Martin Johann Schmidt dit « Kremserschmidt » (1718-1801), peintre danubien du Baroque autrichien
Les figures, peu nombreuses et de très grande taille, de ses débuts (saint-André embrassant sa croix, 1745, château de Goldegg, Tyrol) font place à des scènes plus dramatiques et plus mouvementées (Saint-Nicolas, patron des bateliers, 1750, église saint-Nicolas de Stein/Danube, Basse-Autriche) ou plus gracieuses (La Sainte Famille, 1752, église de Moritzreith, Basse-Autriche).
En 1756, Martin Johann Schmidt trouve la voie des grandes compositions avec son tableau de l’Ascension (Krems, église des Piaristes) et peint un cycle de 4 fresques largement brossées de la Vie de Marie dans la chapelle de l’abbaye augustinienne de Herzogenburg (Basse-Autriche). Cette même année, il obtient ses Droits de bourgeoisie dans les villes attenantes de Krems et Stein et où il participera activement à la vie publique.
Il séjourne sans doute à Vienne vers 1764-65, devient membre de l’Académie impériale d’Autriche en 1768 sur présentation de deux oeuvres, l’Arbitrage de Midas entre Apollon et Marsyas et Vénus dans la forge de Vulcain (Akademie der bildete Künste, Vienne).
Son souhait de s’assimiler au goût cultivé de l’époque l’ont porté vers des sujets mythologiques, où il se montre malgré tout plus simple et plus prosaïque que dans ses tableaux illustrant des thématiques religieuses ainsi que vers la peinture de genre dans laquelle il exprime son sens de l’humour et ses dons d’observation (le Concert de chambre, Vienne, coll. particulière).
En 1777, « Kremser Schmidt » travaille à Salzbourg pour l’abbaye saint-Pierre où sont conservés ses esquisses et son portrait de l’abbé Beda Seauer. Il séjourne à plusieurs reprise à Vienne pour réaliser des portraits des Habsbourg. Vers 1780, il exécute la décoration de la chapelle du palais Rococo construit par l’architecte et scientifique jésuite Gabriel Gruber (1740-1805) à Ljubljana (Slovénie). Sa renommée s’étend désormais à travers toute l’Europe centrale, en particulier comme peintre de tableaux d’autel. Il voyage, suite à des commandes, et peint parfois des cycles entiers comme ceux de l’abbaye saint-Pierre, de Spital am Pyrhn (Haute-Autriche), de l’église des Franciscains de Sankt-Pölten (Basse-Autriche), de l’église abbatiale d’Aschbach (Basse-Autriche) et de l’église paroissiale de Melk .
Son abondante production (environ un millier de toiles, une quarantaine de fresques et une trentaine de gravures) illustre l’étendue de son art et son goût de la diversité. La couleur est l’élément fondamental de son art : d’une chaude pénombre surgissent quelques rehauts intenses marquant les acteurs principaux, frappés par une lumière vive et éparse.
Kremser Schmidt exprime une tonalité très personnelle dans ses petits oeuvres sur cuivre (La fuite en Égypte, 1767, abbaye bénédictine de Seitenstetten, Basse-Autriche), où l’aspect anecdotique, l’intimité et l’agrément prennent le pas sur la situation dramatique.
Sources :
Dictionnaire de la peinture Larousse, Édition Larousse, Paris, 2003
Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour septembre 2023