Voyage par bateau à travers les tourbillons de Grein et de Struden

   Peu de temps après l’édition du premier guide de voyage sur le Rhin en 1828 publié par Karl Baedecker (1801-1859), guide intitulé Rheinreise von Mainz bis Köln. Historisch, topographisch, malerisch bearbeitet vom Prof. Joh. Aug. Klein. Mit zwölf lithographirten Ansichten merkwürdiger Burgen ec. in Umrissen. Koblenz, bei Fr. Röhling, apparaissent parmi les premiers guides de voyage de navigation fluviale sur le Danube, les ouvrages publiés par la compagnie autrichienne D.D.S.G., (Société de Navigation à vapeur sur le Danube). Cette compagnie venait d’être fondée en 1929 à Vienne par un groupe d’hommes d’affaires entreprenants et décidés à faire de la navigation sur le fleuve une activité économique lucrative austro-hongroise en transportant passagers, marchandises diverses parmi lesquels des ressources premières comme le charbon ou le bois. La D.D.S.G. sera elle-même propriétaire de mines de charbons et de lignes de chemin de fer pour amener ce minerai jusqu’au fleuve. Elle assurera par ailleurs, en complément du transport de passagers également un service postal. Ces publications annuelles et remises à jour de la D.D.S.G. (guide touristique des grandes villes et des curiosités, description du confort des bateaux, restauration, horaires, tarifs …) vont paraître pendant une longue période et faire référence dans leur domaine mais ne pourront éviter la concurrence d’autres publications comme celles d’Alexander F. Heksch.  

Le château-fort de Hausstein et les tourbillons de Pain, gravure de  Georg Matthäus Vischer (1628-1696), in  « Topographia Austriae superioris modernae », 1674 

Voici un extrait du guide (en allemand) de la D.D.S.G. Le Danube, de Passau jusqu’à la mer Noire, publié à Vienne en 1913, c’est-à-dire au crépuscule de la plus belle période de la navigation à vapeur sur le fleuve et son passage consacré à la description du Danube et de la région danubienne de la Strudengau, aujourd’hui aux frontières des Land de Haute-Autriche et de Basse-Autriche.

Le Danube près de Steyregg (en face de Grein) 1721, détail, sources : ÖNB/KAR AB 356

Ce « sas » ou défilé de la Strudengau, auparavant légendaire et redouté pour ses difficultés de navigation et connu pour ses paysages de caractère austère qui renforçaient la puissante et angoissante impression que causaient ces tourbillons sur les voyageurs, comme beaucoup loin en aval et dans des paysages encore plus grandioses et sauvages qu’étaient et que sont encore ceux des Portes-de-Fer, a fait lui-même l’objet de nombreux récits et a inspiré en particulier les poètes et les écrivains des époques Biedermeier et romantique parmi lesquels le poète, essayiste et romancier prussien Joseph von Eichendorff (1788-1857) qui fera lui-même l’expérience de la traversée de ces rapides lors d’un voyage en bateau vers Vienne.

L’île de Wörth avec sa croix et les « Strudl » (tourbillons), à gauche le passage de « Hess Gang » (Hößgang), Le Danube près de Steyregg 1721, détail, sources : ÖNB/KAR AB 356

   « Dès la sortie de Grein (rive gauche), l’image du fleuve se modifie considérablement. Son lit se rétrécit et de gros rochers granitiques semblent vouloir fermer le chemin au milieu de l’eau. Nous dépassons le ruisseau de Grein. L’eau indisciplinée rugît furieusement sur une courte distance puis s’écoule à nouveau paisiblement. Des forêts épaisses et d’antiques rochers grisâtres confèrent à la région un caractère particulièrement sombre.
   Aux alentours de Rabenstein apparaît l’île de Wörth, légendaire et d’une taille imposante, à la fois sauvage et romantique, habitée par les Celtes dès le IIe siècle ap. J.-C.. Les Romains y édifièrent une forteresse par la suite et l’île abrita encore au Moyen-âge, la citadelle d’un chef d’une troupe de brigands. Une haute croix de pierre, dite « Croix de Wörth » se dresse au sommet de l’éperon rocheux le plus élevé de l’île.

   Au niveau de l’île de Wörth le fleuve ouvre un bras secondaire et peu profond, dit  de « Hößgang », bras longeant la rive droite et après un cours trajet venant rejoindre à l’extrémité de l’île le bras principal semé de rochers transversaux. Dans une course déchaînée, le fleuve gronde maintenant sur les écueils. Nous sommes arrivés au niveau des dangereux tourbillons de Struden, si redoutés autrefois. En raison des travaux de régulation commencés pendant le règne de Marie-Thérèse et qui se sont poursuivis jusqu’à récemment, ce passage n’est plus désormais dangereux pour la navigation des bateaux à vapeur. Pendant  la  traversée de ces anciens tourbillons le navire a pris le cap le plus court vers le château-fort de Werfenstein. Cet édifice qui aurait été été bâti par l’empereur Charlemagne, appartient maintenant à un scientifique qui poursuit des travaux sur la théorie des races, Jörg Lanz von Liebenfels1. Le propriétaire a transformé le sommet du rocher du château en un sanctuaire dédié à l’armanisme2. La visite du château-fort est autorisée sur demande auprès de M. Hans Kuhn, responsable du marché, à Struden n° 28.

   Nous contemplons au dessous du château-fort le petit hameau de Struden. Il n’y a pas si longtemps un bloc rocheux élevé, le « Hausstein », se dressait encore dans le fleuve à cet endroit et l’eau, acculée contre la pierre, rebondissait sur les rochers pour aller former dans un chaudron de granit creusé par le Danube un puissant tourbillon qui rendait avec ses mouvements circulaires la navigation aussi dangereuse que le précédent. Ce tourbillon a été transformé après les travaux de dynamitage du rocher de Hausstein (1874-1954) en un passage rapide mais sans danger. À peine le navire a-t-il franchi celui-ci que nous pouvons apercevoir Grein.

Struden. Motif de Saint-Nicolas. Le village de Saint-Nicolas avec avec sa jolie petite église. Magnifique vue sur les tourbillons du Danube et la tour d’observation du « Schweiger ». Au confluent du ruisseau de Sarming, le petit bourg de Sarmingstein avec les ruines du monastère de Säbnich. Le paysage est très pittoresque à la hauteur du Mühlbach. Au-dessous de Sarmingstein, Hirschenau et à droite la halte de Freyenstein.
Au sommet de la colline, les ruines  du château-fort à cinq tours de Freyenstein, autrefois à l’époque des Kuenringer3  
l’un des plus grands châteaux-forts d’Autriche.

Château-fort de Freyenstein (rive gauche), gravure de Matthäus Merian l’Ancien (1593-1650), 1649

Extrait du guide de voyage « Die Donau von Passau bis zum Schwarzen Meer, Erste .K.K. Priv. Donau-Dampfschiffahrtsgesellschaft, Wien, Jahr. 1913″

Notes :
1 Jörg Lanz von Liebenfels (1874-1954), Adolf-Joseph Lanz, personnage sulfureux, était un moine cistercien défroqué d’origine viennoise, devenu théoricien et fondateur de la revue racialiste et eugéniste Ostara. Ses théories raciales inspireront A. Hitler qui lui rendra, selon Jörg Lanz von Liebenfels, visite sur son île Danubienne de Wörth afin de se procurer des numéros de la revue Ostara qui lui manquait.
L’Armanisme est une théorie développée par le pangermaniste Guido List dit « Guido von List » (1848-1919), écrivain occultiste (à partir de 1902) soutenu par les théosophes viennois, qui réalise pour la première fois la fusion de l’occultisme et de l’idéologie pangermaniste. L’armanisme postule que l’Allemagne antique était une civilisation supérieure dont la religion originelle, comprenant renaissance et déterminisme karmiques, s’exprimait sous deux formes : une forme exotérique (accessible à tous) qui était le wotanisme  et une forme ésotérique (réservée à des initiés) qui était l’armanisme. Les « Armanen » étaient, dans cette théorie, un légendaire groupe de prêtres-rois de l’ancienne nation ario-germanique, adorateurs du dieu-soleil (source Wikipedia)
3 Ancienne dynastie de ministériaux autrichiens (XIIe-XVIe)

Les ruines du château-fort de Werfenstein et l’île et de Wörth au temps de la navigation à vapeur

Danube-culture, © droits réservés, mis à jour décembre 2024

Contes et légendes du Machland et de la Strudengau (Autriche danubienne)

Le poisson qui parlait (Machland)
Le Danube s’écoule entre Mauthausen (rive droite) et le village d’Ardagger (rive gauche) aux portes de la Strudengau à travers la plaine autrefois inondable du Machland au temps où le Danube autrichien était encore un fleuve sauvage. Les forêts alluviales ancestrales, les bras morts, une multitude de marais et d’étangs formaient des paysages semi-aquatiques qui abritaient autrefois selon la croyance populaire de nombreux esprits des eaux réalisant parfois des miracles ou provoquant au contraire toutes sortes de catastrophes. Ondins, sirènes, fées et les sorcières pouvaient aussi se jalouser et rivalisaient d’imagination pour ensorceler les habitants. Mieux valait les laisser tranquille ! Il arrivait parfois que des habitants entendent des animaux parler le langage des humains comme cette histoire en témoigne.

Le Danube, Mauthausen, l’église paroissiale Saint-Nicolas et le château de Pragstein vue de la rive droite

Marie, la fille d’un paysan qui venait d’Heinrichdorf, un hameau des environs de Mauthausen, était allée laver du linge au bord d’un étang à proximité du fleuve. Elle frottait les chemises avec beaucoup d’énergie mais à force de se pencher, son dos  commença à la faire souffrir. Au moment où elle voulut se reposer un instant, il lui sembla entendre une voix monter des profondeurs de l’étang. Elle se figea, tendit l’oreille et entendit clairement celle-ci lui dire : « Sors-moi ! Sors-moi de là ! »
L’instant d’après, la tête d’un énorme poisson apparut devant elle. Il était noir comme du charbon, sa gueule était grande ouverte et il regardait la jeune fille avec des yeux énormes. Effrayée par l’apparition de ce monstre la jeune fille laissa d’abord tomber dans l’eau la chemise qu’elle tenait dans ses mains puis elle s’enfuie à toutes jambes vers la ferme où elle chercha son père et lui dit avec une voix encore pleine d’émotion : Il y a un énorme poisson noir comme du charbon dans l’étang qui parle le langage des hommes. Il m’a demandé de le sortir de l’eau, arriva-t-elle à balbutier avec peine.
Le paysan se mit à rire et lui répondit : « Un poisson géant qui parle ? Ma pauvre fille, tu as dû encore une fois rêvasser au lieu de faire ta lessive. Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de poisson qui parle. File donc te remettre au travail. »
Marie avait beau insister et affirmer qu’elle avait vraiment vu et entendu parler un poisson géant, son père ne croyait pas un seul mot de ce qu’elle racontait et il finit même à la fin par se fâcher. « Je ne veux plus entendre parler de ces bêtises. Un poisson ça vit dans l’eau. Si on le ramène sur la terre ferme, il meure ! »
La jeune fille n’osa pas retourner à l’étang ce jour-là ni le jour suivant. Ce n’est que le surlendemain, sur l’insistance de son père, qu’elle prit son courage à deux mains et qu’elle y revint pour finir de laver son linge. C’était un jour merveilleux de l’été, l l’étang immobile réfléchissait le ciel. Pas un souffle de vent ne venait le troubler. Tout était calme, seules les libellules virevoltaient dans l’air avant de se poser sur un brin de roseau. C’était si tranquille que Marie elle-même crût avoir rêvé. Mais lorsqu’elle plongea le linge dans l’eau, il lui sembla entendre à nouveau la voix qui prononça distinctement : « Pourquoi ne m’as-tu pas sorti de là ? Maintenant, je dois rester ensorcelé et attendre de nouveau sept ans avant de pouvoir demander à un être humain de me délivrer. » Puis tout redevint silencieux et muet comme avant.
Marie fit sa lessive et rentra chez elle en courant. Elle ne parla plus jamais à personne de sa rencontre avec le poisson qui parlait même lorsque les gens racontaient qu’ils avaient vu un énorme poisson noir dans l’étang. Il paraît que c’était un poisson aussi muet que les autres !

La Légende de l’ermite de l’île de Wörth (Strudengau), une des légendes les plus connues de la Strudengau
   L’histoire se déroule en 1540 : un noble tyrolien souhaitait faire un agréable voyage vers la ville de Vienne avec son épouse. Ils embarquèrent sur un bateau (Zille) avec de nombreux passagers pour descendre l’Inn puis le Danube et s’approchèrent des redoutables tourbillons de la Strudengau. Dès la ville de Grein, on avait prévenu le capitaine de l’embarcation qu’il fallait un pilote local expérimenté pour traverser la succession de tourbillons sans encombre mais l’orgueilleux batelier refusa la proposition, prétextant que c’était inutile et qu’il avait déjà franchi bien des endroits difficiles. Le mugissement de l’eau agitée commença à se faire entendre. De l’écume blanchâtre recouvrit peu à peu le pont mais le batelier regardait l’eau avec dédain. Il ne pouvait pas voir les différents récifs qui se cachaient insidieusement sous la surface. Soudain, suite à un choc et à un craquement brutal, de l’eau pénétra à travers les planches disloquées. Le navire se mit à à tourner sur lui-même, la proue se pencha et, en quelques minutes, comme attirée par des forces souterraines mystérieuses, entraîna les passagers effrayées au fond de l’eau. Juste après, on vit un homme sortir la tête du tumulte des flots et, à grand-peine, parvenir à secourir un passager inconscient en le ramenant sur la plage de l’île de Wörth toute proche. Ce passager sauvé de la noyade était l’aristocrate tyrolien et le sauveteur son serviteur. Lorsque le comte reprit connaissance et qu’il ne vit ni son épouse, ni le bateau, ni l’équipage ni les autres passagers, il comprit qu’il s’était noyé. Abasourdi par l’immense douleur d’avoir perdu sa chère et tendre épouse, il décida de rester sur l’île pour y finir sa vie et mourir en ermite. Le comte vécut pendant 12 années avec son fidèle serviteur sur l’île. Ce dernier apporta son aide à un paysan qui y était installé. Le noble tyrolien avait élu domicile dans les ruines du château-fort et, lorsqu’un bateau descendait le Danube en provenance de Grein, il montait sur la tour et, par des gestes et des appels éloquents, avertissait l’équipage de la présence des dangers du courant et des rochers, leur indiquant précisément par où passer en toute sécurité. C’est ainsi que « l’ermite de l’île de Wörth » devint une célébrité connue de tous les bateliers qui n’hésitaient pas à remercier de ses services le pauvre homme en lui offrant au passage de nombreuses provisions.

île de Wörth avec sa croix datant de 1552, refuge d’un noble tyrolien naufragé et l’un des passages des tourbillons avec de nombreux récifs.

   Sa femme que le comte pensait morte pendant le naufrage, était en fait restée en vie grâce au merveilleux effet de la providence. Évanouie sur le bord ses poumons avaient été vidés de leur eau à Sarmingstein par des gens bienveillants qui avaient pris soin de son corps inanimé. En la regardant de plus près, ils remarquèrent toutefois que la comtesse respirait encore et ils parvinrent par miracle à la réanimer. Elle fut amenée à l’hôpital de Saint-Nicolas où elle reprit des forces  de sorte qu’elle put continuer son voyage. Mais elle ne se rendit pas chez son frère à Vienne. Après avoir remercié et largement récompensé ses sauveurs, elle rentra au Tyrol où elle vécut retirée dans le deuil de son mari.
   La nouvelle qu’un ermite s’était installé sur l’île de Wörth à proximité des redoutables tourbillons de la Strudengau, si dangereux pour la navigation, ermite qui avait failli lui-même mourir à cet endroit de nombreuses années auparavant, était parvenue par l’intermédiaire des bateliers qui naviguaient sur l’Inn jusqu’aux oreilles de la comtesse. Elle se demanda alors si cet ermite n’aurait pas par hasard des informations sur ce terrible naufrage d’il y avait 12 années. Elle lui envoya à tout hasard son valet qui, longtemps après, revint avec l’étrange message selon lequel l’ermite serait bien le comte qui avait été porté noyé depuis longtemps ! La comtesse se rendit alors rapidement sur l’île de Wörth. Le comte et son épouse tombèrent en larmes dans les bras l’un de l’autre et retournèrent dans leur propriété du Tyrol. En souvenir du sauvetage de ce naufrage, ils firent ériger  cette belle croix en pierre que l’on peut encore voir de nos jours.

La chasse sauvage (Strudengau) 
Il était une fois un paysan qui arrivait du pays voisin d’Achleiten et prit du bon temps dans une auberge d’Aumühle (Grein). Le temps passa très vite en joyeuse compagnie et le paysan fut surpris par la tombée de la nuit. Il se munit d’une lanterne pour retourner chez lui. Tandis que son chemin le menait à travers une forêt très sombre, il entendit soudain un cliquetis de chaîne parmi des hurlements de loups, des sifflement de serpents, des aboiement de chiens et des cris perçants de chouettes. Ces voix s’élevaient et se mélangeaient en un horrible tumulte. Un immense effroi traversa tout le corps de l’homme : il ne pouvait s’agir que de la fameuse et redoutable chasse sauvage. Il se jeta aussitôt au sol, cacha sa tête dans ses mains et commença à murmurer des prières.
Le paysan ne se souvint pas combien de temps il était resté couché sur le sol. Lorsqu’il se redressa avec hésitation, il remarqua que le cauchemar nocturne avait disparu et qu’il n’y avait désormais plus aucun bruit.
Quand il rentra chez lui et raconta son aventure, personne ne voulut croire à cette histoire étrange et qu’il avait pu échapper à la chasse sauvage. Mais le brave homme ne cessa, durant tout le reste de sa vie, d’évoquer cette épouvantable aventure.

La nymphe du Danube
   La « Donauweibl » ou « Donauweibchen » ou l’ondine du Danube est au fleuve ce que représente « La Lorelei » pour le Rhin. Elle apparaît souvent comme une aimable et belle jeune fille avec de longs et magnifiques cheveux, la tête et les vêtements ornés de fleurs. Elle est tantôt bonne, tantôt perfide. Parfois, elle prévient et protège les bateliers et les pêcheurs lors de tempête et de gros temps sur le fleuve. En cas de crue, elle indique aux navires le bon chemin vers l’aval. Elle se dresse parfois sur le « Gransel » (Kranzel) ou à la proue du navire et a le pouvoir de dissiper le brouillard sur le fleuve. Son chant merveilleux mais dont personne ne comprend le sens saisit d’admiration les bateliers qui en oublient parfois leur gouvernail, font naufrage sur les rochers et se noient.

Nymphe du Danube

La nymphe du Danube

Le chevalier pillard du château-fort de Säbnich (Strudengau) 
Au moment où régnait encore la loi du plus fort sur nos provinces vivait au château de Säbnich en Strudengau un chevalier pillard redouté. Avec l’aide de ses valets, il verrouillait le Danube au moyen de grosses chaînes et pillait sans scrupule les navires marchands qui remontaient le fleuve, prenant en otage de riches commerçants et demandant une forte rançon en échange. Lassé de ces agressions et alors qu’il venait de nouveau de piller des bateaux de pèlerins, un noble seigneur des environs rassembla une armée imposante et assiégea sa forteresse. Les vivres ne tardèrent pas à manquer et la faim s’installa derrière les remparts.Le château-fort fut pris d’assaut. Peu avant d’être fait prisonnier, le chevalier pillard banda les yeux de son cheval et s’élança avec lui dans le précipice. Son château fut incendié. La vallée de la Strudengau et le Danube redevinrent sûrs pour la navigation.
Au cours de la guerre de Trente ans (1618-1648), le château fut détruit par les Suédois. Il est depuis en ruine et il ne reste plus aujourd’hui de la forteresse de Säbnich  que quelques décombres et ce conte…

Le passage des Strudel (tourbillons) en aval de Grein, l’île de Wörth avec sa croix et la forteresse de Werfenstein

L’église Notre-Dame de Struden (Strudengau)
   Une légende rapporte que l’empereur du Saint-Empire romain germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519) dormit une nuit dans son château de Werfenstein en 1502 et que le plafond d’une pièce s’effondra mystérieusement pendant son séjour. L’empereur put échapper à une mort certaine grâce à un petit homme habillé en gris qui l’avait averti à temps. Maximilien fit ériger l’église Notre-Dame de Struden pour le remercier d’avoir eu la vie sauve.
   Un document de l’ancien tribunal libre de Struden du 16 novembre 1790 atteste que l’empereur Maximilien est effectivement le fondateur de l’ancienne église. Il entendait aussi offrir aux bateliers et aux transporteurs de sel qui remontaient et descendaient le fleuve dans ce passage difficile la possibilité d’écouter une messe les dimanches et les jours fériés. Il a d’ailleurs lui-même fait dire une messe en 1502, laquelle devait être répétée tous les ans le jour de son sauvetage, financée par le percepteur impérial et royal des péages et comptabilisée dans les dépenses. Le maître-autel de cette chapelle a été offert par les charpentiers de marine de Struden et d’autres bienfaiteurs. La conduite de l’office religieux fut confié à un prêtre de Saint-Nicolas ou, en cas d’empêchement, à un moine franciscain du couvent de Grein. Pendant 52 années, à chaque automne, une messe a été célébrée dans cette église conformément à la demande de l’Empereur.

Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519) par le peintre Bernhard Strigel (1460–1528), vers 1500

   Beaucoup plus tard, en 1784, sur ordre de l’empereur Joseph II, l’église a été fermée au culte. Le nouveau propriétaire l’a transformée en logements, son actuelle fonction. Le maître-autel avec le tabernacle a rejoint l’église paroissiale de Saint-Nicolas tout comme la statue de la Vierge Marie, les vêtements liturgiques, le ciboire, les chandeliers et le linge d’église. Le petit orgue a été transporté à l’église voisine de Klam. Les deux cloches ont été emmenées au village de Kreuzen. Cette ancienne église gothique se reconnaît aujourd’hui encore par son extrémité polygonale sous forme de tourelles et ses fenêtres maçonnées en ogive.

L’ancienne église Sainte-Marie de Struden, photo collection particulière

Sources :
Josef Petschan, Contes et curiosités de la Strudengau, 1929
Nora Kircher, Die Donau, in Mythen, Märchen und Erzählungen, Knaur, München, 1988
Hertha Kratzer, Donausagen, Vom Ursprung bis zur Mündung, Ueberreuter, Wien, 2003
Traduction en français et adaptation des contes pour Danube-culture, Eric Baude © droits réservés, mis à jour décembre 2023

L’île de Wörth (Haut-Danube)

L’île de Wörth (à gauche) et le passage du Hößgang, photo © Danube-culture, droits réservés

   « Aux alentours de Rabenstein apparaît l’île de Wörth, légendaire et d’une taille imposante, à la fois sauvage et romantique, habitée par les Celtes dès le IIe siècle ap. J.-C.. Les Romains2 y édifièrent une forteresse par la suite et l’île abrita encore au Moyen-âge, la citadelle d’un chef d’une troupe de brigands. Une haute croix de pierre, dite « Croix de Wörth » se dresse au sommet de l’éperon rocheux le plus élevé de l’île.
Au niveau de l’île de Wörth le fleuve ouvre un bras secondaire et peu profond, dit de « Hößgang »3, bras longeant la rive droite et après un cours trajet venant rejoindre à l’extrémité de l’île le bras principal semé de rochers transversaux. Dans une course déchaînée, le fleuve gronde maintenant sur les écueils. Nous sommes arrivés au niveau des dangereux tourbillons de Struden, si redoutés autrefois… »
Extrait du guide de voyage « Die Donau von Passau bis zum Schwarzen Meer » , Erste K.K. Priv. Donau-Dampfschiffahrtsgesellschaft, Wien, Jahr. 1913

Vue des ruines de la forteresse de Werfenstein et de l’île de Wörth, gravure de Georg Matthäus Vischer (1628–1696) extraite de son album « Topographia Austriae superioris modernae », 1674

« Une île, formée du rocher primitif, longue environ de 250 toises (une toise = 1, 949 mètres) et large de 50, divise le fleuve en deux artères qui se réunissent avec un fracas étourdissant. Pour débarrasser cette partie du Danube des rocs contre lesquels il est incessamment en guerre, il faudrait encore de longs travaux et d’immenses dépenses.

L’île de Wörth sur une carte coloriée à la main, vers 1750 avec le sentier pour le halage des bateaux vers l’amont sur l’île ou sur la rive droite (bras de Hossgang), collection Bibliothèque d’Autriche, Vienne

   Assise sur un bloc de rocher, que vous remarquez sur les premiers plans du dessin de Bartlett, une tour en ruine (la tour de Hausstein) a été longtemps l’objet des plus superstitieuses croyances. Il en sortait, disait-on, souvent à minuit, des bruits qui couvraient ceux du « Wirbel ». Elle était le théâtre de nocturnes orgies  ; des hommes masqués avec des femmes demi-nues s’y livraient, aux accords d’un orchestre infernal, au délire impudique d’une valse ardente et passionnée ; d’autres fois, un affreux cliquetis d’armes, d’horrible blasphèmes, des imprécations, des cris surhumains venaient épouvanter le marinier à son passage ; aussi la tour fut-elle appelée « LA TOUR DU DIABLE ». Là, suivant une seconde tradition, vivait un moine noir qui faisant, dans les ténèbres, briller aux yeux des timoniers des clartés perfides, attirait les vaisseaux sur les écueils où ils périssaient infailliblement. Le grand Soliman délivra, enfin, la tour d’un hôte si dangereux, et le força de battre en retraite ; il alla se réfugier dans les montagnes du Harz. »
H-L. SAZÉRAC (Édition française revue par), Le Danube illustré,  H. Mandeville, Libraire-Éditeur, 42. rue Vivienne, à Paris, 1849, pp. 62-63

L’îlot de Hausstein et les « Wirbel », gravure de 1791

   La petite île de Wörth scinde le Danube en deux bras distincts : un bras méridional en Basse-Autriche avec le « Hößgang »3 et un bras septentrional en Haute-Autriche (la frontière administrative des deux Länder suit ici le thalweg) avec ses strates rocheuses qui affleuraient autrefois dans le lit du fleuve à certains endroits au moment des basses-eaux et engendraient les fameux « Strudel » qui, avec en amont le « Schwalleck » et en aval les « Wirbel »4 ces derniers ayant laissés un mauvais souvenir à l’empereur François-Joseph de Habsbourg, formaient les passages plus redoutés des mariniers danubiens et de leurs passagers. De nombreux bateaux y firent naufrage ou y furent endommagés5.

Strudel und Wirbel der Donau, Grein, Inse Wörth 1777

Les « Strudel » en face de l’île de Wörth, les « Wirbel » et le casse-tête de la navigation dans ces passages, graphique de 1777

Les difficultés ont été peu à peu atténuées à partir de la fin la fin du XVIIe jusqu’après la deuxième moitié du XIXe siècle par des travaux de régularisation (1696-1866). Lors des travaux réalisés entre 1824 et 1866 sous l’égide du baron Florian von Pasetti (1793-1875), commissaire impérial pour la régulation, 28 000 m3 d’obstacles rocheux ont été dynamités et un ensemble de pièces de monnaies en particulier romaines ainsi que d’autres objets datant du Néolithique au Moyen-âge, ont été découverts. Les monnaies de l’époque romaine étaient les plus nombreuses. Si une partie de ces trésors proviennent bien des multiples naufrages de bateaux dans le défilé de la Strudengau, la majorité sont probablement des offrandes aux divinités fluviales telle que cette coutume se pratiquait dans l’Antiquité romaine avant la christianisation. Les passages dangereux furent enfin définitivement supprimés par la construction du barrage de la centrale d’Ybbs-Persenbeug (PK 2060, 42), construction envisagée dès les années vingt mais qui ne fut réalisée qu’entre 1954 et 1959. Le lac réservoir de la centrale hydroélectrique d’Ybbs-Persenbeug a eu pour conséquence d’entraîner en amont de celle-ci une élévation du niveau d’eau du fleuve de cinq mètres. C’est aussi en raison de ses travaux de régulation que l’île a pris la forme caractéristique qu’on lui connait aujourd’hui. Avant l’édification du barrage, lorsque le Danube connaissait une période de basses-eaux, il était possible d’accéder à pied ou en charrette à l’île depuis le hameau de Hößgang (rive droite) grâce à la présence de bancs alluvionnaires dans le lit du bras méridional. Ce bras a été également aménagé (dragué) pour la navigation suite à la construction du barrage.

Le passage des « Strudel » et l’île de Wörth  dans les années 1870, photographie d’Amand Helm  (1831-1890)

On érigea pendant le Moyen-âge au point le plus élevé de l’île (260 m), sur l’emplacement supposé d’une construction romaine, une forteresse en granit qui s’insérait avec Werfenstein (rive gauche) et d’autres constructions voisines (Hausstein, Pain, Sarmingstein…) dans un système de surveillance et d’obstruction de la navigation sur le fleuve. L’écrivain Franz Herndl raconte dans son roman « Die Trutzburg »  que cette forteresse abrita une redoutable famille de chevaliers brigands (« Schnapphahn ») qui bloquait les bateaux descendant la vallée au moyen d’une chaîne tendue au-dessus du Danube au niveau des tourbillons. Si les propriétaires des bateaux ne s’étaient pas déjà acquittés des droits de douane en amont de Grein, ils étaient incarcérés et une rançon était demandée à leur proches. La forteresse est abandonnée au début du XVIe.
En 1552 une croix, destinée à protéger les bateaux, leurs équipages et les passagers, fut dressée au sommet des ruines de la forteresse. Une légende se rattache à l’installation de la croix sur l’île.

On voit sur le dessin de Josef Eisner de l’île de Wörth avec la nouvelle fortification (« Hufschlag ») achevée en 1779, les Strudel (tourbillons) qu’affronte un convoi de bateaux montant vers l’amont. Le bateau de tête (« Hohenau »), est relié par des cordes à un équipage de chevaux qui le tire à travers les Strudel. Les autres embarcations sont amarrées à la rive en attendant d’être remorquées à leur tour. On distingue également la présence d’une ferme sur l’île. Dessin à la plume, collection des archives de Basse-Autriche département topographique

L’île de Wörth et les « Strudel », gravure extraite du recueil de Joseph Walcher  » Nachrichten von den im Jahre 1778, 1779, 1780 und 1781 in dem Strudel der Donau zur Sicherheit der Schiffahrt vorgenommenen Arbeiten durch die kais. königl.
Navigations-Direktion an der Donau », Wien, 1781

Les travaux d’amélioration de la navigation du XVIIIe (1778-1791)6, entrepris à la demande de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche et dirigés par Joseph Walcher (1719-1803)7, Directeur de la navigation de la cour de Vienne, entrainèrent un dynamitage d’une partie des rochers sur lesquels avait été construit l’édifice. Le dessin technique réalisé en 1779 par Josef Eisner (1756-1937) témoigne de l’existence d’un « Hufschlag », une digue fortifiée qui devait permettre aux trains de bateaux tirés par des équipages vers l’amont de traverser plus facilement les tourbillons.
La présence de bâtiments (« Wörther Farmer ») qu’on discerne également sur le dessin de Josef Eisner et dont il ne reste désormais plus que des ruines et d’activités agricoles jusqu’aux grandes inondations de 1862, prouve que certaines parties de l’île ont été cultivées entre le XVIIe et cette date. Vers le milieu du XIXe siècle siècle, le duc Ernest Ier de  Saxe-Coburg et Gotha, propriétaire du château de Grein, souhaite aménager un jardin anglais sur l’île. L’île devient la propriété de la reine Victoria en 1853. À l’automne 1908, le duc Léopold Charles-Édouard de Saxe-Coburg et Gotha vend l’île pour 9000 couronnes à une entreprise de travaux publics qui veut la déboiser et y installer une cimenterie pour la construction du chemin de fer Grein – Krems. L’écrivain originaire de Grein, Franz Herndl, publie alors des articles dans la presse et plaide pour la préservation de l’île de Wörth. L’État autrichien décide alors de racheter l’île.
Au milieu de l’île se trouvent encore actuellement trois magnifiques étangs d’une superficie totale de 1, 81 hectare.

Au bord d’un étang sur l’île de Wörth, collection privée, droits réservés, 1931

En 1970 un projet touristique de construction d’un ensemble bungalows met en danger la biodiversité de l’île qui est heureusement par la suite transformée en réserve naturelle. Un projet de centrale hydro-électrique en Strudengau, heureusement abandonné, mit également un moment l’île en péril.
L’île de Wörth est accessible par le bac « Schwallenburg » réservés aux piétons et aux cyclistes depuis Grein ou Wiesen (rive droite) depuis le mois de juin jusqu’au mois de septembre. La visite se fait accompagnée d’un guide.
Du point de vue de la flore et de la faune, l’île abrite des forêts alluviales (saules et peupliers), des chênes et des épicéas, 234 espèces différentes de plantes dont certaines peu communes comme l’iris aquatique, la gentiane barbue et le cyclamen y sont endémiques. Elle héberge également de nombreux oiseaux parmi lesquels le gorge-bleue à miroir, un oiseau insectivore migrateur, des hérons cendrés, des martin-pêcheurs, des cormorans qui nichent et trouvent dans cet environnement protégé d’excellentes conditions de vie et de reproduction.

L’Île de Wörth et le défilé de la Strudengau apaisé depuis l’édification du barrage Ybbs-Persenbeug, photo droits réservés

Insel Wörth Führungen (visites de l’île)
Marktstraße 16, 3323 Neustadtl/Donau
www.neustadl.at
Telefon +43 7471 2240
L’île et le hameau de Hößgang (rive droite) dépendent de la commune basse-autrichienne de Neustadl/Donau.

Sources :
Franz Herndl8 (1866-1945), Das Wörther Kreuz, 1901
Franz Herndl, Die Trutzburg, M. Altmann, Leipzig, 1908 ou 1909
Franz Herndl, Sechs Geschichten aus dem Strudengau, 1937
Karl Hohensinner, Donausagen aus dem Strudengau, Das Oberösterreichische Sagenbuch, Band 2, Eurojournal, Regional Edition, Linz, ?
Joseph Walcher, Nachrichten von den im Jahre 1778, 1779, 1780 und 1781 in dem Strudel der Donau zur Sicherheit der Schiffahrt vorgenommenen Arbeiten durch die kais. königl.
Navigations-Direktion an der Donau
, bei Joseph  Edlen von Kurzbed, Wien, 1781
Joseph Walcher, Nachrichten von den bis auf das Jahr 1791 an dem Donau-Strudel zur Sicherheit der Schiffahrt fortgesetzten Arbeiten nebst einem Anhange von der physikalischen Beschaffenheit des Donau-Wirbels, bei Joseph Edlen von Kurzbed, kaiserl. königl. Hofbuchdrucker, Groß und Buchhändler, Wien  1791

Die Donau von Passau bis zum Schwarzen Meer« , Erste .K.K. Priv. Donau-Dampfschiffahrtsgesellschaft, Wien, Jahr. 1913 »
https://noe.orf.at/magazin/stories/3012243
https://inselwoerth.wordpress.com/impressum

Notes :
1 longueur 770 m, largeur 295 m, hauteur 260 m
2 Peut-être en lien avec la présence de la Classis Lauriacensis (unité navale) basée à Lauriacum (Enns) 

3 Hößgang : ce toponyme désigne à l’origine le chemin de halage qui longeait le Danube sur la rive méridionale entre la commune d’Ardagger et Ybbs. Il a été donné au hameau situé en face de l’île.
4 Tourbillons. Trois passages dans la Strudengau méritaient leur réputation faisant aussi les affaires des pilotes de Grein qui excellaient à naviguer entre ces récifs non sans prendre toutefois des risques :  Le Schwalleck (Schwall, Saurüssel) près de la ville de Grein, puis en 2 km aval les Strudel entre le hameau de Struden (rive gauche) et de l’île de Wörth et 1,4 km encore plus en aval les « Wirbel » entre les villages de  Struden et de Sankt Nikola/Donau.
La carte de 1777 permet de comprendre qu’à cette époque, entre l’île danubienne de Wörth et la rive nord et gauche du Danube, pas moins de 28 îlots rocheux demeuraient en travers du fleuve ainsi que cinq autres au confluent du ruisseau Gießenbach (rive gauche) ! Les huit obstacles les plus importants portaient les noms de « Maisenkugel »,  « Weite Kugel », « Bombengehäkel »,  « Dreispitz » « Wolfskugel », « Waldgehäkel » (le plus gros), « Wildrissgehäkel » et  « Das Ross ». Le « Wildrissgehäkel », le « Bombengehäkel » et le  « Waldgehäkel » étaient de redoutables obstacles sur lesquels se brisèrent de nombreux radeaux.
5 Dracholf, évêque de Freising (907-926) se noya dans les tourbillons des Strudel à l’occasion du naufrage de son bateau pendant une  croisade contre les Hongrois.
6 Les travaux commencèrent par les « Strudel » en décembre 1777. Joseph Walcher (1718-1803), Nachrichten von den im Jahre 1778, 1779, 1780 und 1781 in dem Strudel der Donau zur Sicherheit der Schiffahrt vorgenommenen Arbeiten durch die kais. königl.
Navigations-Direktion an der Donau
, Wien, bei Joseph  Edlen (?) von Kurzbed, Vienne, 1781, p. 29.
7 Mathématicien et physicien né à Linz et membre de l’ordre des Jésuites, directeur des sciences mathématiques et physiques de l’Université de Vienne. J. Walcher compte également parmi les premiers scientifiques à avoir étudié les glaciers.
8 Écrivain né à Grein et fondateur en 1915 de la  « Société de l’île de Wörth » (Insel-Wörth-Gesellschaft).

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour juin 2023

Un projet de centrale hydroélectrique à la hauteur de l’île de Wörth (Strudengau) en 1924

Légende :
1) Râteau de protection de la centrale hydroélectrique 2) Fosse supérieure 3) Double chambre d’écluses 4) Écluses 5) Chenal vers l’amont 6) Chenal vers l’aval 7) fosse inférieure 8) Canal de la navigation 9) Île de Wörth 10) Struden 11) Ruisseau du  Giessenbach 12) Hößgang  

La centrale hydroélectrique de Struden, un projet des entreprises Universale, Mayreder, Krauss et SSW (1924)
   Le Danube sera barré à l’extrémité amont de l’île de Wörth, près de Struden, par un barrage à sept ouvertures de 28 m de large chacune et d’environ 1,6 m de hauteur. Le débit d’exploitation de 1520m3/seconde s’écoulera par un ouvrage d’entrée disposé perpendiculairement au barrage. Un canal amont amènera l’eau vers la centrale électrique, située à l’extrémité inférieure du bras de Hößgang. La centrale hydroélectrique sera complétée par une une double écluse avec des chambres d’un gabarit de 22 m, accessibles par l’amont et l’aval. Il est prévu un déversoir de crue sur le bras nord du Danube. La centrale électrique sera équipée de dix turbines d’une puissance maximale de 120.000 cv. La puissance moyenne de production annuelle prévue sera de 550 millions de kwh. L’emplacement de la retenue (cote 228,60) a été choisi pour être environ 3 m plus haut que les autres projets de centrales sur le Danube dans le défilé de la Strudengau.

Le Danube en Strudengau à la hauteur de l’île de Wörth et des ruines du château-fort de Werfenstein : un si beau paysage ! Collection particulière.

« Le Danube, qui a été utilisé pour de nombreux symboles dans l’histoire, est depuis longtemps devenu un symbole de la nature détruite – en Autriche, cependant, c’est aussi un symbole des premiers succès du mouvement de protection de l’environnement. L’abandon des projets de construction des centrales de Zwentendorf et de Hainburg marquent des tournants dans l’histoire de la seconde république autrichienne. Ils représentent des événements politiques qui ont ébranlé les certitudes sociales et interrompu l’existant. Les deux lieux de mémoire sont sur le Danube ; leur assimilation narrative est en grande partie achevée. Les mythes qui les entourent peuvent être complétés par un récit des centrales hydroélectriques qui ont été construites sur le Danube ; ils apparaissent ici comme les deux faces d’une même médailles. »
Otrun Veichtlbauer, « Donau-Strom, über die Herrschaft der Ingenieur », in C. Reder und  E. Klein, Graue Donau, Schwarze Meer, Éditions Transfer Springer, Wien- New York, 2008
https://www.academia.edu/1609680/Donau_Strom_Über_die_Herrschaft_der_Ingenieure

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