Le Natternberg

   Un morceau du Vésuve en bordure du Danube bavarois
Le Haut Danube longe sur sa rive gauche, entre Ratisbonne et Passau (Bavière) les reliefs du vieux massif de la Forêt-Bavaroise (Bayerischer Wald) qui l’obligent à obliquer dans une direction est-sud-est. Les coteaux bien exposés de ce massif accueillent les premiers vignobles danubiens, les petites villes et les villages de Donaustauf, Bach, Wörth, Bogen, Mariaposching, Metten et Deggendorf. La rive droite n’offre que peu de relief en comparaison de la rive gauche et permet au Danube de s’étendre à travers cette large plaine lors de hautes eaux. Exception notoire au milieu de celle-ci, la colline du Natternberg.

    Modeste par sa hauteur (383 mètres), elle est peuplée par les hommes dès l’âge de pierre et couronnée d’une forteresse imposante au Moyen-Âge dont il ne reste plus qu’une petite partie des bâtiments initiaux et des remparts.
D’après une légende le Natternberg dont la roche est d’origine volcanique (gneiss) serait un morceau du Vésuve apporté par Méphisto fortement irrité par la piété des habitants de la petite ville danubienne voisine de Deggendorf. Son intention était de laisser choir dans le Danube ce morceau de volcan pour provoquer une inondation et les noyer définitivement. Pourquoi un morceau de volcan si éloigné, la légende ne le dit pas. Toujours est-il qu’il revenait avec son énorme morceau de rocher et se préparait à le lâcher dans le Danube à hauteur de Deggendorf quand la cloche de l’abbaye bénédictine voisine de Metten sur l’autre rive, une des plus anciennes abbayes de Bavière fondée en 766, se mit à sonner l’angélus. Le diable effrayé par le son de la cloche laissa choir promptement son énorme morceau de Vésuve sur la plaine au lieu de le lancer dans le Danube et s’enfuit.
   On cultiva la vigne sur le versant sud du Natternberg depuis le Moyen-âge jusqu’en 1963. Le vin qu’on y produisait était appelé « Natternberger Teufelskralle » (La griffe du diable) et était de qualité médiocre. Il avait la réputation d’être particulièrement acide ce qui lui valut aussi d’acquérir le surnom de « Natternberger Essig-Riesling » (Riesling vinaigré du Natternberg) !
La colline du Natternberg a failli être « coiffée » en 2009 d’une imposante statue du Christ de 55 mètres de haut réalisée par le sculpteur Ludwig Valentin Angerer (L. V. Angerer der Ältere, 1938) mais une majorité de la population s’opposa au projet lors d’un referendum.

L’ancienne forteresse au sommet du Natternberg, au premier plan Deggendorf et en arrière-plan le Danube, photo Stadt Deggendorf, droits réservés

À propos du château-fort :
   Le château-fort est mentionné pour la première fois en 1145. Il appartient à un certain Hartwig, ministériel des comtes de Bogen. Les ducs de Bavière en héritent en 1242 lorsque cette dynastie s’éteint. Le duc Henri III de Basse-Bavière dit « le Natternberger » grandit dans la forteresse sous la tutelle du futur empereur du Saint Empire romain germanique Louis de Bavière. À partir de 1331, il possède un duché partiellement indépendant dont le centre est Deggendorf, mais il s’implique dans des querelles judiciaires permanentes avec ses cousins de Basse-Bavière. Henri III meurt en 1333 et le duché est à nouveau dissous. Le château-fort est vendue à Peter Ecker von Eck, ancien capitaine de l’empereur Louis de Bavière. En conflit avec les Wittelsbach sa propriété est assiégée avec succès en 1337. À partir de cette époque, Natternberg perd de de son importance. Elle est en grande partie détruite pendant la guerre de Trente Ans et la guerre de Succession d’Autriche. En 1802, la famille des Preysing von Moos en prennent possession. La forteresse passe ensuite dans les mains de nombreux autres propriétaires tout en demeurant habitée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il ne reste de l’imposante forteresse initiale que quelques vestiges qui ont été rénovés à la fin des années 90.

Pour découvrir le Danube bavarois entre Regensburg (Ratisbonne) et Passau
https://www.donaupanoramaweg.de

De Bogen à Deggendorf (rive droite), sources www.panoramaweg.de

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour novembre 2023  © Danube-culture, droits réservés
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