Johann Georg Kohl (1808-1878), « Le Danube de sa source jusqu’à Pesth », 1854

On remarquera sur ces gravures la présence de nombreuses unités de la batellerie danubienne traditionnelle cohabitant avec les bateaux à vapeur à roues à aubes de la D.D.S.G., bateaux à vapeur qui, avec l’invention du train, porteront, entre la deuxième moitié du XIXe et le début du XXe siècle, un coup fatal aux traditions ancestrales du transport fluvial de marchandises et de passagers sur cette partie du fleuve.

Le batelier autrichien Matthias Feldmüller (1770-1850), né dans la petite cité d’Ybbs/Donau (Basse-Autriche) et surnommé « l’Amiral du Danube », avait fait de Persenbeug (rive gauche) pendant la première moitié du XIXe siècle, le plus important lieu de construction traditionnelle navale en Basse-Autriche. Une vingtaine d’ouvriers charpentiers y construisaient bon an mal an 40 à 50 bateaux de différentes tailles.

Matthias Feldmüller peint par Ferdinand Georg Waldmüller (1793 – 1865)

   Chaque année, 350 de ses « Zille », chargées de diverses marchandises, remontaient le Danube jusqu’à Ratisbonne pendant que 850 autres bateaux lui appartenant ainsi que 25 radeaux le descendaient jusqu’à Vienne et Pest. Pour ses activités commerciales et ses équipages de bateliers et de haleurs, il employa jusqu’à 250 hommes et 150 chevaux. Mais au fur et à mesure que la navigation à vapeur commença à se développer (le premier bateau à vapeur régulier de la D.D.S.G. transportant des passagers, le « Maria Anna », remontera le fleuve depuis Vienne vers Linz le 29 septembre 1837), les affaires déclinèrent peu à peu. La construction navale traditionnelle, qui avait été assurée par deux autres maîtres bateliers de Persenbeug en plus de M. Feldmüller, cessa ses activités complètement dans les années 1860. Sa fille Rosalia hérita malgré tout, à la mort de son père en 1850, d’une fortune considérable de deux millions de florins.

 Regensburg (Bavière) 

Le Walhalla (rive gauche, Bavière)

Les textes de cet album imprimé par la section littéraire et artistique du Lloyd autrichien1, sont de Johann Georg Kohl. Quant aux gravures, elles ont été réalisées pour la plupart d’après des aquarelles du peintre autrichien Rudolf von Alt (1812-1905) par différents artistes, Adolf Fesca (1840-1873), Franz Hablitschek (1824-1867), W. Lang, L. Oeder (1815-1883), Johann Carl August Richter (1785-1853), Wilhem Witthöft (1816-1894)…

Straubing (Bavière)

 Johann Georg Kohl (1808-1878)  
Écrivain voyageur, historien, essayiste, géographe, cartographe allemand, J. G. Kohl a été qualifié par ses contemporains de géographe le plus remarquable d’Europe, après la mort d’Alexander Humboldt. Il fut aussi bibliothécaire de sa ville natale de Brême.

 Passau et le confluent de l’Inn avec le Danube  vu depuis la rive gauche

Gravures de Regensburg, du Walhalla, de Straubing, Passau, Engelhardtzell, Aschach, Linz, Mauthausen, Grein, des Strudel, des Wirbel, de Persenbeug, Melk, Dürnstein, Krems, Greifenstein, Klosterneuburg, du Leopoldsberg, de Theben (Devín), Bratislava, Esztergom, Visegrád et Pest.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour octobre 2024

Notes :
1 La section littéraire et artistique du Lloyd autrichien était une maison d’édition basée à Trieste, avec une imprimerie affiliée, qui avait commencé ses activités le 21 juin 1849. La « Literarisch-artistische Abtheilung » constituait la IIIe section du Lloyd autrichien, à côté des sections fondées en 1833 et 1836 pour la collecte d’informations sur la navigation et le commerce maritime (I.) ou pour l’affrètement (II., société de navigation à vapeur). Son nom officiel en italien était Sezione letterario-artistica del Lloyd Austriaco.
Le programme d’édition s’inscrivait dans la continuité des ouvrages publiés auparavant par les deux autres sections et allait finalement bien au-delà d’une simple prestation de services pour les autres branches commerciales du Lloyd autrichien. Il comprenait avant tout l’édition de périodiques variés, d’ouvrages nautiques, scientifiques et techniques, de guides et de littérature de voyage, de littérature classique et de fiction ainsi que d’œuvres artistiques d’auteurs parfois renommés de l’époque, qui publiaient surtout en italien et en allemand. Cette maison d’édition a poursuivi ses activités après la Première Guerre mondiale, lorsque le Lloyd autrichien est devenu la propriété de la Banca Commerciale Italiana par acquisition d’actions et a été rebaptisé Lloyd Triestino en 1921. Elle ne fut fermée qu’en mars 1928. Ses machines et ses installations furent finalement reprises par la Società Editoriale Libraria de Trieste en 1931.

Engelhartzell (rive gauche, Haute-Autriche)

Aschach (rive droite, Haute-Autriche)

Linz (Haute-Autriche)

Mauthausen (rive gauche, Haute-Autriche)

Grein (rive gauche, Haute-Autriche)

Der Strudel, l’île de Wörth et le défilé de la Strudengau avec la forteresse de Werfenstein sur la rive droite

Persenbeug (rive gauche, Basse-Autriche)

L’abbaye bénédictine de Melk (rive droite, Basse-Autriche)

Dürnstein (rive gauche, Basse-Autriche)

Krems-Stein (rive gauche, Basse-Autriche)

Greifenstein (rive droite, Basse-Autriche)

Klosterneuburg et le Danube (rive droite, Basse-Autriche)

Vue sur le Leopoldsberg depuis la rive gauche

Theben (Devín) et le confluent avec la Morara/March, rive gauche

Presburg/Bratislava/Pozsony vu depuis la rive droite, Haute-Hongrie (Slovaquie)

Gran/Esztergom (Hongrie) vu depuis la rive gauche 

Visegrád (Hongrie) vu depuis la rive gauche

Buda et les quais de Pesth, en arrière-plan le pont aux chaînes ou pont Széchenyi, inauguré en 1849

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