Saint Michel en Wachau

   Le bâtiment visible actuellement remonte à l’époque du gothique tardif (début XVIe) et sera entouré de remparts et d’un pont-levis qui le protégeront, remparts dont il ne reste plus aujourd’hui qu’une massive tour de défense sur les cinq d’origine, une tour autrefois directement reliée à l’ossuaire. Elle est ornée à l’intérieur de sgraffites modernes de l’artiste autrichien Rudolf Pleban (1913-1965) illustrant l’histoire de la vallée du Danube.

Plan des fondations de l’église et de ses remparts

Nikolaus Koffler (1776-1848), Saint Michel-en-Wachau aquarelle et mine de plomb sur carton, 1841

   Des éléments de la première église de style roman (XIe) comme deux têtes sculptés en hauteur sur le mur extérieur côté sud, sont encore visibles ainsi que la fresque peinte sur le même pan de mur et qui représente le mont des Oliviers.
Saint Michel en Wachau

Deux têtes sculptés, XIe siècle, photo © Danube-culture, droits réservés

   La crypte qui a pu être préservée (XIe siècle), la statue illustrant un christ souffrant (XVe) et celle de saint Sébastien, appartenaient également au bâtiment roman.

Saint Michel-en-Wachau, Christ souffrant, XVe siècle, photo © Danube-culture, droits réservés

Pieta, École du Danube, vers 1500, photo © Danube-culture, droits réservés

La Pieta (École du Danube, vers 1500) et les panneaux du maître-autel (1690) qui a été transféré à saint Michel/Wachau en 1748 depuis l’église paroissiale de Stein, datent, quant à eux, de l’époque du gothique tardif.

Photo © Danube-culture, droits réservés

   Les sept figures animales que l’on peut apercevoir au sommet du toit, probablement des cerfs, des chevaux ou d’autres animaux en céramiques (les copies des originaux sont conservées au Musée de la ville de Krems), pourraient symboliser le motif mythologique de la « Chasse sauvage ». Ils sont aussi à l’origine de plusieurs légendes populaires de la Wachau parmi lesquelles « Les sept lièvres de saint Michel ».

Saint Michel en Wachau, maître-autel, photo © Danube-culture, droits réservés

   L’église de style gothique tardif a été baroquisée dans la première moitié du XVIIe siècle. La voûte au-dessus d’une longue nef a été réalisée par Cyprian Biasano. Le tableau central du maître-autel de style baroque primitif, représente la Sainte Famille, Marie plaçant l’enfant Jésus sur le globe, saint Joseph, saint Nicolas, patron des bateliers, sainte Claire et quelques anges admirant et célébrant la scène.

Saint Michel en Wachau, Dieu le père et le globe terrestre, photo © Danube-culture, droits réservés

   La peinture au-dessus, de forme ovale, représente Dieu le Père avec un globe terrestre et le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe planant, a probablement été réalisée par Johann Bernhard Grabenberger, auteur également du maître-autel de l’église paroissiale saint Nicolas de Krems. Les statues polychromes de saint-Antoine, saint Sébastien, saint Roch et saint Jean, ainsi que de sainte Catherine et de sainte Barbara surmontée de l’archange Michel dominent l’ensemble.
   L’autel latéral gauche possède un retable à cadre pictural avec un fronton triangulaire éclaté (deuxième moitié du XVIIe siècle). Il représente la Sainte Famille et a vraisemblablement été peint par Martin Johann Schmidt dit Kremser Schmidt (1718-1801). L’image supérieure, également de la deuxième moitié du XVIIe siècle, représente sainte Barbe. Sur les côtés se trouvent des figures en planches peintes de saint Laurent et de saint Sébastien.

L’orgue de la tribune et son superbe buffet Renaissance, photo © Danube-culture, droits réservés

   L’orgue avec son jeu d’origine (un manuel et huit registres) et son buffet Renaissance dont le nom du facteur nous est inconnu, n’a pas été construit pour ce bâtiment religieux mais pour une une église des environs de Krems. Il a été déménagé vers 1650. Lors de son installation, il a fallu sacrifier quatre des douze apôtres sculptés (École du Danube, vers 1500) de la balustrade de la tribune. Le positif de l’instrument a été intégré dans la balustrade de la tribune. Le buffet a un fronton éclaté et des anges musiciens sont représentés sur les portes battantes.

L’Ossuaire de Saint Michel en Wachau, fin XIIIe, photo © Danube-culture, droits réservés

   L’ossuaire, à proximité de l’église, a été édifié à la fin du XIIIe siècle, vers 1395, sans doute en raison de la place limitée dans le cimetière autour de l’église. Il est coiffé d’une flèche modeste, au-dessus du pignon ouest. C’est le seul ossuaire d’Autriche à avoir été financé par les habitants eux-mêmes. On y trouve un autel constitué de têtes de morts et deux cercueils en bois « économiques » avec un mécanisme de clapets de fond datant du règne de l’empereur Joseph II. À cette époque, pour des raisons d’hygiène et de salubrité, on enterrait les défunts ordinaires sans cercueil définitif et on les entassait ensuite dans des fosses communes ce qui pourrait expliquer qu’on n’ait jamais retrouver la trace du cadavre de Mozart. Certains des crânes pourraient provenir de soldats français tués à la bataille de Dürnstein (1805). Trois momies (1150-1300) reposent sur le côté droit dans des stalles de pierre recouvertes par un couvercle en verre. Subsistent également 15 tresses de cheveux de veuves, offertes à la paroisse en signe de voeux de fidélité à leurs maris après leur décès.

Fresque de saint Christophe, photo © Danube-culture, droits réservés

   Sur le mur extérieur se trouvent les restes d’une fresque de Saint Christophe, qui a la particularité de ressembler au duc Maximilien d’Autriche.
Danube-culture adresse ses très grands remerciements à Gertraud Huber de Weissenkirchen pour ses explications passionnantes sur l’histoire (les histoires) de Saint-Michel-en-Wachau.

Luigi Kasimir (1881-1962), Saint-Michel-en-Wachau

Saint-Michel-en-Wachau, photo © Danube-culture, droits réservés

Eric Baude, pour Danube-culture, mis à jour novembre 2024

L’église saint-François d’Assise de Leopoldstadt (Vienne)

Photo Danube-culture, © droits réservés
   Saint-François d’Assise est aujourd’hui la seule église de Vienne situé directement au bord du fleuve. D’autres bâtiments religieux ont été érigés au bord du fleuve ultérieurement comme la pagode de la paix à Freudenau (rive droite) et la mosquée du centre islamique de Vienne (Florisdorf, rive gauche).  Cette église, construite pour le jubilé du 50ème anniversaire du règne de l’empereur François-Joseph Ier (1830-1916), doit sa réalisation à un comité fondé en 1898 qui décida du lancement d’une souscription publique pour la construction d’une grande église sur la rive droite du Danube.
Le projet de construction de l’architecte Victor Lunz (1840-1903) s’est inspiré de la basilique romane St-Martin-Majeure de Cologne (XIIe siècle), sur la rive gauche du Rhin.

Saint-Martin-Majeure de Cologne

   Après la mort de Victor Lunz lui succède August Kirstein (1956-1939), architecte d’origine allemande à qui l’on doit également le Musée romain de Carnuntum. L’édifice en brique devait servir à l’origine de paroisse de garnison d’où sa taille impressionnante. Les trois tours massives, d’une hauteur de 73 m, recouvertes de tuiles rouges, se voient de très loin. Les toitures en bois des trois entrées principales prévues à l’origine pour les cérémonies d’inauguration sont toujours en place.

Saint-François d’Assise, Vienne, photo droits réservés

   L’empereur, entouré de plusieurs personnalités religieuses et politiques et d’une foule de plus de 100.000 personnes assiste à la pose de la première pierre en 1900 tout comme à son inauguration provisoire le 2 novembre 1913. Le monument sera achevé après la Première Guerre mondiale. Son apparence restera pratiquement inchangée jusqu’à aujourd’hui.

Mosaîques de la coupole de la chapelle dédiée à Élisabeth d’Autriche, photo © Danube-culture, droits réservés 

La chapelle commémorative (1907) octogonale et à l’architecture néo-romane, dédiée à l’impératrice Élisabeth d’Autriche (1854-1898) et qui a été érigée dans le transept gauche de l’église saint-François d’Assise de Vienne, au bord du Danube, est, avec son autel Sécession (Jugendstil), ses décors, sa coupole en mosaïques, son lustre, sa grille en fer forgé et d’autres éléments, un des trésors viennois de l’Art nouveau les plus élaborés de ce mouvement artistique.

Photo © Danube-culture, droits réservés

Sa construction, initiée par l’archiduchesse Marie-Thérèse de Bragance (1855-1944) après l’assassinat de l’impératrice Sissi à Genève en septembre 1898, fut financée par des dons spécifiques à la Croix-Rouge, dont l’impératrice avait été la première protectrice. Les murs de la chapelle, consacrée en 1908 en présence de François-Joseph, sont recouverts de marbre. Au-dessus du Christ de l’autel trône la merveilleuse mosaïque de la douce, sereine et humble sainte-Élisabeth de Thuringe ou de Hongrie (1207-1231), due à l’artiste viennois Carl Ederer (1875-1951) avec dans son manteau un bouquet de roses, symbole du miracle de sainte-Élisabeth. Huit anges, levant les bras au ciel en portant des couronnes de laurier, attirent le regard du visiteur vers le sommet de la coupole.

La mosaïque de Sainte-Elisabeth de Thuringe, photo © Danube-culture, droits réservés

Une inscription gravée sur une pierre de la place du Mexique indique un fait peu connu : le Mexique fut le seul pays en 1938, à l’exception de l’Union soviétique, à protester officiellement devant la Société des Nations contre l’annexion de l’Autriche par le Reich national-socialiste allemand.

Photo © Danube-culture, droits réservés

   C’est en mémoire de cet événement que la ville de Vienne a donné à l’emplacement en 1956 le nom de « Place du Mexique ». Comme la place possède depuis longtemps plusieurs embarcadères sur le fleuve dont celui de la D.D.S.G., ses environs ont été réputés pour abriter un trafic de marché noir en tous genres.

Eric Baude, Danube-culture, © droits réservés, mis à jour août 2024

Saint-François d’Assise, l’ancien pont Kronprinz-Rudolph, et le Danube pris par les glaces pendant l’hiver 1929

L’église saint-Martin de Linz, une des plus anciennes églises d’Autriche

   La première mention documentaire concernant cette église date de 799. Au cours des préparatifs de guerre de l’empereur Charlemagne (vers 742-814) contre les Avars installés en Hongrie, le préfet bavarois Gerold le Jeune de Vintzgau (755-799) manifeste son intérêt pour l’église. Il demande alors à l’empereur, marié avec sa soeur Hildegarde (vers 758-783), d’intercéder auprès de l’évêque Waldrich de Passau (?-804), propriétaire du bâtiment, afin qu’il lui confie l’édifice en tant qu’usufruitier. Une charte accédant à cette demande est rédigée le 20 juin 799. La copie la plus ancienne de cette charte, datant du IXe siècle, est conservée aux archives principales de Bavière à Munich.

Intérieur de l’église saint-Martin, photo droits réservés

Au cours des siècles suivants, saint-Martin est transformée et agrandie à plusieurs reprises. Un bâtiment central en forme de trèfle inachevé est incorporé à l’ensemble. Au XVe siècle, elle fait l’objet d’une rénovation dans le style gothique. En 1589, le mur ouest est démoli jusqu’aux fondations puis reconstruit. Un portail ouvert du côté ouest se substitue à l’entrée originelle située sur le côté sud.

Photo © Danube-culture, droits réservés

Le bâtiment sert d’écurie en 1742 pour les troupes françaises et bavaroises occupant Linz à lors de la guerre de succession d’Autriche puis il sert de dépôt militaire de 1810 à 1832 et sera une nouvelle fois rénové en 1841.
Des fouilles concernant la partie centrale carolingienne ont eu lieu en 1978.

Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour juillet 2024

Les portes de Linz, vue depuis le Freinberg, photo Danube-culture © droits réservés

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