Svishtov (Sistova, PK 552, 8, rive droite)

   C’est à Sistova (Svishtov), troisième port fluvial bulgare après Ruse et Vidin, ville d’environ 30 000 habitants, que le Danube atteint le point le plus méridional de son long parcours. Le fleuve oblique ensuite vers le Nord-Est en direction des villes de Ruse (PK 495,6, Bulgarie, rive droite) et Ghiurghiu (PK 493, Roumanie, rive gauche).

L’église de la sainte Trinité (photo droits réservés)

   On trouve à proximité (4 km vers l’est) de cette ville agréable et à l’atmosphère méridionale, construite en terrasses sur une colline verdoyante au dessus du fleuve, l’ancien forteresse romaine de Novae, mentionnée pour la première fois en 1726 par Luigi Fernando Marsigli dans son Danubius Pannonico-Mysicus  (publié en français en 1744 sous le titre de  Description du Danube), forteresse qui fut agrandi et embelli considérablement à l’époque de l’empereur byzantin Justinien (527-565) lors de la reconstruction de l’Empire romain d’Orient. Les Romains y entretinrent  une importante flotte militaire qui pouvait se déplacer rapidement pour défendre les frontières de l’empire (limes).

Sistova (Svishtov), gravure d’Adolph Kunike (1777-1838), vers 1825

La ville fait peu parler d’elle pendant les deux empires bulgares (XIe-XIVe siècles). Elle se développe ensuite pendant la longue domination turque (fin XIVe-XIXe siècles), devenant un centre d’échange important et le carrefour de différentes routes commerciales de l’Ouest et de l’Est de l’Europe. C’est dans cette ville que fut signé le 4 août 1791 le traité de paix (rédigé en français et en turc) qui mit fin à la dernière guerre austro-turque (1788-1791).

Le traité de Sistova ou La paix entre l’Autriche et la Turquie, 1792, gravure de Daniel Nikolaus Chodowiecki (1726-1801)

En 1877, lors du conflit avec l’Empire ottoman, les Russes traversent le Danube à proximité et mettent la ville à sac. Svishtov connait après la guerre d’indépendance contre l’occupant turque un déclin économique. Les troupes austro-bulgaro-allemandes traverseront en sens inverse à leur tour le fleuve à cette hauteur en 1916 pour envahir la Roumanie.

Passage du Danube par l’armée russe en 1877

Deux églises souterraines du XVIIe, l’église de la Sainte Trinité, édifiée en 1867 par l’architecte bulgare Koljo Ficev (1800-1881), endommagée par un tremblement de terre en 1977, le petit musée installé dans la maison natale (1861) de l’écrivain, poète et traducteur bulgare Aleko Ivanitsov Konstantinov (1863-1897)1 qui fit des études de droit en Russie, assassiné à l’âge de 34 ans, appartiennent au patrimoine historique, architectural et culturel incontournable de la cité. Quelques superbes maisons dans le style du Renouveau bulgare sur les façades desquelles se remarquent d’élégants balcons en bois ont été préservées. On trouve sur une colline du centre ville les ruines d’une forteresse datant du XIIIe/XIVe siècles.
Svishtov est également connue comme la ville de nombreux bienfaiteurs. Il n’y a pas d’initiative, de bâtiment, d’école, d’église ou d’institution d’importance qui n’ait bénéficié du soutien de bienfaiteurs par le biais de dons privés : L’Académie d’économie Dimitar A. Tsenov, l’école supérieure de commerce Dimitar Hadzhivasilev, la première maison de la culture bulgare Kiril D. Avramov (qui est aujourd’hui un théâtre et un musée), et environ 600 autres bienfaiteurs sont apparus à Svishtov rien qu’au cours de la renaissance nationale bulgare :
– Le premier don à une école a été fait en 1812 par Phillip Sakelarievichv ;
– Svishtov a été la première ville libérée du joug turc et la première administration civile y a été établie ;
– Le premier lycée professionnel de Bulgarie a été fondé à Svishtov grâce à un don de Dimitar Hadzhivasilev, originaire de la ville, et a été construit par l’architecte autrichien Paul Brant dans le style du célèbre lycée de Vienne ;
– L’histoire du chant choral bulgare a commencé à Svishtov, la première chorale bulgare ayant été fondée à Svishtov en 1868
– La première maison de la culture bulgare y a été créée grâce à un don de Kiril D. Avramov ;
– Svishtov est le lieu de naissance de l’auteur du premier livre imprimé en langue bulgare moderne, Philip Stanislavov et du compositeur de l’hymne bulgare, Tsvetan Radoslavov (1863-1931),  Gorda Stara planina, écrit en 1885.

La ville est aujourd’hui un important centre économique (activités portuaires), universitaire, scientifique et culturel régional. Un bac la relie deux fois par jour à la localité et port roumain de Zimnicea (PK 563, 65) sur la rive septentrionale du Danube.
Un monument en hommage aux soldats français de la 16e division d’infanterie coloniale a été érigé à Svishtov en 1919.

Sources :
RADKOV, Radko, DONETSKI, Peti, SVISHTOV – Cultural and Historical Sights, 2007
Svishtov now and yesterday, www.uni-svishtov.bg 

Notes :
1 Aleko Ivanitsov Konstantinov a laissé laisse une empreinte indélébile dans l’histoire de la littérature bulgare. Grâce à son style inimitable, caractérisé par la touche d’humour qui accompagne une grande partie de ses œuvres, il se forge la réputation de pourfendeur de tous les maux qui gangrènent la société bulgare à la fin du XIXe siècle. Baï Ganio (compère Ganio), son personnage le plus célèbre, reste aujourd’hui encore le symbole de tous les travers de la société qu’Aleko Ivanitsov Konstantinov condamnait ouvertement. L’écrivain est enterré au cimetière central de Sofia.

Aleko Ivanitsov Konstantinov (1863-1897) par Georgi Danchov (1846-1908)

Office de tourisme :
www.visitshvistov.com
 www.svishtov.bg

Eric Baude pour  Danube-culture, © droits réservés, mis à jour août 2023

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