Le retable de Nicolas de Verdun de l’abbaye de Klosterneuburg

  S’il est une oeuvre d’art religieuse à ne pas manquer en Autriche danubienne, c’est bien le retable de Nicolas de Verdun (Nicolaus Verdunensis) de l’abbaye de Klosterneuburg. Cet extraordinaire ambon, réalisé sur place, est sans doute le joyaux sacré le plus précieux de cette magnifique abbaye de Klosterneuburg, fondée en 1114 par le margrave Léopold III d’Autriche (Léopold le Pieux sera canonisé et deviendra le saint patron de l’Autriche) et l’une des plus belles œuvres d’art religieuses romanes du Moyen-âge et de toute le cours du Danube. Il doit son nom à son créateur, Nicolas de Verdun (1130-1205) un orfèvre né à Tournai (certaines sources lui donnent pour origine la Lorraine), grand représentant de l’art rhéno-mosan.
La réalisation ce chef d’oeuvre qui se trouve désormais dans la chapelle de saint Léopold, demanda une dizaine d’années. Achevé en 1181, l’autel sert à l’origine d’oeuvre décorative de la balustrade de la chaire de l’église abbatiale.
Après l’incendie de 1330 (?) qui ravage l’église et provoque l’écoulement de la tour-lanterne éclairant la croisée du transept, l’œuvre, sauvée in-extremis par les moines qui l’aspergent, faute d’eau disponible, avec du vin blanc de leur propre vignoble (!), est restaurée en 1329 et transformée en un retable à volets tel qu’on peut le voir aujourd’hui.Tout d’abord exposé dans le maître autel de la nouvelle église baroquisée, le retable qui n’est plus au goût esthétique du jour, est relégué en 1714 dans une resserre de l’abbaye ce qui lui permettra d’échapper miraculeusement aux déprédations des troupes napoléoniennes en 1805 et 1809.

Retable de Nicolas de Verdun (Nicolaus Verdunensis), photo domaine public

Le retable comprend un total de 51 panneaux émaillés, disposés sur trois niveaux horizontaux illustrant les épisodes de l’Histoire sainte et la concordance de l’Ancien et du Nouveau Testament. D’un point de vue technique, l’œuvre est également un chef-d’œuvre exceptionnel. L’émail sur cuivre champlevé, extraordinairement résistant en raison de son point de fusion élevé, a survécu intact pendant plus de huit siècles et brille encore d’un éclat inaltéré.

Détail de l’autel de Verdun, photo droits réservés

L’importance artistique de l’autel est encore plus grande. Il s’agit de la première œuvre du haut Moyen-âge qui s’inspire délibérément du style antique classique pour atteindre une nouvelle proximité avec la nature. Nicolas de Verdun, dont ce retable est l’œuvre la plus ancienne qui nous soit parvenue, fait ainsi figure de précurseur du style gothique.

Autel de Verdun, scène de l’ascension, photo droits réservés

Nicolas de Verdun est également l’auteur de la châsse de Notre-Dame de Tournai (1205), et probablement de la châsse des Rois Mages de Cologne.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour octobre 2025

Klosterneuburg

Krems et la Wachau

« Urbs Chremisa », vieille de plus de mille ans, autrefois coeur du commerce du sel et du vin, est également classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Krems-Stein offre, outre ses églises comme la Frauenbergkirche, l’église des Frères Mineurs, l’Hôtel de ville, ses maisons du XVIIe et du XVIIIe, des lieux d’exposition d’art contemporain, un musée du vin (nous sommes en Wachau, le plus extraordinaire vignoble du cours du Danube !) et un remarquable musée de la caricature qui organise de nombreuses expositions temporaires. Différents évènements culturels  dont le réputé Donaufestival et d’autres manifestations artistiques ont lieu à Krems-Stein tout au long de l’année.

Une cité plus que millénaire
La ville double de de Krems-Stein, l’une des plus anciennes villes d’Autriche, a fêté le millénaire de sa fondation en 1995. Le relief en terrasses régulières descendant vers le fleuve, le climat favorable et la situation au carrefour de la route commerciale du Danube avec les liaisons nord-sud en provenance du Waldviertel et du Weinviertel ont favorisé très tôt le peuplement de la région et ont largement contribué à son développement en tant que point central centre de cette région du Danube.
Les découvertes du paléolithique (Hundssteig, Wachtberg, 30 000-25 000 av. J.-C.), du néolithique (cultures céramiques), mais aussi le rôle particulier de la région dans la culture d’Aunjetitz du début de l’âge du bronze (1800-1500 av. J.-C.) ainsi que les traces de la culture des champs d’urnes de la fin de l’âge du bronze et de la culture de Hallstatt (800-400 av. J.-C.) témoignent d’une présence humaine qui remonte loin dans le temps. Des populations nomades, probablement d’origine celtes, s’y installent à l’époque de La Tène. À la période romaine, la région fait partie de la zone d’influence des Marcomans, une tribut germanique occidentale installée au nord du Danube qui entrera souvent en conflit avec Rome avant d’être chassée par les Huns à la fin du IVe siècle après avoir été christianisée. D’après la description de la vie de saint-Séverin, le centre des Rugiens germaniques se trouvait probablement dans la région de Krems-Stein dans la deuxième moitié du Ve siècle. Le cimetière d’Unter-Rohrendorf il atteste de la présence des Lombards (VIe siècle).
Le nom de Krems est mentionné pour la première fois dans un document de l’empereur Otto III (980-1002) du 9 août 995 comme une place fortifiée à l’est, appelée « Chremisa ». L’agglomération se trouve alors à la frontière orientale de la petite marche d’Ostarrîchi, à proximité immédiate de la Moravie. Elle s’tend rapidement au-delà de la forteresse et se développe au XIe siècle pour former une agglomération de marché autour du « Hoher Markt ». Krems devient en 1014, suite à une donation royale une paroisse.
Quant à Stein, son nom apparaît plus tard, à partir de la seconde moitié du XIe siècle (1072). Son centre est l’église saint-Michel, qui appartenait à la paroisse de Krems. Le village est à cette époque d’abord un lieu de péage, de chargement et de déchargement des bateaux pour le transport du sel, du vin et des céréales. La présence de bateliers engendre la naissance d’un marché puis au XIIe siècle puis d’une colonie urbaine (1144).
La situation sur le Danube des deux cités leur permet de jouer un rôle complémentaire : Stein se trouve directement au bord du fleuve et devient un lieu de douane et d’accostage pour les bateaux, mais n’a en fait que peu de place pour de grands espaces de commerce, de foire et pour des activités de construction en raison de la proximités des collines. Krems, en revanche, séparé du fleuve par de petits affluents de la rive gauche (comme la Krems d’où le nom de la ville) et des plaines alluviales, offre suffisamment de surface pour la construction d’habitations et l’organisation de foire sous la protection d’une puissante forteresse.
Krems devient dans les années 1150 le principal centre commercial de la région. Entre 1130 et 1190, la première monnaie de la dynastie des Babenberg, le « Pfennig de Krems », est frappée dans la tour de la forteresse au-dessus du « Hohen Markt » (haut marché). La ville est mentionnée avant Vienne, qui ne dépassera Krems en taille qu’ultérieurement, sur la carte du monde du savant, géographe et voyageur arabe géographe arabe, Al-Idrîsî (1100-vers 1165). Sa croissance rapide a probablement rendu nécessaire, dès la première moitié du XIIe siècle, le transfert de la paroisse de l’église saint-Étienne du Frauenberg (aujourd’hui l’église des Piaristes) au pied de la colline, où la nouvelle église saint-Guy devient l’église paroissiale. À la fin de ce même siècle un mur d’enceinte entoure la ville. Un premier juge de la cité est attesté en 1196. La ville s’agrandie à plusieurs reprises et s’étend à la fin du Moyen Âge de la Steiner Tor (Porte de Stein) à l’ouest jusqu’à la Krems, à l’est. Le couvent des dominicains, fondé en 1236, se trouve en dehors de l’enceinte.
Stein se développe à partir de la haute terrasse en direction de l’église saint-Nicolas, élevée au rang d’église paroissiale en 1283. À la fin du Moyen Âge, les surfaces situées entre la Landstrasse et les rives du Danube sont également construites et la ville s’étend dans le secteur du couvent des Minorites fondé en 1223/1224 (la consécration de l’église aura lieu en 1264) ainsi qu’entre la vallée du Reisperbach et la Linzertor (Porte de Linz).
Les deux villes font partie de la souveraineté du Land depuis le début du XIIe siècle et se complètent mutuellement en tant que lieux de commerce à terre et au bord du Danube. Leurs liens étroits engendrent une unité de construction. Chacune des deux villes dispose d’un titre de commune bourgeoise avec sa propre souveraineté en matière de défense et de finances. Par contre elles possèdent un droit de cité commun (1305), un même juge municipal et, à partie de 1416 un seul maire. En 1463, l’empereur du Saint Empire Romain germanique Frédéric III de Habsbourg (1415-1493) accorde aux deux villes un blason commun, l’aigle impérial double d’or sur fond noir. Outre Krems-Stein, seules Wiener Neustadt et Vienne ont alors le privilège de pouvoir arborer sur leurs armoiries l’aigle bicéphale. L’union des deux villes durera jusqu’en 1849. De cette date à 1939,  année où les deux villes décident de se réunifier à nouveau, les deux cités ont une gestion séparée.
La prospérité économique de la fin du Moyen Âge repose sur la viticulture, le commerce et le transport du vin, du sel et du fer. La navigation sur le fleuve est un facteur économique essentiel pour Stein. En 1463, la ville obtint du même empereur Frédéric III le privilège d’établir un pont fixe, le deuxième pont le plus ancien après celui de Vienne sur le Danube autrichien. La richesse et la confiance en soi de la bourgeoisie locale sont attestées par le « Gozzoburg » construit vers 1265 par le puissant juge de la ville Gozzo von Krems (?-vers 1291), une maison de ville aux allures de château fort avec loggia. L’aspect des deux cités est marqué par les nombreuses maisons bourgeoises des XVe et XVIe siècles, richement décorées d’encorbellements, de sgrafites et de peintures tout en possédant des cours à arcades à l’intérieur. Une caractéristique des deux villes est l’existence, depuis le haut Moyen Âge, de « cours de vendanges » des monastères et des évêchés, qui servaient à stocker le vin et à gérer leurs biens , comme les cours de Passau (« Passauer Höfe »), la cour de Kremsmünster (« Kremsmünstererhof ») ou la cour de Göttweig (« Göttweigerhof »). La chapelle de la cour de Göttweig est ornée de fresques datant du début du XIVe siècle. Krems est, au début du siècle suivant, un centre de l’École du Danube grâce à la présence du peintre bavarois originaire d’Augsburg, Jörg Breu dit l’Ancien (1475-1537), auteur du retable de l’abbaye de Melk (1502).
Krems devient majoritairement protestante pendant la seconde moitié du XVIe siècle. La résistance de ses citoyens à la contre-réforme, entraine la perte de tous les privilèges en 1593. Ce n’est qu’en 1615 que l’empereur Matthias (1557-1619) annule cette décision et rétablit l’indépendance de la ville. Les jésuites, installés en 1616, jouent évidemment un grand rôle dans la reconquête catholique. Ils dirigent le collège et deviennent célèbres pour leurs représentations théâtrales. Outre ce collège jésuite, le couvent des capucins d’Und (1614) et la nouvelle église paroissiale de Krems, de style baroque précoce, sont édifiées  à cette époque, avec l’intervention d’artistes italiens renommés.
Le XVIIe siècle est marqué par un déclin économique dû au déplacement des routes commerciales internationales et à la diminution de l’importance du commerce sur le Danube. La ville de Krems est en partie détruite lorsque les Suédois l’assiègent (1645). Après l’avoir prise, ils en font leur principale place forte, la perdent puis la reprennent un an plus tard. Ce n’est qu’après 1700 que Krems connaitra un nouveau développement. Il s’accompagne d’une baroquisation de son architecture sous l’impulsion des grands monastères des environs (Melk, Göttweig, Dürnstein). L’un des peintres baroques les plus importants, Martin Johann Schmidt, dit Schmidt de Krems (1718-1801), tiendra un atelier de peinture à Stein jusqu’à sa mort en 1801.

Maison du peintre Kremser Schmidt à Stein

Les structures ecclésiastiques de la ville vont évoluer dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’église Frauenberg, appartenant à l’ordre des jésuites depuis 1616, ordre qui sera dissous en 1773 sur ordre de l’empereur Joseph II, est reprise en main par les piaristes en 1776. Le couvent des dominicains est fermé en 1783, les couvents des frères mineurs et des capucins en 1796.

Stein, gravure de Jakob Alt, vers 1820

La plus grande modification de la physionomie de la ville depuis les transformations du Moyen-Âge, aura lieu au XIXe siècle, suite à la démolition des remparts et des portes de la ville. Seule la Steinertor, devenue l’emblème de la ville va subsister ainsi que des vestiges des remparts. Parmi les fabriques créées dans le cadre de l’industrialisation, celles de Rehberg (cuir), de fabrication de nattes et de tapis en fibres de coco et la première fabrique de meules en quartz d’Autriche jouent un rôle important. Les facteurs d’orgues Zachistal, Capek et Hradetzky ainsi que les fondeurs de cloches de Krems (Matthias Prininger, Ferdinand Vötterlechner et Johann Gottlieb Jenichen) jouissent également d’une grande renommée. Le dernier tiers du siècle voit le raccordement de la ville au réseau ferroviaire et à Vienne. En 1909, la ligne le long du Danube (chemin de fer de la Wachau). est inaugurée.
Malgré le bombardement intense du 2 avril 1945, on parvient à sauver une grande partie du patrimoine architectural dans son état d’origine et à y joindre de nouveaux éléments architecturaux. Cette revitalisation réussie et reconnue au niveau international permet à Krems-Stein d’être lauréate du prix Europa Nostra en 1975, 1979 et 2009.

Richard Lux (1877-1939), Autriche, Le Danube à la hauteur de Krems et Stein avec une vue sur l’abbaye bénédictine de Göttweig et Wetterkreuz, lithographie sur papier, 1906

La ville est considérée aujourd’hui comme l’un des centres culturels les plus dynamiques de Basse-Autriche grâce à son « Kunstmeile » (Stein), sa Kunsthalle, son musée de la caricature, son artothèque, sa galerie régionale de Basse-Autriche, ses ateliers d’artistes, son festival du Danube et ses nombreuses autres manifestations qui ont instauré un dialogue permanent entre l’art contemporain et le patrimoine architectural. Le Musée de Krems-Stein, logé dans l’ancienne église des dominicains, permet de découvrir les trésors artistiques de la ville ainsi que les traditions et l’histoire de la viticulture, traditions sans laquelle Krems-Stein ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui, une petite cité séduisante et colorée, classée avec la région de la Wachau au patrimoine mondial de l’Unesco.

Inondation à Stein en 1910, photo collection de la bibliothèque Nationale d’Autriche

Krems-Stein possède également son université (privée) et son campus, ouvert en 2005, dont une partie est hébergée dans l’ancienne manufacture de tabac restaurée.
Idéalement situé à l’entrée de la Wachau, bien dotée en infrastructures hôtelières, sportives et culturelles, universitaires, desservie rapidement par le train depuis Vienne (environ une heure), un réseau de bus et les compagnies de navigation sur le Danube, cette cité de caractère est un lieu de villégiature très agréable à partir de laquelle on peut rayonner vers l’amont comme vers l’aval. Le port de plaisance de Krems est parfaitement équipé pour les plaisanciers.
De Krems partent en saison plusieurs compagnies de bateaux pour des croisières à travers la Wachau (voir croisières fluviales ci-dessous).

Krems assiégé par les troupes impériales en mai 1646

Krems subit de lourdes pertes au niveau de son patrimoine architectural pendant la guerre de Trente Ans. En mars 1645, les troupes suédoises du maréchal Lennart Torstensson et, en avril 1646, les troupes impériales du maréchal-lieutenant Hans Christoph von Puchheim (1605-1657) assiègent la ville.
Les conséquences des deux bombardements et de l’occupation furent catastrophiques pour la petite cité de la rive gauche du Danube. Une description de Krems datant de mai 1648 mentionne que sur 308 maisons, 111 ont dû être rasées, 18 autres étaient inhabitables et seules 179 n’ont subi aucun dommage. Ces pertes ont pu être ensuite progressivement compensées puisque 44 maisons bourgeoises ont été reconstruites entre 1648 et 1666 et 36 autres nouvelles maisons ont été bâties jusqu’en 1702. À Stein, en 1648, sur 129 maisons imposées, 27 étaient en bon état, 43 délabrées et 59 considérées comme abandonnées.
L’île qu’on voit sur cette gravure d’époque colorée, conquise en 1645 par les troupes suédoises pour fermer le fleuve à la navigation et reprise par les troupes impériales, a aujourd’hui disparu tout comme la confluence de la rivière Krems (à gauche sur la gravure) qui a été déplacée vers l’aval à la hauteur d’Altenwörth dans le cadre de l’aménagement et de la régulation du fleuve.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour octobre 2025

Sources :
https://www.gedaechtnisdeslandes.at

Collectivité locale de Krems/Stein et office de tourisme
www.krems.at (site en anglais et allemand)
www.krems.info

Port de plaisance de Krems
www.motoryachtclubwachau

Hébergement/restauration
Nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration de toutes catégories dans la ville et à proximité.

Hotel Steigenberger and Spa
www.krems.steingenberger.at
Grand confort

Arte Hotel
www.arte-hotel.at
Design
contemporain, en retrait du Danube mais proche de l’université et de son campus

Culture
Kunsthalle Krems (Espace d’art moderne et contemporain)
www.kunshalle.at

Forum Frohner
www.forum-frohner.at

Musée de la caricature
www.karikaturmuseum.at
Expositions temporaires intéressantes de caricaturistes d’autrefois et contemporains du monde entier

Artothèque de Basse-Autriche
www.artothek.at

Museumkrems
www.weinstadtmuseum.at
Musée municipal dédié au vin et à ses traditions installé dans l’ancien couvent des dominicains.

Gustav Bamberger (1860-1936), vue de Krems/Stein avec le Danube en arrière-plan, huile sur toile

Nature
Promenades au bord du Danube, nombreux sentiers de randonnées dans les vignes et sur les hauteurs. Ne manquez pas d’aller vous promener dans le superbe jardin d’agrément Kittenberger (www.kittenberger.at)qui met en scène de nombreuses thématiques (50 000m2) et où vous pourrez à la belle saison et si vous le souhaitez) vous baigner dans un  des quatre bassins/piscines naturels. À proximité de Krems, sur la commune de Schiltern, le jardin et conservatoire de semences biologiques de l’Arche de Noë (arche-noah.at) mérite largement une visite.
Piste cyclable Eurovélo 6 (locations de bicyclettes)

Patisserie-Konditorei
Cafe-Konditorei Reimitz
www.raimitz.at
Salon de thé réputé à la décoration un peu kitsch à proximité de la gare de Krems. Strudel aux pommes, au pavot, au fromage blanc et autres spécialités d’anthologie dont les chocolats à la liqueur d’abricot de la Wachau.

Mautern (km 2004, rive droite) la romaine

 Stein et Mautern à l’arrière-plan

Mautern fait face à Krems/Stein sur la rive droite et est relié à la rive gauche par un pont métallique. Les romains s’établirent à Mautern dès le premier siècle après Jésus-Christ et nombreux sont les témoignages architecturaux de leur présence. Les dépendances baroques du château abritent un petit musée romain. Le petit musée des « coiffes dorées » et des costumes traditionnels de la Wachau au centre de Mautern est à ne pas manquer. On trouve encore à Mautern l’un des meilleurs restaurants de toute l’Autriche.

Entrée du musée romain de Mautern, photo Danube-culture,  © droits réservés

Le pont en bois du XVe siècle (1463), le deuxième plus ancien pont sur le Danube en Autriche après celui de Vienne qui reliait autrefois les deux rives à cette hauteur a été détruit par les troupes napoléoniennes et remplacé par un pont métallique.

Collectivité locale de Mautern
 www.mautern.at

Hébergement/restauration
Chambres d’hôte Ad Vineas Nikolaihof
www.advineas.at,
Proche du Danube, une maison de vigneron où la cuisine est savoureuse, les chambres agréables. Piscine naturelle. Les vins, une des références en Wachau, sont biologiques et réputés. Superbes caves construites en partie avec des éléments de murs romains.
Chambres d’hôte Severinhof Schwaighofer
www.severinhof.at

Restaurant d’exception :
www.landhaus-bacher.at

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour octobre 2025 

La Wachau

  « La Wachau ? Un collier de perles du Baroque qui brille au cou d’une région fascinante que le Danube enlace sur son chemin ! »
Jonas von Engelstein (1801-1847)

   « C’est aussi ce que j’aime dans la Wachau : ce n’est pas un séjour habituel à la campagne, aménagé uniquement pour les estivants, c’est une région qui se suffit à elle-même, qui n’a pas encore absolument besoin de nous et où nous sommes donc d’autant plus volontiers invités. »
Hermine Cloeter (1879-1970)

La basilique saint-Pierre et saint-Paul de l’abbaye bénédictine de Melk, photo © Danube-culture, droits réservés

L’abbaye bénédictine de Melk (rive droite) ouvre majestueusement en amont les portes de la douce et épicurienne Wachau et celles de sa soeur bénédictine et dominatrice de Göttweig un peu en retrait de la même rive les referment avec solennité, laissant le Danube couler « librement » vers la plaine de Tulln et Vienne. Ces grandes abbayes danubiennes sont parmi les plus beaux monuments religieux baroques de tout le continent européen.

L’abbaye bénédictine de Göttweig au sommet de sa colline, un peu plus près du ciel, photo © Danube-culture, droits réservés

De la centrale hydroélectrique en amont de Melk jusqu’à Krems et sa sortie de la Wachau, le Danube a, ô miracle !, a pour le moment échappé à sa canalisation. C’est même, avec la traversée des prairies alluviales danubiennes (Donau Auen) et leur magnifique parc national (National Donauauen Park) en aval de Vienne et du barrage de Freudenau, l’un des deux seuls parcours autrichiens où le fleuve peut encore jouir d’une relative liberté. Ne voilà-t-il pas que le Danube presse son allure entre le Jauerling et les reliefs de la Dunkelsteinerwald ?
Enrichi des eaux de nombreux affluents d’origine alpine qui ont souvent par le passé poussé le fleuve à sortir de son lit, à inonder les cités riveraines et contre lesquelles les collectivités locales se sont mobilisées avec patience et détermination, la région de la Wachau apparaît bien comme une des plus attachantes d’Autriche.

Heinrich Tomec (1863-1928), Excursion en Wachau, huile sur toile, 1928

Des paysages classés au patrimoine mondial de l’Unesco
   Depuis l’an 2000, la Wachau est classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de ses  paysages préservés, à l’instar de ceux du Val-de-Loire. Mais ici, comme partout ailleurs en Autriche, contrairement aux bords de la Loire, pas de centrales nucléaires. Sur un relief prononcé alternent vignes, vergers, forêts, forteresses au pied desquels se blottissent de joyeux et petits villages colorés et animés. Impossible quand on se penche sur le Danube et l’Autriche danubienne, de faire l’impasse sur cette magnifique région tant elle est parée d’attraits.

Dürnstein depuis la rive droite, perle du Baroque de Basse-Autriche et sujet d’inspiration inépuisable pour les peintres, photo © Danube-culture, droits réservés

Cette région, depuis fort longtemps habitée par l’homme comme en témoignent plusieurs statuettes statuette de 25 000/30 000 ans connues sous le nom de « Vénus de Willendorf » et « Vénus de Galgenberg » (Fanny de Galgenberg) est plus qu’hospitalière et attachante. Tout y est fait pour que le visiteur s’y sente chez lui et s’y attarde en logeant dans l’une des confortables auberges, chambres d’hôte ou petites pensions avenantes. La gastronomie n’est pas en reste non plus, la région étant l’une des plus prodigues de toute l’Autriche en produits locaux.
La Wachau mérite donc que l’on y prenne son temps, que l’on y séjourne plusieurs jours et qu’on lui témoigne ainsi qu’à ses habitants, sa fidélité et sa reconnaissance en y revenant.
La Wachau qui commence à Melk (rive droite) est traversée par le Danube sur 36 km jusqu’à la petite ville de Krems-Stein (rive gauche).

La Wachau d’autrefois : Oswald Eibl, Sonnige Idyll in der Wachau, Dürnstein, 1937

En amont de Melk et jusqu’à Ybbs/Donau s’étendent deux autres régions au riche patrimoine historique et culturelle, d’abord le Nibelungengau, terre des chevauchées légendaires de la célèbre et tragique épopée de la Chanson des Nibelungen puis, d’Ybbs jusqu’à Grein, en remontant le fleuve vers Linz et la Haute-Autriche, le Strudengau au relief accidenté, aux paysages plus sauvages, plus romantiques avec autrefois, au temps de la navigation à la rame et d’avant celle à vapeur, des tourbillons (Strudel) redoutés par les bateliers et leurs passagers.
   La Wachau est aisément accessible depuis Linz, Vienne, Krems et Melk. Elle peut se découvrir soit par bateau soit en saison par train avec la ligne touristique et historique de la Wachau (Wachauerbahn) qui circule de Krems à Mauthausen, en bus ou en voiture mais encore à pied et en vélo grâce à une excellente infrastructure de chemins balisés, de pistes cyclables remarquablement aménagées dont la très fréquentée Eurovéloroute 6 (www.eurovelo6-france.comqui serpentent et suivent le Danube sur ses deux rives et offrant des points de vue sur ses plus beaux paysages.
Il est possible et ce n’est pas une activité des moins agréables, traverser d’une rive du fleuve à l’autre suivant son humeur grâce aux deux bacs à fil traditionnels (Rollfähre) de la Wachau qui, inlassablement, du matin au soir en saison, convoient paisiblement randonneurs, cyclistes et voitures sur les deux bords. Des « Zille » assurent encore localement le passage pour les randonneurs et les cyclistes en plusieurs points de la Wachau comme à Dürnstein.

En Wachau à la hauteur de Weissenkirchen (rive gauche),  photo © Danube-culture, droits réservés

Ces traversées conviviales, trop éphémères, permettent d’avoir, au milieu du fleuve, une perspective unique sur l’environnement et l’harmonie paisible et préservée de ces « vieux » paysages de la Wachau. On s’aperçoit alors, sous un ciel pur, quelle qu’en soit la saison, que le beau Danube bleu n’est pas qu’une légende viennoise. Le fleuve joue les caméléons avec le ciel et la palette de couleurs des paysages et des villages de vignerons et d’arboriculteurs.
C’est peut-être en Wachau, que le fleuve se pare dans son parcours autrichien de ses plus belles nuances, aussi variées que la palette d’un peintre impressionniste. Le Danube et ses rives dialoguent inlassablement, de l’aube jusqu’au crépuscule, dans une langue aux profondes, mystérieuses et multiples résonances. Mais, contrairement au visiteur qui est tenté de s’attarder dans ces lieux séduisants, le fleuve coule ici plus vite qu’ailleurs en territoire autrichien ce qui n’empêchent pas les bateaux de croisières de le sillonner aisément. 60 km séparent la puissante centrale hydrolectrique de Melk de celui, plus en aval, d’Altenwörth, 60 km sans barrage !
À peine sorti du relief la Wachau, le Danube se dirige vers la plaine de Tulln et le massif de la Wienerwald (Forêt viennoise) pour rejoindre Vienne après avoir contourné le massif forêt viennoise (rive droite). Vienne peut s’enorgueillir d’être la première capitale que le fleuve rencontre.

Vue sur le Danube et ses méandres depuis l’abbaye de Göttweig, photo © Danube-culture, droits réservés

Gastronomie et oenologie en Wachau : un hymne épicurien au bon vivre !
La Wachau abrite un des plus beaux vignobles de vins blancs du pays et d’Europe, parfois au relief abrupt et qui couvre près de 16.000 hectares. Bacchus aurait pu incontestablement s’y établir et y vivre satisfait pour l’éternité, s’y désaltérant du divin breuvage et des arômes fascinants, de la saveur délicate des fruits des vergers, pommes, poires, abricots (les fameux Marillen de la Wachau) dont on tire aussi d’excellents alcools, des spécialités culinaires régionales, du microclimat et de la douceur relative des hivers. Bref, il fait toujours bon vivre en Wachau !

Vignobles en Wachau au printemps, photo © Danube-culture dr,oits réservés

Un grand nombre de restaurants témoignent généreusement de ce savoir-faire. Les cuisiniers déclinent aussi une remarquable variété de plats de viande et, proximité du fleuve oblige, de poissons auxquels les cépages Grüner Veltliner, Chardonnay, Riesling, Müller-Thurgau, Neuburger et Gelber Muskateller et autres vins blancs distingués, s’accordent à merveille. Quant aux vins rouges qu’on trouve en quantité infime, ils restent anecdotiques. 

Chatoiement des couleurs dans les vignes de la Wachau à l’automne, photo Danube-culture © droits réservés

La Wachau est encore une région au microclimat qui favorise également, aux côtés de la vigne, les arbres et arbustes fruitiers. Poiriers, framboisiers, abricotiers, pommiers des coteaux danubiens donnent des fruits particulièrement savoureux dont la cuisine régionale sait tirer la quintessence dans l’élaboration de recettes de succulents desserts comme les Marillenknödel, dessert farci aux abricots.

Aprikosenknödel Wachau

Les délicieuses Marillenknödel, un des délicieux desserts de la Wachau, photo Danube-culture © droits réservés

À noter pour les oenophiles que les vins blancs de la Wachau obtiennent régulièrement les toutes premières places aux concours de dégustation de vins blancs à l’aveugle en Europe. Les curieux ne manqueront pas de goûter à l’automne le moût de raisin appelé localement « Sturm ».

Le cornouiller, un arbre dont le bois est fort apprécié par les ébénistes, pousse également mais plus rarement en Wachau. Ses baies contiennent de nombreuses propriétés, photo Danube-culture, © droits réservés

Wachau pratique

Office de Tourisme du Danube et de Basse-Autriche (Donau Niederösterreich Tourismus GmbH), Schlossgasse 3, 3620 Spitz/Donau
www.donau.com
(site partiellement en français)
wachau@donau.com

www.bestof-wachau.at
Un site sur l’art de vivre et la gastronomie et  les spécialités de la Wachau mais qui s’adresse en priorité aux touristes de langue allemande.

Train touristique de la Wachau : Un joli parcours en train historique ou touristique entre Danube et vignobles
www.wachauerbahn.at

Le train touristique de la Wachau, photo droits réservés

Avant de partir, jetez un coup d’oeil juste pour le plaisir sur le site de Gregor Semrad, un photographe amoureux de la Wachau :
www.gregorsemrad.com

Melk et son abbaye bénédictine

« Mea dilecta » se serait exclamé Jules César lorsqu’il vit Melk pour la première fois selon l’historien local Ignaz Kaiblinger. En fait il n’est pas sûr que César soit venu à Melk (encore que…) et de plus l’étymologie du nom de Melk, à l’image de nombreux autres toponymes de la Wachau vient du slave et est lié à la présence de la rivière du même nom qui conflue avec le Danube à cette hauteur, la Melk. Il y eut à l’époque romaine une forteresse du nom de « Namare » sur l’emplacement de l’abbaye.


C’est à « Medelike » (Melk) que la puissante famille princière des Babenberg, originaires de Bavière, grands propagateurs du catholicisme, promoteurs de la construction de quelques-unes des plus belles abbayes d’Autriche et du Danube (Melk, Saint-Florian, Herzogenburg, Klosterneuburg…) s’installe à la fin du Xe siècle. Ils s’installeront ensuite à Vienne, cédant leur résidence en Wachau aux bénédictins qui s’empressent d’y construire une abbaye fortifiée. À la dynastie des Babenberg qui s’éteint en 1246 succèdera celle des Habsbourg.

L’abbaye baroque de Melk

Cour intérieure de l’abbaye et coupole de la basilique saint-Pierre et saint-Paul de l’abbaye , photo © Danube-culture, droits réservés

« Et comment dire la beauté de Melk élevant sa façade ocrée au-dessus du Danube, le jeu subtil qui s’y joue entre la droite et la courbe, et comment les surfaces s’y animent en s’incurvant, à croire que c’est dans les eaux mêmes du fleuve que l’architecte est allé puiser ses formes ? Ces églises surchargées, et légères pourtant, ces immenses abbayes sont moins des lieux pour la prière, le recueillement et la pénitence que pour la célébration et l’apothéose. À la sévérité de la Réforme, aux menaces musulmanes, à celles plus lointaines de la Révolution, il a fallu opposer ce délire maîtrisé, cette vitalité foisonnante, ces jeux, ces trouvailles, ces mensonges, ce tissu compliqué de symboles, ces matières riches et brillantes, ces espèces de laque qui sont à la fois fragiles, précieuses, froides, couvrantes (alors que l’art austère des cloîtres romans c’est la vérité de la pierre qui parle), cet art qui est mis en scène, surprise, ivresse, et la plus sensuelle…
Philippe Jaccottet, « En descendant le Danube », in Autriche, L’Age d’Homme, Lausanne, 1994

La salle de la bibliothèque de l’abbaye avec son plafond en trompe-l’oeil peint par Paul Troger, photo droits réservés

L’agencement, la forme et la couleur des bâtiments au sommet de la colline qui semblent le prolongement artistique raffiné des éléments naturels, la grande cour et les cours secondaires, les pavillons latéraux, le couloir impérial, les jardins, l’orangerie, le fleuve au pied de l’abbaye, le paysage aux alentours, tout concoure à une extraordinaire mise en scène qui n’a rien du hasard et dont la grandeur tout autant qu’une certaine retenue s’avèrent fascinantes et paraissent avoir été volontairement soumises à l’ordre et à la raison.

Une mise en scène permanente jusque dans les moindres détails, l’art de l’illusion, photo Danube-culture, © droits réservés

L’abbaye baroque de Melk, à la saisissante unité domine tout à la fois le fleuve, la jolie petite ville et la rivière du même nom qui se jette dans le Danube. Elle subit l’assaut des armées turques à la fin du XVIIe siècle. Sa reconstruction commence peu de temps après en style baroque sur les plans de  l’architecte Jakob Prandtauer (1660-1726) de Sankt Pölten auquel succède son élève Josef Muggenast. Les travaux d’achèvement vont durer 36 années ! Napoléon y établit son quartier général et un hôpital militaire en 1805 et 1809, à l’occasion de ses campagnes contre l’Autriche et la Russie.
L’abbaye est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis l’an 2000.
Le plafond de l’extraordinaire et conséquente bibliothèque a été réalisé par une autre grande figure du baroque autrichien, le peintre Paul Troger (1698-1762). Cette bibliothèque comprend 1800 manuscrits dont le plus ancien, un Beda Venerabilis, date du début du IXe siècle. D’importantes copies des commentaires de Saint-Jérôme, des commentaires de la Règle de Saint- Benoît, des copies de l’Écriture sainte, des collections de recueils de formules et des textes juridiques remontent à la première apogée de la vie monastique de l’abbaye (1140-1250).
Une grande partie des anciens documents historiques ont malheureusement été détruits au cours du grand incendie de 1297, un évènement auquel fait référence l’écrivain italien Umberto Eco dans son livre Au nom de la Rose. Les deux tiers des manuscrits datent de la période ultérieure de réforme des monastères au XVe siècle, période au cours de laquelle l’abbaye de Melk est considérée comme un modèle et attire des étudiants et des professeurs de l’université de Vienne. La majorité des textes rédigés et copiés à cette époque sont des livres de piété et des sermonnaires. Les lieux abritent encore 750 incunables, 1700 oeuvres du XVIe siècle, 4500 volumes du XVIIe et 18 000 livres du XVIIIe siècle. La collection de la bibliothèque de Melk se monte en totalité à plus de 100 000 livres. Elle contient encore de superbes globes terrestres illustrant l’inextinguible soif de connaissance universelle des moines bénédictins.

La Chanson des Nibelungen, manuscrit conservé à l’abbaye de Melk photo © Danube-culture, droits réservés

« Surtout, me dit-il, n’écoute pas le guide ! Il veut te prendre à la glu du détail et des décors. Bla-bla-bla le faux marbre est moins froid au toucher que le vrai… bla-bla-bla la quantité d’or utilisée par la coupole est supérieure à celle de …etc. Mais écoute bien : pour voir cette abbaye, il faut fermer les yeux et te laisser frissonner. Remonte jusqu’au lieu dans le temps où elle est semence dans l’esprit d’un seul, de quelques seuls… »
C’est un lieu de vertige.
À force de traiter les oeuvres d’art comme de la matière et non comme des visions hissées jusqu’à la visibilité, on perd la trace de l’essentiel : le lieu où la vision a germé, a surgi, s’est déployée. C’est à ce lieu qu’il faut s’attarder. C’est celui de notre humanité co-créatrice, la grande pépinière de l’aujourd’hui. Pénétrer jusque dans le coeur de l’homme (des hommes) où germe l’idée créatrice sous la nécessaire poussée du Vivant. Assise, les yeux fermés, à vingt ans, dans l’abbaye de Melk, j’ai touché ce secret. »
Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé, Albin Michel, Paris 2005

L'escalier de la bibliothèque de Melk

L’escalier de la bibliothèque de l’abbaye bénédictine de Melk, photo © Danube-culture, droits réservés

Ce monastère est aujourd’hui le lieu de nombreuses manifestations culturelles durant toute l’année parmi lesquelles un festival de musique ancienne (Pâques).

Abbaye de Melk
www.stiftmelk.at

Office de tourisme de Melk
www.stadt-melk.at

Hébergement/restauration
Hotel-Restaurant zur Post
 www.post-melk.at
L’accueil et le bon confort à l’autrichienne

Famille Kalkbrenner
www.urlaubambauernhof.at/gaudihof
Chambres à la ferme, bon rapport qualité/prix

Melk

Abbaye bénédictine de Melk, détail, photo © Danube-culture, droits réservés

Dans les environs de Melk
Château de Schallaburg, édifice de la Renaissance, nombreuses expositions, concerts…
www.schallaburg.at

Château de Schönbühel, photo © Danube-culture, droits réservés

Schönbühel-Aggsbach Dorf (PK 2032, 2 – 2029)
Le château de Schönbühel qui offre une des plus belles émotions des croisières danubiennes en Wachau, a été édifié au début du XIXe siècle sur une ancienne forteresse médiévale. Depuis 1929 il est la propriété de la famille Seilen-Aspang et ne se visite pas. Le cloître en aval qui appartenait à l’ordre des Servites (ordre mendiant catholique fondé en Toscane), a été abandonné en 1980 et l’église sert désormais de paroisse communale. Au dessous de celle-ci se trouve une grotte baroque de Bethléem unique en Autriche.

L’ancien cloître des Servites de Schönbühel, aquarelle de Ludwig Hans Fischer (1848-1915)

Hébergement/restauration
Gasthof und camping Familie Stumpfer
www.stumpfer.com
Cuisine régionale

Emmersdorf (PK 2035, rive gauche)
D’Emmersdorf/Donau partent des randonnées qui cheminent à travers le Parc Naturel du Jauerling, espace protégé. Le sommet du Jauerling, « toit de la Wachau » culmine à 960 m et permet de profiter d’une jolie vue sur la région. Le parc est associé au programme européen Natura 2000 (Faune-Flores-Habitat-Protection des voies d’oiseaux migrateurs).

Collectivité locale d’Emmersdorf
www.emmersdorf.at

Parc Naturel du Jauerling
www.naturpark-jauerling.at

Parcs Naturels en Basse-Autriche
www.naturparkenoe.at

Maison du parc – restaurant Am Jauerling
www.naturpark-gasthaus.at

Willendorf (PK 2024, rive gauche)
C’est dans la petite localité de Willendorf qu’a été découverte en 1908, lors des travaux de construction de la voie ferrée, une merveilleuse petite statue en calcaire vieille de 25 000 ans et aux proportions toutes en rondeurs, symbole de la fertilité et connue sous le nom de Vénus dite « de Willendorf ».

La petite Vénus dite « de Willendorf » en calcaire et datant du Paléolithique supérieur (23-25 000 ans av. J.-C.) mesure 11 cm. La statue originale est conservée au Muséum d’Histoire Naturelle de Vienne (Naturhistorisches Museum Wien). photo droits réservés

Sur l’autre rive, les ruines de la forteresse imposante d’Aggstein, construite au XIIe siècle sont accessibles par une petite route escarpée depuis le hameau du même nom.

Collectivité locale de Willendorf
www.willendorf.info

Spitz/Donau (PK 2019, rive gauche)

Spitz/Donau et son église saint-Maurice dans un écrin de vignobles en terrasses, se trouvent au coeur de la Wachau, photo © Danube-culture, droits réservés

Le village de Spitz/Donau, entouré d’un écrin de vignobles en terrasses des plus réputés, est considéré comme l’épicentre de la Wachau. On ne manquera pas de séjourner et de se promener dans les rues de ce joli village viticole tout en relief, d’admirer le château Renaissance, l’église saint-Maurice, la Porte rouge et l’ancien Hôtel de ville, les maisons à arcades, de monter jusqu’aux ruines de la forteresse d’Hinterhaus, de profiter des panoramas exceptionnels sur la vallée fluviale et de conclure (ou de commencer) par une visite au passionnant musée consacré à la navigation et au halage des bateaux, animé par une équipe d’historiens et de bénévoles compétente et dévouée.

Musée de la nav de Spitz_BV2

Musée de la navigation sur le Danube, équipage pour le halage des trains de bateaux (Hohenauer), photo © Danube-culture, droits réservés

Le musée, légèrement en retrait du fleuve et abrité dans les salles du château baroque d’Erlahof, présente d’une manière très vivante l’histoire oubliée de la navigation et des différents type de bateaux, barques, embarcations et radeaux à voile et en bois qui circulaient autrefois sur le Danube, vers aval mais aussi en remontant vers l’amont ce qui représentait un tour de force avec des trains de embarcations (Zille) tirées difficilement par des équipages de chevaux voire aussi parfois par des hommes, des maîtres bateliers et autres corps de métier jusqu’à l’apparition de la navigation à vapeur au dix-neuvième siècle.

Musée de la nav. Spitz4

Musée de la navigation de Spitz/Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Une petite partie de ces expositions est également consacrés aux moulins-bateaux, autrefois fort nombreux sur le Haut et Moyen-Danube, aujourd’hui disparus à l’exception de quelques reconstitutions, aux bacs et aux colossaux travaux de régulation qu’a connu le cours du fleuve viennois et autrichien, travaux qui, tout en protégeant mieux les populations des inondations améliorèrent et sécurisèrent la navigation, autrefois fort périlleuse dans certains passages. Il est l’un des deux seuls musées consacrés à ce thème en Autriche avec le Musée de la navigation de Grein (Haute-Autriche), plutôt orienté sur l’histoire de la navigation sur le Danube à partir de l’apparition des vapeurs jusqu’à nos jours. D’autres musées de la navigation sur le Danube sont localisés au bord du fleuve en Allemagne en particulier à Regensburg (Ratisbonne) près du vieux pont de pierre, à Vienne Freudenau (Musée de bateaux, rive droite) et en Hongrie à Zebegény (petit musée privé très éclectique).
De Spitz/Donau on peut rejoindre la rive et le village d’Arnsdorf par le bac. Une installation de l’artiste islandais contemporain Olafur Eliasson sur le bac  « Camera obscurs » offre de nouvelles perspectives sur le fleuve.

Port de plaisance de Spitz Wachau 2016

Le port de plaisance de Spitz/Donau, bien équipé et toujours très apprécié des plaisanciers, photo © Danube-culture, droits réservés

Office du Tourisme de Spitz/Donau  et
Collectivité locale de Spitz/Donau
www.spitz-donau.at

Musée de la navigation de Spitz/Danube (Schifffahrtsmuseum Spitz.Donau), Auf der Wehr 21, A-3620 Spitz/Donau
www.schiffahrtsmuseum-spitz.at

Hébergement/restauration
Hotel Weinberghof
www.weingut-lagler.at

Weinhotel Wachau
www.weinhotel-wachau.at
Au milieu des vergers d’abricotiers et des vignobles, calme et rustique

Pension Donaublick
www.donaublick-spitz.at

Famille Gebetsberger
www.weingut-gebetsberger.at
Hébergement dans une famille de vigneron très sympathique et attentionnée

Maison Machhörndl
www.weinhotel-wachau.at
Une grande maison fleurie et très bien entretenue, jardin au bord du Danube, accueil en français.

Weissenkirchen (rive)  et ses vignobles escarpés donnant quelques-uns des meilleurs vins blancs de la Wachau (rive gauche) photo © Danube-culture, droits réservés

Weißenkirchen (PK 2014, rive gauche)
Un des centres de la culture de la vigne. Un joli musée de la Wachau, aménagé dans une ancienne ferme fortifiée du XVIe invite à la découverte des cultures et d’artistes régionaux.
Collectivité locale de Weißenkirchen
www.weissenkirchen-wachau.at

Hébergement/restauration
Hotel-restaurant Kirchenwirt
www.kirchenwirt.weissenkirchen.at
Excellente cuisine régionale

Chambres d’hôte Jamek
www.weingaestehaus-jamek.at
Un des vignerons les plus réputés de la Wachau. Dégustation et vente de vins.

Chambres d’hôte Huber
www.gaestehaushuber.at
Dans le petit hameau de Sankt-Michael, vue sur le Danube

Dürnstein (PK 2009, rive gauche)

Dürnstein, photo © Danube-culture, droits réservés

Dürnstein, « perle de la Wachau » est un bijou d’architecture. Les lieux furent l’occasion d’un séjour imprévu de quelques semaines (21 décembre 1192 à février 1193), fort désagréable pour Richard Coeur-de-Lion qui rentrait de la troisième croisade,  fut capturé et enfermé pour une sombre question d’orgueil par le duc Léopold V de Babenberg, duc d’Autriche (1157-1194) dans la forteresse au dessus du village. C’est là que, selon la légende, son fidèle troubadour Blondel l’aurait découvert. Son monarque ne recouvra toutefois la liberté que longtemps après et contre une rançon conséquente qui fut difficilement réunie par sa mère Aliénor d’Aquitaine.

 Dominant Dürnstein et le fleuve, la forteresse où fut emprisonné Richard Coeur-de-Lion quelques semaines (de fin décembre 1192 au 4 février 1193) au retour de la troisième croisade,  photo © Danube-culture, droits réservés

La route principal d’aujourd’hui, très fréquentée, évite judicieusement le village par un tunnel. Le village abrite en son coeur un couvent et l’église baroque avec des oeuvres de Johannes Martin Schmidt (1718-1801) dit Kremser Schmidt (Schmidt de Krems). La terrasse à balustrade, au pied de la tour à la façade bleutée permet d’avoir une vue sur le Danube et sur l’embarcadère où les nombreux bateaux de croisières font régulièrement halte.

Loiben, le monument commémoratif dédié aux soldats français des armées napoléoniennes, en arrière-plan la forteresse de Dürnstein, photo droits libres

Dans la petite plaine de Loiben, au milieu des vignobles, se dresse bien visible le « Monument aux Français », monument érigé en souvenir de la bataille sanglante des 10 et 11 novembre 1805, entre le VIIIe corps des armées napoléoniennes placé sous le commandement du maréchal Edouard Mortier (1768-1835) et les troupes russes du général Mikhaïl Koutouzov (1745-1813). L’écrivain russe Lev Tolstoï (1828-1910) mentionne cette défaite des armées de Napoléon dans son roman « Guerre et Paix ».
Il faut goûter quelques spécialités culinaires et déguster les extraordinaires vins blancs de la Wachau avant de quitter la région comme  les savoureuses « Marillenknödel » (boulettes sucrées aux abricots) à l’auberge de la famille Lux dans le village, tout proche d’Unterloiben (Unterloiben 24).

Office de tourisme
www.duernstein.at (ouvert à certaines périodes seulement)

Fondation du couvent des Augustins de Dürnstein
www.stiftduernstein.at

Hébergement/restauration
Hotel Richard Löwenherz
www.richardloewenherz.at

Heinrich Tomec (1863-1928), Baptême en Wachau

 Krems-Stein (PK 2002, rive gauche)
   Principale ville de la Wachau, Krems, est en réalité composée à l’origine de trois communes : Krems, Stein et Und mais elles ne forment plus aujourd’hui qu’une seule et unique collectivité d’environ 25 000 habitants. Là encore c’est une véritable leçon d’architecture du Moyen-âge, de la Renaissance, des époques gothiques et baroques qui s’offre aux yeux des visiteurs. Urbs Chremisa, vieille de plus de mille ans, autrefois coeur du commerce du sel et du vin et de leur transport, est également classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Krems-Stein possède outre ses superbes églises comme la Frauenbergkirche, l’église des Frères Mineurs, son Hôtel de ville, ses maisons du XVIIe et du XVIIIe, des lieux d’exposition d’art contemporain et un intéressant musée de la caricature. Différents festivals (Donaufestival) et manifestations culturelles ont lieu tout au long de l’année en salle et en plein air.

Krems-Stein au  miroir du fleuve, photo © Danube-culture, droits réservés

Krems abrite également une université et son campus, ouvert en 2005, dont une partie est hébergée dans l’ancienne manufacture de tabac restaurée. Un quartier d’art (Kunstmeile) réunit le Musée de la caricature, la « Kunsthalle », l’Artothèque, des ateliers d’artistes et d’autres lieux d’exposition instaurant un dialogue permanent entre l’art contemporain et le patrimoine architectural de la ville.

Krems

Idéalement situé à l’entrée de la Wachau, bien dotée en infrastructures hôtelières, sportives et culturelles, universitaires, desservie par le train depuis Vienne, et un réseau de bus et les compagnies de navigation sur le Danube (saisonnier), cette cité de caractère est un lieu de villégiature très agréable à partir de laquelle on peut rayonner vers l’amont comme vers l’aval. Le port de plaisance de Krems est parfaitement équipé pour les plaisanciers.
De Krems partent en saison plusieurs compagnies de bateaux pour des croisières à travers la Wachau (voir croisières fluviales ci-dessous).

Collectivité locale de Krems/Stein et office de tourisme
www.krems.at (site en anglais et allemand)
www.krems.info

Port nautique de Krems
www.motoryachtclubwachau

Hébergement/restauration
Nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration de toutes sortes dans la ville et à proximité.

Hotel Steigenberger and Spa
www.krems.steingenberger.at
Grand confort

Arte Hotel
www.arte-hotel.at
Design
contemporain, en retrait du Danube mais proche de l’université et de son campus

Culture
Kunsthalle Krems (Espace d’art contemporain)
www.kunshalle.at

Forum Frohner
www.forum-frohner.at

Musée de la caricature
www.karikaturmuseum.at
Expositions temporaires intéressantes de caricaturistes d’autrefois et contemporains du monde entier

Artothèque de Basse-Autriche
www.artothek.at

Museumkrems
www.weinstadtmuseum.at
Musée municipal dédié au vin et à ses traditions installé dans l’ancien couvent des dominicains

Nature
Promenades au bord du Danube, nombreux sentiers de randonnées dans les vignes et sur les hauteurs. Ne manquez pas d’aller vous promener dans le superbe jardin d’agrément Kittenberger (www.kittenberger.at)qui met en scène de nombreuses thématiques (50 000m2) et où vous pourrez à la belle saison et si vous le souhaitez vo)us baigner dans un  des quatre bassins/piscines naturels. À proximité de Krems, sur la commune de Schiltern, le jardin et conservatoire de semences biologiques de l’Arche de Noë mérite une visite.
arche-noah.at

Cuisine et gourmandises
Cafe-Konditorei Reimitz
www.raimitz.at
Salon de thé à la décoration un peu kitsch (on aime le kitsch en Autriche et dans toute l’Europe centrale !) à proximité de la gare de Krems. Strudel aux pommes, au pavot, au fromage blanc et autres spécialités d’anthologie (chocolats à la liqueur d’abricot).

Göttweig
« J’empruntais le petit bac de Dürnstein, traversai le fleuve et me dirigeai vers le sud. Peu après midi, j’approchais d’une immense bâtisse blanche que j’avais repéré la veille depuis les ruines de Dürnstein. C’était l’abbaye bénédictine de Göttweig, monumental quadrilatère haut perché au dessus des collines et des forêts, nanti d’une coupole au quatre coins. Je me suis si longuement étendu sur les splendeurs de Melk que je n’ose pas trop parler de Göttweig : qu’il me suffise de dire que c’est une digne et resplendissante rivale de sa grande soeur, à l’autre bout de la Wachau. »
Patrick Leigh Fermor, Le temps des offrandes, Éditions Nevicata, Bruxelles, 2016, traduction de Guillaume Villeneuve

L’Abbaye de Göttweig, l’autre grande abbaye bénédictine de la Wachau, photo © Danube-culture, droits réservés

Fondée par l’évêque Altmann de Passau (1065-1091) en 1083, l’abbaye bénédictine baroque de Göttweig a été construite par un autre grand architecte Johann Lukas von Hildebrandt après l’incendie de 1718 mais elle demeura inachevée. L’abbaye, entourée de ses vignobles domine le fleuve et se tient à la sortie de la Wachau en face de la ville de Krems-Stein sur la rive droite du Danube. Elle porte le surnom de « Monte Cassino » autrichien. Moins séduisante et surtout moins fréquentée que celle de Melk, elle mérite néanmoins une visite pour la théâtralité de son architecture et de ses décors et le magnifique point de vue sur les paysages et les vignobles des environs.
www.stiftgoettweig.at

L’abbaye bénédictine de Göttweig depuis le Danube, photo Danube-culture, © droits réservés

Mautern (PK 2004), rive droite
La petite ville Mautern avec ses remparts est un haut-lieu de la présence romaine sur le Danube autrichien. Elle  se situe sur la rive droite du Danube à la sortie de la Wachau et aux pieds de l’abbaye de Göttweig. C’est autour de la forteresse et du camp romain édifiés au premier siècle pour défendre la frontière danubienne (limes) qu’elle commence à se développer. Occupés par des tributs germaniques qui passent le fleuve sans difficulté, elle est reprise par les armées de l’empereur Marc-Aurèle dont les légions sont originaires de toutes les parties de l’empire. Le nom de Mautern (douane, péage) est mentionné pour la première fois dans les « Annales de Fulda »1 en 899, puis dans le Code des douanes de Rafelstetten (903-906) et dans la Chanson des Nibelungen. la ville devient la propriété  des évêques de Passau dont les possessions s’étendent loin vers l’est et qui fortifient la cité au XIIIe siècle.  En 1277 le juge de Mautern obtient la « Juridiction du sang », juridiction du Saint-Empire Romain germanique impliquant des châtiments corporels voire la mort d’un coupable. Après avoir été autorisée à construire un pont en bois (à péage) en 1463, Mautern est occupée par les armées du Royaume de Hongrie en 1481. Ce pont sera détruit en 1805 par les troupes napoléoniennes en 1805, reconstruit, de nouveau démoli en 1809 et une nouvelle fois détruit en 1866 lors de la guerre austro-prussienne.
 www.mautern.at

Hébergement/restauration
Chambres d’hôte Ad Vineas Nikolaihof
www.advineas.at
Proche du Danube, une maison de vigneron où la cuisine est savoureuse, les chambres agréables. Piscine naturelle. Les vins sont biologiques et réputés. Superbes caves construites en partie avec des éléments de murs romains.

Chambres d’hôte Severinhof Schwaighofer
www.severinhof.at

La forteresse d’Aggstein sur la rive gauche domine la vallée de la Wachau, photo droits réservés

Aggstein (rive droite)
Avec celle de Hinterhaus (Spitz/Donau) et celle de Dürnstein la troisième grande forteresse de la Wachau
Impossible de manquer la visite des ruines de forteresse d’Aggstein, antique repaire de brigands-hobereaux, au moins pour en connaître l’histoire et jouir d’un point de vue magnique sur une partie de la vallée de la Wachau.

 

 

Notes :
1 Les Annales de Fulda, appelées aussi Annales Vedastines ( Annales Fuldenses), sont des chroniques médiévales rédigées notamment à Mayence. Couvrant une très longue période de la fin du Haut Moyen Âge (714-901), elles sont la principale source d’information concernant la Germanie, c’est-à-dire le Royaume franc oriental.

Croisières fluviales en Wachau et au -delà…

Le « Mariandl » en Wachau, photo Danube-culture, droits réservés

La croisière est une façon idéale d’aborder le fleuve et les paysages préservés de la Wachau. Plusieurs compagnies offrent un éventail de choix au départ et pour la Wachau et au delà sur des bateaux agréables et élégants. On peut parfois déjeuner et diner à bord à l’occasion de certaines croisières à thématiques particulières.

La Compagnie Brandner Schiffahrt qui organisait au départ de Krems ou de Melk de nombreuses croisières, a arrêté ses activités dans la Wachau depuis le début 2024.
www.brandner.at

La grande compagnie danubienne autrichienne D.D.S.G. (Compagnie de Navigation à Vapeur sur le Danube) propose aussi à la belle saison d’agréables croisières à destination de la Wachau depuis Vienne.
DDSG Blue Danube Schifffahrt GmbH, Schifffahrtszentrum, Handelskai 265, 1020 Vienne
www.ddsg-blue-danube.at

Il existe encore des bateaux de la compagnie allemande de Passau Wurm+Kock assurant certains jours en saison la liaison Passau-Wien et Wien – Passau. De Passau à Vienne le voyage dure toute la journée et il faut parfois changer de bateau en cours de route.
Donauschiffahrt Wurm+Köck
www.donauschiffahrt.de

Paysage de Wachau au coucher du soleil, photo © Danube-culture, droits réservés

Donau Touristik
www.donautouristik.com

« Les artistes sont des éclaireurs, et ce sont les peintres qui nous ont montré le chemin vers les contrées romantiques de la Wachau. L’éloge de la vallée du Danube entre Melk et Krems résonne encore un peu scolairement à nos oreilles depuis les cours de géographie : que le Danube supporte ici très bien la comparaison avec le Rhin, qu’il le surpasse encore en beauté de paysages, qu’il a aussi, comme son grand rival à l’extérieur de l’Empire, ses forteresses et ses châteaux, ainsi que la magnifique abbaye de Melk, qui regarde le pays fièrement et avec envie de le posséder, mais surtout Dürnstein couronné de lierre, ce petit trésor du romantisme, et que malgré tout et malgré tout, « Vater » Rhin reste toujours celui dont on parle le plus, celui dont on fait le plus l’éloge, celui qui a pris une fois pour toutes le pas sur sa sœur danubienne. Mais que celle-ci se console : si le Rhin a ses poètes, le Danube lui a ses peintres, comme il sied à une belle femme. Les peintres sont partis chercher inlassablement leurs motifs dans la vallée du Danube pendant des années et ont rendu hommage à sa beauté orgueilleuse à leur manière, avec leurs pinceaux et leurs crayons.

Hugo Henneberg (1863-1918), Dürnstein

Et c’est aussi la meilleure chose à faire. Car ce printemps de la Wachau, plus riche et plus printanier que tout autre, ne peut jamais être entièrement capturé par des images et des mots. Tout ce que l’on peut en dire ne sont en fait que des slogans, tout ce que l’on peut donner ne sont que des esquisses et des fragments. Il faut voir et sentir l’ensemble. Les prés ont déjà revêtu leur robe de printemps vert clair, parfumée et transparente, les vignobles sur les coteaux montrent encore la terre nue et brune, qui joue parfois merveilleusement sur le rouge et le violet, et sur ce fond se dresse ici et là un bouquet rouge rosé. Ce sont les petits pêchers qui ornent souvent les vignobles jusqu’en haut, là où la forêt remplace la vigne. Les villages sont entièrement plongés dans la floraison, Spitz en particulier, riche en fruits, se délecte de ses arbres en fleurs, et les pêchers avec leur délicate parure sont à cette époque une partie importante de la conversation quotidienne, qu’ils soient les plus beaux aujourd’hui ou qu’ils le soient demain ou après-demain, et il est de bon goût de sortir au moins une fois de Spitz pour se rendre à « Gut am Steg », où une forêt couleur de rose nous attend.

Hugo Charlemont (1850-1939), cour en Wachau, huile sur toile

Mais sur les rives, ici et là, de longues rangées de noyers et leurs jeunes pousses forment un cadre doré et bronzé autour d l’image claire. Au-dessus, le ciel italien le plus bleu s’étend. Mais le village Dürnstein ne se contente pas de tant de couleurs, il sait aussi ajouter ses tons particuliers : les touffes jaunes de la « Steinbusch », qui prolifèrent partout sur les rochers brun-gris et les murs de pierres érodés. Comme les sons d’une fanfare dans une symphonie de joie, leur merveilleuse luminosité salue le printemps. Des slogans, disais-je, rien de plus, mais pour qui s’est promené une fois à travers ce printemps, il devient tout naturellement un poème fleuri… »
Hermine Cloeter (1879-1970), Donauromantik. Tagebuchblätter und Skizzen aus der goldenen Wachau. Zweite Auflage. Schroll, Wien 1923
Hermine Cloeter est une écrivaine et une historienne de l’art autrichienne.

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour octobre 2025 © droits réservés

Säusenstein (Basse-Autriche) et sa légende

   Säusenstein, aquarelle de Rudolf von Alt (1812-1905)
   Sur les bords même du Danube, subsiste encore une tour d’angle des anciens murs du monastère, le « Prälatenstöckl », qui abrite une maison paroissiale. À quelques mètres du « Prälatenstöckl », le lit du fleuve est parsemé d’énormes rochers. Ces rochers surnommés « boules du monastère » (Klosterkugeln) ou « boules du diable » (Teufelskugeln) sont au cœur d’une des nombreuses légendes du Danube.

Säusenstein, gravure extraite de la „Topographia Provinciarum Austriacarum“ de Matthäus Merian l’Ancien (? 1593-1650), 1649, coloriée vers 1690-1700 par Ana Beek (1657-1717) 

   Cette légende raconte que le diable était tellement en colère contre les pieux habitants de Säusenstein qu’il se mit en tête de détruire le village. Une nuit, alors qu’il projetait de jeter d’énormes blocs de roche sur le monastère, la petite cloche de la mort se mit à sonner. Le diable, dont le pouvoir était ainsi annihilé par celle-ci, laissa tomber les rochers qu’il avait saisi dans le lit du fleuve et s’enfuit en hurlant qu’il ne reviendrait plus jamais. Selon une interprétation populaire, ces énormes rochers auraient peut-être donné plus tard au village le nom de « am sausenden Stein » (près du rocher qui s’est écrasé).

  Ancien couvent cistercien de Säusenstein, estampe de l’artiste d’origine alsacienne François-Xavier Sandmann (1805-1856) d’après Jakob Alt (1789-1872), gravée par Johannes Rauch à Vienne en 1850
Wenn man Schätze graben will und heben,
muss man sie tief suchen gehen,
denn das Oberflächliche,
das gibt nicht viel.

Alle Schätze der Erde liegen tief,
und der Mensch muss sich immer mühen
sie zum Tageslicht zu bringen.

Und so ist es auch mit dem
tiefen Grund der Seele.

Luise Wittmann, KG 20.10.1980

Si l’on veut creuser et extraire des trésors,
il faut aller les chercher en profondeur,
car ce qui est superficiel,
ne donne pas grand-chose.

Tous les trésors de la terre se trouvent en profondeur,
et l’homme doit toujours s’efforcer
de les mettre au jour.

Il en va de même pour le fond
Le fond profond de l’âme.

Luise Wittmann à l’âge de 85 ans, photo sources www.luisewittmann.at 

Luise Wittmann (1902-2005)
Luise Wittman, artiste peintre et galeriste et écrivaine mystique chrétienne, a eu une existence mouvementée, pleine de privations et marquée par de nombreuses expériences surnaturelles. Elle a traversé deux guerres mondiales, a accompagné de nombreuses personnes sur leur chemin spirituel, fondé une communauté initiée par le surnaturel et acquis en 1979 avec son fils Karl, à l’âge de 77 ans, l’ancienne abbaye cistercienne de Säusenstein qui était dans un état déplorable. Elle y a organisé de nombreux expositions et évènement artistiques Son oeuvre de peintre représente plus d’une centaine de tableaux. Luise Wittmann a été également le mentor spirituel et artistique d’autres artistes comme Ricca Bach, Günter Orban, Peter et Christl Thomas…
www.stiftsaeusenstein.at
www.luisewittmann.at

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour octobre 2025

Vue des bâtiments de la fondation depuis le parc, photo : von Freund StiftSäusensteins, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20532020

Le château de Schönbühel (Wachau)

   Le château avec sa tour caractéristique tels qu’on les aperçoit aujourd’hui, date du début du XIXe siècle. Au sommet de deux rochers d’une quarantaine de mètres de haut qui plongent directement dans le lit du Danube et qui sont appelés familièrement « La vache et le veau », ce monument historique, remanié à plusieurs reprises est une propriété privée.
Comme dans de nombreux endroits stratégiques de la vallée du Danube, il est vraisemblable que les Romains avaient déjà bâti à cet endroit une forteresse ou une tour de guet afin de surveiller le fleuve, le Danube faisant alors à la fois office de frontière (Limes) et d’artère commerciale. Un premier château-fort médiéval est construit à la fin du XIe-début du XIIe siècle par les frères, Marchwardus et Friedrich von Schoenbuchele, vassaux de l’évêché de Passau, sur l’emplacement des ruines de la tour romaine
. Une école et une église dans laquelle les messes et les cérémonies auront lieu jusqu’en 1667, seront construites ultérieurement.

Le château de Schönbühel, gravure de Georg Matthäus Vischer (1628-1696) extraite de son recueil « Topographia Archiducatus Austriae Inferioris Modernae », 1672

   À la mort de leur descendant, Ulrich von Schoenbuchele (début du XIVe siècle), la dynastie s’éteint. Le château devient alors la propriété de Konrad (IV) von Eisenbeutel dit l’ancien puis en 1323 de l’évêché de Passau1 qui l’administre mais est contraint de le vendre en 1396 à Gundakar von Starhemberg, dernier seigneur féodal de Gallneukirchen, vraisemblablement pour des raisons financières. Gundakar von Starhemberg et son frère Kaspar vont soutenir le mouvement de la Réforme au XVIe et feront de Schönbühel un centre du protestantisme. Après s’être converti au catholicisme en 1639, Konrad Balthasar von Starhemberg (1612 -1687) fait édifier à proximité du château, entre 1666 et 1674, le monastère de l’ordre des Servites sur des ruines surnommées par les habitants du voisinage « le château du diable ». Son fils, le comte Ernst Rüdiger von Starhemberg (1638-1701), gouverneur militaire de Vienne, a marqué l’histoire de l’Autriche par son courage exceptionnel et sa défense héroïque de la capitale autrichienne assiégée pour la deuxième fois de son histoire par les armées ottomanes de Kara Mustafa en 1683.

Le comte Ernst Rüdiger von Starhemberg (1638-1701)

Pendant plus de quatre siècles, la seigneurie de Schönbühel demeurera la propriété de la famille Starhemberg. Cette famille possédait également dans la Wachau la forteresse d’Aggstein ainsi que les droits de péage pour la navigation sur le fleuve dont abusèrent sans scrupule certains occupants précédents des lieux comme Hadmar III von Kuenring ou encore Jörg Scheck vom Wald.

Le château et le couvent de  Schönbühel, peinture de Jakob-Placidus Altmutter (1780-1820), vers 1817

Franz Graf von Beroldingen (1791-1864), membre d’une vieille famille de la noblesse d’origine suisse, acquiert le château de Schönbühel en 1819 et le fait reconstruire sur les anciennes fondations de la forteresse initiale (1819/1821) dont quelques vestiges sont encore visibles dans le clocher de la chapelle du château.

Le château et le couvent de Schönbühel, gravure coloriée d’Adolphe Kunike d’après un dessin de Jakob Alt, 1826

Schönbühel est ensuite revendu en 1929 au comte Oswald Seilern und Aspang (1900–1967) dont la famille est expulsée par les armées soviétiques lors de l’occupation de l’Autriche  à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le château est ensuite restitué aux Seilern-Aspang qui en sont toujours propriétaires.

William Henry Bartlett (1809-1854) vue sur le château de Weitenegg et le Danube depuis le château de Schönbühel, gravure sur acier 1840

communauté juive vécut du Moyen-Âge jusqu’en 1671 dans le petit village au pied du château et dont le nom est mentionné dans un document officiel de l’année 1538. La synagogue se trouvait sur le site de la maison actuellement n° 147. Le cimetière juif du Kettental, au nord-est du village, n’a pu être localisé avec précision. Entre juin 1944 et avril 1945, des membres de la communauté juive hongrois ont été réquisitionnés par l’administration du domaine de Schönbühel et travaillaient à diverses taches (gestion et forêts).

Notes :
1Selon certaines sources la seigneurie et son château deviennent la possession de l’abbaye voisine de Melk.

Danube-culture, © droits réservés, mis à jour septembre 2025

Photo © Danube-culture, droits réservés

Sources : 
www.schoenbuehel.at
www.gedaechtnisdeslandes.at
www.museumnoe.at
Barbara Staudinger, « Gantze Dörffer voll Juden », Juden in Niederösterreich 1496-1670, Mandelbaum Verlag, Wien 2005

Portail d’entrée du parc du château, photo © Danube-culture, droits réservés

La forteresse d’Aggstein

Construite, dans sa partie la plus ancienne, à la fin du XIe et au début du XIIe siècle par Manegold III von Acchispach, elle tombe ensuite dans les mains de la dynastie des Kuenring von Aggsbach-Gansbach jusqu’à leur extinction au XIVe siècle.
Une légende raconte qu’Hadmar III von Kuenring contrôlait et entravait selon son bon vouloir la navigation sur le fleuve à l’aide d’une solide chaîne de fer qu’il faisait tendre en travers du fleuve à l’arrivée des bateaux. Exaspéré par ses pratiques, le duc Friedrich II von Babenberg, duc d’Autriche (1211-1246) décida de s’emparer sans succès de la forteresse. C’est par la ruse qu’il réussit à mettre fin aux exactions d’Hadmar III von Kuenring. Un marchand de Vienne avec un bateau lourdement chargé de marchandises qui cachaient une troupe des soldats puissamment armés dans ses cales, fut arrêté par la chaine dressée en travers du fleuve. Le maître des lieux monta sur l’embarcation et les soldats s’en emparèrent. Ils rentrèrent à Wiener Neustadt avec leur précieux prisonnier. La vengeance du duc Friedrich II von Babenberg fut toutefois clémente puisque Hadmar III von Kuenring recouvra la liberté en échange de la restitution des biens dont il s’était emparé. Repentant, il serait mort en pèlerinage quelques années plus tard non loin de Passau.

Une des chaines qui servaient autrefois à entraver la navigation sur le Danube (collection du Musée de l’armée de Vienne), photo © Danube-culture, droits réservés

En 1429, la forteresse devient la propriété du conseiller ducal Jörg Scheck vom Wald (littéralement « La terreur de la forêt ») qui l’avait reçu des mains du duc Albrecht V de Habsbourg dit « le Sage » (1298-1358), ultérieurement duc d’Autriche sous le nom d’ Albrecht II. Délabrée, la forteresse est reconstruite à la demande de celui-ci. Une période sombre pour la forteresse car son propriétaire, surnommé « le mangeur de fer » (« der Einsenfresser ») ou le vengeur sanguinaire » (« der Blutracher ») s’illustre par son comportement particulièrement sanguinaire et malhonnête. Chargé, à partir de 1438, de contrôler la navigation des bateaux sur le Danube d’amont en aval et d’entretenir le chemin de halage pour les embarcations montantes, il ne peut s’empêcher d’abuser de ses fonctions et se met à rançonner tous ceux qui naviguent sur le fleuve et passent devant son château-fort. Georg von Stain (?-1497) s’empare la forteresse d’assaut en 1463. Aussi peu scrupuleux que son prédécesseur, il en est expulsé par Ulrich Freiherr von Graveneck en 1476. Le duc Leopold III de Habsbourg (1351-1386) reprend lui-même Aggstein l’année suivante et y installe des locataires afin que les pillages et les pratiques de rançons cessent enfin.

Les ruines de la forteresse d’Aggsbach depuis le Danube (1820-1826), gravure coloriée imprimée par Adolph Friedrich Kunike (1777-1838), collection privée

Aggstein va subir encore les assauts des troupes ottomanes au XVIe siècle qui l’incendient (1529). À nouveau rénovée en 1606 par Anna von Polheim-Parz, veuve du dernier locataire, elle est laissée ensuite à l’abandon jusqu’au XIXe siècle.

Ses ruines alimentent alors de nombreuses légendes. Elle devient ensuite un lieu de promenade et commencera a être restaurée à partir de 1930 par son nouveau propriétaire, la famille Seilern-Aspang.

Burgruine_Aggstein_Wachau

La forteresse médiéval d’Aggstein dominant le Danube, photo Danube-culture, droits réservés

La forteresse avec sa salle des chevaliers sa chapelle, sa taverne, ses tours et ses vastes murailles est accessible par une petite route escarpée depuis le hameau d’Aggstein en contrebas. Elle se visite et fait aujourd’hui l’objet de nombreuses manifestations culturelles et historiques. La vue sur la vallée du Danube en Wachau depuis la forteresse est exceptionnelle.
www.ruineaggstein.at
info@ruineaggstein.at
www.aggstein.at

La légende du  jardinet des roses d’Aggstein

« Château en ruines, perché au sommet d’un rocher conique qui domine Aggsbach. Ce château, une des plus belles ruines féodales du Danube, était au XIIIe siècle, la terreur des voyageurs et des bateliers. Il avait alors pour propriétaire un seigneur-voleur nommé Schreckenwald, qui précipitait ses prisonniers par une trappe de fer dans un gouffre qu’il appelait Rosengartlein, son « petit jardin de roses ». Ce bandit périt sur l’échafaud. Mais il eut pour héritier, ou plutôt pour successeur Hadmar de Khuenringer, qui possédait aussi Dürrenstein [la forteresse de Dürnstein] avec dix autres châteaux-forts et qui fit regretter Schreckenwald. Son frère Leutold le secondait si bien dans tous ses crimes et ils inspiraient une telle terreur, qu’on les avait surnommés les limiers. »

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour septembre 2025

 La chapelle de l’eau de Tulln sur le Danube (Basse-Autriche)

Cette petite chapelle, de style baroque tardif, ouverte sur la rive du Danube par un arc en plein cintre, dotée d’une façade structurée par des pilastres et accolée aux remparts de la ville à l’arrière d’une maison de la rue de l’eau (Wasserstrasse), est dédiée à saint-Jean Népomucène (vers 1340-1393), protecteur des ponts et un des patrons des bateliers (il est aussi un des saints patrons des Pays de Bohême) dont la légende ou l’histoire raconte qu’il connut un destin tragique en étant précipité depuis le pont Charles de Prague dans la Vltava par ordre du roi Venceslas IV.

Crucifix de la chapelle de l’eau saint-Jean Népomucène de Tulln, photo Danube-culture © droits réservés

Ce monument possédait initialement un clocher. Son crucifix (Wasserkreuz), flanqué de statues de la Vierge Marie et de saint-Jean Népomucène, sculptées en bois et posées sur des piédestaux, s’est échoué à la hauteur de Tulln lors d’une crue du Danube en 1729. Placé tout d’abord près de la porte qui donnait sur le fleuve (Wassertor, aujourd’hui disparue) ce qui lui permit d’être vénéré par les bateliers et les pêcheurs, il fut ensuite installée dans la chapelle construite un an plus tard afin de le protéger des intempéries.

Plafond de la chapelle d’eau de Tulln, sources photo Wikipediahttps://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23002760

Les statues en grès de saint-Jean Népomucène et de saint-Charles Borromée qui ornaient à l’origine l’édifice, classé monument historique, ont été réinstallées devant l’église paroissiale saint-Étienne de Tulln (XI-XVIIIe).

 L’église paroissiale saint-Étienne de Tulln, gravure d’Adolf Kunike, 1826

Cette chapelle accueille chaque année lors de la procession de la Fête-Dieu, un autel extérieur et est également le théâtre des cérémonies commémoratives de la Toussaint en hommage aux personnes qui se sont noyées dans le Danube.
Rappelons qu’une statue en pierre peinte de saint-Jean Népomucène, datant du XVIIIe siècle, se tient au sommet du rocher de Jochenstein sur le Haut-Danube autrichien (PK 2202, 72).

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour juillet 2025

Maria Taferl

Photo © Danube-culture, droits réservés

Un emplacement idéal !
Le sommet de la colline avait été déjà choisi, comme si souvent au long des rives danubiennes, par des tributs celtes pour en faire un lieu de culte. On trouve d’ailleurs encore devant la basilique une pierre posée sur un socle et entourée d’une rampe qui pourrait avoir vraisemblablement servi comme autel pour des sacrifices.

L’autel de sacrifice celte, photo Danube-culture © droits réservés

Le culte et les superstitions du paganisme celtique sur les hauteurs de Marbach ont perduré suffisamment longtemps pour que les populations aient considéré ces lieux comme inhospitaliers. Pour effacer ces souvenirs païens, on aurait par la suite suspendu une petite croix de bois dans le chêne situé devant le dolmen. Cette croix était fixée à un tableau protégé par un petit auvent sur les côtés desquels étaient accrochées les images de la Vierge Marie et de saint-Jean. C’est depuis cette époque que cet endroit s’appelle « Beim Taferl », en français « Près du petit tableau » d’où provient le nom de Maria Taferl.

Maria Taferl, photo © Bwag/Commons

Les origines du pèlerinage de Maria Taferl remonte au XVIIe siècle. Une légende raconte que le 14 janvier 1633, un berger du nom de Thomas Pachmann, décide d’abattre le vieux chêne, presque déjà mort. Mais sa hache glisse et retombe sur ses deux jambes. C’est à ce moment là qu’il aperçoit la croix sur l’arbre. Pensant avoir involontairement commis un sacrilège, il s’agenouille et demande pardon à Dieu. Selon le berger, le sang qui coulait de ses blessures aux jambes, s’arrêta aussitôt. Il pût retourner seul chez lui et guérir rapidement. En 1641 ou 1642, un juge du village de Kleinkrummnußbaum atteint d’une grave dépression, fit remplacer la petite croix en bois qui s’abimait par une statuette de la Vierge des Douleurs. Il en fût guéri. La première apparition miraculeuse d’une lumière à cet endroit eut lieu un peu plus tard, en 1658. Elle fut suivie de nombreuses autres apparitions, sur la terre ou dans le ciel, une trentaine en tout, entre 1659 et 1661. De mystérieux pèlerins vêtus de blanc, seuls en petit groupe ou au sein d’une procession surgissaient lors de ces miracles. Au même moment où se produisaient ces apparitions, se réalisaient des guérisons et des épisodes miraculeux. Les évêques de Passau et de Ratisbonne menèrent à la fin de 1659 une enquête minutieuse qui confirma, après l’audition de nombreux témoignages, la véracité des faits. Il fut alors décidé, dès 1660, qu’une église serait bâtie à cet endroit.

Jacob Prandtauer (1660-1726), maître maçon et architecte tyrolien, collection de l’Abbaye bénédictine de Melk 

La première pierre de la basilique est solennellement posée par un représentant des autorités ecclésiastiques de Passau le 25 avril 1660. Le terrain en relief oblige toutefois à abandonner la direction habituelle est-ouest et à lui préférer une orientation nord-sud. Le maître-autel est de cette façon orienté au nord, le portail principal au sud et la façade avec ses deux tours fait face au Danube. Le vieux chêne et sa Vierge miraculeuse sont volontairement inclus dans l’édifice. La construction de la basilique dure plus de soixante ans. Trois architectes se succèdent ; le viennois Georg Gerstenbrand, architecte de la cour impériale, le lombard Carlo Lurago (1615-1684), de 1671 à 1673, et enfin le plus connu d’entre eux, le tyrolien et maître maçon Jakob Prandtauer (1660-1726), à qui l’on doit également en grande partie les merveilleuses abbayes de Melk, Dürnstein et saint-Florian et qui acheva l’impressionnante coupole de Maria Taferl.

Martin Johann Schmidt (1718-1801) dit « Le Schmidt de Krems », éminent représentant de l’École dite « du Danube »,  sources Rudolf Lehr , Landeschronik Oberösterreich, Verlag Christian Brandstätter, Wien

La construction de Maria Taferl mobilise de nombreux artistes parmi les plus réputés. Aux trois architectes se joignent les italiens Carlo Consellino auteur des stucs de la sacristie, Antonio Beduzzi (1675-1735) pour les fresques, connu également comme l’auteur du magnifique maître-autel de l’abbaye de Melk, Joseph Matthias Götz (1696-1760) pour le maître-autel, achevé en 1738, Peter Widering (vers 1684-1760) pour les sculptures de la chaire. J. A. Amorth réalise la Sainte-Trinité sur le pilier du transept, J. G. Dorfmeister (1736-1786), les sculptures des grands autels latéraux, le peintre viennois Johann Georg Schmidt (1685-1748), les petits autels latéraux. Le peintre autrichien Martin Johann Schmidt dit « Kremser Schmidt ou « Le Schmidt de Krems » (1718-1801) réalise les tableaux des grands autels latéraux. L’ébéniste Mattäus Tempe de Sankt-Pölten collabore également à la décoration.

La fresque de la coupole représentant la vie et l’ascension de la Vierge Marie peinte par Antonio Beduzzi, photo Abubiju

L’édifice, consacré comme basilique mineure en 1947, est en forme de croix et mesure, si l’on inclue la sacristie attenante, une longueur totale de 70 m. Ses dimensions intérieurs sont de 53 m de long. La nef centrale atteint 13 m de large et le transept 31, 30 m sur 13.

Le maître-autel (détail), réalisé par Joseph Matthias Götz, photo © Danube-culture, droits réservés

Maria Taferl a fait l’objet de nombreuses restaurations soignées. La place devant la basilique fut aménagée en 1960.
Les extraordinaires orgues de l’époque Rococo, réalisées par le facteur viennois Johann Hencke (1698-1766) n’ont malheureusement pas été conservées à l’exception du buffet. Elles ont été transformées en 1910 par Franz Capek, facteur d’orgues de Krems, en un orgue romantique tardif avec 40 registres et 3 manuels. Aujourd’hui les orgues sont équipées de 47 registres, 4 manuels et comptent en tout 2915 tuyaux.

Les orgues de Maria Taferl, photo © Danube-culture, droits réservés

Les nouvelles cloches, d’un poids total de 7 200 kilos qui sonnent le Te Deum (si, ré, mi, sol, la), contribuent également à la grande réputation de ce lieu de pèlerinage.
On ne manquera pas de visiter l’extraordinaire chambre du trésor et si l’on visite les lieux par temps clair, de jouir de la splendide vue sur le Danube et les massifs alpins autrichiens.
Une légende populaire raconte que l’eau de la source de Maria Taferl guérit miraculeusement les maladies des yeux.

Photo © Danube-culture, droits réservés

Eric Baude, mis à jour mai 2025, droits réservés

Sources :
WEICHSELBAUM, Josef, Maria Taferl, Verlag Schnell und Steiner GMBH CO., 3ème édition française, Munich et Zurich, 1987
www.basilika.at
www.nibelungengau.at

Dans les environs de Maria Taferl se trouve le château d’Artstetten. Une exposition permanente est consacrée à la vie et au destin tragique de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914), assassiné à Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine le 28 juin 1914 et grand chasseur devant l’éternel.
www.schloss-artstetten.at 

La basilique mineure de Maria-Taferl depuis la rive droite, photo © danube-culture, droits réservés

Hainburg

La naissance et le nom de Hainburg sont liés à la forteresse du « Heimenburg », construite vers l’an 1000 sur l’éperon rocheux voisin surnommé « Am Stein » (sur le rocher) de Deutsch-Altenburg, ouvrage érigé probablement par un certain chevalier du nom de Heimo (?). Cette forteresse est mentionnée pour la première fois en 1042 dans un document écrit officiel à l’occasion de sa destruction pendant les guerres hongroises de l’empereur Henri III (1017-1056). Elle est ensuite rebâtie au XIe siècle (1050-1070 ?) sur la colline du « Schlossberg » (colline du château) d’où il était plus aisé de contrôler les gués voisins de Thèbes et de Pressburg (Bratislava).

Les vestiges de l’ancien château-fort (Schlossberg) et la vue panoramique sur le Danube et le Braunsberg,  photo sources Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne

La forteresse et les lieux en viennent à faire office de porte vers l’Est historique, jouant à la fois le rôle de place forte frontalière et de plaque tournante entre l’Europe occidentale et orientale, acquérant leur réputation comme  « Introiutus Ungariae » (1189) ou « Porta hungarica ». Des partisans des comtes Vohburg s’imposent par la suite en tant que souverains de la région vers la fin du XIe siècle. Grâce à leur ralliement aux puissants margraves et ducs de Babenberg sous Léopold V (1177-1194), Hainburg accède au rang de principauté. Le « Heimenburg » est le coeur d’un vaste château et d’une paroisse qui s’étend jusqu’à la Leitha (lajta en hongrois, affluent de la rive droite de 180 km qui se jette dans le Danube près de la ville hongroise de Mosonmagyaróvár). Au pied de la colline de la forteresse, on érige sur la terrasse haute une cité fortifiée dont le centre initial était l’église sainte-Marie. Le point de cristallisation du développement de la ville était la cour de l’église (« Kirchhof ») qui servait à la fois de de marché, de tribunal, de lieu de réunion et de cimetière. Les activités les plus importantes sont  alors liées à la culture de la vigne qui, associée au commerce transrégional à longue distance, entraine un  développement économique rapide de Hainburg ainsi qu’au déplacement de son centre d’activé vers la terrasse basse plus proche du Danube.
La ville s’agrandie de manière cohérente à partir du XIIIe siècle avec l’aménagement d’une place de marché rectangulaire et la construction de l’église saint-Jacques (1236/41) qui correspond aujourd’hui  à la place centrale dominée par l’église paroissiale, d’un nouvel axe principal et d’un réseau de rues en forme de grille.
L’ancien centre sur la haute terrasse, est également  reconstruit à cette époque. La construction des fortifications de la ville, mené en grande partie dans la première moitié du XIIIe siècle, avec ses tours et ses portes, est l’ouvrage le plus complet et le plus monumental conservé de cette époque dans toute l’Europe centrale. Les remparts qui s’élèvent jusqu’à 10 m de haut et ont plus de 2 m d’épaisseur, sont entrecoupés de 15 tours. Ces fortifications auraient été financées par la rançon versée par Richard-Cœur-de Lion emprisonné dans la forteresse de Dürnstein en Wachau en 1194. Inspirées par d’autres constructions du même type en Europe occidentale et de celles des Croisés, elles entourent la ville depuis la colline du château jusqu’au Danube en incluant la forteresse et en contrôlant les rives du fleuve.

Vue de la Porte de Vienne depuis le sud-est, photo sources Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne

L’impressionnante porte de Vienne, construite vers 1230/40, deviendra au fil du temps l’emblème de la cité. Cette porte très représentative avec un revêtement en bossage, est considérée comme la plus  monumentale de toutes les portes fortifiées autrichiennes du XIIIe siècle. Avec l’érection de la porte de Vienne et de la porte de Hongrie, construite à la même époque de l’autre côté des remparts, la phase principale de l’ouvrage de fortifications est achevée.

Vue de la Porte de Hongrie, photo sources Franz Lobinger, Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne

La tour gothique de l’ancienne synagogue, photo sources Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne 

Le développement de Hainburg atteint son apogée sous le règne du roi Ottokar II Přemysl de Bohême (vers 1230-1278) dont la politique hongroise confère à Hainburg une importance stratégique et en fait le théâtre de grands événements politiques comme lors des négociations avec les rois hongrois.

Ottokar II Přemysl de Bohême (vers 1230-1278), Vienne

Ottokar II tient sa cour à Hainburg plus souvent qu’aucun autre prince ne le fera avant ou après lui. En 1252, il épouse dans la chapelle du château la duchesse Marguerite d’Autriche (1204-1266), sœur du dernier duc de Babenberg et ancienne épouse de Henri de Hohenstaufen (Henri II de Souabe, 1211-1242). Sous son règne commence l’extension du château, l’achèvement de l’église saint-Martin ainsi que, vers 1270, le renforcement des portes, en particulier de la porte de Vienne dont on trouve la mention écrite en 1272 sous le nom de « Porta winense ». Cette porte est surélevée de deux étages défensifs, le chemin de ronde de la porte étant également surélevé par une construction en ogive techniquement audacieuse. Cette porte abrite aujourd’hui le musée de la ville.
Le couvent des Frères mineurs est édifié près de la porte de Vienne, dans l’angle nord-ouest des remparts de la ville. Hainburg,  fidèle à Ottokar II Přemysl de Bohême restera l’un de ses rares points d’appui sûrs à la fin de son règne. Après la victoire de Rodolphe Ier de Habsbourg (1218-1291) sur Ottokar II en 1278 à la bataille de Dürnkrut dans la plaine du Marchfeld sur la rive gauche du Danube, bataille à l’occasion de laquelle Ottokar est tué d’un coup de poignard, la ville entre en possession des Habsbourg.
Au début du XIVe siècle, les bourgeois de Hainburg, s’appuyant sur deux privilèges accordés par le duc Frédéric le Bel (1289-1330) entre 1308 et 1314, réussissent à s’émanciper de la seigneurie du château et à former une commune indépendante. Des juges et des jurés municipaux sont mentionnés pour la première fois en 1308 et cinq ans plus tard, des conseillers municipaux. Le sceau de la ville est également attesté pour la première fois à cette époque (première empreinte de sceau en 1308). L’ascension de la bourgeoisie de Hainburg se concrétise par la densité et la qualité des constructions urbaines dans le secteur de la place du marché (Hauptplatz/place centrale) et de la rue principale ainsi que sur la rive du Danube à l’extérieur des remparts (Stetten) où les pêcheurs de Hainburg, particulièrement privilégiés, ont pu s’établir. L’existence de la communauté juive est mentionnée dès 1320. Sa synagogue, en grande partie conservée, appartient aux rares exemples architecturaux de synagogue de la fin du Moyen Âge. la population juive a également joué un rôle important dans la prospérité de la bourgeoisie locale, prospérité qui se maintiendra jusqu’au début du XVe siècle.
La capacité financière de la ville s’affaiblie au XVe siècle en raison de multiples facteurs comme la pratique des Habsbourg en matière de mise en gage, l’expulsion de la communauté juive en 1420, les guerres de Hongrie et les conquêtes par le roi hongrois Matthias Corvin en 1482 et la baisse du commerce sur le Danube suite à l’expansion de l’Empire ottoman. Les dévastations de l’arrière-pays par les troupes ottomanes et les armées impériales dans les années 1540 et le contournement de la ville par une route commerciale plus méridionale entrainent un déclin économique qui se confirme au XVIe siècle. 10 à 15 % de la zone urbaine sont alors désertés.
Les contraintes liées au stationnement des troupes impériales pendant des années lors de la guerre de Trente Ans, l’incendie de la ville en 1634, des épidémies de peste, de mauvaises récoltes entrainant une famine, incitent de nombreux habitants à quitter Hainburg. La cité est alors considérée au XVIIe siècle comme pauvre, désolée, ruinée et morne. Les conquêtes ottomanes de 1683, qui déciment les populations locales et menacent Vienne sont le point final de cette évolution. 90 % des habitants furent tués ou emmenés comme esclaves.

La colonne de la peste de Hainburg sur la place principale, photo droits réservés

Le déclin de la ville se reflète aussi bien dans l’état du château que dans celui de l’église paroissiale saint-Martin, autrefois monumentale. Le château, déjà délabré en 1501, est rénové et agrandi par les différents propriétaires de gages mais il finit par tomber en ruine après les destructions de la guerre de Trente Ans et des campagnes ottomanes de 1683.
L’église saint-Martin s’effondre vers le milieu du XVIIe siècle et c’est saint-Philippe et saint-Jacques, sur la place principale, qui devient l’église paroissiale. Le siège de la seigneurie sera déplacé au pied de la colline du château (« Neues Schloss », 1757-1767).

Le clocher de l’église saint-Philippe et saint-Jacques, photo © Danube-culture, droits réservés

L’unique réalisation architecturale du XVIIe siècle qui débute en 1677 est le couvent des Franciscains. Grâce à la construction d’une manufacture de draps (1702), ces Franciscains joueront un rôle majeur dans la première industrialisation de la ville. Mais c’est la manufacture de tabac fondée en 1723 par le conseiller de la chambre impériale Boussart qui devient le moteur et le symbole de l’essor économique. Elle est édifiée dans l’ancien couvent des frères mineurs, devenu un arsenal impérial après leur expulsion en 1525 et sera étatisée en 1784 par l’empereur Joseph II dans le cadre de la monopolisation du tabac.

Hainburg et ses remparts en 1870

La manufacture en expansion rapide (jusqu’en 1938 elle porte le nom d’ « Österreichische Tabakregie », après 1945 d’ « Austria Tabak AG ») est installée dans plusieurs bâtiments, dont certains marquent encore aujourd’hui la physionomie de la ville, comme le magasin de feuilles construit dans des formes classiques entre 1821 et 1840 dans le couvent franciscain désaffecté (supprimé en 1787) et le bâtiment dit « Donaugebäude » (aujourd’hui « Kulturfabrik »), construit en 1846/47 pour la production de cigarettes.
Le développement industriel ainsi que la fonction de garnison de Hainburg depuis 1810 entraîne, à partir du milieu du XIXe siècle, l’urbanisation des zones situées à l’est, au sud-est et au sud-ouest de la ville, où des maisons individuelles et mitoyennes ainsi que des ensembles d’immeubles sont édifiés.

Hainburg vers 1883, gravure de Hans Ludwig Fischer

La construction de la ligne de chemin de fer depuis Vienne en direction de Bratislava en 1914, permet de régénérer les anciennes relations économiques et culturelles avec la grande ville slovaque mais elles ne fonctionneront cependant plus que de manière limitée dès la fin de la Première Guerre mondiale en raison de la nouvelle frontière avec la République tchécoslovaque et elles seront même totalement rompues après 1948 par le « rideau de fer ».

Hainburg, sa manufacture de tabac (ancien couvent des Frères mineurs) et en arrière-plan le Schlossberg , J. Kranzle Wien 1916

Pendant des décennies, Hainburg a mené une existence de ville frontalière impasse, marquée par l’isolement et un déclin économique. L’inauguration du nouveau pont sur le Danube en 1973, qui permet d’accéder au sud de la plaine du Marchfeld,  apporte un modeste renouveau mais ce ne sera qu’avec l’ouverture des frontières de l’est en 1989, que Hainburg reviendra au centre de l’Europe.
En décembre 1984, Hainburg se retrouva au centre de l’attention politique et médiatique de toute l’Autriche. Une mobilisation et une occupation citoyenne pacifique de la zone alluviale de « Stopfenreuth » permit de contester un projet de centrale hydroélectrique sur le Danube menaçant la biodiversité et l’écosystème fluvial et alluvial. La création du Parc National  des Prairies Alluviales Danubiennes « National Park Donau-Auen » en 1996 est une des conséquences de cette mobilisation écologique qui trouva un écho bien au-delà des frontières de l’Autriche et qui résonne encore dans le coeur des protecteurs de l’environnement.

Le projet de barrage et de centrale hydroélectrique de Hainburg : un environnement bouleversé, symbole de l’intervention humaine désastreuse sur un éco-système 

Le symbole architectural des nouvelles opportunités touristiques et économiques de Hainburg en tant que carrefour entre l’Est et l’Ouest est une  ancienne fabrique de tabac sur le Danube, transformée en « usine culturelle ».

L’ancienne fabrique de tabac de Hainburg sur la rive du fleuve, transformée aujourd’hui en centre culturel, photo © danube-culture, droits réservés

Ce bâtiment industriel du XIXe siècle, a été rénové et sert depuis 2007 de lieu d’expositions et de manifestations ainsi que de dépôt archéologique du Land de Basse-Autriche.

Eric Baude pour Danube-culture, mai 2025

www.wienertor.at
www.donauauen.at
www.kulturfabrik-hainburg.at

Archives de l’Institut géographique militaire, Atlas historique : relevé de la Zone 13, colonne XVI, section a (ultérieurement 4758/1), Marchfeld : Schlosshof, Markthof, Hainburg. Cadastre franco-joséphin, échelle au 1:25.000, relevé en 1872/73.

 Hainburg et le Danube aujourd’hui, vue du ciel. Au premier plan à droite le hideux centre commercial qui jouxte les remparts, photo Stephanie Grüssl, 2019. Sources Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne

Saint-Jean-Baptiste im Mauerthale (Wachau, Basse-Autriche)

   L’église est mentionnée pour la première fois en 1240 en relation avec un don de l’archevêque Eberhard von Salzbourg (1200-1246) au monastère Saint-Pierre de cette même ville. Avec les villages d’Hofarnsdorf, de Bacharnsdorf et de Mitterarnsdorf, la paroisse de Sankt Johann im Mauerthale forma le domaine d’Arnsdorf propriété de l’archidiocèse de Salzbourg de 860 à 1806. 

Sankt Johann im Mauerthale, pointe sèche coloriée de W. Mossman d’après William Henry Bartlett (1809-1854), en face, sur la rive gauche, le village de Schwallenbach

   Si un tout premier édifice religieux a été bâti dès le IXe siècle en partie sur les ruines d’une tour de guet romaine, l’église actuelle date en grande partie de la première moitié du XVe siècle.

Reste d’un mur d’une tour de guet romaine sur laquelle a été bâtie l’église saint-Jean-Baptiste, photo © Danube-culture, droits réservés

   La tour de l’église est à la base quadrangulaire avec un clocher octogonal  surmonté à son sommet d’un coq transpercé d’une flèche qui évoque une des légendes populaires du Mur du diable (Teufelsmauer) situé sur l’autre rive du Danube.

Le coq transpercé d’une flèche veille toujours sur l’église Sankt Johann im Mauerthal, photo © Danube-culture, droits réservés

   L’intérieur se compose d’une nef avec un toit plat avec sur les côtés de belles fresques murales du début du Gothique, datées d’entre le deuxième quart du XIIIe et le XVe siècle.

photo © Danube-culture, droits réservés

   La chaire en style baroque tardif est accessible de l’extérieur. Le maître-autel également baroque dans un  chœur de style gothique est d’une excellente facture.

Le maître-autel baroque et le choeur gothique, photo © Danube-culture, droits réservés

   Le tombeau présumé de Saint-Aubin (Sankt Albinus) se trouvait jusqu’en 1862 dans une niche murale dans le fonds gauche de l’église. Une statue le représente en pèlerin du début du XVIe siècle.

Saint Aubin dans sa niche au fonds de l’église, photo © Danube-culture, droits réservés

   La fresque sur le mur extérieur du côté du Danube montrant saint-Christophe, protecteur des voyageurs a pu être en partie conservée.

Saint-Christophe, photo © Danube-culture, droits réservés

   Juste derrière l’église se trouve un puits couvert de l’époque Baroque. Les lieux ont été, en particulier pour cette  raison et pour le culte de Saint-Albin dont l’église abritait autrefois la tombe présumée, une importante destination de pèlerinage de la fin du Moyen-Âge jusqu’au Baroque. Les innombrables et souvent superstitieux pèlerins venaient y boire l’eau bénite et prometteuse de guérison miraculeuse et les bateliers y pratiquaient aussi différentes offrandes avec des fers-à-cheval. Un autre lieu de pèlerinage, Maria Langegg, situé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, entre l’abbaye de Göttweig et l’abbaye de Melk, voisine avec la modeste église de Sankt Johann im Mauerthale.  

Le puit couvert à l’arrière de l’église, photo © Danube-culture, droits réservés

L’église de Sankt Johann im Mauerthale se trouve désormais sur la commune de Rossatz-Arndorf.

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour avril 2025

Sources :
Die Wachau, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, St. Pölten
Von Aggstein bis Göttweig, Dunkelsteinerwald, Niederösterreichische Kulturwege, NÖ Landesarchiv und NÖ Institut für Landeskunde, St. Pölten
www.kirchen-am-fluss.at

Austria-forum.at
www.gedaechtnisdeslandes.at

Le clocher octogonal caractéristique, de style gothique tardif, photo © Danube-culture, droits réservés

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