Les monts de Mǎcin (Dobroudja danubienne), sanctuaire de biodiversité

   Les paysages contrastés, forestiers ou semi-arides parfois érodés2 ou escarpés mais toujours fascinants, parmi les plus beaux des rives danubiennes, abritent plusieurs types d’écosystème (pontique, forêts sub-méditerranéennes et balkaniques) ainsi que, de part cette variété de milieux, une importante biodiversité, en particulier plus de la moitié des espèces végétales de Roumanie, un millier d’espèces de papillons et quelques espèces peu communes de rapaces (aigle criard, pomarin, circaète Jean-le-Blanc, faucon sacre autrefois utilisé en fauconnerie…) ce qui en fait un paradis particulièrement apprécié des entomologistes, des ornithologues et autres naturalistes. Il s’inscrit également dans le corridor de migration des oiseaux qui suivent les cours des rivières Prut et Siret, deux affluents du Danube de la rive septentrionale.

Pivoines sauvages dans les monts de Mǎcin au printemps, photo Dorina Moisa, © droits réservés

   La pivoine sauvage, la campanule de Dobroudja, une espèce végétale endémique d’une incroyable frugalité et résistance et qu’on retrouve sur le blason du parc, aiment se faire remarquer par leur floraison printanière aux couleurs intenses. Mais l’espèce emblématique du parc c’est la tortue terrestre de Dobroudja dont la vie dans ce biotope spécifique est un modèle d’adaptation. Quand aux ciels de Dobroudja, l’endroit idéal est au sommet du Dealul Pietrisului sur la commune de Luncaviţa se trouve un observatoire astronomique.

La vue sur le bras du Danube de Măcin et la Balta depuis les ruines de la forteresse de Troesmis, photo © Danube-culture, droits réservés

   Aux pieds des Mont de Mǎcin se trouvent plusieurs anciennes cités et forteresses grecques, daco-byzantines (Ogeţia) et romaines (Troesmis). Des monastères orthodoxes comme celui de Cocoş, proche du village viticole Niculiţei, fondé en 1833 par trois moines roumains ayant séjourné au Mont Athos, ont trouvé refuge dans ces contrées dont le moindre qu’on puisse dire est qu’elles peuvent inciter à une vie monacale et mystique et susciter des vocations religieuses.

Fresque du monastère orthodoxe de Cocoș, photo droits réservés

18 ethnies (russes, grecques, bulgares, ukrainiennes, tatares, turques, roumaines, tsiganes, arméniennes, italiennes…) peuplent cette région et se côtoient pacifiquement sur ce territoire insolite de la Dobroudja à la multiculturalité ancestrale.

Monts de Mǎcin, Dobroudja, photo Dorina Moisa © droits réservés

www.parcmacin.ro
Notes : 
1 « La Dobroudja, peuplée depuis les temps très anciens « c’est cette province que dessine le cours du Danube inférieur du Danube, dans sa grande boucle finale, avant de se jeter dans la mer Noire dans son célèbre delta. C’est un grand rectangle d’environ 200 km dans le sens nord-sud et d’une centaine dans le sens est-ouest, que se partagent la Roumanie, qui en détient les deux tiers septentrionaux et la Bulgarie pour le tiers méridional. C’est l’arrière-pays des stations balnéaires roumaines ; le port bulgare de Varna en marque l’extrême limite. Au nord, les monts de Măcin parmi les plus vieux reliefs d’Europe, dominent le delta du Danube, terre d’alluvions où notre continent est en pleine croissance. Au centre, un paysage de steppe domine dont l’élevage nomade fut longtemps la ressource majeure. Au sud des ondulations douces proposent un environnement plus propice à l’agriculture. La façade maritime, du nord au sud, se compose d’immenses marais, de vastes lagunes, de plages de sable fin, de falaises calcaires. »
Bernard Lory, introduction du livre de Camille Allard, Entre mer Noire et Danube, Dobroudja, 1855, collection Via Balkanica, Éditions Non Lieu, Paris, 2013
2 Le nom de Mǎcin  pourrait avoir pour origine le verbe a măcina, moudre, moulu.
Danube-culture, © droits réservés, mis à jour mai 2024

Dans les monts de Mǎcin, photo © Danube-culture, droits réservés

« Le chêne agenouillé » de la forêt de Caraorman

Cette légende raconte qu’au petit village de pêcheurs de Crișan, à proximité de la forêt au nom singulier de Caraorman (Kara Orman, forêt-Noire en turc), se préparait un magnifique mariage entre la fille de toute beauté d’un Roumain venu travailler dans le delta et un jeune cosaque valeureux réputé pour sa bravoure. Dans toute la région régnaient à cette époque paix et harmonie entre les différentes populations vivant au bord de l’eau. Avant d’offrir son cœur au jeune Cosaque, la jeune fille avait du toutefois refuser les avances d’un Turc entreprenant. Furieux et jaloux d’avoir été éconduit par la jeune file, celui-ci jura qu’il se vengerait de l’affront. Lorsque les hommes du village de Crișan quittèrent leurs habitations pour les préparatifs de la noce, le Turc accompagné de quelques-uns de ses proches pénétra dans la maison de la fiancée et l’enleva. Ils allèrent ensuite se cacher dans la forêt, non loin du puits des chasseurs comme les habitants appellent aujourd’hui cet endroit. Le jeune Cosaque se mit avec ses amis à leur recherche et n’eut aucun de mal à retrouver leur cachette. S’engagea alors une terrible bataille comme on n’en avait jamais vu auparavant dans cette forêt paisible. Les Turcs furent tués l’un après l’autre, la plupart d’entre eux au moment où ils s’agenouillaient à terre et imploraient la pitié de leurs adversaires ainsi que d’Allah. La jeune femme qui avait été enlevée était miraculeusement indemne et put repartir au village avec son fiancé pour convoler en justes noces. À l’endroit même où les Turcs avaient perdu la vie poussa quelques temps après un jeune chêne dont les racines paraissaient s’être nourries du sang des Turcs. La légende raconte que c’est pour cette raison que cet arbre prit cette forme étrange qui lui donna par la suite son surnom de «chêne agenouillé».

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