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Hugo Fischer von See (1831-1890) : un plan topographique en relief de Vienne, de ses environs et du Danube, 1869
Hugo Fischer von See : plan topographique en relief de Vienne, de ses environs et du Danube avec des courbes de niveau représentées sous forme de gradins horizontaux en carton superposés de 5 en 5 brasses et en tenant compte de la régulation du Danube et des projets de chemins de fer et hippomobiles d’après les meilleures sources, 1869, échelle 1:28 800
Relief travaillé d’après la feuille 65 de la carte administrative de Basse-Autriche.
Dimension du plan en relief : 52 cm sur 52 cm
Les reliefs topographiques sont apparus en Autriche dans le contexte du deuxième relevé militaire du pays et des efforts, surtout de la part des militaires ayant une formation technique, pour intégrer la troisième dimension – l’altitude des lieux au-dessus du niveau de la mer – dans la cartographie.
Plus de 120 modèles de ces plans topographiques de ce type ont été présentés au public à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1873 à Vienne, dans le cadre d’une exposition complémentaire.
Hugo Fischer von See, sources : Bibliothèque Nationale d’Autriche à Vienne
Sur la base du feuillet 65 de la carte administrative de Basse-Autriche, Hugo Fischer von Seea découpé des segments de carton dont les contours étaient définis par des lignes d’altitudes topographiques égales (isohypses). Il a collé ces segments les uns sur les autres en fonction des conditions réelles du terrain, créant ainsi un modèle de terrain tridimensionnel avec des marches. Les surfaces visibles d’en haut entre les bords des segments de carton collés les uns sur les autres représentaient de cette manière des couches d’altitude cartographiques. En outre, il a collé sur ces surfaces visibles d’en haut des différents segments de carton l’extrait correspondant de la « carte administrative », de sorte qu’en observant le relief verticalement, on peut voir l’image cartographique du feuillet 65 presque sans aucune distorsion.
Sources : Jan Mokre, « La carte en relief de Vienne et de ses environs par Hugo Fischer von See », blog de la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne, 22 septembre 2021
Danube-culture, mis à jour août 2024
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Le Danube ottoman III : une cartographie secrète du bas-Danube au XVIIIe siècle
Bateau d’apparat (Leibschiff) de l’internonce autrichien, le Conseiller royal et impérial de la cour baron Peter Philipp Herbert, Freiherr von Ratkeal (1735-1802), nommé ambassadeur (internonce) à Constantinople en 1779, collection de la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne
Le terme de « navire d’apparat » (Leibschiff) désignait autrefois des embarcations richement décorées réservées à la haute aristocratie et aux ambassadeurs importants. Empereurs, rois, princes, évêques appréciaient le relatif confort des voyages fluviaux. Ils utilisèrent également ce mode de transport comme une illustration prestigieuse de leur puissance devant leurs peuples et ceux des pays voisins. Ces navires d’apparat étaient accompagnés d’un convoi de plusieurs embarcations plus modestes qui faisaient office de cuisine, de transport des délégations, des domestiques et des bagages ou d’autres objets nécessaires au périple fluvial.
En 1779, le baron Peter Philipp Herbert, Freiherr von Ratkeal (1735-1802) qui est né dans la capitale de l’Empire ottoman, accepte la proposition de l’impératrice Marie-Thérèse de prendre la nonciature (ambassade d’Autriche) devenue vacante à Constantinople. Le diplomate rejoint son poste quelques temps plus tard en descendant le Danube depuis Vienne jusqu’à Ruszuk accompagné de sa délégation. L’occasion est alors trop belle pour ne pas cartographier le cours inférieur du Danube, situé en territoire ottoman. Le capitaine du corps impérial et royal des pontonniers, Georg von Lauterer (1745-1784), est non seulement chargé de piloter le bateau d’apparat du baron et les cinq embarcations qui l’accompagnent mais aussi de la mission secrète de profiter de ce voyage fluvial pour cartographier le Danube ottoman à partir de Semlin (Belgrade) ce qu’il accomplira consciencieusement.
Plans du bateau d’apparat du baron Peter Philipp Herbert Freiheer von Ratkeal, sources : Kurt Schaefer, Historische Schiffe in Wien, Neu wissenschatlicher Verlag, Marine, Wien, 2002
Le voyage, dont le journal de bord de Georg von Lauterer, toutes les cartes originales ainsi que deux plans du bateau ont été conservés, mène tout d’abord de Vienne (départ le 20 juillet 1779) jusqu’à à Semlin, l’actuelle Zemun, dernière ville du cours du Danube sur le territoire impérial.
Pour ce périple de cinq semaines, le baron Peter Philipp Herbert et sa femme disposent sur leur embarcation d’apparat de quatre pièces, dont l’une sert de bibliothèque et de lieu de travail. Une loggia, une grande terrasse avec balustrade sur le toit, un local pour les usages sanitaires et à chacune des extrémités du bateau un emplacement pour les rameurs et les manoeuvres, viennent compléter l’ensemble. Les repas sont préparés et servis sur le bateau-salle à manger-cuisine. L’une des embarcations du convoi transporte apparemment des chevaux qui serviront à effectuer le trajet entre Rustschuk et Constantinople. Un autre bateau d’accompagnement est destiné aux domestiques et aux bagages. L’équipage du convoi se compose de 23 pontonniers et de 33 bateliers.
« Carte du Danube de Zemlin (Semlin, Zemun) jusqu’à Ruszug (Rutschuk, Ruse) avec toutes ses îles, bancs de sable, (bateaux)-moulins, rochers, tourbillons et autres passages dangereux avec les différentes rives et localités, toutes les rivières et ruisseaux qui s’y déversent, enregistrée au mois d’août 1779 par le capitaine du Corps impérial et royal Lauterer qui a transporte son Excellence impériale et royale l’internonce baron von Herbert. »
Depuis le rétablissement des relations diplomatiques avec la Sublime Porte, la tradition veut que ce soit au large de Semlin qu’a lieu la présentation de l’ambassadeur impérial autrichien aux autorités ottomanes. Cette cérémonie fastueuse se déroule sur un « pont volant » ou « machine de transfert » ancré au milieu de la Save, rivière séparant les deux empires. La ligne de frontière est symboliquement marquée en « noir et jaune » sur le pont-volant. La cérémonie a lieu à bord pendant que des soldats autrichiens et turcs défilent sur les rives.
Une fois la cérémonie terminée, le représentant impérial doit poursuivre son voyage en tant qu’invité sur le bateau du pacha ottoman mais ce n’est pas le souhait de Joseph II. La délégation autrichienne est censée cette fois trouver un moyen de traverser le territoire ottoman sur ses propres bateaux afin que G. von Lauterer puisse cartographier le cours inconnu du Bas-Danube jusqu’à Rustschuk.
L’autorisation turque est longue à parvenir à la délégation autrichienne. Elle n’est obtenue qu’après que l’épouse du baron de Ratkeal eut simulée une grossesse. Les Ottomans, méfiants, soupçonnent à juste titre, une volonté d’espionnage. Le 17 août 1779, les navires impériaux franchissent avec succès les cataractes des Porte-de-Fer sans le baron de Ratkeal qui a préféré continuer son périple à cheval vers la capitale ottomane.
Détail de la carte du Danube de Semlin à Ruszug, passage des Portes-de-Fer (Demir-kapu), l’île de Neu Orsova (Ada-Kaleh) et le fort Élisabeth, collection de la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne
Le 29 août 1779, après un voyage d’environ cinq semaines au départ de Vienne, les navires atteignent Rustschuk, où ils sont vendus pour 325 florins à un marchand de bois local. La suite du voyage vers Constantinople se fait sur l’ancienne route romaine. G. von Lauterer a réussi sa mission de cartographier, à l’échelle d’environ 1 : 90 000, le cours inférieur du Danube de Semlin jusqu’à Rustschzuk, illustrant son travail avec de nombreux détails.
Détail de la carte du Danube de Semlin à Ruszug à la hauteur de Nicopel (Nicopolis, Nikopol) et du confluent de l’Alth (Olt) avec le Danube (rive gauche), collection de la Bibliothèque Nationale d’Autriche, Vienne
G. von Lauterer aura l’occasion de revenir naviguer sur le Bas-Danube et cartographiera cette fois le fleuve et ses rives jusqu’à la mer Noire par le bras de Sulina en 1782.
Carte de l’embouchure du Danube (bras de Sulina) par G. von Lauterer, 1782
Le travail de cartographie danubienne de G. von Lauterer sera à son tour révisé et « amélioré par le capitaine impérial et royal Johann Sigfried Heribert, Freyherr von Tauferer (1750-1796) lorsque celui-ci a l’occasion de commander le premier navire qui rejoindra Constantinople depuis la Kulpa (Kopa) via la Save et le Danube » puis publié à Vienne en 1789.
Carte de navigation sur le Danube depuis Semlin jusqu’à son embouchure dans la mer Noire par Johann Siegfried von Heribert Freiherr von Tauferer
Les activités diplomatiques du baron Peter Philipp Herbert permettront de libérer le transport des marchandises transitant sur le bas-Danube de la tutelle turque. Il obtiendra également que les bateaux autrichiens puissent circuler librement à travers le détroit des Dardanelles. La société commerciale Willeshofen qu’il fonde, a pour objectif d’ouvrir aux bateaux autrichiens une voie commerciale par le Danube et la mer Noire jusqu’à la métropole de Russie méridionale (Nouvelle-Russie) de Kherson. Faute de disposer d’une flotte adaptée, le projet ne pourra être mis en oeuvre immédiatement.
Sources : HALM, Hans, « Donauhandel und Donauschiffahrt von den österreichischen Erblanden nach Neurußland (1783) », in Jahrbücher für Geschichte Osteuropas, Neue Folge, Bd. 2, H. 1 (1954), pp. 1-52 (52 pages), Franz Steiner Verlag, 1954 SCHAEFER, Kurt, Historische Schiffe in Wien, neuer wissenschatlicher Verlag, Marine, Wien, 2002
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Le Danube à travers les cartes : l’Atlas Maior de Joan Blaeu (1595-1673)
Cartouche de la carte du D A N V B I U S, FLUVIUS EUROPAE MAXIMUS, A FONTIBVS AD OSTIA, Cum omnibus Fluminibus, ab utroque latere, in illum defluentibus. Le Danube, le plus grand fleuve d’Europe, de la source à l’embouchure avec tous les fleuves qui s’y jettent des deux côtés.
Cette carte du Danube (III/19) avec sa cartouche est singulière à plus d’un point. Alors que la plupart du temps les toponymes sont entourés de figures conventionnelles de divinités et de symboles d’abondance, celui-ci est encadré de personnages réalistes et met en scène le conflit qui opposa l’empereur du Saint Empire Romain Germanique, Charles Quint (1500-1558) à Soliman le Magnifique (1495 ?-1566), sultan de la Grande Porte ou selon d’autres sources, Ferdinand III de Habsbourg (1608-1657) à Mourâd IV (1612-1640). À gauche, l’Empire des Habsbourg est symbolisé par un aigle noir à deux têtes sur un bouclier de couleur jaune et un crucifix tenus par un personnage en retrait de l’empereur. L’empereur chrétien, plutôt dans une attitude défensive, tient l’épée impériale de la main droite et l’orbe impériale dans la main gauche, tous deux symboles du Saint Empire Germanique avec le crucifix. À droite, l’Empire Ottoman est représenté par le sultan Soliman le magnifique, coiffé d’un turban rehaussé de trois plumes colorées qui tient un bouclier de la main gauche et brandit un cimeterre de la main droite. L’attitude est celle d’un conquérant à l’image de Soliman le Magnifique. Non seulement le sultan brandit un cimeterre en direction de Charles Quint mais le personnage qui se tient à ses côtés, apparaissant sous les traits d’une jeune femme tenant une lampe à huile, foule un crucifix sous son pied droit. Au pied de Soliman on voit une salamandre, allusion au fait que le sultan avait trouvé un allié dans le roi de France François Ier ( 1494-1547) dont l’emblème familial était la salamandre.On remarquera également que l’empereur chrétien et le sultan ottoman portent tous les deux la barbe, alors à la mode mais aussi symbole de virilité et de maturité.
Les 6 Bouches du Danube sur la carte du Danube de l’Atlas Maior de Johann Blaeu, 1662
L’illustration ci-dessus est un détail de la carte du cours du Danube de L’Altas Maior (Danubius, Fluvius Europa Maximus, III 19) centré sur les 6 « embouchures du Danube » dont les noms sont indiqués en latin (Pulchrum ostium, Sacrum ostium…).
Les deux illustrations ci-dessous concernent des détails d’une carte de l’archiduché d’Autriche traversé par le Danube (Austria Archiducatus, III/2) dont l’auteur est… le médecin cartographe et historien autrichien Wolfgang Lazius (1514-1565). Cette carte incorporée à la publication de Johann Blaeu est donc déjà vieille de près d’un siècle lorsque paraît l’Atlas Maior !
Le Danube, Viennne et l’Archiduché d’Autriche, détail, Atlas Maior de Johann Blaeu, 1662
On y voit tout Vienne fortifiée, qui sera encore sous la menace de l’Empire ottoman au XVII siècle (jusqu’en 1683), sur la rive droite du fleuve, un pont en trois partie à la hauteur de la ville qui le traverse et s’appuie sur deux îles. Deux autres ponts permanents (et à péage…) franchissaient le Danube sur le territoire de l’archiduché d’Autriche qui appartenait au Saint Empire Romain Germanique et dont l’empereur était à l’époque de la publication de l’Atlas maior, Léopold Ier de Habsbourg (1640-1705), celui de Mautern, en amont de Vienne et le troisième à la hauteur de Mauthausen, en aval de Linz. Ces deux toponymes proviennent d’ailleurs de la même racine, « Maut », signifiant péage en allemand.
Le Danube et l’Archiduché d’Autriche, détail du cours du fleuve en Haute-Autriche, Atlas Maior de Johann Blaeu, 1662
Un deuxième détail de cette même carte se situe cette fois à l’ouest de l’Archiduché d’Autriche, à l’endroit où le Danube quitte le duché de Bavière. Sur la droite du fleuve le nom d’une cité, Pariz (!) pourrait indiquer qu’il s’agit de Passau tout en n’étant pas placé correctement c’est-à-dire au confluent de l’Inn avec le Danube. L’échelle graphique est en milles germaniques (1 mille = 7, 4 km). Selon un texte accompagnant cette carte « Les hommes et les femmes de condition se plaisaient, avant et depuis ces dernières guerres, à se vêtir à la française, et même ceux qui se croyaient au rang des honnêtes hommes, s’habillaient le plus qu’ils le pouvaient à la mode de France, mais ceux qui suivent la cour de l’empereur, à cause de l’affection qu’il porte à l’Espagne, se sont ordinairement presque tous vêtus à l’espagnol ».
Seule la première partie du projet d’édition de l’Atlas Maior initial (9 à douze volumes selon les éditions latines, françaises, néerlandaises, espagnoles et « allemandes ») fut publiée. La deuxième partie qui contenait des cartes des mers et la troisième avec des cartes du ciel ne verront jamais le jour.
« Le Danube, épanchant ses eaux sur les douces pentes et les calmes hauteurs du Mont Abnoba, rend visite à de nombreux peuples, puis se précipite dans le mer Pontique par six bouches : un septième bras se perd dans les marais. »