Venant d’Orient selon son biographe Eugippe, il s’installe à Favianis (Mautern, rive gauche, Basse-Autriche) vers 453 à un moment difficile où les structures administratives du Bas-Empire commencent à se désintégrer dans ces régions frontalières, laissant leurs habitants affronter le chaos des grandes invasions « barbares » (Alamans, Ruges, Hérules…) de la deuxième moitié du Ve siècle, « barbares » avec lesquels saint-Séverin arrive pourtant à négocier, qu’il soigne également et parfois conseille. Il y fondera un monastère.
Saint-Séverin du Norique (410 ?-482)
Ce tableau appartient à la cathédrale saint-Étienne de Passau. Les deux premières lignes de la légende sont en latin : « Un don apostolique est un esprit qui voit l’avenir. Que d’exploits le père Severinus a-t-il accomplis ! Les deux lignes suivantes sont en allemand gothique : « Par sa sagesse, son érudition et ses miracles, il s’est montré apostolique. C’est pourquoi il convient d’honorer hautement le saint père Severinus ». La forteresse en feu représentée sur le tableau pourrait être celle de Hainburg/Danube ou de Salzbourg.
La chapelle de sainte-Marguerite se trouve au sud de la vieille ville de Mautern, directement contre le mur d’enceinte. Les parties les plus anciennes du bâtiment datent probablement des IXe et Xe siècles, Une partie des remparts de l’époque romaine ayant servi à sa construction. Un nouvel édifice de style roman tardif a été érigé au début du XIVe siècle. Sur les murs nord et ouest de la nef se trouvent des fresques du martyre de saint-Laurent datant du premier quart du XIVe siècle. L’ensemble des décors du choeur, datant des environs de 1300, représente les sept dons du saint-Esprit, la vie de sainte-Marguerite, l’Annonciation, la Nativité, l’Adoration des Mages et au sommet de la voute l’Agneau du Christ et la Trinité. L’inscription « EX QVIBUS VNVM ERAT FAVIANIS » date de la première moitié du XIIe siècle. Photo droits réservés
Saint-Séverin apôtre du Norique (410?-482), tableau appartenant à la cathédrale saint-Étienne de Passau. Les deux premières lignes de la légende sont en latin : « Un don apostolique est un esprit qui voit l’avenir. Que d’exploits le père Severinus a-t-il accomplis ! Les deux lignes suivantes sont en allemand gothique : « Par sa sagesse, son érudition et ses miracles, il s’est montré apostolique. C’est pourquoi il convient d’honorer hautement le saint père Severinus ». La forteresse en feu pourrait être celle de Salzbourg ou de Hainburg/Danube.
Détruite par des tributs germaniques qui passent le fleuve sans difficulté durant les guerres marcomanes, la ville est reprise par les armées de l’empereur Marc-Aurèle dont les légions sont originaires de toutes les parties de l’empire. saint-Séverin (410 ?-482)1, évangélisateur de la province romaine du Norique qui aime à séjourner sur les bords du Danube entre Carnuntum et Passau, en fait sa résidence vers 453.
Se dévouant au réconfort des populations traumatisées par les invasions, il y fonde un monastère. « Aucun autre saint n’a entretenu, avec les barbares, de contacts aussi intenses, aussi soutenus et aussi riches en conséquences pour l’avenir que saint Séverin de Norique. Les récits de son hagiographe Eugippe – notre unique source narrative sur saint Séverin – permettent de l’affirmer, malgré le fait que les vues qu’Eugippe lui-même entretint des barbares n’étaient en rien flatteuses. »2 Ses reliques seront transférées après l’évacuation de cette province par Rome, dans une église du village de Frattamaggiore près de Naples. Les ruines du camp romain sont réinvesties par la population à la fin du VIIe siècle et les remparts reconstruits.
Mautern (douane, péage) est mentionné pour la première fois dans les « Annales de Fulda »3 en 899 sous le nom de « Civitas Mutarensis », dans la Chanson des Nibelungen4 et dans le Code des douanes de Rafelstetten (903-906) comme poste frontière, de douane et de justice. S’y tiennent également des foires. L’abbaye de Göttweig toute proche, est fondée en 1083. Après avoir été la propriété de l’abbaye de Kremsmünster, Mautern appartient à partir du Xe siècle aux puissants évêques de Passau. Leurs possessions considérables s’étendent loin vers l’est.
Ils la fortifieront une nouvelle fois au XIIIe siècle et la déteindront jusqu’en 1734, date à laquelle elle est vendue au comte Schönborn. Entretemps, le juge de Mautern a obtenu en 1277 la « Juridiction du sang » qui lui permet de prononcer des châtiments corporels ou de mort sur les coupables. Celle-ci sera transférée par la suite à Krems/Stein sur la rive gauche. Au XVIe siècle, la plupart des habitants de Mautern adopte la doctrine luthérienne mais la Contre-Réforme obligent ceux qui sont restés fidèles à cette doctrine de quitter la ville.
Matthäus Merian l’Ancien (1593-1650), Mautern, 1649, collection de la Biblithèque Nationale d’Autriche, Vienne
Les armées suédoises occupent Krems/Stein (1645-1646) mais la destruction du pont et une défense acharnée les empêchent de prendre Mautern. Par sa situation au bord du fleuve et son pont, la cité voit défiler les armées russes poursuivies par les troupes napoléoniennes sur la route de Vienne en 1805.
L’église paroissiale saint-Stéphane
Il s’agit à l’origine probablement d’un bâtiment roman datant du XIe siècle. Les parties gothiques de l’église à trois nefs construite vers 1400 ne sont plus que partiellement reconnaissables sous les éléments baroques dominants dus à l’architecte lombard Carlo Antonio Carlone (vers 1635-1708).
Les 14 tableaux du Chemin de croix de saint-Martin sont l’oeuvre du peintre Johann Schmidt (1718-1801), dit Kremser Schmidt (vers 1770). Le tableau de l’autel a été réalisé par Andreas Rudroff, un de ses élèves. Près de l’entrée se trouve la pierre tombale de Johann Schmidt, sculpteur et père du peintre.
Le château et la chapelle saint-André
L’édifice à quatre ailes qui se tient tout proche du fleuve, édifié et agrandi entre le XVe et le XVIIIe siècle, sert de siège seigneurial aux évêques de Passau à partir de 972. C’est ici que vivaient les administrateurs des biens fonciers et détenteurs du pouvoir temporel nommés par l’évêque. En 1734, la famille Schönborn acquiert le château et le revend en 1913 à la ville de Mautern après qu’un incendie ait dévasté le monument historique en 1907. Le château ne se visite pas.
Le portail Renaissance du Janaburg
Le portail Renaissance du Janaburg. Le « Janaburg » (ou « Janahof ») désigne un ensemble de bâtiments que fit construire à l’extérieur des remparts en 1576 Sebaldus Janer, un protestant qui s’était distingué lors des guerres contre les Ottomans ce qui lui valut en récompense le titre de « chevalier de Janaburg ». L’entrée se fait par un imposant portail de la fin de la Renaissance en forme d’arc de triomphe. Les bâtiments abritent désormais des appartements privés.
Le pont de Mautern
Après avoir été autorisée à construire un pont en bois (à péage) dès 1463, Mautern est occupée par les armées du Royaume de Hongrie en 1481.
L’ancien pont en bois à péage de Mautern, construit dans les années 1463, deuxième pont sur le Danube autrichien après celui de Vienne, plusieurs fois détruit au cours de l’histoire.
Ce pont sera brulé en 1805 par les troupes russes, reconstruit, de nouveau démoli en 1809, remis sur pied et encore une fois détruit en 1866 lors de la guerre austro-prussienne. Un nouvel ouvrage en fer est érigé en 1895. Il sera dynamité par les armées allemandes à la fin de la guerre et remis en place par les troupes soviétiques en 1945 avec l’aide de prisonniers de guerre.
Autres monuments Schloss Baumgarten (1756) Église paroissiale saint-Jean-Baptiste de Hundsheim : sa construction remonte au début du Moyen-Âge. Elle devient l’objet d’un pèlerinage à partir du XIVe siècle. Son retable (1758) a pour auteur le peintre Martin Johann Schmidt. Chapelle sainte-Marguerite : bâtie en partie sur des vestiges romains, la chapelle est mentionnée pour la première fois dans l’acte de fondation de l’abbaye de Göttweig (1083). Elle abrite de précieuses fresques du XIIe siècle. Une inscription endommagée sur le mur frontal de l’abside fait état de reliques des saints Jean, Paul, Cécile, Agathe et Marguerite. Désacralisée par les réformes de Joseph II, la chapelle Sainte-Marguerite sert ensuite d’étable, de dépôt, de caserne de pompiers et de musée. Elle abrite désormais l’exposition « Civitas Mutarensis »,consacrée à Mautern au Moyen-Âge et au début des temps modernes. Ancienne route romaine de Mauternbach Nikolaihof : La cour de lecture du couvent des chanoines de Saint-Nicolas près de Passau, ancien siège central de l’administration du domaine du couvent, est aujourd’hui un domaine viticole (biodynamique) et un hôtel/restaurant réputé. Ce groupe de bâtiments historiques est également construit sur des vestiges de fortifications romaines. De nombreuses parties de bâtiments datent du Moyen-Âge, dont la chapelle Agapit (fin XVe siècle siècle). Elle se trouve probablement à l’emplacement de la chapelle d’origine dédiée à saint-Agapit, dans laquelle un synode ecclésiastique s’est tenu en 985. La tour de la chapelle a été baroquisée vers 1720.
Les superbes gothiques caves du domaine Nikolaihof, photo droits réservés
Notes : 1 Également patron des vignerons et des tisserands et saint patron du diocèse de Linz. Sur sa vie on consultera :
SAGHY, Marianne. Le saint de la frontière barbare : Séverin de Norique In : Les saints face aux barbares au haut Moyen Âge : Réalités et légendes [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2017, http://http://books.openedition.org/pur/153045
BOZOKY, Edina (dir.). Les saints face aux barbares au haut Moyen Âge : Réalités et légendes. Nouvelle édition, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2017.
Eugippe, Vie de saint Séverin, Ph. Regerat (éd.), Paris, Cerf, 1991 2 Idem 3 Les Annales de Fulda, appelées aussi Annales Vedastines (Annales Fuldenses), sont des chroniques médiévales rédigées notamment à Mayence. Couvrant une très longue période de la fin du Haut Moyen Âge (714-901), elles sont la principale source d’information concernant la Germanie, c’est-à-dire le Royaume franc oriental. 4 C’est à Mautern (« Mutaren ») que Krimhild fait, lors de son voyage fatal, ses adieux à l’évêque Pilgrim.