Louis XIV et le Danube : la bataille de Höchstädt-Blenheim où une sévère défaite pour les armées du Roi-Soleil

   Le Danube et ses rives est durant presque toute l’histoire des hommes un vaste champs de batailles. Ce fleuve n’a pas été favorable aux armées françaises dans leurs conquêtes. Un peu plus d’un siècle avant Napoléon et les  batailles de Dürnstein en Wachau (11 novembre 1805) et d’Essling, (21-22 mai 1809) sur la rive gauche du Danube, à la périphérie de Vienne et considérées comme deux victoires par les Autrichiens, les armées du Roi Soleil ont été sévèrement défaites en 1704 sur le territoire bavarois, à proximité d’Augsburg, par les troupes de la Grande Alliance.

Fragment de la tapisserie de la bataille de Blenheim, œuvre du tisserand flamand Judocus de Vos (1661/1662-1734).  À l’arrière-plan le village de Blenheim et le Danube ; au centre les ruines de deux moulins à aube que Rowe a saisi pour établir une tête de pont sur la rive française du Nebel. Au premier plan un grenadier anglais tenant un drapeau des armées françaises.

La plus importante des batailles de la guerre de Succession d’Espagne, dite bataille de Höchstädt-Blenheim, a lieu sur les bords du Danube bavarois le 13 août 1704. Elle est remportée sur les armées françaises de Louis XIV et leurs alliés bavarois par les troupes de la Grande Alliance (Empire d’Autriche, Angleterre, Provinces-unies et Portugal). Les armées de la Grande Alliance sont alors commandées par des stratèges militaires redoutables, John Churchill (1650-1722), premier duc de Marlborough, et le prince Eugène de Savoie (1663-1734), élevé à la cour de France mais passé au service des Habsbourg à la suite du refus de Louis XIV de le laisser prendre le commandement d’une compagnie de soldats et qui s’est précédemment illustré contre les Ottomans.

John Churchill, 1er duc de Marlborough par le portraitiste Godfrey Kneller (1646-1723)

Cette bataille a lieu à proximité de la petite ville de Höchstädt et du village de Blindheim dont le nom sera déformé en Blenheim par les Français et les Anglais.

Près de 52 000 soldats anglais et autrichiens affrontent environ 60 000 Français et Bavarois, commandés par le maréchal Camille d’Hostun de la Baume (1652-1728), lui aussi militaire expérimenté, et du prince électeur de Bavière Maximilien II Emmanuel (1662-1726).

Bataille de Blenheim, peinte et gravée en 1729 par Jan van Huchtenburg (1646?/1647-1733) 

Afin d’éviter l’invasion de l’Autriche par les Français, Marlborough donne l’ordre d’avancer à ses troupes en direction du Danube dans l’intention de rejoindre les troupes du prince Eugène. Leurs armées s’étant rejointes le 12 août, ils surprennent leur adversaire, mal préparé, en passant à l’attaque dès le lendemain. Les Français ont pris position derrière le Nebel, un affluent du Danube. L’aile droite est centrée sur Blenheim et placée sous le commandement de Camille d’Hostun de la Baume pendant que l’aile gauche, sous les ordres de Ferdinand de Marsin (1656-1706) et du prince électeur de Bavière, se tient sur un terrain vallonné aux abords de la ville de Lützingen. Le dispositif français se compose de deux armées quasi indépendantes, dont la jonction est mal assurée par une cavalerie presque sans soutien.

Portrait du Prince Eugène de Savoie, vers 1700, école flamande ou hollandaise (Jan van Hutchtenburg ?)

Les forces du prince Eugène de Savoie affrontent l’aile gauche du prince électeur de Bavière pendant que Marlborough combat de son côté les troupes du maréchal français à Blenheim. Le prince Eugène engage une violente attaque de flanc, destinée à faire diversion, tandis que lord John Cutts, sous les ordres de Marlborough, lance deux assauts voués à l’échec sur Blenheim. Ces offensives obligent Camille d’Hostun de la Baume à engager plus de réserves que prévu pour défendre Blenheim, dégarnissant davantage encore le centre des armées françaises. Marlborough déclenche alors le principal assaut contre de l’autre côté du Nebel. Les charges de la cavalerie française résistent avec acharnement à l’offensive. Mais celle-ci, renforcée d’unités de cavalerie autrichiennes, s’avère irrésistible. Le centre français est enfoncé, les armées de Ferdinand de Marsin et de Camille d’Hostun de la Baume, coupées l’une de l’autre. Les assaillants obliquent ensuite sur la gauche et repoussent finalement les Français vers le Danube où se noient 3000 cavaliers.

La reddition de Camille d’Hostun de la Baume, maréchal de Tallard le 13 août 1704

À Blenheim, Camille d’Hostun de la Baume est fait prisonnier avec vingt-trois bataillons d’infanterie et quatre régiments de dragons. Seule l’aile gauche de Ferdinand de Marsin et du prince électeur de Bavière a réussi à organiser sa retraite.

Pour 12 000 hommes perdus, la Grande Alliance met hors de combat 18 000 Franco-Bavarois et en capture 13 000.
Camille d’Hostun de la Baume est, à l’issue de la bataille, emmené à Londres où il restera prisonnier jusqu’en 1711.

La bataille d’Höchstädt-Blenheim est la première grande défaite des armées de Louis XIV en plus de cinquante années  de guerres. Elle soulage Vienne et l’empire autrichien des menaces d’invasion de l’armée franco-bavaroise et préserve l’alliance entre l’Angleterre, l’Autriche et les Provinces-Unies contre la France. La Bavière sort de cette guerre sur une défaite et doit subir une occupation autrichienne.

Monument dédié à la bataille de Höchstädt-Blenheim de Lutzingen, photo domaine pubic

Retour en haut de page