Les 10 pays riverains du Danube

Toutes les distances sur le Danube se mesure de l’aval vers l’amont du fleuve, d’abord en milles marins du port de Sulina (point zéro) à Galaţi, puis en kilomètres de Galaţi jusqu’à Ulm au-delà de laquelle le fleuve n’est plus navigable.
Du point zéro de Sulina jusqu’à la station de signalisation par temps brumeux sur la mer Noire, la distance est de 3, 75 milles (6,94 kilomètres).

Bras de Sulina (rive gauche), PK (Mille) zéro et au-delà…

Le comptage en milles marins (1 mille = 1852 m) se termine au port roumain de Galaţi où est installée la dernière et 80e borne. En continuant à remonter le fleuve on trouve ensuite la première borne kilométrique (Point Kilométrique 150) et ainsi de suite jusqu’à Ulm.

Les 3 bras principaux (Chilia, Saint-Georges et Sulina), les bras secondaires et les canaux principaux dans le Delta du Danube, photo du satellite Landsat de la Nasa, domaine public, 2000

Les bras de de Sfântu Gheorghe (bras méridional) et de Chilia (bras septentrional roumano-ukrainien du Danube) ne relèvent pas de la Convention de Belgrade de 1948.
Les distances sur le bras de Chilia sont également comptées de l’aval vers l’amont à partir du bras de Zavodinskoïe (PK 0) jusqu’au PK 115, 5.

Notes :
1Celui, celle qui habite ou possède une propriété située le long d’un cours d’eau, d’une étendue d’eau (Dictionnaire de l’Académie française). On notera que les mot riverain, rival, rivière, rive, ont une origine commune. D’où un certains nombres de disputes entre riverains d’un même cours d’eau…

Roumanie (bras de Sulina, aménagé par la CED, delta du Danube), du point zéro au PK  79,6 (tchatal d’Izmaïl). Le mot tchatal vient de la langue turque (çatal) et signifie fourche, embranchement).

En arrivant à Sulina… photo © Danube-culture, droits réservés

Ukraine (rive gauche) et Roumanie (rive droite), du PK 79,6 au PK 133,5

Moldavie (rive gauche) et Roumanie (rive droite), du PK 133,5 au PK 134,1

PK 301 et forêt de panneaux presque désormais invisibles et inutiles pour la navigation à la hauteur de Cernavodă (Dobrogée, Roumanie)

Roumanie (rive gauche/rive droite), du PK 134,1 au PK 375,1

Roumanie (rive gauche) et Bulgarie (rive droite), du PK 375,1 au PK  845,6

Roumanie (rive gauche) et Serbie (rive droite), du PK 845,6 au PK 1075

Serbie (rive gauche/rive droite), du PK 1075 au PK 1295,5 

Serbie (rive gauche) et Croatie (rive droite) du PK 1295,5 au PK 1433

Bassin versant hongrois (en rouge) du Danube au sein du bassin versant du Danube, sources : Ministère hongrois de l’intérieur

Hongrie (rive gauche/rive droite), du PK 1433 au PK 1708,2

Slovaquie (rive gauche) et Hongrie (rive droite), du PK 1708,2 au PK 1850,2

Slovaquie (rive gauche/rive droite), du PK 1850 au PK 1872,7

Quand le Danube et ses affluents servent de frontières : supports des tracés frontaliers en Europe centrale et dans les Balkans, source Fragments d’Europe, 1993

Slovaquie (rive gauche) et Autriche (rive droite), du PK 1872,7 au PK 1880,2

Autriche (rive gauche/rive droite), du PK 1880,2  au PK 2201,7

Allemagne (rive gauche) et Autriche (rive droite), du PK 2201,7 au PK  2230,2

Bassin versant allemand du Danube (56.200 km2  soit environ 7 % du bassin versant total dont 8.050 km2 pour le Land de Bade-Wurtemberg sur une distance d’environ 200 km et 48.200 km2 pour le Land de Bavière sur une distance d’environ 400 km) avec ses principaux affluents, sources : Bayerisches Staatsministerium für Umwelt und Verbraucherschutz.

Allemagne (rive gauche/rive droite), du PK 2230,2 au PK  2783,4 (ou PK 2888,7)

Le PK 2414, 8 en amont de Kelheim (Bavière), photo © Danube-culture, droits réservés

Voir également :
Commission du Danube

Danube-culture, mis à jour mars 2024

Le Danube naît officiellement du confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne) et prend ici son nom de Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Le cours du Danube : une vaste géographie européenne

La superficie totale du bassin versant du Danube est de 817 000 km2. Celui-ci « englobe des régions aussi variées que les moyennes montagnes d’Europe occidentale et centrale, les Alpes centrales, orientales et dinariques, les Carpates, les Balkans, les grandes plaines pannonienne et moldo-valaque ainsi que l’Ukraine méridionale. Son bassin voisine au nord avec ceux de la Weser, de l’Elbe, de l’Oder et de la Vistule, au nord-est avec le bassin du Dniestr, au sud avec les bassins des fleuves de la mer Egée (Salamvria,Vistritsa, Vardar, Aliakmon, Strylon ou Strouma, Maritsa) et de la mer Adriatique, enfin à l’ouest et au nord-ouest avec le bassin du Rhin.

Le Danube naît en Allemagne, de l’union de deux ruisseaux de montagne, la Breg et la Brigach, ruisseaux qui prennent leur source sur le versant est de la Forêt-Noire (Schwarzwald, Bade-Wurtemberg) à respectivement 1078 et 940 m d’altitude.

Le bassin du Danube : 817 000 km2, source WWF Deutschland

Ces deux cours d’eau de 49 et 43 km qui se rencontrent à Donaueschingen et auxquels se joignent plusieurs sources du sous-sol karstique jaillissant sur le territoire de cette commune parmi lesquelles une quinzaine se trouvent dans la zone même du parc du château des princes de Furstenberg dont celle intitulée « Die Donauquelle » (« La source du Danube »), forment officiellement le Danube en aval de leur confluence.

Le confluent de la Breg avec la Brigach à Donaueschingen, photo © Danube-culture, droits réservés

   La longueur totale du fleuve, à partir du confluent de ces deux ruisseaux est de 2783,4 km. 2414 km du fleuve sont navigables, de Kelheim (Allemagne) jusqu’à Sulina (kilomètre zéro, Roumanie).
   Toutes les distances sur le Danube sont mesurées de l’aval vers l’amont, d’abord en milles de Sulina à Galaţi (Roumanie), puis en kilomètres de Galaţi jusqu’à Ulm (Allemagne). Le comptage en milles se termine au port de Galaţi où est installée la dernière et 80ème borne. En continuant à remonter le fleuve on trouve ensuite la première borne kilométrique (Point Kilométrique 150) et ainsi de suite jusqu’à Ulm. La distance en ligne droite, entre le confluent de la Breg avec de la Brigach et l’embouchure du fleuve est de 1630 km, ce qui donne un coefficient de sinuosité de 1,7.

Point kilométrique (PK) 2000, photo © Danube-culture, droits réservés

Le dénivelé total du fleuve, depuis le confluent de la Breg et du Brigach jusqu’à la mer Noire n’est que de 678 m.
Dénivellation moyenne de la source jusqu’à Passau : 0,65%
Dénivellation moyenne de Passau à Hainburg : 0,5%
Dénivellation moyenne de Hainburg jusqu’à l’embouchure : 0,07%
La pente moyenne est donc très faible et n’est égale qu’à 25 cm/km.
Le débit d’eau moyen au Cap Tchatal d’Izmaïl (bras de Chilia) est de 6 500 m3/seconde (approximativement 205 km3/an) mais il varie considérablement selon les années et la météorologie.

Le Haut-Danube dans sa traversée du Jura Souabe à la hauteur de l’abbaye de Weltenburg (rive droite), en amont de Kelheim et du confluent avec l’Altmühl, photo © Danube-culture, droits réservés

À partir du confluent de la Breg et de la Brigach et jusqu’à la localité de Tuttlingen (PK 2747), le Danube coule vers le sud-est, puis il modifie son cours en direction du nord-est, orientation qu’il garde jusqu’à Regensburg (Ratisbonne, PK 2379). Il atteint alors le point le plus septentrional de son parcours (49°03′ de latitude nord). Le Danube se dirige par la suite vers le sud-est jusqu’à Gönyü, en Hongrie (PK 1791). À Gönyü, il poursuit d’abord son chemin vers l’est et oblique brusquement vers le sud dans la région de Vác (PK 1679). Le fleuve continue de couler vers le sud en direction de Vukovar (Croatie, PK 1333).

Par TomGonzales, major revision by Ulamm in April 2016, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16939996

De Vukovar (rive droite, Croatie) jusqu’à la petite ville de Bačka Palanka (rive gauche, Serbie, PK 1298), il maintient un cap sud-est puis est jusqu’au confluent avec la Tisza (PK 1214,5). Du confluent de la Tisza jusqu’à Artchar (PK 771), il dessine de grands méandres, coulant vers le sud-est et l’est jusqu’à Svistov (rive droite, Bulgarie, PK 554). C’est près de cette ville que le Danube atteint son point le plus méridional (43°38′ de latitude nord). Au delà le fleuve se dirige vers le nord-est jusqu’à la ville de Cernavodă, rive droite, Roumanie, PK 300). En aval de Cernavodǎ, le Danube prend la direction du nord, oblique ensuite doucement vers l’est à la hauteur du Siret, (PK 155), affluent de la rive gauche. Il maintient plus ou moins cette direction jusqu’à son delta.
Sur son cours inférieur, le Danube se ramifie et forme un large delta marécageux d’une superficie d’environ de 5640 km2. La longueur du delta d’ouest en est atteint 75 km sur une largeur de 150 km.

Ce delta occupe la partie méridionale d’une vaste plaine s’étendant vers la mer Noire. À l’ouest du delta se dressent les contreforts septentrionaux du plateau de la Dobrogée roumaine derrière lesquels s’étend la plaine du Bas-Danube séparant les versants est des Carpates et des Balkans. Le point le plus avancé du delta danubien se trouve au Cap Tchatal d’Izmaïl.

Danube_delta_Landsat_2000

Photo du delta du Danube prise par le satellite Lansat en l’an 2000

Le lit principal se divise d’abord en deux bras, ceux de Chilia et de Tulcea. Le bras de Tulcea se divise à son tour en deux bras, celui de Saint-Georges (Sfântu Gheorghe) et celui de Sulina. Le Danube se jette ainsi actuellement dans la mer Noire par trois bras principaux : celui de Chilia au nord, le bras central de Sulina et le bras de Sfântu Gheorghe au sud. Les bras de Chilia et de Sfântu Gheorghe se divisent en de nombreux bras secondaires.

Izmaïl et le bras de Chilia, photo © 2018 Google Imagery

À partir du Cap Tchatal d’Izmaïl jusqu’à la localité de Pardina, le bras de Chilia coule dans un lit unique, d’abord vers le nord-est, ensuite, en aval d’Izmaïl, vers le sud-est. Entre la localité de Pardina et la petite ville de Vilkovo (Ukraine), le bras de Chilia se divise à deux reprises dans des bras secondaires formant de nombreuses îles et qui se réunissent plus loin à nouveau en un seul lit.
Le bras de Sulina est peu sinueux et non ramifié coulant vers l’est et se se jetant dans la mer Noire à hauteur du port de Sulina. Les localités les plus importantes situées sur ce bras sont les communes de Maliuc, Gorgova, Crişan et Sulina.

Le bras de Sfântu Gheorghe juste avant son embouchure avec la mer Noire, photo © Danube-culture, droits réservés

Le bras de Sfântu Gheorghe, forme de larges méandres et coule vers le sud-est en un seul lit. Cinq kilomètres avant la mer Noire il se divise en cinq bras, formant ainsi un delta secondaire. Les localités les plus importantes situées sur ce bras sont les communes de Mahmudia, Murighiol, Dunavat et Sfântu Gheorghe.

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour mars 2024

Sources :
Stančík Andrej, Jovanovič, Slavoljub et al., Hydrology of the river Danube, Hydrologie du Danube, Hydrologie der Donau, Priroda Vydavatelstvo, Bratislava, 1988
Ritter Jean, Le Danube, P.U.F., Paris, 1976
Pardé Maurice, Frécaut, René, Hydrologie fluviale de l’Europe continentale. Le Bassin du Danube inférieur [article], Revue géographique de l’Est, Année 1963, 3-4, pp. 429-444
George, Pierre. Données hydrologiques récentes sur le Danube. In: L’information géographique, volume 5, n°2, 1941. p. 30; doi : https://doi.org/10.3406/ingeo.1941.5072

Ancienne carte historique du bassin du Danube, 1921

Le Danube

   Ce site aborde le fleuve dans une perspective géohistorique, sociétale et holistique. On y parle d’histoire, de navigation  du Danube, d’ethnologie, d’anthropologie, d’environnement, de climatologie, d’hydrographie, d’îles, de pélicans et autres oiseaux, d’esturgeons, de pêcheurs, de sources, du delta, de croisières, de musique, de gastronomie, de cinéma, d’étymologie, de peinture, de littérature, de grandes et petites cités, de souvenirs, de métiers du fleuve ou liés à celui-ci, de personnages danubiens d’anthologie ou d’habitants anonymes des bords du fleuve mais aussi de légendes, de mythes, de rites, de cosmologie, de symboles, autant dire de rationnel et d’irrationnel. Un fleuve comme le Danube incite à transgresser les barrières conventionnelles entre les différentes disciplines. Comme l’écrit le géographe Jacques Bethemont (1928-2017), dans l’avant-propos de son livre Les mots de l’eau, dictionnaire des eaux douces, de la métrique à la symbolique, « la disjonction entre les diverses représentations de l’eau [et par conséquent celles d’un fleuve] n’est pas irréductible à une conception globale. »

Pour paraphraser Héraclite, on ne se baignera donc jamais deux fois dans les mêmes eaux à la lecture du contenu de ce site élaboré en même temps dans une tentative d’approche transdisciplinaire ou polyculturelle du fleuve.
D’aucuns considéreront celui-ci comme une sorte de « bazar éclectique danubien » !

Carte du cours du Danube depuis sa source jusqu’à ses embouchures avec six cartouches, par le sieur [Guillaume ?] Sanson (1633-1703), géographe du roi, d’après le père Vincenzo Coronelli (1650-1718) et extraite de l’Atlas Nouveau publié par Alexis-Hubert Jaillot (1632?-1712), Paris, 1696

   L’une des légendes, parmi les plus belles de la mythologie européenne, raconte que Jason et ses Argonautes auraient remonté le Danube jusqu’à Belgrade puis la Save jusqu’à Siscia (Sisak en Croatie) et son affluent la Kupa (Kolpa) pour rejoindre enfin l’Adriatique au retour de leur périlleuse expédition de conquête de la Toison d’or.

Konstantinos Volanakis (1837-1907), Argo, huile sur toile, domaine public

Brigach und Breg bringen die Donau zu Weg !
(La Brigach et la Breg ouvrent le chemin au Danube !)
Dicton populaire du Bade-Wurtemberg

« Il regarda le Danube : l’eau coule. L’eau coule tous les jours, elle est maintenant à Immendingen, maintenant à Eckhartsau, maintenant à Apatin, maintenant à Chilia Veche et maintenant de nouveau à Immendingen. Quand sa journée était très bonne, que pouvait-il penser d’autre que le Danube est éternel et qu’il est lui-même le Danube ? »
Péter Esterházy (1950-2016), L’œillade de la comtesse Hahn-Hahn, En descendant le Danube, Gallimard, Paris, 1999

 

Le bassin versant du Danube et les pays qui se le partagent en 2024

Seul fleuve européen important avec le Pô à se diriger dans un axe général d’ouest en est, le Danube prend ses sources en Allemagne dans le vieux massif de la Forêt-Noire (Bade-Wurtemberg) à Furtwangen pour les uns ou dans le parc du château de Donaueschingen, considérées comme la sources officielle, pour les autres.

La source de la Breg (Danube) au lieu-dit saint-Martin à Furtwangen (Bade-Wurtemberg), photo © Danube-culture, droits réservés

Chapelle saint-Martin à Furtwangen dans la Forêt-Noire wurtembergeoise, photo © Danube-culture, droits réservés

Le confluent de la Breg (à gauche) avec la Brigach (à droite) auquel se sont joints les multiples sources et ruisseaux qui jaillissent du sous-sol du parc du château de Donaueschingen et de ses environs, donne naissance officiellement au Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Le fleuve traverse ensuite, en formant de multiples méandres, une grande partie du vieux continent, s’élargissant peu à peu grâce à ses nombreux affluents pour finir et s’ouvrir en apothéose sous la forme d’un magnifique delta toujours en évolution depuis sa création, prodigue en biodiversité et en écosystèmes. Le Danube se jette, en se divisant en trois bras principaux (on en comptait un nombre plus important dans l’Antiquité : Hérodote et Strabon tout comme l’historien romain d’origine grecque Amien Marcellin en comptaient cinq, Pline sept…) et de multiples ramifications secondaires (du moins pour les deux bras de Chilia et de Sfintu Gheorghe, celui de Sulina ayant été aménagé par la Commission Européenne du Danube à partir de 1880) dans la mer Noire ou Pont-Euxin chez les anciens Grecs, une mer quasiment fermée appartenant à part égale à l’Asie et au continent européen. D’autres grands fleuves européens à l’est du Danube comme le Dniestr (1362 km), le Dniepr (2285 km), appelé dans l’Antiquité le Boristhène, le Boug méridional (806 km) ou Hypanis pour les anciens Grecs, viennent également déverser leurs eaux douces dans cette mer d’une superficie de 400 000 km2.

Les cours du Moyen et du Bas-Danube ainsi que le delta et les côtes occidentales de la mer Noire vus d’un satellite

Le Danube qui a pour lointain ancêtre le proto-Danube, un cours d’eau apparu il y a environ 25 millions d’années, est, dès sa naissance et sur de nombreux aspects, un fleuve fascinant et complexe. Son histoire commence bien avant que les hommes ne viennent peupler et coloniser son delta puis son bassin tout entier.

Au coucher du jour sur le Danube slovaque… photo © Danube-culture, droits réservés

    « Ne pourrait-on reprendre à propos [du Danube] et des grands fleuves la formule de Montaigne et les dire « ondulants et divers »? Tantôt abondants et tantôt amaigris, tantôt clairs et tantôt chargés de boue, tantôt rapides et tantôt lents, et toujours changeants d’un instant, d’une saison ou d’une longue période à l’autre. Cette diversité et cette puissance font que, en tout temps et en tout lieu, les fleuves offrent, dans une perspective anthropocentriste un double aspect ; il y a le fleuve hostile par sa force brutale, par ses crues, par les maladies qu’il véhicule ; mais il y a aussi le fleuve qui offre une ressource abondante, des terres fertiles et planes sur ses rives, son énergie. Cela dans des contextes de milieux naturels et d’environnements culturels également divers, de sorte que le problème des relations qui s’établissent entre un fleuve et les collectivités humaines qui occupent et se partagent son bassin suppose autant de variations qu’il y a de fleuves et de lieux dans le bassin du fleuve: tel cadre est-il ou non favorable à l’emprise et à l’action humaine ? Quelles variations le temps et les systèmes socioculturels introduisent-ils dans ces systèmes de relations ? Quelles sont finalement les résultantes du jeu combiné des relations entre le fleuve et les hommes ? »
Jacques Bethemont, « Les temps du fleuve » in « Les grands fleuves, Entre nature et société », Armand Collin, Paris, 2002, p. 52

Le Danube en quelques chiffres…
Le Danube se distingue des autres fleuves par le fait que l’on en mesure sa longueur à contre-courant, de l’aval vers l’amont, de l’extrémité d’un de ses bras (bras de Sulina) ou du point kilométrique zéro sur le même bras jusqu’à ses sources dans le parc du château de Donaueschingen ou alors jusqu’au lieu-dit Saint-Martin à Furtwangen ; une longueur difficile à déterminer de manière précise d’autant plus qu’elle fut et est toujours variable au cours du temps en raison du travail du fleuve lui-même tout au long de son périple jusqu’à la mer Noire et des nombreux aménagements entrepris par les hommes, en particulier sur le bras de Sulina où furent supprimés de nombreux méandres, principalement à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces aménagements avaient pour objectif d’améliorer, de sécuriser la navigation et l’exportation de céréales, de lutter plus en amont contre des inondations répétitives mais ils eurent également pour conséquence de réduire non seulement sa longueur de 134 km mais aussi sa largeur en de nombreux endroits et de modifier sa biodiversité.
Longueur totale (actuelle) du Danube, de Sulina (point zéro, Dobroudja, Roumanie) jusqu’à la source de la Breg en Forêt-Noire (Furtwangen, Bade-Wurtemberg, Allemagne) : 2 888 km (on trouve également parfois le chiffre de 3019 km…).
Le Danube mesure 2 840 km (2857 km selon des sources officielles allemandes) du point zéro de Sulina jusqu’à Donaueschingen (Allemagne) où le fleuve prend officiellement sa (ses) source(s).

La statue de la Baar indiquant au jeune Danube le chemin au-dessus du bassin rénové de la source du Danube dans le parc du château des princes de Furstenberg à Donaueschingen, lieu officiel de la naissance du fleuve, photo © Danube-culture, droits réservés

De Sulina (Point Kilométrique 0) à Galaţi (PK 151), le parcours du fleuve est considéré comme une route maritime, aussi se mesure-t-il sur celui-ci en milles marins (1 mille marin = 1, 852 km).

En aval de Sulina et du point kilométrique zéro à partir duquel on mesure les distances sur le fleuve vers l’amont, le Danube poursuit inlassablement son chemin vers la mer Noire, photo © Danube-culture, droits réservés

La distance en ligne droite entre le confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen et l’embouchure du fleuve est de 1 630 km, donnant ainsi un coefficient de sinuosité de 1,7.
Le Danube n’est qu’à la vingt-neuvième place (en considérant que sa longueur est de 3019 km) ou à la trente-et-unième place avec 2 840 km parmi les plus grands fleuves du monde.  C’est toutefois le plus long fleuve européen après la Volga (3 740 km,   3 545 km selon d’autres sources), cours d’eau qui se jette dans la mer Caspienne, drainant un  bassin versant de 1 350 000 km2 mais qui n’est pas le plus grand fleuve prenant sa source sur le territoire de la Russie. Il faut également rappeler que le Danube et la Volga ont des caractéristiques hydrographiques très différentes.
Le Danube franchit, de ses sources en Forêt-Noire jusqu’à la mer Noire, 22 longitudes.

Au confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen (Bavière), les premiers pas officiels du Danube, photo © Danube-culture droits réservés

Un très faible dénivelé
Le dénivelé total du fleuve, depuis Donaueschingen jusqu’à la mer Noire n’est que de 678 m. La pente moyenne est donc très faible et n’est égale en moyenne qu’à 25 cm/km d’où en particulier les nombreux méandres du fleuve d’autrefois ! Si le coefficient de sa pente dépasse les 1% en amont d’Ulm, il s’abaisse à 0,5% entre le confluent du Lech et Regensburg (Ratisbonne) puis à 0,2% sur la fin de son parcours allemand jusqu’à Passau. Le dénivelé reprend ensuite un peu d’ampleur pour atteindre une moyenne de 0,4% à la hauteur de Bratislava puis s’abaisse à 0,1% sur la frontière slovaco-hongroise et à 0,006% dans la plaine panonienne, remonte à 0,3% dans le passage entre les Carpates et le Balkan, défilés dit des Portes-de-Fer (avec des variations entre 0,04 et 2%) avant de redescendre à 0,05% jusqu’à Cernavodă (Roumanie, rive droite) pour terminer enfin à 0,01%  jusqu’à la mer Noire.

Débit
   Le fleuve a un débit annuel moyen d’environ 203 millions m3 (6 500 m3/s).

Le Danube en Strudengau (Haute-Autriche) à la hauteur de Sarmingstein (rive gauche), fleuve miroir, à l’automne, photo © Danube-culture, droits réservés

Régime
   Rassemblant des eaux en provenance des hautes montagnes (Alpes), de moyennes montagnes (Carpates, Balkan…) et de leurs contreforts, de hauts plateaux, de bassins et de plaines, le Danube possède un régime d’écoulement très complexe dont le profil évolue depuis celui d’une rivière de montagne jusqu’à celui d’un grand fleuve de basse plaine. De nombreuses crues affectant plus particulièrement le Haut et le Moyen-Danube. caractérisent son histoire mais le cours inférieur du fleuve n’a pas non plus été épargné par de sévères inondations. Ces crues dévastatrices n’ont toutefois pas touché au même moment l’ensemble du bassin en raison du « décalage chronologique qu’apportent à leur propagation les conditions d’écoulement et de l’hétérogénéité des influences météorologiques. »

Le fleuve pris par les glaces en 2014 à la hauteur de Vienne, photo droits réservés

L’embacle du Danube à la hauteur de Budapest pendant l’hiver 1939-1940, source Fortepan

Le fleuve peut encore, pendant certains hivers rigoureux, en traversant des régions à climat continental, charrier des glaces qui provoquent alors des embâcles remontant vers l’amont à partir de rétrécissements situés entre les reliefs. Il n’était pas rare autrefois que le Bas-Danube soit également pris par les glaces pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois entre le port de Cernavodǎ et ses embouchures, bloquant ainsi tout trafic fluvial.

Principales crues historiques du Danube : 1342, 1501, 1572, 1598, 1670, 1736, 1768, 1776, 1785, 1786, 1787, 1789, 1799, 1830, 1838, (particulièrement terrible à Budapest), 1849, 1897, 1899, 1954, 1956, 1965, 1970, 2002, 2006, 2010, 2013

Inondations à Vienne en 1830

Inondations à Budapest en 1838. Elles furent causées par l’accumulation de glace sur le Danube en plusieurs endroits au cours de l’hiver rigoureux qui avait précédé. Les raz-de-marée, déclenchés par la fonte de la glace en amont, formèrent d’énormes embâcles. Les masses d’eau et de glace qui tombaient  balayèrent la plaine inondable d’Esztergom jusqu’à la Dráva. Plus de 10 000 maisons s’effondrèrent dont plus de la moitié à Pest et Buda, 3 200 furent endommagées et 153 personnes perdirent la vie.

Principaux affluents
   Le Danube reçoit au long de son cours plus de 300 affluents plus ou moins importants parmi lesquels, d’amont en aval, l’Iller (rive droite, 147 km) au débit plus important que le Danube à son confluent avec celui-ci, le Lech (rive droite, 264 km), l’Isar (rive droite, 292 km), tous trois cours d’eau d’origine alpine, l’Inn (rive droite, 515 km), rivière fougueuse qui prend sa sources dans le massifs des Grisons (Suisse) et dont le débit serait également supérieur à celui du Danube à la hauteur de son confluent (Bavière), l’Enns (rive droite, 349 km), la Traun (rive droite, 153 km), deux  nouveaux affluents alpins, la Morava ou March (rive gauche, 329 km), la Leitha/Lajta/Litava (rive droite 180 km), la Váh/Waag (rive gauche, Waag, 378 km), le Hron ou Gran (rive gauche 298 km), l’Ipoly/Eipel (rive gauche, 232 km), la Drava/Drau (rive droite, 707 km), la Tisza/Tisa/Theiß (rive gauche, 970 km), la Sava/Save (rive droite, 940 km), le Timiș (rive gauche, 359 km), la Velika Morava (rive droite, 245 km), le Timok (rive gauche, 184 km), le Jiu (rive gauche, 331 km), l’Iskar/Искър (rive droite, 368 km), l’Olt (rive gauche, 670 km), la Yantra/Янтра (rive droite, 285 km), l’Argeş (rive gauche, 327 km), le Siret (rive gauche, 726 km) et le Prut/Prout (rive gauche, 967 km). Tous ces affluents prennent leurs sources dans l’un des trois massifs montagneux que le fleuve traverse : les Alpes, les Carpates et le Balkan.

Débit du fleuve et apport des principaux affluents, source : Commission du Danube

Le fleuve le plus international au monde !
10 pays se « partagent » aujourd’hui les rives du Danube ce qui en fait le fleuve le plus international au monde : d’amont en aval, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Ukraine. Outre ces dix pays que le fleuve traverse ou borde, son bassin versant englobe une partie du territoire de vingt autres (Italie, Suisse, République tchèque, Pologne, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Kosovo, Monténégro, Albanie).
Toutefois le Danube est un fleuve du continent européen qui n’a aucune nationalité et qui n’appartient à aucun pays qu’il borde ou traverse. Il n’est ni allemand, ni autrichien, ni slovaque ou hongrois, croate, serbe, roumain, bulgare, ukrainien ou moldave. Le Danube est le Danube !

Le bassin versant danubien ou de la Suisse orientale à la Moldavie : un espace cohérent mais aussi source de tensions ?
Le bassin versant du Danube, qui occupe le vingt-cinquième rang mondial et qui représente une superficie totale de 817 000 km2 (805 000 km2 selon d’autres sources) soit environ un douzième du continent européen, englobe la totalité ou une partie de 19 (ou 20 avec le Monténégro) pays européens pour une population d’environ 83 millions d’habitants. Il s’étend à partir de 8° 09’ (sources de la Breg et de la Brigach) jusqu’au 29° 45’ de longitude est (delta sur la mer Noire). Les 20 pays composant son bassin sont la Moldavie, l’Ukraine, la Bulgarie, la République de Macédoine, l’Albanie, la Roumanie, la Serbie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, l’Autriche, la Tchéquie, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse.
Le point le plus méridional du bassin danubien se situe au 42° 05’ de latitude nord, à la source de son affluent de la rive droite l’Iskar dans le massif du Rila (Bulgarie), et son point le plus septentrional à 50° 15’ de latitude nord, à la source de la Morava (March, rive gauche) en République tchèque à la frontière tchéco-polonaise.
Selon sa structure géologique et géographique, le bassin versant du Danube peut-être divisé en trois sous bassins : Le Haut-Danube, le Moyen-Danube et le Bas-Danube que les Grecs de l’Antiquité appelaient « Ister ».
Un tiers du bassin danubien appartient aux grands massifs montagneux récents (Alpes, Carpates, Balkan, Alpes dinariques) et les deux autres tiers sont formés des montagnes moyennes de formation plus ancienne (Forêt-Noire, Jura souabe et franconien, Forêts de Bavière et de Bohême, Hauteurs tchéco-moraves, monts de Măcin), des plateaux (Dobroudja, Ludogorie, plateau moldave, Podolie) et de grandes plaines (plaine pannonienne ou Alföld, plaine roumano-bulgare).

Bassin-du-Danube

Bassin versant du Danube ; le fleuve au coeur d’un important et indispensable réseau hydrographique européen. Il manque sur cette carte l’Albanie et la Macédoine dont une infime partie de leur territoire appartient au bassin du Danube (source Wikipedia)

Le bassin du Danube avoisine à l’Ouest et au Nord-Ouest, près de ses deux sources, le bassin du Rhin, confine au Nord au bassin de la Weser, de l’Elbe, de l’Oder et de la Vistule, au Nord-Est au bassin du Dniestr et au Sud aux bassins versants des fleuves tributaires de la mer Adriatique et de la mer Égée.

Climat
En raison de sa forme allongé d’ouest en est et de la variété de son relief, le bassin versant du Danube reflète des conditions climatiques très diversifiées : influences océaniques (Haut-Danube), influences méditerranéennes dans les territoires traversés par deux de ses affluents, la Drava et la Sava (Haut et Moyen-Danube), climat continental aux hivers rigoureux dans les régions danubiennes orientales (Bas-Danube). Le climat est également tributaire de l’altitude et de l’exposition au vent ou non. Ensoleillement, nébulosité, régime des précipitations et des vents contribuent à complexifier le climat et sont à l’origine de nombreux microclimats sur les rives danubiennes.

Le Danube à la hauteur du Braunsberg (Hainburg, Autriche), photo © Danube-culture, droits réservés

Le Danube et les hommes : berceau des premières civilisations européennes
   On trouve sur les rives du Danube des témoignages de la présence humaine parmi les plus anciens du continent européen. Plusieurs représentations féminines et mythiques de la préhistoire dites Vénus , symbolisent le lien intime des hommes avec le fleuve dès le Paléolithique comme la Vénus de Hohle Fels découverte en 2008 non loin du Danube dans une grotte du Jura souabe, à proximité d’Ulm (Allemagne) qui a été sculptée dans de l’ivoire de mammouth et est datée d’env. 35 000-40 000 ans av. J.-C.

Venus de Hohle Fels, Jura souabe (Schwäbische alb)

Fany von Galgenberg, statuette en serpentine verte, retrouvée en 1988 à Strautzing, près de Krems, en  Wachau (Autriche), remonte quant à elle à de plus de 32 000 ans avant J.-C. La Vénus de Willendorf, mise à jour auparavant en Autriche également dans la région de la Wachau (1908), présente l’aspect d’une petite divinité fluviale en calcaire aux formes généreuses et appartient à l’époque glaciaire (entre 30 000 et 20 000 avant J.-C.).

Culture de Gârla Mare, âge du  Bronze, photo droits réservés

D’autres trésors archéologiques plus récents ont été retrouvés sur le site archéologique de Vinča (Serbie), lieu sur lequel les hommes s’étaient installés dès la première période du Néolithique moyen, époque qualifiée « d’âge d’or du genre humain » par le poète romain Ovide. Tout comme celui de Vinča, le site serbe encore plus ancien de Lepensky Vir (9500 – 6200 av. J.-C.) à la hauteur des défilés des Portes-de-Fer, témoigne également du haut degré de savoir-faire de ces premières civilisations danubiennes et européennes ainsi que de leur lien intime avec le fleuve.
Les premiers navigateurs dans le delta du Danube auraient été les Phéniciens suivis des Égyptiens. Ceux-ci pourraient, selon certaines sources, l’avoir dénommé « Triton » en référence au Nil. Les ressources des Carpates en minerais divers étaient vraisemblablement connues de ce peuple dès la XVIIIe dynastie des pharaons (1580-1350 avant J.-C.). Certains géographes grecs pensaient même que le chemin de l’Istros, nom attribué par les Grecs au Bas-Danube, était connu de Sesostris III (vers 1872-1854 avant J.-C.). Les marins grecs (VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.) s’aventurent sur le Bas-Danube dans l’intention de découvrir de nouveaux territoires mais aussi de nouer des relations commerciales avec les populations autochtones. Les armées du souverain perse Darius Ier (vers 550-486 av. J.C.) vont aussi s’avancer dans la région du delta et du Bas-Danube mais elles sont obligées de battre en retraite devant les redoutables tributs nomades scythes, bien plus au fait de la géographie spécifique de ce territoire. Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) fait campagne contre les Gètes et les Triballes appartenant au peuple thrace en 335 av. J.-C. À partir de 500 av. J.-C., les premières tributs celtes, dont la langue pourrait être à l’origine du nom de Danube, s’installent au bord du fleuve. À l’époque de la conquête romaine les peuples indigènes de la région du Danube se partagent en quatre catégories plus ou moins distinctes : les Celtes au nord-ouest, les Illyriens (ouest), à l’est les Daces et les Thraces au nord et au sud.
Les conquêtes romaines orientales datent de l’apogée de l’empire (100-300 ap. J.-C.) et font de « Fluvius Danubius » une de ses principales frontières. Les légions y surveillent le fameux « Limes » (zone frontalière) avec ses camps fortifiés le long du fleuve qui protègent plus ou moins bien l’empire des tributs barbares qui n’hésitent pas si besoin, à traverser un fleuve qui n’est pas un obstacle quand celui-ci est gelé certains hivers ou en raison d’un lit peu profond et la présence de nombreux gués et bancs de sable. Les flottes militaires romaines danubiennes (Ier-VIe siècles ap. J.-C) comme la Classis Flavia Moesica, (Ier-IIIsiècles ap. J-C) dans la zone du Bas-Danube ou la Classis Flavia Pannonica, basée sur le Moyen-Danube à Carnuntum (rive droite), en aval de Vindebona (Vienne) avec un détachement à Brigetio (Szőny), stationnent dans des ports près de camps militaires érigés sur les rives danubiennes et sur le littoral de la mer Noire. Ces flottes bien adaptées au contexte danubien, naviguent habilement et rapidement avec différents types de bateaux (liburnes) suivant les époques et les missions sur le Danube et certains de ses affluents comme la Drava et la Morava (March). La présence romaine atteint son apogée vers 300 ap. J.-C. Le fleuve, alors entièrement sous domination romaine de ses sources jusqu’au delta, (les Romains sont probablement les seuls à l’avoir réussi de toute l’histoire humaine !), est devenu un axe commercial et de communication. Plusieurs empereurs romains furent des « adeptes » du Danube parmi lesquels Constantin Ier (280-337), né en Illyrie à Naissus (Niš, Serbie) qui se rendra à plusieurs reprises dans ses provinces danubiennes pour y répandre le christianisme ou encore Marc-Aurèle (121-180), dont une partie des « Pensées pour moi-même » (entre 170 et 180) a été rédigée sur les rives du fleuve près de Carnuntum. Cette occupation romaine a laissé des traces indélébiles dans l’histoire de ces contrées. Le déclin de l’Empire romain bouleverse l’ordre établi, laissant une situation de plus plus instable et un territoire ouvert aux invasions et aux migrations de tributs nomades de l’Asie centrale et d’ailleurs. Les Bulgares envahissent la Dacie et fondent leur premier empire. Entretemps les Germains s’emparent de territoires situés sur le Haut-Danube. Passau tombe aux mains des Hermundures en 470. Succédant aux Huns d’Attila, redoutables cavaliers asiates, les Avars établissent leur domination sur le Moyen-Danube (500-800 ap. J.-C.), assujettissant les tributs germaniques et slaves qui occupent déjà ces contrées. La domination avare prend fin lors de l’avènement de Charlemagne et de l’Empire franc. L’établissement du Saint-Empire romain germanique permettra de stabiliser les frontières sur le Haut et le Moyen-Danube jusqu’à l’arrivée des Ottomans sur le territoire de la Hongrie qui disputent entretemps Belgrade aux Bulgares et aux Serbes.
Se sont ainsi implantées la plupart du temps de force sur les territoires des deux empires, romain et byzantin, de nombreuses tributs que le bassin danubien occidental séduisait : Goths, Huns, Tatars, Coumans, Magyars, Germains, Slaves, Francs… et autres peuples venus souvent des steppes orientales et de contrées encore plus lointaines. Succèdent à Rome, l’Empire byzantins, de la fin du IVe jusqu’à la prise de Constantinople en 1453,  le premier (VIIe-Xesiècles) et le second empire bulgares (fin XII-XIVe siècles). De redoutables expéditions tataro-mongoles en provenance des steppes ukrainiennes viennent toutefois semer à plusieurs reprises la désolation dans ces contrées de l’Europe. Les trois premières croisades (fin XIe-XIIe siècles) suivent  la route du Danube jusqu’à Belgrade, certaines troupes descendant même le fleuve en bateau sur sa partie supérieure. L’Empire bulgare domine le Bas-Danube au XIIIe. Lui succèdent les principautés de Moldavie et de Valachie dans la deuxième moitié du XIIIe-XIVe siècle. Les Ottomans vont faire alors leurs premières apparitions et s’implantent dans les Balkans peu à peu dès le milieu du XIVe, profitant des divisions entre les empires byzantin, bulgare et la Serbie pour étendre leurs conquêtes. Le sultan Mehmed II dit « Le conquérant », met le siège devant Constantinople en 1453 et s’empare de la cité impériale. Manifestant des velléités de conquêtes européennes pendant trois siècles (XVe-XVIIe siècles), les Ottomans vont continuer à s’avancer peu à peu vers l’ouest annexant tout d’abord le Bas-Danube (Dobrogée, Valachie puis plus tard Moldavie et la Bessarabie) et une grande partie du fleuve hongrois jusqu’au delà de Budapest, justifiant parfaitement l’appellation de « Danube ottoman ». Le règne de Soliman le Magnifique (1494-1566) qui bat les armées hongroises à Mohács sur le Danube en 1526, représente le point culminant de l’expansion ottomane en Europe.

Les armées ottomanes assiègent sans succès Vienne pour la deuxième et dernière fois en 1683, collection du Musée de la ville de Vienne

Ces Ottomans seront difficilement repoussés à deux reprises aux portes de Vienne qu’ils assiègent en 1529 et 1683, par des coalitions d’armées catholiques et alliées. Tout comme les Romains, les Ottomans (La Grande Porte) avaient bien compris les intérêts stratégiques et économiques de maîtriser la navigation sur le Danube et s’y sont employés avec un certain succès. Ils s’appuient pour leurs conquêtes (et pour leurs échanges commerciaux !) sur des embarcations inspirées de leur flotte maritime mais adaptées aux conditions particulières et complexes de la navigation danubienne et au combat, les tschaïques.

Ada-Kaleh dans les année soixante. Perle ottomane dont l’existence rappelait le souvenir de la longue présence turque sur le moyen et le bas-Danube. L’île a été engloutie en 1972 dans les eaux du lac du barrage roumano-yougoslave des Portes-de-Fer (Djerdap I). Photo droits réservés

L’Empire russe commence à entrer régulièrement en conflit avec son voisin ottoman (onze guerres opposeront ces deux empires entre 1568 et 1878) et profite dès le début du XIXe de sa fragilisation pour le harceler et s’installer en Bessarabie et dans le delta, une politique perçue comme une menace pour Vienne et les capitales de l’Europe occidentale. Il occupe ensuite provisoirement la Moldavie et la Valachie, alors principautés danubiennes sous domination turque dont il prétend vouloir protéger la population orthodoxe. Ces deux principautés retrouveront leur indépendance en 1878.
La situation sur le cours inférieur du fleuve et dans les régions riveraines reste instable, confuse et tributaire des nombreux affrontements qui s’y déroulent dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au début du XXe : guerre de Crimée (1853-1856), guerres russo-turques danubiennes, guerres balkaniques (1912-1913), Première Guerre mondiale. Des alliances se font et se défont au gré des ententes et des mésententes, des trahisons, des gouvernements et des opportunités intéressées.

Le passage du Danube en juin 1877 par les armées russes, peinture de Nicolai Dimitriev-Orenburgski (1837-1898), 1883

Le Traité de Paris (1856) qui met fin à la guerre de Crimée, décrète également la liberté de navigation pour les bateaux de tous les États sans obligation de redevance des nations riveraines. Une Commission Européenne du Danube voit le jour. Elle sert en grande partie les intérêts des pays d’Europe de l’Ouest qui en sont membres et qui la dominent. Elle est d’abord chargée de la gestion du secteur de navigation entre Galaţi (PK 150/ 81 Mille) et les embouchures puis de Brǎila (PK 170), en amont de Galaţi sur la rive gauche jusqu’à la mer Noire et de l’aménagement des bras de Sulina et de celui méridional de Saint-Georges. Elle cédera ultérieurement la place à une administration roumaine spécifique.

Le port de Sulina aménagé par la Commission Européenne du Danube au début du XXe siècle

La première guerre mondiale voient s’affronter sur le Danube même les flottes fluviales militaires et sur ses rives les armées de la Triple Entente (Russie, Royaume-uni et France) et de leurs alliés (Roumanie, Serbie) avec celles de la Triple Alliance (Autriche-Hongrie, Italie, Allemagne) à laquelle s’est joint la Bulgarie. La géographie des rives  et des frontières du Moyen et du Bas-Danube est bouleversée avec la défaite et la disparition de l’Empire austro-hongrois. De « nouvelles » nations font leurs apparitions ou réapparitions (Tchécoslovaquie, Yougoslavie…). Les frontières redessinées vont s’avérer rapidement sources de conflits pour de nombreuses minorités séparées de leurs pays d’origine. De nombreuses grandes villes et leurs installations portuaires danubiennes seront bombardées lors de la seconde guerre mondiale, les ponts détruits, en particulier à Budapest lors de la retraite des armées nazies, ce qui a pour conséquence de stopper toute navigation commerciale.

Le Danube pris par les glaces et le pont des Chaines en 1945, photo Kádár Anna, Fortepan

De la frontière austro-tchécoslovaque jusqu’au delta, le fleuve sera sous surveillance et domination soviétiques de 1945 jusqu’en 1989. Une nouvelle commission internationale, la Commission du Danube, composée cette fois exclusivement des États riverains y compris l’Union soviétique mais sans l’Autriche et l’Allemagne qui la rejoindront ultérieurement, est mise en place suite à la Conférence et à la Convention de Belgrade (1948).
Le fleuve est le théâtre de violents affrontements lors de la guerre croato-serbe (1991-1995), comme en témoignent encore  certains bâtiments de la cité croate de Vukovar (rive droite). Le pont de Novi Sad (Voïvodine) sera bombardé et détruit par les avions de l’Otan au mois d’avril 1999 dans le cadre de la guerre entre la République fédérale de Yougoslavie et le Kosovo. Il est reconstruit entre 2003 et 2005 avec un financement à 95 % de l’Union Européenne et porte le nom de « Pont de la liberté ».
La rive gauche du bras du Bas-Danube roumano-ukrainien de Kilia redevient le théâtre d’affrontements depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les installations portuaires des villes ukrainiennes d’Ismaïl et de Reni tout comme celles d’Odessa, sont bombardées par l’armée russe.
Longue est la liste des empires et des nations du bassin danubien qui connaissent d’abord une expansion puis un déclin, se replient sur leur territoire d’origine voire disparaissent pour certains d’entre eux. Aucun empire n’a échappé à cette loi impitoyable. Il y a là pour l’Europe d’aujourd’hui une édifiante leçon d’histoire à méditer.
Malgré les conflits récurrents et des situations politiques parfois instables, des volontés plus ou moins ouvertes d’annexion et de volonté d’hégémonie de la navigation sur le fleuve, le Danube est resté un axe sur lequel et le long duquel les échanges, les routes commerciales et culturelles se sont développées.
L’Union européenne a fait du fleuve depuis 1997 un de ses neuf corridors prioritaires de transport multimodal au sein du marché unique européen, le corridor VII de transports paneuropéen ou corridor Rhin-Danube via le Main, un affluent du Rhin et le canal Rhin-Main-Danube. Il semblerait qu’aujourd’hui, du moins en ce qui concerne le Moyen et le Bas-Danube, les priorités d’aménagement et de transport se soient reportées bien plus sur les infrastructures routières (ponts, routes et autoroutes) que sur le fleuve lui-même, imparfaitement équipé en installations portuaires performantes. Le trafic fluvial sur cette partie de son cours stagne voire régresse alors que le transport des marchandises par camion a, quant à lui, littéralement explosé avec des conséquences environnementales préoccupantes. Des perspectives inédites d’échanges commerciaux et de modalité ont engendré la construction de nouveaux ponts sur le moyen et le bas-Danube comme ceux de Belgrade, Calafat-Vidin ou, plus récemment, celui de Brăila, dernier pont sur le fleuve avant la mer Noire et qui a été inauguré au début de l’été 2023 . Certaines liaisons par bac pourraient, par conséquence, disparaitre du paysage danubien à plus ou moins long terme.

Le nouveau pont suspendu sur le Danube de Brăila (Roumanie) inauguré en juin 2023, dernier pont sur le fleuve avant la mer Noire, photo droits réservés

Navigation
Le Danube est navigable sur 2655 km sous certaines conditions pour les petites unités, depuis Ulm (Bavière, Allemagne) jusqu’à la mer Noire et pour les grosses unités de Kelheim jusqu’à la mer Noire (bras de Sulina, Roumanie), soit sur une distance officielle de 2414, 72 km (sources Via Donau). 34 affluents et sous-affluents du Danube sont ou ont été navigables sur une une partie de leur cours parmi lesquels, d’amont en aval, l’Inn, la Salzach, la Traun, l’Enns, la Morava, la Vah, la Drava, la Tisza la Save, la Velika Morava le Timiş, la Bega, le Prut, le Siret portant théoriquement la totalité de la longueur navigable sur le Danube, ses affluents, sous-affluents et  canaux, à 8000 km !

Un bateau des services de la navigation slovaque en amont de Bratislava, photo © Danube-culture, droits réservés

Le régime de sa navigation est administré depuis Kelheim jusqu’à Sulina par la Convention de Belgrade de 1948 et deux protocoles additionnels de 1998 dont la mise en application est confiée à une commission internationale, la Commission du Danube qui siège à Budapest.

Les enjeux internationaux du fleuve : le long et difficile processus de la navigation commerciale

Rudolf von Alt (1812-1905), À bord du steamer Maria-Anna de la DDSG, aquarelle, 1837

Des échanges commerciaux se sont mis en place dès l’Antiquité. Des marins et des commerçants grecs fondent des comptoirs sur le Bas-Danube ou sur le littoral de la mer Noire comme Argamon (Orgame, VIIe siècle av. J.-C.) sur le cap Halmyris (Dolojman), Histria (VIe siècle avant J.-C.) surnommée la Pompéi roumaine, Tomis (Constanţa) ou Callatis (Mangalia). L’Empire romain, après ses victoires et ses conquêtes territoriales, assure pendant quelque temps la stabilité relative de ses frontières (Limes) grâce à la surveillance de la navigation sur le fleuve jusqu’à son delta avec sa flotte militaire répartie sur plusieurs bases et encourage le transport fluvial. Lui succède un Empire byzantin qui connaîtra de nombreuses crises successives. La navigation sur le fleuve va être plus tard, jusqu’aux conquêtes ottomanes des rives du Danube aux mains des diverses entités politiques riveraines et de leurs représentants locaux plus ou moins officiels qui parfois s’émancipent de leur tutelle supérieure et imposent aux bateaux de commerce des taxes prohibitives ou pratiquent le pillage. Sur le Haut-Danube autrichien, la navigation commerciale est soumise à des seigneurs locaux qui parfois entravent les bateaux à l’aide de lourdes chaines et pillent les marchandises. L’Empire ottoman et l’Empire autrichien s’affrontent pour le partage du fleuve du XVIe au XVIIIe. La navigation commerciale (transport des céréales…) sur le Bas-Danube (Empire ottoman) au profit de Constantinople, dure jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle malgré le long déclin de celui-ci.
Le XIXe sera l’époque qui verra enfin la concrétisation de l’idée d’un statut international pour le fleuve. Cette idée inspirée de la révolution française, ne pourra se réaliser qu’en 1856 à cause en particulier d’un centralisme viennois obtus et protectionniste qui veut en particulier protéger les intérêts de la compagnie autrichienne D.D.S.G. ou « Première Compagnie Impériale et Royale avec privilège de Navigation à vapeur sur le Danube », fondée officiellement à Vienne en 1829, des nationalismes, des velléités d’indépendance qui vont désormais s’exprimer et agiter les peuples du bas-Danube ainsi que des guerres balkaniques et de Crimée. La D.D.S.G. commence par assurer à partir de 1831 un service régulier de bateaux de passagers sur le trajet Vienne-Budapest. En 1837, elle étend son offre de Vienne à Linz. La « Bayerische-Würtembergische Dampfschiffahrts Gesellschaft » (Société bavaroise et wurtembergeoise de navigation à vapeur) inaugure en 1835 de son côté une liaison fluviale régulière entre Ratisbonne et Linz. La navigation à vapeur danubienne va coexister encore jusqu’à la fin du siècle avec le transport des marchandises à bord de bateaux traditionnels à rames et avec une importante activité de flottage. Vers 1850 la D.D.S.G. transporte environ 10% de ses marchandises sur le trajet entre Linz et Vienne, 41% entre Vienne et Budapest, 35% entre Budapest et Orsowa et les 14% restants en aval des défilés des Portes-de-Fer. Des ports du Bas-Danube de Galaţi et de Brǎila que les bateaux de mer peuvent rejoindre, non parfois sans de grandes difficultés à cause de la barre à l’embouchure du fleuve, partent de nombreux navires, principalement chargés de céréales. En 1851, 666 bateaux sont à destination de Constantinople, 616 de l’Angleterre, 275 de Trieste et Venise, et 70  des ports de la Méditerranée occidentale dont Marseille.

Carte du cours du Danube depuis Ulm jusqu’à son embouchure dans la mer Noire, ou Guide de voyage à Constantinople, sur le Danube avec indication de tout ce qui a rapport à la navigation des Pyroscaphes sur cette route, 1837

Le Traité de Paris est signé le 18 mars 1856. En vertu de l’article 16 de celui-ci une première commission internationale voit le jour, la Commission Européenne du Danube qui est chargée des travaux d’aménagement « nécessaires, depuis Isaktcha (Isaccea, rive droite, mille 56,05), pour dégager les embouchures du Danube, ainsi que les parties de la mer y avoisinant, des sables et autres obstacles qui les obstruent, afin de mettre cette partie du fleuve et lesdites parties de la mer dans les meilleures conditions possibles de navigabilité pour tous les bateaux et favorisant l’exportation des ressources des pays du bas-Danube au profit de l’Europe occidentale et de la Turquie. » Le mandat de la C.E.D. dont le siège est à Galaţi, qui n’était initialement que de deux ans, sera étendu jusqu’à la fin des travaux puis il sera à nouveau prolongé à plusieurs reprises jusqu’en 1939, date à laquelle la C.E.D. transmet à la Roumanie la gestion des aménagements réalisés dans le delta du Danube.

Pavillon de la Commission Européenne du Danube

Une nouvelle convention est entretemps signée en 1921, après la première guerre mondiale pendant laquelle le Danube a lui-même été le théâtre d’affrontements tragiques. Une Commission Internationale du Danube (C.I.D.) est instituée, complémentaire de la Commission Européenne du Danube qui s’occupe du secteur Brăila-mer Noire. La C.I.D. prend en charge le fonctionnement de la navigation sur le reste du fleuve et des affluents correspondant. Elle est dissoute en 1940 à la conférence de Vienne, sous la pression des nazis. La navigation danubienne commerciale est quasiment totalement interrompue pendant la deuxième guerre mondiale.

Un des phares construits par la Commission Européenne du Danube à Sulina, aujourd’hui situé à plusieurs kilomètres du bord de la mer et transformé en musée de la C.E.D. Photo © Danube-culture, droits réservés

Une nouvelle commission internationale, la Commission du Danube dominée initialement par l’URSS et ses pays satellites, est établie à la suite de la Convention relative au régime de navigation sur le Danube, signée le 18 août 1948 à Belgrade. Elle a son siège à Budapest.
Ses compétences en terme de navigation s’exercent depuis cette date et s’étendent d’Ulm (Allemagne) jusqu’à Brǎila (Roumanie). Une administration roumaine du Bas-Danube, dit « Danube maritime », gère en complément, le secteur de Brǎila jusqu’à Sulina.

Navigation maritime sur le bras aménagé de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Les enjeux environnementaux du Danube : un fleuve régulé, canalisé sur une grande partie de son cours et une nature fragilisée

Les premiers tentatives de régulation du fleuve ont eu lieu dès l’époque romaine puis à la Renaissance (XVIe) mais c’est à partir de la fin du XVIIIe siècle que les grandes initiatives d’aménagement pour la navigation, la régulation du fleuve et la protection contre les inondations ont commencé. Elles vont s’amplifier et se poursuivre tout au long des deux siècles suivants avec pour conséquence, conjointement à l’industrialisation d’une partie des rives danubiennes, au développement économique et démographique des villes en particulier de Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois et de Budapest, puis à la construction de nombreux et grands barrages à partir du milieu du XXe siècle sur les cours allemands et autrichiens du fleuve mais aussi plus récemment en Slovaquie (Gabčikovo) et en aval, à la hauteur des Portes-de-Fer (Djerdap I et II), une modification considérable de son cours entraînant la disparition, à quelques miraculeuses exceptions près, d’une grande partie des zones humides qui caractérisaient le fleuve dans ses parties hautes et moyennes tout comme une sévère réduction des habitats naturels et de son exceptionnelle biodiversité, la disparition ou la raréfaction préoccupante de certaines espèces de poissons dont l’emblématique esturgeon sur le Moyen et le Bas-Danube, victime à la fois d’une pêche incontrôlée et de braconnage et des obstacles obstruants ses routes migratoires. Le Danube est aujourd’hui le symbole des problématiques transfrontalières environnementales du continent européen auxquelles de nombreuses initiatives, pas toujours cohérentes, tentent de trouver une réponse durable. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait également, dans un proche avenir, engendrer des conséquences néfastes importantes pour la zone septentrionale du delta du Danube voire au-delà (destruction de sites naturels, bombardement des villes ukrainiennes riveraines du bras de Chilia, pollutions diverses…).

Un « produit » de l’histoire humaine
Le Danube a été et est aujourd’hui, à l’image d’autres cours d’eau européens, considérablement impacté par la présence des hommes sur ses rives. Plus de 80% de la longueur du fleuve ont ainsi été aménagés et sévèrement régulés. Plus de 700 barrages et déversoirs ont aussi été édifiés le long de ses principaux affluents. Son cours a été raccourci de 134 km et sa largeur a été réduite jusqu’à 40% depuis le milieu du XIXe siècle. Certains de ses principaux affluents ont également, tel la Tisza ou la Drava, subi le même sort. Pendant cette même période la quantité de sédiments qui se dépose dans le delta du Danube s’est aussi effondrée, diminuant de plus de la moitié et provoquant des mutations irréversibles. Le réchauffement climatique impacte déjà également le débit du fleuve avec des conséquences considérables pour la navigation ainsi que pour la biodiversité malgré des efforts conséquents mais insuffisants de protection et de renaturation sur plusieurs endroits de son cours (Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie).
Ces chiffres illustrent à quel point les hommes ont métamorphosé le profil du fleuve avec la construction de barrages puis de centrales hydroélectriques, d’ouvrages de rectification du cours, de coupures de méandres, d’initiatives de protection contre les inondations et d’autres aménagements. Mais où est donc le Danube d’antan ?

Le barrage roumano-serbe Djerdap I, dans les Portes-de-Fer, a certes considérablement amélioré la navigation dans cette partie du fleuve autrefois problématique et offert une énergie hydraulique abondante. Ce fut toutefois au détriment d’un patrimoine culturel (disparition de l’île turque d’Adah-Kaleh) et environnemental d’exception et une des causes de la disparition des esturgeons en amont, photo © Danube-culture, droits réservés

Ce n’est que depuis les 30 dernières années que des efforts pour inverser la tendance et tenter de restaurer ou de préserver les espaces naturels ceux-ci ont été entrepris. Parmi les organismes les plus actifs, l’ICPDR/IKSD (The International Commission for the Protection of the Danube River, Commission Internationale pour la Protection du Danube) est une organisation internationale composée de 14 États coopérants et de l’Union Européenne. Issue de la Convention sur la protection du Danube, signée par les pays du Danube en 1994 à Sofia (Bulgarie), elle est active à partir de 1998. L’ICPDR est depuis devenu, malgré un manque de moyens, l’un des organismes internationaux les plus importants et les plus dynamiques en matière de gestion des bassins hydrographiques en Europe. Elle s’occupe non seulement du Danube lui-même, mais aussi de l’ensemble du bassin du fleuve, qui comprend ses affluents ainsi que ses ressources en eau souterraine.
   D’autre part une plate-forme scientifique internationale rassemble désormais les plus importantes réserves naturelles danubiennes de biosphère dont celle du delta et les principaux parcs nationaux de 9 des 10 pays riverains du fleuve (Ukraine exceptées). Scientifiques et chercheurs collaborent, dans le cadre d’initiatives transfrontalières, à l’étude et à la protection de l’environnement et mettent en place des projets pour la reconstitution de milieux naturels danubiens endommagés par l’homme.
Des actions en faveur de la biodiversité sont aussi initiées par des organismes internationaux comme le repeuplement du delta et du Bas-Danube roumain, bulgare et ukrainien par les esturgeons, une espèce menacée d’extinction ainsi que par des associations locales de protection de l’environnement. Mais de nombreux dangers et difficultés subsistent.
Le Danube, tout comme comme le Rhin et le Rhône, est désormais un produit de l’histoire humaine. Ce ne sont pas seulement les hommes qui se sont adaptés au fleuve mais aussi celui-ci qui a été considérablement transformé par l’action des hommes.

Le devenir du Danube d’ici à la fin du XXIe siècle : du berceau de la civilisation à son tombeau  ?
   Quel pourrait être le devenir du Danube comme celui d’autres grand fleuves européens (Rhin, Loire, Rhône, Elbe, Oder, Èbre, Pô…) du point de vue du réchauffement climatique ?
Le Danube demeure un écosystème d’une grande fragilité qu’il faudrait protéger avec une vigilance accrue, une collaboration internationale de plus grande envergure et une réelle cohérence dans les politiques européennes qui détruisent son patrimoine environnemental d’un côté en tentant de le préserver de l’autre…
De graves menaces pèsent incontestablement sur le fleuve : la baisse des précipitations, la baisse de l’apport des glaciers du fait de leur régression voire pour certains de leur disparition via les affluents alpins du Haut-Danube comme l’Inn, le Lech, l’Isar, la Traun…, impacteront considérablement le fleuve et son débit. À cela s’ajouteront l’augmentation des périodes d’étiages (quid alors de la navigation commerciale et touristique ?), des phénomènes d’évaporation et de réchauffement de l’eau du fleuve. Qu’en sera-t-il également des périodes de crue qui n’ont cessé de se répéter jusqu’à récemment et de leur évolution ?
On ne peut par conséquent que s’interroger sur le devenir du fleuve et s’inquiéter de son évolution face à la rapidité du changement climatique et des conséquences sur ce cours d’eau, ses affluents, son bassin versant, sa biodiversité et les populations riveraines. La sagesse voudrait que nous n’accroissions pas notre dépendance vis-à-vis du Danube voire même que nous la réduisions dès aujourd’hui.

Retour aux sources, parc du château des princes Furstenberg, Donaueschingen, photo © Danube-culture, Droits réservés

Un fleuve et un bassin multiculturels
   « Ce qui rend le Danube, avec ses pays et ses habitants, si attrayant, c’est justement la diversité qui s’est déployée sur un espace restreint : ni une nature intacte, ni une culture uniformément formatée. L’espace Danubien présente toujours à la fois une grande variété de nationalités, de religions, de langues, de niveaux différents de développement économique, de traditions qui ne se sont pas perdues et de nouveaux projets qui sont expérimentés ».
Karl Markus Gauss, « Ein Donauausflug von A bis Z », in : Die Donau hinab. Bilder von Christian Thanhäuser, Text von Karl markus Gauss, Innsbruck — Wien 2009

Le bassin danubien se caractérise d’abord et ce depuis l’antiquité, comme un territoire de nombreuses migrations et invasions, un espace habité en conséquence par des populations d’une très grande diversité ethnique ainsi que par la présence d’un magnifique patrimoine naturel et multiculturel.
De nombreuses langues sont parlées sur les rives du fleuve parmi lesquelles l’allemand, le slovaque, le hongrois, le serbo-croate, le roumain, le bulgare, le moldave, l’ukrainien, le russe, l’hébreu, le romani, le turc, le tchèque, le ruthène… Des centaines de dialectes locaux et régionaux symbolisent également l’extraordinaire et complexe mosaïque linguistique et culturelle du bassin danubien.
Plusieurs alphabets, latin, arabe, vieux-slavon et cyrillique cohabitent où cohabitèrent ensemble sur les rives du fleuve où à proximité.

Le Danube à Vienne depuis la rive gauche : un fleuve domestiqué et aménagé pour les loisirs, photo © Danube-culture droits réservés

Quatre capitales dont trois de pays appartenant actuellement à l’Union Européenne ont « fenêtre » sur le Danube : Vienne (Autriche), Bratislava (Slovaquie), Budapest (Hongrie) et Belgrade (Serbie).

La basilique archiépiscopale saint Adalbert d’Esztergom (rive droite, Hongrie), ville thermale au passé prestigieux, ancienne capitale hongroise, photo © Danube-culture, droits réservés

De nombreuses grandes villes et petites cités au patrimoine historique et culturel d’exception se tiennent sur les rives du fleuve ou proches d’elles ou encore sur son ancien cours et toujours en lien avec lui parmi lesquelles Donaueschingen considérée comme la source officielle du Danube, Ulm, Günzburg, Lauingen, Höchstadt, Donauwörth, Neuburg, Ingolstadt, Kelheim,  Regensburg, Straubing, Vilshofen, Passau (Allemagne), Aschach, Linz,

Le Danube à la hauteur de Linz, capitale de la Haute-Autriche, photo © Danube-culture, droits réservés

Enns, Grein, Ybbs, Persenbeug, Spitz, Melk, Dürnstein, Krems, Klosterneuburg, Tulln, Vienne, Hainburg (Autriche), Bratislava, Gabčikovo, Komárno, Šturovo (Slovaquie), Komárom, Esztergom, Szentendre, Budapest, Ráckeve, Dunaújváros, Dunaföldvár, Kalocsa, Szekszárd, Baja, Mohács (Hongrie), Apatin, Vukovar (Croatie), Novi Sad, Belgrade, Kladovo (Serbie), Orşova, Drobeta-Turnu Severin, Brăila, Galaţi, Tulcea, Sulina (Roumanie), Vidin, Ruse, Tutrakan, Silistra (Bulgarie), Reni, Ismaïl, Vilkovo (Ukraine) pour ne citer que quelques-unes d’entre elles.

Le bastion des pêcheurs d’Ulm (rive gauche) sur le Haut-Danube, point de départ de nombreux d’émigrants souabes au XVIIIe siècle, photo © Danube-culture, droits réservés

Le delta du Danube ou l’apothéose du fleuve : un univers peuplé depuis l’Antiquité, un monde à part, une histoire singulière, une biodiversité extraordinaire, un espace menacé à sanctuariser

Ancienne carte du delta du Danube de Rigas Vélestinlis (vers 1757-1798) ou Rigas le Thessalien, écrivain, philosophe, poète et patriote grec, une des plus importantes figures de la Renaissance culture grecque. Arrêté et accusé de conspiration contre l’Empire ottoman, il fut étranglé dans la tour Nebojša à Belgrade avec sept de ses compagnons et son corps jeté dans le Danube.

« Le delta du Danube est l’ultime et le plus extraordinaire cadeau que le grand fleuve fasse au continent avant que ses flots ne s’unissent à ceux de la mer Noire. »
Eugen Panighiant 

   Le delta1 (le mot vient de la lettre grecque delta qui signifie « en forme de triangle ») du Danube qui est précisément, comme de nombreux deltas, en forme de triangle, est l’un des plus jeunes et des plus actifs écosystèmes du continent européen.
Les trois bras actuels principaux du fleuve et une multitude de bras secondaires irriguent aujourd’hui le territoire deltaïque : le bras septentrional roumano-ukrainien de Chilia (Kilia, 116 km de long), le bras médian dit de Sulina (63 km) qui draine l’essentel de la navigation depuis son aménagezment par la Commission Européenne du Danube et le bras méridional de Saint-Georges, (Sfântu Gheorghe, 109 km), forment, avant de se « jeter » dans la mer Noire (la déclivité du delta d’ouest en est n’est que de 0,006% !), un exceptionnel territoire alluvionnaire en constante progression vers la mer. Sa superficie s’étend sur 580 700 ha dont 459 000 ha se situent en Roumanie et 121 700 en Ukraine. Ces chiffres doivent être toutefois considérés comme une situation à une date donnée (1993) car de par ses importants apports alluvionnaires, le fleuve contribue à étendre la surface de son delta et à en modifier la géographie. Cette géographie mouvante entraîne des contestations des frontières établies comme l’a illustré un différent récent entre l’Ukraine et la Roumanie.
Ses processus géomorphologiques, écologiques, biologiques sont dépendants de la qualité de l’eau du Bas-Danube. Ce paysage unique qui n’a cessé d’être modelé par le fleuve dès 16 000 ans avant J.-C., est habité par les hommes depuis l’Antiquité. 

Le Pélican, oiseau emblématique du delta du Danube a bien failli disparaître. Aujourd’hui pélicans blancs et frisés sont protégés mais leur nombre a considérablement diminué depuis le début du XXe siècle, photo droits réservés

   Le delta du Danube, avec son dense réseau de canaux qui relie plus d’une centaine de lacs et de limans peu profonds (6 m maximum), est d’abord considéré comme « le royaume de l’eau ».

Pêche dans le delta sur le bras de Sfântu Gheorghe (Saint-Georges), photo © Danube-culture, droits réservés

   Ce territoire à 80 % aquatique fascine les scientifiques et les historiens depuis longtemps. On trouve déjà sa mention dans les oeuvres de nombreux écrivains, historiens, philosophes, géographes de l’Antiquité comme Hérodote, Erasthotène (176-194 av. J.-C.), Strabon, Ptolémée, Pline l’ancien, Tacite…

Une lotca dans le delta, photo © Danube-culture, droits réservés

   Les premières investigations géomorphologiques connues, sont celle du grand géographe français Élysée Reclus (1830-1905) puis l’oeuvre de scientifiques roumains comme Grigore Antipa (1867-1944) en 1912 et 1914, Constantin Brătescu (1882-1945) en 1922, Gheorghe Vâlsan (1885-1935) et d’autres chercheurs roumains après la Seconde Guerre mondiale, recherches souvent associées à des programmes d’exploitation des ressources du delta comme la faune piscicole, les roseaux…
   La première réserve naturelle dans le delta est créée grâce aux efforts de Grigore Antipa et de quelques autres scientifiques et concerne la forêt primaire de Letea (1938).

Forêt primaire de Letea, delta du Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

   Les autres précurseurs scientifiques de la protection l’environnement qui alerteront sur la fragilité du écosystème deltaïque, dès la fin des années cinquante, verront leur travail et leurs articles censurés par le régime communiste. Il faut attendre la chute de cette dictature pour que soit que soit inaugurée la réserve de biosphère (1990), le site Ramsar et que le delta fasse l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le delta du Danube, la surface couverte de roseaux (en marron), paradis des oiseaux et ses dépôts d’alluvions dans la mer Noire : un paysage en permanente évolution, photo prise le 26 février 2021 par le satellite Copernicus, European Union, Copernicus Sentinel-2 imagery

   Le delta du Danube est le second plus grand delta d’Europe après celui de la Volga. Riche de 1 700 espèces végétales, d’environ 3 450 espèces animales, de 400 lacs intérieurs et d’une roselière de 2 700 kilomètres carrés, ce territoire bénéficie depuis quelques années de programmes de « reconstruction écologique » et appartient désormais au réseau mondial des Réserves de Biosphère de l’Unesco. Sa protection est devenue transfrontalière dès 1998, la partie située sur le territoire ukrainien du delta, au nord, étant entrée dans la réserve de biosphère.

Réserve de biosphère du delta du Danube, sources ARBB

   Pour la seule Roumanie, 18 sites (soit 8 % de la surface du delta) sont classés en zones de « protection stricte ». Toute activité et présence humaine y sont en principe interdites. Dans les zones dites « tampons » (38,5 % du delta), les activités des habitants et le tourisme sont tolérés lorsqu’ils respectent l’environnement ce qui n’est pas toujours le cas pendant la période estivale. Enfin, 52,7 % du delta restent ouverts au développement économique mais sous le contrôle de l’administration chargée de la gestion de la réserve (ARBB). La partie roumaine du delta roumain est placée sous l’autorité administrative d’un gouverneur.

Delta du Danube, photo droits réservés

Au delà du delta la fin du Danube ?
Pas vraiment puisque les eaux du Danube, à l’instar de celles des autres grands fleuves de la mer Noire (Dniepr, Boug, Dniestr et Don), plus denses que ses propres eaux, poursuivent leur route sous-marine : un fort courant d’eau saumâtre situé à environ vingt-cinq mètres de profondeur et passant au large de Constanţa et des plages bulgares, avance vers le détroit des Dardanelles et la Méditerranée. Un canyon principal et des canyons secondaires dessinés par le fleuve sur le fond de la mer Noire et les courants sont visibles sur des photos satellites.
Le Danube est dans son essence, évidemment bien plus qu’un fleuve frontière, un rôle limité que n’a pourtant cessé de vouloir lui assigner l’homme depuis l’Antiquité avec plus ou moins de succès ou de conséquences désastreuses…

Danube_delta_Landsat_2000

Apothéose d’un fleuve : photo du delta du Danube prise par le satellite Landsat en 2000

Notes :
1 Le delta est une forme de relief littoral plus ou moins saillante vers le large et résultant de l’accumulation des matériaux apportés par un fleuve à son embouchure; la saillie peut n’être que relative, comme lorsque le delta occupe un fond de baie. L’avancée de la ligne de rivage est elle-même associée à une saillie des formes sous-marines construite par l’accumulation des matériaux en avant du relief émergé. Cette accumulation, en pente faible et limitée par un talus, constitue la plate- forme deltaïque. C’est l’ensemble des formes émergées (delta strico sensu ou plaine deltaïque) et des formes immergées qui constituent l’intégralité du relief deltaïque (Moore G.F. et Asquith D.G., 1971).

Eric Baude pour Danube-Culture, mis à jour mars 2024, © droits réservés

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Les affluents du Danube

Superficie du bassin versant et réseau hydrographique
   La structure du bassin versant du Danube est déterminée par différents facteurs, géologiques, climatiques, morphologiques ainsi que par la densité et la typologie de la végétation.
Le Danube a un réseau conséquent d’affluents et de sous-affluents. Sur les 120 grands et moyens affluents qui le rejoignent, 34 sont (en principe) navigables sur une partie de leur cours.

Dans la partie initiale du cours du Danube (Haut-Danube, du PK 2783 au PK 1791) ce sont des ruisseaux et de petites rivières qui rejoignent le Danube et qui commencent à augmenter la superficie de son bassin versant.

La Stille Musel (longueur 14 km, bassin versant de 36, 46 km2) sur la droite de la photo, tout premier affluent du Danube sur la rive gauche, cinquante mètres en aval du confluent de la Breg et de la Brigach sur la commune de Donaueschingen, photo H. Zell, eigenes Werk

Du fait de pertes (infiltrations) importantes dans le sous-sol karstique du Jura souabe que le fleuve traverse en amont d’Ulm (Bade-Wurtemberg) et qui impactent également d’autres cours d’eau de ce massif comme la Breg elle-même, en amont de Donaueschingen, le jeune Danube se voit de plus amputé ponctuellement de la moitié de son débit au profit du bassin voisin du Rhin.

Un fleuve en sursis ? Le Danube à sec en aval de la commune d’Immendingen (Bade-Wurtemberg) et de ses pertes au profit du bassin du Rhin via des infiltrations dans le sous-sol karstique du Jura souabe, photo © Danube-culture, droits réservés

« Iller, Lech, Isar, Inn
Gehen zu der Donau hin ;
Altmühl, Naab und Regen
Kommen ihr entgegen »

Iller, Lech, Isar, Inn
Se dirigent vers le Danube
Altmühl, Raab, et Regen
Viennent à sa rencontre. »
Aide-mémoire pour les écoliers bavarois 

De modestes affluents viennent renflouer son lit en aval, ne compensant toutefois qu’en partie ces pertes conséquentes. Après la Blau (22 km), la Brenz (52 km), la Wörnitz (132 km), l’Altmühl (227 km), rivière désormais aménagée dans ses derniers 34 kilomètres en canal (canal Rhin-Main-Danube), la Naab (197 km) et le Regen (191 km) tous affluents de la rive gauche et sur la rive droite la Lech (256 km), l’Iller (147 km), deux affluents du Haut-Danube qui prennent leurs sources dans les Alpes calcaires septentrionales.

La confluence du Lech (256 km) avec le Danube en Bavière, affluent alpin de la rive gauche, photo Danube-culture, © droits réservés

Avec la Vils (109, 9 km, rive droite), ces deux rivières viennent confluer avec le Danube. Toujours sur la rive droite, ses plus puissants contributeurs alpins ; l’Isar (292 km) puis le plus important d’entre eux, l’Inn en provenance de l’Engadine helvétique (518 km) qui fait plus que doubler le débit du fleuve et dont la magnifique confluence à Passau témoigne de son influence sur le Danube, déterminant le caractère alpin de celui-ci jusqu’à loin en aval, c’est-à-dire jusqu’à son confluent avec la Sava (PK 1170, rive droite), à la hauteur de Belgrade.

Confluence de l’Inn avec le Danube au premier plan à Passau, photo © Danube-culture, droits réservés

   Sur son cours moyen (Moyen-Danube, du PK 1791 au PK 931) ce sont encore des rivières d’origine alpine comme l’Enns (349 km) et la Traun (153 km) qui viennent grossir le fleuve sur sa rive droite. Plus en aval, sur la rive gauche, la Morava (March 352/358 km selon les sources), en provenance des reliefs montagneux de la Moravie du Nord, conflue avec le Danube, après avoir déterminé sur la dernière partie de son cours la frontière tchéco-slovaque puis austro-slovaque sous les ruines de la forteresse de Devín (Theben). La Váh (406 km), la plus longue rivière de Slovaquie se jette dans le Danube sur la rive gauche à la hauteur de la ville frontière de Komárno-Komarom (PK 1766), appelée par le passée la « Gibraltar du Danube » à cause de ses fortifications destinées à protéger l’amont des invasions de toutes sortes, en particulier ottomanes. Le Hron (le Gran en hongrois, 298 km), l’Ipel’ ou l’Ipoly en hongrois (232 km) et plus loin la somptueuse Tisza (966 km) rejoignent ensuite le Danube toujours sur la rive gauche pendant sa traversée de la grande plaine pannonienne (Alföld).
Sur la rive droite, la Drava (Drau, 707 km) originaire du Tyrol italien, c’est-à-dire des Alpes, superbe rivière qui fait aussi office de frontière et dont le confluent crée une sorte de petite Amazonie danubienne en aval d’Osijek, capitale de la région croate de Slavonie, puis la Sava qui rejoint le Danube à la hauteur de Belgrade et la (Velika) Morava (185 km) contribuent considérablement à l’augmentation de son débit.

L’Ipel’ (Ipoly en Hongrois), affluent de la rive gauche, peu avant son confluent avec le Danube, photo Danube-culture © droits réservés 

Sur son cours inférieur (Bas-Danube, PK 931-0), le Danube reçoit, sur la rive gauche d’importants affluents en provenance des Carpates comme l’Olt (615 km), le Siret (706 km), le Pruth (953 km) qui fait office de frontière orientale de l’Union Européenne sur une grande partie de son cours.

Le confluent du Sireth avec le Danube à la hauteur de Galaţi, photo Danube-culture © droits réservés

Sur la rive droite, la Sava (944 km), la Drava (Drau, 707 km) et la (Velika) Morava (185 km) contribuent considérablement à l’augmentation de son débit.

   L’apport total des affluents de la rive droite sur l’ensemble du cours du Danube demeure nettement plus élevé, soit env. 66% pour la rive droite contre 33% pour la rive gauche.

Le bassin danubien : carte orographique et principales villes

En amont immédiat du confluent de l’Iller (PK 2 588), la superficie du bassin danubien est de 5 384 km2. Elle passe en aval de ce confluent à 7 530 km2. En amont du confluent de l’Inn (PK 2 225) la superficie du bassin est de 50 570 km2, et en aval de ce confluent, en intégrant celui de l’Inn, le bassin versant du Danube s’élève à à 76 605 km2. À Orşova (Roumanie), en amont du barrage des Portes-de-Fer (PK 955),  la superficie est de 576 000 km2.

Le Danube aménagé en lac de retenue depuis la rive serbe, en amont de l’usine hydroélectrique de Djerdap I, photo © Danube-culture, droits réservés

Le tableau ci-dessous reprend la liste des principaux affluents du Danube et quelques-unes de leurs principales caractéristiques. Les chiffres peuvent  légèrement varier avec d’autres sources.

affluents_du_danube

sources :
www.danubecommission.org

Longueur des principaux affluents et sous-affluents du Danube

Les chiffres varient parfois en kilomètres selon les sources. La Tisza (latin Tibiscus), affluent de la rive gauche et fleuve navigable sur une partie de son cours, bien qu’ayant ayant été considérablement aménagée au XIXe et au XXe siècle avec des coupures de nombreux méandres et une régulation d’une partie de son cours, reste aujourd’hui avec ses 966 km1 le plus long affluent du Danube devant le Pruth (953 km) et la Sava ou Save (944 km).

La Tisza à la hauteur de Szeged (Hongrie) prise par les glaces pendant l’hiver 2017,  photo © Beroesz, droits réservés

Quant à la Sava ou Save (latin Savus ou Saus), affluent de la rive droite avec un débit moyen de 1613 m3/s qui prend sa source dans les Alpes juliennes slovènes et se jette dans le Danube à Belgrade, elle est l’affluent de cette rive dont la contribution est la plus importante, soit environ le double de la contribution de l’Inn (745 m3/s) ou de la Tisza (814 m3/s).

Confluent de la Sava avec le Danube à la hauteur de Belgrade, à droite l’île de la guerre (ратно острво en serbe), photo © Rémi Jouan, droits réservés

Affluents de plus de 500 km, rive gauche (classés selon la longueur de leur cours)
Tisza, 966 km, Prout (Pruth, Прут, Prut), 953 km (Commission du Danube 967 km, 989 km selon d’autres sources), Siret, 706 km (CD 726 km), Olt (latin Aluta), 615 km

Le Bas-Danube à la hauteur du confluent de l’Olt (PK 604) et de l’île Islazul Mare ou île Calnovǎţ, photo droits réservés

Le Pruth ou Prut ou encore Prout, Piretus dans l’Antiquité, Pireta en langue dace soit « scintillant »), dernier grand affluent du Danube de sa rive gauche et sur les rives duquel les armées russes et ottomanes se sont affrontées à plusieurs reprises, prend sa source en Ukraine dans les Carpates orientales.

Près du confluent du Pruth avec le Danube en 1887

   Il détermine désormais sur une grande partie de son cours la frontière entre l’Ukraine (rive gauche) puis entre la Moldavie (rive gauche)  et la Roumanie, dessinant une des frontières orientales actuelles de l’Union Européenne. Pourtant la ligne de la frontière ne suit pas, à l’exemple de celle entre la Croatie et la Serbie, toujours rigoureusement le thalweg de la rivière. Mais à quels géographes et cartographes doit-on le tracé incongru de cette frontière ?

Le Pruth dessinant la frontière entre l’Ukraine, la Moldavie et la Roumanie en amont de Giurgiuleşti, photo © Danube-culture, droits réservés

Affluents de plus de 500 km, rive droite (classés selon la longueur de leur cours)
Sava, 944 km (CD 940 km), Drava (latin Dravus), 707 km, Inn (latin Aenus), 518 km (Commission du Danube : 525 km)

Les rives de la Drava (Drau,707 km) en aval d’Osijek (région de Slavonie, Croatie) à la hauteur de sa confluence (PK 1382, 50) avec le Danube sur la rive droite et du Parc National de Kopacki Rit. Les deux cours d’eaux forment à cette hauteur un véritable delta à l’intérieur des terres, photo © Danube-culture, droits réservés

Sous-affluents de plus de 500 km, rive gauche (classés selon la longueur de leur cours)
Mureş sous-affluent via la Tisza, 761 km, Crişul Negru, sous-affluent via la Tisza, 560 km

Le Siret (706 ou 726 km), quelques kilomètres en amont de sa confluence (PK 155, 05) avec le Danube sur la rive gauche, photo © Danube-culture, droits réservés

« J’ai envie de croire qu’à la minute où je suis venu au monde, mon premier geste a été d’embrasser la terre. Là-bas, dans le hameau de Baldovinești, sur l’embouchure du Sereth, la terre a sûrement dû se fourrer en moi, avec la violence de l’amour. Toute la terre ! Toutes ses beautés ! »
Panaït Istrati, Pour avoir aimé la terre, Denoël et Steele, Paris, 1930, Gallimard, Folio, Paris, 1984

Affluents entre 300 et 500 km, rive gauche (classés selon la longueur de leur cours)
Ialomiţa, 417 km, Váh (latin Vagus), 406 km (CD 402 km), Timiş, 359 km, Morava ou March (latin Marus), 352 km (CD 329 km), Argeş, 350 km, Jiu, 331 km (CD 339 km)

La confluence (PK 1880, 26) de la Morava ou March, 352 km, affluent de la rive gauche avec le Danube en amont de Bratislava, photo © Danube-culture, droits réservés

Affluents entre 300 et 500 km, rive droite (classés selon la longueur de leur cours)
Iskar, 368 km (CD 360 km), Enns (latin Anisus) 349 km, Lech, 256 km

Confluent du Lech avec le Danube, photo droits réservés

 Sous-affluents entre 300 et 500 km, rive gauche (classés selon la longueur de leur cours) 
Someş, sous-affluent via la Tisza, 415 km, Buzǎu, sous-affluent via le Siret, 325 km

Sous-affluents  entre 300 et 500 km, rive droite (classés selon la longueur de leur cours)
Mur (Mura), sous-affluent via la Drava, 464 km, Drina, sous-affluent via la Sava, 346 km

La Mur ou Mura (464 km) à la hauteur de Murau (Styrie, Autriche), photo © Danube-culture, droits réservés

Affluents de moins de 300 km, rive gauche (classés selon la longueur de leur cours)
Hron (Garam en hongrois, Gran en allemand), 298 km, Ipel’ (Ipoly), 232 km, Altmühl (le dernier tronçon de cette rivière a été intégré au canal Rhin-Main-Danube), 227 km, Vedea, 224 km, Naab, 196, 6 km depuis la source de la Waldnaab (97, 5 km depuis le confluent de la Waldnaab avec la Haidennaab), Regen, 191 km2, Kamp, 153 km, Ialpug, 142 km, Wörnitz, 132 km, Nera, 124 km Caraş, 110 km, Mostonga ou Мостонга en serbe, 70 km

Le Hron (Garam en hongrois, Gran en allemand) à la hauteur de sa confluence avec le Danube (rive gauche, PK 1716), photo © Danube-culture, droits réservés

Affluents de moins de 300 km, rive droite (classés selon la longueur de leur cours)
Raab ou Rába (latin Arrabo), 298 km, Isar, 292 km, Enns, 254 km, Osam, 205 km, Timok, 203 km, Morava ou Velika Morava, 185 km, Leitha, 180 km, Mlava ou Млава, 160 km, Traun (latin Truna), 153 km, Iller, 147 km,

Le confluent de la Vuka avec le Danube (rive droite) à la hauteur de Vukovar (Croatie), photo droits réservés

Ogosta, 147 km, Paar, 134 km, Sió (rivière canalisée et en principe navigable reliant le lac Balaton au Danube), 121 km, Rabnitz ou Rábca, 120 km, Vuka, 112 km

Dernier rayons de soleil hivernal sur la Rába (Raab), un affluent autrefois souvent pollué de la rive droite du Danube Mosoni, ici à proximité de la frontière austro-hongroise, photo © Danube-culture, droits réservés

La confluence (PK 2281, 71) de l’Isar (292 km), affluent de la rive droite du Danube,  photo © Danube-culture, droits réservés

Sous-affluents de moins de 300 km, rive gauche et rive droite (classés par ordre alphabétique)
Amper, sous-affluent via l’Isar, 190 km, Arieş ou Aureus, Aranyos, sous-affluent via le Mureş, 164 km, Bahlui, sous-affluent via la Jijia et le Prout, Barcǎu, sous-affluent via le Crišul Repede et la Tisza, 163, 7 km, Bârlad, sous-affluent via le Siret, 289 km, Bega, sous-affluent via le Timiş, 254 km, Bistriţa, sous-affluent via le Siret, 290 km, Bodva, sous-affluent via le Sajó, 113 km,

La Bega canalisée à la hauteur de Timişoara (Banat, Roumanie), photo © Danube-culture, droits réservés

Bosna, sous-affluent via la Sava, 271 km, Bosut (Босут), sous-affluent via la Sava, 166 km, Brzava, sous-affluent via la Tamiş, 166 km, Čeotina, sous-affluent via la Drina, 91 km, Crişul Repede ou Sebes Körös, sous-affluent via la Tisza, 209 km, Dâmboviţa, sous-affluent via l’Argeş, 237 km, Dobra, sous-affluent via la Kupa et la Save, 124 km, Feistritz, sous-affluent via la Lafnitz, Gail, sous-affluent via la Drava, 122, 2 km, Glina, sous-affluent via la Kupa et la Sava, 100 km, Gurk, sous-affluent via la Drava, 157 km la Raab et le bras danubien de Moson, 115, 8 km, Hornád, sous-affluent via la Slaná (Sajó en hongrois) et la Tisza, 286 km dont 193 km en Slovaquie et 118 km en Hongrie, Ibar (Ибар), Ibër/Ibri en albanais, sous-affluent via la Morava occidentale et la (Velika) Morava, 276 km, Ier ou Eriu sous-affluent via la Barcǎ, le Kőrős et la Tisza, 120 km, Jihlava, sous-affluent via la Thaya et la Morava tchéco-slovaque, 181 km, Jijia, sous-affluent via le Prut, 287 km, Tara, sous-affluent via  la Sava, 146 km, Južna Morava (Morava méridioniale), Јужна Морава en serbe, sous-affluent via la Velika, 295 km, Kolubara, sous-affluent via la Sava, 87 km, Korana, sous-affluent via la Kupa et la Save, 144 km, Krivaja, sous-affluent via la Tisza, 109 km, Krasna, sous-affluent via le Prut, 193 km, Kupa ou Kolpa, sous-affluent via la Sava, 296 km, Laborec, sous-affluent via le Latorica, le Bodrog et la Tisza, 129 km, Lafnitz, sous-affluent via la Sulm, la Mur et la Drava, 63, 9 km, Lǎpuş, sous-affluent via le Someş et la Tisza, 119 km, Latorica ou Латориця/Latoryzja  en ukrainien, (Latorca en hongrois), sous-affluent via le Bodrog et la Tisza, 188 km, Lim, sous-affluent via la Drina et la Save, 220 km, Loisach, sous-affluent via l’Isar, 113,2 km, Malý Dunaj (Petit Danube ou Kis-Duna en hongrois), « sous-affluent » via le Váh, Moldova, sous affluent via le Sereth (Siret), 237 km, Nišava ou Нишава en serbo-croate, sous-affluent via la Južna Morava, 218 km, Nitra, sous-affluent via le Váh, 167 km, Ondava, sous-affluent via le Bodrog et la Tisza, 146,5 km, Ouj (Uh en slovaque), sous-affluent via le Bodrog et la Tisza, 127 km (cette rivière a donné son nom à la ville ukrainienne d’Oujhorod), , 128 km, Piva, sous-affluent via la Drina et la Sava, 34 km, Plazovi, rive gauche, 129 km, Prahova, sous-affluent via la Ialomiţa, 183 km, Saalach, sous-affluent via la Salzach, 106 km, Sajó, sous-affluent via la Tisza, 230 km, Salzach, sous-affluent via l’Inn, 225 km, Savinja, sous-affluent via la Sava, 101, 8 km

Confluent de la Salzach (à droite) avec l’Inn, photo Carsten Stegers, wikipedia, droits réservés

 Someşul Mare, sous-affluent via le Someş et la Tisza, env. 130 km, Spreča, sous-affluent via la Bosna et la Sava, env. 138 km, Suceava (Сучава en ukrainien), sous-affluent via le Siret, 173 km, Svratka, sous-affluent via la Thaya et la Morava (March), 173, 9 km, Târnava Mare, sous-affluent via le Mureş, 249 km, Târnava Micǎ, sous-affluent via la Târnava, le Mureş et la Tisza, 196 km, Teleajen, sous-affluent via la Prahova et la Ialomiţa, 113 km, Thaya, sous-affluent via la Morava tchéco-slovaque, 234, 5 km, Toplica, sous-affluent via la Morava, 130 km, Torysa, sous-affluent via l’Hornád, 129 km, Trotus (ou Tatros), sous-affluent via le Siret, 144 km, Uvac, sous-affluent via le Lim et la Drina, 119 km, Una, sous-affluent via la Sava, 140, 4 km, Wertach, sous-affluent via le Lech, 141 km, Západna Morava, sous-affluent via la Velika Morava, 184 km,   

Le confluent de la Sió avec le Danube (rive droite), rivière canalisée et en principe navigable reliant le lac Balaton au Danube et d’une longueur de 121 km

Affluents et sous-affluents entre 50 et 100 km, rive gauche et rive droite (classés par ordre alphabétique)
Abens, rive droite, env. 71 km, Agrij, sous-affluent via le Someş, 55 km, Almaş, sous-affluent via le Someş, 68 km, Alz, sous-affluent via l’Inn, 68 km, Bobrůvka, sous-affluent via la Loučka, 54, 5 km, Bodrog, sous-affluent via la Tisza, 67 km, Brenz, 52 km, Cerna, rive gauche, 84 km,

Confluent de la Cerna (84 km) avec le Danube, rive gauche, à la hauteur de la ville roumaine dOršova, PK 953, 20

Chamb, sous-affluent via la Regen, 51 km, Cibin, sous-affluent via l’Olt, 82 km, Čik ou Čiker, sous-affluent via la Tisza, 95 km, Čik, Cricovul Sărat, sous-affluent via la Prahova, 83 km, Crni Timok, sous-affluent via le Timok, 84 km, Ðetinja, sous-affluent via la Golijska Moravica et la Zapadna Morava, 75 km, Drinjača, sous-affluent via la Drina et la Sava, 88 km, Elan, sous-affluent via le Prut, 73 km, Feldaist, sous-affluent via l’Aist, 52 km, Friedberger Ach, rive droite, 100 km,  Glan, sous-affluent via la Gurk et la Drava, 64 km, Golija, sous-affluent via la Golijska Moravica, la Zapadna Morava et la (Velika) Morava, 62 km, Golijska Moravica, sous-affluent via la Ðetinja et la Zapadna Morava, 98 km, Göllersbach, rive gauche, 60 km, Gomjenica, sous-affluent via la Sana, l’Una et la Sava, 56,7 km, Große Mühl, rive gauche, 71 km, Großache, (se jette dans le lac bavarois du Chiemsee), 71 km, Große Laber, rive droite, 87, 5 km, Gruža, sous-affluent via la Zapadna Morava, 62 km, Güns, sous-affluent via la Raba (Raab), 72 km, Günz, rive droite, 55 km, Gurghiu, sous-affluent via le Mureş, 53 km, Ida, sous-affluent via la Bodva, 56,6 km, Ikva, sous-affluent via l’Einser Kanal, la Rabnitz (Répce) et le Mosoni-Duna, env. 60 km, Ilm, sous-affluent via l’Abens, 83, 8 km, Ilz, rive gauche, 69, 4 km,

La confluence (PK 2225, 20) de l’Inn (518 km) avec le Danube sur la rive droite à la hauteur de Passau. Le fleuve accueille juste en amont (PK 2225, 43) sur sa rive gauche les eaux sombres de l’Ilz (69, 4 km). Les flots des trois cours d’eau mettent plusieurs kilomètres à mélanger leurs couleurs, photo © Danube-culture, droits réservés

Innbach, rive droite, 53 km, Isel (Schwarzach), sous-affluent via la Drava, 57, 3 km, Iza, sous-affluent via la Tisza, 83 km, Jablanica, sous-affluent via la Južna Morava, 84, 5 km, Jadar (Јадар), sous-affluent via la Drina et la Sava, 75 km, Jarčina (Јарчина), sous-affluent via la Sava, 53 km, Jasenica, sous-affluent via la Velika Morava, 79 km, Jasenička reka, rive droite, 55 km, Jegrička (Јегричка), sous-affluent via la Tisza, 65 km, Jerez (Јерез), sous-affluent via la Sava, 56 km, Jerma (Јерма), sous-affluent via la Nišava et la Južna Morava, 74 km, Jevišovka, sous-affluent via la Dyje (Thaya) et la Morava, 79 km, 91, 3 km, Janja (Јања ou Modran), sous-affluent via la Drina et la Save, 53 km, Karašica, sous-affluent via la Drava, 91 km, Karasica-patak (Karašica en croate), affluent de la rive droite du Danube, 83, 8 km, Kereš, sous-affluent via la Tisza, Kőrős, sous-affluent via la Tisza, 91, 3 km, Krems, sous-affluent via la Traun, env. 60 km, Krivaja, sous-affluent via le canal Danube-Tisza-Danube, 109 km, Krka, sous-affluent via la Sava, 95 km, Kyjovka, sous-affluent via la Thaja (Dyje) et la Morava, 86 km, Lašva, sous-affluent via la Bosna et la Sava, 56, 6 km, Lauchert, rive gauche, 60, 4 km, Lavant, sous-affluent via la Drava, 72 km, Lešnica,

Confluence du Lauchert avec le Haut-Danube à Sigmaringen, photo droits réservés

sous-affluent via la Drina et la Sava, 72 km, Lugomir (Лугомир), sous-affluent via la Velika Morava, 47 km, Lechinţa, sous-affluent via le Mureş, 66 km, Lieser, sous-affluent via la Drava (Drau), 50 km, Mangfall, sous-affluent via l’Inn, 58 km, Mindel, rive droite, 78 (81) km, Möll, sous-affluent via la Drava, 84 km, Moravská Sázava, sous-affluent via la Morava, 54 km, Mostonga, rive gauche, 70 km, Mrežnica, 63 km, sous-affluent du Danube via la Korana, la Kupa et la Save, 63 km, Mürz, sous-affluent via la Mur (Mura) et la Drava, 98 km, Nadela, rive droite, 81 km, Niraj (Nyarád en hongrois), sous-affluent via le Mureş, 82 km, Nitrica, sous-affluent via la Nitra et le Váh, 51,4 (55) km, Odra (?), Orava, sous-affluent via le Váh, 60, 3 km, Oskava, sous-affluent via la Morava (March), 50, 3 km, Pârâul de Campie, sous-affluent via le Mureş et la Tisza, 59 km, Pek, rive droite, 60 km, Pielach, rive droite, 70 km,

La confluence (PK 2034) de la Pielach (70 km) avec le Danube sur la rive gauche en aval du pont de Melk (Basse-Autriche), photo © Danube- culture, droits réservés

Pinka, sous-affluent via la Raab (Rába), 94 km, Prača (Прача), sous-affluent via la Drina et la Sava, 61 km, Pram, sous-affluent via l’Inn, 56 km, Pulkau, sous-affluent via la Taya (Theiß) et la Morava (March), 52 km, Pusta reka (Пуста река) sous-affluent via la Južna Morava, 72 km, Ralja (Раља), sous-affluent via la Jezava et la (Velika) Morava, 51 km, Rasina (Расина), sous-affluent via la Zapadna Morava, 92 km, Raška (Рашка), sous-affluent via l’Ibar, 60 km, Resava (Ресава), sous-affluent via la Velika Morava, 65 km, Riß, affluent de la rive droite, 50 km, Rokytná, sous-affluent via la Jihlava, la Svratka, la Thaya et la Morava, 88,2 km, Roňava, sous-affluent via le Bodrog et la Tisza, 51 km, Rot, affluent de la rive droite, 55, 5 km, Rußbach, affluent de la rive gauche, 71 km, Rzav (Рзав) Zlatibor ou Veliki Rzav, sous-affluent via la Drina, 72 km, Sǎlaj, sous-affluent via le Someş et la Tisza, 70 km, Salza, sous-affluent via l’Enns, 88,km, Schmida, affluent de la rive gauche, 73,6 km, Schmutter, affluent de la rive droite, 95,6 km km, Șubraneț, sous-affluent via le Prut, 25 km, Schwarza, sous-affluent via la Leitha, 65, 9 km, Schwarze Laber, affluent de la rive gauche, 67, 2 km, Schwechat, affluent de la rive droite, 62 km, Sokobanjska Moravica (Сокобањска Моравица), sous-affluent via la Južna Morava et la Velika Morava, 60, 4 km, Sotla, sous-affluent via la Sava, 90 km, Someşul mic, sous-affluent via le Dej, le Someş et la Tisza, Steyr, sous-affluent via l’Enns, 68 (70) km, Studenica, sous-affluent via l’Ibar, la Zapadna Morava et la Velika Morava, 60 km, Sulm, sous-affluent via la Mur (Mura), 83 km, Tamnava (Тамнава), sous-affluent via la Kolubara et la Sava, 90 km, Tscheremosch (Черемош), sous-affluent via le Pruth, 80 km, Thaya allemande, sous-affluent via la Thaya et la Morava (March), 75,8 km,  Thaya morave (ou Dyje, sous-affluent via la Thaya et La Morava, 68 km, Torysa, sous-affluent via l’Hornád, 129 km, Traisen, rive droite, 80 km,

La Traisen (80 km, Basse-Autriche), affluent de la rive droite en amont de sa confluence avec le Danube sur la rive droite (PK 1779, 1), photo © Danube-culture, droits réservés

Triesting, sous-affluent via, la Schwechacht, 62 km, Tur, sous-affluent via la Tisza, 94 km, Ub (Уб) sous-affluent via la Tamnava, 57 km, Vaser, sous-affluent via le Vişeu et la Tisza, 62 km,  Veternica, sous-affluent via la Južna Morava, 75 km, Vils (latin Vilisa), 69 km (ou 109, 9 km avec le cours de la Grande Vils), Vişeu, sous-affluent via la Tisza, 77 km, Vlasina, sous-affluent via la Južna Morava, 70 km, Vrbanja, sous-affluent via le Vrbas, 95, 4 km, Všetínská Bečva, sous-affluent via la Bečva, 58, 8 km, Vučica, sous affluent via la Karašica et la Drava, 52, 2 km, Waldaist, sous-affluent via l’Aist, 58, 5 km, Zaya, sous-affluent via la Morava (March), 58, 5 km, Ziller, sous-affluent via l’Inn, 56 km,  Želetavka, sous-affluent via la Thaya et la Morava, 55 km, Zusam, affluent de la rive droite, 81 km, Zwettl, sous-affluent via la Kamp, 55 km

La Confluence de la Lauchert (60, 4 km) avec le jeune Danube à Sigmaringensdorf (Bade-Wurtemberg), photo droits réservés

Affluents et sous-affluents entre 30 et 50 km, rive gauche et rive droite (classés par ordre alphabétique) :
Ager, 34 km, sous-affluent via la Traun, Alm, 48 km, sous-affluent via la Traun, Antiesen, 45 km, sous-affluent via l’Inn, Aschach, affluent de la rive droite 35 km, Bicaz, 42 km, sous-affluent via le Siret, Bjelica, 41 km, sous-affluent via la zapadna Morava, Blata, 45 km, sous-affluent via la Morava (République tchèque), Breg, 46 km (forme le Danube lors de sa confluence avec la Brigach et la Stille Musel à Donaueschingen. La Breg est d’ailleurs considérée par les habitants de Furtwangen comme la véritable source du Danube), Březná, 31 km, sous-affluent via la moravská Sázava et la Morava, Brigach, 40 km (forme le Danube lors de sa confluence avec la Breg à Donaueschingen)

« La Breg et la Brigach mettent le Danube sur le chemin. » dit un dicton populaire. La confluence de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen (Bade-Wurtemberg). C’est à partir de ce confluent que le cours d’eau prend  officiellement le nom de Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Bukovica, sous-affluent via la Komarnica, la Piva et la Drina, 42 km, Cerlena, sous-affluent via le Prut, 36 km, Delia, sous-affluent via le Prut, 30 km, Desná, sous-affluent via la Morava, 31 km, Dřevice (?), Fischa, rive droite, 35 km, Fojnička rijeka, sous-affluent via la Bosna et la Sava, 46 km, Gasteiner Ache, sous-affluent via la Salzach et l’Inn, 40 km, Gerlosbach, sous-affluent via la Ziller et l’Inn, 33, 5 km, Große Tulln, rive droite, 40 km, Haná, sous-affluent via la Morava, 35, 8 km, Jala, sous-affluent via la Sprečna, la Bosna et la Sava, 37 km, Jezava rive droite, 47, 5 km, Juhyně, sous-affluent via la Morava, 33, 9 km, Kamniška Bistrica, sous-affluent via la Sava, 33 km, Kleine Mühl, rive gauche, 32, 5 km, Kokra, sous-affluent via la Sava, 34 km, Komarnica, sous-affluent via la Piva et la Drina, 42 km, Libochůvka, sous-affluent via la Loučka, la Svratka, la Dyje et la Morava, 35, 9 km, Liesing, sous-affluent via la Schwechacht, 30 km,

La Ljubljanica à son confluent avec la Sava, photo Ajznponar, CC BY-SA 3.0

Ljublanica, sous-affluent via la Sava, 41 km (dont près de la moitié sous-terre), Ljubovida, sous-affluent via la Drina, 34 km, Lone, sous-affluent via l’Hürbe et la Brenz, 34 km, Luţ (?), Ložnica ou Lužnica (26, 4 km ), sous-affluent via la Vlasina, la Juzna Morava et la Velika Morava, 39 km, Mattig (55 km), sous-affluent via l’Inn,

La Lužnica (26, 4 km ), petit sous-affluent de la rive droite du Danube via la Vlasina, la Južna Morava et la Velika Morava, photo domaine public

Melk, rive droite, 36 km, Miljacka, sous-affluent via la Bosna et la Sava, 36 km, Moštěnka, sous-affluent via la Morava, 45, 6 km, Olšava, sous-affluent via la Morava, 44, 9 km, Oslava, sous-affluent via l’Oskava et la Morava (March), 19,9 km, Ostrach, sous-affluent via l’Iller, 33, 1 km, Ösztaler Ache, sous-affluent via l’Inn, 42, km, Peštan, sous-affluent via la Kolubara et la Sava, 33 km, Pitze, sous-affluent via l’Inn, 40, 5 km, Piva, sous-affluent via la Drina et la Sava, 34 km, Rákos patak, affluent de la rive gauche, 44 km, Rička, sous-affluent via la Litava, la Svratka, la Dyje et la Morava, 38, 9 km, Rodl, rive gauche, 42, 4 km, Rožnovská Bečva, sous-affluent via la Bečva et la Morava, 37, 6 km, Ruetz, sous-affluent via la Sill et l’Inn, 34, 7 km, Ruscova, sous-affluent via le Vişeu et la Tisza, 39 km, Sǎlǎuţa (?), Sǎsar (?),

Le confluent du Rákos-patak avec le Danube sur sa rive gauche à Budapest, la petite rivière de 44 km entièrement canalisée et souterraine dans sa traversée de la capitale hongroise doit son nom de Rákos aux écrevisses, qui peuplaient autrefois son cours depuis sa source, photo droits réservés 

Sava Bohinjka, sous-affluent via la Sava, 41 km, Schwarzenbach, sous-affluent via l’Isar, 12, 2 km, Senice, sous-affluent via la Vsetínská Bečva et la Bečva, 32, 5 km, Sill, sous-affluent via l’Inn, 42, 2 km, Skrapež (Скрапеж), sous-affluent via la Đetinja et la Zapadna Morava, 47, 7 km, Studva, sous-affluent via le Bosut et la Sava, 37 km, Sutjeska, sous-affluent via la Drina et la sava, 36 km, Temštica, sous-affluent via la Nišava et la Južna Morava, env. 20 km, Topčiderska reka (Топчидерска река), sous-affluent via la Sava, 31 km, Touria, sous-affluent via le Bodrog, l’Ouj et la Tisza, 46 km, Třebůvka, sous-affluent via la Morava, 48, 3 km, Trisanna, sous-affluent via la Sanna et l’Inn, 31, 1 km, Velička, sous-affluent via la Morava, 40, 2 km, Wien, 34 km (la Wien conflue avec le Canal du Danube au centre de Vienne),

Le bien triste confluent de la Wien avec le Danube dans un environnement urbain affligeant qui ne rend pas hommage à cette jolie rivière qui prend sa source dans la Forêt-Viennoise et qui a pourtant donné son nom à la ville, photo © Danube-culture, droits réservés

 Vöckla, sous-affluent via l’Ager et la Traun, 47 km, Würm, sous-affluent via l’Amper et l’Isar, 39, 5 km

La Jezava (47, 5 km), affluent de la rive droite à hauteur de son confluent avec le Danube à Smederovo (Serbie, PK 1115, 20), photo © Danube-culture, droits réservés 

Affluents et sous-affluents  de moins de 30 km, rive gauche et rive droite (classés par ordre alphabétique) :
Aist, 14 km, Aranyhegyi patak, 23 km, Aitrach, 14, 9 km, Aurach, 28 km, Bära, 26, 3 km, Berninabach, 12, 9 km, Blau, 22 km, Bolečica, 12 km, Brandenberger Ache, 22 km, Braunsel, 920 m,  Brixentaler Ache, 28 km, Čermelský potok, 15 km, Despotovica, 24 km, Fuscher Ache, 28 km, Gölsen, 15 km, Gradac, 28 km, Gusen, 17, 5 km, Izra, 14, 3 km, Jezerka, 10 km, Jihlávka, 25, 7 km, Kieferbach, 24 km, Kleine Tulln, 24 km, Kötach, rive gauche 17, 9 km,

Le confluent de la Blau (à gauche) avec le Danube à la hauteur du quai des Souabes à Ulm (Bade-Wurtemberg), photo Wikipedia, droits libres

Krahenbach (non identifié), Krumme Steyrling, 28 km, Laudach, 22 km, Mileševka, 20 km, Myslavský potok, 19, 5 km, Naarn, 27, 3 km, Obersulzbach, 16, 5 km, Obnica, 25 km, Ördög-árok, 21 km, Ova da Roseg (Rosegbach), 10 km, Pitten, 23 km, Rabnitzbach, 25, 6 km, Ranna, 13 km, Rogačica, 29 km, Spöl, 28 km, Steinerne Mühl, 24 km, Steyrling, 14 km,

Le confluent de la Braunsel (920 m), rivière aux 32 sources et affluent de la rive gauche du Danube à Rechtenstein (Bade-Wurtemberg), photo wikipedia, domaine public

Stille Musel, rive gauche (elle forme le Danube à Donaueschingen avec la Breg et la Brigach), 14 km, Târnava (Küküllő), 28 km,  Teichl, 29 km, Tössebach, ?,  Tržiška Bistrica, 27 km, Turňa, 26 km, Untersulzbach, 12 km, Voldertalbach, 14, 6 km, Vomper Bach, 17 km, Vrelo (sous affluent du Danube via la Drina et la Sava) 365 m, Vydrica, 17 km, Wattenbach, Weißenbach, 12 km, Wildschönauer Ache, 22, 2 km, Zemmbach, 29 km.

Le Vrelo, le plus court des sous-affluents du Danube ?
   C’est dans les eaux des plus petits affluents et sous affluents du bassin versant du Danube qu’il faut aussi chercher l’esprit du grand fleuve.
Le Vrelo (Врело) ou Godina (Година) « L’année », surnommée ainsi en raison de sa longueur de 365 mètres et qui prend sa source au village de Perućac, sur le territoire du parc national de Tara (Alpes dinariques, Serbie), à la frontière avec la Bosnie-Herzégovine, est un affluent de la rive droite de la Drina (346 km) et donc l’un des plus courts sous-affluents du Danube. Malgré la brièveté de son parcours, ce petit cours d’eau a toutes les caractéristiques d’un grand fleuve en puissance !

La confluence du Vrelo (365 m) avec la Drina à Perućac (Serbie), sans doute un des plus courts sous-affluents du Danube, photo Wikipedia, domaine public

Notes :
1 Rien ne me semble plus inapproprié que d’écrire ou de dire que le Danube se « jette » dans la mer Noire même s’il s’agit de la terminologie hydrographique correcte. Symboliquement il me paraît plus juste d’utiliser le terme rejoindre.    

2 La Tisza (un hydronyme d’origine vraisemblablement gète ou scythe, tributs ayant peuplées le Bas-Danube pendant l’Antiquité) prend ses sources dans les Carpates orientales à l’ouest de l’Ukraine près de la petite ville de Rahkiv. Elle dessine ensuite la frontière entre l’Ukraine (rive droite) et la Roumanie (rive gauche) sur près de 300 km, entre ensuite sur le territoire de la Grande Plaine hongroise (Cisdanubie), musarde et dessine avec la complicité d’une très faible déclivité une succession de méandres dont un grand nombre furent coupés, drainés, endigués au XIXe siècle lors de travaux de régulation initiés par le comte et homme politique hongrois István Széchenyi. Ces travaux et d’autres aménagements ont considérablement réduit sa longueur initiale, autrefois de 1419 km à 966 km (976 km selon d’autres sources). Elle accueille tout au long de son cours de nombreux affluents et baigne des villes telles que Tokaj, Szolnok et Szeged. La Tisza, navigable sur une grande partie de sa longueur, conflue avec le Danube (rive gauche) en Serbie (Vojvodine) par l’intermédiaire du canal « Bacser » près du village de Stari Sanklamen au km 1214, 5. La biodiversité de cette rivière a été malheureusement à plusieurs reprises endommagée par de graves pollutions minières et industrielles.
Un excellent documentaire sur cette rivière fascinante : « A Tisza néveben » (Au nom de la Tisza) du réalisateur Dimitry Ljasuk (2021)

https://youtu.be/TLyK_aIu3fc
3 Le Regen se jette en fait dans le Danube à Rheinhausen. Sur les 530 derniers mètres de son cours, cette rivière est utilisée par la navigation professionnelle et est désignée comme voie navigable fédérale, mais avec seulement 100 mètres de parcours fluvial propre. Le canal d’écluse de Regensburg, appelé « canal européen de Regensburg », se sépare du Danube au niveau du pont autoroutier A 93 et se jette dans le Regen après un parcours d’un peu plus de 2 km. Le tronçon du Regen allant de l’embouchure de ce canal jusqu’au débouché dans le bras nord du Danube, en amont du pont Nibelungen de Regensburg, est couvert par le kilométrage officiel du Danube (PK 2379, 24 au PK 2378, 82 = km Regen -0,09). Sources de.Wikipedia.org
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Le Petit Danube (en slovaque Malý Dunaj, en hongrois Kis Duna, en allemand Kleine Donau) est une branche de la rive gauche du bras principal d’une longueur de 135 km qui se sépare de la branche principale en aval de Bratislava et qui traverse une partie de la Slovaquie méridionale. C’est un cours d’eau de plaine au débit uniformément modéré. Il s’écoule dans un canal endigué puis suit son cours naturel avec de nombreux méandres, entouré de forêts alluviales et atteint une largeur comprise entre 30 et 50 mètres.
Ce fut à partir du Moyen-Âge le bras le plus fréquenté du fleuve car le Mosoni-Duna n’était navigable que par de petites embarcations et les autres bras intermédiaires inaccessibles en raison de la variation de leur débit.
Les ruisseaux Dunába torkollnak, Tőkés et Dudvág sont des affluents du Petit Danube.
Il y avait autrefois de nombreux moulins à pieux sur le Malý Dunaj dont quatre ont été restaurés et transformés en musées. On trouvait également un petit nombre de moulins-bateaux dont un seul a été préservé. Sources : Kis-Duna, A Wikipédiából, a szabad enciklopédiából.

Eric Baude, © Danube-culture.org, mis à jour mars 2024, droits réservés

Sources :
STANČÍK, Andrej, JOVANOVIČ, Slavoljub et al., Hydrology of the river Danube, Hydrologie du Danube, Hydrologie der Donau, Přiroda, Bratislava, 1988

Commission du Danube
www.danubecommission.org
Commission Internationale du Bassin de la Sava
www.savacommission.org
https://fr.wikipedia.org/wiki/Danube

Le Danube, déjà bleu à  ses sources, photo © Danube-culture, droits réservés

Le bassin versant du Danube

Haut, Moyen et Bas-Danube
Le Danube se divise du point de géologique et géophysique en trois parties :
-le Haut-Danube, de ses sources à Donaueschingen en Forêt-Noire jusqu’au PK 1791
-le Moyen-Danube, du PK 1791 jusqu’à la sortie du défilé des Portes-de-Fer (PK 931)
-le Bas-Danube, de la fin du défilé des Portes-de-Fer (PK 931) jusqu’à la mer Noire.

Le bassin versant du Danube comprend deux grandes chaînes de montagnes qui divisent le fleuve en trois entités géographiques : d’abord les montagnes appartenant à l’orogenèse alpine soit le massif des Hohe Tauern (Autriche), avec le Gross-Glockner (3 798 m) incluant également la chaine moins élevée des Niedere Tauern, le massif du Schneeberg (Basse-Autriche, 2076 m), du Rax (Styrie, 2007 m) et les montagne entourant la vallée de la Leitha (Burgenland). Ces massifs s’unissent par les Petites Carpates (Malé Karpaty) et les Carpates Blanches (Bilé Karpaty) au massif des Beskides (Beskydy) occidentales situées sur le territoire de la Slovaquie, de la République tchèque et de la Pologne. Le Danube réussit à se faufiler entre les Carpates occidentales (rive gauche) et les ultimes avancées des Alpes autrichiennes de la rive droit à la hauteur des Portes de Devín).
La deuxième chaîne montagneuse que le fleuve rencontre sur son parcours sont le massif du Balkan qui s’unit aux Carpates méridionales. Le Danube franchit ce relief dans un quadruple défilé entre les communes roumaines de Moldova Vecche et Drobeta-Turnu Severin (rive gauche) et entre les communes de Golubac et Kladovo (Serbie) sur la rive droite. C’est ce parcours qui forme le défilé des Portes-de-Fer.

Le bassin versant du Danube, sources Commission du Danube

Une succession de bassins alternant avec des défilés
La vallée du Danube est une succession de bassins dont l’ampleur s’accentue considérablement vers l’aval. Ces bassins sont séparés entre eux par des portes ou des défilés : la « Porte bavaroise » et la traversée d’une partie du Bayerischer Wald (Forêt Bavaroise), les « Portes de Linz » en amont de la capitale de la Haute-Autriche.

Les Portes de Linz, photo Danube-culture © droits réservés

Se succèdent ensuite le défilé de la Strudengau, autrefois redouté pour ses rapides en aval de la petite ville de Grein, de la légendaire Wachau, les « Portes de Vienne » avec les collines avancées du Wienerwald (Kahlenberg, Leopoldsberg, contreforts alpins), la « Porta Hungarica » ou défilé de Thèbes ou encore les « Portes de Devín » à la frontière austro-slovaque,   la « Cluse de Visegrád » sur le territoire hongrois en amont de Budapest où le Danube se faufile élégamment entre les monts Börszönyi (rive gauche) et ceux de Visegrád (rive droite) ainsi que les vieux massifs volcaniques de l’entrée du bassin pannonien.

Cluse de Visegrad, photo Danube-culture, © droits réservés

L’impressionnant secteur dit « des cataractes » (autrefois difficilement franchissable pour la navigation) dans la trouée des Carpates, s’étend sur 140 km et comporte quatre défilés ou « chaudrons » successifs : les défilés de « Kamenica », « Gospodin Vir », des « Kazan » et les célèbres et autrefois redoutées « Portes-de-Fer », bordées de parois abruptes qui contraignent parfois le lit du Danube à se resserrer sur 150 m de large et dont la profondeur va jusqu’à 50 m, le niveau inférieur se situant au dessous de celui de la mer Noire. Ces quatre passages étroits sont séparés par des bassins plus larges dans lesquels les affleurements des veines rocheuses forment toutefois des barres et des récifs au sein même du lit du fleuve. Ces récifs posèrent il n’y a pas si longtemps encore de redoutables problèmes à la navigation, problèmes qui ne furent résolus que par la construction du barrage hydroélectrique roumano-serbe des Portes-de-Fer (Djerdap I) dans les années 1970.

Le défilé des Portes-de-Fer et le monastère de Mraconia, photo Danube-culture, © droits réservés

Le Haut Danube : un fleuve de montagne

Le Haut-Danube (PK 2783-PK 1791) se faufile, dans une grande partie de son parcours initial, à travers des régions  montagneuses constituées sur gauche par le Jura souabe et le Jura franconien, la Forêt de Bavière et celle de Bohême du Sud, et à droite par le plateau souabe (plateau de Baar), le plateau de Bavière et les Préalpes des Alpes orientales.

Le Haut-Danube en aval de Passau, un fleuve de montagne, photo © Danube-culture, droits réservés

Le Haut-Danube possède un caractère de fleuve de montagne en raison des spécificités de sa vallée et du régime de ses eaux dans cette partie de son cours. Il forme à la frontière du plateau des Préalpes d’importants dépôts alluvionnaires dus à ses affluents alpins dont les plus importants sont l’Iller, le Lech, l’Isar, l’Inn, le Traun et l’Enns, tous des affluents de sa rive droite.
Sa vallée est en majorité étroite, profonde, serrée entre des parois assez abruptes. Ce n’est qu’en aval de la ville frontière de Passau que les passages larges et plus resserrés commencent à alterner. En amont de Passau sur son parcours allemand, ses rives sont souvent escarpées. Son lit est alors majoritairement sinueux et forme par endroits de brusques méandres. Dans les secteurs où il s’élargit, le lit du fleuve se ramifie, acquérant un caractère instable et formant un grand nombre de bras, de bancs d’alluvions et de seuils. Des digues longitudinales, des ouvrages fermant les bras secondaires et diminuant l’éparpillement du courant ainsi que des épis ont été érigés pour faciliter la navigation. De nombreuses centrales hydro-électriques ont été construites sur les Haut-Danube allemand et autrichien : Bad-Abbach (PK 2401,72), Regensburg (PK 2381,32), Geisling (PK 2354,30), Straubing (PK 2329,78), Kachlet (PK 2230,7), Jochenstein (PK 2203,33), Aschach (PK 2162,67), Ottensheim-Vilhering (PK 2146,91/2146,73), Abwinden-Asten (PK 2119,63), Wallsee-Mitterkirchen (PK 2095,62), Ybbs-Persenbeug (PK 2060,42), Melk, (PK 2038,16/2037,96), Altenwörth, (PK 1980,40/1979,83), Greifenstein, (PK 1949,23), Freudenau, (PK 1921,05). Quant à l’’imposant barrage de Gabčikovo en Slovaquie, en aval de Bratislava, il a été réalisé au PK 8,15 du canal de dérivation (PK 1819,15 du fleuve), qui se sépare du lit principal du Danube et commence au PK 1853 puis rejoint l’ancien lit au PK 1811.
La largeur du Haut-Danube varie dans des limites relativement restreintes, de 40 à 100 m sur le secteur Kelheim-Jochenstein et de 130 à 420 m sur le secteur Jochenstein-Gönyü.
La profondeur du fleuve demeure très instable sur les secteurs où, suite à l’élargissement artificiel de la vallée et du lit, se forment des seuils. Les profondeurs minima sont de 2,00 voire inférieures sur les secteurs non éclusés et de 2,7 à 2,8 m sur les secteurs de retenue. Les périodes de sécheresses estivales accentuent l’instabilité de la profondeur du lit du fleuve et il n’est pas rare que la navigation soit interrompue sur certains secteurs.
La vitesse du courant connait des variations importantes selon les endroits et le niveau de l’eau. Lors des niveaux d’eau moyens, elle se situe entre 3,0 et 10,0 km/h.
Le trafic fluvial régulier vers l’aval commence au niveau de Kelheim en Allemagne. Il se poursuit en amont via le canal Main-Rhin-Danube qui débouche dans le Danube à la hauteur de cette ville.

Le Moyen Danube : un fleuve de plaine

Le Moyen-Danube (PK 1791-PK 931), de Gönyü (Hongrie, rive droite) jusqu’à la sortie du défilé des Portes- de-Fer, traverse d’abord l’immense plaine pannonienne. À l’exception des secteurs escarpés de Visegrád et des défilés des Portes-de-Fer, il s’agit d’un fleuve de plaine.

Le Moyen-Danube hongrois, un fleuve de plaine, photo Danube-culture, © droits réservés

Sa vallée est large (5-20 km), constituée de grandes terrasses plates, sillonnées par de nombreux bras secondaires. Les rives du fleuve sont peu élevées et leurs pentes douces. Le fond du lit en est en majeure partie sablonneux.
Lorsque le fleuve franchit un relief montagneux, la vallée se resserre. Les rives et les versants s’élèvent alors et peuvent être par endroit même escarpés. Le fond du lit est pierreux et parsemé de seuils rocheux.
Sur la majeure partie de son cours moyen le fleuve est sinueux. Toutefois, la longueur des secteurs rectilignes et la sinuosité des méandres sont bien plus importantes que sur le Haut Danube. Le lit a un caractère instable et se ramifie en un grand nombre de bras secondaires. On y trouve de nombreux bancs de sable, des îles et des seuils rocheux.
Comme dans son cours supérieur et toujours en vue d’améliorer les conditions de navigation, des digues longitudinales ont été construites ainsi que des ouvrages de coupure et de concentration du courant. Quant aux travaux effectués en aval, suite à l’accroissement des dimensions du profil transversal du lit, ils n’ont eu pour but que de condamner certains bras secondaires par des digues transversales, de renforcer les berges et de couper certains méandres.
La largeur du lit dans les secteurs où des travaux de régularisation du courant ont été effectués, varie dans des limites peu importantes, de 300 à 420 m, alors que sur les autres secteurs, sa largeur oscille entre 400 et 2200 m. La largeur du  Danube ne  dépasse pas les 210 m dans les Portes-de-Fer, à la hauteur des gorges du Kazan. En raison de l’instabilité du lit, la profondeur du Moyen-Danube varie de manière importante, changeant constamment sur les seuils. Les profondeurs minima relevées lors des bas-niveaux se situe en moyenne entre 1,9 à 2,1 m.
Les brusques variations de déclivité du fleuve entrainent également une variabilité de la vitesse du courant. Lors des niveaux moyens, elle se situe entre 3,6-4,8 km/h sur le secteur Gönyü-Belgrade, entre 0,4-3 km/h sur le secteur Belgrade-écluses du barrage des Portes-de-Fer, et entre 6,5-9 km/h sur le secteur des écluses des Portes-de-Fer-Drobeta-Turnu Severin.

Le Bas-Danube ou Danube inférieur

Le Danube inférieur (PK 931 – 0 km) borde presque tout au long de son parcours la partie méridionale de la plaine du même nom. Cette plaine s’élève progressivement vers confins pour se fondre dans les contreforts des Carpates. À l’est, elle prend le nom de plateau de la Dobrogée. Au sud du Danube, sur la rive septentrionale, s’étend le plateau bulgare, région caractérisée par son unité géographique. Ce plateau descend doucement vers le Danube qu’il borde en pentes escarpées. Dans le cours inférieur du fleuve, la plaine du Bas Danube se rétrécie au nord avec les versants des collines de Moldavie, et au sud par le plateau de la Dobrogée. Plus en aval, la plaine s’élargit à nouveau pour constituer un large delta marécageux sillonné par un dense réseau de bras et de lacs au long desquels s’étendent de larges dunes se rétrécissant eu à peu en allant vers de la mer où elles se transforment en bancs de sable.
Le Danube inférieur est un fleuve de plaine typique. Sa vallée est large, s’étendant entre 7 et 10 km jusqu’à Turnu Măgurele (PK 597) et pouvant atteindre jusqu’au delta de 8 à 20 km. Sa largeur maximale est de 28 km, en aval de Hîrşova (km 253), et minimale de 3-4 km à proximité de Svistov (PK 555), Giurgiu (PK 493) et Orlovka (PK 105,3). La rive droite est escarpée tandis que la rive gauche est plate. Le lit du fleuve est peu sinueux dans sa majeure partie, les méandres peu prononcés et les secteurs rectilignes d’une longueur considérable.
Tout le long de son parcours, le lit se ramifie en un grand nombre de bras secondaires formant une multitude d’îles. Les bras secondaires n’étant pas fermés par des ouvrages hydroélectriques ou des digues, ils ont, pour la plupart, un caractère de cours d’eau. Ces bras se développent au maximum entre Silistra (PK 376) et Brăila (PK 170) ainsi que dans les secteurs où se rejoignent les bras de Chilia et de Saint-Georges.
Le delta commence au niveau du cap Tchatal d’Ismaïl (PK 79,63). Le cours principal du Danube se sépare alors en deux bras, ceux de Chilia et de Tulcea.
À partir de sa bifurcation jusqu’au PK 76 (les km sont comptés à partir de l’embouchure du bras, en direction du cap Tchatal d’Ismaïl), le bras roumano-ukrainien de Chilia coule en grande partie entre des rives plates, d’abord en direction du nord-est, puis du sud-est et ensuite, près de Vilkovo vers l’est, dessinant de larges méandres. Jusqu’à Pardina, ce bras ne forme qu’un seul lit. Plus loin, jusqu’à Chilia, il se sépare en trois bras ceux de Chilia, Sredni et Tataru (Ivaneşti), dessinant un réseau assez complexe qui se réunifie par la suite.
Au-delà du poetit village de Periprava (rive droite), le bras de Chilia se divise de nouveau en bras secondaires, ceux de Babina, Tchernovka, Priamoï et Solomonov (Ukraine). En aval de Vilkovo, le bras de Chilia se jette dans la mer Noire en se séparant à nouveau. Les principaux bras sont ceux d’Otchakovsky et Staro-Stamboulski.
Le bras de Tulcea est large de 200 m (mile 42,5) à 550 m (mile 41). Il est sinueux, dessine des courbes brusques surtout dans la région de Tulcea et s’étend jusqu’au Cap Tchatal de Saint-Georges (PK 62,97), en traversant un terrain en général plat, sauf dans le secteur des miles 39-38 quand s’approchent sur la rive droite les contreforts du plateau de la Dobrogée sur lequel se trouve la ville de Tulcea (PK 71,3).
Au cap Tchatal de Saint-Georges (Sfântu Gheorghe, mille 34), le bras de Tulcea se divise en deux, le bras de Sulina (à gauche) et celui  de Saint-Georges (à droite). Les rives du bras aménagé de Sulina, longues de 34 milles (63 km), sont plates, revêtues de perré sur une grande longueur. La largeur du bras est de 120 m en moyenne et ne présente pas de grandes variations car la plupart des bras secondaires ont été fermés et les méandres prononcés ont été rectifiés par des coupures.
Juste avant l’embouchure de ce bras dans la mer Noire se trouve le port de Sulina (PK 0). Pour la sortie en mer par la barre de Sulina, un canal construit par la Commission Européenne du Danube,  bordé de deux môles (sud et nord), conduit de l’embouchure du bras de Sulina jusqu’en mer. Le canal se dirige d’abord vers l’est et ensuite tourne légèrement vers le sud-est.

Point kilométrique zéro, bras de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Le chenal navigable principal du Danube passe par le bras de Sulina qui, suite aux importants travaux hydrotechniques, a été transformé en un canal presque rectiligne, accessible aux navires de mer.
En raison de la sinuosité de son lit, la largueur du Bas-Danube est extrêmement instable et accuse des variations considérables. La largeur moyenne caractéristique du lit se présente  selon les secteurs du fleuve comme suit :
Drobeta Turnu Severin – Calafat (PK 931 – 795) : 800 m
Calafat – Svistov  (kPK 795 – 555) : 800 m
Svistov – Silistra  ( PK 555 – 376) : 800 m
Silistra – Hirşova ( PK 376 – 253) : 560 m
Hirşova – Brǎila ( PK 253 – 170) : 400 m
Brǎila – cap Tchatal d’Ismaïl (PK 170 – 79, 63) : 900 m
Bras de Tulcea (PK 79, 63 – 62, 97) : 350 m
Bras de Sulina (PK 62, 97 – 0) : 120 m

Les profondeurs accusent des variations tombant, en période de basses eaux, à 15 dm sur les seuils.
Avec la construction d’une retenue d’eau sur le Bas-Danube entre Prahovo et Turnu-Severin, un secteur éclusé a été réalisé. Sa profondeur minimum est de 35 dm.

Bras de Sulina à son embouchure vu du ciel, sources NASA

Avant l’exécution des travaux hydrotechniques, le débit du Danube se répartissait entre les bras de Chilia, Sulina et Saint-Georges dans des proportions de 62 %, 8 % et 30 %. Des travaux hydrotechniques ont été également entrepris afin de permettre l’entrée des navires dans le Danube par les bras de Sulina et de Tulcea. À l’entrée amont du bras de Tulcea, au cap Tchatal d’Ismaïl, une digue en pierre de 430 m de long a été édifiée. Le bras de Sulina est rectifié par 10 coupures qui ont réduit sa longueur de 84,87 à 62,97 km soit 21,9 km en moins. Des épis ont été mis en place et les berges ont été consolidées par des murs de pierre. À l’embouchure du bras de Sulina se trouvent les môles nord et sud dont la longueur augmente constamment étant donné la constante et rapide progression des dépôts d’alluvions vers la mer. Leur longueur respective était en 1983 de 7 932 m.
Des travaux et des dragages sont effectués régulièrement afin de maintenir une profondeur de 24 pieds dans les secteurs limitatifs, surtout au niveau de la barre.
La réalisation de ces travaux permettent des conditions normale de navigation afin que des bâtiments d’un tirant d’eau de 24 pieds puissent remonter le Danube depuis la mer jusqu’à Brăila.
La vitesse du courant du Bas-Danube navigable varie entre 6, 3 km/h (haut niveau navigable) et 2 km/h, (bas niveau navigable) sur le secteur Brăila-Sulina.

Danube-culture, © droits réservés, mis à jour mars 2024

Bras aménagé de Sulina, photo © Danube-culture, droits réservés

Le pélican, symbole de la renaissance, oiseau emblématique du delta du Danube

Photo Mihai Baciu, droits réservés

Les onocrotales (le pélican, pelicanus onocrotalus, L.) ressemble aux cygnes : et on n’y trouverai aucune différence s’ils n’avaient pas à la gorge une espèce de premier ventre. C’est là que cet animal insatiable entasse tout, et la capacité de cette poche est étonnante ; puis ayant achevé sa provision, il la ramène peu à peu dans son bec, et la faut descendre, par une sorte de rumination dans le ventre véritable…
Pline l’Ancien (23-79), Histoire naturelle, Livre 10, LXVI 

Le pélican blanc (Pelecanus onocrotalus) ou frisé (Pelecanus crispus), habitants familiers du paysage deltaïque danubien, est un oiseau migrateur dont la présence sur notre planète remonte à la fin de l’ère secondaire, il y a une centaine de millions d’années. Il est encore présent sur tous les continents mais en bien moins grand nombre que par le passé.
Le mode de vie de cet oiseau emblématique du grand fleuve européen nous permet de mieux comprendre le sens de sa symbolique.
   Le pélican, dont les ailes peuvent atteindre une envergure de 3m 50 et qui peut peser jusqu’à 13 kg, fait aussi partie des plus gros oiseaux de la planète. Il affectionne les zones humides et tranquilles des régions tropicales ou tempérées chaudes où le poisson abonde comme dans le delta du Danube où se regroupent plusieurs colonies de pélicans blancs et, nettement moins nombreuses, de pélicans frisés. On les trouvait autrefois jusqu’en Autriche et sur le Danube hongrois.Le pélican peut se déplacer sur terre, sur l’eau et dans l’air. C’est un oiseau monogame, pacifique et qui aime à vivre en collectivité. Dans une communauté de pélicans, il n’existe pas de dominants ni de dominés à l’exception d’une petite hiérarchie et d’un respect témoigné par les plus jeunes aux plus expérimentés des oiseaux de la communauté au moment de la pêche.
   Mâle et femelle couvent alternativement les œufs pendant une période de 29 à 36 jours et qui donnent naissance de un à trois oisillons, totalement dépourvus de plumes. Les oisillons sont alors nourris par le couple parental qui leur apporte la nourriture sous forme de bouillie régurgitée contenue dans la poche de leur bec que les adultes vident en le pressant contre leur poitrine.
   Un peu plus tard, les jeunes pélicans de la colonie, regroupés sous la surveillance de quelques adultes, vont chercher les morceaux de poissons directement dans le gosier des parents, parfois même jusque dans l’œsophage !
   Le pélican ne dépense pas son énergie inutilement, aussi la pêche n’occupe qu’une petite partie de l’emploi du temps de la colonie. Cet oiseau semble préférer avant tout passer de longues heures à dormir (méditer ?) ou à faire sa toilette et lisser ses plumes au soleil. La longue présence sur la terre de ce magnifique oiseau lui a sans doute permis d’acquérir une forme de sagesse.

Symbolique du pélican

   « Le Pélican est le symbole de l’amour du Prince pour ses peuples ; il est aussi l’emblème de la tendresse maternelle. »
Nicolas Vitton de saint-Allais, Dictionnaire de la Noblesse, 1816

Alfred Hofmann (1879-1958), fontaine des pélicans,  Widholzhof, Simmering, Vienne, 1926, une fontaine qu’on aimerait voir en eau, photo droits réservés

   Ce n’est pas un hasard si nous trouvons la présence du pélican chez les Égyptiens qui en font un animal d’ornement se promenant dans les jardins et les palais. Les prêtres l’assimilent au cygne, le pélican étant « la lumière couvant l’œuf du monde ». L’oiseau était également sacré chez les musulmans, une vénération qui puise son origine dans une légende selon laquelle celui-ci était censé avoir participé à la construction de la Kaaba, à la Mecque.
   Nombreuses sont les légendes autour du pélican dans l’Antiquité. Elles se répandent dans le monde grec puis romain. Voyant des morceaux sanguinolents de poissons régurgités, certains hommes pensaient que le pélican allait jusqu’à percer sa propre chair pour nourrir ses petits. L’oiseau devient alors le modèle de l’amour parental.
   Cette histoire figure dans le Physiologos, bestiaire chrétien écrit en Égypte au IIe siècle ap. J.-C., une oeuvre qui influencera tout le Moyen-âge. D’autres légendes apparaissent dans ce bestiaire comme celle qui raconte que les jeunes pélicans, à leur naissance, frappent leur géniteur. En représailles, celui-ci les tue. Ils ressuscitent trois jours plus tard grâce aux gouttes de sang que fait couler sur eux leur mère ce qui lui fait à son tour perdre la vie. 

Gravure de Pélican, issu d’une fresque des ruines de Chan Chan (royaume de Chimor), au Pérou, photo © Ajor933, droits réservés

   Une autre légende raconte que l’ennemi du pélican, le serpent, tue les oisillons avec son venin. L’oiseau s’envole alors au-dessus d’un nuage qu’il inonde de son sang afin que le liquide, tombant avec la pluie sur les jeunes oiseaux, puisse les ressusciter.
   Le christianisme fait du pélican le symbole du sacrifice, du martyr et de la résurrection, comparant l’oiseau au Christ se sacrifiant pour la rédemption des pécheurs. Il symbolise également pour les Chrétiens l’amour paternel qui ne recule devant aucun sacrifice. 

Détail de la cathédrale de Metz, photo © zor32, droits réservés

   Eusèbe de Césarée (265-339) et saint-Augustin (354-430) le mentionnent au début du IVe siècle. L’oiseau, dorénavant étroitement lié à la symbolique chrétienne, apparaît alors dans de nombreux livres enluminés, sur des chapiteaux et des stalles d’églises et plus tard sur des armoiries.

Église de La Trinité-La Palud à Marseille : stalles avec accoudoirs en bois sculpté en forme de pélicans, photo © Rvalette, droits réservés

« Le Bestiarum du Moyen Âge cite une ancienne chanson enfantine, oubliée depuis, dont le texte est : « Pie pelicane, Jesu domine » (Ô pélican plein de bonté, notre Seigneur Jésus »). Il mentionne aussi la faculté que possède cet oiseau de ne se munir que de la nourriture strictement nécessaire à sa survie. »

Blason de l’université de Cambridge, source Wikipedia

« Pie pellicane, Jesu Domine,
Me immundum munda tuo sanguine;
Cujus una stilla salvum facere
Totum mundum quit ab omni scelere. »

« Pieux pélican, Jésus mon Seigneur
Moi qui suis impur, purifie-moi par ton sang
Dont une seule goutte aurait suffi à sauver
Le monde entier de toute faute. »
Extrait de l’Hymne eucharistique « Adoro te devote » de Saint-Thomas d’Aquin (1225-1274)

Jacques Callot (1592-1635), saint-Thomas d’Aquin, « Les Images De Tous Les Saincts et Saintes de L’Année », 1635 

Le poète florentain Dante Alighieri (1265-1321), dans le « Paradis » de sa Divine Comédie (1321, long poème racontant le voyage de l’auteur en enfer guidé par le poète romain Virgile. Il y retrouve plus tard sa bien-aimée, Béatrice qui le guide jusqu’au purgatoire puis au paradis où, dans un moment d’extase, le narrateur aperçoit Dieu), compare le Christ à l’oiseau, en parlant de saint-Jean qui fut représenté dans la Cène penché sur le sein du Sauveur :
« Voici venir celui qui coucha sur le sein
de notre Pélican : qui, du haut de la croix
avait été choisi pour un office insigne. »

Gustave Doré, illustration pour le Paradis de Dante

Cette image est reprise au XIXe siècle par Alfred de Musset (1810-1857) dans son poème l’Allégorie du Pélican extrait de son oeuvre Les Nuits :
« Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les séraphins noirs t’ont faite au fond du cœur ;
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s’abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur ;
L’océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur ;
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s’affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort se recommande à Dieu.

Poète, c’est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s’égayer ceux qui vivent un temps ;
Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,
De tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,
Ce n’est pas un concert à dilater le cœur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant ;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang. »

Les alchimistes s’emparent également très tôt de l’image du pélican. Ils se servent de ces oiseaux pour symboliser les parties volatiles de la matière, utilisant celui qu’ils appellent « l’oiseau d’Hermès » pour représenter leur Mercure. Un vase alchimique ou alambic, récipient hermétique muni de deux tubes recourbés reliant le sommet, ressemblant à la silhouette du pélican qui se perce le flanc, porte son nom. Le pélican représente aussi l’œuvre au blanc, les trois oisillons étant respectivement le Sel, le Soufre et le Mercure ou encore l’ image de la « pierre philosophale  » éparpillée dans le plomb liquide, où elle se dissout et se décompose pour le transformer en or.  Le pélican alors symbolise l’aspiration à la purification.
Les Rose-Croix à leur suite utilisent le symbole, qui est repris dans la Franc-maçonnerie pour l’ordre ultime du Rite Français et pour le dix-huitième degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, qui porte le titre de « Souverain Prince Rose-Croix, ou Chevalier de l’Aigle et du Pélican ».
On retrouve également cet oiseau accompagné des outils sur des tabliers de maçons correspondant à ces degrés. Il pourrait alors symboliser la consécration au grade de maitre et l’achèvement du parcours initiatique, comme le pélican, victorieux de la mort, pourrait faire renaitre ses enfants vers la lumière de l’initiation.
Robert-Jacques Thibaud (1941-2001), auteur d’une série de dictionnaires sur la signification des mythes et des symboliques de différentes cultures, voit dans le pélican une représentation de « l’œuvre générant puis entretenant sa création ». Selon lui, « le pélican symbolise l’axiome assurant que l’on ne découvre que ce que l’on possède déjà en soi. C’est l’image d’une autre phase de la longue quête spirituelle assimilable au grand-œuvre ».
En héraldique, le pélican est traditionnellement représenté comme un oiseau à bec d’aigle, dans son nid, les ailes déployées au-dessus de ses petits, se perçant la poitrine d’où coulent des gouttes de sang. Il est dénommé « Pélican de piété ». L’oiseau apparaît aussi sur les armoiries de plusieurs familles, institutions, villes, pays, voire même imaginaires comme sur celui de la Syldavie dans Le sceptre d’Ottokar d’Hergé.

Armoiries de la Syldavie dans le Sceptre d’Ottokar de Hergé, source : JulianKepler — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=133417678

Au final, notre oiseau porte en lui les symboles de la mort, de la renaissance, donc des cycles de la vie, de la quête spirituelle tendant vers la lumière.

Emblème de la Louisiane, source Wikipedia

Sources :
BIEDERMANN, Hans, KNAURS Lexikon der Symbole, Droemersche Verlagsanstalt Th. Knaur Nachfolger, München, 1989
CHEVALIER, Jean, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, Robert Laffont/Jupiter,  Paris, 2000
COLIN, Didier, Dictionnaire des symboles des mythes et des légendes, Hachette, Paris 2000
PORTIER, Lucienne, Le pélican. Histoire d’un symbole, Éditions du Cerf, paris, 1984
www.oiseaux.net

http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/p%C3%A9lican/178178
lieuxsacres.canalblog.com

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour mars 2024, © droits réservés

Les pélicans du Danube et de son delta

Une centaine d’espèces d’oiseaux choisit également le delta du Danube pour y passer l’hiver ou le traverser ce qui en fait l’un des terrains d’observation ornithologique les plus fascinants au monde. Six voies migratoires printanières et cinq automnales, originaires des continents africain, asiatique et européen, survolent, se posent et séjournent dans le delta.

Le Pélican, un pêcheur organisé
   Deux des huit espèces connues de pélicans, le pélican frisé (Pelecanus crispus) et le pélican blanc (Pelecanus onocrotalus) nichent dans le delta. C’est la colonie de pélicans communs la plus importante en Europe. Elle est évaluée à  plus ou moins 2 500 couples. Elle s’installe au début du printemps et repart à la fin de l’été ou au début de l’automne pour passer l’hiver dans le delta du Nil ou sur d’autres deltas africains et du Moyen-Orient. Rares sont les individus qui choisissent de rester sur place. Le delta du Danube est le refuge des pélicans situé le plus à l’ouest du vieux continent.

Pélican frisé (Pelecanus crispus), photo droits réservés

Eugen Petrescu, de la Société Ornithologique Roumaine explique que pour la plupart des touristes et même des habitants du delta, la différence entre le pélican frisé et le pélican commun n’est pas évidente. Presque insaisissable, elle relève de la taille des oiseaux, le pélican frisé étant juste un peu plus grand.
La migration du pélican commun commence en août-septembre. Très peu d’oiseaux choisissaient autrefois d’hiverner dans le delta alors qu’on observe aujourd’hui de plus de spécimens pendant la saison froide. Il semble qu’au début de sa présence en Roumanie, le pélican frisé avait pour habitat des zones humides en amont du Danube et non pas le delta lui-même, où le pélican commun était déjà installé. On a d’ailleurs observé leur tendance à se déplacer non pas vers le sud, mais en sens inverse vers l’amont du fleuve, en direction de Călăraşi et jusqu’en Olténie, comme s’ils refaisaient de mémoire cet itinéraire. Selon des observateurs de la Société bulgare de protection des oiseaux, une troisième colonie de nidification de pélicans frisés s’est d’ailleurs installée dans la zone bas-danubienne bulgare. Ce nouveau groupe est considéré comme une sous-colonie de celle distante d’environ 2 km où nichent 22 couples depuis 2016. Plus à l’est, la Réserve de Srebarna (Bulgarie) abrite elle aussi une colonie de pélicans frisés. Cette zone est d’une importance cruciale pour la protection du pélican frisé sur le bas-Danube.
En période de reproduction, le plumage des pélicans acquiert un coloris particulier. La partie grise revêt un éclat argenté, tandis que la mandibule se colore en un très beau rouge pourpre. C’est ce contraste des couleurs qui confère aux oiseaux une élégance particulière durant la période d’accouplement. En outre, les pélicans sont très sensibles à toute forme de perturbation. Si, par exemple, une colonie est fortement dérangée pendant son séjour, elle ne revient pas sur les mêmes lieux l’année suivante. Les pélicans sont une espèce rare, menacée d’extinction.

Pélican frisé, photo droits réservés

    Le pélican est sans doute, du moins pour le grand public, l’oiseau le plus représentatif de cette région du fleuve. Celui-ci a le sens de l’entraide et s’organise pour se nourrir d’une manière collective et coopérative. Au moment de la pêche le groupe de pélicans se dispose en arc de cercle ou sur une même ligne et avance régulièrement, la tête sous l’eau, se servant de leur poche profonde et souple qui pend sous leur conséquent bec jaune comme d’une épuisette pendant que de joyeux rabatteurs de la même espèce effraient et poussent les poissons vers les oiseaux pêcheurs. La cérémonie de la pêche se répètent deux fois par jour. Le pélican nourrit sa famille par régurgitation de la nourriture en voie de digestion.
Cet oiseau qui ingurgite un bon kilo de poissons quotidiennement, était considéré autrefois par les habitants du delta et en particulier les pêcheurs professionnels, comme un concurrent redoutable au même titre que le grand cormoran qui s’organise aussi en colonie mais pêche en solitaire. L’espèce fut donc longtemps chassée et menacée d’extermination. Elle est désormais protégée. Double revanche pour cet oiseau unique et singulier qui représente désormais le symbole de la riche mais fragile biodiversité du plus grand delta fluvial européen.

Recensement des pélicans frisés en Roumanie danubienne de décembre 2023 : une population stable malgré l’épidémie de grippe aviaire de 2022.
   Lors du recensement de décembre 2023, 949 pélicans frisés (Pelecanus crispus, Bruch 1832) ont été dénombrés sur l’ensemble de leur aire de répartition en Roumanie. Parmi eux, 704 étaient des adultes et 245 étaient immatures et dans différentes catégories d’âge. Il s’agit du nombre le plus élevé de pélicans frisés enregistré jusqu’à présent en Roumanie au cours du suivi hivernal effectué depuis le début du projet Pelican Way of LIFE (https://life-pelicans.com)
   Le nombre de pélicans le plus élevé a été, comme prévu, observé dans les zones de grands lacs le long du Danube, telles que Suhaia, Bugeac et Oltina. Cependant, par rapport aux années précédentes, près de la moitié (404 individus) du total enregistré a été recensée dans la réserve de biosphère du delta du Danube. Les zones surveillées couvraient, comme les années précédentes, la quasi-totalité de l’aire de répartition de l’espèce, et pas seulement les sites du projet.
   « Nous voulions assurer la meilleure couverture possible et obtenir le nombre le plus représentatif de pélicans hivernants dans notre pays. Pendant la période de suivi (8-10 décembre), nous avons rencontré des conditions hivernales typiques avec un temps moins favorable, des températures basses et un vent relativement fort. Bien que ces conditions aient rendu le suivi partiellement difficile, elles ont également réduit la mobilité des pélicans dans les différentes zones, facilitant ainsi le processus de comptage », a expliqué le biologiste Sebastian Bugariu, coordinateur du projet en Roumanie.
   Le nombre de pélicans frisés enregistrés en Roumanie est le plus élevé depuis le début du projet. Combiné au nombre de pélicans frisés comptés en Bulgarie (644 individus), le total reste dans les paramètres observés les années précédentes. C’est encourageant et on peut dire que la population de pélicans frisés est globalement stable, surtout si l’on tient compte de l’impact considérable de l’épidémie de grippe aviaire en 2022, qui a affecté les effectifs de manière significative.
   Des zones telles que la vallée de Mostiștei, la zone de Calarasi Iezer, la basse vallée de l’Olt et le confluent de l’Olt avec le Danube, Bistreț, le delta du Danube et la zone lagunaire, y compris les sites du sud-ouest de la Dobrogea (Bugeac, Oltina, Dunăreni, Vederoasa), les lacs du centre de la Dobrogea et la côte de la mer Noire ont été surveillés. Lors des expéditions dans le delta du Danube et la zone lagunaire, les équipes ont bénéficié du soutien de l’Administration de la réserve de biosphère du delta du Danube (ARBDD), partenaires de ce projet.
La couverture des zones a été faite de manière à éviter le risque de comptages multiples. Au total, 13 équipes ont participé, dont 6 équipes, composées d’observateurs du SOR accompagnés par le personnel de l’ARBDD, ont participé au territoire de la réserve de biosphère du delta du Danube.
   Le suivi à long terme du Pélican frisé est fondamental pour observer les tendances et la dynamique de la population de l’espèce, les changements potentiels et pour pouvoir développer des mesures visant à assurer la meilleure conservation et protection de l’espèce possible.
Sources : Societatea Ornitologică Română
https://www.sor.ro
https://youtu.be/gvpk1QTL9E8?

Pélican blanc (Pelecanus onocrotalus), Linnaeus, 1758

Ordre : Pélécaniformes
Famille : Pélécanidés
Genre : Pelecanus
Espèce : onocrotalus
Espèce monotypique
Taille : 148 à 175 cm
Envergure : 226 à 360 cm
Poids : 10000 à 11000 g

Pélican blanc

Pélican frisé (Pelecanus crispus), Bruch, 1832

Ordre : Pélécaniformes
Famille : Pélécanidés
Genre : Pelecanus
Espèce : crispus
Espèce monotypique
Taille : 180 cm
Envergure : 310 à 345 cm
Poids : 10000 à 13000 g

Pélican frisé

Sources :
Dominique ROBERT, Danube, les oiseaux au fil du fleuve, Éditions Lechevalier-R.Chabaud, 1988

Radio România International/ À la découverte de la Roumanie/Les pélicans du delta du Danube, Teofilia Nistor (29 juillet 2013)
www.oiseaux.net
Societatea Ornitologică Română

Eric Baude pour Danube-culture, mis à jour mars 2024

Les sources du Danube

La source de la Breg au lieu-dit Martinskapelle, sur la commune de Furtwangen,, avec la statue de Flvius Danubius photo ©  Danube-culture droits réservés

Quelques dates :

En l’an 15 avant J.-C., selon Hérodote, le général romain et futur empereur Tibère (42 av. J.-C.-37 ap. J.-C.), chevauchant du lac de Constance vers le Nord aurait découvert le Danube.

368 après J.-C. : le poète Decimus Magnus Ausonius (vers 309/310 -vers 394-395 ap. J.-C.) mentionne dans l’un de ses poèmes d’amour la source du Danube.

1292 : Le nom du fleuve est joint au nom du village de Túnŏeschingen (Donaueschingen).

1488 : les princes de Fürstenberg achètent le village et le château de Donaueschingen.

1493 : l’humaniste Hartmann Schedel (1440-1514) mentionne la source du Danube dans ses Chroniques de Nuremberg.

1538 : le savant humaniste, professeur d’hébreu, mathématicien, astronome et cartographe Sébastien Münster (1489-1552), originaire de Bâle, réalise la première carte de la source du Danube et la mentionne  dans sa Cosmographia Universalis (1538).

La Brigach, Vilingen et Donaueschingen, détail d’une carte de la Cosmographie Universelle de Sébastien Münster (1538)

1723 : le prince Josef Wilhelm Ernst de Fürstenberg (1699-1762) fait de Donaueschingen sa résidence principale. Il construit un nouveau château de style Baroque.

FURTWANGEN en Forêt-Noire (Land de Bade-Wurtemberg)

Furtwangen en 1808

   « Profitant d’un carnaval à Donaueschingen, un bourgmestre de Furtwangen, déguisé en statue du Commandeur, n’y alla pas par quatre chemins pour dire son sentiment. À la tête d’une délégation de partisans résolus, il vida avec ostentation une bouteille d’eau de la Breg dans le bassin du château afin, déclara-t-il, que celui ne devienne pas à sec. »
Bernard Pierre, Le roman du Danube, « Une naissance princière », Éditions Plon, Paris, 1987

La petite chapelle saint-Martin (Martinskapelle) veille sur la la source de la Breg, photo © Danube-culture, droits réservés

   Furtwangen en Forêt-Noire est la première commune à se vouloir être le berceau du Danube. C’est sur le territoire de cette petite cité, également connue pour ses fabriques d’authentiques coucous, au lieu-dit Martinskapelle (Chapelle Saint-Martin), que la Breg (ou le Danube…) prend sa source, à 1078 mètres d’altitude.

« Ici jaillit la source principale du Danube, la Breg, à l’altitude de 1078 m au-dessus de la mer, à 2 888 km de l’embouchure du fleuve. À 100 m de la ligne de partage des eaux entre le Danube et le Rhin, entre la mer Noire et la mer du Nord. » Photo © Danube-culture, droits réservés

   Furtwangen prétend encore à une autre singularité. Son territoire se situe sur la ligne de partage des eaux de deux bassins versants de deux grands fleuves européens, ceux du Rhin et du Danube. Deux rivières, qui naissent à moins de deux cents mètres de distance l’une de l’autre, courent ainsi vers deux horizons opposés : la Breg, qui, de sa rencontre avec la Brigach et d’autres sources du sous-sol karstique à Donaueschingen, forme officiellement le Danube et l’Elz (121 km) qui, elle, tourne le dos au Danube et préfère se jeter dans le Rhin.

Toute proche de la source de la Breg, quelques mètres au-dessus, la ligne de partage des eaux entre le bassin du Rhin et celui du Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

Cette petite ville de près de 10 000 habitants est aussi réputée pour son musée de l’horlogerie.

Source de la Breg. À peine sortie de terre et déjà bleue ! Photo © Danube-culture, droits réservés

« Ici naît le bras principal du Danube, dit la plaque apposée près de la source de la Breg. Malgré cette déclaration lapidaire, le débat pluriséculaire sur les sources du Danube est loin d’être clos, et se trouve même à l’origine d’une vive rivalité entre les villes allemandes de Donaueschingen et de Furtwangen. En outre, ce qui est venu récemment compliquer les choses, c’est l’hypothèse hasardeuse soutenue par Amédée, sédimentologue distingué et historiographe occulte des erreurs de programmation —hypothèse selon laquelle le Danube naît d’un robinet. Sans prétendre résumer l’énorme quantité de livres écrits au fil des âges sur le sujet depuis Hecatée de Millet, le précurseur d’Hérodote, jusqu’aux fascicules de la revue Merian, en vente dans tous les kiosques, il convient de se remettre en mémoire ces époques lointaines pour lesquelles le Danube était né de source inconnue — comme le Nil, dans les eaux duquel, du reste, il se reflète et se confond, sinon in re du moins in verbis, au gré des comparaisons et des parallèles entre les deux fleuves qui se succèdent depuis des siècles dans les commentaires savants.

Une source plus discrète, celle de la Brigach au lieu-dit Sankt-Georgen-Brigach à 925 m d’altitude, sur la commune de Sankt-Georgen im Schwarzwald, photo © Danube-culture, droits réservés

   Ces sources ont été très tôt l’objet de recherches, de notices, de conjonctures de la part d’Hérodote, de Strabon, de César, de Pline, de Ptolémée, du pseudo-Skymnos, de Sénèque, de Mela, d’Erastothène, elles y sont supposées ou signalées dans la forêt d’Hyrcanie, chez les Hyperboréens, dans les Pyrénées, dans les contrées des Celtes, ou des Scythes, sur le mont Abnoba, aux Hespérides, tandis que d’autres hypothèses font état de la bifurcation du fleuve, d’un bras qui se jetterait dans l’Adriatique, et donnent des descriptions contradictoires de son embouchure sur la mer Noire. Si, de l’histoire ou de la légende qui veut que les Argonautes soient descendus du Danube jusqu’à l’Adriatique, on passe aux temps préhistoriques, la vérification devient encore plus malaisée, on se heurte à l’énorme, au fracas d’une gigantesque mise en place, à une géographie de titans : l’Ur-Donau, le Danube primitif, prenait sa source dans l’Oberland bernois, là où se dressent aujourd’hui les pics de la Jungfrau et de l’Eiger, recevait les eaux de l’Ur-Rhin, de l’Ur-Neckar et de l’Ur-Main et, vers la moitié du Tertiaire, pendant l’Éocène, il y a vingt à soixante millions d’années avait son embouchure à peu près sur le site actuel de Vienne, dans un golfe de Thétis, mère originelle des océans, au bord de cette mère des Sarmates qui recouvrait alors toute l’Europe du sud-est. »
Claudio Magris, « Donaueschingen contre Furtwangen » in Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1986

Collectivité locale de Furtwangen : www.furtwangen.de
Musée allemand de l’horlogerie : www.deutsches-uhrenmuseum.de

   Même Jules Verne semble s’interroger sur l’emplacement de la ou des sources du Danube…
« Toutefois, une difficulté pouvait se présenter. La situation de la source du grand fleuve était-elle déterminée avec précision? Les cartes l’indiquaient-elles avec exactitude? N’existait-il pas quelque incertitude sur ce point, et, quand on essaierait de rejoindre Ilia Brusch à tel endroit, ne serait-il pas à tel autre?
Certes, il n’est pas douteux que le Danube, l’Ister des Anciens, prenne naissance dans le grand-duché de Bade. Les géographes affirment même que c’est par six degrés dix minutes de longitude orientale et quarante-sept degrés quarante-huit minutes de latitude septentrionale. Mais enfin cette détermination, en admettant qu’elle soit juste, n’est poussée que jusqu’à la minute d’arc et non jusqu’à la seconde, ce qui peut donner lieu à une variation d’une certaine importance. Or, il s’agissait de jeter la ligne à l’endroit même où la première goutte d’eau danubienne commence à dévaler vers la mer Noire.
D’après une légende qui eut longtemps la valeur d’une donnée géographique, le Danube naîtrait au milieu d’un jardin, celui des princes de Furstenberg. Il aurait pour berceau un bassin en marbre, dans lequel nombre de touristes viennent remplir leur gobelet. Serait-ce donc au bord de cette vasque intarissable qu’il conviendrait d’attendre Ilia Brusch le matin du 10 août?
Non, là n’est point la véritable, l’authentique source du grand fleuve. On sait maintenant qu’il est formé par la réunion de deux ruisseaux, la Breg et la Brigach, lesquels se déversent d’une altitude de huit cent soixante-quinze mètres, à travers la forêt du Schwarzwald. Leurs eaux se mélangent à Donaueschingen, quelques lieues en amont de Sigmaringen, et se confondent alors sous l’appellation unique de Donau, d’où les Français ont fait Danube.Si l’un de ces ruisseaux méritait plus que l’autre d’être considéré comme le fleuve lui-même, ce serait la Breg, dont la longueur l’emporte de trente-sept kilomètres, et qui naît dans le Brisgau… »
Jules Verne, « Aux sources du Danube » in Le pilote du Danube   

Donaueschingen (Land de Bade-Wurtemberg) : les sources et plus… 

La source « officielle », aménagée et très fréquentée du Danube dans le parc du château de Donaueschingen, photo © Danube-culture, droits réservés

Le bassin de la source officielle, dans le parc du château, a été aménagé en 1875 à la demande du prince Charles Egon III de Furstenberg (1820-1892) par son architecte Adof Weinbrenner (1836-1921). La statue intitulée « Die Baar » qui symbolise le relief en forme de plateau où le fleuve prend ses sources1, montre à une jeune fille, le Danube (die Donau), le chemin vers le lointain. Réalisée initialement mais non achevée par Franz Xaver Reich en 1875 l’oeuvre a été relevée et intégrée dans un cadre en marbre par Adolf Heer.
Une tradition voulait autrefois que les hôtes du château prennent un bain dans le bassin quelqu’en soit la saison !

Notes :
1Le nom de Baar ou Baarhochmulde désigne un  plateau calcaire situé dans sa zone centrale à une altitude d’environ 670 à 750 mètres entre la Forêt-Noire et le Jura souabe dans le sud-ouest de l’Allemagne (Bade-Wurtemberg). Le nom provient de l’ancien landgraviat historique de Baar qui avait cependant une étendue un peu plus grande. La Baar couvre une superficie de 410 km².

La Baar montrant le chemin au jeune Danube au-dessus du bassin de la source officielle du fleuve  dans le parc du château de Donaueschingen, photo © Danube-culture, droits réservés

« On a fait l’honneur à une très belle source, enfermée aujourd’hui dans la cour du château de Donaueschingen, de la regarder comme l’origine du Danube, et le faible courant qui en sort porte le nom du fleuve, reçoit comme simples affluents deux rivières qui viennent s’y joindre et perdre leur nom. Ce privilège accordé à la faiblesse contre les droits de la force, si rarement contestés, remonte sans doute à une très haute antiquité ; il est probable que son origine fut mythologique ; la beauté de la source et des sites qui l’environnent put faire croire que le dieu du fleuve avait choisi ce lieu pour sa demeure. Un prince de Fürstenberg, propriétaire de ce charmant pays, eut l’ambition de se mettre à la place de ce dieu, de tenir à son tour l’urne inclinée dont les eaux vont se répandre jusque dans le Pont-Euxin ; il fit construire le château dont ce réservoir naturel et le ruisseau qu’il alimente, sont la plus intéressante décoration. »
DUCKETT, M.W. (dir.), Dictionnaire de la conversation et de la lecture. Tome XIX, [D-Délibéra]. Paris, Berlin-Mandar, 1835

Bassin de la source officielle du Danube dans le parc du château des Fürstenberg à Donaueschingen, photo © Danube-culture, droits réservés

Donaueschingen : « Hier entspringt die Donau »
« Hier entspringt die Donau », Ici naît le Danube, dit la plaque du parc des Fürstenberg, à Donaueschingen. Mais l’autre plaque, que le docteur Ludwig Ohrlein a fait apposer sur la source de la Breg, précise que c’est cette dernière, parmi toutes celles prétendent au titre de source de fleuve, qui est la plus éloignée de la mer Noire, à 2.888 kilomètres, soit à 48,5 km de plus que Donaueschingen. Ce docteur Ohrlein, propriétaire du terrain dans lequel jaillit la Breg, à quelques kilomètres de Furtwangen, a livré bataille contre Donaueschingen à coups de papier timbré et de certificats. On a là une intime et tardive séquelle de la Révolution française au sein de la persistante « misère allemande » : le bourgeois de profession libérale et petit propriétaire se dressant contre la noblesse féodale et ses blasons. Les bons bourgeois de Furtwangen se sont rassemblés en troupe compacte derrière le docteur Orhlein et tous ont en mémoire ce jour où leur maire, suivi d’un cortège de ses concitoyens, a versé non sans mépris, dans la source de Donaueschingen, une bouteille d’eau de la Breg. »
Claudio Magris, Danube, « Donaueschingen contre Furtwangen », Éditions Gallimard, Paris, 1986

« Brigach und Breg
bringen die Donau zu Weg.
Breg et Brigach
mettent le Danube en chemin. »
Dicton local

  Première ville en aval des deux sources du Danube, Donaueschingen, élégante et propette, se revendique haut et fort comme le lieu de la naissance du fleuve, plus précisément dans le parc du château des princes Fürstenberg. C’est par la confluence de la Breg et de la Brigach en aval à l’extrémité du parc, que ces deux petites rivières qui n’en demandaient pas tant du point de vue de la géographie ni de l’histoire, forment le point de départ du parcours du Danube.
Donaueschingen est jumelée avec la ville de Saverne (Alsace).

   « Officiellement, c’est bien connu, c’est à Donaueschingen que se trouve la source du Danube, et les habitants en garantissent l’originalité et l’authenticité, juridiquement parlant. Depuis l’époque de l’empereur Tibère, le petit filet d’eau jaillissant de la colline a été célébré comme source du Danube, et c’est aussi à Donaueschingen que se rencontrent les deux rivières, la Breg et la Brigach, dont la réunion (selon l’opinion commune, confirmée par les guides touristiques, les pouvoirs publics et les proverbes populaires) constitue le départ du Danube. L’incipit du fleuve qui engendre et enserre la Mittteleuropa fait partie intégrante de l’ancienne résidence princière des Fürstenberg, en même temps que le château, la bibliothèque de cour renfermant les manuscrits de la Chanson des Nibelungen et de Parsifal, la bière portant elle aussi le nom des seigneurs du lieu et les festivals de musique qui ont fait la réputation de Hindemith. »
Claudio Magris, « Donaueschingen contre Furtwangen » in Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1986

Brochure de l’Office de tourisme de Donaueschingen :
Die Donauquelle (La source du Danube)
« L’eau qui jaillit entre l’église collégiale saint-Jean et le château de Donaueschingen et que l’on désigne comme la « source du Danube » provient d’une source souterraine de la Forêt-Noire alimentée par l’eau de pluie.

L’élégant temple néo-grec de la source du Danube dans le parc du château de Donaueschingen, photo © Danube-culture, droits réservés

   Depuis l’empereur romain Tibère, cette source, une des quinze sources de type karstique, est considérée comme la source du Danube, fleuve traversant l’Europe. Hérodote mentionne dans ses écrits que les Celtes avaient déjà bâti leurs habitations autour de ce lieu avant l’arrivée des Romains ce qui incite à penser que ceux-ci considéraient déjà cette source d’eau comme la source du Danube et la vénéraient en tant que telle. »

Le confluent de la Breg et de la Brigach à Donaueschingen ; c’est à partir de ce confluent que le fleuve prend officiellement le nom de Donau (Danube), photo © Danube-culture, droits réservés

À Donaueschingen…
   « Le Danube prend sa source sous la colline de l’église paroissiale saint-Jean à l’architecture baroque, juste à côté du château princier. À l’origine, cette source coulait librement devant celui-ci et rejoignait la Brigach et la Breg à environ deux kilomètres à l’est pour former le Danube. Au-delà de la Brigach se trouvaient autrefois des marais alimentés par de nombreuses sources et petits cours d’eau.
L’eau de la source du Danube coule désormais via un canal souterrain directement dans la Brigach. Les marais ont été transformés en un parc princier avec des étangs et des canaux.
La source du Danube est réputée depuis l’époque romaine. Le commandant militaire et futur empereur Tibère visite le site en l’an 15 avant Jésus-Christ et l’empereur Maximilien du Saint Empire Romain germanique (1459-1519) y tient une cour solennelle en 1499. Le dernier empereur allemand, Guillaume II de Hohenzollern (1859-1941), a également visité la source du Danube à plusieurs reprises entre 1900 et 1913.
Le prince Karl Egon III de Fürstenberg (1820-1892), né à Donaueschingen, fait construire en 1875 un élégant bassin circulaire entourant la source du Danube. La sculpture centrale représente la « Mère Baar » qui dirige le jeune Danube sur son parcours de 2840 kilomètres, de sa source à Donaueschingen à la mer Noire. »
https://haus-fuerstenberg.com/donaueschingen/?lang=en

Et combien de kilomètres ?
On attribue au cours du Danube différentes longueurs : il mesure 2840 km à partir de sa source jusqu’à la mer Noire, (certains citent le chiffre de 2845 km) et 2775 km à partir de la confluence de la Brigach et de la Breg. On cite également le chiffre de 2888 km (comme il est d’ailleurs indiqué sur la plaque de la source de la Breg à Furtwangen) mais celui-ci inclut en fait les 46 km du cours de la Breg qui prend sa source dans la Forêt-Noire et rejoint la Brigach à Donaueschingen.
En réalité, on ne mesure pas la longueur du Danube à partir de la source de la Breg dans la Forêt-Noire, pas plus qu’on ne la mesure à partir de la source située à Donaueschingen. Le Danube est un cas particulier et, contrairement aux autres fleuves, ses kilomètres sont comptabilisés depuis l’une de ses embouchures [l’embouchure du bras de Sulina]. Son point zéro officiel est matérialisé par le « vieux » phare de Sulina, petite ville et port du delta du Danube en Roumanie et son dernier kilomètre se trouve à la confluence de la Brigach et du Breg à Donaueschingen !

Sulina (bras de Sulina, rive gauche) le point kilométrique zéro à partir duquel la longueur du fleuve est mesurée, se situe aujourd’hui bien en amont du confluent de ce bras avec le mer Noire, photo © Danube-culture, droits réservés

Collectivité de  Donaueschingen :
www.donaueschingen.de (page en langue française)
Office du Tourisme :
www.donaueschingen.de

Le château des princes de Fürstenberg ne se visite que sur réservation (voir à l’Office du Tourisme).
Musée Biedermann :
www.museum-art-plus.com
Musée d’art contemporain en bordure du parc du château

Festival de musique contemporaine de Donaueschingen (Donaueschinger Musiktage) :
www.swr.de/donaueschingen
Le plus ancien festival de musique contemporaine au monde, créé en 1921 et l’un des plus prestigieux. Une programmation transversale ouvrant sur d’autres pratiques artistiques contemporaines. Un grand évènement culturel. Certaines des oeuvres créées dans le cadre de cette manifestation ont été dédiées au Danube.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à  jour mars 2024

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Étymologie du nom « Danube »

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« Et je dis en passant que les noms des rivières, étant ordinairement venus de la plus grande antiquité connue, marquent le mieux le vieux langage et les anciens habitants, c’est pourquoi ils mériteraient une recherche particulière ».
G.W. Leibniz (1746-1716)

« À toi sont soumis le Nil mystérieux,

Le Danube immense et le Tigre célère… »
Horace (Quintus Horatius Flaccus, 54 av. J.-C.-8 av. J. C.) , Odes, IV/14, à Auguste

   On trouve des éléments de l’étymologie du nom de ce fleuve dès le IIIe siècle dans les commentaires du moine érudit et archevêque grec Eustathius de Thessalonique (vers 1115-1195) de l’ouvrage de Dionysius (Dionysus Periegestes ou Denys d’Alexandrie, IIIe siècle ap. J.-C.), Description de la terre habitée  :
« Ce fleuve, que nous appelons aujourd’hui Danube, porte le nom de Danuvius dans les Inscriptions et Médailles antiques : mais il y a longtemps que cette manière d’orthographier n’est plus en usage, & à l’heure qu’il est, tout le monde écrit Danubius. Les Allemands disent communément Tona ou Donau les Hongrois, Donava, & les Turcs, Duna, mots qui signifient tous le Danube, et que chacun de ces peuples prononce selon le différent génie de sa langue. Une remarque plus essentielle que nous croyons devoir faire sur ce sujet, c’est que ce Fleuve est nommé tantôt Danubius, tantôt Ister, selon les différents Païs qu’il arrose. Mela, Ptolémée, Pline & surtout Strabon dont j’adopte volontiers le sentiment, parlent de la différence de ces noms. Il est en effet d’autant plus raisonnable de distinguer le Danube de l’Ister, qu’il y naturellement une grande différence entre le mouvement, la largeur & le cours de l’un & de l’autre. Le mouvement du Danube est souvent violent et rapide : mais au dessous de ses cataractes, où il prend le nom d’Ister, il coule plus lentement dans un large canal qui a moins de pente. Ces circonstances doivent suffire pour établir la différence entre l’Ister et le Danube… »
Le philosophe grec Aristote (384 ou 385-322 av. J.-C.) appelle le « fleuve natal » du nom d’Ister, l’historien grec Diodore de Sicile (vers 90-30 av. J-C) Danubius ou Danuvius tout comme César (100 ou 101-44 av. J.-C.), Ovide (43-17 ou 18 ap. J.-C.), poète qui connut l’exil au bord du Bas-Danube à Tomis où il meurt, Strabon (63-env. 25 av. J.-C.) et Pline le Jeune (61-env. 114 apr. J.-C.). Sur la Tabula Peutingeriana1 figure le nom de Danubius. Cicéron (106-43 av. J.-C.) le nomme quant à lui Histerus.
Salluste (86-35 av. J-C), historien romain, contemporain de César et de Cicéron, semble avoir été le premier à donner au fleuve les deux noms d’Ister et de Danuvius (Histoires, troisième livre).
   Étienne (Stephane) de Byzance (VIe siècle ap. J.-C.) et Eustathius de Thessalonique parlent des Scythes qui appellent le Bas-Danube Mataos « Le fleuve du bonheur. »
   D’autres sources dont le Dictionnaire étymologique de la langue serbe ou croate émettent l’hypothèse que Danubius tirerait son origine de la langue des Scythes qui s’établirent sur la partie méridionale du delta du fleuve et de la forme Danav. 

Carte du monde selon Hérodote et reconstituée par Louis Figuier (1864), collection Danube-culture. Le Danube apparaît ici sous le nom d’Ister sur la totalité de son cours et prends sa source près de la ville de Pyrène. Hérodote fait de l’Ister un fleuve celte qui traverse toute l’Europe.

Le fleuve portait également dans l’antiquité le nom d’Istros ou Histros qui pourrait être la forme grécisée du nom thrace du fleuve, déjà utilisée dès l’Âge de Bronze.
Dans une note (page 108) du chapitre « Le Danube jusqu’à la mer Noire, la source du Danube, son cours et sa vocation » de ses Souvenirs de voyages et d’études publiés en 1836, l’universitaire et écrivain français Marc Girardin dit Saint-Marc Girardin (1801-1873) cite un certain Vielmeyr (?) auteur d’un Donaureise qui « prétend que Donau en celtique veut dire « Deux fleuves », et que c’est de là que vient le nom de Danube ».
Velimir Vukmanović reprend de son côté dans son livre The Danube’s through the ages, l’hypothèse vraisemblable que ce nom proviendrait de la langue celte et du mot Danuv. Permutant les deux voyelles a et u, les Slaves adoptèrent la forme Dunav.
Avant les Celtes…
Le nom de Danube aurait pour origine, en transitant par l’appellation latine Danubius, un monde plus ancien encore, d’une racine indo-européenne (du sanskrit dhánvati ?) de laquelle pourraient également dériver d’autres noms de grands fleuves comme le Don ou le Dniepr. C’est cette racine ou ses dérivés que l’on retrouve un peu partout dans le monde dans de nombreux toponymes.
Serbes, Croates et Bulgares continuent de l’appeler ainsi soit Дунав /Dunav quand les Russes, les Ukrainiens, les Tchèques, les Slovaques et les Slovènes parlent de leur côté du Dunaj (on trouve parfois par erreur le nom au féminin) ou Дунай en alphabet cyrillique, les Hongrois de la Duna, Roumains et Moldaves de la Dunărea ou de la Dunare, les Italiens du Danubio, les Autrichiens et les Allemands de die (la) Donau (die Doana en dialecte autrichien), les Français et les Anglais, du Danube et les Turcs, autrefois familiers du fleuve et de ses rives, de (la ou le) Tuna.
   On trouve dans l’ouvrage de William Beattie, publié initialement en anglais sous le titre « The Danube, its history, scenery, and topography, illustrated from sketches by W.H. Bartlett ; engraved by J. Cousen, J.C. Bentley, R. Brandard », revu et adapté en français par H-L. Sazerac et publié  à Paris en 1849 par H. Mandeville, quelques propos plus ou moins fantaisistes sur l’étymologie du mot Donau  : « Les linguistes ne sont pas moins divisés sur la question de l’étymologie du nom de Danube, que les géographes sur celle de l’endroit où est son berceau. Ils ont été demander l’origine de ce nom à cinq ou six idiomes différents. Don ou Ton, dit l’un, est une racine commune aux Goths, Germains, Latins, et autres peuples : voilà pourquoi je la préfère. Daan (prononcez Dohn), réplique un autre, signifie en suédois, un bruit long et fort, et je m’y tiens. Un troisième s’écrie : Dœnning, en danois, s’applique au bruit et au mouvement des vagues. Le quatrième, qui fait d’un D un T, parce qu’il est né dans l’Helvétie ou sur les bords du Rhin, déclare que : donner, en allemand, exprime le tonnerre. Au, j’en conviens, ajoute un cinquième, dit à présent prairie ; mais anciennement, il doit, comme l’aa des Danois et des Suédois, avoir signifié une rivière ; d’où je conclue, continue notre savant, que Donau, le nom, le seul vrai nom du Danube, peut dire  : le fleuve bruyant, ou, si l’on veut, celui qui tonne à travers les prairies. »

James Robinson Planché (1796-1880), dramaturge, antiquaire et généalogiste britannique, dans son livre relatant son voyage de Ratisbonne à Vienne pendant l’automne 1827, tente de son côté de donner à ses lecteurs quelques explications sur l’étymologie du mot Danube :
« Les étymologistes se sont querellés autant sur le nom du Danube que les géographes sur sa source, dont certains prétendent qu’elle se trouve près du village de saint-Georges, et d’autres dans la cour du palais du prince de Fürstenberg, à Donaueschingen. Cette puissante rivière, la plus grande d’Europe, et la troisième en conséquence dans l’Ancien Monde, était connue des Romains sous le double nom de Danube et de Ister : « Ortus hie in Germanise jugis montes abnobae ex adverso Raurici Gallise oppidi multis ultra alpes millibus, ac per innumeras lapsus gentes Danubii nomine, immenso aquarum auctu et unde primum Illyricum alluit Ister appellatus, sexaginta amnibus receptis, medio ferme numero eorum navigabili, in Pontum vastis sex fluminibus evolvitur. »
Pline, Histoire Naturelle, livre 24.

Les anciens Allemands l’appelaient Done et Tona ; les Slovènes, Donava. Les Hongrois l’appellent Tanara, ou Donara, et les Turcs, Duna. Son appellation allemande la plus récente est Donau. Certains auteurs anciens font dériver ce nom de Deus Abnobius, ou Diana Abonbia, ou Abnopa, à qui un temple était dédié près de la source du fleuve. D’autres le déduisent de Thon, l’argile, et soutiennent qu’il devrait être écrit Thonau. D’autres encore trouveraient son origine dans les mots Ton, son, ou Donner, tonnerre ; et Reichard, en effet, donne ce dernier comme dérivation reçue. Breuninger, cependant, propose Tanne (sapin), et de façon assez spécieuse, la rivière qui prend sa source dans le Schwarzwald, dont c’est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre, tout au long de la quasi-totalité de la région. Le Danube est un fleuve qui prend sa source dans le Schwarzwald (Forêt-Noire), dont le sapin est le caractère distinctif, et dont les rives sont couvertes de forêts du même arbre sur presque tout son cours ; tandis que Nikolaï voudrait que nous le cherchions dans les mots celtiques Do, Na, qui signifient deux rivières, et qui peuvent s’appliquer soit à son double nom, « Binominem Istrum », soit aux deux sources qui se disputent la gloire de sa naissance. »
James Robinson Planché, « Ratisbon », in Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828, p. 3

Un peu plus tard, l’Anglais John Mac Grégor (1825-1892), un aventurier et sportif explore, dans les années 1860 les lacs et des cours d’eau européens  avec son canoë « Rob Roy ». Il traverse en provenance du Rhin la Forêt-Noire vers Donaueschingen et les sources du Danube, fleuve qu’il va alors descendre jusqu’à Ulm suscitant un étonnement enthousiaste de la part des riverains. John Mac Gregor cherche lui aussi à son tour à s’informer sur l’étymologie des noms Danube, Brigach et Breg : « Hilbert [?] dit que le nom « Danube » vient de Don et Düna (un fleuve). En celte, « Dune » signifie rivière et « don » « brun », tandis que « au » signifie en allemand « île »(comme en anglais « eyot »). Il semble que ces cours d’eau aient conservé des traces de leurs noms romains. Telle la Brigach, le ruisseau qui vient du nord, où se trouve Alt-Breisach, le « Mons Brisiacus » romain, un lieu toujours cité dans les annales des guerres, alors que Breg pourrait peut-être venir de « Brigantii », les gens du « Brigantus Lacus », l’actuel lac de Constance, où Bregenz est l’ancien « Brigantius ». Le Neckar s’appelait autrefois « Nicer », et la Forêt Noire,  « Hercynia Silva »…
John Mac Grégor conclue avec humour : « Maintenant que le lecteur a été suffisamment embrouillé en ce qui concerne la source du Danube ainsi que son nom, laissons le latin de côté et sautons gaiement dans notre canoë… »
John Mac Gregor (1825-1892), A thousand miles in the « Rob Roy » canoe on rivers and lakes of Europa, S. Low and Marston, London 1866

Qu’en dit de son côté l’écrivain Jules Verne, dans son roman humoristique et d’aventures Kéraban-le-têtu (1883), lui que le Danube intriguait et fascinait tant ?
« Il va sans dire que l’origine du nom du Danube, qui a donné lieu à nombre de contestations scientifiques, amena une discussion purement géographique entre le seigneur Kéraban et Van Mitten. Que les Grecs, au temps d’Hésiode, l’aient connu sous le nom d’Istor ou Histor ; que le nom de Danuvius ait été importé par les armées romaines, et que César, le premier, l’ait fait connaître sous ce nom ; que dans la langue des Thraces, il signifie « nuageux » ; qu’il vienne du celtique, du sanscrit, du zend ou du grec ; que le professeur Bupp ait raison, ou que le professeur Windishmann n’ait pas tort, lorsqu’ils disputent sur cette origine, ce fut le seigneur Kéraban qui, comme toujours, réduisit finalement son adversaire au silence, en faisant venir le mot Danube, du mot zend « asdanu », qui signifie : la rivière rapide. »
Jules Verne, Kéraban-le têtu, Éditions Pierre-Jules, Hetzel, Paris 1883

Jean Bart, dans son étude « La question du Danube et sa solution », publiée à Galaţi en 1920, mentionne le nom de « Fison » :
 »   Sur ce cours d’eau, nommé successivement Fison, Istros, Danubius, Dunarea et sur ses affluents, ont navigué avec leurs bâtiments de différentes formes les Phéniciens, Ioniens, Romains, Vénitiens et Génois… »

L’écrivain italien Claudio Magris, plus proche de nous, se penche aussi dans son livre Danube sur les nombreux noms du fleuve à travers les âges :
« Le fleuve a plusieurs noms. Chez divers peuples, Danube et Ister désignaient respectivement le cours supérieur et le cours inférieur, mais quelquefois aussi l’ensemble : Pline, Strabon et Ptolémée se demandaient où se terminait l’un et où commençait l’autre, peut-être en Illyrie ou bien aux Portes-de-Fer. Ce fleuve « bisnominis », comme le qualifiait Ovide, entraine la civilisation germanique, avec son rêve d’une odyssée de l’esprit qui rentre chez lui, vers l’orient, et la mène à d’autres civilisations, par un grand nombre de métissages au gré desquels son histoire connaît son apogée puis sa décadence. »
Enfin, dans le paragraphe consacré à l’étymologie du nom Danube dans l’article en anglais consacré au Danube de Wikipedia  « le Danube est un nom de fleuve de l’ancienne Europe dérivé du celtique « danu » ou « don » (deux dieux celtiques), lui-même dérivé du proto-indo-européen *deh₂nu. Parmi les autres noms de rivières européennes issus de la même racine, citons Dunaj, Dzvina/Daugava, Don, Donets, Dniepr, Dniestr, Dysna et Tana/Deatnu. En sanskrit rigvédique, dānu (दनु) signifie « fluide, goutte de rosée » et dānuja (दनु-ज) signifie « né de dānu » ou « né de gouttes de rosée ». En avestan, le même mot signifie « rivière ». Le mot finnois pour Danube est Tonava, qui est probablement dérivé du nom du fleuve en allemand, Donau. Son nom sami, Deatnu, signifie « Grande rivière ». Il est possible que dānu, en scythe comme en avestan, soit un mot générique pour « rivière » : Dniepr et Dniestr, de Danapris et Danastius, sont supposés continuer le scythe *dānu apara « fleuve lointain » et *dānu nazdya- « fleuve proche », respectivement.
En latin, le Danube était connu sous les noms de Danubius, Danuvius, Ister ou Hister. Le nom latin est masculin, comme tous les noms slaves, à l’exception du slovène (le nom du Rhin est également masculin en latin, dans la plupart des langues slaves, ainsi qu’en allemand). Le nom allemand Donau (allemand anciennement moderne Donaw, Tonaw, moyen haut allemand Tuonowe) est féminin, car il a été réinterprété comme contenant le suffixe -ouwe  » zone humide « .
Le roumain diffère des autres langues environnantes en désignant la rivière par un terme féminin, Dunărea. Cette forme n’a pas été héritée du latin, bien que le roumain soit une langue romane. Pour expliquer la perte du nom latin, les chercheurs qui supposent que le roumain s’est développé près de la grande rivière proposent que le nom roumain descende d’un hypothétique *Donaris thrace. La racine proto-indo-européenne de ce nom présumé est liée au mot iranien « don-« / »dan-« , tandis que le suffixe supposé -aris se retrouve dans l’ancien nom de la rivière Ialomița, Naparis, et dans la rivière Miliare non identifiée mentionnée par Jordanes dans sa Getica[10]. [Gábor Vékony estime que cette hypothèse n’est pas plausible, car les Grecs ont emprunté la forme Istros aux Thraces. Il propose que le nom roumain soit un emprunt à une langue turque (Cumane ou Petchenénègue).

Pour résumer…

Daibi, Nikola Vlah, archevêque d’Esztergóm
Danane, cité par l’Encyclopedia Britannica
Danav (Scythes)
Danaus, cité par l’Encyclopedia Britannica
Danby (Mandeville’s Travels, XIVe siècle)
Danister, Danuvius (De bello Gallico, Jules César)
Danoubius fluvius (Ptolémée)
Danouvios (Hérodote)
Danovius (Krieger, 791)2
Dānowyos, langue proto-celtique, fin du IIe millénaire avant J. C.
Danu (ou Dana). Dans la mythologie celtique la déesse Danu, également connue sous le nom de Dana, est l’ancienne mère de tous les dieux et du peuple celte. On pensait qu’elle était à la fois la déesse et le dieu originel, une divinité globale qui a donné naissance à tout et à tous. Elle est souvent associée aux eaux, à la terre, aux vents, à la fertilité et à la sagesse.
Il existe également dans la mythologie brâhmanique une divinité nommée « Danu » qui a engendré une race de géants, les « Danavas » et dans la mythologie hindoue, Danú est aussi une déesse dont le nom signifie « les eaux du ciel » ou jet d’eau ».
Danu désigne également une sous-ethnie birmane, probablement en lien avec la ville de Danubyu sur le fleuve Irrawaddy.
Danuaan, Égypte, vers 1194 av. J.-C., règne du Pharaon Ramses III,  (I. and And Skoljes, The Danubes’ names through ages, p 97)
Dānūb (دانوب, arabe, perse et Ourdou, langue de culture des Musulmans de l’Inde et langue aujourd’hui officielle du Pakistan
Danuba (דנובה, hébreu)
Danube (français, anglais)
Danubio ou Danubo (italien)
Danubis, Danubius (Sénèque)
Danubius (Tabula Peuntingeriana), Danubis, Danuvius, Danovius (Constantin le Grand, César)
Danubius flumen
Dânus (rivière en iranien)
Danuv, Danuvius (celte)
Danuvi (Petar Petrović)
Davovius, Danuviu, Danister (latin, cité par Strabon, Jules César, Tacite…)
Doana, dialecte de Basse-Autriche (Wachau)
Donava, pour les Hongrois selon Marsigli
Donau, Danaus (allemand)
Dônavis, Dunavi (Goths)
Donnaï (Tatares)
Donou fluvius (Krieger, 954)
Dounavis (langue grecque moderne)
Duna (hongrois)
Dunaj (tchèque, slovaque, slovène)
Дунай, (russe, ukrainien tchèque, slovène)
Duner  (דונער) ou Tin’e, ? (טינע, yiddish)
Dunābī, transcription selon J. C. Ducène du slave Dunav (J.C. Ducène, L’Europe et les géographes arabes du Moyen Age (IXe-XVe siècle), « La grande terre » et ses peuples, Conceptualisation d’un espace ethnique et politique, Paris, CNRS, 2018, p. 64)
Dunaies, le « porteur de nuages »
Dunărea, Dunare (roumain) : « Danube (pour les Romains : Danubius, Danuvius, pour les Grecs : Danuvis (Δάνουβις), Dunavis (Δούναβις)1, en v. sl. Dunavŭ, en gothique *Donawi, *Dunawi) a une longueur totale de 2860 km, dont sur le territoire de la Roumanie 1075 km. Les formes mentionnées, quelle que soit la langue, renvoient à un radical dan-/don- signifiant « eau », « rivière », également présent dans le nom du Don, l’ancien nom du Nipro (Danapris) et du Nistru (Danastris) ainsi que dans le nom de la rivière de l’Océan Indien et de nombreux autres noms de la région du Caucase du Nord : Ghizeldon, Urs-Don, Hobi-Don, Ar-Don (Eremia, 1986 : 249 ; Frățilă, 2011 : 39-40). Dans les langues modernes, qui ont un contact avec la rivière, les formes ont été héritées : Dunav en bulgare, Dunaj en serbo-croate, Duna en hongrois, Donau en allemand. Le nom roumain, Danube, est différent de ceux-ci, parce qu’il est basé sur un hydronyme thrace *Donaris, du même thème, dan-, don- (Ivănescu, 1958 : 132), et le suffixe d’origine thrace -aris, existant, comme démontré par E. Petrovici, aussi dans les noms de deux autres fleuves en Dacie : Naparis et Miliare (Frățilă, 2011 : 40).
Oliviu & Nicolas Felecan « Straturi etimologice reflectate în hidronimia românească », Quaderns de Filologia: Estudis Lingüístics, XX: 251-269. 2015, pp. 254-255,  doi: 10.7203/qfilologia.20.7521
Notes : 
1 Le nom thrace du Danube, dans la partie inférieure Istros (Hister), d’un rad. *istr- « coulant rapidement », le même que dans le nom du Dniester (dans la République de Moldavie ; gr. Tiras (cf. Iran. turos « rapide », « rapide », de i-e *isro-, *sreu- « couler »). Le Dniestr était appelé en lat. Danaster, v. sl. Dŭněstru, Dněstru, Russian. Dnestr, et a une longueur de 1352 km. Étymologie : rad. Scytho-Sarmatique dan- (v. Iran. dana « rivière ») et le composant thrace *is(t)r- « fort courant d’eau ». Les Italiens, qui le connaissaient lorsqu’il se jetait dans la mer Noire, l’appelaient Tyrlo, et les Arabes et les peuples turcs, Tyrla, nom également transmis à la population de Bessarabie, comme le prouve l’expression « descendre la Turla » (Eremia, 1986 : 63).

Дунав, Dunav, Dunaw (serbo-croate, bulgare)
Dunaue, Le livre de la description des pays de Gilles le Bouvier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, roi de France, publié pour la première fois avec une introduction et des notes et suivi de l’Itinéraire brugeois, de la Table de Velletri et de plusieurs autres documents géographiques inédits ou mal connus du XVe siècle, recueillis et commentés par le Dr E.-T. Hamy, Éditions Ernest Leroux, Paris, 1908
« Puis y est le païs de Honguerie, qui est très grant royaulme tout plain se non du costé de Poulaine [Pologne] qui sont montaignes et vont les gens par les chemins par ce plain païs en charios. En ce royaulme a XVI cités dont la maistresse cité se nomme Bude où se tient le roy, et passe joignant de ceste cité la rivière de la Dunaue qui part des haultes montaignes d’Alc-
maigne de près d’une cité qu’on appelle Paso [Passau]. En ce royaulme a bon païs de toutes choses et bon marché.
Ces gens portent tous grandes barbes et sont ordes gens et vont souvent en pèlerinage à Rome en grant multitude plus que gens de nul païs du monde et en alent vendent moult de chevaulx par le païs des Venisiens, de Boulongne et de Tuscane. Leur païs fait souvent grant guerre aux Sarazins et ont petis arcs de corne et de nerfz et cranequins [arbalètes] de quoy ilz tirent et
ont bons chevaulx, et sont petitement armés et legièrement, et ne descendent point volontiers à pié pour combatre. Cellui qui est de present roy [J’ai déjà dit que ce personnage est Ladislas V le Posthume, fils posthume d’Albert V, né en 1439, mort en 1487, au moment où il allait épouser une fille de Charles VII, Marie de France] est roy de Honguerie, de Boemme [Bohême], de Crossie [Croatie] ,de Dalmacie, et duc d’Autriche, et marquis de Morave, et se tient en la cité de Vienne sur la Dunaue, qui est la plus grant cité des Alemaignes… »
Dunoe (Bertrandon de la Broquière, in « Voyage d’outre-mer et retour de Jérusalem en France par la voie de terre, pendant le cours des années 1432 et 1433« )
Fison (Jean Bart, « La question du Danube et sa solution », Galaţi, Stab. Grafic « Moldova », 1920)
Histerus (Ciceron, 106-43 av. J.-C.)
Histróm ou Histrium, cité par Ammianus Marcellinus, vers 330-vers 395, soldat et historien romain de l’Antiquité tardive dans ses Res Gestae, volume XX, p. 29)
Illyricis danuvil (latin, cité par Ausonius ou Ausone, poète romain du IVe siècle après J.-C.)
Istar, Istros (Thraces ?)
Ister, Hister (égyptien ?, grec, latin)
Istros (Ίστρος), Histros, Histri (grec, latin)
Mataos, cité par Dionysius Periegetes ou Denis le Périégète et Stéphane de Byzance à propos des Scythes
Okeanos, Okeanos Potamos (Argonautiques, Appolonios de Rhode, Hésiode, Théogonie)
Pishon (Phéniciens ?, New English Bible, Oxford, 1870, John Keats)
Soula (Proto-Bulgares ?)
Thonauwe (Krieger, 1410)
Thonaw ou Thonawstram, Chronique de Nuremberg d’Hartmann Schedel (1440-1593), feuillet CCLXXXVI, Nuremberg 1493
Thonow (Krieger, 1497)
Thonów (Krieger, 1456)
Thunaw (Krieger, 1472)
Thúnow (Krieger, 1496)
Thůnowe (Krieger, 1438)
Tuonowe (Moyen haut-allemand)
Tona, pour les Allemands selon Marsigli (1658-1730)
Tonava (finnois)
Tonaw (Sebastian Franck, Weltbuch: spiegel und bildtnis des gantzen Erdtbodens, 1542)
Tonays fluvius
Tonow (Krieger, 1472)
Tonów (Krieger, 1447)
Tonowe (Krieger, 1467)
To(u)now (Krieger, 1433)
Triton, nom possible donné en référence au Nil par les Égyptiens qui après les Phéniciens auraient navigué dans le delta du Danube et peut-être au-delà.
Tuenaw
Tuna, langue turco-ottomane, cité au XVIIe siècle par le géographe Katib Çelebi dans les manuscrits de sa Cosmographie (Kitāb-i-Ğihānnümā)
Tunaw (Krieger, 1460)
Tůnów (Krieger, 1489)
Tůno(u)w (Krieger, 1388)

De nombreux toponympes de petites villes, villages, lieux-dits, quartiers de villes du bassin danubien, la plupart du temps pour des raisons de proximité géographique avec le fleuve voire bien au-delà jusqu’au Nigéria, en Nouvelle-Guinée et sur le continent asiatique, ont également intégré la racine indo-européenne Duna/Danu. En voici quelques exemples : Donaualtheim,  Donaueschingen, Donaurieden, Donaustauf, Donaustetten, Donauwetzdorf,  Donauwörth (Allemagne) Donaudorf, (Tůnawdorf, Tuenawdorf, Thunawdorf, Donadorf, commune d’Ybbs/Donau, Basse-Autriche, rive droite), Donaudorf (Daunadorf, Thonawdorff, Thaunedorf, commune de Gedersdorf, autrefois rattaché au village de Theiss, Basse-Autriche, rive gauche), Herrschaft Donaudorf (ancienne seigneurie de Donaudorf, Archiduché d’Autriche en dessous de l’Enns, aujourd’hui la Basse-Autriche, rive droite), Dunabogdány, Dunacséb, Dunafüred, Dunaharaszti Rév, Dunairév, Dunakesz, Dunakisvarsány, Dunakomlod, Dunaorbágy (Ieselniţa, Roumanie), Dunapartdulo, Dunapataj, Duna-Pentele, Dunaradvány, Dunaszekcső, Dunaszentilona (Sfînta Elena, Roumanie), Dunaszentmiklós Dunaújfalu, Dunaújváros, Dunavecse (Hongrie), Dunabökény (Mladenovo), Dunadombó (Dubovac) Dunagálos (Gložan), Dunagárdony (Gardonovci), Dunavac (Serbie), Dunacsún (Čunovo), Dunahidas (Moc na Ostrově), Dunajánosháza (Janovce), Dunájó (Dunajov),  Dunajská Lužna, Dunajská Moč, Dunajská Nová Ves, Dunajská Středa, Dunajské Radvaň, Dunajský Klatov, Dunakiliti, Dunakišfalud (Ořechová Potoň), Dunajov, Dunamelleki Majer, Dunamoč (Dunamocs, Moča), Dunasáp (Nová Dědinka), Dunaszerdahely, Duna-Szerdahely, Dunatorony (Tuřeň), Dunatőkéš (Jahodná), Dunatölgyes (Dubova, Roumanie), Dunaújfalu (Nová Dědinka), Duna-Újfalu, Duna-Vajka, Dunawitz (Slovaquie), Dunajki (Pologne), Dunavaţu de jos, Dunacesti (Roumanie), Dunavstvi (Bulgarie), Dunayev, Dunayevka, Dunaryanka (Ukraine), Dunave Krajnje (Croatie), Dunacev Kom (Bosnie et Herzégovine), Dunay (Biélorussie), Dunayevshchina, Dunayskiy (Russie), Dunas de Mira (Portugal), Dunans (Écosse), Dunali (Turquie), Dunaybah (Syrie), Dunayqilah (Soudan), Dunawa (Nigeria), Dunami (Nouvelle-Guinée), Dunach (Australie), Dunajski Lake (Canada), Duna-ye Bala (Dūnā-ye Bālā, Iran), Dunamplaya (Bolivie), Duna Jiwanwala, Dunna Mame Wala (Pakistan), Dunadahgak (Afghanistan), Danubyu, ville de Birmanie sur le fleuve Irrawaddy (2170 km), Dunancun, Dunao (Chine)…

Danubyu, bataille anglo-birmane de 1853 sur le fleuve Irrawady et ses rives

Il existe aussi un village ukrainien de la région de Lvív qui porte le nom de Дунаїв (Dunajów). Un village polonais de la Voïvodie de Mazovie, à environ une centaine de kilomètres  au nord-ouest de Varsovie, s’appelle, quant à lui, tout simplement Dunaj.
Le Dunajec est un cours d’eau polonais et un affluent de la Vistule d’une longueur de 247 km qui prend sa source dans les Tatra polonaises. Il dessine la frontière entre la Pologne et la Slovaquie sur une petite partie de son cours (27 km).

Quelques dérivés composés :

Donaudampfschifffahrtgesellschaft : Compagnie de transport par bateaux à vapeur sur le Danube, fondée à Vienne en 1829
Donauschule ou Donaustyl (École du Danube) : néologisme inventé à la fin du XIXe siècle pour définir une école de peinture de la Renaissance allemande de l’espace haut-danubien  dont les plus célèbres représentants sont Albrecht Altdorfer, Wolf Huber et Lucas Cranach l’ancien dans sa première période.
Donauraum : espace danubien
Donaumonarchie : monarchie danubienne, autrement dit la monarchie austro-hongroise (1867-1918
Danubius : revue culturelle viennoise sur la thématique danubienne publiée en 1885
Sodalitas Litteraria Danubiana : Société savante littéraire du Danube fondée au début du XVIe siècle en Hongrie puis active à Vienne par le poète et humaniste allemand Conrad Celtes (1459-1508).
La racine Duna se retrouve également dans plusieurs noms de rivières en Pologne et Ukraine comme le Dunajec (Dunajetz), une rivière de 247 km qui prend sa source dans les Tatras polonaises à la frontière avec la Slovaquie et qui conflue avec la Vistule (Wisła) en aval de Cracovie sur la rive droite, ou le Czarny Dunajec (48 km) qui appartient également au bassin de la Vistule.
Pour la petite histoire le mot le plus long jamais composé en allemand (80 lettres) :
« Donaudampfschifffahrtselektrizitätenhauptbetriebswerkbauunterbeamtengesellschaft »

Vue de l’île Ada-Kaleh et du « Tuna » (en langue turco-ottomane), publiée par Adolph Kunike. peintre d’histoire et propriétaire d’un institut de lithographie à Vienne. Accompagné d’une description topographique, historique, ethnographique et pittoresque par le Dr Georg Carl Borromäus Rumy, professeur émérite de littérature classique, de philosophie et de sciences historiques. Vienne, aux frais de l’éditeur, imprimé chez Leopold Grund, 1826

Notes :
1 La « Tabula Peutingeriana » ou « Peutingeriana Tabula Itineraria », connue aussi sous le nom de « Carte des étapes de Castorius » ou de « Table Théodosienne », est une copie réalisée vers 1265 par des moines de Colmar, d’une carte romaine réalisée vers 350, elle-même probablement la copie remise à jour d’une grande carte du monde peinte sur le portique d’Agrippa à Rome vers 12 de notre ère, où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain. Sur les douze parchemins qui composaient la « Tabula Peutingeriana », onze ont pu. être conservés.  Pas moins de 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d’une vignette.
2 Krieger, Albert: Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S

Sources :
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EREMIA, Anatol, « Hidronimia Basarabiei. Originea și semnificația numelor de râuri », Limba română XXIV(1), 2014

http://limbaromana.md/index.php?go=articole&n=2370
FELECAN, Oliviu & FELECAN, Nicolae. « Straturi etimologice reflectate în hidronimia românească », Quaderns de Filologia: Estudis Lingüístics, XX: 251-269, 2015
doi: 10.7203/qfilologia.20.7521
IVĂNESCU, G. « Origine pré-indo-européenne des noms du Danube », in Contributions linguistiques, București, pp. 125-137, 1958

KRIEGER, Albert, Topographisches Wörterbuch des Grossherzogtums Baden — Band 1, A – K, Nachdruck 2006 d. Ausg. Heidelberg 1904. Hrsg. von der Badischen Historischen Kommission. 2. durchgesehene und stark vermehrte Auflage. XXII, 645 S., p. 417
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MAGRIS, Claudio, Danube, Éditions Gallimard, Paris, 1986
MARSIGLI, Luigi Ferdinando (1658-1730), Description du Danube, depuis la montagne de Kalenberg en Autriche, jusqu’au confluent de la rivière Jantra dans la Bulgarie, Contenant des Observations géographiques, astronomiques, hydrographiques, historiques et physiques ; par  Mr. Le Comte Louis Ferd. de Marsigli, Membre de la Société Royale de Londres, & des Académies de Paris & de Montpellier ; Traduite du latin., [6 tomes], A La Haye, Chez Jean Swart, 1744
PLANCHÉ, James Robinson, Descent of the Danube from Ratisbon to Vienna during the automn of 1827 with Anecdotes and Recollections, London, 1828
POGHIRC, C., L’Hydronimie roumaine, Linguistique balkanique, XVII(3) : 35-63, 1974
SAINT MARC GIRARDIN, Souvenirs de voyages et d’études Paris, Amyot, rue de la paix, 1836
SKOKLJIEV, Antonije and Ivan, The mythological tourist guide along the the Danube, Don Vas, Belgrade, 2012

STANČÍK, Andrej, JOVANOVIČ, Slavoljub, Hydrology of the river Danube, Publishing House Príroda, Bratislava, 1988
TSAVARI, Isabella, La Description de la terre habitée de Denys d’Alexandrie ou la leçon de géographie, Albin Michel, Paris, 1990, traduction de Christian Jacob
VERNE, Jules, Kéraban-le-têtu, ‎Les Voyages Extraordinaires, Bibliothèque d’Éducation et de Récréation J. Hetzel et Cie, Imprimé par Gauthier-Villars, Paris, 1891
VUKMANOVIĆ, Velimir, The Danube’s through ages, Second edition, Prometej, Novi Sad, 2009
WILDNER, Dénes, Ortlexikon der ehemaligen Gebiete des historischen Ungarns, Band  I, Das Namenmaterial der Komitate im 20. Jahrhundert, Verlag Ungarisches Institut, Munich, 1996
WILDNER, Dénes, Ortlexikon der ehemaligen Gebiete des historischen Ungarns, Band  II. Register, Zusammengestellt von Összeállította Ralf Thomas Göllner, Verlag Ungarisches Institut, Munich, 1998
Varia :
Encyclopedia Britannica, « Danube » London, 1997
Galatzi, petit guide touristique, Éditions Méridiane, Bucarest, 1964

https://en.wikipedia.org › wiki › Danube
ro.wikipedia.org/wiki/hidronimia_romaniei
ro.wikipedia.org/wiki/lista_raurilor_din_romania

Eric Baude pour Danube-culture © droits réservés, mis à jour mars 2024

Aperçu hydrométéorologique du bassin du Danube

Le climat
   Du point de vue climatique, le bassin du Danube peut être également divisé en trois entités :

1) Le bassin du Haut-Danube se caractérise par un climat relativement rude. L’hiver dure généralement trois mois (décembre-février). La température moyenne en janvier est, sur la plaine, de -0,8° à -3°, et dans les montagnes de -6° à -13°. Le froid atteint parfois -20°, et dans les vallées encaissées la température de nuit tombe encore certaines années jusqu’à -30°. L’été est chaud. En juillet, la température moyenne est de 17° à 20° et la température maximum peut atteindre 36° à 40°. Dans les montagnes, la température baisse de 0,5° à 0,6° par 100 mètres d’altitude.

2) Le bassin du Moyen-Danube a un climat continental sec. La durée de l’hiver est d’un mois et demi à deux mois. En janvier, dans la plaine, la température moyenne est de -0,3° à -2° et la température la plus basse peut atteindre les -20°. En montagne, la température moyenne est de -5° à -9° et la température minimum peut aller jusqu’à -34°. L’été dure quatre mois et demi à cinq mois. En juillet, la température moyenne est de 20°-23°. La température maximum peut atteindre 39° ce qui, accompagné d’une faible humidité et de précipitations insuffisantes, crée des conditions de sécheresse.

3) Le bassin du Bas-Danube est caractérisé par un climat continental encore plus sec, avec un été très chaud et un hiver froid. La température moyenne en janvier est de -2° à -6° et la température minimum peut atteindre parfois les -30°. En été, la température de l’air accuse de très fortes variations journalières qui peuvent aller parfois jusqu’à un écart de 15° à 20°. En juillet, la température mensuelle moyenne est de 20° à 30° et les températures maximum relevées de 40°à 42°.

Les vents

Dans le bassin du Danube, la direction des vallées et des crêtes des montagnes influent fortement sur le caractère des vents. Sur le cours supérieur du Danube, pendant la saison froide, les vents d’ouest et de nord-ouest dominent ; sur le cours moyen, par contre, prédominent les vents d’est et de sud-est tandis que sur le cours inférieur les vents prédominants sont ceux du nord et de l’est. Pendant la saison chaude, la direction des vents dominants est plus constante ; elle est en général d’ouest. En outre, on observe dans le bassin du Danube des vents locaux d’une durée d’un jour, tels les vents de montagne et de vallon, les brises, les fœhns, les « Nemere » et « Kosava », qui atteignent par endroits une grande force. En général, les vents de faible vitesse (1-4 m/s) et le temps calme prédominent dans le bassin du Danube ; 1 à 5 % seulement des vents ont une vitesse dépassant 10-15 m/s. Les vents les plus forts soufflent en hiver.

Brouillards et visibilité

La répartition des brouillards est irrégulière dans le bassin du Danube. Le plus grand nombre de jours avec brouillard est relevé dans les régions montagneuses. Dans la vallée du Danube, les brouillards se forment le plus souvent dans les vallons et dans les régions marécageuses. Sur le Bas-Danube, les brouillards apparaissent le plus souvent pendant la saison froide. Le nombre moyen annuel de jours avec brouillard y est de 50 à 60, tandis que sur le Moyen-Danube ce nombre est deux fois moins important. Les brouillards, qui se forment en général le matin au printemps et en automne, se dissipent, dans la première moitié de la journée.

Dans le bassin du Danube, la visibilité est désavantageusement influencée par les brouillards, les averses, les bourrasques de poussière et les tempêtes de neige. Dans la plaine, la visibilité est en moyenne de 10 km, distance qui diminue dans une certaine mesure pendant la saison froide.

Les précipitations

Les précipitations se répartissent aussi d’une manière irrégulière. La quantité de précipitation s’accroît au fur et à mesure que l’altitude augmente. Leur quantité moyenne annuelle est de 500 à 600 mm en plaine, de 1000 à 2000 mm dans les Carpates, de 1800 à 2500 mm et plus dans les Alpes. Le nombre de jours avec précipitations varie de 70 dans les vallées à 220 jours en montagne.

La quantité minimum de précipitation diminue dans la région en amont du delta, où aucune précipitation n’est tombée certaines années durant tout l’été. Pendant la saison chaude, des averses parfois d’une très grande intensité sont souvent observées. Le taux minimum de précipitation est relevé en automne et en hiver, sauf dans les Alpes dinariques où il est enregistré en été. La quantité maximum de précipitations tombe en été alors que c’est le contraire dans les Alpes dinariques.

Sources :
Commission du Danube
Stančík, Andrej, Jovanovič, Slavoljub, Hydrologie du Danube, Publishing House Priroda Bratislava, 1988

Danube-culture, mis à jour mars 2024

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