Le retable de Nicolas de Verdun de l’abbaye de Klosterneuburg (Basse-Autriche)

La réalisation ce chef d’oeuvre qui se trouve désormais dans la chapelle de saint Léopold, demanda une dizaine d’années. Achevé en 1181, l’autel sert à l’origine d’oeuvre décorative de la balustrade de la chaire de l’église abbatiale.
Après l’incendie de 1330 (?) qui ravage l’église et provoque l’écoulement de la tour-lanterne éclairant la croisée du transept, l’œuvre, sauvée in-extremis par les moines qui l’aspergent, faute d’eau disponible, avec du vin blanc de leur propre vignoble (!), est restaurée en 1329 et transformée en un retable à volets tel qu’on peut le voir aujourd’hui.Tout d’abord exposé dans le maître autel de la nouvelle église baroquisée, le retable qui n’est plus au goût esthétique du jour, est relégué en 1714 dans une resserre de l’abbaye ce qui lui permettra d’échapper miraculeusement aux déprédations des troupes napoléoniennes en 1805 et 1809.
Le retable comprend un total de 51 panneaux émaillés, disposés sur trois niveaux horizontaux illustrant les épisodes de l’Histoire sainte et la concordance de l’Ancien et du Nouveau Testament. D’un point de vue technique, l’œuvre est également un chef-d’œuvre exceptionnel. L’émail sur cuivre champlevé, extraordinairement résistant en raison de son point de fusion élevé, a survécu intact pendant plus de huit siècles et brille encore d’un éclat inaltéré.

L’importance artistique de l’autel est encore plus grande. Il s’agit de la première œuvre du haut Moyen-âge qui s’inspire délibérément du style antique classique pour atteindre une nouvelle proximité avec la nature. Nicolas de Verdun, dont ce retable est l’œuvre la plus ancienne qui nous soit parvenue, fait ainsi figure de précurseur du style gothique.
Nicolas de Verdun est également l’auteur de la châsse de Notre-Dame de Tournai (1205), et probablement de la châsse des Rois Mages de Cologne.