Étymologie du nom « Danube »

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« Et je dis en passant que les noms des rivières, étant ordinairement venus de la plus grande antiquité connue, marquent le mieux le vieux langage et les anciens habitants, c’est pourquoi ils mériteraient une recherche particulière ».
G.W. Leibniz (1746-1716)

« À toi sont soumis le Nil mystérieux,

Le Danube immense et le Tigre célère… »
Horace (Quintus Horatius Flaccus, 54 av. J.-C.-8 av. J. C.) , Odes, IV/14, à Auguste

On trouve des éléments de l’étymologie du nom de ce fleuve dès le IIIe siècle dans les commentaires du moine érudit et archevêque grec Eustathius de Thessalonique (vers 1115-1195) de l’ouvrage de Dionysius (Dionysus Periegestes ou Denys d’Alexandrie, IIIe siècle ap. J.-C.) Description de la terre habitée  :
« Ce fleuve, que nous appelons aujourd’hui Danube, porte le nom de Danuvius dans les Inscriptions et Médailles antiques : mais il y a longtemps que cette manière d’orthographier n’est plus en usage, & à l’heure qu’il est, tout le monde écrit Danubius. Les Allemands disent communément Tona ou Donau les Hongrois, Donava, & les Turcs, Duna, mots qui signifient tous le Danube, et que chacun de ces peuples prononce selon le différent génie de sa langue. Une remarque plus essentielle que nous croyons devoir faire sur ce sujet, c’est que ce Fleuve est nommé tantôt Danubius, tantôt Ister, selon les différents Païs qu’il arrose. Mela, Ptolémée, Pline & surtout Strabon dont j’adopte volontiers le sentiment, parlent de la différence de ces noms. Il est en effet d’autant plus raisonnable de distinguer le Danube de l’Ister, qu’il y naturellement une grande différence entre le mouvement, la largeur & le cours de l’un & de l’autre. Le mouvement du Danube est souvent violent et rapide : mais au dessous de ses cataractes, où il prend le nom d’Ister, il coule plus lentement dans un large canal qui a moins de pente. Ces circonstances doivent suffire pour établir la différence entre l’Ister et le Danube… »
Le philosophe Aristote (384 ou 385-322 av. J.-C.) appelle le « fleuve natal » du nom d’Ister, l’historien grec Diodore de Sicile (vers 90-30 av. J-C) Danubius ou Danuvius tout comme César (100 ou 101-44 av. J.-C.), Ovide (43-17 ou 18 ap. J.-C.), poète qui connut l’exil au bord du Bas-Danube à Tomis où il meurt, Strabon (63-env. 25 av. J.-C.), Pline le Jeune (61-env. 114 apr. J.-C.)   Sur la Tabula Peutingeriana1 figure le nom de Danubius. Cicéron (106-43 av. J.-C.) le nomme quant à lui Histerus.
Salluste (86-35 av. J-C), historien romain, contemporain de César et de Cicéron, semble avoir été le premier à donner au fleuve les deux noms d’Ister et de Danuvius (Histoires, troisième livre).
   Étienne (Stephane) de Byzance (VIe siècle ap. J.-C.) et Eustathius de Thessalonique parlent des Scythes qui appellent le Bas-Danube Mataos « Le fleuve du bonheur. »
   D’autres sources dont le Dictionnaire étymologique de la langue serbe ou croate émettent l’hypothèse que Danubius tirerait son origine de la langue des Scythes qui s’établirent sur la partie méridionale du delta du fleuve et de la forme Danav. 

Carte du monde selon Hérodote et reconstituée par Louis Figuier (1864), collection Danube-culture. Le Danube apparaît ici sous le nom d’Ister sur la totalité de son cours et prends sa source près de la ville de Pyrène. Hérodote fait de l’Ister un fleuve celte qui traverse toute l’Europe.

Le fleuve portait également dans l’antiquité le nom d’Istros ou Histros qui pourrait être la forme grécisée du nom thrace du fleuve, déjà utilisée dès l’Âge de Bronze.
Dans une note (page 108) du chapitre « Le Danube jusqu’à la mer Noire, La source du Danube, son cours et sa vocation » de ses Souvenirs de voyages et d’études publiés en 1836, Saint Marc – Girardin (1801-1873) cite un certain Vielmeyr (?) qui « prétend que Donau en celtique veut dire « Deux fleuves », et que c’est de là que vient le nom de Danube ».
Velimir Vukmanović reprend de son côté dans son livre The Danube’s through the ages, l’hypothèse vraisemblable que ce nom proviendrait de la langue celte et du mot Danuv. Permutant les deux voyelles a et u, les Slaves adoptèrent la forme Dunav. Mais avant les Celtes ?
Le nom de Danube aurait pour origine, en transitant par l’appellation latine Danubius, un monde plus ancien encore, d’une racine indo-européenne (du sanskrit dhánvati ?) de laquelle pourraient également dériver d’autres noms de grands fleuves comme le Don ou le Dniepr. C’est cette racine ou ses dérivés que l’on retrouve un peu partout dans le monde dans de nombreux toponymes.
Serbes, Croates et Bulgares continuent de l’appeler ainsi soit Дунав /Dunav quand les Russes, les Ukrainiens, les Tchèques, les Slovaques et les Slovènes parlent de leur côté de la Dunaj ou Дунай en alphabet cyrillique, les Hongrois de la Duna, Roumains et Moldaves de la Dunărea ou de la Dunare, les Italiens du Danubio, les Autrichiens et les Allemands de die (la) Donau (die Doana en dialecte autrichien), les Français et les Anglais, du Danube et les Turcs, autrefois familiers du fleuve et de ses rives, de (la ou le) Tuna.
   On trouve dans l’ouvrage de William Beattie, publié initialement en anglais sous le titre « The Danube, its history, scenery, and topography, illustrated from sketches by W.H. Bartlett ; engraved by J. Cousen, J.C. Bentley, R. Brandard », revu et adapté en français par H-L. Sazerac et publié en 1849 par H. Mandeville, quelques propos plus ou moins fantaisistes (?) sur l’étymologie du mot Donau  : « Les linguistes ne sont pas moins divisés sur la question de l’étymologie du nom de Danube, que les géographes sur celle de l’endroit où est son berceau. Ils ont été demander l’origine de ce nom à cinq ou six idiomes différents. Don ou Ton, dit l’un, est une racine commune aux Goths, Germains, Latins, et autres peuples : voilà pourquoi je la préfère. Daan (prononcez Dohn), réplique un autre, signifie en suédois, un bruit long et fort, et je m’y tiens. Un troisième s’écrie : Dœnning, en danois, s’applique au bruit et au mouvement des vagues. Le quatrième, qui fait d’un D un T, parce qu’il est né dans l’Helvétie ou sur les bords du Rhin, déclare que : donner, en allemand, exprime le tonnerre. Au, j’en conviens, ajoute un cinquième, dit à présent prairie ; mais anciennement, il doit, comme l’aa des Danois et des Suédois, avoir signifié une rivière ; d’où je conclue, continue notre savant, que Donau, le nom, le seul vrai nom du Danube, peut dire  : le fleuve bruyant, ou, si l’on veut, celui qui tonne à travers les prairies. »

James Robinson Planché (1796-1880), dramaturge, antiquaire et généalogiste britannique, dans son livre relatant son voyage de Ratisbonne à Vienne pendant l’automne 1827, tente de donner à ses lecteurs quelques explications sur l’étymologie du mot Danube :
« Les étymologistes se sont querellés autant sur le nom du Danube que les géographes sur sa source, dont certains prétendent qu’elle se trouve près du village de saint-Georges, et d’autres dans la cour du palais du prince de Fürstenberg, à Donaueschingen. Cette puissante rivière, la plus grande d’Europe, et la troisième en conséquence dans l’Ancien Monde, était connue des Romains sous le double nom de Danube et de Xster : « Ortus hie in Germanise jugis montes abnobae ex adverso Raurici Gallise oppidi multis ultra alpes millibus, ac per innumeras lapsus gentes Danubii nomine, immenso aquarum auctu et unde primum Illyricum alluit Ister appellatus, sexaginta amnibus receptis, medio ferme numero eorum navigabili, in Pontum vastis sex fluminibus evolvitur. »
Pline, Histoire Naturelle, livre 24.
Les anciens Allemands l’appelaient Done et Tona ; les Slovènes, Donava. Les Hongrois l’appellent Tanara, ou Donara, et les Turcs, Duna. Son appellation allemande la plus récente est Donau. Certains auteurs anciens font dériver ce nom de Deus Abnobius, ou Diana Abonbia, ou Abnopa, à qui un temple était dédié près de la source du fleuve. D’autres le déduisent de Thon, l’argile, et soutiennent qu’il devrait être écrit Thonau. D’autres encore trouveraient son origine dans les mots Ton, son, ou Donner, tonnerre ; et Reichard, en effet, donne ce dernier comme dérivation reçue. Breuninger, cependant, propose Tanne (sapin), et de façon assez spécieuse, la rivière qui prend sa source dans le Schwarzwald, dont c’est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre, tout au long de la quasi-totalité de la région. Le Danube est un fleuve qui prend sa source dans le Schwarzwald (Forêt-Noire), dont le sapin est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre sur presque tout son cours ; tandis que Nikolaï voudrait que nous le cherchions dans les mots celtiques Do, Na, qui signifient deux rivières, et qui peuvent s’appliquer soit à son double nom, « Binominem Istrum », soit aux deux sources qui se disputent la gloire de sa naissance. »
James Robinson Planché, « Ratisbon », in Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828, p. 3

Un peu plus tard, l’Anglais John Mac Grégor (1825-1892), un aventurier et sportif explore, dans les années 1860 les lacs et des cours d’eau européens  avec son canoë « Rob Roy ». Il traverse en provenance du Rhin la Forêt-Noire vers Donaueschingen et les sources du Danube, fleuve qu’il va alors descendre jusqu’à Ulm suscitant un étonnement enthousiaste de la part des riverains. John Mac Gregor cherche lui aussi à son tour à s’informer sur l’étymologie des noms Danube, Brigach et Breg : « Hilbert [?] dit que le nom « Danube » vient de Don et Düna (un fleuve). En celte, « Dune » signifie rivière et « don » « brun », tandis que « au » signifie en allemand « île »(comme en anglais « eyot »). Il semble que ces cours d’eau aient conservé des traces de leurs noms romains. Telle la Brigach, le ruisseau qui vient du nord, où se trouve Alt-Breisach, le « Mons Brisiacus » romain, un lieu toujours cité dans les annales des guerres, alors que Breg pourrait peut-être venir de « Brigantii », les gens du « Brigantus Lacus », l’actuel lac de Constance, où Bregenz est l’ancien « Brigantius ». Le Neckar s’appelait autrefois « Nicer », et la Forêt Noire,  « Hercynia Silva »…
John Mac Grégor conclue avec humour : « Maintenant que le lecteur a été suffisamment embrouillé en ce qui concerne la source du Danube ainsi que son nom, laissons le latin de côté et sautons gaiement dans notre canoë… »
John Mac Gregor (1825-1892),A thousand miles in the « Rob Roy » canoe on rivers and lakes of Europa, S. Low and Marston, London 1866

Qu’en dit de son côté l’écrivain Jules Verne, dans son roman humoristique et d’aventures Kéraban-le-têtu (1883), lui que le Danube intriguait et fascinait tant ?
« Il va sans dire que l’origine du nom du Danube, qui a donné lieu à nombre de contestations scientifiques, amena une discussion purement géographique entre le seigneur Kéraban et Van Mitten. Que les Grecs, au temps d’Hésiode, l’aient connu sous le nom d’Istor ou Histor ; que le nom de Danuvius ait été importé par les armées romaines, et que César, le premier, l’ait fait connaître sous ce nom ; que dans la langue des Thraces, il signifie « nuageux » ; qu’il vienne du celtique, du sanscrit, du zend ou du grec ; que le professeur Bupp ait raison, ou que le professeur Windishmann n’ait pas tort, lorsqu’ils disputent sur cette origine, ce fut le seigneur Kéraban qui, comme toujours, réduisit finalement son adversaire au silence, en faisant venir le mot Danube, du mot zend « asdanu », qui signifie : la rivière rapide. »
Jules Verne, Kéraban-le têtu, Éditions Pierre-Jules, Hetzel, Paris 1883

L’écrivain italien Claudio Magris, plus proche de nous, se penche aussi dans son livre Danube sur les nombreux noms du fleuve à travers les âges :
« Le fleuve a plusieurs noms. Chez divers peuples, Danube et Ister désignaient respectivement le cours supérieur et le cours inférieur, mais quelquefois aussi l’ensemble : Pline, Strabon et Ptolémée se demandaient où se terminait l’un et où commençait l’autre, peut-être en Illyrie ou bien aux Portes-de-Fer. Ce fleuve « bisnominis », comme le qualifiait Ovide, entraine la civilisation germanique, avec son rêve d’une odyssée de l’esprit qui rentre chez lui, vers l’orient, et la mène à d’autres civilisations, par un grand nombre de métissages au gré desquels son histoire connaît son apogée puis sa décadence. »

Pour résumer…

Daibi, Nikola Vlah, archevêque d’Esztergóm
Danane, cité par l’Encyclopedia Britannica
Danav (Scythes)
Danaus, cité par l’Encyclopedia Britannica
Danby (Mandeville’s Travels, XIVe siècle)
Danouvios (Hérodote)
Danister, Danuvius (De bello Gallico, Jules César)
Dānowyos, langue proto-celtique, fin du IIe millénaire avant J. C.
Dānūb (دانوب, arabe, perse et Ourdou, langue de culture des Musulmans de l’Inde et langue aujourd’hui officielle du Pakistan
Danube (français, anglais)
Danubio ou Danubo (italien)
Danubis, Danubius (Sénèque)
Danubius (Tabula Peuntingeriana), Danubis, Danuvius, Danovius (Constantin le Grand, César)
Danoubius fluvius (Ptolémée)
Danovius (Krieger, 791)2
Danuba (דנובה, hébreu)
Dânus (rivière en iranien)
Danuv, Danuvius (celte)
Danuvi (Petar Petrović)
Davovius, Danuviu, Danister (latin, cité par Strabon, Jules César, Tacite…)
Doana, dialecte de Basse-Autriche (Wachau)
Donava, pour les Hongrois selon Marsigli
Donau, Danaus (allemand)
Dônavis, Dunavi (Goths)
Donnaï (Tatares)
Donou fluvius (Krieger, 954)
Duna (hongrois)
Dunaj (tchèque, slovaque, slovène)
Дунай, (russe, ukrainien tchèque, slovène)
Duner  (דונער) ou Tin’e, ? (טינע, yiddish)
Dounavis (langue grecque moderne)
Dunābī, transcription selon J. C. Ducène du slave Dunav (J.C. Ducène, L’Europe et les géographes arabes du Moyen Age (IXe-XVe siècle), « La grande terre » et ses peuples, Conceptualisation d’un espace ethnique et politique, Paris, CNRS, 2018, p. 64)
Dunaies, le « porteur de nuages »
Dunărea, Dunare (roumain)
Дунав, Dunav, Dunaw (serbo-croate, bulgare)
Dunaue, Le livre de la description des pays de Gilles le Bouvier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, roi de France, publié pour la première fois avec une introduction et des notes et suivi de l’Itinéraire brugeois, de la Table de Velletri et de plusieurs autres documents géographiques inédits ou mal connus du XVe siècle, recueillis et commentés par le Dr E.-T. Hamy, Éditions Ernest Leroux, Paris, 1908
Dunoe (Bertrandon de la Broquière, in « Voyage d’outre-mer et retour de Jérusalem en France par la voie de terre, pendant le cours des années 1432 et 1433« )
Histróm (Ammianus Marcellinus, vers 330-vers 395, soldat et historien romain de l’Antiquité tardive)
Histerus (Cicéron)
Illyricis danuvil (latin, cité par Ausonius ou Ausone, poète romain du IVème siècle après J.-C.)
Istar, Istros (Thraces ?)
Ister, Hister (égyptien ?, grec, latin)
Istros (Ίστρος), Histros, Histri (grec, latin)
Mataos, cité par Dionysius Periegetes ou Denis le Périégète et Stéphane de Byzance à propos des Scythes
Okeanos, Okeanos Potamos (Argonautiques, Appolonios de Rhode, Hésiode, Théogonie)
Pishon (Phéniciens ?, New English Bible, Oxford, 1870, John Keats)
Soula (Proto-Bulgares ?)
Thonauwe (Krieger, 1410)
Thonaw ou Thonawstram, Chronique de Nuremberg d’Hartmann Schedel (1440-1593), feuillet CCLXXXVI, Nuremberg 1493
Thonow (Krieger, 1497)
Thonów (Krieger, 1456)
Thunaw (Krieger, 1472)
Thúnow (Krieger, 1496)
Thůnowe (Krieger, 1438)
Tona, pour les Allemands selon Marsigli (1658-1730)
Tonow (Krieger, 1472)
Tonów (Krieger, 1447)
Tonowe (Krieger, 1467)
To(u)now (Krieger, 1433)
Triton, nom possible donné en référence au Nil par les Égyptiens qui après les Phéniciens auraient navigué dans le delta du Danube et peut-être au-delà.
Tuna, langue turco-ottomane, cité au XVIIe siècle par le géographe Katib Çelebi dans les manuscrits de sa Cosmographie (Kitāb-i-Ğihānnümā)
Tunaw (Krieger, 1460)
Tůnów (Krieger, 1489)
Tůno(u)w (Krieger, 1388)

De nombreux noms de petites villes, villages lieux-dits hongrois, la plupart du temps pour des raisons de proximité géographique avec le Danube mais pas systématiquement ou dans les pays slaves voire bien au-delà jusqu’au Nigéria, en Nouvelle-Guinée et sur le continent asiatique, ont également intégré la racine indo-européenne Duna/Danu. En voici quelques exemples : Dunabogdány, Dunakesz, Dunakomlod, Dunapartdulo Dunapataj, Duna-Pentele, Dunafüred, Dunaszekcső, Dunakisvarsány, Dunaújváros, Dunavecse, Dunaújfalu, Dunairév, Dunaharaszti Rév, Dunaszentmiklós (Hongrie), Dunagálos, Dunabökény (Serbie), Dunawitz, Dunajov, Dunamelleki Majer (Slovaquie), Dunajki (Pologne), Dunavaţu de jos, Dunacesti (Roumanie), Dunavstvi (Bulgarie), Dunayev, Dunayevka, Dunaryanka (Ukraine), Dunave Krajnje (Croatie), Dunacev Kom (Bosnie et Herzégovine), Dunay (Biélorussie), Dunayevshchina, Dunayskiy (Russie), Dunas de Mira (Portugal), Dunans (Écosse), Dunali (Turquie), Dunaybah (Syrie), Dunayqilah (Soudan), Dunawa (Nigeria), Dunami (Nouvelle-Guinée), Dunach (Australie), Dunajski Lake (Canada), Duna-ye Bala (Dūnā-ye Bālā, Iran), Dunamplaya (Bolivie), Duna Jiwanwala, Dunna Mame Wala (Pakistan), Dunadahgak (Afghanistan), Danubyu, ville de Birmanie sur le fleuve Irrawaddy (2170 km),  Dunancun, Dunao (Chine)…
Il existe encore un village ukrainien de la région de Lvív qui porte le nom de Дунаїв (Dunajów). Un village polonais de la Voïvodie de Mazovie, à environ une centaine de kilomètres  au nord-ouest de Varsovie, s’appelle quant à lui tout simplement   Dunaj.

Quelques dérivés composés :

Donaudampfschifffahrtgesellschaft : Compagnie de transport par bateaux à vapeur sur le Danube, fondée à Vienne en 1829
Donauschule ou Donaustyl (École du Danube) : néologisme inventé à la fin du XIXe siècle pour définir une école de peinture de la Renaissance allemande de l’espace haut-danubien  dont les plus célèbres représentants sont Albrecht Altdorfer, Wolf Huber et Lucas Cranach l’ancien dans sa première période.
Donauraum : espace danubien
Donaumonarchie : monarchie danubienne, autrement dit la monarchie austro-hongroise (1867-1918
Danubius : revue culturelle viennoise sur la thématique danubienne publiée en 1885
Sodalitas Litteraria Danubiana : Société savante littéraire du Danube fondée au début du XVIe siècle en Hongrie puis active à Vienne par le poète et humaniste allemand Conrad Celtes (1459-1508).
La racine Duna se retrouve également dans plusieurs noms de rivières en Pologne et Ukraine comme le Dunajec (Dunajetz), une rivière de 247 km qui prend sa source dans les Tatras polonaises à la frontière avec la Slovaquie et qui conflue avec la Vistule (Wisła) en aval de Cracovie sur la rive droite, ou le Czarny Dunajec (48 km) qui appartient également au bassin de la Vistule.
Pour la petite histoire le mot le plus long jamais composé en allemand (80 lettres) :
« Donaudampfschifffahrtselektrizitätenhauptbetriebswerkbauunterbeamtengesellschaft »  

« Germaniae veteris typus » par  Willem and Joan Blaeau, 1645 ; carte établie à partir des indications de Tacite et de Pline l’Ancien. Le fleuve porte ici le nom de Danubius  fluvius jusqu’à Possonium (Bratislava) puis celui d’Ister jusqu’à la mer Noire.

Notes :
1 La « Tabula Peutingeriana » ou « Peutingeriana Tabula Itineraria », connue aussi sous le nom de « Carte des étapes de Castorius » ou de « Table Théodosienne », est une copie réalisée vers 1265 par des moines de Colmar, d’une carte romaine réalisée vers 350, elle-même probablement la copie remise à jour d’une grande carte du monde peinte sur le portique d’Agrippa à Rome vers 12 de notre ère, où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain. Sur les douze parchemins qui composaient la « Tabula Peutingeriana », onze ont pu. être conservés.  Pas moins de 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d’une vignette.
2 Krieger, Albert: Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S

Sources :
BÜSCHING, Anton Friedrich, Géographie universelle, traduite de l’allemand, Jean George Treuttel, libraire, Strasbourg, 1786
KRIEGER, Albert, Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S., p. 417
MAC GREGOR, John, Tausend Meilen im « Rob Roy Canoë, auf Flüssen un Seen Europas,  1865
MAGRIS, Claudio, Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1986
MARSIGLI, Luigi Ferdinando (1658-1730), Description du Danube, depuis la montagne de Kalenberg en Autriche, jusqu’au confluent de la rivière Jantra dans la Bulgarie, Contenant des Observations géographiques, astronomiques, hydrographiques, historiques et physiques ; par  Mr. Le Comte Louis Ferd. de Marsigli, Membre de la Société Royale de Londres, & des Académies de Paris & de Montpellier ; Traduite du latin., [6 tomes], A La Haye, Chez Jean Swart, 1744
PLANCHÉ, James Robinson, Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828

SAINT MARC GIRARDIN, Souvenirs de voyages et d’études Paris, Amyot, rue de la paix, 1836
SKOKLJIEV, Antonije and Ivan, The mythological tourist guide along the the Danube, Don Vas, Belgrade, 2012

STANČÍK, Andrej, JOVANOVIČ, Slavoljub, Hydrology of the river Danube, Publishing House Príroda, Bratislava, 1988
TSAVARI, Isabella, La Description de la terre habitée de Denys d’Alexandrie ou la leçon de géographie, Albin Michel, Paris, 1990, traduction de Christian Jacob
VERNE, Jules, Kéraban-le-têtu, ‎Les Voyages Extraordinaires, Bibliothèque d’Éducation et de Récréation J. Hetzel et Cie, Imprimé par Gauthier-Villars, Paris, 1891
VUKMANOVIĆ, Velimir, The Danube’s through ages, Second edition, Prometej, Novi Sad, 2009

Varia :
Encyclopedia Britannica, « Danube » London, 1997
Galatzi, petit guide touristique, Éditions Méridiane, Bucarest, 1964

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour mai 2023

Les Argonautes et le Danube

Constantin Volanikis (1837-1907) : le périple des Argonautes

« Jadis dans la région où se trouve actuellement Belgrade, le Danube bifurquait en deux bras riches en eau, dont l’un d’entre eux rejoignait la mer Noire et l’autre (actuellement la Sava) allait se jeter dans la mer Adriatique »

Pélias, roi usurpateur d’Iolcos en Thessalie, une ville grecque de la mer Égée, au sud du mont Olympe, avait ordonné à son neveu Jason de s’emparer de la Toison d’or en espérant ainsi ne jamais le revoir. La Toison d’or, une dépouille précieuse d’un bélier divin était gardé par un dragon sur les terres du roi de Colchide, pays situé entre le Caucase et le Pont-Euxin (mer Noire). Jason fit construire un navire, l’Argo (L’intrépide), pour aller la conquérir. Il s’en empara avec l’aide de Médée, magicienne et fille du roi de Colchide qui était tombée éperdument amoureuse du héros grec et qui s’enfuit avec lui à bord de l’Argo poursuivi par la flotte de leurs ennemis. Devant l’impossibilité de franchir le détroit du Bosphore pour rejoindre la Méditerranée puis la mer Égée, Jason se dirigea vers les bouches d’un fleuve immense indiqué sur une ancienne carte égyptienne : l’Istros (l’Ister)

Selon plusieurs récits dont celui d’Appolonios de Rhodes (env. 295-env. 215 avant J.-C.) intitulé l’Argonautica ou Les Argonautiques, poème composé au IIIe siècle avant Jésus-Christ, Jason et ses compagnons d’aventure auraient pénétré dans le delta du Danube par l’un des bras de son delta, remonté le fleuve jusqu’au confluent de la Drava (rive droite) puis navigué sur celle-ci vers l’amont (jusqu’où ?)  puis rejoint par voie de terre le Pô (l’Éridan ?) qu’ils auraient également remonté avant de rejoindre par voie de terre le Rhône qu’ils auraient descendu jusqu’en Méditerranée. L’Argo longera encore l’Italie et passant sur l’autre rive de  la Méditerranée, ira s’échouer quelques temps sur les bancs de sable des Syrtes au large de la Libye. Jason et ses compagnons feront enfin étape sur l’île de Circée et rencontreront des monstres de l’Odyssée avant de rentrer à Iolchos. Un autre itinéraire possible leur aurait fait emprunter la Save puis la Kulpa pour rejoindre ensuite l’Adriatique via le col de Delmès.

L’itinéraire des Argonautes via le Danube, la Sava et la Kulpa pour rejoindre l’Adriatique

Jason n’était toutefois pas au bout de ses épreuves en arrivant en Thessalie. Il découvrira alors que son père et roi légitime, Éson, frère de Pélias, avait été mis à mort par celui-ci. Sa compagne, la reine et magicienne Médée, tante de Circée, l’aidera à venger la mort de son père.
Le héros de la Toison d’or mourra, selon la légende, assommé par un morceau de l’Argo, qui avait été offert à un temple.

Carte d’après le voyage des Argonautes par le géographe et cartographe flamand Abraham Ortelius (1527-1598)

   « Puisque tout le monde convient que la première partie de l’expédition des Argonautes, leur départ pour le Phase, sur l’ordre de Pélias ; leurs relâches dans certaines îles, chemin faisant, sont des faits dont on ne peut nier l’authenticité, nous ne voyons pas en vérité, pourquoi la seconde partie du voyage, devenue pour eux comme pour Ulysse et Ménélas, une suite d’erreurs sans fin, serait accueillie avec plus d’incrédulité, quand ces erreurs sont attestées de même et par les monuments encore debout et par la mention formelle d’Homère.
Plus loin, Strabon ajoute : « Jusque’à l’époque romaine, on connaissait très mal l’Ister ou Danube, et on n’avait aucune idée de son cours supérieur. On avait confondu le fleuve et ses affluents avec les routes commerciales ouvertes par leurs vallées… Et, plus loin encore, le grand géographe nous dit : « On retrouve, qui plus est, les traces de Jason de Colchos, envoyé à sa poursuite en Crète, en Italie, dans l’Adriatique même.
Et citant Callimaque, il note encore qu’à côté du tombeau d’harmonie, les Colchiens fondèrent une humble cité du nom de Polas, c’est-à-dire « la ville des proscrits », où nous retrouvons notre actuelle Pola [Pula, ville et port croate].
Cette affirmation de Strabon et d’autres témoignages que nous rencontrerons encore donnent un aspect de vraisemblance à la poursuite des Argonautes par les Colchiens jusqu’en Adriatique supérieure. Le seul mystère à élucider est donc celui de leur passage du Pont-Euxin dans le golfe de Fiume. Le poète ne s’embarrasse pas pour si peu, et c’est en deux vers qu’il transporte nos héros des bouches de l’Ister aux îles dalmates, alors que ces deux points sont séparés par onze degrés de longitude, soit en ligne directe, six cent cinquante milles marins, et, avec les méandres du fleuve et de ses affluents, quinze cent milles au moins ou deux mille huit cent kilomètres, ce qui représente, au bas mot, compte tenu des portages ou roulages nécessaires, deux à trois mois de navigation.
Mais quelle route ont suivi ces hardis navigateurs ? Et, enfin, le passage de la mer Noire dans l’Adriatique est-il possible ? La remontée du Danube jusqu’à Belgrade ne présente pas de difficultés majeures, et là où le fleuve n’était pas navigable, les héros n’hésitaient pas à transporter Argo sur leurs épaules, comme ils feront plus tard en Libye, soit à le faire avancer sur les rouleaux de bois d’olivier dont ils s’étaient abondamment munis, suivant les dires mêmes du poète. D’après Justin, d’ailleurs, c’est pour passer de l’Ister dans l’Adriatique que les Argonautes auraient porté leur navire sur leurs épaules, aucun cours d’eau n’ayant la largeur et la profondeur nécessaire à l’Argo.
   Nous avons laissé nos héros à la hauteur de Belgrade. Là ils empruntent la Sava qui, dès cette époque, était navigable jusque’à son confluent avec la Kulpa à Sciccia. Nous avons là le témoignage de l’historien Dion Cassius, à propos de l’expédition d’Octave en Pannonie, qui eut lieu en 35 avant Jésus-Christ : « Il mit le siège devant Scissia, place situé au confluent de la rivière Colapis (Kulpa) et de la Save. Il prit la ville et s’arrêta là. Mais pendant le siège, on fit remonter la Sava à deux bateaux venant du Danube. »À Scissia, les Argonautes entrent dans la Kulpa et remontent cette rivière (ou suivent sa vallée) jusqu’à son cours supérieur. Ottach, sur la haute Kulpa, est séparé de Fiume d’environ 35 kilomètres. À côté se trouvent deux hautes montagnes, Rianjack (1528 m) et Urata (879 m), entre lesquelles s’ouvre le col de Delmès , à 600 m d’altitude. La remontée de la Kulpa, de Scissia (la Sisak actuelle) jusque dans la haute vallée ou éventuellement son transport sur 250 km est un exploit parfaitement réalisable par ces athlètes grecs, qui en feront beaucoup plus en Libye.
   Du temps d’Appolonios, on croyait que l’Ister se partageait en deux branches, dont l’une se déversait dans l’Adriatique et l’autre dans le Pont-Euxin. Strabon, deux siècles plus tard, réfute cette opinion d’Hippique et dit que l’Ister se jette seulement dans le Pont et ne se divise en deux branches qu’à son embouchure. Il ajoute : « suivant certains auteurs, Jason et ses compagnons auraient remonté la plus grande partie de l’Ister, suivant d’autres, ils l’auraient remonté jusqu’à l’Adriatique. Les uns ne connaissaient pas les endroits dont ils parlent, les autres supposent un Ister qui sortirait du grand Ister pour se jeter dans l’Adriatique ; leur supposition n’est ni invraisemblable, ni absurde. [ Il ajoute encore :] Hipparque a reproduit cette erreur commune à quelques-uns de ses prédécesseurs lesquels supposent l’existence d’un fleuve, portant le même nom , d’aster, qui sec serait jeté dans l’Adriatique après s’être séparé de l’autre Ister, qui aurait même donné à toute cette partie de son bassin la dénomination d’Istrie, et que Jason aurait descendu tout entier lors de son retour de Colchide.
Diodore de Sicile, de son côté, réfute l’opinion de ceux qui ont prétendu que les Argonautes après avoir remonté l’Ister jusque’à sa source, étaient entrés, par une autre branche du fleuve, dans l’Adriatique. Il distingue « l’Ister qui se jette dans le Pont-Euxin » et un autre fleuve homonyme qui se jette dans l’Adriatique. Ce dernier ne nous est pas connu ; ce doit être quelque petit cours d’eau du pays des Istriens.
   Ainsi  Diodore et Strabon, qui sont contemporains et vivaient deux siècles après Appolonios, concordent dans leur conclusions. Pour conclure nous-mêmes, il semble que les voies d’eau Ister, Sava et Kulpa permettent aux Argonautes de s’approcher de l’Adriatique et du golfe de Fiume suffisamment pour pouvoir remettre leur nef à l’eau en suivant la voie commerciale un usage à cette époque… »

Mais qui étaient les Argonautes ?
Plusieurs hypothèses s’affrontent. Les Argonautes auraient été, si l’on en croit Appolonios de Rhodes, une cinquantaine parmi lesquels, Argus, le constructeur du bateau, Atalante, seule femme à bord du bateau qui sera rejointe par Médée en Colchide, Castor et Pollux, Héracles, Idmon et Mopsos, devins légendaires, Lyncée, Méléagre, Nauplius, Oilée, Orphée le joueur de lyre, Pélée, père d’Achille et mari de Thétis, nymphe marine, Périclymène, un fils de Poséidon, Télamon, père d’Ajax, Typhis, timonier du navire, Zéthée et Calaïs, fils ailés de Borée, le vent du Nord et qui combattirent les Harpies au large de la Bérycie. Médée, fille d’Éétes, roi de Colchide se joindra à eux après avoir aidé Jason à s’emparer de la Toison d’or.

Les Argonautes :
Les argonautiques orphéiques [Arg] en mentionnent 49 hommes, Apollodore [Apd] 45, Apollonios de Rhodes [Apl] 64, Hygin [Hyg] 63, Diodore de Sicile [Dio] 54.
Acaste, fils du roi Pélias [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Actor, fils de Déion le Phocien [Apd]
Admète, prince de Phères [Apd, Apl, Arg]
Amphiaraos, devin et roi d’Argos [Apd]
Ancée, dit le Grand, de Tégée, fils de Poséidon [Apl, Hyg]
Ancée, fils de Lycurgue [Apd, Apl, Hyg]
Argos le Thespien qui construisit l’Argo [Apd, Dio]
Ascalaphos,d’Orchomène, fils d’Arès [Apd]
Astérios, fils de Cométès, un Pélopien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Atalante, la vierge chasseresse de Calydon et la seule femme de l’expédition [Apd, Dio]
Augias, fils d’Hélios et d’Hyrmina, roi d’Elide [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Autolycos, fils de Chioné et d’Hermès [Apd]
Boutès l’apiculteur d’Athènes [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Caenée, Lapithe qui avait été née femme puis fut changée en homme par Poséidon [Apd, Hyg]
Calaïs, frère de Zétès et fils ailé de Borée [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Canthos d’Eubée [Apl, Hyg]
Castor le lutteur Spartiate, l’un des Dioscures [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Céphée, fils d’Aléos l’Arcadien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Echion, fils d’Hermès, le héraut de l’expédition [Apl, Arg, Hyg ]
Erginos de Milet [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Euphémos, de Ténare, le nageur [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Euryale, fils de Mécistée, un des Epigones [Apd]
Eurytos, fils d’Hermès [Apd, Apl, Arg, Hyg]
 Héraclès, l’homme le plus fort qui ait jamais vécu [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Hylas le Dryope, l’écuyer d’Héraclès [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Idas au mauvais caractère, fils d’Apharée, de Messène [Apl, Arg, Hyg]
Idmon,devin d’Argos, fils d’Apollon [Apl, Arg, Hyg]
Iphiclès, fils de Thestios l’Etolien [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Iphitos, frère du roi Eurysthée de Mycènes [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Jason, le capitaine de l’expédition [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Laërte, fils d’Acrisios d’Argos [Apd, Dio]
Lyncée, l’homme à la vue perçante, frère d’Idas [Apl, Arg, Hyg]
Méléagre de Calydon [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Mopsos le lapithe [Apl, Arg, Hyg]
Nauplios l’Argien, fils de Poséidon, navigateur éprouvé [Apl, Arg, Hyg ]
Oïlée, le Locrien, père d’Ajax le petit [Apl, Arg, Hyg]
Orphée, poète et musicien de Thrace, fils d’Oeagre et de Calliope [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Palaemon, fils d’Héphaïstos, un Etolien.[Apd, Apl, Arg, Hyg]
Pelée le Myrmidon [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Pénéléos, fils d’Hippalcimos, le Béotien [Apl, Arg, Hyg]
Périclyménos de Pylos, fils de Poséidon qui avait reçu le don de métamorphose [Apd, Apl]
Phaléros, archer athénien [Apl]
Pollux, boxeur spartiate, l’un des Dioscures [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Polyphème, fils d’Elatos, l’Arcadien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Tiphys, le timonier de Siphae en Béotie [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Télamon, fils d’Éaque et d’Endéis [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Zétès, fils de Borée, frère de Calaïs [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Voir la liste complète sur https://fr.wikipedia.org › wiki › Argonautes

Appolonios de Rhodes : L’Argonautica ou Les Argonautiques

Le poète Appolonios de Rhodes est né à Alexandrie aux environs de 295 avant J.-C. À la suite de la première publication de L’Argonautica (Appolonius est alors âgé de 18 ans), son maître, Callimaque de Cyrène (vers 305-vers 240 av. J.-C.) l’accuse de l’avoir plagié et obtient son exil. Appolonios choisit Rhodes où il remaniera et republiera son récit en quatre chant (250-240 av. J.-C.). Il pourra retourner à Alexandrie et deviendra précepteur du futur pharaon Ptolémée III, Évergète Ier dit « le bienfaiteur » (vers 283-vers 221 av. J.-C.) puis directeur de la prestigieuse bibliothèque d’Alexandrie. Il meurra aux environs de 215 avant J.-C.

Jason, les Argonautes, la Sava, la Ljubljanica  et le dragon de Ljubljana

   Selon l’une des versions, les Argonautes se seraient  dirigés vers le nord en remontant le fleuve Danube plutôt que de rentrer par la mer Égée pour échapper à leurs poursuivants. Ils remontèrent d’abord le Danube jusqu’à la confluence de la Sava puis son affluent la Ljubljanica (en allemand Laibach, cours d’eau de 41 km qui effectue en partie son trajet dans le sous-sol karstique avant de traverser la capitale slovène. Ils démontèrent alors l’Argo et le transportèrent sur leur dos ou en le faisant rouler sur des rondins jusqu’à la mer Adriatique. Entre les municipalités actuelles de Vrhnika et de Ljubljana, les Argonautes trouvèrent un grand lac entouré de marais. C’est là que Jason terrassa un monstre. Ce monstre était, dit une autre légende, le dragon de Ljubljana qui apparaît sur le blason et le drapeau de la capitale de la Slovénie.

Notes : plusieurs dragons ailés ornent le pont des dragons (Zmajski Most) construit entre 1900 et 1901, ce pont est l’œuvre de J. Zaninovic. Le dragon (ou le Lindwurm, créature mi-serpent mi-dragon) est aussi un symbole pour la ville autrichienne proche de Klagenfurt qui fut pendant des siècles le grand centre spirituel slovène. Du fait de cette proximité, la légende du dragon de Ljubljana et celle du Lindwurm de Klagenfurt furent souvent comparées ou reliées ; et les légendes ont été traitées de façons similaires dans les deux cités d’un point de vue héraldique: les blasons représentent tous deux des dragons de couleur verte, placés sur un fond rouge et associés à un bâtiment. (sources Wikipedia)

Sources :
PIERRE, Pierre, « Delta blond et mer Noire », Le Roman du Danube, Plon, 1987

SÉNAC, R. , « Le retour des Argonautes d’après les Argonautiques d’Appolonius de Rhodes », Bulletin de l’Association Guillaume Budé : Lettres d’Humanité n° 24, décembre 1965, pp. 447-476
http://persee.fr/doc/bude_1247-6862_1965_num_24_4_4226
 www.mythologica.fr/grec/argonaute.html
https://fr.wikipedia.org › wiki › Argonautes

Eric Baude pour Danube-culture, complété le  26 février 2023,  © droits réservés

Les Grecs, les Perses et les Macédoniens sur le delta du Danube

« Alors que l’Antiquité aborde la seconde moitié du VIIe siècle avant notre ère, les Grecs originaires de Milet, la fameuse cité maritime du littoral asiatique de la mer Égée, dirigent leurs navires vers les bouches de l’Istros [Danube] et fondent Istria, au sud, dans le voisinage du cinquième bras.

Spiridon Ion Cepleanu — Travail personnel, according with H.E.Stier (dir.), « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, ISBN 3-14-100919-8, p. 39 Colonisation grecque antique en Mer Noire

Bientôt se créeront d’autres colonies côtières, ainsi Tomis [ou Tomes], la future Constanţa, et puis, sur le fleuve même, au moment où il se divise, un port [Aegyssos] qui, vingt siècles plus tard, s’appellera Tulcea.

Istria, photo droits réservés

Principale source de richesses de ces cités — outre l’artisanat — le commerce, qui véhicule les premiers éléments de la civilisation méditerranéenne dans cette aire « carpato-istro-pontique », qu’habite la grande famille des Thraces. Le vin et l’huile grecque, les magnifiques vases peints de Milet et de Chios, de Rhodes et de Samos, de Corinthe et d’Athènes, les armes et les objets de parure en or finement ciselé sont échangés contre le grain et le miel, l’or et les esclaves, et aussi le poisson de l’Istros généreux, qui sera frappé sur les premières drachmes… Mais, puisque tel est le destin du Fleuve depuis que les hommes ont abordé sur ses rives, la région du delta connaîtra des heures moins pacifiques. Étendant son empire, le roi des Perses, Darius Ier [vers 522-vers 486 av. J.-C.], y poursuivra les Scythes, redoutables cavaliers et guerriers de souche iranienne, et traversera l’Istros, en 514 av. J.-C., sur un pont flottant fait de roseau. Deux siècles plus tard, en 335 av. J.-C., Alexandre le Grand [356-323 av. J.-C.] accomplit, fidèle à sa légende, un nouvel exploit militaire. Il réussit, de nuit, un débarquement éclair sur une île du fleuve où s’étaient repliées les Triballes, tribu thrace. Ses adversaires désemparés se réfugièrent dans une ville proche qu’Alexandre mit à sac.1

Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale, détail de la mosaïque romaine de Pompéi représentant la bataille d’Issos, musée national archéologique de Naples.

À l’active flotte des Grecs commerçants qui ne s’égare jamais dans le labyrinthe deltaïque et remonte la route ouverte de l’Istros et de certains de ses affluents, vont succéder, au fil de l’histoire, les trirèmes à trois rangées de rames superposées des Romains, les élégantes nefs byzantines, les caravelles génoises aux voiles triangulaires, les grandes galères à deux ponts de la sérénissime république de Venise, les orgueilleux vaisseaux de la Sublime Porte, les légers caïques cosaques, à voile ou à rames, pareils à des croissants de lune posés sur l’eau. Illustres ancêtres des remorqueurs et des péniches, des pousseurs, des barges et des chalands, des navires de haute mer et des tankers… De l’Istros au Danube, vingt-cinq siècles de navigation ! »
Bernard Pierre, Le Roman du Danube, « Delta blond et mer Noire », Plon, 1987

1 Auparavant, En 339 av. J.-C. Philippe II de Macédoine (vers 382-336 av. J.-C.) et père d’Alexandre le Grand, a remporté, à proximité du Danube, une victoire décisive sur les Scythes qui scelle le déclin de royaume des Scythes.
Quant à son fils, il profite de sa présence sur le Danube pour vaincre également les Gètes et rencontrer, selon l’historien et géographe grec Strabon (vers 60-vers 20 av. J.-C.), une ambassade celte :

 « Quand Alexandre eut vaincu les Gètes et rasé leur ville, sur le Danube, il lui vint des ambassades de tous côtés et entre autres des Gaulois, qui sont (dit-il) de « grands hommes ». Alexandre leur demande ce qu’ils craignaient le plus au monde, en s’attendant à ce que ces gens disent qu’ils ne craignaient rien plus que lui : mais il fut détrompé car il avait affaire à des gens qui ne s’estimaient pas moins que lui ; ils lui dirent que la chose de ce monde qu’ils craignaient le plus était que le ciel ne tombât sur eux, ce qui signifiait qu’ils ne craignaient rien. »
Strabon, 
Commentaires historiques

Carte de l’Europe avec le fleuve Ister selon Strabon

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