La Wachau

« C’est aussi ce que j’aime dans la Wachau : ce n’est pas un séjour habituel à la campagne, aménagé uniquement pour les estivants, c’est une région qui se suffit à elle-même, qui n’a pas encore absolument besoin de nous et où nous sommes donc d’autant plus volontiers invités. »
Hermine Cloeter (1879-1970) 

La basilique saint Pierre et saint Paul de l’abbaye bénédictine de Melk, photo © Danube-culture, droits réservés

L’abbaye bénédictine de Melk (rive droite) ouvre majestueusement en amont les portes de la douce et épicurienne Wachau et celles de sa soeur bénédictine et dominatrice de Göttweig un peu en retrait de la même rive les referment avec solennité, laissant le Danube couler  « librement » vers la plaine de Tulln et Vienne. Ces grandes abbayes danubiennes sont parmi les plus beaux monuments religieux baroques de tout le continent européen.

La silhouette de l’abbaye de Göttweig depuis les rives du Danube à la hauteur de Krems, photo © Danube-culture, droits réservés

De la centrale hydroélectrique en amont de Melk jusqu’à Krems et sa sortie de la Wachau, le Danube a, ô miracle !, a pour le moment échappé à sa canalisation. C’est même, avec la traversée des prairies alluviales danubiennes (Donau Auen) et leur magnifique parc national (National Donauauen Park) en aval de Vienne et du barrage de Freudenau, l’un des deux seuls parcours autrichiens où le fleuve peut encore jouir d’une relative liberté. Ne voilà-t-il pas que le Danube presse son allure entre le Jauerling et les reliefs de la Dunkelsteinerwald ?
Enrichi des eaux de nombreux affluents d’origine alpine qui ont souvent par le passé poussé le fleuve à sortir de son lit, à inonder les cités riveraines et contre lesquelles les collectivités locales se sont mobilisées avec patience et détermination, la région de la Wachau apparaît bien comme une des plus attachantes d’Autriche.

Des paysages classés au patrimoine mondial de l’Unesco
   Depuis l’an 2000, la Wachau est classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de ses  paysages préservés, à l’instar de ceux du Val-de-Loire. Mais ici, comme partout ailleurs en Autriche, contrairement aux bords de la Loire, pas de centrales nucléaires. Sur un relief prononcé alternent vignes, vergers, forêts, forteresses au pied desquels se blottissent de joyeux et petits villages colorés et animés. Impossible quand on se penche sur le Danube et l’Autriche danubienne, de faire l’impasse sur cette magnifique région tant elle est parée d’attraits.

Dürnstein depuis la rive droite, perle du Baroque de Basse-Autriche et sujet d’inspiration inépuisable pour les peintres, photo © Danube-culture, droits réservés

Cette région, depuis fort longtemps habitée par l’homme comme en témoignent plusieurs statuettes statuette de 25 000/30 000 ans connues sous le nom de « Vénus de Willendorf » et « Vénus de Galgenberg » (Fanny de Galgenberg) est plus qu’hospitalière et attachante. Tout y est fait pour que le visiteur s’y sente chez lui et s’y attarde en logeant dans l’une des confortables auberges, chambres d’hôte ou petites pensions avenantes. La gastronomie n’est pas en reste non plus, la région étant l’une des plus prodigues de toute l’Autriche en produits locaux.
La Wachau mérite donc que l’on y prenne son temps, que l’on y séjourne plusieurs jours et qu’on lui témoigne ainsi qu’à ses habitants, sa fidélité et sa reconnaissance en y revenant.
La Wachau qui commence à Melk (rive droite) est traversée par le Danube sur 36 km jusqu’à la petite ville de Krems-Stein (rive gauche).
En amont de Melk et jusqu’à Ybbs/Donau s’étendent deux autres régions au riche patrimoine historique et culturelle, d’abord le Nibelungengau, terre des chevauchées légendaires de la célèbre et tragique épopée de la Chanson des Nibelungen puis, d’Ybbs jusqu’à Grein, en remontant le fleuve vers Linz et la Haute-Autriche, le Strudengau au relief accidenté, aux paysages plus sauvages, plus romantiques avec autrefois, au temps de la navigation à la rame et d’avant celle à vapeur, des tourbillons (Strudel) redoutés par les bateliers et leurs passagers.
La Wachau est aisément accessible depuis Linz, Vienne, Krems et Melk. Elle peut se découvrir soit par bateau soit en saison par train avec la ligne touristique et historique de la Wachau (Wachauerbahn) qui circule de Krems à Mauthausen, en bus ou en voiture mais encore à pied et en vélo grâce à une excellente infrastructure de chemins balisés, de pistes cyclables remarquablement aménagées dont la très fréquentée Eurovéloroute 6 (www.eurovelo6-france.comqui serpentent et suivent le Danube sur ses deux rives et offrant des points de vue sur ses plus beaux paysages.

Le train touristique de la Wachau longe la rive gauche du Danube,  une façon originale d’aller à la découverte de la région, photo Danube-culture, © droits réservés

Il est possible et ce n’est pas une activité des moins agréables, traverser d’une rive du fleuve à l’autre suivant son humeur grâce aux deux bacs à fil traditionnels (Rollfähre) de la Wachau qui, inlassablement, du matin au soir en saison, convoient paisiblement randonneurs, cyclistes et voitures sur les deux bords. Des « Zille » assurent encore localement le passage pour les randonneurs et les cyclistes en plusieurs points de la Wachau comme à Dürnstein.

Sur le bac entre Weißenkirchen (rive gauche) et Sankt Lorenz, photo © Danube-culture, droits réservés

Ces traversées conviviales, trop éphémères, permettent d’avoir, au milieu du fleuve, une perspective unique sur l’environnement et l’harmonie paisible et préservée de ces « vieux » paysages de la Wachau. On s’aperçoit alors, sous un ciel pur, quelle qu’en soit la saison, que le Danube bleu n’est pas qu’une légende viennoise. Le fleuve joue les caméléons avec le ciel et la palette de couleurs des paysages et des villages de vignerons et d’arboriculteurs.
C’est peut-être en Wachau, que le fleuve se pare dans son parcours autrichien de ses plus belles nuances, aussi variées que la palette d’un peintre impressionniste. Le Danube et ses rives dialoguent inlassablement, de l’aube jusqu’au crépuscule, dans une langue aux profondes, mystérieuses et multiples résonances. Mais, contrairement au visiteur qui est tenté de s’attarder dans ces lieux séduisants, le fleuve coule ici plus vite qu’ailleurs en territoire autrichien ce qui n’empêchent pas les bateaux de croisières de le sillonner aisément. 60 km séparent la puissante centrale hydrolectrique de Melk de celui, plus en aval, d’Altenwörth, 60 km sans barrage !
À peine sorti du relief la Wachau, le Danube se dirige vers la plaine de Tulln et le massif de la Wienerwald (Forêt viennoise) pour rejoindre Vienne après avoir contourné le massif forêt viennoise (rive droite). Vienne peut s’enorgueillir d’être la première capitale que le fleuve rencontre.

Vue sur le Danube et ses méandres depuis l’abbaye de Göttweig, photo © Danube-culture, droits réservés

Gastronomie et oenologie en Wachau
La Wachau abrite un des plus beaux vignobles de vins blancs du pays et d’Europe, parfois au relief abrupt et qui couvre près de 16.000 hectares. Bacchus aurait pu incontestablement s’y établir et y vivre satisfait pour l’éternité, s’y désaltérant du divin breuvage et des arômes fascinants, de la saveur délicate des fruits des vergers, pommes, poires, abricots (les fameux Marillen de la Wachau) dont on tire aussi d’excellents alcools, des spécialités culinaires régionales, du microclimat et de la douceur relative des hivers. Bref, il fait toujours bon vivre en Wachau !

Vignobles en Wachau au printemps, photo © Danube-culture dr,oits réservés

Un grand nombre de restaurants témoignent généreusement de ce savoir-faire. Les cuisiniers déclinent aussi une remarquable variété de plats de viande et, proximité du fleuve oblige, de poissons auxquels les cépages Grüner Veltliner, Chardonnay, Riesling, Müller-Thurgau, Neuburger et Gelber Muskateller et autres vins blancs distingués, s’accordent à merveille. Quant aux vins rouges qu’on trouve en quantité infime, ils restent anecdotiques. 

Chatoiement des couleurs dans les vignes de la Wachau à l’automne, photo Danube-culture © droits réservés

La Wachau est encore une région au microclimat qui favorise également, aux côtés de la vigne, les arbres et arbustes fruitiers. Poiriers, framboisiers, abricotiers, pommiers des coteaux danubiens donnent des fruits particulièrement savoureux dont la cuisine régionale sait tirer la quintessence dans l’élaboration de recettes de succulents desserts comme les Marillenknödel, dessert farci aux abricots.

Aprikosenknödel Wachau

Les délicieuses Marillenknödel, un des délicieux desserts de la Wachau, photo Danube-culture © droits réservés

À noter pour les oenophiles que les vins blancs de la Wachau obtiennent régulièrement les toutes premières places aux concours de dégustation de vins blancs à l’aveugle en Europe. Les curieux ne manqueront pas de goûter à l’automne le moût de raisin appelé localement « Sturm ».

Le cornouiller, un arbre dont le bois est fort apprécié par les ébénistes, pousse également mais plus rarement en Wachau. Ses baies contiennent de nombreuses propriétés, photo Danube-culture, © droits réservés

Wachau pratique

Office de Tourisme du Danube et de Basse-Autriche (Donau Niederösterreich Tourismus GmbH), Schlossgasse 3, 3620 Spitz/Donau
www.donau.com
(site partiellement en français)
wachau@donau.com

www.bestof-wachau.at
Un site sur l’art de vivre et la gastronomie et  les spécialités de la Wachau mais qui s’adresse en priorité aux touristes de langue allemande.

Train touristique de la Wachau : Un joli parcours en train historique ou touristique entre Danube et vignobles
www.wachauerbahn.at

Avant de partir, jetez un coup d’oeil juste pour le plaisir sur le site de Gregor Semrad, un photographe amoureux de la Wachau :
www.gregorsemrad.com

Melk et son abbaye bénédictine

« Mea dilecta » se serait exclamé Jules César lorsqu’il vit Melk pour la première fois selon l’historien local Ignaz Kaiblinger. En fait il n’est pas sûr que César soit venu à Melk (encore que…) et de plus l’étymologie du nom de Melk, à l’image de nombreux autres toponymes de la Wachau vient du slave et est lié à la présence de la rivière du même nom qui conflue avec le Danube à cette hauteur, la Melk. Il y eut à l’époque romaine une forteresse du nom de Namare sur l’emplacement de l’abbaye.
C’est à Medelike (Melk) que la puissante famille princière des Babenberg, originaires de Bavière, grands propagateurs du catholicisme, promoteurs de la construction de quelques-unes des plus belles abbayes d’Autriche et du Danube (Melk, Saint Florian, Herzogenburg, Klosterneuburg…) s’installe à la fin du Xe siècle. Ils s’installeront ensuite à Vienne, cédant leur résidence en Wachau aux bénédictins qui s’empressent d’y construire une abbaye fortifiée. À la dynastie des Babenberg qui s’éteint en 1246 succèdera celle des Habsbourg.
L’abbaye baroque de Melk

Coupole de la basilique saint Pierre et saint Paul de l’abbaye bénédictine de Melk, photo © Danube-culture, droits réservés

« Et comment dire la beauté de Melk élevant sa façade ocrée au-dessus du Danube, le jeu subtil qui s’y joue entre la droite et la courbe, et comment les surfaces s’y animent en s’incurvant, à croire que c’est dans les eaux mêmes du fleuve que l’architecte est allé puiser ses formes ? Ces églises surchargées, et légères pourtant, ces immenses abbayes sont moins des lieux pour la prière, le recueillement et la pénitence que pour la célébration et l’apothéose. À la sévérité de la Réforme, aux menaces musulmanes, à celles plus lointaines de la Révolution, il a fallu opposer ce délire maîtrisé, cette vitalité foisonnante, ces jeux, ces trouvailles, ces mensonges, ce tissu compliqué de symboles, ces matières riches et brillantes, ces espèces de laque qui sont à la fois fragiles, précieuses, froides, couvrantes (alors que l’art austère des cloîtres romans c’est la vérité de la pierre qui parle), cet art qui est mis en scène, surprise, ivresse, et la plus sensuelle…
Philippe Jaccottet, « En descendant le Danube », in Autriche, L’Age d’Homme, Lausanne, 1994

La salle de la bibliothèque de l’abbaye avec son plafond en trompe-l’oeil peint par Paul Troger, photo droits réservés

L’agencement, la forme et la couleur des bâtiments au sommet de la colline qui semblent le prolongement artistique raffiné des éléments naturels, la grande cour et les cours secondaires, les pavillons latéraux, le couloir impérial, les jardins, l’orangerie, le fleuve au pied de l’abbaye, le paysage aux alentours, tout concoure à une extraordinaire mise en scène qui n’a rien du hasard et dont la grandeur tout autant qu’une certaine retenue s’avèrent fascinantes et paraissent avoir été volontairement soumises à l’ordre et à la raison.

Une mise en scène permanente jusque dans les moindres détails, l’art de l’illusion, photo Danube-culture, © droits réservés

L’abbaye baroque de Melk, à la saisissante unité domine tout à la fois le fleuve, la jolie petite ville et la rivière du même nom qui se jette dans le Danube. Elle subit l’assaut des armées turques à la fin du XVIIe siècle. Sa reconstruction commence peu de temps après en style baroque sur les plans de  l’architecte Jakob Prandtauer (1660-1726) de Sankt Pölten auquel succède son élève Josef Muggenast. Les travaux d’achèvement vont durer 36 années ! Napoléon y établit son quartier général et un hôpital militaire en 1805 et 1809, à l’occasion de ses campagnes contre l’Autriche et la Russie.
L’abbaye est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis l’an 2000.
Le plafond de l’extraordinaire et conséquente bibliothèque a été réalisé par une autre grande figure du baroque autrichien, le peintre Paul Troger (1698-1762). Cette bibliothèque comprend 1800 manuscrits dont le plus ancien, un Beda Venerabilis, date du début du IXe siècle. D’importantes copies des commentaires de Saint-Jérôme, des commentaires de la Règle de Saint- Benoît, des copies de l’Écriture sainte, des collections de recueils de formules et des textes juridiques remontent à la première apogée de la vie monastique de l’abbaye (1140-1250).
Une grande partie des anciens documents historiques ont malheureusement été détruits au cours du grand incendie de 1297, un évènement auquel fait référence l’écrivain italien Umberto Eco dans son livre Au nom de la Rose. Les deux tiers des manuscrits datent de la période ultérieure de réforme des monastères au XVe siècle, période au cours de laquelle l’abbaye de Melk est considérée comme un modèle et attire des étudiants et des professeurs de l’université de Vienne. La majorité des textes rédigés et copiés à cette époque sont des livres de piété et des sermonnaires. Les lieux abritent encore 750 incunables, 1700 oeuvres du XVIe siècle, 4500 volumes du XVIIe et 18 000 livres du XVIIIe siècle. La collection de la bibliothèque de Melk se monte en totalité à plus de 100 000 livres. Elle contient encore de superbes globes terrestres illustrant l’inextinguible soif de connaissance universelle des moines bénédictins.

La Chanson des Nibelungen, manuscrit conservé à l’abbaye de Melk photo © Danube-culture, droits réservés

« Surtout, me dit-il, n’écoute pas le guide ! Il veut te prendre à la glu du détail et des décors. Bla-bla-bla le faux marbre est moins froid au toucher que le vrai… bla-bla-bla la quantité d’or utilisée par la coupole est supérieure à celle de …etc. Mais écoute bien : pour voir cette abbaye, il faut fermer les yeux et te laisser frissonner. Remonte jusqu’au lieu dans le temps où elle est semence dans l’esprit d’un seul, de quelques seuls… »
C’est un lieu de vertige.
À force de traiter les oeuvres d’art comme de la matière et non comme des visions hissées jusqu’à la visibilité, on perd la trace de l’essentiel : le lieu où la vision a germé, a surgi, s’est déployée. C’est à ce lieu qu’il faut s’attarder. C’est celui de notre humanité co-créatrice, la grande pépinière de l’aujourd’hui. Pénétrer jusque dans le coeur de l’homme (des hommes) où germe l’idée créatrice sous la nécessaire poussée du Vivant. Assise, les yeux fermés, à vingt ans, dans l’abbaye de Melk, j’ai touché ce secret. »
Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé, Albin Michel, Paris 2005

L'escalier de la bibliothèque de Melk

L’escalier de la bibliothèque de l’abbaye bénédictine de Melk, photo © Danube-culture, droits réservés

Ce monastère est aujourd’hui le lieu de nombreuses manifestations culturelles durant toute l’année parmi lesquelles un festival de musique ancienne (Pâques).

Abbaye de Melk
www.stiftmelk.at

Office de tourisme de Melk
www.stadt-melk.at

Hébergement/restauration
Hotel-Restaurant zur Post
 www.post-melk.at
L’accueil et le bon confort à l’autrichienne

Famille Kalkbrenner
www.urlaubambauernhof.at/gaudihof
Chambres à la ferme, bon rapport qualité/prix

Melk

Abbaye bénédictine de Melk, détail, photo © Danube-culture, droits réservés

Dans les environs de Melk
Château de Schallaburg, édifice de la Renaissance, nombreuses expositions, concerts…
www.schallaburg.at

Château de Schönbühel, photo © Danube-culture, droits réservés

Schönbühel-Aggsbach Dorf (km 2032, 2 – 2029)
Le château de Schönbühel qui offre une des plus belles émotions des croisières danubiennes en Wachau, a été édifié au début du XIXe siècle sur une ancienne forteresse médiévale. Depuis 1929 il est la propriété de la famille Seilen-Aspang et ne se visite pas. Le cloître en aval qui appartenait à l’ordre des Servites (ordre mendiant catholique fondé en Toscane), a été abandonné en 1980 et l’église sert désormais de paroisse communale. Au dessous de celle-ci se trouve une grotte baroque de Bethléem unique en Autriche.

Hébergement/restauration
Gasthof und camping Familie Stumpfer
www.stumpfer.com
Cuisine régionale

Emmersdorf (km 2035, rive gauche)
D’Emmersdorf/Donau partent des randonnées qui cheminent à travers le Parc Naturel du Jauerling, espace protégé. Le sommet du Jauerling, « toit de la Wachau » culmine à 960 m et permet de profiter d’une jolie vue sur la région. Le parc est associé au programme européen Natura 2000 (Faune-Flores-Habitat-Protection des voies d’oiseaux migrateurs).

Collectivité locale d’Emmersdorf
www.emmersdorf.at

Parc Naturel du Jauerling
www.naturpark-jauerling.at

Parcs Naturels en Basse-Autriche
www.naturparkenoe.at

Maison du parc – restaurant Am Jauerling
www.naturpark-gasthaus.at

Willendorf (km 2024, rive gauche)
C’est dans la petite localité de Willendorf qu’a été découverte en 1908, lors des travaux de construction de la voie ferrée, une merveilleuse petite statue en calcaire vieille de 25 000 ans et aux proportions toutes en rondeurs, symbole de la fertilité et connue sous le nom de Vénus dite « de Willendorf ».

La petite Vénus dite « de Willendorf » en calcaire et datant du Paléolithique supérieur (23-25 000 ans av. J.-C.) mesure 11 cm, La statue originale est aujourd’hui conservée au Muséum d’Histoire Naturelle de Vienne (Naturhistorisches Museum Wien). photo droits réservés

Sur l’autre rive, les ruines de la forteresse imposante d’Aggstein, construite au XIIe siècle sont accessibles par une petite route escarpée depuis le hameau du même nom.

Collectivité locale de Willendorf
www.willendorf.info

Spitz/Donau (km 2019, rive gauche)

Spitz/Donau dans son écrin de vignobles en terrasses, se trouve au coeur de la Wachau, photo © Danube-culture, droits réservés

Le village de Spitz/Donau, entouré d’un écrin de vignobles en terrasses des plus réputés est considéré comme l’épicentre de la Wachau. On ne manquera pas de séjourner et de se promener dans les rues de ce joli village viticole tout en relief, d’admirer le château Renaissance, l’église Saint-Maurice, la Porte rouge et l’ancien Hôtel de ville, les maisons à arcades, de monter jusqu’aux ruines de la forteresse d’Hinterhaus, de profiter des panoramas exceptionnels sur la vallée fluviale et de conclure (ou de commencer) par une visite au passionnant musée de la navigation et au halage des bateaux, animé par une équipe d’historiens et de bénévoles compétente et dévouée.

Musée de la nav de Spitz_BV2

Musée de la navigation sur le Danube, équipage pour le halage des trains de bateaux (Hohenauer), photo © Danube-culture, droits réservés

Le musée, légèrement en retrait du fleuve et abrité dans les salles du château baroque d’Erlahof, présente d’une manière très vivante l’histoire oubliée de la navigation et des différents type de bateaux, barques, embarcations et radeaux à voile et en bois qui circulaient autrefois sur le Danube, vers aval mais aussi en remontant vers l’amont ce qui représentait un tour de force avec des trains de embarcations (Zille) tirées difficilement par des équipages de chevaux voire aussi parfois par des hommes, des maîtres bateliers et autres corps de métier jusqu’à l’apparition de la navigation à vapeur au dix-neuvième siècle.

Musée de la nav. Spitz4

Musée de la navigation de Spitz/Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Une petite partie de ces expositions est également consacrés aux moulins-bateaux, autrefois fort nombreux sur le Haut et Moyen-Danube, aujourd’hui disparus à l’exception de plusieurs reconstitutions, aux bacs et aux colossaux travaux de régulation qu’a connu le cours du fleuve autrichien, améliorant et sécurisant la navigation, autrefois fort périlleuse dans certains passages. Il est l’un des deux seuls musées consacrés à ce thème en Autriche avec le Musée de la navigation de Grein (Haute-Autriche), plutôt orienté sur l’histoire de la navigation sur le Danube à partir de l’apparition des vapeurs jusqu’à nos jours. D’autres musées de la navigation sur le Danube sont localisés en Allemagne à Regensburg (Ratisbonne), à Vienne Freudenau (Musée de bateaux) et en Hongrie (Zebegény).
De Spitz/Donau on peut rejoindre la rive et le village d’Arnsdorf par le bac. Une installation de l’artiste islandais contemporain Olafur Eliasson sur le bac  « Camera obscurs » offre de nouvelles perspectives sur le fleuve.

Port de plaisance de Spitz Wachau 2016

Le port de plaisance de Spitz/Donau, bien équipé et toujours très apprécié des plaisanciers, photo © Danube-culture, droits réservés

Office du Tourisme de Spitz/Donau  et
Collectivité locale de Spitz/Donau
www.spitz-donau.at

Musée de la navigation de Spitz/Danube (Schifffahrtsmuseum Spitz.Donau), Auf der Wehr 21, A-3620 Spitz/Donau
www.schiffahrtsmuseum-spitz.at

Hébergement/restauration
Hotel Weinberghof
www.weingut-lagler.at

Weinhotel Wachau
www.weinhotel-wachau.at
Au milieu des vergers d’abricotiers et des vignobles, calme et rustique

Pension Donaublick
www.donaublick-spitz.at

Famille Gebetsberger
www.weingut-gebetsberger.at
Hébergement dans une famille de vigneron très sympathique et attentionnée

Maison Machhörndl
www.weinhotel-wachau.at
Une grande maison fleurie et très bien entretenue, jardin au bord du Danube, accueil en français.

Weißenkirchen et ses vignobles (rive gauche) photo © Danube-culture, droits réservés

Weißenkirchen (PK 2014, rive gauche)
Un des centres de la culture de la vigne. Un joli musée de la Wachau, aménagé dans une ancienne ferme fortifiée du XVIe invite à la découverte des cultures et d’artistes régionaux.
Collectivité locale de Weißenkirchen
www.weissenkirchen-wachau.at

Hébergement/restauration
Hotel-restaurant Kirchenwirt
www.kirchenwirt.weissenkirchen.at
Excellente cuisine régionale

Chambres d’hôte Jamek
www.weingaestehaus-jamek.at
Un des vignerons les plus réputés de la Wachau. Dégustation et vente de vins.

Chambres d’hôte Huber
www.gaestehaushuber.at
Dans le petit hameau de Sankt-Michael, vue sur le Danube

Dürnstein (PK 2009, rive gauche)

Dürnstein, perle baroque de la Wachau danubienne photo © Danube-culture, droits réservés

Dürnstein, « perle de la Wachau » est un bijou d’architecture. Les lieux furent l’occasion d’un séjour imprévu de quelques semaines (21 décembre 1192 à février 1193), fort désagréable pour Richard Coeur-de-Lion rentrant de la troisième croisade, capturé et enfermé pour une sombre question d’orgueil par le duc Léopold V de Babenberg, duc d’Autriche (1157-1194) dans la forteresse au dessus du village. C’est là que son fidèle troubadour Blondel l’aurait découvert. Son monarque ne recouvra toutefois la liberté que longtemps après et contre une rançon conséquente qui fut difficilement réunie par sa mère Aliénor d’Aquitaine.

 Dominant Dürnstein et le fleuve, la forteresse où fut emprisonné Richard Coeur-de-Lion quelques semaines (de fin décembre 1192 au 4 février 1193) au retour de la troisième croisade,  photo © Danube-culture, droits réservés

La route principal d’aujourd’hui, très fréquentée, évite judicieusement le village par un tunnel. Le village abrite en son coeur un couvent et l’église baroque avec des oeuvres de Johannes Martin Schmidt (1718-1801) dit Kremser Schmidt (Schmidt de Krems). La terrasse à balustrade, au pied de la tour à la façade bleutée permet d’avoir une vue sur le Danube et sur l’embarcadère où les nombreux bateaux de croisières font régulièrement halte.

Loiben, le monument commémoratif dédié aux soldats français des armées napoléoniennes, en arrière-plan la forteresse de Dürnstein, photo droits libres

Dans la petite plaine de Loiben, au milieu des vignobles, se dresse bien visible le « Monument aux Français », monument érigé en souvenir de la bataille sanglante des 10 et 11 novembre 1805, entre le VIIIe corps des armées napoléoniennes placé sous le commandement du maréchal Edouard Mortier (1768-1835) et les troupes russes du général Mikhaïl Koutouzov (1745-1813). L’écrivain russe Lev Tolstoï (1828-1910) mentionne cette défaite de Napoléon dans son roman « Guerre et Paix ».
Il faut goûter quelques spécialités culinaires et les extraordinaires vins blancs de la Wachau avant de quitter la région comme  les savoureuses « Marillenknödel » (boulettes sucrées aux abricots) à l’auberge de la famille Lux dans le village, tout proche d’Unterloiben (Unterloiben 24).

Office de tourisme
www.duernstein.at (ouvert à certaines périodes seulement)

Fondation du couvent des Augustins
www.stiftduernstein.at

Hébergement/restauration
Hotel Richard Löwenherz
www.richardloewenherz.at

 Krems (PK 2002, rive gauche)
   Principale ville de la Wachau, Krems, est en réalité composée à l’origine de trois communes : Krems, Stein et Und mais elle ne forme plus aujourd’hui qu’une seule et unique collectivité d’environ 25 000 habitants. Là encore c’est une véritable leçon d’architecture du Moyen-âge, de la Renaissance, des époques gothiques et baroques qui s’offre aux yeux des visiteurs. Urbs Chremisa, vieille de plus de mille ans, autrefois coeur du commerce du sel et du vin, est également classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Krems-Stein offre, outre ses églises comme la Frauenbergkirche, l’église des Frères Mineurs, l’Hôtel de ville, ses maisons du XVIIe et du XVIIIe, des lieux d’exposition d’art contemporain et un intéressant musée de la caricature. Différents festivals (Donaufestival) et manifestations culturelles ont lieu tout au long de l’année en salle et en plein air.
Krems possède désormais également son université et son campus, ouvert en 2005, dont une partie est hébergée dans l’ancienne manufacture de tabac restaurée. Un quartier d’art (Kunstmeile) réunit le Musée de la caricature, la « Kunsthalle », l’Artothèque, des ateliers d’artistes et d’autres lieux d’exposition instaurant un dialogue permanent entre l’art contemporain et le patrimoine architectural de la ville.
Idéalement situé à l’entrée de la Wachau, bien dotée en infrastructures hôtelières, sportives et culturelles, universitaires, desservie par le train depuis Vienne, et un réseau de bus et les compagnies de navigation sur le Danube (saisonnier), cette cité de caractère est un lieu de villégiature très agréable à partir de laquelle on peut rayonner vers l’amont comme vers l’aval. Le port de plaisance de Krems est parfaitement équipé pour les plaisanciers.
De Krems partent en saison plusieurs compagnies de bateaux pour des croisières à travers la Wachau (voir croisières fluviales ci-dessous).

Collectivité locale de Krems/Stein et office de tourisme
www.krems.at (site en anglais et allemand)
www.krems.info

Port nautique de Krems
www.motoryachtclubwachau

Hébergement/restauration
Nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration de toutes sortes dans la ville et à proximité.

Hotel Steigenberger and Spa
www.krems.steingenberger.at
Grand confort

Arte Hotel
www.arte-hotel.at
Design
contemporain, en retrait du Danube mais proche de l’université et de son campus

Culture
Kunsthalle Krems (Espace d’art contemporain)
www.kunshalle.at

Forum Frohner
www.forum-frohner.at

Musée de la caricature
www.karikaturmuseum.at
Expositions temporaires intéressantes de caricaturistes d’autrefois et contemporains du monde entier

Artothèque de Basse-Autriche
www.artothek.at

Museumkrems
www.weinstadtmuseum.at
Musée municipal dédié au vin et à ses traditions installé dans l’ancien couvent des dominicains

Nature
Promenades au bord du Danube, nombreux sentiers de randonnées dans les vignes et sur les hauteurs.Ne manquez pas d’aller vous promener dans le superbe jardin d’agrément Kittenberger (www.kittenberger.at)qui met en scène de nombreuses thématiques (50 000m2) et où vous pourrez à la belle saison et si vous le souhaitez vo)us baigner dans un  des quatre bassins/piscines naturels. À proximité de Krems, sur la commune de Schiltern le jardin et conservatoire de semences biologiques de l’Arche de Noë (arche-noah.at) mérite largement une visite.

Cuisine et gourmandises
Cafe-Konditorei Reimitz
www.raimitz.at
Salon de thé à la décoration un peu kitsch (on aime le kitsch en Autriche et dans toute l’Europe centrale !) à proximité de la gare de Krems. Strudel aux pommes, au pavot, au fromage blanc et autres spécialités d’anthologie (chocolats à la liqueur d’abricot).

Abbaye de Göttweig
« J’empruntais le petit bac de Dürnstein, traversai le fleuve et me dirigeai vers le sud. Peu après midi, j’approchais d’une immense bâtisse blanche que j’avais repéré la veille depuis les ruines de Dürnstein. C’était l’abbaye bénédictine de Göttweig, monumental quadrilatère haut perché au dessus des collines et des forêts, nanti d’une coupole au quatre coins. Je me suis si longuement étendu sur les splendeurs de Melk que je n’ose pas trop parler de Göttweig : qu’il me suffise de dire que c’est une digne et resplendissante rivale de sa grande soeur, à l’autre bout de la Wachau. »
Patrick Leigh Fermor, Le temps des offrandes, Éditions Nevicata, Bruxelles, 2016, traduction de Guillaume Villeneuve

L’Abbaye de Göttweig, « l’autre » grande abbaye bénédictine de la Wachau, photo © Danube-culture, droits réservés

Fondée par l’évêque Altmann de Passau (1065-1091) en 1083, l’abbaye bénédictine baroque de Göttweig a été construite par un autre grand architecte Johann Lukas von Hildebrandt après l’incendie de 1718 mais elle demeura inachevée. L’abbaye, entourée de ses vignobles domine le fleuve et se tient à la sortie de la Wachau en face de la ville de Krems-Stein sur la rive droite du Danube. Elle porte le surnom de « Monte Cassino » autrichien. Moins séduisante et surtout moins fréquentée que celle de Melk, elle mérite néanmoins une visite pour la théâtralité de son architecture et de ses décors et le magnifique point de vue sur les paysages et les vignobles des environs.
www.stiftgoettweig.at

Mautern (PK 2004), rive droite
La petite ville Mautern avec ses remparts est un haut-lieu de la présence romaine sur le Danube autrichien. Elle  se situe sur la rive droite du Danube à la sortie de la Wachau et aux pieds de l’abbaye de Göttweig. C’est autour de la forteresse et du camp romain édifiés au premier siècle pour défendre la frontière danubienne (limes) qu’elle commence à se développer. Occupés par des tributs germaniques qui passent le fleuve sans difficulté, elle est reprise par les armées de l’empereur Marc-Aurèle dont les légions sont originaires de toutes les parties de l’empire. Le nom de Mautern (douane, péage) est mentionné pour la première fois dans les « Annales de Fulda »1 en 899, puis dans le Code des douanes de Rafelstetten (903-906) et dans la Chanson des Nibelungen. la ville devient la propriété  des évêques de Passau dont les possessions s’étendent loin vers l’est et qui fortifient la cité au XIIIe siècle.  En 1277 le juge de Mautern obtient la « Juridiction du sang », juridiction du Saint-Empire Romain germanique impliquant des châtiments corporels voire la mort d’un coupable. Après avoir été autorisée à construire un pont en bois (à péage) en 1463, Mautern est occupée par les armées du Royaume de Hongrie en 1481. Ce pont sera détruit en 1805 par les troupes napoléoniennes en 1805, reconstruit, de nouveau démoli en 1809 et une nouvelle fois détruit en 1866 lors de la guerre austro-prussienne.
 www.mautern.at

Hébergement/restauration
Chambres d’hôte Ad Vineas Nikolaihof
www.advineas.at
Proche du Danube, une maison de vigneron où la cuisine est savoureuse, les chambres agréables. Piscine naturelle. Les vins sont biologiques et réputés. Superbes caves construites en partie avec des éléments de murs romains.

Chambres d’hôte Severinhof Schwaighofer
www.severinhof.at

Notes :
1 Les Annales de Fulda, appelées aussi Annales Vedastines ( Annales Fuldenses), sont des chroniques médiévales rédigées notamment à Mayence. Couvrant une très longue période de la fin du Haut Moyen Âge (714-901), elles sont la principale source d’information concernant la Germanie, c’est-à-dire le Royaume franc oriental.

Croisières fluviales en Wachau et au -delà…

À la hauteur de Dürnstein, photo © Danube-culture, droits réservés

La croisière est une façon idéale d’aborder le fleuve et les paysages préservés de la Wachau. Plusieurs compagnies offrent un éventail de choix au départ et pour la Wachau et au delà sur des bateaux agréables et élégants. On peut parfois déjeuner et diner à bord à l’occasion de certaines croisières à thématiques particulières.

La Compagnie Brandner Schiffahrt organise au départ de Krems ou de Melk de nombreuses croisières, dans la Wachau, du mois d’avril à octobre et à certaines dates aux autres saisons.
www.brandner.at

La grande compagnie danubienne autrichienne D.D.S.G. (Compagnie de Navigation à Vapeur sur le Danube) propose aussi à la belle saison d’agréables croisières à destination de la Wachau depuis Vienne.
DDSG Blue Danube Schifffahrt GmbH, Schifffahrtszentrum, Handelskai 265, 1020 Vienne
www.ddsg-blue-danube.at

Il existe encore des bateaux de la compagnie allemande de Passau Wurm+Kock assurant certains jours en saison la liaison Passau-Wien et Wien – Passau. De Passau à Vienne le voyage dure toute la journée et il faut parfois changer de bateau en cours de route.
Donauschiffahrt Wurm+Köck
www.donauschiffahrt.de

Donau Touristik
www.donautouristik.com

 

Paysage de Wachau au coucher, photo © Danube-culture, droits réservés

   « Les artistes sont des éclaireurs, et ce sont les peintres qui nous ont montré le chemin vers les contrées romantiques de la Wachau. L’éloge de la vallée du Danube entre Melk et Krems résonne encore un peu scolairement à nos oreilles depuis les cours de géographie : que le Danube supporte ici très bien la comparaison avec le Rhin, qu’il le surpasse encore en beauté de paysages, qu’il a aussi, comme son grand rival à l’extérieur de l’Empire, ses forteresses et ses châteaux, ainsi que la magnifique abbaye de Melk, qui regarde le pays fièrement et avec envie de le posséder, mais surtout Dürnstein couronné de lierre, ce petit trésor du romantisme, et que malgré tout et malgré tout, « Vater » Rhin reste toujours celui dont on parle le plus, celui dont on fait le plus l’éloge, celui qui a pris une fois pour toutes le pas sur sa sœur danubienne. Mais que celle-ci se console : si le Rhin a ses poètes, le Danube lui a ses peintres, comme il sied à une belle femme. Les peintres sont partis chercher inlassablement leurs motifs dans la vallée du Danube pendant des années et ont rendu hommage à sa beauté orgueilleuse à leur manière, avec leurs pinceaux et leurs crayons.
Et c’est aussi la meilleure chose à faire. Car ce printemps de la Wachau, plus riche et plus printanier que tout autre, ne peut jamais être entièrement capturé par des images et des mots. Tout ce que l’on peut en dire ne sont en fait que des slogans, tout ce que l’on peut donner ne sont que des esquisses et des fragments. Il faut voir et sentir l’ensemble. Les prés ont déjà revêtu leur robe de printemps vert clair, parfumée et transparente, les vignobles sur les coteaux montrent encore la terre nue et brune, qui joue parfois merveilleusement sur le rouge et le violet, et sur ce fond se dresse ici et là un bouquet rouge rosé. Ce sont les petits pêchers qui ornent souvent les vignobles jusqu’en haut, là où la forêt remplace la vigne. Les villages sont entièrement plongés dans la floraison, Spitz en particulier, riche en fruits, se délecte de ses arbres en fleurs, et les pêchers avec leur délicate parure sont à cette époque une partie importante de la conversation quotidienne, qu’ils soient les plus beaux aujourd’hui ou qu’ils le soient demain ou après-demain, et il est de bon goût de sortir au moins une fois de Spitz pour se rendre à « Gut am Steg », où une forêt couleur de rose nous attend. Mais sur les rives, ici et là, de longues rangées de noyers et leurs jeunes pousses forment un cadre doré et bronzé autour d l’image claire. Au-dessus, le ciel italien le plus bleu s’étend. Mais le village Dürnstein ne se contente pas de tant de couleurs, il sait aussi ajouter ses tons particuliers : les touffes jaunes de la « Steinbusch », qui prolifèrent partout sur les rochers brun-gris et les murs de pierres érodés. Comme les sons d’une fanfare dans une symphonie de joie, leur merveilleuse luminosité salue le printemps. Des slogans, disais-je, rien de plus, mais pour qui s’est promené une fois à travers ce printemps, il devient tout naturellement un poème fleuri… »
Hermine Cloeter (1879-1970), Donauromantik. Tagebuchblätter und Skizzen aus der goldenen Wachau. Zweite Auflage. Schroll, Wien 1923
Hermine Cloether est une écrivaine et une historienne de l’art autrichienne.

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour mai 2023 © droits réservés

L’abbaye bénédictine de Göttweig

   « Les monastères de l’Autriche doivent, en général, leur origine à Charlemagne ; presque tous ils revendiquent l’honneur d’avoir été fondés par lui. Celui de Göttweig, néanmoins, où nous venons de nous arrêter, est attribué à Altmann, évêque de Passau qui mourut en 1091, vingt ans après l’avoir fondé. Ce couvent, quoiqu’il date de 750 ans, n’est pas encore achevé ; les travaux en ont été fréquemment interrompus ; il est à craindre, au reste, qu’il ne soit jamais terminé. Vingt-deux églises paroissiales, quatre villes, un nombre infini de villages et de hameaux étaient jadis soumis à la juridiction du monastère, et lui, ne reconnaissait que celle du pape, qui, seul, avait le droit de le visiter. Le Saint Père usa rarement de ce privilège. Les Turcs, au grand déplaisir des bons Augustins2, dont il est la propriété, s’en firent trop souvent ouvrir les caves et les trésors.

Photo © Danube-culture, droits réservés

 Au reste, ce monastère a perdu beaucoup de ses apanages, de ses revenus et de sa puissance. Les moins sont hospitaliers, bien appris, et les étrangers, comme les habitants des environs, y sont toujours reçus avec courtoisie. Dans la belle saison, le beau tableau que, de là, présente le Danube, et dont le pinceau le mieux inspiré ne peut rendre que faiblement les traits, attire au couvent de Göttweig une foule de pèlerins de tout sexe, de tout âge, de toutes conditions, qui y affluent des campagnes voisines à plus de dix lieues à la ronde. Nous nous en sommes éloignés pleins d’enthousiasme et d’admiration; comme le doivent être des voyageurs amoureux des nobles ouvrages de l’art, des sites où la nature déploie ses plus merveilleux atours ; pleins de reconnaissance pour l’accueil bienveillant et fraternel qu’on nous y a fait.
Un jour, il y a de cela quarante ans de cela, Napoléon trouvait dans le réfectoire des Göttweig un déjeuner confortable servi avec des soins, une prévenance dont il parut enchanté. Bien que sa présence en ce lieu, en compagnie de ses illustres généraux, ne plût que médiocrement aux timides cénobites, il fut traité avec non moins de magnificence que de respect ; toutefois, les grands sabres, les épées, les habits chamarrées d’or et de broderies, tout cela flamboyait trop aux yeux des pacifiques chanoines et leur causait d’importuns éblouissements… »
William Beattie (1793-1875) , Le Danube illustré, pour faire suite à Constantinople ancienne et moderne, au voyage en Syrie etc, Vues d’après nature dessinées par [William Henry] Bartlett [1809-1854], gravées, ,  par plusieurs artistes anglais, Édition française revue et corrigée par H-L. Séverac, H. Mandeville, Libraire-Éditeurs, 42 rue Vivienne, à Paris, [1849]

Photo Danube-culture © droits réservés

« Derrière Mautern sur une montagne couverte de bois, haute de 220 mètres se trouve le couvent des Bénédictins de Göttweih, que l’on aperçoit déjà du bateau derrière Dürrenstein (Dürnstein). Remarquables dans ce couvent sont : l’église avec son portail, le choeur, le superbe escalier à fresque, la chambre de l’empereur et la bibliothèque avec 40 000 volumes, des monnaies, des estampes et une collection d’histoire naturelle. Le couvent fut fondé en 1072 par l’évêque Altmann de Passau et donné aux Bénédictins en 1093 qui le possèdent encore aujourd’hui ; à cause de sa grande richesse l’abbaye reçut le surnom  : « À la monnaie sonnante » (Zum klingenden Pfennig). »
Alexandre François Heksch (1836-1885), Guide illustré sur le Danube de Ratisbonne à Souline et indicateur de Constantinople, avec 50 illustrations en taille de bois et 5 cartes, Vienne. Pest. Leipsic., A Hartleben, Éditeur, 1883

La silhouette de l’abbaye bénédictine de Göttweig depuis les rives du Danube à la hauteur de Krems, photo © Danube-culture, droits réservés

Transmis à l’ordre des Bénédictins en 10943, Göttweig voit également la fondation d’un monastère de nonnes (vers 1100) qui s’installent par la suite dans les  nouveaux couvents de Garsten (1107) et de Seitenstetten (1116). L’abbaye devient rapidement un centre religieux et scientifique. Un moine y rédige la « Vita Altmanni Episcopi Pataviensis » au XIIe siècle.

L’évêque Altmann de Passau, photo droits réservés

Les annales de Göttweig dans lesquelles on trouve des informations sur les  immenses possessions dispersées du monastère sont parmi les plus documentées d’Autriche. L’abbaye connaît une période sombre au XVIe siècle lors des guerres et des destructions liées aux invasions ottomanes qui la mène au bord des ruines. Elle retrouve sa prospérité et ses activités religieuses et scientifiques à partir du XVIIe siècle et est reconnue comme l’un des principaux centres de la Contre-réforme. Un incendie détruit une grande partie des bâtiments en 1718. Aussi l’abbé Gottfried von Bessel (1714-1749) décide t-il de la rebâtir et en confie la reconstruction à l’un des plus prestigieux architectes du Baroque et ingénieur militaire, Johann Lukas von Hildebrant (1668-1745), auteur du palais Schwarzenberg (1697) et des deux palais du Belvédère (1714-1722) du prince Eugène de Savoie à Vienne. L’architecte imagine un projet grandiose qui ne sera que partiellement achevé. La décoration intérieure est confiée aux peintres réputés Martin Johann Schmidt (1718-1801), né dans le petit village de Grafenwörh près de Krems et Paul Troger (1698-1782) dont on retrouve aussi les peintures inspirées dans les abbayes de Melk, d’Altenburg, de Zwettl et de Seitenstetten. Göttweig possède une impressionnante collection d’oeuvres d’art (peintures, tapisseries des Gobelins, parures, objets liturgiques, manuscrits armes à feu…) ainsi qu’un remarquable cabinet d’estampes.

Photo © Danube-culture, droits réservés

L’église abbatiale de Sainte-Marie de l’Assomption occupe une position centrale privilégiée. Sa nef de style baroque primitif (1635-1642), son chœur gothique (1402-1431) et sa façade baroque à deux tours (1722-1765) forment un ensemble exceptionnel. Le grand escalier surplombé une par une fresque de Paul Troger (1739) ainsi que les chambres impériales, en particulier la salle Altmanni, ses peintures baroques et ses vedutas de J.S. Hötzendorfer, illustrent le soin et le goût avec lesquels l’abbaye a été décorée.

L’escalier impérial et la fresque de Paul Troger, photo wikipedia, Uoaei1

Tout faillit pourtant disparaître au XXe siècle pendant la triste période du national-socialisme. Les exploitations agricoles et forestières du monastère furent confisquées, les moines expulsés, les trésors culturels dispersés et les bâtiments dévastés. Les moines ne revinrent à l’abbaye qu’en 1945 et la restaurèrent au prix d’un travail considérable.
31 paroisses dépendent aujourd’hui encore de l’abbaye de Göttweig.

La légende des apôtres en or protecteurs de Göttweig !
   Les moines bénédictins de l’abbaye de Göttweig ont toujours eu la vie belle ! Ils ne souffrirent d’aucune maladie, d’aucune peur ni d’aucun malheur, enfin presque…  Sous la terre, dans une grotte secrète de leur colline, se trouvent des statues des apôtres recouvertes d’or et dont la barbe étrangement ne cesse de pousser. parmi les moines seuls les trois dignitaires supérieurs du monastère, l’abbé, le prieur et l’intendant, connaissent l’endroit précis où se cache cette grotte. Ils y descendent en secret une fois par an pour raser les barbes dorées. Les douze statues dorées des apôtres étaient au complet à l’origine mais aujourd’hui il n’en reste plus que onze car un jour qu’ils étaient dans une misère absolue, les moines de Göttweig furent obligés malgré eux de vendre une des statues. La légende ne dit pas laquelle !
Thomas Hoffmann, Clemens Hoffmann, Wachau, Wunderbares, Sagenhaftes, Unbekanntes, Kral Verlag, Berndorf, 2013, p. 126

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour mai 2023
stiftgoettweig.at

Notes :
1L’une des figures les plus remarquables de l’épiscopat allemand de son époque et l’un des évêques les plus importants de Passau. Il est est enterré à Göttweig dans la crypte de l’abbatiale. Un moine de ce monastère écrivit sa Vita vers 1140 ; elle fut remaniée en 1192-94 par un abbé de passage, Rupert.
des Bénédictins et non pas des Augustins comme l’écrit William Beatie
3 Le premier abbé, Hartmann, provient du monastère de Sankt Blasien en Forêt-Noire.

La chapelle Erentrude (XIIIe siècle), photo © Danube-culture, droits réservés

Le canal de Marchfeld : du Danube à la Morava (March)

 Sa vocation est également de stabiliser et d’améliorer les conditions hydrologiques des eaux souterraines et de celles de surface avec l’aide de stations d’épuration.

Source Société du canal de Marchfeld

   Cet ouvrage, alimenté par les eaux du Danube et long de 19 km, part de Langenzersdorf, sur la rive gauche, en amont du bras du nouveau Danube et de l’île du Danube (Donauinsel), traverse une région frontalière1 qui fut d’une haute importance stratégique par le passé et le lieu de batailles historiques2.

Le canal de Marchfeld, photo © Danube-culture, droits réservés

Cette région se situe en aval de Vienne, au nord-est de la capitale, sur la rive gauche. Ses terres alluvionnaires sont propices à l’agriculture. Le Marchfeld souffrait toutefois d’un important déficit en eau en raison d’une faible pluviosité et d’un dense réseau de captage d’eaux souterraines (nappes phréatiques) dont le niveau, de ce fait et en raison des conséquences de la régulation du fleuve, baissait régulièrement. Les travaux de construction ont commencé en 1984 nécessitant la réalisation de 45 ponts. Le canal est entré en service en 1992.

Le « Feldwegbrücke Tilakstraße, se trouve près de la Bernhard-Bolzano-Gasse dans le quartier de Stammersdorf, dans le XXIe arrondissement de Vienne à Floridsdorf.
Le pont de 29 mètres de long et de 4 mètres de large, a été construit en 1988, photo droits réservés

La passerelle Felix Slavik sur le canal de Marchfeld se trouve près de la Tulzergasse ou de la Gschweidlgasse dans le quartier de Großjedlersdorf, dans le XXIe arrondissement de Vienne, Floridsdorf. La passerelle de 28 mètres de long et de 4 mètres de large sur le canal de Marchfeld a été construite et inaugurée en 1995, photo droits réservés

   Ce canal est le premier premier tronçon d’un réseau d’environ 100 km qui irrigue cette région et qui comprend, outre le canal de Marchfeld, la rivière Rußbach (71 km), alimentée par ce même canal et confluant avec le Danube en face de Hainburg, le canal d’Obersiebenbrunner (6 km) reliant le Rußbach et le Stempfelbach (32 km), un affluent de la March (Morava) et sous-affluent du Danube.

Le confluent de la Russbach avec le canal de Marchfeld sur le territoire de la commune de Deutsch Wagram, photo droits réservés

   Cette voie d’eau est désormais également une zone de loisirs et de découverte de l’environnement grâce aux pistes cyclables aménagées le long de son cours mais la baignade y est interdite. La navigation des embarcations dépourvues de moteur y est par contre autorisée.

La piste cyclable du canal de Marchfeld mène du Danube jusqu’au pont-passerelle de la liberté au-dessus de la March (Morava) à la frontière slovaque et à Bratislava (source Société du canal de Marchfeld)

Notes :
1 Ce qui explique que les ouvrages qui le franchissent soient équipés d’un dispositif militaire.
2 Bataille de Dürnkrut et Jedenspeigen (1278) entre le roi Ottokar II Přemysl de Bohême (vers 1230-1278) et l’empereur Rodolphe de  Habsbourg (1218-1291) qui vit la mort du premier et la victoire du second.
En 1809 eut lieu à Aspern-Essling et dans les environs, sur l’île de la Lobau, une bataille entre les troupes napoléoniennes et autrichiennes. La victoire échut cette fois aux armées autrichiennes commandées par l’archiduc Charles de Habsbourg (1771-1847) après un affrontement qui fait de nombreuses victimes parmi lesquelles le dévoué maréchal de Lannes (1769-1809), « le plus brave de tous les hommes » selon Napoléon.

www.marchfeldkanal.at (en allemand)
Eric Baude, © Danube-culture,  mis à jour mai 2023, droits réservés

Un oasis de verdure et de biodiversité aux portes de Vienne, photo © Danube-culture, droits réservés

Krems-Stein

« Urbs Chremisa », vieille de plus de mille ans, autrefois coeur du commerce du sel et du vin, est également classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Krems-Stein offre, outre ses églises comme la Frauenbergkirche, l’église des Frères Mineurs, l’Hôtel de ville, ses maisons du XVIIe et du XVIIIe, des lieux d’exposition d’art contemporain, un musée du vin (nous sommes en Wachau, le plus extraordinaire vignoble du cours du Danube !) et un remarquable musée de la caricature qui organise de nombreuses expositions temporaires. Différents évènements culturels  dont le réputé Donaufestival et d’autres manifestations artistiques ont lieu à Krems-Stein tout au long de l’année.

Une cité plus que millénaire
La ville double de de Krems-Stein, l’une des plus anciennes villes d’Autriche, a fêté le millénaire de sa fondation en 1995. Le relief en terrasses régulières descendant vers le fleuve, le climat favorable et la situation au carrefour de la route commerciale du Danube avec les liaisons nord-sud en provenance du Waldviertel et du Weinviertel ont favorisé très tôt le peuplement de la région et ont largement contribué à son développement en tant que point central centre de cette région du Danube.
Les découvertes du paléolithique (Hundssteig, Wachtberg, 30 000-25 000 av. J.-C.), du néolithique (cultures céramiques), mais aussi le rôle particulier de la région dans la culture d’Aunjetitz du début de l’âge du bronze (1800-1500 av. J.-C.) ainsi que les traces de la culture des champs d’urnes de la fin de l’âge du bronze et de la culture de Hallstatt (800-400 av. J.-C.) témoignent d’une présence humaine qui remonte loin dans le temps. Des populations nomades, probablement d’origine celtes, s’y installent à l’époque de La Tène. À la période romaine, la région fait partie de la zone d’influence des Marcomans, une tribut germanique occidentale installée au nord du Danube qui entrera souvent en conflit avec Rome avant d’être chassée par les Huns à la fin du IVe siècle après avoir été christianisée. D’après la description de la vie de saint-Séverin, le centre des Rugiens germaniques se trouvait probablement dans la région de Krems-Stein dans la deuxième moitié du Ve siècle. Le cimetière d’Unter-Rohrendorf il atteste de la présence des Lombards (VIe siècle).
Le nom de Krems est mentionné pour la première fois dans un document de l’empereur Otto III (980-1002) du 9 août 995 comme une place fortifiée à l’est, appelée « Chremisa ». L’agglomération se trouve alors à la frontière orientale de la petite marche d’Ostarrîchi, à proximité immédiate de la Moravie. Elle s’tend rapidement au-delà de la forteresse et se développe au XIe siècle pour former une agglomération de marché autour du « Hoher Markt ». Krems devient en 1014, suite à une donation royale une paroisse.
Quant à Stein, elle est mentionnée plus tard, à partir de la seconde moitié du XIe siècle (1072). Son centre est l’église saint-Michel, qui appartenait à la paroisse de Krems. Elle est à cette époque d’abord un lieu de péage, de chargement et de déchargement des bateaux pour le transport du sel, du vin et des céréales. La présence de bateliers engendre la naissance d’un marché puis au XIIe siècle puis d’une colonie urbaine (1144).
La situation sur le Danube des deux cités leur permet de jouer un rôle complémentaire : Stein se trouve directement au bord du fleuve et devient un lieu de douane et d’accostage pour les bateaux, mais n’a en fait que peu de place pour de grands espaces de commerce, de foire et pour des activités de construction en raison de la proximités des collines. Krems, en revanche, séparé du fleuve par de petits affluents de la rive gauche (comme la Krems d’où le nom de la ville) et des plaines alluviales, offre suffisamment de surface pour la construction d’habitations et l’organisation de foire sous la protection d’une puissante forteresse.
Krems devient dans les années 1150 le principal centre commercial de la région. Entre 1130 et 1190, la première monnaie de la dynastie des Babenberg, le « Pfennig de Krems », est frappée dans la tour de la forteresse au-dessus du « Hohen Markt » (haut marché). La ville est mentionnée avant Vienne, qui ne dépassera Krems en taille qu’ultérieurement, sur la carte du monde du savant, géographe et voyageur arabe géographe arabe, Al-Idrîsî (1100-vers 1165). Sa croissance rapide a probablement rendu nécessaire, dès la première moitié du XIIe siècle, le transfert de la paroisse de l’église saint-Étienne du Frauenberg (aujourd’hui l’église des Piaristes) au pied de la colline, où la nouvelle église saint-Guy devient l’église paroissiale. À la fin de ce même siècle un mur d’enceinte entoure la ville. Un premier juge de la cité est attesté en 1196. La ville s’agrandie à plusieurs reprises et s’étend à la fin du Moyen Âge de la Steiner Tor (Porte de Stein) à l’ouest jusqu’à la Krems, à l’est. Le couvent des dominicains, fondé en 1236, se trouve en dehors de l’enceinte.
Stein se développe à partir de la haute terrasse en direction de l’église saint-Nicolas, élevée au rang d’église paroissiale en 1283. À la fin du Moyen Âge, les surfaces situées entre la Landstrasse et les rives du Danube sont également construites et la ville s’étend dans le secteur du couvent des Minorites fondé en 1223/1224 (la consécration de l’église aura lieu en 1264) ainsi qu’entre la vallée du Reisperbach et la Linzertor (Porte de Linz).
Les deux villes font partie de la souveraineté du Land depuis le début du XIIe siècle et se complètent mutuellement en tant que lieux de commerce à terre et au bord du Danube. Leurs liens étroits engendrent une unité de construction. Chacune des deux villes dispose d’un titre de commune bourgeoise avec sa propre souveraineté en matière de défense et de finances. Par contre elles possèdent un droit de cité commun (1305), un même juge municipal et, à partie de 1416 un seul maire. En 1463, l’empereur du Saint Empire Romain germanique Frédéric III de Habsbourg (1415-1493) accorde aux deux villes un blason commun, l’aigle impérial double d’or sur fond noir. Outre Krems-Stein, seules Wiener Neustadt et Vienne ont alors le privilège de pouvoir arborer sur leurs armoiries l’aigle bicéphale. L’union des deux villes durera jusqu’en 1849. De cette date à 1939,  année où les deux villes décident de se réunifier à nouveau, les deux cités ont une gestion séparée.
La prospérité économique de la fin du Moyen Âge repose sur la viticulture, le commerce et le transport du vin, du sel et du fer. La navigation sur le fleuve est un facteur économique essentiel pour Stein. En 1463, la ville obtint du même empereur Frédéric III le privilège d’établir un pont fixe, le deuxième pont le plus ancien après celui de Vienne sur le Danube autrichien. La richesse et la confiance en soi de la bourgeoisie locale sont attestées par le « Gozzoburg » construit vers 1265 par le puissant juge de la ville Gozzo von Krems (?-vers 1291), une maison de ville aux allures de château fort avec loggia. L’aspect des deux cités est marqué par les nombreuses maisons bourgeoises des XVe et XVIe siècles, richement décorées d’encorbellements, de sgrafites et de peintures tout en possédant des cours à arcades à l’intérieur. Une caractéristique des deux villes est l’existence, depuis le haut Moyen Âge, de « cours de vendanges » des monastères et des évêchés, qui servaient à stocker le vin et à gérer leurs biens , comme les cours de Passau (« Passauer Höfe »), la cour de Kremsmünster (« Kremsmünstererhof ») ou la cour de Göttweig (« Göttweigerhof »). La chapelle de la cour de Göttweig est ornée de fresques datant du début du XIVe siècle. Krems est, au début du siècle suivant, un centre de l’École du Danube grâce à la présence du peintre bavarois originaire d’Augsburg, Jörg Breu dit l’Ancien (1475-1537), auteur du retable de l’abbaye de Melk (1502).
Krems devient majoritairement protestante pendant la seconde moitié du XVIe siècle. La résistance de ses citoyens à la contre-réforme, entraine la perte de tous les privilèges en 1593. Ce n’est qu’en 1615 que l’empereur Matthias (1557-1619) annule cette décision et rétablit l’indépendance de la ville. Les jésuites, installés en 1616, jouent évidemment un grand rôle dans la reconquête catholique. Ils dirigent le collège et deviennent célèbres pour leurs représentations théâtrales. Outre ce collège jésuite, le couvent des capucins d’Und (1614) et la nouvelle église paroissiale de Krems, de style baroque précoce, sont édifiées  à cette époque, avec l’intervention d’artistes italiens renommés.
Le XVIIe siècle est marqué par un déclin économique dû au déplacement des routes commerciales internationales et à la diminution de l’importance du commerce sur le Danube. La ville de Krems est en partie détruite lorsque les Suédois l’assiègent  (1645). Après l’avoir prise, ils en font leur principale place forte, la perdent puis la reprennent un an plus tard. Ce n’est qu’après 1700 que Krems connaitra un nouveau développement. Il s’accompagne d’une baroquisation de son architecture sous l’impulsion des grands monastères des environs (Melk, Göttweig, Dürnstein). L’un des peintres baroques les plus importants, Martin Johann Schmidt, dit Schmidt de Krems (1718-1801), tiendra un atelier de peinture à Stein jusqu’à sa mort en 1801.

Maison du peintre Kremser Schmidt à Stein

Les structures ecclésiastiques de la ville vont évoluer dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’église Frauenberg, appartenant à l’ordre des jésuites depuis 1616, ordre qui sera dissous en 1773 sur ordre de l’empereur Joseph II, est reprise en main par les piaristes en 1776. Le couvent des dominicains est fermé en 1783, les couvents des frères mineurs et des capucins en 1796.
La plus grande modification de la physionomie de la ville depuis les transformations du Moyen-Âge, aura lieu au XIXe siècle, suite à la démolition des remparts et des portes de la ville. Seule la Steinertor, devenue l’emblème de la ville va subsister ainsi que des vestiges des remparts. Parmi les fabriques créées dans le cadre de l’industrialisation, celles de Rehberg (cuir), de fabrication de nattes et de tapis en fibres de coco et la première fabrique de meules en quartz d’Autriche jouent un rôle important. Les facteurs d’orgues Zachistal, Capek et Hradetzky ainsi que les fondeurs de cloches de Krems (Matthias Prininger, Ferdinand Vötterlechner et Johann Gottlieb Jenichen) jouissent également d’une grande renommée. Le dernier tiers du siècle voit le raccordement de la ville au réseau ferroviaire et à Vienne. En 1909, la ligne le long du Danube (chemin de fer de la Wachau). est inaugurée.
Malgré le bombardement intense du 2 avril 1945, on parvient à sauver une grande partie du patrimoine architectural dans son état d’origine et à y joindre de nouveaux éléments architecturaux. Cette revitalisation réussie et reconnue au niveau international permet à Krems-Stein d’être lauréate du prix Europa Nostra en 1975, 1979 et 2009.
La ville est considérée aujourd’hui comme l’un des centres culturels les plus dynamiques de Basse-Autriche grâce à son « Kunstmeile » (Stein), sa Kunsthalle, son musée de la caricature, son artothèque, sa galerie régionale de Basse-Autriche, ses ateliers d’artistes, son festival du Danube et ses nombreuses autres manifestations qui ont instauré un dialogue permanent entre l’art contemporain et le patrimoine architectural. Le Musée de Krems-Stein, logé dans l’ancienne église des dominicains, permet de découvrir les trésors artistiques de la ville ainsi que les traditions et l’histoire de la viticulture, traditions sans laquelle Krems-Stein ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui, une petite cité séduisante et colorée, classée avec la région de la Wachau au patrimoine mondial de l’Unesco.
Krems-Stein possède également son université (privée) et son campus, ouvert en 2005, dont une partie est hébergée dans l’ancienne manufacture de tabac restaurée.
Idéalement situé à l’entrée de la Wachau, bien dotée en infrastructures hôtelières, sportives et culturelles, universitaires, desservie rapidement par le train depuis Vienne (environ une heure), un réseau de bus et les compagnies de navigation sur le Danube, cette cité de caractère est un lieu de villégiature très agréable à partir de laquelle on peut rayonner vers l’amont comme vers l’aval. Le port de plaisance de Krems est parfaitement équipé pour les plaisanciers.
De Krems partent en saison plusieurs compagnies de bateaux pour des croisières à travers la Wachau (voir croisières fluviales ci-dessous).

Eric Baude, © Danube-culture, droits réservés, janvier 2023

Sources :
https://www.gedaechtnisdeslandes.at

Collectivité locale de Krems/Stein et office de tourisme
www.krems.at (site en anglais et allemand)
www.krems.info

Port de plaisance de Krems
www.motoryachtclubwachau

Hébergement/restauration
Nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration de toutes catégories dans la ville et à proximité.

Hotel Steigenberger and Spa
www.krems.steingenberger.at
Grand confort

Arte Hotel
www.arte-hotel.at
Design
contemporain, en retrait du Danube mais proche de l’université et de son campus

Culture
Kunsthalle Krems (Espace d’art moderne et contemporain)
www.kunshalle.at

Forum Frohner
www.forum-frohner.at

Musée de la caricature
www.karikaturmuseum.at
Expositions temporaires intéressantes de caricaturistes d’autrefois et contemporains du monde entier

Artothèque de Basse-Autriche
www.artothek.at

Museumkrems
www.weinstadtmuseum.at
Musée municipal dédié au vin et à ses traditions installé dans l’ancien couvent des dominicains

Nature
Promenades au bord du Danube, nombreux sentiers de randonnées dans les vignes et sur les hauteurs. Ne manquez pas d’aller vous promener dans le superbe jardin d’agrément Kittenberger (www.kittenberger.at)qui met en scène de nombreuses thématiques (50 000m2) et où vous pourrez à la belle saison et si vous le souhaitez) vous baigner dans un  des quatre bassins/piscines naturels. À proximité de Krems, sur la commune de Schiltern, le jardin et conservatoire de semences biologiques de l’Arche de Noë (arche-noah.at) mérite largement une visite.
Piste cyclable Eurovélo 6 (locations de bicyclettes)

Patisserie-Konditorei
Cafe-Konditorei Reimitz
www.raimitz.at
Salon de thé à la décoration un peu kitsch à proximité de la gare de Krems. Strudel aux pommes, au pavot, au fromage blanc et autres spécialités d’anthologie dont les chocolats à la liqueur d’abricot.

Mautern (km 2004, rive droite) la romaine
Mautern fait face à Krems/Stein sur la rive droite et est relié à la rive gauche par un pont métallique. Les romains s’établirent à Mautern dès le premier siècle après Jésus-Christ et nombreux sont les témoignages architecturaux de leur présence. Les dépendances baroques du château abritent un petit musée romain. Le petit musée des « coiffes dorées » et des costumes traditionnels de la Wachau au centre de Mautern est à ne pas manquer. On trouve encore à Mautern l’un des meilleurs restaurants de toute l’Autriche.

Karl Vikas (1875-1934), Vue sur Mautern depuis Krems, 1909

Le pont en bois du XVsiècle (1463, le deuxième plus ancien pont sur le Danube en Autriche après celui de Vienne) qui reliait autrefois les deux rives à cette hauteur a été détruit par les troupes napoléoniennes et remplacé par un pont métallique.

Collectivité locale de Mautern
 www.mautern.at

Hébergement/restauration
Chambres d’hôte Ad Vineas Nikolaihof
www.advineas.at,
Proche du Danube, une maison de vigneron où la cuisine est savoureuse, les chambres agréables. Piscine naturelle. Les vins, une des références en Wachau, sont biologiques et réputés. Superbes caves construites en partie avec des éléments de murs romains.
Chambres d’hôte Severinhof Schwaighofer
www.severinhof.at

Restaurant d’exception :
www.landhaus-bacher.at

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour en avril 2023

Le joueur de flûte de Korneuburg

   Il y a fort longtemps, des rats envahirent par dizaine de milliers la ville de Korneuburg. Les bêtes pullulaient partout dans le moindre des coins et recoins, dans les égouts, les caves, les granges, les maisons jusqu’aux toits, les appartements, les chambres, les cuisines, les gardes-mangers, s’attaquant aux provisions et à tout ce qui pouvait se manger. Ils construisirent des nids dans les lits, s’installèrent dans les armoires et les tiroirs et sautaient sur les bancs et les tables quand les gens voulaient manger.
Le fléau devenu rapidement insupportable, le maire afficha un décret devant l’Hôtel de ville qui annonçait que quiconque parviendrait à débarrasser la ville de ses rats serait récompensé d’une bourse de cent ducats d’or.
Il ne fallut guère de temps pour qu’un inconnu à l’allure singulière, se présentât au maire et se déclarât capable de mettre fin à cette horrible invasion, à la condition que la récompense promise soit conséquente. Quand le maire lui communiqua le montant de la bourse, les yeux de l’étranger se mirent à briller et il se mit immédiatement à la besogne. Pour cela il sortit une flûte en ébène de l’une des poches de son long manteau puis il commença à arpenter les rues de Korneuburg en jouant de son instrument. Les sons qu’il en tirait étaient affreux, insupportables. Ils ressemblaient à des grincements, des couinements, des sifflements, des cris stridents et des séries de trilles. Les habitants se bouchaient les oreilles ou s’enfuyaient à son passage. Les rats, par contre, semblaient charmés par cette étrange cacophonie. Ils accouraient de partout, des caves, des cabanes, des maisons, des granges et des étables et venaient se frotter aux jambes du musicien.
Le joueur de flûte continua à se promener plusieurs jours dans chaque ruelle, sur chaque place, autour de chaque maison et jusque dans le cimetière. Les rats accouraient vers lui. Il sembla à un moment qu’aucune bête ne voulut plus rester dans la ville. Après un dernier tour dans la cité, le musicien descendit lentement vers le Danube et les rats l’accompagnaient en un interminable cortège, comme hypnotisés par le jeu et la musique ensorcelés. L’homme entra peu à peu dans l’eau jusqu’à ce qu’elle lui arrive à la poitrine. Les rats se jetèrent à sa suite dans les flots. Le courant fort les emporta, les faisant descendre rapidement le Danube et disparaître au loin.
C’est ainsi que la ville de Korneuburg fut débarrassée de son invasion de rats. L’étranger, satisfait de sa besogne, se rendit à l’Hôtel-de-ville pour réclamer sa récompense. Le maire ne lui montra guère de reconnaissance.
— »Ce n’était pas un vrai travail ce que vous avez accompli là. Dix ducats suffiront largement. En plus, j’ai un mal de tête épouvantable à cause de votre flûte maudite. Allez au diable ! »
— »C’est grâce à ma flûte maudite que la ville a été débarrassée des rats. Je veux ma récompense tout de suite. Une promesse est une promesse ! »
Le maire jeta à ses pieds une petite bourse de dix ducats. Le joueur de flûte la laissa à terre et se retournant, partit sans dire un seul mot.
Quelques semaines plus tard, l’étrange musicien était de retour dans la ville, vêtu de couleurs vives, d’un gilet de velours rouge flamboyant, d’un pantalon bleu roi et coiffé d’un immense chapeau orné de plumes multicolores. Comme lors de la première fois, il sortit sa flûte noire de son manteau et commença à en jouer. Ce n’était plus du tout des sons stridents et affreux qui sortaient de l’instrument ce matin de printemps mais d’infiniment douces sonorités mélodieuses, séduisantes, envoutantes. Les habitants de Korneuburg, étonnés, passèrent la tête par la fenêtre pour les écouter. Les choses se déroulèrent autrement pour les enfants. Ils sortirent comme par magie de toutes les maisons, des cours, des jardins, des écoles, des terrains de jeu, de leurs cachettes pour rejoindre le joueur de flûte et l’accompagner dans sa ronde. Parfois même, un enfant plus âgé arrivait en portant sa petite sœur ou son petit frère dans ses bras. Tous suivirent le musicien qui après avoir fait encore une dernière fois le tour de la ville, se dirigea vers la rive du Danube en continuant à jouer. Un grand bateau, somptueusement décoré, était amarré au quai de Korneuburg. Des drapeaux et des rubans colorés flottaient au vent et invitaient à une joyeuse promenade sur le fleuve. Le musicien, au fur et à mesure qu’il approchait du navire, se mit à jouer des mélodies de plus en plus douces. Les enfants, captivés, émerveillés, l’accompagnaient en souriant. Ils montèrent à bord sans hésiter. Un marin leva vite l’ancre et le bateau, pris dans le courant qui était particulièrement vif ce jour-là, se dirigea de plus en plus vite vers l’aval jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le lointain.
Un gamin, enfilant une veste rapiécée, arriva sur le quai en courant puis encore un autre. Celui-là était sourd et n’avait pas bien entendu le chant de la flûte magique. Les enfants montés à bord ne revinrent jamais à Korneuburg. On n’entendit bien sûr plus jamais parler d’eux dans la ville débarrassée de ses rats mais qui avait aussi perdu, par la faute de son maire, ses enfants.
Traduction et adaptation en langue française Eric Baude, Danube-culture © droits réservés, février 2023

La plus ancienne représentation du joueur de flûte (1592), aquarelle d’Augustin von Moersperg, d’après le vitrail d’une église de Hamelin. Ici l’instrument représenté n’est également pas une flûte mais un hautbois. Sources Wikipedia

La « Zille », embarcation traditionnelle du Haut-Danube

Rappelons en préambule que le Danube est navigable pour le grand gabarit1 sur 2414 km (longueur totale 2888 km). En comparaison le Rhin (1232, 7 km) n’est navigable pour celui-ci que sur 883 km (grands gabarits) et le Rhône (813 km) sur 310 km.

La Zille, qu’on peut trouver traduite en français sous le nom de Zielle, comptait autrefois avec les plates (Plätte), parmi les bateaux les plus populaires sur le Haut-Danube allemand et autrichien. C’est principalement une barque de transport de marchandises ou de passagers, en particulier du sel, abondant dans la région du Salzkammergut. Il existe de nombreuses variétés de Zille. 

De construction en bois, cette embarcation est de conception très rudimentaire mais sa forme est toutefois parfaitement adaptée aux spécificités de navigation sur le fleuve avec un fond plat sans quille, des extrémités relevées et des côtés assemblés à angle vif avec le fond. L’assemblage des pièces du fond et des flancs du bateau est maintenu par la pose de petites équerres en bois les Kipfen. Le joint entre deux planches est traditionnellement étanchéifié par un calfatage de mousse et de lichen qui peut être renforcé en enduisant les coutures de goudron de résine obtenue par distillation lors de la production de charbon de bois.

Zille dans le port de Linz

Zille dans le port de Linz (Haute-Autriche), gravure d’époque

D’une dimension comprise entre 5 et 30 m la Zille est donc à la fois souple et résistante, relativement légère, nécessitant peu de puissance pour se déplacer. Elle glisse admirablement bien sur l’eau. Sa manoeuvre reste toutefois délicate, voire dangereuse du fait de son fond plat, des courants, des caprices du vent et du fleuve qui parait bien assagi aujourd’hui en comparaison de celui d’avant les aménagements pour la navigation. Aussi l’équipage, qui comprend au minimum un Nauferg (patron d’embarcation), un Steurer (pilote), responsable des avirons et des gouvernails de poupe et un ou plusieurs Schiffsmann (marinier) selon la taille de l’embarcation doit-il avoir une longue expérience fluviale, bien  coordonner les manoeuvres tout en surveillant attentivement les récifs et les rochers dans le lit du fleuve afin de les contourner avec habilité dans le sens du courant. Lorsqu’il faut remonter celui-ci, la tâche n’est guère plus facile et l’on doit faire appel à des équipages de chevaux ou même dans certains cas à des haleurs professionnels parfois réquisitionnés (prisonniers) qui tirent les Zilles ou autres embarcations vers l’amont depuis la rive sur des chemins de halage voire aussi parfois, suivant les conditions météo et le relief des rives, dans l’eau !

Les Zille peuvent être munies de voile (navigation sur les lacs) ou de rames en plus des gouvernails de poupe. Elles peuvent être réunies à contre-courant en train de bateaux avec les grandes Plätten (Plates) des villes, typiques de la navigation danubienne. En cas de conflit, ces embarcations de transport de marchandises pouvaient être aussi réquisitionnées et armées (sans canon), dotées de voiles et d’avirons et pourvu d’un équipage de trente à quarante soldats-rameurs solidement équipés pour compléter la flottille impériale autrichienne du Danube. Sur l’affluent alpin de la rive gauche du Danube, die Traun, des forces de police, chargées de protéger l’important commerce du sel, utilisèrent la Zille pour leurs missions de surveillance et de répression des vols et de la contrebande. Cette embarcation servit encore pour la construction de pont de bateaux nécessaire au passage d’un fleuve lors de campagnes militaires comme celles menées contre La Grande Porte (Empire ottoman) au XVIIe siècle ou de bateau de pêche.

La Zille pourrait partager une origine commune avec le futreau ligérien et le Weidling du Haut-Rhin.

Aujourd’hui certaines Zille aménagées font office de petits Fähre (bacs) pour les transports de piétons, randonneurs et  cyclo-randonneurs sur le Danube autrichien comme à Schlögen, Grein, Dürnstein ou encore ailleurs.

Bac Grein-Schwallenburg

Le bac Grein-Schwallenburg (Haute-Autriche), une jolie Zille traditionnelle réaménagée pour le transport des piétons et des cyclo-randonneurs, photo © Danube-culture, droits réservés

Deux charpentiers de marine dont Rudolf Königsdorfer continuent à construire de nos jours ce type de bateau en bois à Niederanna (Haute-Autriche) et il n’est pas rare d’en voir naviguer sur cette partie du fleuve.

Eric Baude, © Danube-culture, droits réservés, mis à jour janvier 2023

Notes :
1 Le grand gabarit concerne les voies classées de 4 à 6 pour des unités fluviales de 1 000 tonnes et plus. Le moyen gabarit correspond aux classes 2 et 3 pour des tonnages compris entre 400 et 1 000 tonnes. Enfin, le petit gabarit, dit gabarit «Freycinet», représente les unités comprises entre 250 et 400 tonnes (classe 1). En pratique, le gabarit 0 (de 50 à 250 tonnes) n’est plus utilisé pour le transport.

Sources :
BUFFE, Noël, Les marines du Danube, 1526-1918, Éditions Lavauzelle, Panazol, 2011

MEIßINGER, Otto, Die historische Donauschiffahrt, Holzschiffe und Flöße, Gugler, Melk, 1990 (deuxième édition)
REICHARD, M., Le voyageur en Allemagne et en Suisse…, Manuel à l’usage de tout le monde. Douzième édition, De nouveau rectifiée, corrigée, et complétée par F. A. Herbig., tome premier., A Berlin, Chez Fréd. Aug. Herbig, Libraire. A Paris chez Brockhaus et Avenarius et chez Renouard et Co., 1844.

www.zille.at
Telefon: +43 7285 508
E-Mail: koenigsdorfer@zille.at

Chez les Königsdorfer de Niederrana (Haute-Autriche), charpentiers de Zille depuis plusieurs générations. Quand la tradition se régénère !

L’ abbaye bénédictine de Melk, « le plus beau sanctuaire danubien » !

Danube Donaustauf
   « Melk, le plus beau sanctuaire danubien, où résidèrent ces Babenberg, premiers dynastes autrichiens de l’an mille avant les Habsbourg… Melk sur son roc, à l’entrée du défilé de la Wachau, avec sa terrasse insolente sur le fleuve, sa cour des Prélats, sa salle des Marbres, sa bibliothèque bénédictine, aussi belle que celle de la Hofburg. »
Paul Morand

l’abbaye bénédictine de Melk et le Danube, gravure de Georg Matthias Vischer extraite de l’album « Topographia Archiducatus Austriae », 1672

   Ici, sur ces hauteurs au pied desquelles le Danube régulé s’est en principe apaisé sauf lors d’inondations exceptionnelles qui ont encore récemment meurtri la jolie petite ville voisine de Melk, l’énergie et la foi du jeune abbé Berthold Ditmayr (1670-1739) conjuguées au génie et à l’inspiration des architectes Jakob Prandtauer (1660-1726) et Franz Muggenast (1680-1741), des peintres Paul Troger (1698-1762), Michael Rottmayer (1654-1730), Johann Josef Bergl (1719-1789), élève de Paul Troger et des artisans talentueux qui les entouraient ont engendré un miracle à la fois d’élégance et de puissance architecturale.

L’abbé Berthold Ditmayr, (1670-1739), grand rénovateur de l’abbaye bénédictine de Melk

   L’agencement, la forme et la couleur des bâtiments au sommet de la colline qui réalisent la métamorphose architecturale des éléments naturels environnants, la coupole octogonale et les deux clochers jumeaux de l’abbatiale, la grande cour à l’atmosphère solennelle et les cours secondaires, les terrasses, les pavillons latéraux, le couloir impérial, les jardins, l’orangerie, le paysage et les reliefs ondoyants des alentours, le jeu des lumières aux différentes heures du jour et des saisons, tout concoure à une extraordinaire mise en scène qui n’a évidemment rien du hasard et dont la grandeur tout autant qu’une certaine retenue s’avèrent fascinantes et paraissent avoir été volontairement soumises à l’ordre et à la raison. Comme un écho à l’architecture extérieure, la fresque allégorique de Paul Troger, dans la salle de marbre au plafond en trompe-l’oeil, aux hautes et larges fenêtres séparées par des pilastres en stuc imitant le marbre, ne met-elle pas en scène la raison guidant l’humanité vers la lumière de la civilisation et de la culture ?

La fresque allégorique en trompe l’oeil parfait de Paul Troger dans la salle de marbre, photo droits réservés

   Le plafond à la thématique religieuse de l’extraordinaire et conséquente bibliothèque a été également réalisé par ce même peintre. Cette bibliothèque comprend 1800 manuscrits dont le plus ancien, de la main de Bède le vénérable, date du début du IXe siècle.

Fragment de la « Chanson des Nibelungen« , un des trésors conservés dans la bibliothèque de l’abbaye, photo droits réservés

D’importantes copies des commentaires de Saint-Jérôme, des commentaires de la Règle de Saint-Benoît, des copies de l’Écriture sainte, des collections de recueils de formules et des textes juridiques remontent à la première apogée de la vie monastique de l’abbaye (1140-1250). Une grande partie des anciens documents historiques ont toutefois été détruits au cours du grand incendie de 1297, un évènement auquel fait référence l’écrivain italien Umberto Eco dans son livre « Au nom de la Rose ».

La bibliothèque de l’abbaye, photo droits réservés

Les deux tiers des manuscrits datent de la période ultérieure de réforme des monastères au XVe siècle, période au cours de laquelle l’abbaye de Melk est considérée comme un modèle et attire des étudiants et des professeurs de l’université de Vienne. La majorité des textes rédigés et copiés à cette époque sont des livres de piété et des sermonnaires. Les lieux abritent encore 750 incunables, 1700 oeuvres du XVIe siècle, 4500 volumes du XVIIe et 18 000 livres du XVIIIe siècle. La collection de la bibliothèque de l’abbaye bénédictine de Melk se monte en totalité à plus de 100 000 livres.
La collection de la bibliothèque compte également de superbes globes terrestres illustrant l’inextinguible soif de connaissance et de curiosité universelle des bénédictins que les 29 moines de l’abbaye de Melk d’aujourd’hui comme ceux des autres abbayes bénédictines perpétuent.

L’escalier de la bibliothèque, photo droits réservés

La musique à l’abbaye de Melk
La vie musicale prend son essor à partir du XVIIe siècle. De nombreuses œuvres de musique sacrée sacrée et profane y compris des arrangements d’opéra, des quatuors à cordes… ont été interprétées dans le cadre de la liturgie (messes, oratorios…) ou à différentes occasions, concerts ou évènements de l’abbaye. La plupart des partitions de ces oeuvres ont été conservées sur place. Elles constituent le fond des archives musicales du monastère. Des moines s’adonnèrent à la composition et ont entretenu des contacts étroits avec la vie musicale viennoise de la période classique et de la période Biedermeier. Le père Robert Kimmerling (1737–1799) a été l’élève de Joseph Haydn, l’abbé, musicographe, compositeur et pianiste Maximilian Stadler (1748–1833), prieur à Melk entre 1784 et 1786, abbé du monastère de Lilienfeld puis de Kremsmünster, ami de Mozart dont il s’occupe de la succession, de Haydn, de Beethoven et de Schubert. Il fut encore  un invité de marque recherché dans divers cercles musicaux de la capitale autrichienne. La collection des archives musicales de l’abbaye bénédictine de Melk compte environ 10 000 partions, dont près 4 000 manuscrits et plus de 50 instruments.
Illustrant la place de la musique au sein de la vie de l’abbaye, les bâtiments n’abritent pas moins de cinq orgues : le grand orgue de l’église abbatiale, l’orgue de la sacristie d’été, l’orgue de la salle Koloman, l’orgue de la chapelle bénédictine et le petit orgue positif, datant de la première moitié du XVIIIe siècle, à l’origine destiné à la chapelle de Sainte-Marie de l’assomption et désormais installé dans l’église abbatiale où il est joué à l’occasion des Vêpres dominicales.

Le grand orgue de l’église abbatiale, photo Henry Kellner, droits réservés

   « Pour voir cette abbaye, il faut fermer les yeux et te laisser frissonner. Remonte jusqu’au lieu dans le temps où elle est semence dans l’esprit d’un seul, de quelques seuls…
C’est un lieu de vertige.
   À force de traiter les oeuvres d’art comme de la matière et non comme des visions hissées jusqu’à la visibilité, on perd la trace de l’essentiel : le lieu où la vision a germé, a surgi, s’est déployée. C’est à ce lieu qu’il faut s’attarder. C’est celui de notre humanité co-créatrice, la grande pépinière de l’aujourd’hui. Pénétrer jusque dans le coeur de l’homme (des hommes) où germe l’idée créatrice sous la nécessaire poussée du Vivant. Assise, les yeux fermés, à vingt ans, dans l’abbaye de Melk, j’ai touché ce secret. »
Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé, Albin Michel, Paris, 2005
Eric Baude, Danube-culture, © droits réservés, mis à jour janvier 2023

Dans les ors et les reflets du musée de l’abbaye, photo © Danube-culture, droits réservés

Sources/ bibliographie :
Jaccottet, Philippe, « En descendant le Danube », in Autriche, L’Atlas des voyages, Éditions Rencontre, Lausanne, 1966
Morand, Paul,  » Le Danube », Entre Rhin et Danube, Transboréal, Paris, 2011
Schmeller-Kitt, Adelheid, Klöster in Österreich,  Wolfgang Weidlich Verlag, Frankfurt/Main, 1983
Singer, Christiane, N’oublie pas les chevaux écumants du passé, Albin Michel, Paris, 2005 
Die Wachau, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, Sankt Pölten
Stifte und Klöster, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, Sankt Pölten
www.stiftmelk.at

La basilique de Maria Taferl (Basse-Autriche)

Photo © Danube-culture, droits réservés

Un emplacement idéal !
Le sommet de la colline avait été déjà choisi, comme si souvent au long des rives danubiennes, par des tributs celtes pour en faire un lieu de culte. On trouve d’ailleurs encore devant la basilique une pierre posé sur un socle et entouré d’une rampe qui pourrait avoir vraisemblablement servi comme autel pour des sacrifices.

L’autel de sacrifice celte, photo Danube-culture © droits réservés

Le culte et les superstitions du paganisme celtique sur les hauteurs de Marbach ont perduré suffisamment longtemps pour que les populations aient considéré ces lieux comme inhospitaliers. Pour effacer ces souvenirs païens, on aurait par la suite suspendu une petite croix de bois dans le chêne situé devant le dolmen. Cette croix était fixée à un tableau protégé par un petit auvent sur les côtés duquel était accroché les images de la Vierge Marie et de Saint Jean. C’est depuis cette époque que cet endroit s’appelle « Beim Taferl », en français « Près du petit tableau » d’où provient le nom de Maria Taferl.

Maria Taferl, photo © Bwag/Commons

Les origines du pèlerinage de Maria Taferl remonte au XVIIe siècle. Une légende raconte que le 14 janvier 1633, un berger du nom de Thomas Pachmann, décida d’abattre le vieux chêne, presque déjà mort. Mais sa hache glissa et retomba sur ses deux jambes. C’est à ce moment là qu’il aperçut la croix sur l’arbre. Pensant avoir involontairement commis un sacrilège, il s’agenouilla et demanda pardon à Dieu. Selon le berger, le sang qui coulait de ses blessures aux jambes, s’arrêta aussitôt. Il pût retourner seul chez lui et guérir rapidement. En 1641 ou 1642, un juge du village de Kleinkrummnußbaum atteint d’une grave dépression, fit remplacer la petite croix en bois qui s’abimait par une statuette de la Vierge des Douleurs. Il en fût guéri. La première apparition miraculeuse d’une lumière à cet endroit eut lieu un peu plus tard, en 1658. Elle fut suivie de nombreuses autres apparitions, sur la terre ou dans le ciel, une trentaine en tout, entre 1659 et 1661. De mystérieux pèlerins vêtus de blanc, seuls en petit groupe ou au sein d’une procession surgissaient lors de ses miracles. Au même moment où se produisaient ces apparitions se réalisaient des guérisons et des épisodes miraculeux. Les évêques de Passau et de Ratisbonne menèrent à la fin de 1659 une enquête minutieuse qui confirma, après l’audition de nombreux témoignages, la véracité des faits. Il fut alors décidé, dès 1660, qu’une église serait bâtie à cet endroit.

Jacob Prandtauer (1660-1726), maître maçon et architecte tyrolien, collection de l’Abbaye bénédictine de Melk 

La première pierre de la basilique est solennellement posée par un représentant des autorités ecclésiastiques de Passau le 25 avril 1660. Le terrain en relief oblige toutefois à abandonner la direction habituelle est-ouest et à lui préférer une orientation nord-sud. Le maître-autel est de cette façon orienté au nord, le portail principal au sud et la façade avec ses deux tours fait face au Danube. Le vieux chêne et sa Vierge miraculeuse sont volontairement inclus dans l’édifice. La construction de la basilique dure plus de soixante ans. Trois architectes se succèdent ; le viennois Georg Gerstenbrand (1667 ou 1668), architecte de la cour impériale, le lombard Carlo Lurago (1615-1684) de 1671 à 1673 et enfin le plus connu d’entre eux, le tyrolien et maître maçon Jakob Prandtauer (1660-1726), à qui l’on doit également en grande partie les merveilleuses abbayes de Melk, Dürnstein et Saint-Florian et qui acheva l’impressionnante coupole de Maria Taferl.

Martin Johann Schmidt (1718-1801) dit « Le Schmidt de Krems », éminent représentant de l’École dite « du Danube »,  sources Rudolf Lehr , Landeschronik Oberösterreich, Verlag Christian Brandstätter, Wien

La construction de Maria Taferl mobilise de nombreux artistes parmi les plus réputés. Aux trois architectes se joignent les italiens Carlo Consellino (stucs de la sacristie), Antonio Beduzzi (1675-1735) pour les fresques, connu également comme l’auteur du magnifique maître-autel de l’abbaye de Melk, Joseph Matthias Götz (1696-1760) pour le maître-autel, achevé en 1738, Peter Widering (vers 1684-1760) pour les sculptures de la chaire, J. A. Amorth, la Sainte Trinité sur le pilier du transept, J. G. Dorfmeister (1736-1786), auteur des sculptures des grands autels latéraux, le peintre viennois Johann Georg Schmidt (1685-1748) pour les petits autels latéraux ou encore le peintre autrichien Martin Johann Schmidt dit « Kremser Schmidt » (« Le Schmidt de Krems ») (1718-1801) qui réalise les tableaux des grands autels latéraux et enfin l’ébéniste Mattäus Tempe de Sankt-Pölten.

La fresque de la coupole représentant la vie et l’ascension de la Vierge Marie peinte par Antonio Beduzzi, photo Abubiju

L’édifice, consacré comme basilique mineure en 1947, est en forme de croix et mesure, si l’on inclue la sacristie attenante, une longueur totale de 70 m. Ses dimensions intérieurs sont de 53 m de long. La nef centrale atteint 13 m de large et le transept 31, 30 m sur 13.

Le maître-autel (détail), réalisé par Joseph Matthias Götz, photo © Danube-culture, droits réservés

Maria Taferl fit l’objet de nombreuses restaurations. La place devant la basilique fut aménagée en 1960.
Les extraordinaires orgues de l’époque Rococo, réalisées par le facteur viennois Johann Hencke (1698-1766) n’ont malheureusement pas été conservées à l’exception du buffet. Elles ont été transformées en 1910 par Franz Capek, facteur d’orgues de Krems, en un orgue romantique tardif avec 40 registres et 3 manuels. Aujourd’hui les orgues sont équipées de 47 registres, 4 manuels et comptent en tout 2915 tuyaux.

Les orgues de Maria Taferl, photo © Danube-culture, droits réservés

Les nouvelles cloches, d’un poids total de 7 200 kilos qui sonnent le Te Deum (si, ré, mi, sol, la) contribuent également à la grande réputation du lieu de pèlerinage.
On ne manquera pas de visiter l’extraordinaire chambre du trésor et si l’on visite les lieux par temps clair de jouir de la splendide vue sur le Danube et les massifs alpins autrichiens.
Une légende populaire raconte que l’eau de la source de Maria Taferl guérit miraculeusement les maladies des yeux.

Photo © Danube-culture, droits réservés

Eric Baude, révision juillet 2022, droits réservés

Sources :
WEICHSELBAUM, Josef, Maria Taferl, Verlag Schnell und Steiner GMBH CO., 3ème édition française, Munich et Zurich, 1987
www.basilika.at
www.nibelungengau.at

Dans les environs de Maria Taferl se trouve le château d’Artstetten. Une exposition permanente est consacrée à la vie et au destin tragique de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914), assassiné à Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine le 28 juin 1914.
www.schloss-artstetten.at 

Le retable de Nicolas de Verdun de l’abbaye de Klosterneuburg (Basse-Autriche)

   La réalisation ce chef d’oeuvre qui se trouve désormais dans la chapelle de saint Léopold, demanda une dizaine d’années. Achevé en 1181, l’autel sert à l’origine d’oeuvre décorative de la balustrade de la chaire de l’église abbatiale.

Anton Ziegler (1793-1869), abbaye de Klosterneuburg, lithographie, 1848, collection de la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne

Après l’incendie de 1330 (?) qui ravage l’église et provoque l’écoulement de la tour-lanterne éclairant la croisée du transept, l’œuvre, sauvée in-extremis par les moines qui l’aspergent, faute d’eau disponible, avec du vin blanc de leur propre vignoble (!), est restaurée en 1329 et transformée en un retable à volets tel qu’on peut le voir aujourd’hui.Tout d’abord exposé dans le maître autel de la nouvelle église baroquisée, le retable qui n’est plus au goût esthétique du jour, est relégué en 1714 dans une resserre de l’abbaye ce qui lui permettra d’échapper miraculeusement aux déprédations des troupes napoléoniennes en 1805 et 1809.

Photo domaine public

   Le retable comprend un total de 51 panneaux émaillés, disposés sur trois niveaux horizontaux illustrant les épisodes de l’Histoire sainte et la concordance de l’Ancien et du Nouveau Testament. D’un point de vue technique, l’œuvre est également un chef-d’œuvre exceptionnel. L’émail sur cuivre champlevé, extraordinairement résistant en raison de son point de fusion élevé, a survécu intact pendant plus de huit siècles et brille encore d’un éclat inaltéré.

L’importance artistique de l’autel est encore plus grande. Il s’agit de la première œuvre du haut Moyen-âge qui s’inspire délibérément du style antique classique pour atteindre une nouvelle proximité avec la nature. Nicolas de Verdun, dont ce retable est l’œuvre la plus ancienne qui nous soit parvenue, fait ainsi figure de précurseur du style gothique.
Nicolas de Verdun est également l’auteur de la châsse de Notre-Dame de Tournai (1205), et probablement de la châsse des Rois Mages de Cologne.

Klosterneuburg

L’église Saint-Jean-Baptiste im Mauerthale (Wachau, Basse-Autriche)

   L’église est mentionnée pour la première fois en 1240 en relation avec un don de l’archevêque Eberhard von Salzbourg (1200-1246) au monastère Saint-Pierre de cette même ville. Avec les villages d’Hofarnsdorf, de Bacharnsdorf et de Mitterarnsdorf, la paroisse de Saint-Jean-Baptiste im Mauerthale forma le domaine d’Arnsdorf propriété de l’archidiocèse de Salzbourg de 860 à 1806. 

Sankt Johann im Mauerthale, pointe sèche coloriée de W. Mossman d’après William Henry Bartlett (1809-1854), en face le village de Schwallenbach

   Si un tout premier édifice religieux a été bâti dès le IXe siècle en partie sur les ruines d’une tour de guet romaine, l’église actuelle date en grande partie de la première moitié du XVe siècle.

Reste d’un mur d’une tour de guet romaine sur laquelle a été bâtie l’église saint-Jean-Baptiste, photo © Danube-culture, droits réservés

   La tour de l’église est à la base quadrangulaire avec un clocher octogonal  surmonté à son sommet d’un coq transpercé d’une flèche qui évoque une des légendes populaires du Mur du diable (Teufelsmauer) situé sur l’autre rive du Danube.

Le coq transpercé d’une flèche veille toujours sur l’église saint Jean-Baptiste im Mauerthale, photo © Danube-culture, droits réservés

   L’intérieur se compose d’une nef avec un toit plat avec sur les côtés de belles fresques murales du début du Gothique, datées d’entre le deuxième quart du XIIIe et le XVe siècle.

photo © Danube-culture, droits réservés

   La chaire en style baroque tardif est accessible de l’extérieur. Le maître-autel également baroque dans un  chœur de style gothique est d’une excellente facture.

Le maître-autel baroque et le choeur gothique, photo © Danube-culture, droits réservés

   Le tombeau présumé de Saint-Aubin (Sankt Albinus) se trouvait jusqu’en 1862 dans une niche murale dans le fonds gauche de l’église. Une statue le représente en pèlerin du début du XVIe siècle.

Saint Albin dans sa niche au fonds de l’église, photo © Danube-culture

   La fresque sur le mur extérieur du côté du Danube montrant Saint-Christophe, protecteur des voyageurs a pu être en partie conservée.

Saint-Christophe, photo © Danube-culture, droits réservés

   Juste derrière l’église se trouve un puits couvert de l’époque Baroque. Les lieux ont été, en particulier pour cette  raison et pour le culte de Saint-Albin dont l’église abritait autrefois la tombe présumée, une importante destination de pèlerinage de la fin du Moyen-Âge jusqu’au Baroque. Les innombrables et souvent superstitieux pèlerins venaient y boire l’eau bénite et prometteuse de guérison miraculeuse et les bateliers y pratiquaient aussi différentes offrandes avec des fers-à-cheval. Un autre lieu de pèlerinage, Maria Langegg, situé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, entre l’abbaye de Göttweig et l’abbaye de Melk, voisine avec la modeste église de Saint-Jean-Baptiste im Mauerthale.  

Le puit couvert à l’arrière de l’église, photo © Danube-culture, droits réservés

L’église de Saint-Jean-Baptiste im Mauerthale se trouve désormais sur la commune de Rossatz-Arndorf.

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour avril 2022

Sources :
Die Wachau, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, St. Pölten
Von Aggstein bis Göttweig, Dunkelsteinerwald, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, St. Pölten
www.kirchen-am-fluss.at

Austria-forum.at
www.gedaechtnisdeslandes.at

Le clocher octogonal de style gothique tardif, photo © Danube-culture, droits réservés

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