Brǎila

   « Animerit orbul Brăila! »
« Même un aveugle trouverait Brăila ! »

   (Vieux proverbe roumain)

   « Braïla, garce plantureuse qui contemple le Danube son amant, d’un oeil tantôt fiévreux, tantôt lascif, Braïla possède un plan peut-être unique au monde. C’est un éventail presque entièrement déployé. Du noyau qui fait son centre, huit rues et deux boulevards forment autant de bras qui lui enlacent la taille et la montrent au Danube comme une offrande tentatrice, mais pour que la belle ne soit en rien gênée, quatre avenues brisent l’élan de ces dix bras, les traversant exactement comme la monture de l’éventail.
Longue, interminable, allant du fleuve au fleuve, toujours en ligne courbe et atteignant vers la périphérie leurs six cents numéros, chacune de ces dix voies portent le même nom malgré les interruptions des avenues. Toutefois, le peuple qui n’aime pas la monotonie a baptisé selon sa logique les fragments ainsi séparés par les grandes artères, ce qui a donné naissance aux quartiers, nos fameuses mahala ;  juive, grecque, russe, tzigane, etc… »
Panait Istrati, Nerrantsoula

Brǎila la séduisante valaque, ville au passé prestigieux

   Brǎila, en Valachie roumaine, est une ville et un port danubiens de la rive gauche (Km 170) qui se situe en amont de Tulcea (rive droite) et de Galaţi (rive gauche). Elle porta différents noms à travers l’histoire : Bailago, Baradigo, Berail, Brailano, Braylam, Breill, Brigala, Brilago, Brilague, Brilagum, Drinago, Ueberyl, Proilavum, Ibrail, Brăilof… Lieu de batailles acharnées dès le Moyen-Âge, Brǎila était aussi surnommée autrefois la ville des restaurants et des belles filles. Elle fut encore au début du vingtième siècle la capitale européenne des Tsiganes.
C’est le lieu de naissance, dans un bas quartier d’une grande pauvreté des bords du fleuve, de l’écrivain et conteur Panaït Istrati (1884-1935) dont certains ses romans (Codine, Kyra Kiralyna, Nerantsoula…) contiennent des descriptions colorées et émouvantes de sa ville natale, de ses populations multiethniques. de ses quartiers populaires, grecs, turcs, de son port, de ses importantes activités et bien évidemment aussi de son cher Danube.

À l’époque de Panaït Istrati et des armateurs grecs de Brăila

« En ce temps, le port n’avait point de quai, et on pouvait avancer de dix et vingt pas, jusqu’à ce que l’eau vous arrivât à la poitrine. Pour entrer dans une barque, il fallait traverser de petites passerelles en bois ; les voiliers, ancrés au loin, frottaient leurs coques contre des pontons qui contenaient un bout du grand pont fait de billots et de planches. Une fourmilière de chargeurs turcs, arméniens et roumains, le sac au dos, allait et venait en courant sur ces ponts qui pliaient sous le poids. »
Panaït Istrati, Kyra Kiralyna (Les récits d’Adrien Zografi)

La grande actrice roumaine Maria Filotti (1883-1956), d’origine grecque comme un grand nombre des habitants de cette ville portuaire du Bas-Danube, directrice de théâtre, contemporaine de Panaït Istrati, est également née à Brǎila. Le théâtre municipal porte son nom. Bien d’autres personnalités de toutes obédiences sont nées ou ont vécu à Brăila.

Le Théâtre municipal Maria Filotti, photo © Danube-culture, droits réservés

Centre commercial fondé en 1368, elle est conquise avec la Valachie en 1542 par  Soliman le Magnifique (1494-1566) et occupée militairement. La principauté danubienne, (l’autre principauté danubiennes étant la Moldavie) état médiéval historique qui possédait une armée, une flotte fluviale (bolozanele) et un corps diplomatique est alors soumise par l’Empire ottoman à un tribut conséquent et à d’autres impôts dont celui de fournir à Constantinople des poissons du Danube, du blé, du miel et d’autres produits.
Brǎila va demeurer ottomane pendant près de trois siècles, de 1544 à 1828. Elle subit ensuite l’occupation des troupes du tsar russe Nicolas Ier (1796-1855) pendant la guerre russo-ottomane de 1828-1829 puis est rattachée avec Turnu Magurele et le port de Giurgiu (rive gauche), suite au Traité d’Andrinople (Édirne) de septembre 1829, à la principauté de Valachie qui, tout en devenant territoire ottoman à l’administration autonome, reste malgré tout occupée par les troupes russes jusqu’en 1834. Les dispositions économiques de ce traité pour les Principautés roumaines vont donné une forte impulsion à l’agriculture et au commerce, les déchargeant de l’obligation d’approvisionner Constantinople et reconnaissant leur liberté de commerce avec tous les pays. Le Traité d’Andrinople, très favorable à la Russie, renforce considérablement et pour longtemps la position de cette principauté sur le Bas-Danube et dans le delta. La forteresse érigée par les Ottomans est détruite. Alexandru Dimitrie Ghica (1795-1862 ?) est élu prince de Valachie et règne de 1834 à 1842 puis, comme Caïmacan (dignitaire de l’Empire ottoman), de 1856 à 1858. L’union de la Valachie et de la Moldavie est réalisée en 1859 sous l’autorité d’Alexandru Ion Cuza (1820-1873), soutenu activement par Napoléon III.

Avec sa voisine portuaire moldave et concurrente moldave Galaţi, Brǎila obtient le statut avantageux de port franc ce qui entraine un important développement des activités économiques des deux principautés. Ce sera « l’âge d’or économique » de la cité. Le monopole du commerce des marchands et négociants turcs dans le delta avait toutefois déjà été rompu en 1784 avec des concessions du point de vue des libertés commerciales concédées aux étrangers. En 1838, le Royaume-Uni, soucieux de contrer l’influence russe dans la région et en plein essor industriel et croissance économique mais devant faire face à un déclin de son agriculture et à une forte demande en céréales conclue des accords avec l’Empire ottoman.

Place des pécheurs

La place des pécheurs autrefois

Le port de Brǎila est relié à la mer Noire et accessible aux cargos de petit tonnage grâce aux travaux entrepris dans la deuxième moitié du XIXe et au début du XXe siècle par la Commission Européenne du Danube et à la chenalisation du bras de Sulina. La cité et ses établissements portuaires avec ses ateliers est alors le théâtre d’une grande activité et de nombreux échanges commerciaux. La communauté des armateurs grecs, très entreprenants, y joue un rôle central et de somptueuses villas sont érigées dans le centre ville et ses environs en particulier à sa demande.

La principale activité économique locale, aux côtés du port et de la pêche, reste longtemps centrée sur la transformation des roseaux du delta en papier et en matériau de construction ainsi que sur d’autres industries annexes. Les chantiers navals ont été également, dans le passé et jusqu’à récemment, de gros pourvoyeurs d’emplois.
La prise de conscience d’un patrimoine environnemental danubien fragile et d’exception a permis la création d’un parc naturel « Balta Mică a Brăilei », actif dans le domaine de la protection de la biodiversité et de la pédagogie de l’environnement

Les chantiers navals de de Brǎila, photo © Danube-culture, droits réservés

Brǎila, grâce à la rénovation, financée en partie par l’Union Européenne, de son centre historique et de son riche patrimoine architectural (églises, anciennes villas et hôtels particuliers d’industriels, banquiers, armateurs et riches commerçants), à ses infrastructures éducatives et culturelles (université, musées) bénéficie du développement du tourisme dans cette région proche du delta. Pour la première fois de son histoire un pont suspendu sur le Danube va relier prochainement la ville à la rive droite.

Le Musée Carol Ier, photo © Danube-culture, droits réservés

Une citadelle convoitée… 
L’historien Ionel Cândea, directeur du Musée Carol Ier et auteur de la monographie La Cité de Brăila. Historique. Reconstitution. Valorisation, connaît bien l’histoire de la citadelle :
« Elle a été édifiée en novembre ou décembre 1540. Un rapport polonais d’octobre 1540 fait état du commencement des travaux et dans un autre document, écrit six années plus tard, le sultan ottoman Soliman le Magnifique (1494-1566) ordonne au prince de la Valachie, Mircea V Ciobanul (?-1559), de transporter les grumes et les hommes nécessaires pour achever la citadelle. Elle fut donc construite par les Ottomans qui ont utilisé pour cela une main d’œuvre locale. Sa démolition en 1829-1830 est la conséquence d’un ordre du tsar Nicolas Ier (1796-1855). Pas moins de 3000 hommes originaires des comtés de Gorj, Dolj, Dâmboviţa et d’autres régions, ont été nécessaires pour sa destruction. »

Brǎila 

   La citadelle subit de nombreux sièges et change plusieurs fois d’aspect. Au XVIe siècle, elle est attaquée à trois reprises : par le voïvode Jean II Voda (1521-1574) dit « Le cruel » en 1574 et par les Turcs en 1594 et 1595. Michel Ier le Brave (1558-1601) réussit toutefois à la libérer des ottomans pour une courte période mais ceux-ci la reprennent et reconstruisent ses murailles détruites. Mihnea III Michel l’assiège en 1659 au moment de sa révolte contre Constantinople. Au XVIIIe, la citadelle se voit ajouter un fossé et une palissade qui entoure l’agglomération civile.
   Les batailles les plus sévères pour s’emparer de la citadelle voient s’affronter les empires russe et ottoman : « Au XVIIIe, Brăila est régulièrement assiégée. En 1711, les armées placées sous le commandement d’un général russe envoyé par Pierre le Grand (1672-1725), alliées à celles de Thomas Cantacuzène, un boyard roumain commandant de l’armée valaque passé du côté des Russes, marchent sur Brăila en passant par Măxineni et son monastère qui abrite pour la nuit les 55.000 soldats. Au moment où le commandant ottoman de la citadelle remet les clefs au général russe, ce dernier reçoit un courrier du tsar qui lui dit de quitter les lieux. Les Ottomans ayant infligé une défaite aux troupes russes à Stănileşti, ces derniers doivent se retirer au plus vite. »
Même si aujourd’hui la citadelle de Brăila n’existe plus, des vestiges importants ont été récemment mis à jour comme la nouvelle poudrière et les souterrains militaires qui ont leur histoire propre. En mars 1810, alors que les Russes étaient déjà maîtres de la citadelle depuis la guerre russo-turque de 1806, un de leurs officiers enfreignant le règlement est entré avec ses éperons dans la poudrière. La citadelle fut secouée par une explosion extraordinaire qui fit plus de 300 morts et qui fut entendue en Moldavie jusqu’aux environs de Iaşi. Lorsque les Turcs reprennent la citadelle en 1812, la construction d’une nouvelle poudrière s’avère nécessaire et c’est celle-ci qui a pu être conservée.

Le port de Brǎila en 1890

En décembre 2014, un chemin d’accès spectaculaire et des barils de poudre à  l’intérieur et à l’extérieur de la citadelle ont été découvert, à proximité de l’un des derniers bastions. Ce chemin passait sous les tombes de l’archevêché de Brăila. Plusieurs souterrains attenants à la citadelle ont également été mis à jour sous le jardin municipal. Le réseau de galeries souterraines réalisées en briques de bonne qualité, s’étendait sur plusieurs dizaines de kilomètres avec de nombreuses ramifications et était pourvu de bouches d’aération. »

Cité artistique et culturelle

Maria Filotti

Outre l’actrice Maria Filotti (1883-1956) dont le théâtre porte le nom, de nombreuses autres personnalités artistiques et musicales sont nées à Brǎila parmi lesquelles la cantatrice préférée du compositeur Giacomo Puccini (1858-1924) Haricléa Darclée (1860-1939) qui étudia avec Gabriel Fauré, débuta sa carrière à l’Opéra de Paris et créa le rôle de Tosca et de la Wally d’Alfredo Catalani (1854-1893).

Hariclea Darclee 

La ville lui rend hommage depuis 1995 avec un concours de chant international portant son nom et un réalisateur roumain, Mihai Iacob a réalisé en 1960 un film « Darclée » sur la vie et le destin tragique de cette prestigieuse cantatrice.

La maison natale restaurée de Petru Stefanescu Goanga (1902-1973) dont la façade est en partie curieusement (provisoirement ?) cachée par un panneau d’information ! Photo © Danube-culture, droits réservés

Le compositeur George Cavadia (1858-1926), d’origine macédonienne, a été durant son séjour un grand promoteur de la vie musicale de Brǎila et le fondateur de l’école de musique devenue par la suite conservatoire, de la société musicale Lyra et de l’orchestre philharmonique qui porte aujourd’hui son nom. Il peut être également considéré comme le mentor d’Haricléa Darclée à ses débuts. George Cavadia a été fait citoyen d’honneur de Brǎila.

Portait de George Cavadia (1858-1926) par Jozef Kózmata (Sources Bibliothèque Nationale Roumaine)

Le chanteur d’opéra (baryton) Petre Stefanescu Goanga (1902-1973) dont la maison natale a été restaurée et transformée en centre culturel et le compositeur Iannis Xenakis (1922-2001) sont également originaires de Brǎila tout comme le sculpteur Nicǎpetre (1936-2008) qui possède dans la villa Embiricos soigneusement restauré et transformé en centre culturel, un magnifique lieu d’exposition et le  remarquable contrebassiste, pianiste et compositeur Johnny Rǎducanu (1931-2011) qui a donné son nom à un festival de musique.

Maison natale de I. Xenakis dans le vieux Brăila, photo © Danube-culture, droits réservés

L’historien des sciences et psychologue social Serge Moscovici (1925-2013) émigré en France, est également né à Brăila où il a passé une partie de son enfance dans sa ville.

Eric Baude, © Danube-culture, mis à jour novembre 2023, droits réservés

Sources :
Ioan Munteanu : Stradele Brăilei, Ed. Ex Libris Brăila, 2005
Musée Carol Ier de Brǎila (y compris le Mémorial Panaït Istrati) :  www.muzeulbrailei.ro

https://brailaveche.wordpress.com
Festival de jazz Johnny Rǎducanu de Brǎila
www.johnnyraducanu.ro
Association des amis de Panaït Istrati (France)
www.panait-istrati.com

Le jardin public de Brǎila, un dix mai « patriotique » (Panaït Istrati)

   « Le Jardin Public de Braïla permet d’imaginer ces fameux jardins suspendus de Sémiramis, puisqu’il est lui aussi suspendu à pic au bord du plateau qui domine le majestueux Danube et son incomparable delta marécageux.
Entièrement clôturé du côté de la ville, par des maisons seigneuriales, il semble avoir été autrefois un superbe parc réservé aux seuls riches. Mais aujourd’hui, grâce à ce satané » régime démocratique » qui abâtardit toute « beauté pure », rien n’est plus respecté, et c’est pourquoi, surtout les jours de fêtes, les allées du Jardin sont envahies par une foule faubourienne qui apporte avec elle, en même temps que le pittoresque violent de ses couleurs et de son babil indiscret, toutes les odeurs possibles et inimaginables dans un quartier du genre Comorofca.

Le kiosque du Jardin public, photo © Danube-culture, droits réservés

   Aussi, bon gré, mal gré, les anciens riches ont dû céder le pas à l’envahisseur intempestif. Rarement pouvait-on voir encore, et aux seules heures de calme, la silhouette bouledogue de quelques princes du maïs, ou la tête blanche de l’armateur grec, au visage rendu grave par leur fortune acquise, traînant l’un et l’autre leurs jambes de goutteux sur le sable fin de ce lieu de repos.
Adrien, qui n’était pourtant ni un prince du maïs ni un grave armateur, choisissait comme eux, pour se promener dans le Jardin, les jours et les heures où celui-ci était désert. (Les extrêmes se touchent.) On peut donc se figurer sa rage quand, de 10 mai patriotique, y arrivant vers les cinq heures avec sa « bande », il trouva le paisible Jardin entièrement possédé par la soldatesque et les corporations d’ouvriers de la ville. Il recula, effrayé devant les vagues furibondes d’une foule qui se mouvait péniblement sous la pluie de confetti et de serpentins, hurlant, se débattant, transpirant comme des forgerons et puant des pieds et des aisselles….
Dès qu’ils se furent mêlés à la foule, les bras chargés de sacs à confetti, des meutes de sous-offs et de civils aux gueule hilares les cernèrent. Les deux mères en furent écrasées. Adrien, Léana et son frère, se défendirent de leur mieux mais, les « munitions » épuisées, ils ne purent à la fin que se couvrir le visage avec les bras et « battre en retraite », la « forteresse » étant « prise d’assaut ». Ces termes militaires, en vogue ce jour-là, furent poussés au-delà de toutes les limites de la bienséance, et Léana, cible de toutes les convoitises, dut subir des outrages et entendre des compliments qui lui firent plus d’une fois regretter d’avoir cherché ces « entourages-là ». Des mains cavalières — on ne pouvait plus savoir à qui elles appartenaient — allèrent jusqu’à la prendre par la taille, par le cou, lui fourrer des confetti dans le sein et même la pincer, pendant que ses compagnons étaient isolés et aveuglés par d’autres comparses. »
Panaït Istrati, La jeunesse d’Adrien Zograffi, « Mikhaïl »

Photo © Danube-culture, droits réservés

     L’art de boire le thé à Brǎila (Panaït Istrati)

   « Pourquoi fuyait-on, comme la peste, le « sucre farineux » ? Parce que, à Braïla, à l’exemple de la sainte Russie, on ne boit pas le thé comme à Paris ou à Londres. Libre à vous de sucrer votre jus tiède et même de le « salir » d’une goutte de lait ou plus, ou de ne rien faire et de l’avaler — glouc ! — comme on avale une purge, ou, encore, de l’accepter » pour faire plaisir » et de vous en aller — avec un « merci beaucoup » — sans l’avoir touché. Dans le second port danubien de la Roumanie, les habitants boivent le thé tout autrement. Ces habitants, qu’ils soient nationaux get-beget ou pravoslavniks lipovans aux barbes à la Tristan Bernard, aux bottes d’égoutiers et à vaste lévite qui trimballent dans une poche l’inséparable verre, lourd comme un caillou, dont on se sert là-bas individuellement pour avaler dans des bistrots impurs de la votka pure, après s’être copieusement signé, ces habitants sont, avant tout, de grands buveurs de thé. Ils le boivent, du matin à la nuit, pour ses multiples vertus : apéritif, nutritif, digestif, laxatif, constipant, excitant, calmant et diurétique. On le boit l’hiver pour se réchauffer, l’été pour dr rafraîchir, et on en absorbe de deux à quatre litres par jour comme un rien. Mais, direz-vous, que fait-on de cette masse d’eau dans le ventre ? Eh bien, on boit verre sur verre en toute tranquillité, puis, avec la même innocence, on sort dans la rue et on pisse sur le trottoir, en s’épongeant le front et, parfois, en tournant le dos à une aimable personne qui passe tout justement. Ainsi, le thermosiphon circule à souhait. Les boyaux, lavés à grande eau, sont pincés par la faim, et souvent aussi les bronches par le froid, lorsqu’on sort en hiver « pour faire des trous d’ambre dans la neige immaculée. »

Panaït Istrati, La jeunesse d’Adrien Zograffi « Mikhaïl », Éditions Gallimard, Paris 1968 

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour novembre 2023

Sources : Maison (mémorial) Panaït Istrati, Musée Carol Ier, Brǎila, droits réservés 

Retour en haut de page