Entre Linz et Passau : les ruines du château-fort de Haichenbach

Il est possible que seule la tour ait été au préalable édifiée. C’est du moins ce qu’indique le joint de construction de la maçonnerie adjacente à celle-ci. La forme de ce château, construit à même des rochers en hauteur et étroits, ressemble étrangement à la proue d’un bateau. Son emplacement idéal permettait à la haute tour de surplomber non seulement la vallée fluviale mais aussi l’ensemble des environs sur une grande distance, en amont de la courbe de Schlögen comme en aval, conférant à la construction un caractère défensif. La fonction de la tour de guet était également de protéger en même temps la zone du château-fort située à l’arrière donnant également sur le Danube.
Les châteaux de Marsbach et de Rannariedl étant devenus des propriétés privées, c’est la seule possibilité actuelle d’avoir un point de vue exceptionnel sur le méandre de Schlögen depuis la rive gauche.
Toutes sortes de légendes entourent l’ancien château-fort de Haichenbach depuis longtemps abandonné, situé au-dessus de ce que l’on peut considérer comme le plus célèbre et peut-être le plus beau des méandres de tout le cours du Danube, la courbe de Schlögen (« Die Schlögener Schlinge »).
L’histoire du château ayant été peu à peu oublié au cours du temps, les habitants des environs donnèrent à ses ruines le nom d’une ferme située à proximité : le château du cerisier (« Kerschbaumer Schlössl »), Kerschbaum signifiant cerisier en dialecte haut-autrichien.
Une légende qui ressemble à bien d’autres légendes liées à des places fortes dominant le Danube, est associée à ce curieux nom. Elle raconte l’histoire d’un châtelain qui, avec une bande de sinistres compagnons, guettait et attaquait les marchands qui descendaient le fleuve avec leurs bateaux et leurs précieuses cargaisons. Les pillards sans scrupule n’hésitaient pas non plus à procéder, si besoin, à des enlèvements pour augmenter leur butin. C’est ainsi que le châtelain aurait un jour capturé un marchand et l’aurait retenu dans son château, attendant la rançon qu’ils exigeaient pour les libérer. Le marchand emprisonné jura de se venger et mit toute sa colère en crachant un noyau de cerise à travers les barreaux de la fenêtre de sa cellule. Des années passèrent. Entretemps ce noyau avait donné naissance à un magnifique cerisier qui avait poussé juste contre le mur d’enceinte du château-fort ce qui permit un jour à des assaillants, exaspérés des agissements malhonnêtes de l’occupant du château, de pénétrer dans la forteresse en grimpant sur le cerisier. Ils tuèrent le châtelain avec ses compagnons brigands concrétisant ainsi, longtemps après, le voeux de de se venger de l’ancien prisonnier.
Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour novembre 2024