vienne, il compose sa valse du Beau Danube bleu. Les premières paroles sont médiocres mais de circonstances.
Lors de l’exposition universelle de Paris de 1867 Johann Strauss est invité à l’ambassade d’Autriche. On lui demande d’ajouter une valse à son programme musical. Il fait acheminer de Vienne la partition du Beau Danube bleu et obtient avec cette nouvelle version un tel triomphe que les éditeurs viennois, dans les semaines qui suivent, ne parviennent qu’avec difficulté à répondre à la demande. Le beau Danube bleu se constitue de cinq valses qui s’enchaînent, toutes précédées d’une introduction. Elles se concluent par une coda, correspondant ainsi au plan habituel fixé par les Strauss.
L’atmosphère magique qui se dégage de ce morceau tient à plusieurs éléments :
– une orchestration irréprochable et raffinée, utilisant dans l’introduction les sonorités des cors extrêmement enveloppantes et «romantiques», très proches de celles de Brahms et de la grande tradition romantique viennoise.
– le thème de la première valse qui s’impose par son dessin d’une grande souplesse, permettant de donne une grande unité à l’œuvre. Il apparaît dès l’introduction, et revient textuellement dans la coda.
– les nombreux changements de tonalités d’une valse à l’autre (et au sein de chacune) évitent subtilement l’impression de répétition.
Le Beau Danube bleu (deuxième version du texte)
Danube bleu
Si, comme un dieu,
On t’a chanté,
Coeur exalté,
C’est que tes flots,
Rires ou sanglots,
Portent la vie et l’amour
Tout le long de ton parcours !
Quand vient le printemps,
Tu vois en passant
La Bavière
Tout entière,
En couples heureux,
Sous l’effet joyeux
De la bière,
Vivre, ardente, sous tes yeux.
Et même au lointain,
L’écho des refrains,
De tes rives
Nous arrive
On boit et l’on rit !
Sous un ciel exquis,
Tout avive
Le bonheur des coeurs épris !
Mais la forêt magique,
Les soirs mélancoliques,
En de sombres musiques,
A ceux de tes flots mêlent ses bruits !
Et lorsque tes eaux grondent,
Les sapins te répondent
Et leurs voix se confondent
En un chant tragique, dans la nuit
Alors dans certains vieux manoirs,
On voit glisser des ombres
Ce sont des fantômes en nombre
Venant les revoir !
Légendes de tristesse,
L’esprit plein de détresse,
De vous fuir on se presse,
Car plus loin, bientôt voici l’espoir !
Voici Vienne, à l’accueil prometteur !
Salut, Vienne, au séjour enchanteur !
Voici la volupté, le désir,
La joie et le plaisir !
Enlacés passionnément,
Voici tous les amants,
Valse de Vienne,
Qui dansent éperdument
Sur tes airs prenants
De magicienne !
Arrêtons-nous un peu,
Ecoutons les aveux
Perdons la tête !
C’est du fleuve d’amour, du beau Danube bleu,
La fête !
Ô vous, les tziganes rêveurs,
Aux chants berceurs,
Pleins de douceurs,
Suivez d’un archet merveilleux
Son rythme mystérieux !
Follement,
Tendrement,
Dans l’ivresse
Des caresses.
Jouez et chantez !
Inventez
De nouveaux refrains,
Sans souci des lendemains !
Car le Danube va suivre son cours,
Comme le bonheur, il passe… il court !
Il emporte tout avec lui,
Vers d’autres destins, il s’enfuit !
Les matins,
Gardant des tons incertains,
Il reflétera l’azur
Au midi d’un ciel pur !
Mais le soir,
Il entendra les noirs
Sons tristement cadencés,
Les plaintes des amants délaissés !
Mais va… va… toujours
Au fil des jours !
Qu’importent
Ceux que tu fais pleurer !
D’autres, sur tes bords,
Viendront s’adorer !
Danube bleu
Si, comme un dieu,
On t’a chanté
Coeur exalté.
C’est que tes flots
Rires ou sanglots,
Portent la vie et l’amour
Tout le long de ton parcours !
Le Beau Danube bleu et les sirènes du Danube L’écrivain Ödon von Horváth (1901-1938), auteur qui fut qualifié de « dégénéré » par les Nazis et dont ils brûleront les livres en 1933, fait à sa manière la « part belle » aux Valses de Johann Strauss et en particulier à celle du Beau Danube bleu dans sa pièce Légendes de la forêt viennoise (Geschichten aus dem Wienerwald, 1931). Cette pièce met en scène un groupe de petits-bourgeois et commerçants du quartier viennois de Josefstadt, qui, déshabillés brutalement de leur verni comportemental et social superficiel, sont livrés à leurs attirances pulsionnelles. Le kitsch s’invite à tous les niveaux et triomphe au milieu de cette farce tragicomique danubienne cruelle. Les protagonistes sont emmenés dans un épilogue pathétique au paroxysme de leurs trivialité. Revenant comme des refrains déchus tout au long de la pièce, les valses de Strauss qui ont symbolisé « la gaieté et l’insouciance, ainsi que le rayonnement culturel de Vienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle, « appartennant à un âge d’or idéalisé entrent en collision avec les comportements triviaux des petits-bourgeois horvathiens : Le Beau Danube bleu est joué (massacré) par un misérable orchestre de bar et sert « de toile de fond au numéro de « trois filles à moitié nues, les jambes prises dans une queue de poissons » qui sont supposer figurer « les sirènes du Danube ». La valse est réduite à l’état d’ornement dans un tableau de mauvais goût : à l’esthétique se substitue le pornographique. »1
STRAUSS, Richard (1864-1949) Die Donau, poème symphonique opus 291, TrV 284 (fragments) pour grand orchestre choeur et orgue, 1941
Dernier poème symphonique du prolifique compositeur et chef d’orchestre allemand. L’oeuvre est inachevée. On connaît environ 400 mesures composées par Strauss pour Die Donau.
Un manuscrit musical autographe de la partition, quinze mesures à l’encre noire sur deux systèmes, les sept premières de quatre puis les huit suivantes de trois portées. Celui-ci fut proposé aux enchères à Paris, salle Drouot il y a quelques années…
STRECKER, Heinrich (1893-1981)
« Drun’t in der Lobau » (« En bas dans la Lobau« )
Cette chanson (slow fox-trot) opus 290 extraite du merveilleux répertoire de mélodies populaires viennoises, écrite en 1927 par H. Strecker, prolifique compositeur viennois d’opérettes et de « Wiener lieder » (son opus comporte plus de 350 oeuvres). Les paroles sont d’Aloïs Eckhardt et de l’écrivain et librettiste Fritz Löhner Beda (Bedřich Löwy, 1883-1942) originaire de Moravie du Nord, collaborateur de Franz Lehar (« Le pays du sourire« ) qui fut arrêté et emprisonné à Buchenwald en 1938 puis assassiné en 1942 à Auschwitz.
Heinrich Strecker lui survécut près de quarante ans. Une ombre sinistre plane malheureusement au-dessus de lui : il fut membre dès 1933 et jusqu’en 1945 du NSDAP, le parti pro-nazi. Certaines de ses oeuvres témoignent tristement de ses convictions politiques à cette époque.
Une version de cette chanson interprétée (chanté et sifflée !) par le ténor Marino van Wakeren : https://youtu.be/8z-CEAwMJeI
SUCHOŇ, Eugen (1908-1993) Compositeur, pianiste, improvisateur, un des grands représentants de la musique slovaque du XXe siècle. Né dans une famille de musiciens, il montre des aptitudes pour la musique très jeune. Après avoir étudié au Conservatoire de Prague, il enseigne à l’Université Comenius puis au Collège de musique et d’art dramatique de Bratislava. Son opéra Krútňava (« le Tourbillon », 1949) constitue le premier ouvrage lyrique de la nation slovaque.
SUPPE, Franz von(1819-1895) Dolch und Rose oder das Donaumädchen (Dolch et Rose ou la jeune fille du Danube), musique de scène, 1844
Création à Vienne au Théâtre de Josefstadt le 30 novembre, livret de Franz Xaver Told.
Compositeur né en Dalmatie à Split (Spalato), alors dans l’Empire autrichien et mort dans la capitale autrichienne.
SÜSS, Rudolf (1872–1933) Prêtre et compositeur, surnommé « le chantre de la Wachau ».
TEIKE, Carl Albert Hermann (1864-1922) Am Donaustrand, marche (1883 ?)
Corniste et hautboïste, chef d’orchestre militaire et compositeur allemand actif à Ulm dans les années 1880. Son oeuvre Am Donaustrand est sa première marche.
VIVALDI, Antonio (1678-1741) Il n’existe évidemment aucun lien connu entre Vivaldi et le Danube. Le prolifique compositeur et prêtre vénitien part à Vienne à la fin de sa vie en 1740, peut-être à l’invitation de l’empereur Charles VI (1711-1740), grand mélomane, admirateur du compositeur et père de la future impératrice Marie-Thérèse. Avec la mort de Charles VI, le 20 octobre, Vivaldi, qui loge dans une maison près du « Kärtnertortheater » (Théâtre de la porte de Carinthie) se retrouve sans soutien et dans une situation précaire. Souffrant de problèmes pulmonaires depuis déjà longtemps, âgé de soixante-deux ans, démuni, il meurt le 27 ou le 28 juillet 1741. Un service funèbre a lieu à la cathédrale Saint-Étienne le 28 juillet. Joseph Haydn, alors âgé de 8 ans, a-t-il participé à la cérémonie en tant que jeune chanteur dans la maîtrise de la cathédrale dirigée par Johann Georg Reutter (1708-1772) ? La réponse n’est pas connue.
La maison où logeait le compositeur a été détruite en 1858 à l’occasion des grands travaux d’urbanisation de la capitale autrichienne. Une modeste plaque commémorative a été apposée « Karlgasse » pour le trois-centième anniversaire de sa mort sur les murs de l’Université technique, à l’emplacement du cimetière de l’ancien hôpital municipal de Vienne dans lequel le prodigue musicien vénitien fût enterré.
VOLKMANN, Robert (1815-1883) Visegrád, 12 musikalische Dichtungen (12 poèmes musicaux), Op. 21 Der Schwur, Waffentanz, Beim Bankett, Minne, Blumenstück, Brautlied, Die Wahrsagerin, Pastorale, Das Lied can Helden, Der Page, Soliman, Am Salomonsthurm – Élegie
WERNER, Gregor Joseph (1693-1766) On sait peu de choses sur la formation musicale de ce musicien, né à Ybbs-sur-le-Danube (Basse-Autriche). Il occupe le poste d’organiste à l’abbaye bénédictine de Melk de 1715 à 1716 (ou év. jusqu’en 1721) puis séjourne à Vienne dans les années 1720, période pendant laquelle il étudie avec le compositeur de la cour Johann-Joseph Fux. En 1728, il prend le poste de maître de chapelle à la cour des princes Esterházy, au château d’Eisenstadt. L’arrivée du compositeur ouvre une nouvelle ère pour la chapelle musicale après sept années d’inactivité relative liée à la mort du prince Joseph en 1721 et la volonté de sa veuve de faire des économies dans les dépenses. Les musicologues Robbins Landon et Jones suggèrent que Werner pourrait avoir été engagé à l’instigation du prince Pal-Anton, alors âgé de 17 ans.
Werner compose abondamment pour la chapelle princière et fait venir de nouvelles oeuvres interprétées à la cour de Vienne avec l’assentiment de son employeur féru de musique et lui-même instrumentiste et compositeur. Ses activités de maître de chapelle prennent fin en 1761 sauf pour la musique d’église. Werner meurt à Eisenstadt le 3 mars 1766. Il semble que ses relations avec Joseph Haydn qui lui succèdera chez les Eszterházy n’aient pas été des plus cordiales.
Ses fonctions musicales l’ont conduit à écrire des messes a cappella dans un style contrapuntique austère, une vingtaine d’oratorios composés pour le Vendredi saint, de la musique d’église avec accompagnement instrumental et des symphonies. Le musicologue Jones discerne chez Werner deux manières d’écrire différentes, la plupart des œuvres suivant un style strictement contrapuntique, une minorité employant un idiome nettement plus intime, faisant appel à des éléments de la musique folklorique.
Quelques œuvres du compositeur ont été publiées de son vivant notamment sa série de douze suites orchestrales suivant les douze mois de l’année « Neuer und sehr curios-Musicalischer Instrumental-Calender » (« Nouveau et très curieux calendrier d’instruments de musique »), imprimée à Augsbourg en 1748. Des manuscrits ont été retrouvés s dans la collection de la Bibliothèque Országos Széchényi Könyvtár de Budapest ainsi que dans les archives publiques de Győr.
WALDTEUFEL, (Charles)-Emile (1837-1915) Les sirènes, valse (1878)
Orchestration de la valse de Josif Ivanovici Les flots du Danube (1886)
Compositeur, pianiste et chef d’orchestre français né à Strasbourg dans une famille de musiciens. Il étudie le piano avec sa mère, d’origine bavaroise puis intègre la classe d’Adolphe Laurent au Conservatoire de Paris. Nommé pianiste de la cour de Napoléon III en 1865 il devient ensuite puis directeur des bals nationaux dont il dirige la musique à Paris et en province. Le compositeur se marie avec la cantatrice Célestine Dufau en 1871. Après la guerre de 1870, on le présente au prince de Galles (futur Edouard VII), ce qui lui permet de faire connaître ses oeuvres en Angleterre, en particulier ses valses qui sont éditées. Son audience s’élargit en Europe et au-delà, il dirige à Berlin, Paris reçoit une invitation à se produire à New York mais la décline.
Émile Walteufel est chargé de réaliser en 1886 la version pour orchestre de la valse de Josif Ivanovici Les flots du Danube.
Waldteufel n’est pas directement lié au Danube mais il peut être considéré comme l’un des plus grands compositeurs de valses après la famille Strauss et Carl Michaël Ziehrer. Il en a écrit plus de 180.
WEBERN, Anton (1883-1945) Compositeur et chef d’orchestre autrichien né à Vienne. D’abord élève en piano, violoncelle et théorie avec Edwin Komauer, il fait ensuite des études de philosophie et de musicologie à l’université de Vienne. En 1906, il y termine sa thèse de doctorat et manifeste son intérêt pour la polyphonie ancienne et ses jeux d’écriture. Webern commence à composer, sans doute sous l’influence de Wagner. Sa rencontre avec Arnold Schoenberg, dont il devient le premier et le plus dévoué disciple, est décisive. Avec son condisciple et ami Alban Berg, il forme le premier cercle des élèves de Schoenberg, et va suivre l’évolution stylistique de son maître, de l’atonalité à la dodécaphonie, ajoutant à chaque fois un degré de radicalité supplémentaire aux inventions théoriques de Schoenberg. De 1908 à 1914, Webern est chef d’orchestre à Vienne et en Allemagne. Il compose en 1909, les Six Pièces pour orchestre opus 6, qui sont sa seule pièce pour grande formation. En 1913-1914, s’ouvre la période des oeuvres brèves : on peut parler d’expressionnisme de la concision. Entre 1917 et 1921 sont écrits de nombreux cycles pour voix. Le compositeur renonce à l’accompagnement pianistique pour le petit ensemble ou la clarinette qu’il affectionne particulièrement. De 1927 à 1938, il est chef d’orchestre à la Radio autrichienne de Vienne mais la montée du nazisme bouleverse sa vie : sa musique est assimilée à de « l’art dégénéré ». Schoenberg s’est exilé, Berg meurt en 1935 et Webern reste seul dans la ville, perdant ses emplois de musicien. À la fin de la guerre un soldat américain le tue, à la suite d’un tragique méprise, alors que le compositeur sortait fumer un cigare à l’extérieur, malgré le couvre-feu, à la suite d’un repas chez son gendre. Son oeuvre sera redécouverte très rapidement par les musiciens de la génération de 1925 : Boulez, Maderna, Nono, Stockhausen, Pousseur… qui fonderont à leur tour « l’École de Darmstadt » et le « sérialisme intégral » sur les techniques de composition mise au point par Webern pendant l’entre-deux-guerres. Le pointillisme et la concision, caractéristiques de l’écriture webernienne, seront également systématiquement imités par les jeunes compositeurs des années 1950, qui ont longtemps tenu Webern pour le plus important des trois viennois.
Sources :
Ircam – Centre Pompidou, 2005
WEINER, Léo (1885-1960) Toldi, poème symphonique
Compositeur hongrois, né et mort à Budapest. Il fut professeur de composition au Conservatoire de la capitale hongroise.
WERNER, Joseph Gregor (1693-1766)
Compositeur né à Ybbs-an-der-Donau (Basse-Autriche). En 1728 il devient maître de chapelle du prince P. A. Esterházy. À partir de 1761, il fut assisté par Joseph Haydn, le vice-maître de chapelle, ce qui provoqua des tensions et une pétition de Werner. (1765). La solution consista finalement à diviser la chapelle en un ensemble d’église dirigé par Werner et un ensemble de chambre dirigé par Haydn. En 1804, Haydn arrangea six fugues avec des introductions tirées des oratorios de W. pour quatuor à cordes.
WIA ZWA (groupe) Oide Donau(Alte Donau)
En dialecte viennois « alte » se dit « oide ». Une des récentes chansons du groupe austropop viennois Wia Zwa. www.youtube.com/watch?v=Yp8F1Nz2g98
Poème symphonique composé en 2020, enregistré en 2021 et créé le 3 novembre en 2022 à Vienne.
L’idée de la symphonie est née en 2019 lors d’une promenade commune du compositeur Frank Wildhorn et de l’entrepreneur et producteur de musique Walter Feucht à Ulm, au bord du Danube. Feucht a alors demandé à Wildhorn d’écrire une oeuvre dédiée au Danube. La symphonie du Danube a été composée en grande partie à Hawaï en 2020 puis elle a été enregistrée par l’Orchestre symphonique de Vienne en avril 2021. La première de l’oeuvre a eu lieu le 3 novembre 2022 dans la salle du Musikverein avec l’Orchestre symphonique de Vienne placé sous la direction de Koen Schoots. La symphonie se compose de neuf mouvements et dure environ une heure. Mouvements :
La voix du Danube
Un nouveau printemps s’annonce
Un millénaire dans la vie du Danube
Rhapsodie d’un amoureux
Souvenirs d’un été viennois
Romance d’automne
Procession des héros
Chanson pour mon père
Couleurs de l’hiver – Finale
La musique elle-même est une œuvre classique, à la fois moderne et respectueuse des traditions, elle rend hommage à l’histoire d’un cours d’eau qui a presque tout connu. Entre le romantisme de Sissi et les affres des nombreuses guerres, la symphonie décrit un printemps agréablement fleuri ou un été viennois dansant la valse, l’ambiance des marches héroïques, en bref une histoire du Danube, plutôt de celle des hommes qui habitent sur ses rives et qui se déroule au fil du temps. Ce sont les vicissitudes qui constituent l’univers émotionnel de la Symphonie du Danube. L’oeuvre évoque aussi des œuvres d’art cinématographiques ainsi des souvenirs personnels, explore l’inconnu tout en se référant à ce qui est proche, invitant l’auditeur à la dérive de la Forêt-Noire jusqu’à la mer Noire.
Le compositeur américain Frank Wildhorn est à l’origine de succès de grands noms comme Whitney Houston, Sammy Davis Jr., Liza Minelli… C’est aussi le premier compositeur américain dont trois spectacles ont été présentés simultanément à Broadway.
Discographie
Orchestre symphonique de Vienne sous la direction de Koen Schoots, Hit Squad / MG Sound, ISBN/GTIN 9120006684422
XENAKIS, Yannis (1922-2001) Compositeur, architecte, ingénieur né dans la communauté grecque de Brǎila (Roumanie)
Il se réfugie en France et travaille avec Le Corbusier comme ingénieur puis poursuit ses recherches musicales avec le soutien d’Oliver Messiaen en s’intéressant à de nouveaux champs musicaux, spatiaux et acoustiques. Son héritage musical de plus de 150 oeuvres est considérable.
ZAWINUL, Joe (1932-2007) Symphonie Stories of the Danube, 1993
Musicien autrichien talentueux et éclectique, d’origine hongroise, tchèque et tsigane, fondateur avec Wayne Shorter et Miroslav Vitous du groupe légendaire de jazz-rock « Weather Report ».
Sa symphonie Stories of the Danube (1993) est une commande de la « Brucknerhaus » de Linz (Haute-Autriche). L’oeuvre a été créé la même année pour l’ouverture du Festival Bruckner de la ville.
ZIEHRER, Carl Michaël (1843-1922) Gruss an Pest (Salut à Pest), polka opus 140 Stromabwärts (En aval) valse, opus 141 Wacht an der Donau! (Veille sur le Danube !), marche opus 385 Donausegen (valse) opus 446 Von der Donau zur Spree (Du Danube à la Spree), valse opus 502
Compositeur et chef d’harmonies militaires né à Vienne. Son père finance ses études au conservatoire de la capitale autrichienne. Il suit les cours dans cette institution du grand théoricien de la musique, compositeur et organiste Simon Sechter (1788-1867) qui fut également le professeur d’Anton Bruckner. L’éditeur viennois Haslinger l’engage pour diriger les concerts à la salle de Diane après un échec financier avec Johann Strauss fils (1863). En 1870, C. M. Ziehrer accepte, durant trois années, le poste de chef de l’harmonie du 55ème régiment d’infanterie, forme ensuite un orchestre pour l’Exposition Universelle de Vienne de 1873 puis fonde un journal musical (1874) et dirige une nouvelle harmonie militaire (1875-1877). À la suite d’un conflit avec Édouard Strauss pour le nom de son orchestre, il part diriger en Allemagne et en Europe de l’Est. En 1893, C. M. Ziehrer représente l’Autriche à l’Exposition Universelle de Chicago et poursuit par une grande tournée américaine.
C. M. Ziehrer participe également à la création du Wiener Tonkünstler Orchestra, formation qui donnera naissance à l’Orchestre Symphonique de Vienne. L’empereur François-Joseph de Habsbourg lui confiera la direction des bals de la cour impériale dont le dernier a lieu sous sa direction en 1914. C’est le seul directeur de cette prestigieuse institution qui n’appartint pas à la famille Strauss.
Si ses opérettes, par leur aspect « régional » ont connu un retentissement relativement limité à l’international, ses oeuvres instrumentales et ses lieder sont par contre parmi les plus réputés de ces genres musicaux. C.M. Ziehrer dont la carrière ressemble à celle de Johann Strauss père, excepté ses années où il déploya des activités en tant que chef d’harmonies militaires, fut le grand rival des fils de ce dernier.
Compositeur prolifique, il a écrit 23 opérettes, environs 210 polkas, 84 marches, plus de 130 valses, de nombreux pots-pourris et autres danses.
ZOBL, Wilhem (1950-1991) Donaulieder (Schachwalzer n°2), 1984
Compositeur autrichien de musique contemporaine.
Cette pièce de musique contemporaine pour un ensemble de 12 musiciens a été créée en 1985 à Hainburg an der Donau (rive droite, Basse-Autriche).
Les objectifs fondamentaux de l’activité de la Commission du Danube sont d’assurer et de développer la libre navigation sur le Danube pour les bateaux marchands battant pavillon de tous les Etats en conformité avec les intérêts et les droits souverains des Etats parties à la convention de Belgrade, ainsi que de resserrer et de développer les liens économiques et culturels de ces Etats entre eux et avec les autres pays.
Pays membres de la Commission du Danube : Allemagne, Autriche, Bulgarie, Croatie, Hongrie, Moldavie, Roumanie, Fédération de Russie, Serbie, Slovaquie et Ukraine. Pays observateurs : France, Italie, Pays-Bas et Turquie. Il est à noter que parmi les membres de la Commission du Danube, la Fédération de Russie (ex U.R.S.S.) n’a plus actuellement de territoires riverains du Danube suite à la proclamation de l’indépendance de l’Ukraine en 1991. Parmi les pays observateurs, seule la Turquie (ex empire ottoman) a intégré (occupé) une partie du Danube (Bas-Danube) du XVIe à la fin du XIXe siècle.
La Commission du Danube se fonde pour exercer ses activités sur une riche expérience historique en matière de réglementation de la navigation sur les fleuves internationaux européens et sur les meilleures traditions des commissions fluviales internationales, notamment la Commission Européenne du Danube instituée par le Traité de Paris de 1856.
Les perspectives de l’activité de la Commission du Danube sont liées à la mise en place en Europe d’un système unitaire de navigation des voies d’eau intérieures. Ceci étant, les directions prioritaires de l’activité de la Commission du Danube sont d’unifier les principaux documents normatifs nécessaires pour naviguer sur le Danube et sur d’autres secteurs du système unitaire de navigation, d’assurer la reconnaissance réciproque de ces documents, de contribuer à l’amélioration des conditions de navigation et à l’augmentation de la sûreté de la navigation et de créer d’autres conditions nécessaires de l’intégration du Danube dans le système européen en tant que voie de transport majeure.
Pour assurer une telle intégration, la Commission s’emploie activement à agir de concert avec des autorités compétentes internationales s’occupant de divers aspects du transport par voie d’eau intérieure, telles la Commission économique pour l’Europe de l’ONU, la Commission Centrale pour la navigation du Rhin, la Commission européenne, etc.
Pour augmenter le rôle de la Commission du Danube dans le cadre la coopération internationale en matière de navigation intérieure, les états faisant partie de la Convention de Belgrade travaillent à la modernisation de la Commission en lui conférant des attributions complémentaires et de nouvelles fonctions, de même que l’augmentation du nombre de ses membres. La France, la Turquie et l’Union Européenne ont d’ores et déjà manifesté le souhait de devenir membres de la Commission du Danube renouvelée. Cette ouverture pourrait se concrétiser par l’achèvement de la révision de la convention actuellement en cours.
« Vienne, Capitale de toute l’Autriche, & célèbre par la résidence qu’y ont fait depuis longtems les Empereurs. Elle tire son nom du Wien ou Widn, ruisseau qui coule à l’Occident de ses murs. Selon mes propres Observations (car je ne rapporterai que celles que j’ai faites moi-même), elle est au 48. degré & 14 minutes de Latitude. » Louis Ferdinand Marsigli (1658-1730), Comte de, Description du Danube, depuis la montagne de Kalenberg en Autriche, jusqu’au confluent de la rivière Jantra dans la Bulgarie, Contenant des Observations géographiques, astronomiques, hydrographiques, historiques et physiques ; par Mr. Le Comte Louis Ferd. de Marsigli, Membre de la Société Royale de Londres, & des Académies de Paris & de Montpellier ; Traduite du latin., [6 tomes], A La Haye, Chez Jean Swart, 1744
« Vienne est située dans une plaine, au milieu de plusieurs collines pittoresques. Le Danube, qui la traverse et l’entoure, se partage en diverses branches qui forment des îles très agréables ; mais le fleuve perd lui-même de sa dignité dans tous ces détours ; et il ne produit pas l’impression que promet son antique renommée. Vienne est une ville assez petite, mais environnée de faubourg très spacieux ; on prétend que la ville, renfermée dans les fortifications, n’est pas plus grande qu’elle ne l’était quand Richard Cœur de Lion fut mit en prison non loin de ses portes. »
Baronne Germaine de Staël, De l’Allemagne, Londres, 1813, Charpentier, Paris, 1839, préfacé par Xavier Marmier
« Dans un cercle formé par les Alpes nordiques, au milieu d’une plaine charmante où les montagnes abaissent doucement leurs sommets sur les bords d’un fleuve majestueux qui se divise en plusieurs bras pour mieux embellir la campagne, est située la ville célèbre dont nous avons fait connaître, dans le chapitre précédent, les différentes révolutions. Sa situation et ses édifices présentent en quelque sortes l’image du pays et du gouvernement dont elle est la capitale. En voyant les lignes prolongées de ses fortifications, et l’espace qui la sépare de ses faubourgs, on on peut juger qu’elle est le siège d’une cour militaire. En visitant le palais de ses souverains, dont l’extrême simplicité ne diffère pas de l’habitation d’un particulier, on se figure que ce gouvernement doit être paternel et économe. En admirant la multitude des beaux édifices, particulièrement des grands palais qui ornent ses places et ses remparts, on conçoit qu’une noblesse riche, magnifique et éclairée y fait son séjour. Enfin la propreté de ses rues, le bon goût de la plupart de ses édifices, les établissements particuliers de tout genre qui en font partie, les promenades admirables qui les entourent, montrent que les bourgeois et le peuple de cette ville doivent jouir de l’aisance et du bien-être. Toutes ces conditions sont en effet remplies, et il n’est peut-être pas de lieu en Europe où l’on trouve plus l’aspect du bonheur, et où il existe plus réellement. Vienne diffère en cela des autres villes de l’Europe, qu’elle est uniquement habitée par une population de choix. Tout ce qui appartient aux métiers pénibles, aux fabriques répandant une mauvaise odeur, ou même aux travaux quelconques de main d’oeuvre grossière, est reléguée dans les faubourgs, qui sont une véritable dépendance et en quelque sorte les ateliers de la ville. Ainsi rien n’obstrue la circulation des rues où n’en dépare la propreté, et les édifices comme les habitants présentent partout l’aspect de la recherche et du goût. » Comte Alexandre de Laborde, Voyage pittoresque en Autriche, Tome II, Paris, Imprimerie de P. Didot l’Ainé, 1821, p. 17 (Janska del, Piringer sculpt)
« Pour peindre Vienne d’un seul mot, je dirai : Vienne, c’est Paris ; et si les Viennois étaient des Marseillais, ils pourraient s’écrier à leur tour : Si Paris avait le Danube, ce serait un petit Vienne ! Vienne c’est donc Paris ; Paris petite ville, Paris où tout le monde se connait, où le nombre des homes dont on s’occupe et des femmes dont on parle est plus restreint, et par conséquent plus connu, plus observé, plus admiré ou plus ridiculisé. La vie de Vienne est disposée pour l’amusement et pour le plaisir. Depuis l’ouvrier jusqu’au millionnaire, c’est la même existence, à des prix différents et à qualité inégale…
Le [café] Sperl, dont on nous avait parlé comme d’un lieu de délices, est un horrible caboulot où l’on danse, où l’on soupe, où l’on chante, et que fréquente une société interlope, qui n’a son équivalent dans aucun pays civilisé.
Une odeur nauséabonde, composée de bière, de jambon, de roastbeef, de vieilles fleurs et de sueur humaine, en même temps qu’une vapeur épaisse, produite par la fumée de deux mille pipes, saisissent le malheureux visiteur à la gorge et l’aveuglent pour quelques minutes. S’il a le courage de persister, après s’être frayé un chemin à travers les bancs et les tables, il se trouve en face d’un orchestre excellent, comme tous les orchestres de Vienne, et qui joue pendant huit heures de suite les valses entraînantes de Johann Strauss et des Polkas de tous les compositeurs allemands, qui sont nombreux.
Sur cette musique, toujours au milieu des tables, de la fumée et des parfums, s’élancent des groupes d’infatigables danseurs de tous les pays, valaques, hongrois, slaves, turcs, monténégrins, car le peuple de Vienne se recrute parmi toutes les nations ; les femmes y sont laides de figure, mais bien faites, richement colorées, et habillées comme des comparses du théâtre Montparnasse. L’indienne et les bijoux d’or faux constituent le vêtement du Sperl. Quelques figures d’étrangers, égarés au milieu de cette cohue, contrastent, par leur ahurissement, avec la gaîté des habituels de ce bal, et les deux portraits de l’empereur et de l’impératrice, placés en évidence, suivent d’un regard mélancolique les ébats de leurs fidèles » Albert Millaud (1844-1892), Voyage d’un fantaisiste, Vienne, le Danube, Constantinople, Paris, 1873
« La ville doit être savourée comme un souper exquis, lentement, avec contemplation, petit à petit ; en effet, il faut être devenu soi-même un peu viennois pour que toute la richesse de son contenu et les délices de son environnement deviennent notre propriété personnelle. » Adalbert Stifter
« Lorsqu’en 1848 François-Joseph prend la couronne impériale, Vienne est encore une ville fermée, entourée par une double enceinte. Les plus anciennes fortifications, qui remontent au XIIIe siècle, s’accolent en fer à cheval au canal du Danube. Elles enserrent la vieille cité avec ses rues étroites, ses palais et ses églises, avec la Hofburg et la cathédrale saint-Étienne. C’est là que se trouve le centre de l’animation, le centre des affaires et de la vie mondaine. Une seconde enceinte qui date du début du siècle est sensiblement concentrique à la première, quoiqu’elle forme une légère pointe remontant la vallée de la Wien. Dans l’intervalle s’étend la ville moderne du XVIIIe et du XIXe siècle. Telle quelle, Vienne n’a encore qu’une superficie de 7 233 ha. En dehors de la seconde enceinte, c’est la campagne. Çà et là, quelques maisons s’étagent dans les vignes. Cependant de l’autre côté du Donaukanal s’étend une petite agglomération déjà compacte entre le Prater et le château impérial de l’Augarten : c’est la Leopoldstadt, la cité juive, d’où à peine arrivés des ghettos de l’Orient sortiront les maîtres du commerce autrichien. Ensuite, des prairies, des espaces couverts de roseaux. Les habitations ne se risquent pas plus avant vers le Danube. C’est que le Danube vagabonde encore en liberté ; il se partage, à la hauteur de Vienne, en une multitude de bras au cours indécis dont le tracé change à chaque inondation. Le fleuve a éloigné l’homme, et, de la même manière, il faut, sur l’autre rive, aller à une certaine distance dans le Marchfeld pour trouver les premiers villages d’Aspern et de Kagran. »
René Brouillet. « L’évolution d’une grande cité et les problèmes actuels de l’urbanisme. L’héritage du passé et l’oeuvre présente de la municipalité viennoise », in : Annales de Géographie, t. 43, n°246, 1934. pp. 610-626
Résistant, diplomate, ambassadeur en Autriche (1961-1963) puis au Vatican, René Brouillet (1909-1992) fut également membre du Conseil constitutionnel et premier directeur de cabinet du Général de Gaulle premier président de la Ve République.
« Mélange (prononcé mélannche), ce mot qui désigne le café viennois à la crème, c’était, en ce fin-de-siècle, le mot-clef de la ville entière ; galimafrée de races où déjà la germanique disparaissait sous la cohue slave, turque, juive, ruthène, croate, serbe, roumaine, galicienne ou dalmate. Et les Autrichiens, jusque-là souffre-douleur des plaisanteries bismarkiennes, commençaient à devenir les arlequins d’une sorte de Mardi Gras oriental, dont la capitale constituait le décor permanent. Ce carnaval durait d’un bout de l’année à l’autre, à peine interrompu par une deuil de Cour, par une bronchite de l’Empereur, ou par l’écho, dans une des casemates voûtées où était tapie la plus vieille administration du monde, de quelque coup de feu mettant fin à la fin carrière d’un haut fonctionnaire surpris en flagrant délit d’espionnage au profit du tzar. Habitée par cent peuples, Vienne 1900 ne se divisait qu’en deux univers : les admis au Palais, les hoffähig, et les exclus. » Paul Morand, « Vienne 1895 », Fin de siècle, L’imaginaire Gallimard, Paris, 1963
« On lit sur un panneau de signalisation à l’entrée de Nußdorf, un quartier périphérique de Vienne au bord du Danube : « Dernière métropole danubienne, avant d’arriver à Budapest ». Seul un Viennois peut avoir écrit cette phrase. Le viennois est en effet méchant, il est fâché contre tout, bien évidemment la plupart du temps avec lui-même et la haine est par conséquence sa vertu préférée. Mais si il y a quelque chose que le Viennois déteste encore plus que lui-même et les autres habitants de sa ville défigurée par les cacas de pigeons c’est l’eau. Il n’y a rien que le Viennois abhorre plus que l’eau ! » Andreas Dusl, « Wien am Inn », Ein etymologischer Essay, Das Wiener Donaubuch, Ein Führer durch Alltag und Geschichte am Strom, Édition S, Wien, 1987
Le Danube avec ses inondations répétitives a fait payer jusqu’à un passé récent à la capitale autrichienne et à sa population des quartiers riverains un lourd tribut en vies humaines. D’autres grandes et petites villes des rives du Danube ont connu les mêmes catastrophes. C’est que le fleuve et ses humeurs capricieuses ont mis du temps à être maîtrisées.
C’est une des raisons, avec la volonté d’améliorer la navigation et par conséquence de faciliter le transport des marchandises et des passagers, pour laquelle son cours a été sévèrement détourné, rectifié, canalisé, éloigné d’une ville dont la périphérie s’étend aujourd’hui de part et d’autre d’un cours d’eau anthropisé et qui ne ressemble plus guère à celui d’il y a moins de deux siècles.
Un grand évènement de l’histoire du Danube viennois en forme de revanche contre le fleuve : l’inauguration du Danube canalisé en 1875
Il faut d’abord rappeler que le Danube est endigué sur la presque totalité de son parcours autrichien et ne retrouve provisoirement sa liberté qu’en aval de Vienne et ce jusqu’à Bratislava. La partie exclusivement autrichienne de ce tronçon naturel faillit pourtant, elle aussi disparaître dans les années soixante-dix du XXe siècle, avec le projet de construction d’une gigantesque centrale hydroélectrique à la hauteur de la petite cité médiévale de Hainburg (rive droite, PK 1884). Ce projet, soutenu à l’époque par l’ensemble de la classe politique et du monde économique fut heureusement abandonné après la mobilisation de scientifiques, de la population et des écologistes. Un fleuve « sauvage » et d’une indéniable beauté, irrigue encore entre les deux capitales distantes d’environ 60 km, le magnifique territoire du Parc Naturel des Prairies Alluviales Danubiennes, situé en grande partie sur sa rive gauche, depuis les faubourgs de Vienne et le port pétrolier de la Lobau jusqu’au confluent de la March(Morava) avec le Danube, confluent situé à la frontière austro-slovaque et aux pieds des ruines de la forteresse médiévale de Devín.
On peut comprendre que la capitale impériale n’ait jamais fait vraiment confiance au grand fleuve. Elle s’en est prudemment éloignée ou plutôt ses responsables et ses urbanistes se sont obstinés à éloigner le coeur de la ville du fleuve par de gigantesques travaux d’aménagement, en particulier au début des années soixante-dix du XIXe siècle, époque où Vienne connut quelques-unes des inondations les plus catastrophiques de son histoire alors qu’elle préparait activement les festivités de l’exposition universelle de 1873.
Désormais, seul un Danube au cours principal canalisé, un fleuve rectiligne parcouru toute l’année par d’impressionnants bateaux de croisière et doté de ports de plaisance bétonnés d’une laideur absolue, un fleuve producteur d’énergie et apte au transport fluvial, traversé par des ponts, ferroviaires, routiers et autoroutiers, fleurtant avec les hautes tours du nouveau quartier de Kaisermühlen sur la rive gauche qui semblent vouloir symboliser la réconciliation de la ville avec un ersatz de fleuve, borde de nos jours la capitale autrichienne. L’île artificielle du Danube (Donauisel) et le Vieux Danube (Die Alte Donau), transformés en un vaste et agréable espace de détente, de loisirs où les Viennois se donnent rendez-vous tout au long de l’année pour se promener et se baigner, font évidemment pâle figure face aux somptueux paysages amont de la Strudengau et de la séduisante Wachau, cette dernière ayant été classée au patrimoine mondial de l’Unesco et accueillant de nombreux touristes.
Il manque un fleuve au coeur de la capitale autrichienne…
Vienne et ses habitants, comme la plupart des citadins, semblent pourtant apprécier pourtant la présence du fleuve et celle de la nature mais sous une forme domestiquée, apaisée, organisée, apprivoisée. Le visiteur qui découvre la ville pour la première fois ne peut être que surpris et dérouté lorsqu’il cherche le fleuve sur un plan du centre ville. C’est d’abord le Canal du Danube (Donaukanal) qu’il aperçoit, en fait un ancien bras aménagé en promenade, bordé de bâtiments historiques et contemporains, de pistes cyclables, de murs tagués, de cafés en tous genres, de petits jardins alternatifs, d’une gare fluviale, d’embarcadères dont un décoré par Friedrich Hundertwasser, d’un bateau piscine (une institution aujourd’hui fermée définitivement), d’un ancien observatoire astronomique mais aussi de routes et d’autoroutes, de sites industriels, du réseau du métro (U-Bahn) et à son extrémité aval d’une ribambelle colorée de petites cabanes de pêcheurs qui contrastent avec un paysage environnant où les urbanistes n’ont guère fait preuve de goût ni d’imagination. C’est dans ce canal du Danube que se jette en plein centre-ville, la Vienne (Die Wien), cette jolie petite rivière qui descendait autrefois joyeusement des collines boisées des environs de la capitale, de la « Forêt viennoise » (Wienerwald) et qui lui a généreusement légué son nom. (Combien la toponymie est redevable aux cours d’eau !). Entièrement canalisée, la Vienne conflue dans le Donaukanal à la hauteur de l’observatoire astronomique (Urania) construit en 1910 par un élève d’Otto Wagner, Max Fabiani (1865-1962), inauguré par l’incontournable empereur d’Autriche François-Joseph de Habsbourg. Il abrite désormais une excellente salle de cinéma ainsi qu’un café.
Bras principal du fleuve au Moyen-Âge, longtemps fréquenté et animé par des bateliers, des pêcheurs, des marchands et de nombreuses autres corporations puis devenu secondaire, dénommé « Petit Danube », ce canal a été aménagé en même temps que le cours principal pendant les années 1870-1874.
L’autre Danube est ailleurs !
Mais où se trouve le « vrai » Danube ? De nombreux indices de sa présence sont certes visibles pour le visiteur attentif mais le fleuve lui-même est parfaitement invisible au coeur de la ville. Il faut se rendre sur l’île du Danube, sur la rive gauche, au port de Freudenau et dans certains des quartiers périphériques industriels et encore populaires qui voisinent ainsi sur la rive droite avec lui pour le rencontrer. Même du Prater, ouvert au public par l’empereur Joseph II de Habsbourg en 1766 et qui fut depuis régulièrement et sous divers prétextes amputé d’une partie de son territoire initial, on ne l’aperçoit guère sauf si l’on choisit de faire un tour de la célèbre grande roue ou des manèges plus récents dont les nacelles illuminées montent et descendent à une vitesse vertigineuse au dessus des arbres du parc.
Le parc du Prater (à gauche) et Vienne en 1830 ; un Danube au cours encore sinueux, une multitude d’îles, le quartier de Leopoldstadt sur la rive gauche du bras aménagé (Donaukanal) et le confluent de la Vienne avec le celui-ci. Carte réalisée par l’architecte, cartographe et officier autrichien Carl Vasquez- Pinas von Löwentahl (1798-1861)
Le ou les Danube ?
En fait le Danube à Vienne se conjugue au pluriel : Le Danube (Die Donau) lui même ou bras principal (navigation de croisière, transport fluvial, installations portuaires (Freudenau), promenades, pistes cyclables, lieux de loisirs…
Le Nouveau Danube (Die neue Donau)loisirs nautiques, baignades, plages, pistes cyclables, promenades…), séparé du Danube par l’île artificielle du Danube (Donauinsel) avec une réplique de phare, qui commence en amont de Vienne au PK 1938,10 et finit en aval au PK 1915,8 à la hauteur du Parc National de la Lobau et du port pétrolier.
La trilogie danubienne viennoise actuelle : le Danube et son tracé rectiligne, le Nouveau Danube, tout autant rectiligne, à droite du fleuve séparé de celui-ci par l’île du Danube longiligne (Donauinsel), le bras mort du Vieux Danube en forme d’arc-de-cercle avec ses deux îles propices aux baignades. Quant au canal du Danube, il serpente dans la ville (à gauche) et longe le Prater, photo Wikipedia, domaine public
Le bras mort du Vieux Danube (Die Alte Donau) offre de nombreuses possibilités de loisirs nautiques, baignades, pêche, plages, parc aquatique, promenades, bars et restaurants au bord de l’eau. Avec ses deux îles, Großer Gänselhäufel et Kleine Gänsehäufel, il est l’un des espaces préférés des Viennois pendant la belle saison !
Vue du « Petit Danube » avant sa transformation en canal et du pont Ferdinand, 1828, peinture de C. L. Hoffmeister, collection Musée de la Ville de Vienne
Un ersatz de fleuve sauvage…
Le grand fleuve impérial d’autrefois, découpé à l’image de l’Empire autrichien, réduit comme une peau de chagrin qui s’identifiait intimement à celui-ci, aménagé, rectifié, méconnaissable, ne serait-il plus qu’une succession de mythes, de souvenirs et d’images littéraires éloignées de la réalité, un arrière-plan de cinéma, un décor de théâtre et de festivals, une suite de valses désuètes, des îles et des plages artificielles, des bases de loisirs aquatiques, des quais tristes et bétonnés, des installations portuaires en périphérie, des succession d’entrepôts, d’usines hydroélectriques aux écluses gigantesques, des autoroutes, des ponts, un Parc National (rive gauche) en partie piégé par l’extension de la ville vers le nord-est, dans un environnement urbain où subsistent des souvenirs de nature sauvage ponctuées de monuments des guerres napoléoniennes, un court canal abandonné et des bras morts au bord desquels des enfants viennois en « classe verte » visitent des expositions sur la biodiversité et tentent de se réconcilier avec celle-ci, un réseau de pistes cyclables, de chemins ou d’allées très (trop) fréquentées, un espace naturiste (FKK) et un port avec des installations pétrolières gourmandes en eau menaçant les prairies alluviales voisines ? Le Danube ne servirait-il plus que de faire-valoir à un tourisme fluvial pour des visiteurs et des touristes pressés de tout croire avoir vu et de rejoindre satisfaits on ne sait quel ailleurs ?
Que reste t-il du Danube d’autrefois à Vienne ? Rien ou si peu ! Ce qu’on admire ou déteste plus rarement désormais ce n’est plus qu’une pâle figure du magnifique fleuve sauvage d’autrefois au cours sinueux, aux somptueux méandres qui faisaient l’apologie de la courbe ! Il ne reste plus du fleuve que le nom, qu’un Danube urbain domestiqué, apprivoisé, tenu en laisse par la main prométhéenne et intéressée de l’homme. Allez voir la tristesse de la « Donau Marina » et vous ne pourrez qu’acquiescer à ces propos !
Amoureux du Danube, passez votre chemin, inutile de vous arrêter à Vienne !
Le Danube viennois est le moins romantique des Danube autrichiens. Même à Linz où l’on aime par dessus-tout construire des ponts, celui-ci a meilleure allure, à l’exception des rives conquises par le port industriel et les industries métallurgiques de la rive droite qui font la richesse de la ville…
Le Danube viennois peut se contempler à la rigueur d’en haut des 484 m du Kalhenberg, des 425 m du Léopoldsberg ou des 542 m du Hermannskogel. Mais sur les quais monotones et bétonnés, le Danube n’est plus qu’un cours d’eau ordinaire. Oubliés les paysages harmonieux en amont de la capitale et le Danube des belles Strudengau, Nibelungengau ou de l’harmonieuse Wachau.
Un bac pour changer de rive et d’atmosphère ?
On peut encore traverser le Danube avec un dernier bac accessible aux voitures à la périphérie amont de Vienne, de Klosterneuburg (rive droite) à Korneuburg ancienne cité de chantiers navals. La petite route qui y mène depuis la petite cité Klosterneuburg circule dans un environnement de résidences secondaires parfois croquignolesques, haut perchées sur des pilotis, inondations obligent !
Le bac à fil est évidemment aussi très apprécié des cyclistes et autres randonneurs qui sillonnent inlassablement les bords aménagés du fleuve en particulier le weekend.
Lectures viennoises…
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive tant les littératures viennoises et sur Vienne sont abondantes.
Vienne sous Napoléon… « La ville de Vienne est située sur la rive droite du Danube, fleuve immense dont un faible bras passe dans cette cité, le grand bras se trouvant à plus d’une demi-lieue au-delà. Le Danube forme sur ce dernier point une grande quantité d’îles, réunies par une longue série de ponts… »
Mémoires du Général baron de Marbot (1772-1854), Plon, Paris, 1891
« Vienne (était) entourée d’un puissant mur, de construction régulière et moderne, de fossés profonds et d’un chemin couvert, mais sans ouvrage avancé. Il y a un glacis ouvert, et les faubourgs sont construits à la distance requise par les règlements militaires. Ces derniers sont très étendus, et, depuis l’invasion des Turcs (!), entourés de retranchements, couverts d’ouvrages en maçonnerie. L’ensemble constitue une espèce de camp retranché, fermé par de solides portes… » Anne Jean Marie René Savary (1774-1833), Mémoires du duc de Rovigo pour servir à l’histoire de l’empereur Napoléon, Bossange et Charles Béchet, 1829
Au Prater
« Le Prater, que je n’ai vu que lorsqu’il était dépouillé de sa verdure, n’avait pas perdu pour autant toute ses beautés ; les jours de neige surtout, il présente un coup d’oeil charmant, et la foule venait de nouveau envahir ses nombreux cafés, ses casinos et ses pavillons élégants, trahis tout d’abord par la nudité de leurs bocages. Les troupes de chevreuils parcourent en liberté ce parc où on les nourrit, et plusieurs bras du Danube coupent les îles, les bois et les prairies. À gauche commence le chemin de Vienne à Brünn. À un quart d’heure de lieue plus loin coule le Danube (car Vienne n’est pas plus sur le Danube que Strasbourg sur le Rhin). Tels sont les Champs-Élysées de cette capitale. » Gérard de Nerval (1808-1855), Vienne, Récit, Éditions Magellan, Paris, 2010.
G. de Nerval séjourne à Vienne du 19 novembre 1839 au 1er mars 1840. Il a trente ans. Il arpente la ville, son centre, ses parcs dont le fameux parc du Prater, va au spectacle, fait des rencontres et s’aperçoit qu’on le surveille dans ses moindre allées et venues !
« Le Danube était un fleuve gris, plat et boueux qui traversait très loin de là le second Bezirk1, la zone russe où gisait le Prater écrasé, désolé, envahi d’herbes folles au-dessus duquel la Grande Roue tournait lentement parmi les fondations des manèges de chevaux de bois, semblables à des meules abandonnées, de la ferraille rouillée de tanks détruits que personne n’avait déblayés et d’herbes brûlées par le gel aux endroits où la couche de neige était mince. » Note : 1 Bezirk, arrondissement de Vienne Graham Greene, Le Troisième Homme, Éditions Robert Laffon, Paris, 1950
« Vivre et laisser vivre, telle est la sagesse de Vienne, tolérance libérale qui peut tourner à l’indifférence cynique, comme disait Alfred Polgar à « Mourir et laisser mourir. »Le cimetière Biedermeier de Sankt Marx est complètement à l’abandon. Sur les tombes dévorées de rouilles, les ornements de fer partent en morceaux et les inscriptions s’effacent, l’adjectif « éternels » accompagnant le mot « regrets » se dissout dans l’oubli. C’est une forêt d’anges sans tête, avec une végétation envahissante qui recouvre les sépulcres, des stèles prises dans la jungle : un ange au flambeau renversé et portant la main à la tête en signe de douleur indique la tombe où on avait enseveli Mozart : les chrysanthèmes qu’une main a déposé sur ce modeste cénotaphe sont tout frais… »
Mais où sont les bains de Diane d’antan ?
« Cette énorme bâtisse longeant le canal du Danube, au n° 95 de l’obere Donaustrasse, est le siège d’I.B.M. Une plaque, à l’entrée principale, rappelle que c’est à cet endroit, dans les locaux des bains de Diane, qui aujourd’hui n’existent plus, que Johann Strauss (fils) a exécuté pour la première fois, le 15 février 1867, Le beau Danube bleu.
Les Bains de Diane au bord du bras du Danube transformé ultérieurement en canal, gravure de l’époque
Les bains de Diane étaient certainement plus attrayants que cette espèce de grosse boite, mais les calculatrices et les cerveaux électroniques installés à présent dans cet ancien temple de l’éphémère, dans lequel toute une civilisation demandait à la légèreté d’écarter la tragédie ne troublent pas le tournoiement de cette valse qui, comme l’a génialement vu Stanley Kubrik dans 2001 Odyssée de l’espace, exprime l’unisson du rythme et du souffle des mondes… » Claudio Magris, « Odyssée de l’espace », in Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1988
Quelques lecture en français sur Vienne et le Danube
GREENE, Graham, Le Troisième Homme, Éditions Robert Laffont, Paris, 1950
JANIK, A. et TOULMIN, S., Wittgenstein, Vienne et la modernité, Perspectives critiques, Éditions PUF, Paris, 1981
JELINEK, Elfrida, La Pianiste, Éditions J. Chambon, Paris, 1989
JESENSKA, Milena,Vivre, Éditions Lieu commun, Paris ?, 1985
KAFKA, Franz, Oeuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, Paris, 1976
L’écrivain est mort dans un sanatorium à la périphérie de Vienne.
KRAUS, Karl, Dits et contredits, Éditions Champs libres, Paris, 1975
LADINIG, Gernot (Die AlteDonau, Mensche in Wasser, Perspektiven einer Wiener Landschaft, Verlag Bohmann, Vienne, ? (en allemand)
LANDER, X. Y., Vienne, Collection Points Plan Planète, Éditions du Seuil, Paris, 1989
LERNET-HOLENIA, Alexander, Le comte Luna, Christian Bourgeois éditeur, Paris, 1994
LEMAIRE, Gérard-Georges (textes choisis et présentés par), Le goût de Vienne, Éditions du Mercure de France, Paris, 2003
MAGRIS, Claudio, Le Mythe et l’empire dans la littérature autrichienne moderne, Éditions de L’Arpenteur, Paris, 1991
Belgrade, capitale de la Serbie et ville des contrastes
Regards littéraires sur Belgrade…
« Belgrade et Semlin sont en guerre.
Dans son lit, paisible naguère,
Le vieillard Danube leur père
S’éveille au bruit de leur canon.
Il doute s’il rêve, il tressaille,
Puis entend gronder la bataille,
Et frappe dans ses mains d’écaille,
Et les appelle par leur nom.
Allons, la turque et la chrétienne !
Semlin ! Belgrade ! qu’avez-vous ?
On ne peut, le ciel me soutienne !
Dormir un siècle, sans que vienne
Vous éveiller d’un bruit jaloux
Belgrade ou Semlin en courroux !
Hiver, été, printemps, automne,
Toujours votre canon qui tonne !
Bercé du courant monotone,
Je sommeillais dans mes roseaux ;
Et, comme des louves marines
Jettent l’onde de leurs narines,
Voilà vos longues couleuvrines
Qui soufflent du feu sur mes eaux !
Ce sont des sorcières oisives
Qui vous mirent, pour rire un jour,
Face à face sur mes deux rives,
Comme au même plat deux convives,
Comme au front de la même tour
Une aire d’aigle, un nid d’autour.
Quoi ! ne pouvez-vous vivre ensemble,
Mes filles ? Faut-il que je tremble
Du destin qui ne vous rassemble
Que pour vous haïr de plus près,
Quand vous pourriez, sœurs pacifiques,
Mirer dans mes eaux magnifiques,
Semlin, tes noirs clochers gothiques,
Belgrade, tes blancs minarets ?
Mon flot, qui dans l’océan tombe,
Vous sépare en vain, large et clair ;
Du haut du château qui surplombe
Vous vous unissez, et la bombe,
Entre vous courbant son éclair,
Vous trace un pont de feu dans l’air.
Trêve ! taisez-vous, les deux villes !
Je m’ennuie aux guerres civiles.
Nous sommes vieux, soyons tranquilles.
Dormons à l’ombre des bouleaux.
Trêve à ces débats de familles !
Hé ! sans le bruit de vos bastilles,
N’ai-je donc point assez, mes filles,
De l’assourdissement des flots ?
«Une croix, un croissant fragile,
Changent en enfer ce beau lieu.
Vous échangez la bombe agile
Pour le Coran et l’évangile ?
C’est perdre le bruit et le feu :
Je le sais, moi qui fus un dieu !
Vos dieux m’ont chassé de leur sphère
Et dégradé, c’est leur affaire :
L’ombre est le bien que je préfère,
Pourvu qu’ils gardent leurs palais,
Et ne viennent pas sur mes plages
Déraciner mes verts feuillages,
Et m’écraser mes coquillages
Sous leurs bombes et leurs boulets !
De leurs abominables cultes
Ces interventions sont le fruit.
De mon temps point de ces tumultes.
Si la pierre des catapultes
Battait les cités jour et nuit,
C’était sans fumée et sans bruit.
Voyez Ulm, votre sœur jumelle :
Tenez-vous en repos comme elle.
Que le fil des rois se démêle,
Tournez vos fuseaux, et riez.
Voyez Bude, votre voisine ;
Voyez Dristra la sarrasine !
Que dirait l’Etna, si Messine
Faisait tout ce bruit à ses pieds ?
Semlin est la plus querelleuse :
Elle a toujours les premiers torts.
Croyez-vous que mon eau houleuse,
Suivant sa pente rocailleuse,
N’ait rien à faire entre ses bords
Qu’à porter à l’Euxin vos morts ?
Vos mortiers ont tant de fumée
Qu’il fait nuit dans ma grotte aimée,
D’éclats d’obus toujours semée !
Du jour j’ai perdu le tableau ;
Le soir, la vapeur de leur bouche
Me couvre d’une ombre farouche,
Quand je cherche à voir de ma couche
Les étoiles à travers l’eau.
Sœurs, à vous cribler de blessures
Espérez-vous un grand renom ?
Vos palais deviendront masures.
Ah ! qu’en vos noires embrasures
La guerre se taise, ou sinon
J’éteindrai, moi, votre canon.
Car je suis le Danube immense.
Malheur à vous, si je commence !
Je vous souffre ici par clémence,
Si je voulais, de leur prison,
Mes flots lâchés dans les campagnes,
Emportant vous et vos compagnes,
Comme une chaîne de montagnes
Se lèveraient à l’horizon !»
Certes, on peut parler de la sorte
Quand c’est au canon qu’on répond,
Quand des rois on baigne la porte,
Lorsqu’on est Danube, et qu’on porte,
Comme l’Euxin et l’Hellespont,
De grands vaisseaux au triple pont ;
Lorsqu’on ronge cent ponts de pierre,
Qu’on traverse les huit Bavières,
Qu’on reçoit soixante rivières
Et qu’on les dévore en fuyant ;
Qu’on a, comme une mer, sa houle ;
Quand sur le globe on se déroule
Comme un serpent, et quand on coule
De l’occident à l’orient ! »
Victor Hugo, Les orientales, 1828
Lasse de voir les deux villes et à travers elles Chrétiens et Ottomans s’affronter depuis des siècles, Victor Hugo leur demande de taire enfin leurs canons et autres bruits de guerre. À cette époque, Belgrade appartenait encore à la Grande Porte (Empire ottoman) et Semlin était la dernière ville autrichienne au sud du royaume de Hongrie.
Aujourd’hui les deux villes sont serbes mais Semlin a conservé du point de vue architectural une atmosphère très « Mitteleuropa » avec ses joyeuses façades baroques et ses bords de fleuve aménagés pour les promeneurs.
« Le lendemain nous quittons de nouveau le fleuve pendant quatre heure de marche. Le pays, comme tous les pays de frontières, devient aride, inculte et désert ; nous gravissons vers midi des coteaux stériles d’où nous découvrons enfin Belgrade à nos pieds. Belgrade, tant de fois renversés par les bombes, est assise sur une rive élevée du Danube. Les toits de ses mosquées sont percés, les murailles sont déchirées, les faubourgs abandonnés sont jonchés de masures et de monceaux de ruines ; la ville, semblable à toutes les villes turques, descend en rues étroites et tortueuses vers le fleuve. Semlin, première ville de la Hongrie, brille de l’autre côté du Danube avec toute la magnificence d’une ville d’Europe ; les clochers s’élèvent en face des minarets ; arrivés à Belgrade, pendant que nous nous reposons dans une petite auberge, la première que nous ayons trouvé en Turquie, le prince Milosch m’envoie quelques-uns de ses principaux officiers pour m’inviter à aller passer quelques jours dans la forteresse où il réside, à quelques lieux de Belgrade ; je résiste à leurs instances et je commande les bateaux pour le passage du Danube ; à quatre heures, nous descendons vers le fleuve ; au moment où nous allions nous embarquer, je vois un groupe de cavaliers, vêtus presque à l’européenne, accourir sur la plage ; c’est le frère du prince Milosch, chef des Serviens, qui vient de la part de son frère me renouveler ses instances pour m’arrêter quelques jours chez lui. Je regrette vivement de ne pouvoir accepter une hospitalité si obligeamment offerte ; mais mon compagnon de voyage, M. de Capmas, est gravement malade depuis plusieurs jours ; on le soutient à peine sur son cheval ; il est urgent pour lui de trouver le repos et les ressources qu’offrira une ville européenne et les secours d’un médecin d’un lazaret. Je cause une demi-heure avec le prince, qui me paraît un homme aussi instruit qu’affable et bon ; je salue en lui et dans sa noble nation l’espoir prochain d’une civilisation indépendante, et je pose enfin le pied dans la barque qui nous transporte à Semlin. ‑ Le trajet est d’une demi-heure ; le fleuve, large et profond, à des vagues comme la mer ; on longe ensuite les prairies et les vergers qui entourent Semlin. ‑ Le 3 au soir, entré au lazaret, où nous devons rester dix jours. Chacun de nous a une cellule et une cour plantée d’arbres ; je congédie mes Tartares, mes moukres, mes drogmans, qui retournent à Constantinople ; tous nous baisent la main avec tristesse, et je ne puis quitter moi-même sans attendrissement et sans reconnaissance ces hommes simples et droits, ces fidèles et généreux serviteurs qui m’ont guidé, servi, gardé, soigné comme des frères feraient pour un frère, et qui m’ont prouvé, pendant les innombrables vicissitudes de dix-huit mois de voyages dans la terre étrangère, que toutes les religions avaient leur divine morale, toutes les civilisations leur vertu, et tous les hommes le sentiment du juste, du bien et du beau, gravé en différents caractères dans leur coeur par la main de Dieu. »
Alphonse de Lamartine, Voyage en Orient, 2 septembre 1833
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« Il y a de tout dans la forteresse : un jardinier-fleuriste, des boeufs qui paissent sur les bastions, un puits étrange où l’on descend par des escaliers en tire-bouchon, le tombeau présumé d’une sainte musulmane, une brasserie, même des militaires. Les uns décomposent le pas prussien avec un visage congestionné par l’attention ; d’autres lavent tranquillement leur linge dans le Danube par la brèche d’un mur écroulé. Ce qu’on voit le moins, ce sont des canons, j’entends de vrais canons de siège Le coin que je préfère, c’est un petit kiosque, à l’extrémité du bastion, juste au dessus de la Save et du Danube. De là on voit les deux fleuves s’acheminer majestueusement à travers les plaines croates et hongroises, et se donner la main au pied de la forteresse. Ils forment des taches lumineuses dans les lointains bleuâtres. Ils enlacent tantôt des îles de verdure, tantôt de grandes prairies rousses et marécageuses. Le Danube vient droit sur vous ; après avoir promené son ruban de lumière autour de Semlin, il décrit dans la plaine une courbe parfaite et cueille au passage les eaux plus vertes de la Save ; puis, grossi de son tributaire, emportant avec lui la fortune de vingt peuples riverains, il reprend sa course vers l’Orient. La citadelle s’avance entre les deux fleuves, semblable à la proue d’un énorme navire. De mon observatoire, je domine un enchevêtrement d’escarpes, de contrescarpes, de demi-lunes et de chemins couverts, entremêlés d’herbes folles et de jardins potagers. les profils sévères des murailles ont été adoucis par le temps. La brique a changé son rouge brutal contre une belle nuance dorée, marbrée de lichens. Á tous les angles, il y a des poivrières qui conservent la charmante crânerie des vieilles armes hors d’usage. Légères, suspendues au dessus de l’abîme, toutes noires sur l’argent du fleuve, elles évoquent ces temps déjà fabuleux où la force militaire n’allait pas sans élégance.
Plus loin, on aperçoit le clocher tout bosselé d’or de l’église orthodoxe. A dessous, un entassement de maisons sur une pente abrupte, les magasins du port rangés en demi cercle, les bateaux qui déchargent, les quais trop étroits encombrés de tonneaux et de voitures. La rumeur confuse du port monte jusqu’ici. Mais on y fait, ce semble, plus de bruit que de besogne. C’est d’hier que la ville est émancipée de sa forteresse, et qu’elle peut considérer sans crainte ces embrasures au regard louche, tournées contre elle aussi souvent que contre l’ennemi. Naguère, elle se faisait toute petite derrière cet inquiétant protecteur ; aujourd’hui, elle se risque d’un pas encore incertain, et s’éparpille sur toute les pentes. Tout en bas, les aubes d’un bâtiment autrichien, blanc et rose sous le soleil couchant, tracent un double sillon sur la moire nacrée du fleuve. Les derniers coude de la Save, encadrés de brume violette, s’illuminent de pourpre, et le vieux rempart présente ses blessures à la caresse d’un dernier rayon. »
Comte d’Haussonville, « De Salonique à Belgrade », in La Revue des Deux mondes, Paris, livraison du 15 janvier 1888
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« Quand à cette question de curiosité à satisfaire, elle n’existait pas pour Ilia Krusch. Alors qu’il exerçait le métier de pilote, il s’était souvent arrêter à Belgrade, soit pour y charger, soit pour y décharger des cargaisons. La vue qui s’offre aux regards de l’esplanade de sa citadelle, le Konak ou palais du pacha qui y dresse ses gros murs en massif carré, la ville mixte, entourant la forteresse, avec ses quatre portes qui flanquent l’enceinte, le faubourg où se concentre un commerce de grande importance, puisque les marchandises destinées non seulement à la Serbie, mais à toutes les provinces turques, y sont entreposées, ses rues qui, par la disposition des boutiques, et leur achalandage le font ressembler à un quartier de Constantinople, la ville neuve étendue le long de la Save, avec son palais, son sénat, ses ministères, ses larges voies de communication plantées d’arbres, ses confortables maisons particulières, tout ce contraste pour ainsi dire brutal avec la vieille cité, Ilia Krusch n’en était plus à connaître cet ensemble bizarre qui constitue Belgrade. » Jules Verne, Le beau Danube jaune, écrit en 1901, publié en 1988 par la Société Jules-Verne
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« Dans la nuit, on signalera Belgrade. Et deux jours entiers nous nous désillusionnâmes – ô combien fortement, combien définitivement ! Ville incertaine, cent fois plus que Budapest ! Porte de l’Orient, l’avions-nous imaginé, et grouillante de vie colorée, peuplée de cavaliers étincelants, chamarrés, portant l’aigrette fine et chaussés de bottes laquées !
Capitale dérisoire ; pire : ville malhonnête, sale, désorganisée. Une situation admirable, du reste, comme Budapest. Dans une retraite, un musée ethnographique exquis, avec des tapis, des costumes…et des… pots, de beaux pots serbes, de ceux que nous irons chercher au haut du Balkan, vers Knajewatz. » Le Corbusier, Voyage d’Orient, 1910-1911, « Le Danube »
« Pavés du quai de la Save, petites usines. Un paysan, le front appuyé à la vitrine d’un magasin, qui regarde interminablement une scie toute neuve. Buildings blancs de la haute ville sommés de l’étoile rouge du Parti, clochers à oignons. Lourde odeur d’huile des trams du soir, bondés d’ouvriers aux yeux vides. Chanson envolée du fond d’un bistro… sbogom Mila, dojde vrémé (adieu ma chère, le temps s’enfuit…). Distraitement, par l’usage qu’en on faisait Belgrade empoussiérée nous entrait dans la peau.
Il y a des villes trop pressées par l’histoire pour soigner leur présentation. Lorsqu’il avait été promu capitale yougoslave, le grand bourg fortifié s’était élargi par rues entières, dans ce style administratif qui déjà n’est plus moderne et semble ne jamais devoir être ancien. Grand-Poste, Parlement, avenues plantées d’acacias et quartiers résidentiels où les villas des premiers députés avaient poussé sur un sol arrosé de pots-de-vin. Tout était allé trop vite pour que Belgrade ait pu pourvoir déjà aux cent détails qui font la finesse de la vie urbaine. Les rues paraissaient occupés plutôt qu’habitées ; la trame des incidents, des propos, des rencontres, était rudimentaire. Aucun de ces recoins subtils, ombreux que toute ville véritable offre à l’amour ou à la méditation. L’article soigné avait disparu avec la clientèle bourgeoise. Les vitrines offraient des marchandises à peine finies ; souliers déversés comme des bûches, pains de savon noir, clous au kilo ou poudre de toilette empaquetée comme de l’engrais… »
Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Petite bibliothèque Payot/Voyageurs, Éditions Payot, Lausanne, 1992
Nicolas Bouvier séjourne à Belgrade en 1953 lors d’un voyage en voiture (Fiat Topolino…) en compagnie du peintre Thierry Vernet (1927-1993) jusqu’au Khyber Pass.
« Belgrade se refuse au portrait, ses métamorphoses se laissent vivre ou raconter plutôt que décrire. »
« Il y a dit-on des villes trop pressées par l’Histoire pour soigner leur allure. Ainsi cette cité celte née Singidunum en 298 avant Jésus-Christ. Assise sur un promontoire rocheux surplombant le Save et le Danube mariant là leurs eaux, offrant une vue imprenable sur les plaines qui annoncent la plate et paisible Hongrie, Belgrade (Beograd en serbe, de beo : blanc et grad : ville) bénéficie d’un emplacement géographique de rêve. Conséquence : son destin ressemble à un cauchemar. Tous les conquérants passant par là voulurent ‒ forcément ‐ s’y installer ; bombardèrent joyeusement la Ville Blanche pour en déloger ses maîtres du moment ; ordonnèrent sa reconstruction ; la quittèrent sous les obus de nouveaux conquérants. Les habits de Belgrade sont donc tragiques. Et son allure, redisons-le, peu soignée.
Objet de dizaine de rafistolages de fortune et de cinquante ans de socialisme, victime d’une réputation sulfureuse dans les années 1990, capitale d’un pays qui aura changé à plusieurs reprises de nom et de frontières (la dernière fois c’était au printemps 2006, avec la proclamation d’indépendance du Monténégro) Belgrade ne souffre certes pas la comparaison avec ses homologues d’Europe centrale et orientale ‐ Vienne, Budapest, Prague, Sofia. Ses murs parlent peu, ses pavés ne résonnent guère. Le vieux quartier juif a perdu son identité, aucun bâtiment ne témoigne de l’occupation ottomane. D’où vient son charme, alors ? De son âme. Où se niche-t-elle ? Partout.
Dans le marc des cafés turcs et la crème des gâteaux autrichiens servis à l’hôtel Moskva.
Dans les viandes grillées du restaurant Franchet d’Esperey.
Dans la démarche des adolescentes aux jambes interminables qui arpentent inlassablement la rue piétonne Knez-Mihajlova, à la fois coeur et poumon de la ville.
Dans le regard impavide des joueurs d’échecs installés dans le parc du Kalemegdan.
Dans les restaurants traditionnels de Skadarlije.
Sur les péniches amarrées aux rives du Danube.
Dans les tribunes du stade de l’Étoile rouge de Belgrade.
Dans les trompettes des groupes tsiganes qui animent les terrasses des cafés de la place de la République.
Dans les plafonds art-déco de l’Aeroklub.
Dans les halls de ces hôtels que fréquentèrent tous les espions dignes de ce nom durant la guerre froide.
Dans les remparts de la forteresse turque du haut de laquelle vingt-trois siècles nous contemplent.
Sur les quais de la gare où s’arrêtait jadis l’Orient-Express bien avant les enquêtes de Hercule Poirot.
Sur les étals du marché de Zeleni Venac où sont vendus les meilleures légumes de la ville.
Dans le choeur de Saint-Marc, l’église préférée des Belgradois située dans le parc de Tašmajdan.
Sur le dôme de la cathédrale Saint-Sava, plus grande église orthodoxe du monde.
Dans le millier de pages de la somptueuse monographie que lui a consacré Dragoslav Bokan.
À Dedinje, dans les murs du Palais Blanc des rois de Serbie.
Dans les bars à Bimbos de la rue Strahinjica rebaptisée Silicone Valley.
Dans le décor kitsch du Sargon, la boîte de nuit de Kusturica, ou celui, épuré, de l’Akademija, un des derniers clubs punks d’Europe.
Sur la scène du Théâtre National.
Dans les salles du musée Nikola tesla, génie scientifique serbe injustement méconnu.
Partout, vous dis-je. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux. Et son coeur. »
Jean-Christophe Buisson, Le goût de Belgrade, « Introduction », Mercure de France, Paris, 2006
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« Il est vrai que les chiens aiment Belgrade. Ils l’adorent même. Jadis, leur nombre était déjà si élevé que le commandement ottoman décida un jour d’en finir avec ces maudites bêtes qui avaient en outre le mauvais goût de s’attaquer aux passants et aux diplomates étrangers. On en chargea plusieurs centaines sur un bateau afin de les expédier de l’autre côté du Danube, côté autrichien. À mi-course, un chien échappa à la surveillance des marins, sauta dans le fleuve et se mit à nager en direction de Belgrade ! Et comme dans une version inversée de la légende du joueur de flûte de Hamelin, ses congénères, à leur tour, se précipitèrent dans le Danube pour rejoindre leur ville chérie. »
Jean-Christophe Buisson, Histoire de Belgrade, « La ville révoltée, au XVIIIe, jusqu’en 1806″, collection tempus, Édition Perrin, Paris, 2013
« Pavés du quai de la Save, petites usines. Un paysan, le front appuyé à la vitrine d’un magasin, qui regarde interminablement une scie toute neuve. Buildings blancs de la haute ville sommés de l’étoile rouge du Parti, clochers à oignons. Lourde odeur d’huile des trams du soir, bondés d’ouvriers aux yeux vides. Chanson envolée du fond d’un bistro… sbogom Mila, dojde vrémé (adieu ma chère, le temps s’enfuit…). Distraitement, par l’usage qu’en on faisait Belgrade empoussiérée nous entrait dans la peau.
Il y a des villes trop pressées par l’histoire pour soigner leur présentation. Lorsqu’il avait été promu capitale yougoslave, le grand bourg fortifié s’était élargi par rues entières, dans ce style administratif qui déjà n’est plus moderne et semble ne jamais devoir être ancien. Grand-Poste, Parlement, avenues plantées d’acacias et quartiers résidentiels où les villas des premiers députés avaient poussé sur un sol arrosé de pots-de-vin. Tout était allé trop vite pour que Belgrade ait pu pourvoir déjà aux cent détails qui font la finesse de la vie urbaine. Les rues paraissaient occupés plutôt qu’habitées ; la trame des incidents, des propos, des rencontres, était rudimentaire. Aucun de ces recoins subtils, ombreux que toute ville véritable offre à l’amour ou à la méditation. L’article soigné avait disparu avec la clientèle bourgeoise. Les vitrines offraient des marchandises à peine finies ; souliers déversés comme des bûches, pains de savon noir, clous au kilo ou poudre de toilette empaquetée comme de l’engrais… »
Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Petite bibliothèque Payot/Voyageurs, Éditions Payot, Lausanne, 1992
Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour juin 2023
Filmographie danubienne ou quand le fleuve fait son cinéma…
Le Danube est naturellement un metteur en scène exceptionnel ! Mais c’est aussi un « entremetteur », un médiateur, un passeur qui tente de réconcilier les mondes visibles et invisibles, sauvages et anthropisés. Ce fleuve qui joue dans les films souvent bien plus qu’un rôle de décor, se prête également à des comédies populaires dans de nombreux oeuvres cinématographiques. Il peut être aussi, il est (malgré lui) le cadre de tragédies de l’histoire des hommes ou de drames intimes ou une matière nourrissant une réflexion philosophique, historique, littéraire, poétique, géostratégique. environnementale, ethnologique… Un Danube dont les images qui se reflètent dans ses eaux sont un miroir du divin.
Le fleuve est à l’évidence une prodigue et inépuisable source d’inspiration.
De nombreux courts, moyens et longs métrages, séries télévisées ont pour cadre l’univers danubien et illustrent souvent dans ce décor naturel grandiose ou misérable des lisières, des faubourgs industrielles et portuaires de grandes villes des épisodes de la grande et de la petite histoire des hommes. Un fleuve témoin d’une évolution parfois chaotique de son lien avec ses riverains. Le Danube suscite à la fois attraction et répulsion. Il est, de par cette double situation, un puissant allié de l’image et du son : tour à tour fleuve porteur de nombreux mythes (le mythe des Argonautes, d’une fédération des États danubiens, de la liberté …), de croyances et de légendes (le retour aux sources de l’Antiquité…), fleuve des vivants, des conquérants, du réel, de l’espoir, du désir, des plaisirs, des loisirs, des voyages, des inaugurations, des festivités aristocratiques et populaires, spontanées ou programmées. Le Danube est en même temps le fleuve des morts, des noyés, des suicidés, des désespérés, des reflets et des illusions, des intrigues, des dérives, de la propagande, du gigantisme, des métamorphoses d’un progrès paradoxal, de l’horreur des guerres, des crimes racistes, des naufrages, des inondations, des minorités persécutées ou ostracisées, des frontières obsessionnelles, des régimes totalitaires et du non retour, des drames de la séparation, de la joie des retrouvailles, des tourbillons et des incertitudes de l’existence, de l’impermanence, de l’oubli, de l’exode et de l’exil économique ou politique. Le Danube prend aussi, dans certains scénarios, le visage d’un oracle aquatique, d’un confident à qui certains êtres confient leurs secrets, leurs peines, leurs rêves d’un monde et d’un ailleurs meilleur, plus favorable. Le Danube est encore un fleuve que l’homme ne cesse de questionner sur le sens de son existence, de ses identités, du destin de l’humanité. Il y a aussi le fleuve vu à travers le regard étonné, intrigué, inquiet ou non des enfants, le fleuve sur les rives desquels les bêtes viennent s’abreuver paisiblement, se nourrir, se baigner et parfois le traverser, le fleuve d’un monde ancien encore préservé. Le « Fleuve » fait évidemment l’objet de nombreux reportages, documentaires, vidéos, sa présence inspirant aussi un processus de création artistique contemporaine dynamique : installations, performances visuelles et sonores et autres projets artistiques, itinérants ou non, se succèdent, « s’installent » brièvement, disparaissent ou s’épanouissent inlassablement sur ses rives ou sur le fleuve lui-même. Quant à son fascinant delta à la physionomie mouvante, il a depuis quelques années son propre évènement cinématographique, le Festival du film indépendant de Tulcea : www.festival-anonimul.ro
AKIN, Fatih (1973) Im Juli (En juillet)
Allemagne, 2000, 95 mn
Réalisateur, scénariste, acteur et producteur né en Allemagne à Hambourg dans une famille d’émigrés turcs. Ours d’Or à Berlin en 2004 (Head-On) et Grand prix du jury de la Mostra de Venise en 2009 pour Soul Kitchen. Im Juli est une jolie comédie sur le thème du voyage, de la rencontre et des frontières dont l’intrigue se déroule d’Allemagne en Turquie et en grande partie le long du Danube.
ANDRÉ, Alexandre (?), LE DERLÉ, Charles (Karol Lajthay, 1886-1946) L’enfant du Danube France-Autriche, film en noir et blanc, 1935 (1936), 83 mn
Mélodrame avec Ginette Gaubert, Josseline Gaël (la nièce), Pierre Nay, Henry Marchand, et Victor Vina.
Un batelier du Danube et sa femme sans enfant, prennent à bord une jeune femme et sa nièce. L’homme s’attache si profondément à la jeune femme que son épouse en devient jalouse. La jeune femme leur confie sa nièce et l’entente revient dans le couple.
ANGELOPOULOS, Théo (1935-2012) Tou vlemma, tou Odyssea (Le Regard d’Ulysse)
Grèce-France-Italie, 1995, 176 mn
A., (Bruno Ganz), cinéaste grec exilé aux Etats-Unis depuis des années, retourne dans son pays natal et part à la recherche de trois bobines mythiques non développées des frères Manakis, pères du cinéma grec.
Cette fabuleuse Odyssée contemporaine, à la fois lyrique, contemplative et métaphysique mènera le cinéaste à parcourir les Balkans chaotiques et en guerre et à s’interroger sur le véritable sens de sa quête. De nombreuses scènes ont été tournées au bord et sur le Danube, hors du temps.
Ce film a obtenu le Grand Prix du jury du Festival de Cannes en 1995. Théo Angelopoulos obtiendra la Palme d’or du même festival en 1998 pour son film L’Éternité et Un Jour.
ANTEL, Franz (1913-2007) Vier Mädel aus der Wachau (Quatre filles de la Wachau)
Autriche, 1957, 95 mn Comédie
Cinéaste prolifique, producteur et journaliste autrichien, Franz Antel a réalisé entre autres films Treize femmes pour Casanova (1977) et Johann Strauss (1987). Musique de Johannes Fehring, Lothar Olias, Heinreich Strecker. Avec Isa Günther, Jutta Günther, Alice Kessler, Ellen Kessler, Michael Cramer…
Dans le petit village de Weineck, situé dans la vallée de la Wachau, deux paires de jumeaux naissent le même jour. Pensant qu’il s’agit de quadruplés, le maire Leopold Scherzinger attribue leur nom à un vin faisant ainsi la promotion du village. Lorsque les quatre filles deviennent adultes, le maire craint que les jeunes femmes ne se marient et ne déménagent. Finalement, on assiste à une quadruple cérémonie de noces.
Vier Mädel aus der Wachau
ARASAN, Ismet (1959) Povestiri din Ada-Kaleh (Adakale Sözlerim Çoktur), Histoires d’Ada-Kaleh Turquie, 2008
Documentaire émouvant sur l’histoire tragique des habitants lié aux séjours du réalisateur sur l’île turque d’Ada-Kaleh, illustré avec de nombreux documents iconographiques personnels. https://youtu.be/uHFMPAFXOn0
BARISON, David, et ROSS, Daniel (1970) The Ister Icarus Films, Canada, 189 mn, 2004
Prix de l’association québécoise des critiques (2004) et prix du groupement national des cinémas de recherche (2004)
Ce film documentaire s’inspire d’une conférence donnée par le philosophe Martin Heidegger sur le poète allemand Friedrich Hölderlin et en particulier sur son poème Der Ister d’après le nom donné par les Grecs dans l’antiquité au Danube inférieur.
« Ce qui nous a amené à travailler sur le projet The Ister est né d’une passion commune pour la pensée de Heidegger et la conviction que le cinéma recèle un potentiel encore inexploité ou sous-développé pour aborder le questionnement philosophique. The Ister n’est ni une présentation ni une représentation du travail philosophique de Heidegger et encore moins un travail philosophique en lui-même. Présenter le travail de Heidegger d’un point de vue cinématographique nécessiterait – comme le dit Jacques Derrida – une audience prête à rester assise pour une projection de vingt quatre heures. »
Le film raconte la remontée du Danube, depuis son delta en Roumanie et en Ukraine jusqu’à ses sources dans la Forêt-Noire et invite à célébrer le fleuve en découvrant sur ses rives vestiges archéologiques, ses prouesses architecturales et ses villes détruites par les guerres. Sans cesse revient l’image de Prométhée que les rives du fleuve font découvrir à la fois comme enchaîné et comme déchainé. Une réflexion savante et poétique sur l’oeuvre de Heidegger, sur la technique, sur l’Europe, sur l’héritage grec et un vibrant hommage à la philosophie.
BARTELS, Ulrike, JENIN, Joël et ZEPPENFELD, Dieter Die Donau, ein Fluss für Europa Allemagne, 2004 La série de 13 films documentaires de 28 mn Le Danube, fleuve d’Europe, propose une découverte du fleuve, de ses sources en Allemagne jusqu’à son delta dans la mer Noire, et une rencontre avec les richesses culturelles et l’art de vivre des habitants des 10 pays traversés par le fleuve. Sources : www.seppia.eu/fr/danube-fleuve-deurope
BERGER, Ludwig (1892-1969) Walzerkrieg (La guerre des valses)
Romance musicale, Allemagne, 1933, 93 mn Joseph Lanner compositeur de la cour renommé et le jeune Johann Strauss senior se disputent le titre de « roi de la valse ».
Walzerkrieg (La guerre des valses) de Ludwig Berger, 1933
BERNARD, Raymond (1891-1977) Le jugement de Dieu France, 1949-1952
Film réalisé en 1949 et sorti en 1952 avec Andrée Debar (Agnès Bernauer) et Jean-Claude Pascal (Le Duc Albert de Bavière)
L’histoire tragique de la belle Agnès Bernauer, fille d’un barbier de la ville d’ d’Augsburg et dont le prince Albert de Bavière tomba follement amoureux.
Réalisateur, scénariste, adaptateur, Raymond Bernard est le fils cadet de l’écrivain français Tristan Bernard.
BLAIER, Andrei (1933-2011) Pădurea Pierdută (La forêt perdue) Drame, Roumanie, 1972, 91 mn
Production Studio cinématographique de Bucarest
Scénario de Mihnea Gheorghiu avec Ilarion Ciobanu, Cornel Patrichi, Ernest Maftei, Colea Răutu, Cornel Coman, Leni Pintea Homeag
Un village de pêcheurs au bord du Danube roumain pendant la deuxième guerre mondiale : Simion s’est fait déserteur et se cache dans la forêt menant une guerre personnelle contre les Allemands. Ceux-ci exaspérés par ses actions de résistance entreprennent de fouiller la maison de son frère Pavel qui, tout comme Simion, est amoureux de Lia qu’il voudrait épouser. Les soldats allemands la tuent. Pavel est tué à son tour en essayant de la venger.
BLAIER, Andrei Terente, regele baltilor (Terente, roi des marais) Roumanie, 1995, 82 mn
Scénario de Fanuş Neagu, avec Gavril Patru, Ilarion Ciobanu, Gheorghe Dinica
Les aventures de Terente (Ştefan Vasali, 1895 ou 1896-1927), pécheur et bandit légendaire du delta du Danube
BOESE, Carl (1887-1958) Eine Nacht an der Donau (Une nuit sur le Danube) Allemagne, 82 mn, film en noir et blanc, 1935 L’intrigue se passe à l’époque de l’Autriche-Hongrie.
Comédie d’après la pièce de théâtre de Johann Nestroy Der böse Geist Lumpacivagabundus. Tournée dans la Wachau à Dürnstein, Weissenkirchen, Eggensdorf et à l’abbaye bénédictine de Göttweig.
BOURGUET, Olivier
Des Carpates Au Danube, La Perle de l’Europe orientale France, 2015 Documentaire « Connaissance du Monde », 1h 20
CARL Rudolf (1899-1987) Dort in der Wachau ou die Donau Mädel (La fille du Danube) Comédie, Allemagne, 1957, 99 mn
Acteur, comique, chanteur, cinéaste autrichien producteur de films prolifique né à Břeclav (Lundenburg) en Moravie du sud (République tchèque). Joue des rôles dans plus de 200 films et séries télévisées qui lui en tant qu’acteur assureront une grande popularité.
Un des films qui consacre la vallée du Danube en Wachau comme décor incontournable de cinéma.
CIULEI, Liviu (1923-2014) Valurile Dunarii (Les vagues du Danube) Film de guerre, Roumanie, 1959, 100 mn România film/Studioul Cinematografic « Bucureşti »
D’après un scénario de Francis Munteanu (Kilomètre 1314) et Titus Popovici, musique de Theodor Grigoriu.
Ana, (Irina Petrescu 1941-2013), seule protagoniste féminine du film, photo droits réservés
Avec Irina Petrescu, Lazǎr Vrabie et le réalisateur Lucian Pintilie qui joue le rôle épisodique d’un soldat allemand. Mihaïl, un capitaine de péniche buveur et mauvaise tête est réquisitionné par les Allemands pour remonter le Danube avec à son bord des armes et des munitions. Mais le Danube est miné. À bord du bateau l’accompagnent sa jeune femme, deux soldats allemands assez stupides et un ancien prisonnier du nom de Toma, en réalité un officier de l’armée de libération roumaine, qui doit donner le signal aux partisans de se rendre maîtres du navire afin de mettre la main sur les armes. La péniche traverse de nombreuses aventures. Mihaïl est finalement tué par les Allemands mais il prend le temps de confier auparavant sa femme à Toma. Le film prend fin sur l’image de Toma paradant dans un bel uniforme après la libération de la ville.
« Avec un sens profond de la nature, le réalisateur a pris soin de capturer sur sa pellicule les plus beaux et les plus vastes paysages fluviaux, nous reposant entre deux scènes de bataille dominées par les mitrailleuses et les bombardements. Le seul personnage féminin de cette tragédie féroce, qui joue le rôle de l’épouse héroïque du valet de chambre, est une jeune actrice de Bucarest : Irina Petrescu. Jean Nicollien – 1960 (Gazette de Lausanne) https://youtu.be/rk-UfHZUZlk
COLLECTIF Soko Donau Production ORF et ZDF Autriche
Depuis 2005, 204 épisodes et 14 tableaux (toujours en cours…)
Série criminelle autrichienne très populaire.
CORGIAT, Mathieu Le goût du Danube France, 2005, 60 mn
Documentaire de création. Production : Association « Est-Sud-Est »
« Le Danube offre aux terres d’Europe centrale et orientale une richesse, un terroir, des saveurs… Les riverains, puisatiers et alchimistes du fleuve, multiplient le goût du Danube par leurs mains savantes et expertes. Ce film réalisé sur les rives du Danube de Hongrie, Serbie-Monténégro, Bulgarie et Roumanie, est une invitation au péché culinaire, au voyage fluvial, au charme autochtone. »
COUSTEAU, Jacques (1910-1997) Le Danube France, 1992 Danube I : Lever de rideau Danube II : Le rêve de Charlemagne Danube III : Les cris du fleuve Danube IV : Les inondations du fleuve Documentaire (en langue anglaise) sur le fleuve en quatre parties, de ses sources à son delta qui fut tourné deux ans après la chute du mur. Son ton sans complaisance décrit les incessantes et graves atteintes environnementales faites au fleuve par les hommes.
Une ode au fleuve sauvage d’autrefois !
COLPI Henri (1921-2006) Codine France-Roumanie, 1963, 98 mn
Film franco-roumain d’Henri Colpi d’après le roman éponyme de Panaït Istrati, musique de Theodor Grigoriu, texte d’Henri Colpi.
Production Como films-Romfilm-Tamara, avec Alexandru Virgil Platon, Razvan Petresco, Françoise Brion, Nelly Borgeaud et Germaine Kerjean.
Dans les années 1900, à Brăila, port de pêche et de commerce du Bas-Danube à la population pauvre multiculturelle, l’enfance misérable du jeune Adrien Zograffi est bouleversée par l’amitié qu’il noue avec Codine, une force de la nature au passé compliqué et douloureux, ancien détenu révolté, cultivé et assoiffé de justice et d’amour. Adrien Zograffi est le témoin, dans un décor danubien omniprésent, des luttes et des déchirements de son ami jusque dans les circonstances les plus sombres.
CÜRLIS, Hans, TÜRK, Walter Die Donau von den Schwarzwald bis zum Schwarzen Meer Allemagne, 1929 Institut für Kulturforschung Berlin
Documentaire
CVEJIĆ, Marko (1978) Podunavske Švabe, The Danube Swabians (Les Souabes du Danube) Serbie, 2011
Production Mandragora films Un excellent drame documentaire d’un réalisateur serbe né à Zrenjanin en Voivodine, sur le destin tragique des émigrés souabes du Danube que l’histoire et ses conflits incessants n’ont pas épargné.
DANELIUC, Mircea (1943) Croaziera Comédie dramatique, Roumanie, 1981, 122 mn Des jeunes ouvriers de différentes usines de la Roumanie communiste sont invités par des cadres du régime à une croisière sur le Danube en récompense de leur travail. La croisière devient chaotique quand ils décident de mettre à profit ces jours de vacances pour vivre des aventures romantiques. Un tourbillon satirique extrêmement divertissant. Avec les acteurs Nicolae Albani, Paul Lavric, Tora Visilescu…
DAQUIN, Louis (1908-1980) Les Chardons du Baragan Comédie dramatique, France, 1958, 116 mn
D’après le livre éponyme de Panaït Istrati. Film réalisé en partenariat avec le réalisateur roumain Gheorghe Vitanidis (1929-1994), musique de Radu Paladi (1927-2013).
Dans la Roumanie de 1906, sur la plaine aride du Baragan, Mataké, un adolescent, et ses parents paysans, vivent péniblement de la terre. Il quittent leur village dans l’espoir de trouver un meilleur sort, mais la mère meurt après un accident. Pour subsister, le père se fait engager dans une ferme. Après un vol, le propriétaire, un riche boyard l’accuse, et lâche sur lui ses chiens qui le tuent. Mataké, désormais seul, est recueilli par une famille compatissante.
Les récoltes sont mauvaises, les paysans vivent mal ; les boyards, eux, vivent bien. Au printemps 1907, les paysans poussés à bout se révoltent. La répression est sanglante, les massacres effroyables. Mataké, qui a survécu à l’horreur, décide, encore une fois, de partir. https://youtu.be/FJMxT9xK6tM
DEKISS, Jean-Paul (1946) Danube
Court-métrage, France, 1989
DOROHOÏ, Sabin (1984) Calea Dunarii (Le chemin du Danube)
Roumanie, 2012
Un court métrage plein d’émotion d’un talentueux réalisateur roumain dans le cadre somptueux danubien des Portes-de-Fer. Paysages enneigés et brumeux, rives et fleuve mélancoliques sur lequel passent des convois pour illustrer la réalité quotidien d’un jeune garçon séparés de ses parents qui sont partis travaillés à Vienne, en amont du fleuve. https://www.youtube.com/watch?v=kE2JQGOBres&t=88s
EPPLE, Roberto A. Widerstand am Strom, Hainburg, der österreichische Weg Production VIDOC, Wien/Rorschach, Suisse Suisse, 1987, 60 mn (version courte) et 80 mn (version longue)
Un documentaire illustrant le combat de David contre Goliath ou celui des écologistes autrichiens contre le projet de barrage de Hainburg soutenu par le gouvernement et mettant en danger le patrimoine naturel exceptionnel des plaines alluviales danubiennes en aval de Vienne. L’occupation des forêts par les militants de la cause environnementale en 1984 et un référendum national au sujet de la construction de la centrale hydroélectrique qui vit le non l’emporter, obligea le gouvernement à renoncer à ce projet. L’écologiste suisse Franz Weber (1927-2018) raconte cet épisode de l’histoire de la lutte pour la préservation du Danube sauvage et de son environnement dans son livre Le paradis sauvé, Éditions Pierre-Henri Fabre, Lausanne, 1986.
FEJÖS, Pál (1897-1963) Gardez le sourire (Sonnenstrahl) Tobis Klangfilm, Production Vandor
Comédie dramatique, France-Autriche, 1933, 91 mn
Réalisateur et scénariste hongrois, naturalisé américain en 1930. Film en noir et blanc. Musique de Michel Lévine et Ferenc Farkas
Avec Annabelle, Gustav Fröhlich, Hélène Darly, Robert Ozanne, Marcel Vibert.
Le film se passe à dans la Vienne des années trente où la crise économique mondiale fait des ravages. Un homme sans travail, mis à la porte par sa logeuse et prêt à se suicider dans le canal du Danube sauve une jeune femme de la noyade. Ensemble ils remonteront cahotiquement la pente vers des jours meilleurs jusqu’à l’achat d’un taxi dans un contexte urbain qui se métamorphose avec de nouvelles constructions destinées aux classes modestes. Le film a été tourné en version allemande (Sonnenstrahlen) et en version française (Gardez le sourire) en français, les seconds rôles sont tenus par des acteurs différents dans les deux versions.
Sonnenstrahl/Gardez le sourire de Pál Fejös, 1933
FISCHER, Torsten C. (1963) Wiedersehen an der Donau (Au revoir au bord du Danube), River of Life – Donau Allemagne, 2014, 90 mn Série télévisée Fluss des Lebens Production Shiwago Film
Drame, scénario de Maurice Herzfeld, Martin Kluger et Rafael Solá Ferrer, avec Sandra Borgmann, Harald Krassnitzer, Thomas Sarbacher.
FORGÁCS, Péter (1950), ANDRÁSOVITS Nándor (1894-1958) The Danube exodus, A Dunai Exodus (The Jewish exodus, the German exodus). Hongrie, 1998, 60 mn
Deux histoires danubiennes filmées par le capitaine Nándor Andrásovits. The Danube Exodus : Rippling Currents of the River, (installation), 2002
DVD édité par Bit Works, Inc., 2011, version en anglais
Ces deux films racontent les exodes de populations juives chassées de Vienne et de Slovaquie pendant la deuxième guerre mondiale et du retour dramatique d’Allemands d’Europe de l’Est vers leur patrie d’origine en 1944. 900 Juifs viennois et slovaques tentent de rejoindre en plein hiver 1941 la mer Noire en montant sur des bateaux pour ensuite poursuivre leur voyage vers la Palestine. Cette histoire fait également l’objet du film d’Erez et Nachum LauferThe Darien dilemma (Le dilemme du Darien).
Le réalisateur et artiste hongrois Péter Forgács construit son scénario sur les films amateurs de Nándor Andrásovits, commandant de l’un des bateaux (Le Reine Élisabeth). Il filme les passagers pendant leurs prières, leurs sommeil ou même à l’occasion d’un mariage. À la fin de la journée, un autre exode en sens inverse se substitue au premier, celui non moins tragique des populations allemandes de Bessarabie qui s’enfuient vers la fin de la guerre devant l’invasion russe et remontent le Danube vers l’Allemagne. Le fleuve est une nouvelle fois le théâtre de la brutalité des hommes. https://youtu.be/Z2zzc9ZDGu0
GAÁL, Béla (1893-1945) Az aranyember (L’homme en or) Hongrie, 1936, comédie dramatique
Adaptation du célèbre roman éponyme L’homme en or de Mór Jókai (1825-1904)
Poète, acteur, metteur en scène, directeur de théâtre, scénariste, réalisateur, Béla Gaál est le fondateur avec Géza von Bolváry de la première école de cinéma hongroise et l’auteur de nombreux films (comédies) parmi lesquels Meseautó (La voiture des rêves, 1934), grand succès adapté à l’étranger et Budai Cukrászda (Salon de thé budapestois, 1935).
GÁRDOS, Péter (1948) Az aranyember (L’homme en or) Hongrie, 2005
Adaptation pour la télévision hongroise du roman éponyme de Mór Jókai.
GHEORGHITA, Cornel (1958 ) Europolis, drame, 1h 38 mn avec Adriana Trandafir, Áron Dimény… France-Roumanie, 2011
Le film, dans lequel les personnages oscillent entre plusieurs mondes, ceux inséparables des vivants et des morts, entre Est et Ouest inconciliables, entre deux rives d’un fleuve immense, entre ici et ailleurs, entre le réel et le surnaturel, mêlant drame folklorique et récit onirique, inspiré en partie par le roman éponyme de l’écrivain roumain Jean Bart (Eugeniu Botez) raconte les périples de Nae et de sa mère depuis Sulina, petite ville portuaire située aux confins du delta et de l’Europe, riche d’un passé glorieux mais tombée aujourd’hui dans l’oubli, jusqu’en France, au bord de l’Atlantique où l’oncle Luca décédé récemment et sans argent a exprimé la volonté d’être enterré au bord du Danube dans la cité d’où il est parti. Le meilleur ami de l’oncle, un chaman leur demande de faire le voyage jusque dans le delta en accompagnant le cercueil. Mais L’âme facétieuse de Luca se joint à l’odyssée de retour et refait en quarante jours de deuil, selon une ancienne tradition roumaine le chemin de sa vie. Le neveu lui sert de passeur pour rejoindre sa dernière demeure. Luca, Nae et sa mère vont en chemin franchir les douanes célestes qui mènent finalement au jugement dernier. Nae traverse une dernière fois le fleuve accompagnant les corps de sa mère décédée et de son oncle pour aller les enterrer sur l’autre rive.
Premier long métrage du réalisateur roumain.
GERTLER, Viktor (1901-1969) Az aranyember (L’homme en or) Hongrie, 1962
Autre adaptation du magnifique roman éponyme « L’homme en or » de Mór Jókai. Dès le premier instant du film le fleuve est présent. On contemple, à l’image du capitaine du bateau, les rives hongroises.
GEYRHALTER, Nikolaus (1972) Angeschwemmt (Washed ashore), Déposé par le courant Autriche, 1994, 86 mn, documentaire
Un Danube « hors des sentiers battus ». Remarquable documentaire en noir et blanc avec de nombreux interviews de personnalités danubiennes étonnantes de Vienne et de ses environs dont celle de Joseph Fuchs, dernier fossoyeur et gardien du petit cimetière oublié des anonymes de la capitale autrichienne qui jouxte le port de commerce dans le quartier morose d’Albern, sur la rive droite, et où ont été enterrés autrefois les corps des noyé(e)s et suicidé(e)s retrouvés dans le Danube.
Le monde qui gravite autour du Danube viennois est déterminé par deux facteurs essentiels : le fleuve lui-même et les étranges caractéristiques de ceux qui peuplent ses berges. Et ils sont nombreux : pêcheurs, gardiens de cimetière, moines bouddhistes, locataires de petits jardins, mariniers ayant jeté l’ancre malgré eux, soldats et vagabonds de toutes origines…
Le grand fleuve relie tous ces gens qui vivent en marge, à « contre-courant » et entretiennent un lien singulier avec lui.
Le documentaire raconte tous ces visages, toutes ces histoires, toutes ces nostalgies. La caméra filme avec la même retenue et le même calme les tombes des innombrables noyé(e)s qui reposent au « cimetière des disparus anonymes », le marinier roumain et son épouse, exilés, immobilisés depuis plus d’un an sur leur péniche à cause du blocus du Danube pendant la guerre en ex-Yougoslavie qui leur barre le chemin du retour.
GLÜCK, Wolfgang (1929), tableau I et Moszkowicz, Imo (1925-2011), tableau II Donaug’schichten (Histoires du Danube)
Autriche, Allemagne, France (ORTF), 1963-1965
Série télévisée en 2 tableaux et 26 épisodes Première diffusion en 1965 (ARD) jusqu’en 1970 Willy Müller dirige la succursale d’une banque dans la petite ville danubienne de Krems en Wachau. Il lui arrive toutes sortes d’aventures avec ses clients. Malentendus, quiproquos, confusions complications… mettent sa patience à rude épreuve.
Avec Willy Millowitsch, Theo Lingen, Dominique Joos…
HOFFERMANN, Franz Das Mädel aus der Wachau 1928
HOOCKER, George Opération Liberland documentaire, 2018, 94 mn
Le 13 avril 2015, l’entrepreneur, journaliste et économiste tchèque Vit Jedlička (1983) tente de poser sur une île alluviale inondable de 7 km2 formée par un Danube facétieux entre les territoires de Croatie et de la Serbie le drapeau d’un nouvel micro état dénommé République libre du Liberland, futur paradis fiscal où il n’existerait aucune taxe. Une initiative qui représente un véritable danger pour l’environnement, la faune et la flore du fleuve et de ses rives dans cette partie préservée de son cours.
https://vimeo.com/179899395
Avec Martina Babišová, Ulrik Haagensen, George Hooker…
Voir également : This Noman’s Land of Mine, declaration of a tax haven, documentaire (37 mn)de Filip Rojík et Petr Salaba (production Studio Famu Marek Jindra)
https://youtu.be/qWUT7UHSls4 http://www.liberlandthefilm.com L’homme d’affaire tchèque et président du Liberland Vít Jedlička accompagné de l’eurodéputé Tomáš Zdechovský qui prétend être missioné par le parlement européen, tente de libérer « leur » territoire danubien du contrôle de la police fluviale croate et d’y créer un paradis fiscal. Une opération médiatique hasardeuse au milieu du Danube dont la légitimité ne semble pas évidente aux yeux de la police fluviale croate et qui se solde par un échec . Voir également le documentaire d’Euronews (2015)
https://youtu.be/Cu1AwZV6eNs et celui plus récent de Jonathan Legg (2020) https://youtu.be/369u54fcVfk
HORVATH, Andreas Postcard von Somova Hongrie, 2012, 20 mn
Documentaire. Somova, petit village « oublié » du delta du Danube roumain. Les chèvres paissent, les chats se promènent, deux pêcheurs essaient de réparer une charrette cassée pendant que le cheval patiente. Le temps se confond avec le paysage. Ce qui existait autrefois semble avoir survécu, y compris les déchets qui bordent le chemin. De manière analogue, cet état d’attente anachronique survit également dans le documentaire comme un cliché méditatif et une carte postale audiovisuelle d’une époque antérieure au progrès et à la précipitation. Un très joli documentaire filmé au rythme de la vie dans le delta. https://youtu.be/FNDrVJlj0oc
HÜBNER, Maurice (1986) Die Donau ist tief (Le Danube est profond), Ein Krimi aus Passau
Hager Moss Film Allemagne 2020, 87 mn
Téléfilm policier, scénario de Michael Vershinin, avec Andreas Bittl, Gottfried Breitfuss, Monika Bujinski…
Le détective privé Ferdinand Zankl est soupçonné d’avoir assassiné son ex-petite amie, Nunzia Rossi, directrice d’un refuge pour animaux. Il est arrêté par la police de Passau. C’est justement à ce moment-là que Zankl est soumis à une forte pression pour agir en raison d’une autre affaire. Les médias avaient annoncé que des fouilles étaient en cours dans la forêt bavaroise afin de mettre au jour des vestiges de l’époque romaine. Comme c’est justement là que Zankl avait enterré le corps d’un tueur à gages arabe l’hiver dernier, afin de protéger Frederike Bader, il doit empêcher de toute urgence que l’équipe chargée des fouilles ne tombe sur le corps qu’il a enterré.
GRAFF, Martin (1944) Donau ohne Visum (Le Danube sans visa) ARD et TV Donauländer Allemagne, 1989-1991 Téléfilm sur les pays riverains du Danube et leurs habitants (Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie, Hongrie, Yougouslavie, Roumanie, Union soviétique).
Donauträume (Rêves danubiens). Stromaufwärts (À contre-courant vers l’Europe ou De la mer Noire à la Forêt-Noire) Allemagne, 1998
3 x 30 mn, ZDF
Version pour Arte : Le réveil du Danube 2 x 45 mn France-Allemagne, 1998-1999
GRUBER, Andreas (1968) Hasenjagd-Vor lauter Feigheit gibt es kein Erbarmen (La chasse aux lièvres-Pas de pitié à cause de couardise)
Autriche, 1994
Le scénario relate la terrible chasse et le massacre, perpétués en février 1945, par les nazis et une partie de la population locale dans la région du Mühlviertel (Haute-Autriche à proximité de Linz), à l’encontre des prisonniers de guerre soviétiques, échappés du camp de concentration de Mauthausen.
Seuls onze des 500 prisonniers échappés du camp de l’horreur survécurent.
HAFNER, Franz Wildnis am Strom – Nationalpark Donau-Auen Autriche, ORF, 2010
Documentaire sur le Parc National des Prairies Alluviales Danubiennes (Basse-Autriche)
HARTMAN, Hugh (1903-1982) The Blue Danube, MGM USA, 1939
Dessin animé musical sur l’oeuvre éponyme de J. Strauss fils.
HUET, Anne-Laure Marie Blue Danube Court métrage, France, 2018, 10 mn Production École de la cité, Scénario Anne-Laure Marie Huet, avec Lola Créton et Noël Malassagne
IVAN, Oana Viaţa intre Ape, La vie entre les eaux Roumanie, 2016
documentaire « Les gens ont souvent tendance, lorsqu’ils parlent du Delta du Danube, à se rapporter aux nénuphars, aux pélicans et à la nature vierge, à l’exclusion des personnes qui font partie de cet écosystème. Nous ne savons pas comment ils vivent, quelles sont leurs habitudes qui sont la plupart du temps perçues à travers de nombreux préjugés. Je voulais montrer en profondeur le mode de vie de cette communauté pour qu’on la comprenne et qu’on l’accepte finalement. »
Oana Ivan Docteur en anthropologie, Oana Ivan a collaboré avec la National Geographic Society et a été consultante sur les questions locales et environnementales pour la Banque mondiale et l’Académie roumaine. Elle a séjourné 7 années dans le delta du Danube pour étudier les populations locales et leur mode de vie, préparer et réaliser le tournage de son documentaire. https://youtu.be/QcKi_KpRmP0
JACOBS, Werner (1909-1999) Mariandl Autriche, 1961, 85 mn
Production Sascha Film
Deuxième adaptation au cinéma de la comédie musicale de Martin Costa Der Hofrat Geiger après celle de Hans Wolff (1947). Les rives danubiennes de la Wachau servent une nouvelle fois de décor enchanteur (Spitz, Dürnstein, Emmersdorf, Aggsbach-Markt…)
Avec Hans Moser, Gunther Philipp, Conny Froboess, Rudolf Prack, Waltraut Haas…
JACOBS, Werner Mariandl Heimkehr
Autriche, 1962, 93 mn
Production Sascha Film Après le succès du premier Mariandl une suite avec une « happy end » s’imposait.
JACOBY, Georg (1882-1964) Das Kind der Donau (L’enfant du Danube) Autriche, 1950 Production Nova-Film, Wien Film
Comédie musicale autrichienne de 1950, 111 mn, musique de Nico Dostal (1895-1981)
Premier film en couleur autrichien avec l’actrice, chanteuse et danseuse Marika Rökk, épouse du réalisateur allemand et auteur du film, Georg Jacoby.
Avec Marika Rökk, Fred Liewehr, Harry Fuß, Fritz Muliar…
Trois amis cherchent le long du Danube un logement pour l’été mais comme ni la logeuse ni le prix de la chambre ne correspondent à leurs attentes, l’un d’eux, Georg, écrivain, s’installe seul sur un vieux bateau qui semble abandonné. Pendant ce temps les deux autres font une halte dans une auberge proche où ils admirent Marika qui danse et écoutent ses chansons. Séduits, ils envisagent déjà d’en faire une star. Georg a trouvé un lit sur la péniche et s’étonne quand pendant la nuit Marika le réveille brutalement. Elle habite sur le bateau qui appartenait autrefois à son père. Georg et Marika s’entendent bien jusqu’à ce que Georg s’absente une nuit et ne revienne sur le bateau qu’au petit matin. Alors que Marika pense qu’il est allé flâner, Georg a en réalité postulé dans un journal et a été affecté à l’équipe de nuit pour emballer les journaux. Il prévoit d’utiliser l’argent pour réaliser le plus grand rêve de Marika : remettre le bateau à flot et pouvoir naviguer sur le Danube comme avant.
Marika Rökk dans le rôle principal est une toupie de bonne humeur qui tourbillonne sans cesse à l’image. Il y est question d’amour, d’amour de la nature, du fleuve, de musique et de rêve d’un art nouveau de vivre mais qui reste toutefois une utopie lointaine. Le film a été récemment restauré numériquement par Filmarchiv Austria.
De leur côté, Heinrich et Oskar essaient de faire passer Marika pour une star du théâtre. Lorsque le directeur du théâtre annule tous les entretiens d’embauche en raison de la crise théâtrale, les acteurs décident de monter leur propre pièce de théâtre sous la direction de Marika, dans un vieil amphithéâtre non loin du Danube. La répétition générale se déroule sans problème et la première représentation affiche déjà complet. Georg ignore ce que préparent ses amis car il dort le jour et travaille la nuit. Une collègue, qui lui a rendu visite une fois sur le bateau et dont Marika suppose qu’elle avait une relation avec Georg, a provoqué des tensions entre eux deux. Georg est heureux d’annoncer à Marika la décision de son rédacteur en chef : Il a accepté que Georg écrive une série de reportages sur sa vie à bord d’un bateau qui navigue sur le Danube. Le journal veut également prendre en charge les frais de remise à flot du bateau et d’entretien pendant les trajets. Marika décide cependant de ne pas y participer car elle ne veut pas, en tant qu’actrice principale, laisser tomber la troupe de théâtre. Une rupture survient entre Marika et Georg qui quitte le bateau pendant un orage. Pendant ce même orage, la foudre frappe le théâtre et un incendie le détruit.
Georg qui a appris la catastrophe par le journal, revient auprès de Marika. Il convainc la troupe de prendre un nouveau départ dans un autre théâtre et, malgré les difficultés, lance un article dans le journal demandant le soutien des lecteurs à la troupe de théâtre. Peu de temps après, c’est chose faite : dans un théâtre bien plus grand que la première salle, la pièce folklorique de la troupe commence. Comme le ténor ne peut pas se produire en raison d’un enrouement, c’est Georg, auteur de la pièce qui reprend son rôle. Marika n’est tout d’abord pas très enthousiaste lorsqu’elle se retrouve face à lui sur scène, mais tous deux se rapprochent pendant la représentation et finissent par se réconcilier. https://youtu.be/dShu59qCoJI
JANSON, Victor (1884-1960) Donauwalzer (Le roi du Danube) Allemagne, 1930, film muet en noir et blanc
Scénario de Walter Reich, production Aafa Film AG
KOBUSIEWICZ, Ada (1978) Danube Treasure Serbie, 2012
Documentaire vidéo expérimental, (5 mn)
« Danube Treasure » de la réalisatrice polonaise Ada Kobusiewicz déploie ses jeux de lumière sur le Danube, révélant la monstrueuse beauté des pollutions de la rivière. Il s’agit d’un documentaire vidéo expérimental sur la condition du monde contemporain à travers le problème des déchets rejetés dans le Danube. Le cadre poétique de ce film reflète le temps qui passe et interroge l’avenir de notre planète. La forme abstraite et floue qui y apparaît représente la fragilité, tout en restant ouverte à des interprétations multiples. www.adakobusiewicz.com
KORDA, Sándor (1883-1956) Omul de aur/Az aranyember (L’homme en or) – Der rote Halbmond (la demi-lune rouge) Hongrie, 1918, 84 mn
Avec Oszkár Beregi (Tímár Mihály) et Ica von Lenkeffy (Noémi)
Sándor Korda quittera la Hongrie pour l’Angleterre en 1919 après avoir déjà réalisé plus de 25 films. Le jeune réalisateur hongrois de 26 ans s’inspire d’un grand classique de la littérature hongroise, L’homme en or de Mór Jókai (1872). Ce film qui connaîtra un immense succès en Hongrie durait quatre heures à l’origine. Seule une version en langue allemande a subsisté (Der rote Halmond)
L’homme en or, navigation dans le défilé des Portes-de-Fer
Un riche pacha turc, sur le point d’être arbitrairement arrêté, s’enfuit avec sa fille à l’étranger et s’embarque pour remonter le Danube sur un navire marchand commandé par Michael Timar. Proche de la mort, le pacha lui confie sa fille que le capitaine va épouser après avoir mis la main sur la fortune du défunt. Mais c’est un mariage de convenance, sans amour…
KORDA, Sándor (1883-1956), Az aranyember (L’homme en or), 1918
KRAFT, Sybille (1958) Damals in Passau, (Autrefois à Passau),documentaire (série « Sous notre ciel ») Damals in Ingolstadt (Autrefois à Ingolstadt), documentaire (série « Sous notre ciel ») Damals in Regensburg, (Autrefois à Ratisbonne) documentaire (série « Sous notre ciel ») Allemagne (?) Sybille Kraft est une réalisatrice, journaliste, écrivaine, commissaire d’exposition allemande, collaboratrice de la Radio-télévision bavaroise, auteure, parmi de nombreux autres films, de plusieurs remarquables documentaires sur des villes bavaroises des bords du Danube. Ses oeuvres ont été récompensées à de nombreuses reprises. www.br.de/unter-unserem-himmel112.html
KUSTURICA, Emir (1954) Chat noir, chat blanc Franco-germano-yougoslave, 1998 Comédie policière, 130 mn Avec Barjam Severdzan (Matko Destanov), Srdan Todorovic(Dadan), Branka Katic (Ida)… Matko le tzigane, son fils Zare et ses amis installés au bord du Danube trafiquent sans grand succès avec les mariniers russes qui passent devant sa cabane. Ayant besoin d’argent pour détourner un train de wagons d’essence, il va trouver un vieil ami de son père et parrain de la communauté gitane pour l’aider à monter son opération. Grga Pitic accepte de lui prêter de l’argent. Matko commet toutefois la maladresse de mettre dans le coup Dadan, un autre trafiquant en apparence plus malin que lui mais le destin, grâce à son père et à son fils intègre et amoureux d’une jeune serveuse, va sourire à sa famille. Une comédie délirante sur fonds d’un fleuve qui bouscule la vie quotidienne de la communauté et de truculantes musiques des Balkans.
Une grande farce danubienne qui se moque du matérialisme et fait triompher l’amour désintéressé !
Lion d’argent, Festival de Venise, 1998
KUSTURICA, Emir Underground France-Allemagne-Hongrie, 1995, 170 mn Musique de Goran Bregović
Chaos, destins croisés, poésie et négation de la vie dans cet inextricable labyrinthe des Balkans du réalisateur né à Sarajevo où se tissent et s’entrecroisent sans cesse, rêves et réalités, quotidien et éternité, traditions et modernité illusoire, raison et magie sur fond de paysages danubiens.
LAUFER, Erez, LAUFER, Nachum The Darien dilemma, (Le dilemme du Darien) Israel, 2006 (2008 ?), 90 mn, hébreu, sous-titré en anglais Documentaire, drame Le film raconte la tragédie d’un millier de Juifs viennois, polonais et slovaques bloqués à bord de bateaux sur le Danube gelé pendant l’hiver 1940-1941 et attendant d’être sauvés ou abandonnés à leur sort par un agent des services secrets israéliens, Ruth Kliger (1907 ou 1914-1979) et ses collaborateurs hébergés dans un hôtel d’Istanboul.
Cette tragédie de l’exode est également le sujet de la première partie du film de Peter FORGÁCS, Péter et Nándor ANDRÁSOVITS The Danube exodus, (A Dunai Exodus).
Nachum Laufer a d’abord eu l’intention de raconter comment il avait fui l’Europe avec sa mère mais au cours de ses recherches, il a découvert l’histoire de Ruth Kliger « La Dame du Mossad » et du choix dramatique auquel elle a été confrontée. Le scénario reconstitue le dilemme de Ruth Kliger afin comprendre son attitude dans le contexte d’un épisode historique particulièrement douloureux.
Le film est disponible au Musée de la Shoah et au Musée Juif de Paris.
LEROY Annik (1953) Vers la mer Belgique, 1999
Film sélectionné à la Berlinale
Essai cinématographique en forme de « road movie », des sources du Danube jusqu’au delta par une réalisatrice, photographe et vidéaste bruxelloise inspirée.
« Vers la mer » d’Annik Leroy est le cas modèle d’un film qui propose différents niveaux de récit et qui engage le spectateur de façon multiple en stimulant sa fantaisie et son imagination. Il thématise ce que dans un film peut signifier le « récit » et en propose un projet propre ainsi que des réponses propres.
À travers un voyage, le film livre un aperçu de l’histoire et du présent européens. Il se divise en des épisodes qui sont alignés comme les perles d’un collier. L’alignement semble aléatoire, mais il est pourtant systématique dans la mesure où les épisodes se rapportent toujours en fin de compte à tes thèmes proches les uns des autres.
Le thème du fleuve, le Danube, que le film suit de la source jusqu’à l’embouchure, introduit d’abord un effet de grand calme. l’oeil du spectateur se repose, le mouvement s’apparente à celui de l’eau, lent cependant continu, engendrant un sentiment du temps, de la durée, un sentiment de l’être en marche. En cela réside la dynamique propre du film.
Des rencontres et des observations que l’on trouve dans le film résulte un panorama historique. « Vers la mer » n’est pas seulement un essai poétique, mais il rassemble aussi des expériences européennes qui s’éclairent mutuellement. Elles sont toutes ancrées dans une sphère propre. Chaque personnage du film « interlocuteur » ou « personne interviewée » serait une expression inadéquate parle d’un environnement spécifique qui devient à chaque fois un miroir du monde, parfois une métaphore – des souvenirs de l’époque monarchique du propriétaire d’un café viennois à l’Holocauste et au camp de Mauthausen avec son escalier, image clé de ce film, en passant par le rappel de disputes politiques et de luttes sociales. Entretemps est évoqué un souvenir de Kafka ; et puis on est mis en présence de manière très distincte des traces du socialisme « réellement existant », toujours visibles dans les pays du Danube qui y étaient exposés, et de la manière dont s’expriment ces traces dans des visages, des architectures, des paysages et des symboles visuels…
Le film renonce à la beauté conventionnelle et fixe bien plutôt un climat d’introspection, de méditation. Il existe à la fois une observation de la réalité, tel un assemblage d’images et de sons authentiques et en même temps une concentration poétique, tel un discours, tel une trace de la réflexion. Abandonnant le récit habituel mais aussi le principe du reportage, il propose des rapports et des chaînes d’association tout à fait libres. « Vers la mer » est un film qui se présente dans sa structure et dans ses principes formels comme un produit et un manifeste de l’imagination… » Ulrich Gregor, Vers la mer. Pensées à propos d’un film, traduit par Alexander Schnell.
LHOTSZKY, Georg (1937-2016) Moos auf den Steinen (La Mousse des pierres) Autriche, 1968, 82 mn
Réalisateur autrichien né à Opava en Silésie (aujourd’hui en République tchèque) Un film de l’année 1968 inspiré par « La Dolce Vita », »Le Léopard » et la Nouvelle vague, mais avant tout autrichien dans sa sentimentalité et son ambiance nostalgique en particulier du temps de la « bonne vieille monarchie habsbourgeoise ». Musique du pianiste et compositeur autrichien Friedrich Gulda.
Moos auf den Steinen (La Mousse des pierres) de Georg Lhotszky, 1937
LUTHER, Miloslav (1945) Le sentier à travers le Danube (Chodník cez Dunaj) Slovaquie, 89 mn, film dramatique réalisé pour la télévision tchécoslovaque Un employé de la compagnie ferroviaire slovaque, Viktor Lesa, livre régulièrement du courrier à la gare de la ville frontalière de Ludendorf (Břeclav) à l’époque du protectorat de Bohême-Moravie instauré par le régime nazi après l’invasion de la Tchécoslovaquie. Il détourne volontairement une d’importantes livraisons de courrier. Après l’arrivée de la Gestapo dans la ville, il est contraint de fuir de l’autre côté de la frontière avec son collègue tchécoslovaque et employé des postes juif, František Ticháček.
MAÁR, Gyula (1934-2013) Balkán! Balkán! (Chira Chiralina) Hongrie-Roumanie, 1993 Drame. Le film est inspiré du roman éponyme de l’écrivain roumain de Brăila, Panait Istrati
Ce roman a inspiré également un film muet tournée en Ukraine soviétique en 1927, produit par le VUFKU et un long métrage du réalisateur roumain Dan Pita (1938), Kira Kiralina (2014). Ce cinéaste a participé au documentaire collectif L’eau telle un buffle noir. (1971)
MĂRGINEANU, Nicolae (1938 ) La porte blanche Poarta albǎ, (La porte blanche) Roumanie, 2014, 86 mn
Le film est basé sur le livre « Le cousin Alexandre », écrit par Adrian Oprescu. Scénario de Nicolae Mărgineanu et Oana Maria Cajal. Avec Cristian Bota, Maria Ploae, Marius Chivu, Sergiu Bucur, Ion Besoiu, Ion Grosu. Produit par Ager Film.
L’aventure tragique de la construction du canal Danube-mer Noire appartient aussi à l’histoire du fleuve.
Adrian et Ninel se retrouvent côte à côte avec des détenus entassés dans des wagons de marchandises qui viennent d’arriver dans l’un des camps de travaux forcés du canal Danube-Mer Noire. Parmi les autres condamnés des enseignants, des avocats, des poètes, des philosophes, des paysans, des artistes, des scientifiques dont le régime communiste se méfie. Tous se rendent compte que ce travail a pour but de créer un lieu de souffrance organisée où il faut exterminer les indésirables et les opposants au régime communiste. https://youtu.be/dXmduNc5Sb8
MARISCHKA, Ernst (1893-1963) Sissi Autriche, 1955, 102 mn
Le film mythique d’Ernst Marischka est une biographie romancée de la vie d’Élisabeth de Bavière, futur femme de l’empereur François-Joseph de Habsbourg.
Impossible de ne pas voir ce film au moins une fois dans sa vie pour le jeu et la beauté de Romy Schneider.
Romy Schneider incarnant le personnage de Sissi dans le film d’Ernst Marischka
MIKLÓS, Markos (1924-1920) A Dunai Hajos
Hongrie, 1974, 99 mn Une adaptation du roman de Jules Verne Le pilote du Danube.
MUNDRUCZÓ, Kornél (1975) Delta Hongrie, 2008, 92 mn
Scénario : Yvette Bíró, Kornél Mundruczó, Image : Mátyás Erdély, Montage : Dávid Janscó, Musique : Félix Lajkó, Coproduction : Proton Cinema, Essential Filmproduktion, ZDF/Das kleine Fernsehspiel, ARTE
À la mort de son père, un jeune homme taciturne retourne dans le village de son enfance, dans le delta du Danube, labyrinthe d’eau et de végétation coupé du reste du monde. Il fait alors connaissance de sa jeune sœur, dont il ignorait jusque-là l’existence. Bien que frêle et timide, celle-ci est décidée à quitter le village pour le rejoindre dans la cabane délabrée où son frère s’est retiré. Ensemble, ils entreprennent la construction d’une maison sur pilotis au milieu du Danube, comme au milieu de nulle part. C’est une véritable histoire d’amour qui se tisse au fur et à mesure, presque silencieusement entre eux. Mais cette relation incestueuse n’est pas du goût des autres habitants. Au cours d’un repas auquel les deux jeunes gens convient leurs voisins, ils se retrouvent confrontés à une réalité brutale.
Le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó, diplômé de l’Université d’Art Dramatique et Cinématographique de Budapest (Színház-és Filmművészeti Főiskola), a réussi un troisième long métrage d’une grande beauté. Tout à la fois paisible et sombre, servi par une mise en scène contemplative, il propose une relecture originale de la philosophie rousseauiste et questionne la liberté face au tabou universel qu’est l’inceste. L’interprétation elliptique et pleine de pudeur de Félix Lajkó et d’Orsolya Tóth (actrice fétiche du réalisateur hongrois) donne toute sa place au somptueux paysage du delta du Danube, traité dans ce film magnifique et d’un grand réalisme comme un personnage central à part entière.
Ce film a reçu le Grand Prix de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique au Festival de cannes (2008).
NAGHI, Gheorghe (1932-2019) Alarmă în deltă (Alarme dans le delta) Roumanie, 1975, 68 mn Scénario Petre Luscalov et Gheorghe Naghi, production Casa de Filme Trei Film d’aventure se déroulant en partie dans le delta du Danube. Voinicel (Sorin Vasiliu) et Azimioara (Dan Popescu), deux enfants d’un village du Delta, sont involontairement impliqués dans une série d’aventures dangereuses. Des criminels ont dérobé au Musée de Constanţa des pièces de collection avec lesquelles ils ont l’intention de traverser la frontière. Les jeunes détectives vont contrecarrer les plans des trafiquants. Gheorghe joue le rôle d’un mécanicien dans ce film. https://youtu.be/dmWhQItMcKE
NESTLER, Peter (1937) Uppför Donau (Up the Danube) Suède, 1970, 28 mn Documentaire Production Sveriges Television, Malmö, scénario, peter Nestler et Szöka Nestler
Réalisateur et documentariste allemand
NOWOTNY, Franz (1949) Exit-nur keine Panik (Sortie, mais pas de panique) Autriche-RFA, 1980, 96 mn
Réalisateur et scénariste autrichien né à Vienne.
Ce film de gangsters tragi-comique est devenu un film culte. Avec Hanno Pöschl (Kirchhoff), Paulus Manker (Plachinger), Isolde Barth (Gerti), Eddie Constantine (Poisgrard), Peter Weibel (Langner), Kurt Kren (Voyeur), Hans Georg Nenning…
OTTLEY, Charlie (1971) Wild Danube Roumanie, décembre 2021, 45 mn
Documentaire réalisé dans le delta du Danube en hommage à Ivan Patzaichin.
Le réalisateur et journaliste britannique Charlie Ottley a consacré plusieurs films à la nature en Roumanie (Wild Carpathia, Flavours of Romania…)
Wild Danube
PINTILIE, Lucian (1933-2018) Un été inoubliable France-Roumanie, 1994, 94 mn
Scénario d’après la nouvelle La salade de l’écrivain roumain Petru Dumitriu
Production MK2-Filmex Roumanie, 1994
Dans les années 20 le capitaine Dimitriu et sa famille sont mutés dans une garnison isolée en Dobrogée, de l’autre côté du Bas-Danube, sur la rive droite, en territoire bulgare occupé par les Roumains. Tandis que le capitaine reçoit l’ordre de prendre en otage des villageois et de les faire fusiller, sa femme se lie au contraire d’amitié avec eux.
Fable tragique anti-militariste historique et chronique intimiste sur fond de superbes paysages de la Dobrogée danubienne.
Le réalisateur et metteur en scène roumain Lucian Pintilie, né en Bessarabie, malmené par le régime communiste, s’exile en France après la censure de son deuxième film La reconstitution (1969). Pendant longtemps figure emblématique du cinéma roumain, Il revient dans son pays en 1990 et tourne Le chêne en 1992, Un été inoubliable (1994), Trop tard (1996), Terminus Paradis (1998), L’après-midi d’un tortionnaire (2001) et Niki et Flo (2003).
Lucian Pintilie, Un été inoubliable
PIŢA, Dan (1938), GRIGORESCU, Ioan (1930-2011) Kira Kiralina Roumanie, 90 mn, 2014
Adaptation cinématographique du roman éponyme de Panait Istrati, « Kira Kiralina » qui raconte l’histoire d’une belle et mystérieuse femme qui, aux côtés de sa mère, finit par vendre ses charmes aux hommes.
Le film a une aura orientale qui rappelle l’atmosphère magique des « Mille et Une Nuits ». Les héroïnes sont vues à travers les yeux de Dragomir, frère et fils des deux femmes. Plusieurs autres cinéastes se sont également inspirés de ce roman pour réaliser des longs métrages dont le hongrois Gyula Maár.
Avec Florin Zamfirescu, Iulia Dumitru, Stefan Iancu, Corneliu Ulici, Iulia, produit par Castel Film.
POPESCU, Mircea, D. Salutare din Ada-Kaleh (Salutations d’Ada-Kaleh) Roumanie, 1968
Documentaire sur l’île turque engloutie d’Ada-Kaleh
S-au deschis Porţile din Fier ale Dunǎrii (les Portes-de-Fer se sont ouvertes) Roumanie-Yougoslavie, 1972 Documentaire sur l’histoire de la navigation et les aménagements du fleuve à la hauteur des Portes-de-Fer, les derniers pilotes des cataractes de l’ancienne Orşova, sur la disparition de l’île turque d’Ada-Kaleh et des autres villages noyés par les eaux du nouveau lac artificiel.
Commentaire final : « Les Portes de fer du Danube, jusque-là encloses, se sont ouvertes ». https://youtu.be/uHFMPAFXOn0
PROHASKA, Reiner(1966), SCHMIDT, Carola (Autriche) Boring River (Un fleuve ennuyeux) Autriche, 2014 Documentaire
Un voyage artistique de l’artiste autrichien Reiner Prohaska, né sur les bords du Danube à Krems, à bord du trimaran »MS Cargo » de Melk (Autriche) jusqu’à la mer Noire. www.rainer-prohaska.net/cargo
QUEST, Hans (1915-1997) Die Lindenwirtin vom Donaustrand (L’aubergiste de la plage du Danube) Autriche-RFA, 1954, 91 mn
Musique de Hans Lang (1908-1992), compositeur de la musique du film Der Hofreit Geiger et de la chanson Mariandl.
Production Sascha-Film, Lux-Film Production Comédie Le village inconnu d’Arnstein dans la Wachau fête son nouveau débarcadère et attend avec impatience les premiers touristes. Une seule jeune femme descend du bateau pour rendre visite à son ancienne nurse. Helga qui étudie l’architecture d’intérieur à Vienne, s’est séparée de son fiancé peu avant la fin de ses études et elle a maintenant besoin de s’éloigner de la grande ville. Mais son amie a elle-même des problèmes. Les affaires vont mal, elle est fortement endettée et l’auberge elle-même est délabrée. De plus elle est poursuivie avec une méchanceté acariâtre par un boucher local, car elle a non seulement refusé ses avances mais elle a aussi hérité de l’auberge du Tilleul. Celui-ci a racheté toutes les factures impayées de Thérèse et exige d’elle qu’elle le rembourse.
Lors d’une promenade, Helga est surprise par un orage et se réfugie dans une forêt. Celle-ci fait partie du domaine privé du château d’Arnstein et il est interdit d’y pénétrer. L’intendant du château n’est pas très content de voir Helga, mais il lui propose de venir au château où elle pourra faire sécher ses vêtements. La jeune employée du château, Rosl, est tout de suite enthousiaste, car Fred n’amène jamais de femme au château. Grâce à ses romans, elle imagine immédiatement une histoire d’amour romantique entre Fred et Helga. Dans l’après-midi, Fred ramène même Helga au village. Pendant que Thérèse tente d’obtenir un crédit auprès de la banque à Vienne, Helga transforme l’auberge. Elle reçoit l’aide surprenante de Fred qui fait venir tout le mobilier du château en prêt. De plus, il est tombé amoureux d’Helga. L’auberge est désormais aménagée mais les touristes manquent toujours à l’appel. Helga et Fred décident d’organiser une fête à Arnstein puisque c’est le 500e anniversaire de la construction du château. Il y aura finalement plusieurs jours de fête. Thérèse récolte enfin assez d’argent pour rembourser ses dettes.
Die Lindenwirtin vom Donaustrand, photo droits réservés
Les complications ne manquent pas : Jimmy, le neveu de M. Stone arrive à Arnstein avec deux amis et s’étonne de la disparition des meubles du château. Mais il se fait rapidement une amie en la personne de Rosl et tous deux finissent par se marier. Helga reçoit la visite inattendue de son ex-fiancé, le professeur Herdmenger qui essaie de la convaincre de partir avec lui à l’université d’Ankara en tant qu’assistante et se montre horrifié lorsque Helga affirme vouloir dans la Wachau. Il se doute qu’Helga a une relation avec Fred et tente de le persuader qu’il est un obstacle à la carrière d’Helga. Comme Fred lui-même a dû abandonner ses études d’architecture à cause de la Seconde Guerre mondiale et qu’il ne les a jamais terminées après la fin de la guerre, il renonce à Helga.
Mr. Stone arrive à Arnstein par surprise et s’arrête d’abord à l’auberge où il reconnaît tout son mobilier. Helga parvient à le convaincre de ne pas licencier Fred. Elle-même a décidé de quitter Arnstein. Lorsque M. Stone raconte à Fred combien Helga l’a défendu et que Thérèse rapporte également qu’Helga a mis le professeur Herdmenger à la porte de la maison, Fred court après Helga et se réconcilie avec elle. Il s’ensuit un double mariage : outre Rosl et Jimmy, qui veulent partir en Amérique, Helga et Fred se marient également. Tous deux partent à Vienne pour y travailler ensemble comme architectes.
RADEMANN, Wolfgang Die Donauprinzessin (La Princesse du Danube), série télévisée allemande en 13 épisodes produite par Wolfgang Rademann et la ZDF, Allemagne, 1993 La comtesse et veuve Verena Schönwald (Gaby Dohm) et la propriétaire d’un château-hôtel près d’Arstetten, Julia Wandel, (Brigitte Karner) sont les deux égéries de la vie du capitaine Rick Reimers (Oliver Tobias), qui commande le Donauprinzessin et navigue désormais sur le Danube de Passau à Budapest après vingt années de croisières sur le Nil.
RADVÁNYI, Géza von (1907-1986) Quelque part en Europe Hongrie, 1947, 104 mn Drame Quelque part au bord du Danube en 1944. Des enfants, victimes de drames terribles, surgissent d’un peu partout. Ils maraudent pour vivre et mènent une existence à moitié sauvage, craignant autant leurs semblables que les adultes…
L’atmosphère sombre et lugubre du film, drame néoréaliste, avec des extraits de reportages terrifiants de l’après-guerre en Hongrie, évolue peu à peu grâce à la rencontre par les enfants, d’un chef d’orchestre original et bienveillant, réfugié dans une forteresse à demi en ruine. Geza von Radványi est le frère de l’écrivain hongrois Sándor Márai.
REBIC, Goran (1968) Donau, Dunaj, Duna, Dunav, Dunarea Autriche, 2003 (France, 2004)
Réalisateur né en 1968 à Vršac en Voïvodine (Serbie). Donau, Duna, Dunaj, Dunav, Dunarea, film d’inspiration poétique raconte le dernier voyage vers la mer d’un vieux bateau rouillé Le Danube, de Franz, son capitaine au mauvais caractère et de passagers singuliers.
Un équipage et des passagers hétéroclites et attachants...
Quand un jeune homme monte à bord avec le cercueil d’une femme et le désir d’exaucer ses dernières volontés, il n’a pas d’autre choix que de partir avec son vieux navire de Vienne vers la mer Noire. Un orphelin, un déserteur, un toxicomane et divers autres individus profondément déracinés font le voyage avec Franz, le jeune homme et le cercueil, un voyage de deux mille kilomètres vers l’est, où ils pourront peut-être trouver un foyer accueillant sur les rivages lointains du Danube. http://youtu.be/dSXpcVER3cA
REED, Carol (1906-1976) The Third Man (Le Troisième Homme)
Grande-Bretagne, 1950
Drame
Ce film culte, inspiré de la nouvelle au titre éponyme de Graham Greene (1904-1991), se passe à Vienne à l’heure de la guerre froide. Holly Martins voudrait comprendre comment un de ses amis, Harry Lime, qui l’avait invité pour un séjour, est mort. L’amie de Harry, Anna tente de l’en décourager. Holly apprend par la police britannique que son ami est un trafiquant de pénicilline. Celui-ci est vivant, une autre personne ayant été enterrée sous son nom. Holly Martins participe à sa poursuite dans les égouts de la ville. Cerné, Harry demande alors à son ami Holly de le tuer.
REINERT, Emile Edwin (1903-1953) et RODE, Alfred (1905-1979) Le Danube bleu France, 1938
L’action se passe dans un camp de tziganes. Anika est aimée du pauvre Sandor et du riche Féry. Elle aime Sandor mais accepte les cadeaux de Féry. D’où une jalousie violente entre les deux hommes qui un jour en viennent aux mains. Le lendemain, on retrouve Féry assassiné. Sandor est accusé du meurtre et chassé du camp. Anika, qui ne peut croire à sa culpabilité, se promet de découvrir le coupable. Elle a bientôt la preuve que le meurtrier est Rakos qui la courtise et a tué Féry par cupidité. C’est au tour de Rakos d’être chassé du camp. Il trouve en fuyant une mort dramatique. Anika recherche Sandor ; elle le retrouve chanteur aux Ambassadeurs de Budapest. Mais elle n’est pas venue seule. Toute la tribu est là qui obtient grand succès auprès du public du théâtre. Le directeur souhaiterait les engager tous, mais ils préfèrent leur liberté. Et accompagnés de Sandor, ils regagnent leur camp. Sources :
Les fiches du cinéma 2001, La Cinémathèque française
REITZ, Edgar (1932) L’histoire du tailleur Berblinger d’Ulm Allemagne, 120 mn, 1979
Avec Tilo Pruckner, Vadim Glowna, Hannelore Elsner…
La « véritable » histoire tragi-comique du tailleur Albrecht Berblinger (1770-1829) qui conçut une machine volante à la fin du XVIIIe siècle. Son vol raté du 31 mai 1811, depuis la cathédrale d’Ulm se termina… dans le Danube où il fut secouru par des pêcheurs. Inventeur de génie, Berblinger, malgré le fait qu’il fut désormais pris pour un bonimenteur et dut quitter la ville, n’abandonna jamais son ambition de voler.
SAIZESCU, Geo (1932-2013 ) Le Bal du samedi soir (Balul de Sambata Seara) Roumanie, 1967, 108 mn, film en noir et blanc Scénario de Dumitru Radu Popescu et Geo Saizescu. Quelques scènes mémorables sont tournées sur l’île turque d’Ada-Kaleh, aujourd’hui engloutie dans le lac de retenue du barrage de Djerdap I. Avec la séduisante et inoubliable Mariela Petrescu (1943-2015),née à Drobeta Turnu-Severin, Sebastian Papaiani, Anna Széles, production du Studio cinématographique de Bucarest.
Mariela Petrescu et Sebastian Papaiani sur l’île d’Ada-Kaleh dans le film « Le bal du samedi soir », 1967
SCHELL, Maximilian (1930-2014) Légendes de la forêt viennoise Autriche 1979
Acteur, cinéaste, scénariste et producteur autrichien, naturalisé suisse. Il fait partie des rares acteurs européens à avoir réussi à Hollywood.
SCHROETER, Werner (1945-2010) Malina Allemagne, 1991
Scénario d’Elfriede Jelinek
Déambulations d’une poétesse, partagée entre son mari, Malina, qui veille sur elle, et son amant, Ivan, dérouté par cette femme éprise de liberté. La solitude et ses obsessions la mèneront peu à peu vers la folie.
SCHULZ, Fritz (1896-1972) Gruß und Kiss aus der Wachau Autriche, 1950, 95 mn
Production Viktoria Film Wien
Comédie d’après l’opérette du compositeur tchèque Jára Benes (1897-1949) sur un livret de Hugo Wiener et Kurt Breuer.
Trois jeunes et jolies Viennoises en âge de se marier, Anni, Resi et Franzi gagnent modestement leur vie en travaillant dans une fabrique de cigarettes. Devant la difficulté de trouver un mari l’une d’elles a l’idée de glisser dans les paquets de cigarettes des invitations amusantes à l’intention des hommes, les invitant à se présenter à une prochaine fête de danse afin de faire plus ample connaissance. Trois jeunes hommes se présentent. Anni, Resi et Franzi se voient soudain confrontées à une concurrence non négligeable en la personne de Violet Hutton, une riche Californienne légèrement survoltée, qui n’est certes plus toute jeune mais qui a l’intention d’acheter un château dans la Wachau. Elle ne séduit pas l’un des jeunes hommes mais le père de l’un d’eux qui présente l’avantage d’avoir déjà un château à vendre. Un final en Happy end permet à chacune des quatre femmes de séduire l’homme de ses rêves.
Avec Waltraut Haas, Marian Schönauer, Nina Sandt, Gretl Schörg, Rolf Wanka, Louis Soldan…
SELLNER, Rudolf (1905-1990) Die Bernauerin
Allemagne, 1958, 105 mn Drame, téléfilm Scénario de Carl Orff. Avec Maximilian Schell, Margot Trooger, Hans Clarin, Rolf Castell…
SIDNEY, George (1916-2002) Le Danube rouge (The red Danube) États-Unis, 1954, 119 mn
Production MGM Drame Musique du compositeur hongrois émigré aux USA Miklós Rózsa (1907-1995) Avec Walter Pidgeon, Ethel Barrymore, Janet Leigh, Peter Lawford…
The red Danube de George Sidney, 1954
SCHWARZENBERGER, Xaver (1946) Tafelspitz Allemagne-Autriche, 1993, 99 mn
Production Wega Film / TV 60 Filmproduktion / Iduna-Film.
Cette comédie est tournée en partie en Wachau (Krems-Stein, Rossatz, Weissenkirchen, Spitz…). Avec Christiane Hörbiger, Annika Pages, Jan Nikklas, Otto Schenk, Fritz Eckhart, Lotte Ledl.
Xaver Schwarzenberger a été le directeur de la photographie de plusieurs films de Reiner Werner Fassbinder dont Lili Marleen et Berliner Alexanderplatz.
SCHWEIKART, Hans (1895-1975) An der schönen blauen Donau, La princesse du Danube bleu (titre français) Autriche, 1955, 90 mn (noir et blanc) Avec Hardy Krüger, Nicole Besnard, Paul Hörbiger, Renée Saint-Cyr, Jean Wahl…
Musique de Franz Grothe (1928-1982), un des compositeurs (musique de films) et chef d’orchestre les plus populaire de son temps.
Le jeune roi d’un royaume moderne doit prendre épouse avant ses vingt ans. Il déclare qu’il choisira une bourgeoise mais une rencontre fortuite avec une princesse autrichienne ruinée lui fera changer d’avis.
SEMJAN, Štefan (1960) Na krásnom modrom Dunaji (Sur le beau Danube bleu) Tragicomédie, Slovaquie, 1994, 123 mn Production Slovenský filmový ústav Bratislava, Slovenská televízia Bratislava, JMB Film & TV Premier film du réalisateur slovaque Štefan Semjan. Une comédie contemporaine loufoque post révolution de 1989 en compagnie de trois amis bohèmes et insouciants, dont l’excitation pour des aventures à la limite de la loi, des divertissements effrénés, la liberté sexuelle, la joie des choses sans importance, les conduiront jusqu’à tenter de voler un célèbre tableau d’Andy Warhol lors d’une exposition à Bratislava.
STEINWENDNER Kurt (1920-1972) Wiennerinen-Schrei nach Liebe (Viennoises – cri d’amour)
Autriche, 1952
Réalisateur autrichien le plus important des années 1950-1960. Son premier film Der Rabe (Le corbeau), réalisé avec Wolfgang Kudrnovsky est considéré comme le premier film expérimental autrichien après la seconde guerre mondiale.
« Un des épisodes du film se déroule dans le cadre désolé du port viennois du faubourg d’Albern où se noue une relation triangulaire entre un capitaine de bateau du Danube, une prostituée au prénom d’Olga et un proxénète. La désolation des entrepôts d’Albern est un cadre exceptionnellement en symbiose avec l’histoire, d’une grande tristesse. Pourtant, même dans cette production en marge, le fleuve autorise finalement les protagonistes à un voyage fluvial en forme de vague happy end. »1 1 Pierre Burlaud, Danube-Rapshodie, Images, mythes et représentation d’un fleuve européen, Partage du savoir, Éditions Grasset/Le Monde, Paris, 2001
STEMMLE, Robert, Adolf (1903-1973) Donauschiffer (LesBateliers du Danube)
Production Wien-Film GmbH
Allemagne – Autriche, 1940
Réalisateur et scénariste allemand
Drame sentimental
Avec le grand acteur hongrois Pál Jávor (1899-1979) Les Bateliers du Danube, a pour théâtre le cours du fleuve entre Vienne et la mer Noire. L’équipage du vapeur Fortuna joue les rôles principaux, un équipage bigarré, cosmopolite, une cuisinière roumaine, des machinistes hongrois, mais sous les ordres d’un capitaine germanophone. L’entente est plutôt cordiale. Au gré des différentes escales, Budapest, Belgrade, Braïla et Sulina, des personnages inattendus montent à bord ou quittent le navire, chacun avec ses attentes, ses roueries, parfois sa cocasserie…
Quiproquos, ruses, tensions. Des conflits se nouent, qui peuvent devenir aigus, mais – comédie oblige – s’évanouissent comme par enchantement. »
Ce merveilleux vieux film est comme une métaphore de l’histoire de l’empire austro-hongrois et des peuples qui bordent les rives du Danube.1 1 Pierre Burlaud, Danube-Rapshodie, Images, mythes et représentation d’un fleuve européen, Partage du savoir, Éditions Grasset/Le Monde, Paris, 2001
Donauschiffer (Les bateliers du Danube) de Robert Stemmle, 1940
SIDNEY, George (1916-2002) The Red Danube, (Le Danube rouge), États-Unis, 1949 Comédie dramatique.Le film est basé sur la nouvelle Vespers in Vienna (1947) de l’écrivain Bruce Marshall. George Sidney est aussi l’auteur des Trois mousquetaires et de Scaramouche.
SZÉCHELY, István (Steve, 1899-1979) Duna-parti randevú Hongrie, 1936, 65 mn
Réalisateur hongrois émigré aux USA
Comédie
TECHYNSKYI, Oleksandr (1979) Delta Ukraine/Allemagne, 82 mn, 2017 Production MaGiKa Film Company, faktura film, Honest Fish Documentary Stories Chronique naturaliste (documentaire) tournée dans la partie ukrainienne du delta du Danube (bras septentrional de Kilia) par un réalisateur originaire de Dnipetrovsk. Oleksandr Techynskiy, auparavant assistant médical puis photographe, est l’un des trois co-réalisateurs d’All Things Ablaze (2014), probablement le meilleur film qui ait été fait sur la Révolution de Maïdan.
Le réalisateur donne dans son dernier film, le rôle principal au delta du Danube ce qu’accentue ses images sans musique, filmant à la mauvaise saison (fin d’automne-début du printemps) le travail quotidien, la vie, les coutumes et les croyances de cette petite communauté vieillissante de pêcheurs et d’agriculteurs (grands fumeurs et grands buveurs devant l’éternel) de ce labyrinthe aquatique de cette région oubliée de l’Europe et désertée par les jeunes où l’hiver est craint et où certains rêvent encore d’attraper miraculeusement un dernier esturgeon Beluga.
TERZIEV, Ivan (1934-2021) Silna voda
Bulgarie, 1975, 85 mn
Drame Scénario de Boyan Papasov d’après la nouvelle « Silna Voda » de Gencho Stoyev.
Une petite ville bulgare au bord du Danube souffre paradoxalement d’une pénurie d’eau potable. Des forages ont été entrepris dans l’espoir de découvrir une puissante source souterraine mais les recherches restent infructueuses. Tant l’équipe de forage que les habitants le comprennent. Le maire refuse de faire dépolluer l’eau du fleuve et encourage l’équipe du forage à mentir. En faisant semblant de travailler, les ouvriers ne font que perdre leur temps. L’un deux, Chiko, lassé du mensonge, vend la mèche et s’oppose à son contremaître. Il exige aussi que ses collègues fassent de même et réussit grâce à sa foi inébranlable.
Le film se caractérise par des conflits et des tensions interpersonnels. Le Danube qui s’écoule à proximité toujours de la même manière, représente l’élément stable face aux conflits et aux tensions entre les êtres humains.
WILCOX, Herbert (1890-1977) The blue Danube
Angleterre, 1932, 72 mn Production Herbert Wilcox pour British & Dominions Film Corporation, avec Brigitte Helm, Joseph Schildkraut, Chili Bouchier…
Film romantique britannique dont l’intrigue, basée sur une nouvelle de Doris Zinkeisen (1898-1991), concerne un gitan hongrois qui quitte sa petite amie pour une comtesse mais qui commence bientôt à souffrir d’un chagrin d’amour. Ce film a été réalisé en version anglaise et allemande.
WOLFF, Hans (1911-1979) Der Hofrat Geiger Production Willy Forst Film Autriche, 1947, 93 mn, sortie française sous le titre de « Coeurs de Vienne« , 1949 Comédie
Réalisateur, scénariste et acteur allemand.
Ce film en noir et blanc basé sur la comédie musicale du même nom de Martin Costa célèbre l’atmosphère et les paysages du Danube dans sa traversée de la Wachau. Avec le légendaire Hans Moser, Paul Hörbiger, Maria Andergast, Waltraut Hass…
ZELNIK, Friedrich (1885-1950) An der schönen blauen Donau Film muet, Allemagne, 1926, 107 mn « Un vrai film viennois … qui présente la vieille ville impériale et ses habitants tels qu’ils vivent dans la mémoire de tous, avec leur légèreté dorée et une pointe de sentimentalité ». Au centre de l’action se trouve la chaleureuse danseuse viennoise Mizzi Staudinger, courtisée par deux officiers impériaux de haute noblesse, le comte Oskar Zirsky, plus âgé, et son jeune cousin, le comte Rudi Zirsky. Production Friedrich Zenik musique de Willy Schmidt-Gentner (1894-1964). Avec Lya Maria, Harry Liedtke et Ernst Verebes.
ZESKA, Carl von (1862-1938) Johann Strauss an der schönen blauen Donau
Film muet, Autriche, 1913, 31-73 mn Le film, longtemps considéré comme perdu (ce n’est qu’au début du nouveau millénaire qu’une copie en grande partie conservée a pu être retrouvée dans les archives cinématographiques du Gosfilmofond de Moscou) a été tourné dans le décor du parc du Prater 14 années seulement après la mort du compositeur. La première du film eut lieu à l’Opernkino de Vienne le 20 novembre 1913. Le pianiste, pédagogue et spécialiste de Strauss Alfred Grünfeld (1852-1924) n’a pas seulement donné un concert dans le film, mais aussi en direct au piano lors de la première.
ZORN, Timo Entlang der Donau, Flussgeschichten (Le long du Danube, histoires de fleuve) Allemagne, documentaire (diffusé le 7 août 2022), 30 mn
Sources : BURLAUD, Pierre, Danube-Rapshodie, Images, mythes et représentation d’un fleuve européen, Partage du savoir, Éditions Grasset/Le Monde, Paris, 2001 DEWALD, Christian, LOEBENSTEIN, Michael, SCHWARZ ,Werner Michael ((Herausgegeben von), Wien im Film, Wien Museum, Czernin Verlag, Wien, 2010 MACHU, Franck, Un cinéaste nommé Cousteau : Une oeuvre dans le siècle, Éditions du Rocher, 2011
MILLER, Matthew D., « Bottled Messages for Europe’s Future? The Danube in Contemporary Transnational Cinema », in MITTERBAUER, Helga, SMITH-PREI, Carrie, Crossing Central Europe, Continuities and Transformations, 1900 and 2000, University of Toronto Press, Toronto, 2017 https://www.jstor.org/stable/10.3138/j.ctt1whm94t.13 RÎPEANU, Bujor T., Filmat în România, Un repertoriu filmografic 1911-1969, Éditions Fundaţiei Pro, Bucureşti, 2004
SCHMIDL, Stefan, Filmmythos Wachau, die Inszenierung einer Lanschaft, Holitzer, Wien, 2022 TUŢUI, Marian, Ada-Kakeh sau Orientul scufundat, Noi Media Print, Bucureşti, 2010 films.oeil-écran.com
« Et je dis en passant que les noms des rivières, étant ordinairement venus de la plus grande antiquité connue, marquent le mieux le vieux langage et les anciens habitants, c’est pourquoi ils mériteraient une recherche particulière ». G.W. Leibniz (1746-1716)
« À toi sont soumis le Nil mystérieux, Le Danube immense et le Tigre célère… » Horace (Quintus Horatius Flaccus, 54 av. J.-C.-8 av. J. C.) , Odes, IV/14, à Auguste
On trouve des éléments de l’étymologie du nom de ce fleuve dès le IIIe siècle dans les commentaires du moine érudit et archevêque grec Eustathius de Thessalonique (vers 1115-1195) de l’ouvrage de Dionysius (Dionysus Periegestes ou Denys d’Alexandrie, IIIe siècle ap. J.-C.) Description de la terre habitée :
« Ce fleuve, que nous appelons aujourd’hui Danube, porte le nom de Danuvius dans les Inscriptions et Médailles antiques : mais il y a longtemps que cette manière d’orthographier n’est plus en usage, & à l’heure qu’il est, tout le monde écrit Danubius. Les Allemands disent communément Tona ou Donau les Hongrois, Donava, & les Turcs, Duna, mots qui signifient tous le Danube, et que chacun de ces peuples prononce selon le différent génie de sa langue. Une remarque plus essentielle que nous croyons devoir faire sur ce sujet, c’est que ce Fleuve est nommé tantôt Danubius, tantôt Ister, selon les différents Païs qu’il arrose. Mela, Ptolémée, Pline & surtout Strabon dont j’adopte volontiers le sentiment, parlent de la différence de ces noms. Il est en effet d’autant plus raisonnable de distinguer le Danube de l’Ister, qu’il y naturellement une grande différence entre le mouvement, la largeur & le cours de l’un & de l’autre. Le mouvement du Danube est souvent violent et rapide : mais au dessous de ses cataractes, où il prend le nom d’Ister, il coule plus lentement dans un large canal qui a moins de pente. Ces circonstances doivent suffire pour établir la différence entre l’Ister et le Danube… »
Le philosophe Aristote (384 ou 385-322 av. J.-C.) appelle le « fleuve natal » du nom d’Ister, l’historien grec Diodore de Sicile (vers 90-30 av. J-C) Danubius ou Danuvius tout comme César (100 ou 101-44 av. J.-C.), Ovide (43-17 ou 18 ap. J.-C.), poète qui connut l’exil au bord du Bas-Danube à Tomis où il meurt, Strabon (63-env. 25 av. J.-C.), Pline le Jeune (61-env. 114 apr. J.-C.) Sur la Tabula Peutingeriana1 figure le nom de Danubius. Cicéron (106-43 av. J.-C.) le nomme quant à lui Histerus.
Salluste (86-35 av. J-C), historien romain, contemporain de César et de Cicéron, semble avoir été le premier à donner au fleuve les deux noms d’Ister et de Danuvius (Histoires, troisième livre). Étienne (Stephane) de Byzance (VIe siècle ap. J.-C.) et Eustathius de Thessalonique parlent des Scythes qui appellent le Bas-Danube Mataos « Le fleuve du bonheur. » D’autres sources dont le Dictionnaire étymologique de la langue serbe ou croate émettent l’hypothèse que Danubius tirerait son origine de la langue des Scythes qui s’établirent sur la partie méridionale du delta du fleuve et de la forme Danav.
Carte du monde selon Hérodote et reconstituée par Louis Figuier (1864), collection Danube-culture. Le Danube apparaît ici sous le nom d’Ister sur la totalité de son cours et prends sa source près de la ville de Pyrène. Hérodote fait de l’Ister un fleuve celte qui traverse toute l’Europe.
Le fleuve portait également dans l’antiquité le nom d’Istros ou Histros qui pourrait être la forme grécisée du nom thrace du fleuve, déjà utilisée dès l’Âge de Bronze.
Dans une note (page 108) du chapitre « Le Danube jusqu’à la mer Noire, La source du Danube, son cours et sa vocation » de ses Souvenirs de voyages et d’études publiés en 1836, Saint Marc – Girardin (1801-1873) cite un certain Vielmeyr (?) qui « prétend que Donau en celtique veut dire « Deux fleuves », et que c’est de là que vient le nom de Danube ».
Velimir Vukmanović reprend de son côté dans son livre The Danube’s through the ages, l’hypothèse vraisemblable que ce nom proviendrait de la langue celte et du mot Danuv. Permutant les deux voyelles a et u, les Slaves adoptèrent la forme Dunav. Mais avant les Celtes ?
Le nom de Danube aurait pour origine, en transitant par l’appellation latine Danubius, un monde plus ancien encore, d’une racine indo-européenne (du sanskrit dhánvati ?) de laquelle pourraient également dériver d’autres noms de grands fleuves comme le Don ou le Dniepr. C’est cette racine ou ses dérivés que l’on retrouve un peu partout dans le monde dans de nombreux toponymes.
Serbes, Croates et Bulgares continuent de l’appeler ainsi soit Дунав /Dunav quand les Russes, les Ukrainiens, les Tchèques, les Slovaques et les Slovènes parlent de leur côté de laDunaj ou Дунай en alphabet cyrillique, les Hongrois de laDuna, Roumains et Moldaves de laDunărea ou de la Dunare, les Italiens du Danubio, les Autrichiens et les Allemands de die (la)Donau (die Doana en dialecte autrichien), les Français et les Anglais, du Danube et les Turcs, autrefois familiers du fleuve et de ses rives, de (la ou le) Tuna. On trouve dans l’ouvrage de William Beattie, publié initialement en anglais sous le titre « The Danube, its history, scenery, and topography, illustrated from sketches by W.H. Bartlett ; engraved by J. Cousen, J.C. Bentley, R. Brandard », revu et adapté en français par H-L. Sazerac et publié en 1849 par H. Mandeville, quelques propos plus ou moins fantaisistes (?) sur l’étymologie du mot Donau : « Les linguistes ne sont pas moins divisés sur la question de l’étymologie du nom de Danube, que les géographes sur celle de l’endroit où est son berceau. Ils ont été demander l’origine de ce nom à cinq ou six idiomes différents. Don ou Ton, dit l’un, est une racine commune aux Goths, Germains, Latins, et autres peuples : voilà pourquoi je la préfère. Daan (prononcez Dohn), réplique un autre, signifie en suédois, un bruit long et fort, et je m’y tiens. Un troisième s’écrie : Dœnning, en danois, s’applique au bruit et au mouvement des vagues. Le quatrième, qui fait d’un D un T, parce qu’il est né dans l’Helvétie ou sur les bords du Rhin, déclare que : donner, en allemand, exprime le tonnerre. Au, j’en conviens, ajoute un cinquième, dit à présent prairie ; mais anciennement, il doit, comme l’aa des Danois et des Suédois, avoir signifié une rivière ; d’où je conclue, continue notre savant, que Donau, le nom, le seul vrai nom du Danube, peut dire : le fleuve bruyant, ou, si l’on veut, celui qui tonne à travers les prairies. »
James Robinson Planché (1796-1880), dramaturge, antiquaire et généalogiste britannique, dans son livre relatant son voyage de Ratisbonne à Vienne pendant l’automne 1827, tente de donner à ses lecteurs quelques explications sur l’étymologie du mot Danube :
« Les étymologistes se sont querellés autant sur le nom du Danube que les géographes sur sa source, dont certains prétendent qu’elle se trouve près du village de saint-Georges, et d’autres dans la cour du palais du prince de Fürstenberg, à Donaueschingen. Cette puissante rivière, la plus grande d’Europe, et la troisième en conséquence dans l’Ancien Monde, était connue des Romains sous le double nom de Danube et de Xster : « Ortus hie in Germanise jugis montes abnobae ex adverso Raurici Gallise oppidi multis ultra alpes millibus, ac per innumeras lapsus gentes Danubii nomine, immenso aquarum auctu et unde primum Illyricum alluit Ister appellatus, sexaginta amnibus receptis, medio ferme numero eorum navigabili, in Pontum vastis sex fluminibus evolvitur. »
Pline, Histoire Naturelle, livre 24.
Les anciens Allemands l’appelaient Done et Tona ; les Slovènes, Donava. Les Hongrois l’appellent Tanara, ou Donara, et les Turcs, Duna. Son appellation allemande la plus récente est Donau. Certains auteurs anciens font dériver ce nom de Deus Abnobius, ou Diana Abonbia, ou Abnopa, à qui un temple était dédié près de la source du fleuve. D’autres le déduisent de Thon, l’argile, et soutiennent qu’il devrait être écrit Thonau. D’autres encore trouveraient son origine dans les mots Ton, son, ou Donner, tonnerre ; et Reichard, en effet, donne ce dernier comme dérivation reçue. Breuninger, cependant, propose Tanne (sapin), et de façon assez spécieuse, la rivière qui prend sa source dans le Schwarzwald, dont c’est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre, tout au long de la quasi-totalité de la région. Le Danube est un fleuve qui prend sa source dans le Schwarzwald (Forêt-Noire), dont le sapin est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre sur presque tout son cours ; tandis que Nikolaï voudrait que nous le cherchions dans les mots celtiques Do, Na, qui signifient deux rivières, et qui peuvent s’appliquer soit à son double nom, « Binominem Istrum », soit aux deux sources qui se disputent la gloire de sa naissance. » James Robinson Planché, « Ratisbon », in Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828, p. 3
Un peu plus tard, l’Anglais John Mac Grégor (1825-1892), un aventurier et sportif explore, dans les années 1860 les lacs et des cours d’eau européens avec son canoë « Rob Roy ». Il traverse en provenance du Rhin la Forêt-Noire vers Donaueschingen et les sources du Danube, fleuve qu’il va alors descendre jusqu’à Ulm suscitant un étonnement enthousiaste de la part des riverains. John Mac Gregor cherche lui aussi à son tour à s’informer sur l’étymologie des noms Danube, Brigach et Breg : « Hilbert [?] dit que le nom « Danube » vient de Don et Düna (un fleuve). En celte, « Dune » signifie rivière et « don » « brun », tandis que « au » signifie en allemand « île »(comme en anglais « eyot »). Il semble que ces cours d’eau aient conservé des traces de leurs noms romains. Telle la Brigach, le ruisseau qui vient du nord, où se trouve Alt-Breisach, le « Mons Brisiacus » romain, un lieu toujours cité dans les annales des guerres, alors que Breg pourrait peut-être venir de « Brigantii », les gens du « Brigantus Lacus », l’actuel lac de Constance, où Bregenz est l’ancien « Brigantius ». Le Neckar s’appelait autrefois « Nicer », et la Forêt Noire,« Hercynia Silva »…
John Mac Grégor conclue avec humour : « Maintenant que le lecteur a été suffisamment embrouillé en ce qui concerne la source du Danube ainsi que son nom, laissons le latin de côté et sautons gaiement dans notre canoë… » John Mac Gregor (1825-1892),A thousand miles in the « Rob Roy » canoe on rivers and lakes of Europa, S. Low and Marston, London 1866
Qu’en dit de son côté l’écrivain Jules Verne, dans son roman humoristique et d’aventures Kéraban-le-têtu (1883), lui que le Danube intriguait et fascinait tant ?
« Il va sans dire que l’origine du nom du Danube, qui a donné lieu à nombre de contestations scientifiques, amena une discussion purement géographique entre le seigneur Kéraban et Van Mitten. Que les Grecs, au temps d’Hésiode, l’aient connu sous le nom d’Istor ou Histor ; que le nom de Danuvius ait été importé par les armées romaines, et que César, le premier, l’ait fait connaître sous ce nom ; que dans la langue des Thraces, il signifie « nuageux » ; qu’il vienne du celtique, du sanscrit, du zend ou du grec ; que le professeur Bupp ait raison, ou que le professeur Windishmann n’ait pas tort, lorsqu’ils disputent sur cette origine, ce fut le seigneur Kéraban qui, comme toujours, réduisit finalement son adversaire au silence, en faisant venir le mot Danube, du mot zend « asdanu », qui signifie : la rivière rapide. » Jules Verne, Kéraban-le têtu, Éditions Pierre-Jules, Hetzel, Paris 1883
L’écrivain italien Claudio Magris, plus proche de nous, se penche aussi dans son livre Danube sur les nombreux noms du fleuve à travers les âges :
« Le fleuve a plusieurs noms. Chez divers peuples, Danube et Ister désignaient respectivement le cours supérieur et le cours inférieur, mais quelquefois aussi l’ensemble : Pline, Strabon et Ptolémée se demandaient où se terminait l’un et où commençait l’autre, peut-être en Illyrie ou bien aux Portes-de-Fer. Ce fleuve « bisnominis », comme le qualifiait Ovide, entraine la civilisation germanique, avec son rêve d’une odyssée de l’esprit qui rentre chez lui, vers l’orient, et la mène à d’autres civilisations, par un grand nombre de métissages au gré desquels son histoire connaît son apogée puis sa décadence. »
Pour résumer…
Daibi, Nikola Vlah, archevêque d’Esztergóm Danane, cité par l’Encyclopedia Britannica Danav (Scythes) Danaus, cité par l’Encyclopedia Britannica Danby (Mandeville’s Travels, XIVe siècle) Danouvios (Hérodote) Danister, Danuvius (De bello Gallico, Jules César)
Dānowyos, langue proto-celtique, fin du IIe millénaire avant J. C. Dānūb (دانوب, arabe, perse et Ourdou, langue de culture des Musulmans de l’Inde et langue aujourd’hui officielle du Pakistan Danube (français, anglais) Danubio ou Danubo (italien) Danubis, Danubius (Sénèque) Danubius (Tabula Peuntingeriana), Danubis, Danuvius, Danovius (Constantin le Grand, César) Danoubius fluvius (Ptolémée) Danovius (Krieger, 791)2 Danuba (דנובה, hébreu) Dânus (rivière en iranien) Danuv, Danuvius (celte) Danuvi (Petar Petrović) Davovius, Danuviu, Danister (latin, cité par Strabon, Jules César, Tacite…) Doana, dialecte de Basse-Autriche (Wachau) Donava, pour les Hongrois selon Marsigli Donau, Danaus (allemand) Dônavis, Dunavi (Goths) Donnaï (Tatares) Donou fluvius (Krieger, 954) Duna (hongrois) Dunaj (tchèque, slovaque, slovène) Дунай, (russe, ukrainien tchèque, slovène) Duner (דונער) ou Tin’e, ? (טינע, yiddish) Dounavis (langue grecque moderne)
Dunābī, transcription selon J. C. Ducène du slave Dunav (J.C. Ducène, L’Europe et les géographes arabes du Moyen Age (IXe-XVe siècle), « La grande terre » et ses peuples, Conceptualisation d’un espace ethnique et politique, Paris, CNRS, 2018, p. 64) Dunaies, le « porteur de nuages » Dunărea, Dunare (roumain) Дунав, Dunav, Dunaw (serbo-croate, bulgare) Dunaue, Le livre de la description des pays de Gilles le Bouvier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, roi de France, publié pour la première fois avec une introduction et des notes et suivi de l’Itinéraire brugeois, de la Table de Velletri et de plusieurs autres documents géographiques inédits ou mal connus du XVe siècle, recueillis et commentés par le Dr E.-T. Hamy, Éditions Ernest Leroux, Paris, 1908 Dunoe (Bertrandon de la Broquière, in « Voyage d’outre-mer et retour de Jérusalem en France par la voie de terre, pendant le cours des années 1432 et 1433« ) Histróm (Ammianus Marcellinus, vers 330-vers 395, soldat et historien romain de l’Antiquité tardive) Histerus (Cicéron) Illyricis danuvil (latin, cité par Ausonius ou Ausone, poète romain du IVème siècle après J.-C.) Istar, Istros (Thraces ?) Ister, Hister (égyptien ?, grec, latin) Istros (Ίστρος), Histros, Histri (grec, latin) Mataos, cité par Dionysius Periegetes ou Denis le Périégète et Stéphane de Byzance à propos des Scythes Okeanos, Okeanos Potamos (Argonautiques, Appolonios de Rhode, Hésiode, Théogonie) Pishon (Phéniciens ?, New English Bible, Oxford, 1870, John Keats) Soula (Proto-Bulgares ?) Thonauwe (Krieger, 1410) Thonaw ou Thonawstram, Chronique de Nuremberg d’Hartmann Schedel (1440-1593), feuillet CCLXXXVI, Nuremberg 1493 Thonow (Krieger, 1497) Thonów (Krieger, 1456) Thunaw (Krieger, 1472) Thúnow (Krieger, 1496) Thůnowe (Krieger, 1438) Tona, pour les Allemands selon Marsigli (1658-1730) Tonow (Krieger, 1472) Tonów (Krieger, 1447) Tonowe (Krieger, 1467) To(u)now (Krieger, 1433) Triton, nom possible donné en référence au Nil par les Égyptiens qui après les Phéniciens auraient navigué dans le delta du Danube et peut-être au-delà. Tuna, langue turco-ottomane, cité au XVIIe siècle par le géographe Katib Çelebi dans les manuscrits de sa Cosmographie (Kitāb-i-Ğihānnümā) Tunaw (Krieger, 1460) Tůnów (Krieger, 1489) Tůno(u)w (Krieger, 1388)
De nombreux noms de petites villes, villages lieux-dits hongrois, la plupart du temps pour des raisons de proximité géographique avec le Danube mais pas systématiquement ou dans les pays slaves voire bien au-delà jusqu’au Nigéria, en Nouvelle-Guinée et sur le continent asiatique, ont également intégré la racine indo-européenne Duna/Danu. En voici quelques exemples : Dunabogdány, Dunakesz, Dunakomlod, Dunapartdulo Dunapataj, Duna-Pentele, Dunafüred, Dunaszekcső, Dunakisvarsány, Dunaújváros, Dunavecse, Dunaújfalu, Dunairév, Dunaharaszti Rév, Dunaszentmiklós (Hongrie), Dunagálos, Dunabökény (Serbie), Dunawitz, Dunajov, Dunamelleki Majer (Slovaquie), Dunajki (Pologne), Dunavaţu de jos, Dunacesti (Roumanie), Dunavstvi (Bulgarie), Dunayev, Dunayevka, Dunaryanka (Ukraine), Dunave Krajnje (Croatie), Dunacev Kom (Bosnie et Herzégovine), Dunay (Biélorussie), Dunayevshchina, Dunayskiy (Russie), Dunas de Mira (Portugal), Dunans (Écosse), Dunali (Turquie), Dunaybah (Syrie), Dunayqilah (Soudan), Dunawa (Nigeria), Dunami (Nouvelle-Guinée), Dunach (Australie), Dunajski Lake (Canada), Duna-ye Bala (Dūnā-ye Bālā, Iran), Dunamplaya (Bolivie), Duna Jiwanwala, Dunna Mame Wala (Pakistan), Dunadahgak (Afghanistan), Danubyu, ville de Birmanie sur le fleuve Irrawaddy (2170 km), Dunancun, Dunao (Chine)…
Il existe encore un village ukrainien de la région de Lvív qui porte le nom de Дунаїв (Dunajów). Un village polonais de la Voïvodie de Mazovie, à environ une centaine de kilomètres au nord-ouest de Varsovie, s’appelle quant à lui tout simplement Dunaj.
Quelques dérivés composés :
Donaudampfschifffahrtgesellschaft : Compagnie de transport par bateaux à vapeur sur le Danube, fondée à Vienne en 1829 Donauschule ou Donaustyl (École du Danube) : néologisme inventé à la fin du XIXe siècle pour définir une école de peinture de la Renaissance allemande de l’espace haut-danubien dont les plus célèbres représentants sont Albrecht Altdorfer, Wolf Huber et Lucas Cranach l’ancien dans sa première période. Donauraum : espace danubien Donaumonarchie : monarchie danubienne, autrement dit la monarchie austro-hongroise (1867-1918 Danubius : revue culturelle viennoise sur la thématique danubienne publiée en 1885 Sodalitas Litteraria Danubiana : Société savante littéraire du Danube fondée au début du XVIe siècle en Hongrie puis active à Vienne par le poète et humaniste allemand Conrad Celtes (1459-1508).
La racine Duna se retrouve également dans plusieurs noms de rivières en Pologne et Ukraine comme le Dunajec (Dunajetz), une rivière de 247 km qui prend sa source dans les Tatras polonaises à la frontière avec la Slovaquie et qui conflue avec la Vistule (Wisła) en aval de Cracovie sur la rive droite, ou le Czarny Dunajec (48 km) qui appartient également au bassin de la Vistule.
Pour la petite histoire le mot le plus long jamais composé en allemand (80 lettres) : « Donaudampfschifffahrtselektrizitätenhauptbetriebswerkbauunterbeamtengesellschaft »
« Germaniae veteris typus » par Willem and Joan Blaeau, 1645 ; carte établie à partir des indications de Tacite et de Pline l’Ancien. Le fleuve porte ici le nom de Danubius fluvius jusqu’à Possonium (Bratislava) puis celui d’Ister jusqu’à la mer Noire.
Notes : 1 La « Tabula Peutingeriana » ou « Peutingeriana Tabula Itineraria », connue aussi sous le nom de « Carte des étapes de Castorius » ou de « Table Théodosienne », est une copie réalisée vers 1265 par des moines de Colmar, d’une carte romaine réalisée vers 350, elle-même probablement la copie remise à jour d’une grande carte du monde peinte sur le portique d’Agrippa à Rome vers 12 de notre ère, où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain. Sur les douze parchemins qui composaient la « Tabula Peutingeriana », onze ont pu. être conservés. Pas moins de 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d’une vignette. 2Krieger, Albert: Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S
Sources :
BÜSCHING, Anton Friedrich, Géographie universelle, traduite de l’allemand, Jean George Treuttel, libraire, Strasbourg, 1786
KRIEGER, Albert, Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S., p. 417 MAC GREGOR, John, Tausend Meilen im « Rob Roy Canoë, auf Flüssen un Seen Europas, 1865 MAGRIS, Claudio, Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1986 MARSIGLI, Luigi Ferdinando (1658-1730), Description du Danube, depuis la montagne de Kalenberg en Autriche, jusqu’au confluent de la rivière Jantra dans la Bulgarie, Contenant des Observations géographiques, astronomiques, hydrographiques, historiques et physiques ; par Mr. Le Comte Louis Ferd. de Marsigli, Membre de la Société Royale de Londres, & des Académies de Paris & de Montpellier ; Traduite du latin., [6 tomes], A La Haye, Chez Jean Swart, 1744
PLANCHÉ, James Robinson, Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828 SAINT MARC GIRARDIN, Souvenirs de voyages et d’études Paris, Amyot, rue de la paix, 1836 SKOKLJIEV, Antonije and Ivan, The mythological tourist guide along the the Danube, Don Vas, Belgrade, 2012 STANČÍK, Andrej, JOVANOVIČ, Slavoljub, Hydrology of the river Danube, Publishing House Príroda, Bratislava, 1988 TSAVARI, Isabella, La Description de la terre habitée de Denys d’Alexandrie ou la leçon de géographie, Albin Michel, Paris, 1990, traduction de Christian Jacob VERNE, Jules, Kéraban-le-têtu, Les Voyages Extraordinaires, Bibliothèque d’Éducation et de Récréation J. Hetzel et Cie, Imprimé par Gauthier-Villars, Paris, 1891 VUKMANOVIĆ, Velimir, The Danube’s through ages, Second edition, Prometej, Novi Sad, 2009
Varia : Encyclopedia Britannica, « Danube » London, 1997 Galatzi, petit guide touristique, Éditions Méridiane, Bucarest, 1964
Commission du Danube : Convention relative au régime de la navigation sur le Danube
L’Union des Républiques Soviétiques Socialistes, la République Populaire de Bulgarie, la République de Hongrie, la République Populaire Roumaine, la République Soviétique Socialiste d’Ukraine, la République Tchécoslovaque et la République Fédérative Populaire de Yougoslavie,
Prenant en considération la décision du Conseil des Ministres des Affaires Étrangères du 12 décembre 1946 de convoquer une Conférence de Représentants des Etats mentionnés dans cette décision, en vue d’établir une nouvelle Convention relative au régime de la navigation sur le Danube et
Désireux d’assurer la libre navigation sur le Danube en conformité avec les intérêts et les droits souverains des pays danubiens, ainsi que de resserrer les liens économiques et culturels des pays danubiens entre eux et avec les autres pays,
Ont décidé de conclure une Convention relative au régime de la navigation sur le Danube et ont, à ces fins, désigné les Plénipotentiaires soussignés, lesquels, après présentation de leurs pleins pouvoirs, reconnus en bonne et due forme, sont convenus de ce qui suit :
CHAPITRE I
DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Article 1.
La navigation sur le Danube sera libre et ouverte aux ressortissants, aux bateaux marchands et aux marchandises de tous les Etats sur un pied d’égalité en ce qui concerne les droits de port et les taxes sur la navigation, ainsi que les conditions auxquelles est soumise la navigation commerciale. Les dispositions ci-dessus ne seront pas applicables au trafic entre les ports d’un même Etat.
Article 2.
Le régime établi par la présente Convention s’applique à la partie navigable du Danube (fleuve) d’Ulm à la Mer Noire en suivant le bras de Soulina avec accès à la mer par le Canal de Soulina.
Article 3.
Les États danubiens s’engagent à maintenir leurs secteurs du Danube en état de navigabilité pour les bâtiments fluviaux et en ce qui concerne les secteurs appropriés pour les bâtiments de mer, à exécuter les travaux nécessaires pour assurer et améliorer les conditions de navigation, et à ne pas empêcher ou entraver la navigation dans les chenaux navigables du Danube. Les États danubiens se consulteront sur les matières indiquées dans le présent article avec la Commission du Danube (art. 5 ci-après).
Les États riverains auront le droit d’entreprendre dans les limites de leurs frontières respectives les travaux qui pourraient être nécessités par des circonstances imprévues et urgentes et auraient pour but d’assurer les besoins de la navigation. Les Etats devront toutefois aviser la Commission des raisons qui ont motivé ces travaux et lui en fournir une description sommaire.
Article 4.
Dans le cas où un État danubien ne serait pas en mesure d’entreprendre lui-même les travaux qui sont de sa compétence territoriale et qui sont nécessaires pour assurer la navigation normale, cet État sera tenu de les laisser exécuter par la Commission du Danube (art. 5) dans les conditions qu’elle déterminera et sans qu’elle puisse en confier l’exécution à un autre État, sauf en ce qui concerne les parties de la voie fluviale formant frontière d’un tel État. Dans ce dernier cas, la Commission déterminera les modalités de l’exécution de ces travaux.
Les États danubiens s’engagent à prêter à la Commission ou à l’État exécutant toute forme de concours à l’exécution desdits travaux.
CHAPITRE II
DISPOSITIONS RELATIVES A L’ORGANISATION
Section I. Commission du Danube
Article 5.
Il est établi une Commission du Danube, désignée ci-après sous le nom de « Commission » ; elle est composée de représentants des pays danubiens, un pour chacun de ces pays.
Article 6.
La Commission choisit parmi ses membres son président, son vice-président et son secrétaire qui sont élus pour une période de trois ans.
Article 7.
La Commission fixe les termes de ses sessions et établit son règlement intérieur.
La première réunion de la Commission sera tenue dans un délai de six mois à dater de l’entrée en vigueur de la présente Convention.
Article 8.
La compétence de la Commission s’étend au Danube tel qu’il est défini à l’article 2.
Il entre dans les attributions de la Commission :
a) de veiller à l’exécution des dispositions de la présente Convention ;
b) de dresser, sur la base des propositions et des projets présentés par les États danubiens et par les Administrations fluviales spéciales (art. 20 et 21), le plan général des grands travaux dans l’intérêt de la navigation, ainsi que d’établir l’évaluation générale des dépenses concernant ces travaux ;
c) d’exécuter des travaux, dans les cas prévus à l’article 4 ;
d) de donner des consultations et de faire des recommandations aux États danubiens au sujet de l’exécution des travaux visés au paragraphe « b » du présent article, en tenant compte des intérêts techniques et économiques, des plans et des possibilités des Etats respectifs ;
e) de donner des consultations et de faire des recommandations aux Administra-tions fluviales spéciales (art. 20 et 21) et de procéder à un échange d’informations avec ces Administrations ;
f) d’établir sur tout le parcours navigable du Danube un système uniforme d’aménagement des voies navigables et de fixer, compte tenu des conditions spécifiques de tel secteur, les dispositions fondamentales relatives à la navigation sur le Danube, y compris celles du service de pilotage ;
g) unifier les règles de la surveillance fluviale ;
h) de coordonner l’activité des services hydrométéorologiques sur le Danube, de publier un bulletin hydrologique unique et des prévisions hydrologiques de courte et de longue durée pour le Danube ;
i) de rassembler les données statistiques relatives à la navigation sur le Danube, pour autant qu’il s’agit de questions qui sont de la compétence de la Commission ;
j) de faire publier, pour les besoins de la navigation, des ouvrages de référence, des cartes routières, des cartes de navigation et des atlas ;
k) de préparer et d’approuver le budget de la Commission, ainsi que d’établir et de percevoir les taxes prévues à l’article 10.
Article 9.
Pour s’acquitter des tâches visées à l’article précédent, la Commission dispose d’un Secrétariat et des services nécessaires dont le personnel est recruté parmi les citoyens des Etats danubiens.
Il appartient à la Commission elle-même d’organiser son Secrétariat et ses services.
Article 10.
La Commission prépare son budget et l’approuve à la majorité des voix de tous ses membres. Le budget doit prévoir les dépenses nécessaires à l’entretien de la Commission et de son appareil; ces dépenses seront couvertes au moyen d’annuités versées par les États danubiens, à raison d’un montant égal pour chacun d’eux.
Pour faire face aux frais des travaux spéciaux, exécutés en vue d’assurer ou d’améliorer les conditions de navigabilité, la Commission pourra établir des taxes spéciales.
Article 11.
Les décisions de la Commission sont prises à la majorité des voix des membres présents, sauf dans les cas spécialement prévus par le présente Convention (art. 10, 12 et 13).
Le quorum de la Commission est de cinq membres.
Article 12.
Les décisions de la Commission relatives aux questions prévues par les paragraphes b), c), f), g) de l’article 8 doivent être prises à la majorité des voix de tous les membres, sans toutefois majoriser l’État sur le territoire duquel les travaux doivent être exécutés.
Article 13.
La Commission a son siège à Galatz.
Elle peut toutefois, par une décision prise à la majorité des voix de tous ses membres, changer le lieu de son siège.
Article 14.
La Commission jouit de la personnalité juridique conformément à la législation de l’Etat du lieu de son siège.
Article 15.
Le français et le russe sont les langues officielles de la Commission.
Article 16.
Les membres de la Commission et les fonctionnaires mandatés par elle jouissent de l’immunité diplomatique. Les locaux officiels, les archives et les documents de toute espèce appartenant à la Commission sont inviolables.
Article 17.
Les fonctionnaires de la Commission munis de pouvoirs appropriés informeront les autorités compétentes des Etats danubiens des infractions aux règlements de navigation, aux mesures sanitaires et à la surveillance fluviale dont la Commission aurait pris connaissance. Les autorités compétentes seront tenues, à leur tour, d’informer la Commission des mesures prises au sujet des infractions notifiées et mentionnées ci-dessus.
Article 18.
La Commission a son sceau ; elle a également son pavillon qu’elle a le droit d’arborer sur ses locaux officiels et ses bateaux.
Article 19.
Les États danubiens sont tenus de prêter à la Commission, ainsi qu’à ses fonctionnaires et son personnel, le concours nécessaire à l’exécution des tâches leur incombant en vertu de la présente Convention.
Ces fonctionnaires et ce personnel auront, dans l’exercice de leurs fonctions officielles, le droit de circuler librement sur le fleuve et dans les ports, dans les limites de la juridiction de la Commission, à condition de respecter la législation territoriale.
Section II.
Administrations fluviales spéciales
Article 20.
Sur le Bas Danube (de l’embouchure du Canal de Soulina à Braïla inclusivement) il est établi une Administration fluviale spéciale en vue d’exécuter des travaux hydrotechniques et de régler la navigation ; elle est composée de représentants des États riverains adjacents (la République Populaire Roumaine et l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes).
Cette Administration fonctionne sur la base d’un accord entre les Gouvernements des pays qui en font partie.
L’Administration a son siège à Galatz.
Article 21.
Sur le secteur des Portes de Fer (de Vince à Kostol sur la rive droite et de Moldova Veche à Turnu-Severin sur la rive gauche du Danube) il est établi une Administration fluviale spéciale des Portes de Fer ; cette Administration est composée de représentants de la République Populaire Roumaine et de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie; elle a pour tâche d’exécuter des travaux hydrotechniques et de régler la navigation dans la zone indiquée.
Cette Administration fonctionne sur la base d’un accord entre les gouvernements des pays qui en font partie.
L’Administration a son siège à Orsova et à Tekija.
Article 22.
Les accords relatifs aux Administrations fluviales spéciales (ci-après désignées sous le nom d’ «Administrations»), mentionnés aux articles 20 et 21, sont portés à la connaissance de la Commission.
CHAPITRE III
RÉGIME DE LA NAVIGATION
Section I. Navigation
Article 23.
La navigation sur le Bas Danube et dans le secteur des Portes de Fer s’effectue conformément aux règles de navigation établies par les administrations des zones indiquées. La navigation sur les autres secteurs du Danube s’effectue conformément aux règles établies par les pays danubiens respectifs, dont le territoire est traversé par le Danube et, dans les zones où les rives du Danube appartiennent à deux États différents, d’après les règles établies d’un commun accord entre ces Etats.
En établissant les règles de navigation, les États danubiens et les Administrations tiennent compte des dispositions fondamentales relatives à la navigation sur le Danube établies par la Commission.
Article 24.
Les bâtiments naviguant sur le Danube ont le droit, à condition de se conformer aux règles établies par les États danubiens respectifs, d’entrer dans les ports, d’y procéder à des opérations de chargement et de déchargement, d’embarquer et de débarquer des voyageurs et de s’approvisionner en combustible, se ravitailler etc.
Article 25.
Le trafic local des voyageurs et des marchandises et le trafic entre les ports d’un même État ne sont ouverts à un pavillon étranger que conformément à la réglementation nationale dudit État danubien.
Article 26.
Les règlements sanitaires et de police en vigueur sur le Danube sont appliqués sans discrimination en raison du pavillon, du point de départ des bâtiments, de leur destination ou d’autres motifs.
Les fonctions de surveillance douanière, sanitaire et fluviale sur le Danube, sont remplies par les États danubiens; ceux-ci communiquent à la Commission les règlements qu’ils ont établis, afin que la Commission puisse contribuer à l’unification des règles de douane et des règles sanitaires et unifier les règles de la surveillance fluviale (art. 8. « g »).
Les règlements douaniers, sanitaires et de police doivent être de nature à ne pas entraver la navigation.
Article 27.
Lorsque les deux rives du Danube font partie du territoire d’un même État, cet État a le droit de mettre les marchandises en transit sous scellés ou sous la garde d’agents des douanes. Un tel État a également le droit d’exiger du capitaine, de l’armateur ou du patron une déclaration écrite attestant seulement qu’il transporte ou qu’il ne transporte pas des marchandises dont l’importation est prohibée par l’Etat transité, sans avoir toutefois le droit d’en interdire le transit. Ces formalités ne pourront ni impliquer ou occasionner une visite de la cargaison, ni retarder le passage en transit. Le capitaine, l’armateur ou le patron qui aurait fait une fausse déclaration en sera responsable conformément aux lois de l’État auquel la déclaration aurait été faite.
Lorsque le Danube forme frontière entre deux États, les bateaux, radeaux, voyageurs et marchandises en transit sont exempts de toutes formalités douanières.
Article 28.
Les bâtiments affectés par les États danubiens au service de la surveillance (police) fluviale sont tenus d’arborer, en plus de leur pavillon national, un insigne distinctif et uniforme; leurs signalement et numéro doivent être portés à la connaissance de la Commission. Ces bâtiments, de même que ceux affectés au service des douanes des pays danubiens, peuvent naviguer sur le Danube uniquement à l’intérieur des frontières des pays dont le bâtiment bat le pavillon et au dehors desdites frontières qu’avec le consentements des États danubiens respectifs.
Article 29.
Les bâtiments naviguant sur le Danube peuvent se servir des stations de TSF qui se trouvent à leur bord, ainsi que des moyens de communication riverains dont ils auraient besoin dans des buts de navigation.
Article 30.
La navigation sur le Danube est interdite aux bâtiments de guerre de tous les pays non-danubiens.
Les bâtiments de guerre des pays danubiens ne peuvent pas naviguer sur le Danube hors des frontières du pays dont le bâtiment bat le pavillon, sauf entente préalable entre les États danubiens intéressés.
Section II.
Service de pilotage
Article 31.
Des corps de pilotes sont formés sur le Bas Danube et dans le secteur des Portes de Fer ; ils dépendent des Administrations respectives (art. 22).
Les règlements du service de pilotage sont établis par les Administrations conformément aux dispositions fondamentales concernant la navigation sur le Danube (art. 8 « f »), et doivent être portés à la connaissance de la Commission.
Article 32.
Le pilotage des bâtiments sur le Bas Danube et dans le secteur des Portes de Fer est assuré par des pilotes faisant partie des corps de pilotes respectifs ou bien par des pilotes qui, ayant subi un examen auprès des services de l’Administration fluviale compétente, seraient autorisés par cette Administration à exercer le pilotage.
Article 33.
Le personnel des corps de pilotages est recruté parmi les citoyens des pays danubiens membres des Administrations respectives. Le mode de recrutement est établi par des accords spéciaux passés entre les membres ci-dessus mentionnés (art. 20 et 21) de ces Administrations.
CHAPITRE IV
MODALITES DE COUVERTURE DES DÉPENSES NÉCESSAIRES POUR ASSURER LA NAVIGATION
Article 34.
Le financement des travaux hydrotechniques sur le Danube, exécutés par les pays danubiens, conformément à l’article 3 de la présente Convention, est assuré par les pays danubiens respectifs.
Le financement des travaux prévus à l’article 8c) est assuré par la Commission.
Article 35.
Afin de couvrir les dépenses nécessaires pour assurer la navigation, les États danubiens peuvent, après s’être concertés avec la Commission, établir des droits de navigation perçus sur les bâtiments et dont le taux est déterminé en fonction du coût de l’entretien de la voie fluviale et des travaux prévus à l’article 34.
Article 36.
Afin de couvrir les dépenses nécessaires pour assurer la navigation et l’exécution des travaux entrepris par les Administrations, celles-ci établissent des taxes particulières perçues sur les bâtiments naviguant dans les secteurs compris entre l’embouchure du Canal de Soulina et Braïla et entre Vince et Kostol sur la rive droite et entre Moldova Veche et Turnu-Severin sur la rive gauche du Danube.
Les Administrations informent la Commission des taxes particulières qu’elles ont établies, ainsi que des modalités de leur perception.
Article 37.
Les sommes produites par les taxes spéciales, les droits de navigation et les taxes particulières perçus par la Commission, par les États danubiens et par les Administrations ne peuvent être une source de profit.
Article 38.
Les modalités de perception des taxes spéciales, des droits de navigation et des taxes particulières sont fixées par des instructions élaborées respectivement par la Commission, les Etats danubiens et les Administrations. Les instructions émanant des États danubiens et des Administrations sont concertées avec la Commission.
Les taxes et les droits sont calculés sur la jauge du bâtiment.
Article 39.
En ce qui concerne les parties du Danube formant frontière nationale, l’exécution des travaux et la répartition des dépenses encourues sont réglées par entente entre les États limitrophes respectifs.
Article 40.
Les droits de port sont perçus sur les bâtiments par les autorités des États danubiens respectifs. Aucune discrimination ne sera admise à cet égard en raison du pavillon des bâtiments, du point de leur départ ou de leur destination ou d’autres motifs.
Article 41.
Les bâtiments entrant dans les ports pour y charger ou décharger auront le droit de se servir des mécanismes de chargement de déchargement, de l’outillage, des magasins, des terrains d’entrepôts etc., en vertu d’accords avec les services respectifs chargés du transport et de l’expédition.
Le montant des sommes à payer pour les services rendus sera établi sans aucune discrimination.
Les avantages accordés, conformément aux usages commerciaux, en raison du volume des travaux et de la nature des marchandises, ne seront pas considérés comme discrimination.
Article 42.
Les bateaux, radeaux, voyageurs et marchandises ne peuvent être frappés d’aucun droit du seul fait de leur transit.
Article 43.
Les tarifs des taxes de pilotage sur le Bas Danube et dans le secteur des Portes de Fer sont établis par les Administrations respectives et communiqués à la Commission.
CHAPITRE V
DISPOSITIONS FINALES
Article 44.
Dans la présente Convention les termes « État danubien » désignent un État dans le territoire duquel est comprise au moins une rive du Danube tel qu’il est défini à l’article 2.
Article 45.
Tout différend entre les États signataires de la présente Convention au sujet de l’application ou de l’interprétation de cette Convention qui n’aurait pas été réglé par voie de négociations directes sera, à la demande d’une des parties au différend, soumis à une commission de conciliation composée d’un représentant de chaque partie et d’un tiers membre désigné par le Président de la Commission du Danube parmi les citoyens d’un État qui n’est pas partie au différend et, dans le cas où le Président de la Commission serait citoyen d’un État partie au différend, par la Commission du Danube.
La décision de la commission de conciliation est définitive et obligatoire pour les parties au différend.
Article 46.
La présente Convention pourra être révisée sur la demande de la majorité des Etats signataires. Cette demande sera adressée au Gouvernement de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie qui convoquera, dans le plus bref délai, la réunion d’une Conférence à laquelle tous les États signataires seront invités à participer. Les dispositions révisées n’entreront en vigueur qu’après le dépôt des instruments de ratification de six des États signataires de la présente Convention.
Article 47.
La présente Convention, y compris les Annexes dont les textes français et russe font foi, devra être ratifiée et entrera en vigueur après le dépôt de six instruments de ratification. Les instruments de ratification seront déposés près le Gouvernement de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie, dans les archives duquel sera déposé l’exemplaire authentique de la présente Convention.
Le Gouvernement de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie remettra à chacun des États signataires de la Convention une copie certifiée conforme. Il informera les Etats signataires de la Convention du dépôt des instruments de ratification au fur et à mesure de leur réception.
LISTE DES ANNEXES
Annexe I. De l’admission de l’Autriche au sein de la Commission du Danube.
Annexe II. Du secteur Gabcikovo-Gönyu.
Annexe I
DE L’ADMISSION DE L’AUTRICHE AU SEIN DE LA COMMISSION DU DANUBE
1. Le Représentant de l’Autriche sera admis au sein de la Commission du Danube après règlement de la question du Traité avec l’Autriche.
2. La présente Annexe entrera en vigueur en même temps que la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube et sera partie intégrante de cette Convention.
Annexe II
DU SECTEUR GABCIKOVO-GÖNYU
En ce qui concerne les travaux nécessaires pour assurer les conditions normales de navigation dans le secteur Gabcikovo-Gönyu (du km 1821 au km 1791), les Parties Contractantes sont d’accord pour reconnaître qu’il est d’intérêt général de maintenir ce secteur en bon état de navigabilité et que les travaux nécessaires à cette fin dépassent de loin ceux qu’on peut raisonnablement mettre à la charge des États riverains compétents.
Par conséquent, il est convenu que la Commission du Danube discutera la question et décidera si, dans ce but, il serait approprié de créer une Administration fluviale spéciale semblable à celles prévues aux articles 20 et 21 ou s’il serait suffisant d’appliquer à ce secteur les stipulations des articles 4 et 34 (alinéa 2) de la présente Convention.
Des dispositions analogues à l’article 20 de la présente Convention, dont cette Annexe est partie intégrante, s’appliqueront au cas où une Administration est établie.
En foi de quoi, les Plénipotentiaires soussignés ont signé la présente Convention et y ont apposé les cachets.
Fait en la ville de Belgrade le 18 août mille neuf cent quarante-huit.
POUR L’UNION DES RÉPUBLIQUES SOVIÉTIQUES SOCIALISTES (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE BULGARIE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE DE HONGRIE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE ROUMAINE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE SOVIÉTIQUE SOCIALISTE D’UKRAINE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE TCHÉCOSLOVAQUE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE POPULAIRE DE YOUGOSLAVIE (Signature)
PROTOCOLE ADDITIONNEL A LA CONVENTION RELATIVE AU RÉGIME DE LA NAVIGATION SUR LE DANUBE signé à Belgrade le 18 août 1948
1) Il est constaté que le régime appliqué antérieurement à la navigation sur le Danube, ainsi que les actes qui prévoyaient l’établissement de ce régime et, en particulier, la Convention signée à Paris le 23 juillet 1921, ne sont plus en vigueur.
2) Tous les biens ayant appartenu à l’ancienne Commission Européenne du Danube sont transférés à l’Administration fluviale spéciale sur le Bas Danube créée conformément à l’article 20 de la Convention à laquelle se rapporte le présent Protocole.
3) Il est convenu que toutes les obligations de l’ancienne Commission Européenne du Danube concernant le remboursement des crédits qui lui ont été accordés par la Grande Bretagne, la France, la Russie et d’autres Etats sont considérées comme éteintes.
4) Les obligations de l’ancienne Commission Internationale du Danube, de même que les obligations de l’ancienne Administration des Portes de Fer et des Cataractes, ainsi que les garanties y afférentes sont considérées comme éteintes.
5. Les biens non liquidés de l’ancienne Commission Internationale du Danube sont transférés à la Commission du Danube prévue à l’article 5 de la Convention à laquelle se rapporte le présent Protocole. La partie des biens de l’ancienne Commission Internationale du Danube, mise à la disposition de l’ancienne Administration des Portes de Fer et des Cataractes, sont transférés à l’Administration fluviale spéciale des Portes de Fer créée conformément à l’article 21 de la Convention à laquelle se rapporte le présent Protocole.
Fait en la ville de Belgrade le 18 août mille neuf cent quarante-huit.
POUR L’UNION DES RÉPUBLIQUES SOVIÉTIQUES SOCIALISTES (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE BULGARIE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE DE HONGRIE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE ROUMAINE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE SOVIÉTIQUE SOCIALISTE D’UKRAINE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE TCHÉCOSLOVAQUE (Signature)
POUR LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE POPULAIRE DE YOUGOSLAVIE (Signature)
Protocole additionnel du 26 mars 1998 à la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube du 18 août 1948
La République Fédérale d’Allemagne, la République d’Autriche, la République de Bulgarie, la République de Croatie, la République de Hongrie, la République de Moldova, la Roumanie, la Fédération de Russie, la République Slovaque, l’Ukraine et la République Fédérale de Yougoslavie,
ci-après : Parties contractantes, convaincues de la nécessité d’adapter certaines dispositions de la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube signée à Belgrade le 18 août 1948 aux développements politiques et économiques intervenus entre-temps,
animées du désir de permettre à tous les États danubiens de participer, sont convenues de ce qui suit :
Article 1
1) La République Fédérale d’Allemagne adhère en tant que Partie contractante à la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube du 18 août 1948. Elle est ainsi assimilée aux États signataires de la Convention et à leurs successeurs.
2) Sont considérées comme États signataires de la Convention et leurs successeurs la République d’Autriche, la République de Bulgarie, la République de Croatie, la République de Hongrie, la République de Moldova, la Roumanie, la Fédération de Russie, la République Slovaque, l’Ukraine et la République Fédérale de Yougoslavie.
Article 2
L’article 2 de la Convention est rédigé comme suit :
» La Convention s’applique à la partie navigable du Danube de Kelheim à la Mer Noire en suivant le bras de Sulina avec accès à la mer par le Canal de Sulina. »
Article 3
L’article 5 de la Convention est rédigé comme suit :
« Il est établi une Commission du Danube, désignée ci-après sous le nom de Commission, qui comprend un représentant de chaque Partie contractante. »
Article 4
L’article 10 de la Convention est rédigé comme suit :
» La Commission prépare son budget et l’approuve à la majorité des voix de toutes les Parties contractantes. Le budget doit prévoir les dépenses nécessaires à l’entretien de la Commission et de son appareil; ces dépenses seront couvertes au moyen d’annuités versées par chacune des Parties contractantes, à raison d’un montant égal pour chacune de ces Parties. »
Article 5
L’article 15 de la Convention est modifié comme suit :
« L’allemand, le français et le russe sont les langues officielles de la Commission. »
Article 6
L’article 46 de la Convention est rédigé comme suit :
« Les amendements apportés à la présente Convention seront adoptés d’un commun accord par toutes les Parties contractantes. Ils entreront en vigueur le premier jour du mois qui suivra le mois où toutes les Parties contractantes auront fait savoir au Gouvernement de la République Fédérale de Yougoslavie que les procédures internes nécessaires à l’entrée en vigueur desdits amendements sont remplies. »
Article 7
1) Le présent Protocole additionnel entrera en vigueur le premier jour du mois qui suivra le mois où huit Parties contractantes auront fait savoir au Gouvernement de la République Fédérale internes nécessaires à l’entrée en vigueur du Protocole sont remplies. Pour d’autres Parties contractantes le présent Protocole additionnel entrera en vigueur à la date de réception par le Gouvernement de la République Fédérale de Yougoslavie de leur communication relative à l’accomplissement des procédures internes nécessaires à son entrée en vigueur.
2) Le Gouvernement de la République Fédérale de Yougoslavie informera les Parties contractantes de la réception de toute communication en vertu de l’alinéa 1 ci-dessus et de l’entrée en vigueur du présent Protocole additionnel.
En foi de quoi, les signataires, dûment autorisés à cet effet, ont signé le présent Protocole additionnel.
Fait en la ville de Budapest, le vingt-six mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, en un seul exemplaire en langues allemande, française et russe, les trois textes faisant également foi. Il sera déposé auprès du Gouvernement de la République Fédérale de Yougoslavie qui en transmettra des copies certifiées aux Etats signataires.
Pour la République Fédérale d’Allemagne : (Signature)
Pour la République d’Autriche : (Signature)
Pour la République de Bulgarie : (Signature)
Pour la République de Croatie : (Signature)
Pour la République de Hongrie : (Signature)
Pour la République de Moldova : (Signature)
Pour la Roumanie : (Signature)
Pour la Fédération de Russie : (Signature)
Pour la République Slovaque : (Signature)
Pour l’Ukraine : (Signature)
Pour la République Fédérale de Yougoslavie : (Signature)
Protocole de signature du Protocole additionnel du 26 mars 1998 à la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube du 18 août 1948
Les plénipotentiaires
de la République d’Autriche, de la République de Bulgarie, de la République de Croatie, de la République de Hongrie, de la République de Moldova, de la Roumanie, de la Fédération de Russie, de la République Slovaque, de l’Ukraine et de la République Fédérale de Yougoslavie
ont pris note de la suivante déclaration de la République Fédérale d’Allemagne faite à l’occasion de la signature du Protocole additionnel du 26 mars 1998 à la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube du 18 août 1948 :
1) L ‘adhésion de la République Fédérale d’Allemagne à la Convention n’affecte pas les obligations qui lui incombent en vertu de son appartenance à la Communauté Européenne.
2) Sur le secteur allemand du Danube, les embarcations et le matériel flottant, tels qu’ils sont utilisés pour la traversée des fleuves lors des manoeuvres, ne seront pas considérés comme bâtiments de guerre aux termes de l’alinéa 1 de l’article 30 de la Convention et ils pourront, après accord avec le Gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne, naviguer sur le secteur allemand du Danube.
3) A l’égard de l’article 27 de la Convention relative au régime de la navigation sur le Danube, il faut avoir en vue le fait que sur le territoire communautaire les questions douanières relèvent de la compétence de la Communauté Européenne.
En foi de quoi, les plénipotentiaires des Etats mentionnés ci-après ont signé le présent Protocole de signature établi en langues allemande, française et russe.
Fait en la ville de Budapest, le vingt-six mars mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit.
Pour la République Fédérale d’Allemagne : (Signature)
Pour la République d’Autriche : (Signature)
Pour la République de Bulgarie : (Signature)
Pour la République de Croatie : (Signature)
Pour la République de Hongrie : (Signature)
Pour la République de Moldova : (Signature)
Pour la Roumanie : (Signature)
Pour la Fédération de Russie : (Signature)
Pour la République Slovaque : (Signature)
Pour l’Ukraine : (Signature)
Pour la République Fédérale de Yougoslavie : (Signature)