Et les îles Poreci disparurent sous les eaux du lac de retenue de la centrale hydroélectrique des Portes-de-Fer…

La petite cité de Donji Milanovac (Serbie, rive droite, PK 991), avant la construction du barrage des Portes-de-Fer Djerdap I, photo droits réservés 

C’est dans le village insulaire de Poreci qu’est né Baba (Starina) Novak (Старина Новак, vers 1521-1601), général de l’armée du prince Mihai Viteazul (Michel Ier le Brave, 1558-1601) et qui mena avec son frère Radu et son fils Gruia, une lutte farouche contre l’occupant ottoman.

Baba (Starisa) Novak (vers 1521-1601)

  Baba (Starina) Novak était un Haïdouk (brigand et rebelle) serbe. Il s’illustra dans les guerres et révoltes contre l’Empire occupant ottoman et est considéré comme un héros national par les Serbes ainsi que par les Roumains.
Né aux alentours de 1530, descendant d’une famille du Timok, il étudie au monastère orthodoxe de Poreč et parle couramment le serbe, le vieux slavon, le roumain et le grec. Il commence sa vie de haïdouk dès son plus jeune âge après avoir été emprisonné et sévèrement battu par les Ottomans qui lui cassent toutes ses dents d’où son surnom de Stanisa Novak (Vieux Novak). Il quitte son village insulaire et se réfugie dans les forêts de la vallée de Timok où il apprend rapidement le maniement des armes auprès d’un « harambaša » (commandant des haïdouks), constituant ensuite sa propre bande et commençant ses combats contre l’occupant turc. Sa forte et courageuse personnalité et ses prouesses de combattant entrainent le ralliement de nombreux hommes à sa cause.

Les deux îles Poreci englouties par la mise en eau de la retenue de la centrale hydroélectrique des Portes-de-Fer Djerdap I, source Dunai szigetek 

   Baba (Starina) Novak est mentionné en 1595 comme appartenant aux armées du prince valaque Mihai Viteazul (Michel le Brave) qu’il rejoint dans la région du Banat, recevant le grade de capitaine avec 2 000 haïdouks serbes sous ses ordres. Ses troupes participent à la prise de Călugăreni, libèrent les villes de Târgoviște, Bucarest et Giurgiu sur la rive gauche du Danube en octobre de la même année et sont présentes au siège Sofia ce qui leur vaut une grande réputation après que Baba (Starisa) Novak et ses 700 soldats trompent les Turcs en changeant d’itinéraire à travers les Balkans, réussissant à les attaquer par surprise en ne laissant derrière eux que huit soldats et en capturant de vastes quantités de bétail et de provisions. En 1598, ses troupes qui réunissent des Serbes mais aussi quelques Bulgares, se joignent aux soldats de Michel le Brave et, constituant une armée de 16 000 hommes, libèrent Plevna, Rahovo, Vratsa, Vidin et Florentin. Les Serbes et les Bulgares des villes reconquises  fêtent avec les haïdouks leur victoire par immense festin. En 1599, une armée de plus de 50 000 hommes sous le commandement de Bordj Mako rejoint les troupes de  Baba (Starina) Novak à Ploiești et reprend Sibiu aux Ottomans. En 1600, avec ses troupes, déployées dans le Banat, ils conquièrent toutes les terres au sud et se joignent également aux soulèvements de Mirăslău et des villes voisines. Baba (Starina) Novak accompagne en décembre de l’année suivante Michel le Brave à Vienne pour obtenir le pardon de l’empereur.
Voulant reprendre les forteresses de Lugos et de Caránsebes, il en est empêché et accusé de trahison par son ancien allié  Giorgio Basta (1544-1607), général d’origine italo-albanaise, futur gouverneur de la Transylvanie au service de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg et livré aux autorités hongroises à Cluj (Kolozsvár), où il est condamné au bûcher et brûlé le cinq février 1601. Des Tsiganes sont chargés de préparer les bûchers de Baba (Starina) Novak, de deux capitaines des armées de Michel le Brave, Joan Celeste et Savi Armašulu, et de quelques prêtres saxons. Michel le Brave qui n’était pas informé de ces actes, l’apprend lors de son passage à Cluj au début du mois d’août 1601 et rend hommage à Baba (Starisa) Novak sur le lieu même de son exécution. Son meurtre par des mercenaires wallons, ordonné par Giorgio Basta qui soupçonne Michel le Brave de trahison et de vouloir négocier avec les Ottomans, aura lieu près de Câmpia Turzii quelques jours plus tard.
Baba (Starina) Novak est vénéré comme un héros dans la poésie épique serbe.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour août 2023

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