Le réseau hydrographique du Haut-Danube

Passau et le confluent avec l’Inn et l’Ilz

Pertes et captures
Avant même de recevoir l’apport d’un premier affluent important, les deux tiers des eaux du jeune fleuve disparaissent brusquement une cinquantaine de kilomètres en aval des sources de la Breg et de la Brigach, à la hauteur d’Immendingen et de Fridingen an der Donau dans plusieurs failles du sous-sol karstique du Jura souabe.

Fridingen an der Donau (Bade-Wurtemberg), gravure de 1850

Le Danube en aval des pertes d’Immendingen, photo © Danube-culture, droits réservés

Après un parcours souterrain d’une douzaine de kilomètres, elles ressortent une soixantaine d’heures plus tard tout aussi brusquement par une importante résurgence (« Aachtopf ») dans la région volcanique du Hegau (Bade-Wurtemberg), sur le territoire de la commune d’Aach. Ces eaux d’origine danubiennes alimentent ainsi celles d’un affluent indirect du Rhin, la Radolfzeller Aach, rivière qui, après un parcours de 32 km, se jette dans le Bodensee (lac de Constance) à la hauteur de Radolfzell. Les eaux du Danube transitent ainsi par ce réseau souterrain vers le bassin du Rhin, illustrant un étonnant phénomène de capture. Le lit du Danube, asséché sur plusieurs kilomètres en aval, au-delà des pertes d’Immendingen et de Fridingen en période d’étiage, période pouvant durer entre 155 et 200 jours par an, est réalimenté à la hauteur de Tuttlingen-Möhringen par les eaux du Krähenbach (16, 5 km) puis par celles de l’Elta (15, 6 km) et du Kesselbach ou Kösselbach, (env. 15 km), tous les trois des petits cours d’eaux de la rive gauche.

Confluence de l’Elta avec le Danube, photo Donautalbahner, droits réservés

Le fleuve rassembleur
   Le Danube connaît tout d’abord en Forêt-Noire un régime hydrographique de type pluvio-nival avec des hautes eaux en hiver et au printemps. L’Iller (147 km), le Lech (264 km), aux forts débits nivo-glaciaires, et l’Isar (295 km) qui baigne la capitale bavaroise et rejoint le Danube à la hauteur de Deggendorf (Bavière), tous les trois également affluents de la rive droite, proviennent des Alpes calcaires septentrionales.

Confluence de l’ Iller avec le Danube, photo © Danube-culture, droits réservés

   Les plus importants affluents du Haut-Danube, comme l’Inn (517 km), la Traun (146 km) et l’Enns (349 km) sont des affluents de la rive droite. Ils prennent leurs sources dans les Alpes centrales. Ces rivières, de caractère par conséquent alpin, pour la plupart aujourd’hui canalisées et érigées en sources d’énergie hydraulique (barrages) comme de nombreux affluents et sous-affluents haut-danubiens, suivent d’abord les grandes vallées longitudinales du relief alpin. Elles rejoignent ensuite des massifs calcaires, obliquent vers le nord/nord-est, traversent des territoires morainiques et atteignent des plaines préalpines constituées de graviers avant de se jeter dans le Danube, drainant sur tout leur parcours une importante quantité d’alluvions.
   Ces affluents et en particulier l’Inn, exercent de part leurs grandes variations saisonnières de régime une influence considérable sur celui du Haut-Danube : fontes des neiges et précipitations abondantes peuvent engendrer, souvent pendant les mois d’avril à juillet, des débordements et de graves inondations que le Danube répercute largement en aval.
   Viennent ensuite confluer avec le Danube sur cette même rive droite la Traun, l’Enns et l’Ybbs (131 km), qui sont les derniers affluents conséquents de caractère alpin.

La confluence de l’Enns avec le Danube (rive droite) à la hauteur de la petite ville de Mauthausen (rive gauche,Autriche), photo © Danube-culture, droits réservés

   Les bassins de la Leitha ou Lejta (180 km), La Rábca ou Rabnitz (120 km) et la Rába ou Raab (250 km) se situant à l’extrémité nord-est des Alpes, ces trois rivières perdent en entrant dans la petite plaine hongroise leur capacité à charrier des alluvions et sont de caractère transitoire.
    Sur la rive gauche, le Haut-Danube reçoit des apports plus secondaires comme ceux de l’Altmühl (227 km dont les 34 derniers kilomètres ont été aménagés et intégrés au Canal Rhin-Main-Danube et dont le confluent se trouve à la hauteur de Kelheim), de la Naab (197 km), de la Regen (190, 7 km), deux rivières bavaroises et, plus en aval du Kamp bas-autrichien (157 km). Sur cette rive, le bassin versant danubien septentrional est beaucoup plus limité géographiquement du fait d’une ligne du partage des eaux qui passe au travers des vieux massifs de la Bayerischer Wald (Forêt Bavaroise) et de la Böhmerwald (Forêt de Bohême) et qui impose à la Vltava (430 km), rivière qui prend sa source dans ce dernier massif, de couler vers le nord et de se jeter dans l’Elbe au lieu de se diriger vers le sud et le Danube beaucoup plus proche.
En aval de Vienne, la Morava austro-tchéco-slovaque (329 km) ou March en allemand conflue avec le Danube aux lisières de Bratislava. Il s’agit du plus grand affluent de moyenne montagne de la rive gauche provenant du nord du bassin du Haut-Danube mais elle ne modifie pas le caractère alpin du fleuve. Elle prend sa source en Moravie du Nord au pied du mont Kralický Sněžník dans le massif des Jeseníky, à proximité de la frontière polonaise. 

La confluence austro-slovaque de la  Morava avec le Danube à Devín, photo © Danube-culture, droits réservés

Alors Inn ou le Danube ?
Le plus impressionnant et le plus abondant des affluents du Haut-Danube se nomme l’Inn. Cette rivière prend sa source à près de 2500 m dans un lac de la haute vallée de l’Engadine, au sein du massif des Grisons (Suisse) dans le lac de Lunghino dont elle joue le rôle d’exutoire. Elle traverse trois autres lacs et le territoire des Grisons sur une centaine de kilomètres dont la partie finale s’effectue dans un parcours frontalier austro-helvétique, pénètre dans le Tyrol autrichien par une trouée dans le contrefort du massif de la Silvretta, baigne la capitale du Tyrol, Innsbruck, joue un peu plus loin à nouveau le rôle de frontière, cette fois entre l’Autriche et l’Allemagne, et s’engage dans une vallée transversale des Alpes calcaires, près de Kufstein (Tyrol), vallée qui l’amène jusqu’aux Préalpes bavaroises. l’Inn traverse encore par une vallée étroite la forêt de Neuburg qui n’est autre qu’un contrefort du vieux massif de la Bayerischer Wald (Forêt bavaroise) avant de confluer avec le Danube à Passau à moins que ce ne soit le Danube qui se jette dans l’Inn, du moins telle est l’hypothèse de certains hydrologues, peut-être vertueux et soucieux de rétablir une vérité que l’histoire a décidé de ne pas prendre en compte. D’ailleurs pour les Tyroliens d’autrefois, il était évident que c’était le Danube qui se jetait dans l’Inn à Passau !1

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Le confluent de l’Inn avec le Danube à Passau, photo © Danube-culture, droits réservés

Le régime de cette rivière est notamment conditionné par un bassin versant alpin comportant 720 km2 de glaciers. Mais c’est dans ses bordures alpine où il atteint sa largeur maximale que celui-ci connait ses précipitations les plus abondantes à l’origine de la plupart de ses crues. Son lit peut atteindre dans cette partie de son cours la profondeur de 12 m. C’est l’Inn qui, par ses variations saisonnières de débits, détermine plus que tout autre affluent le caractère alpin du Haut-Danube, caractère alpin prévalant jusqu’au confluent avec la Save (dont le parcours atteint 1005 km ou 940 km selon les sources) au km 1170, soit au pied de Belgrade, c’est-à-dire bien au-delà du bassin supérieur du fleuve, limité à la frontière austro-slovaque et à la Porte de Devín (Slovaquie), en aval du confluent de la Morava (March),à la lisière occidentale de Bratislava.

Notes : 
1 Hérodote situait la source du Danube près de la ville de Pyrene « dans le pays des Celtes. » Ce qui fut interprété comme une ville près du massif des Pyrénées. Outre que les Pyrénées n’ont jamais été le pays à proprement parlé des Celtes, il semblerait que cette interprétation soit erronée. Plus intéressante est l’hypothèse superposant la source du Danube à celle de l’Inn. Les Romains ne dénommaient-ils pas le mont Brenner « Mons Pyrenaeus » ? L’étymologie du mot allemand « Berg » pourrait provenir  du mot « Pyr » donnant en allemand « Gepyrge » puis « Gebirge ». Quand  à Engadin, il signifie en rétoromanche, langue latine parlée dans les Grisons « Le pays près de la source de l’Inn ».

Sources :
Andreas Dusl, « Wien am Inn, Ein etymologischer Essay » in Das Wiener Donau Buch, Édition S, Wien, 1987

Le cours de l’Inn depuis sa source en Engadine jusqu’à Passau, sources Wasseraktiv

Eric Baude, mis à jour mai 2023, © Danube-culture, droits réservés

Les Argonautes et le Danube

Constantin Volanikis (1837-1907) : le périple des Argonautes

« Jadis dans la région où se trouve actuellement Belgrade, le Danube bifurquait en deux bras riches en eau, dont l’un d’entre eux rejoignait la mer Noire et l’autre (actuellement la Sava) allait se jeter dans la mer Adriatique »

Pélias, roi usurpateur d’Iolcos en Thessalie, une ville grecque de la mer Égée, au sud du mont Olympe, avait ordonné à son neveu Jason de s’emparer de la Toison d’or en espérant ainsi ne jamais le revoir. La Toison d’or, une dépouille précieuse d’un bélier divin était gardé par un dragon sur les terres du roi de Colchide, pays situé entre le Caucase et le Pont-Euxin (mer Noire). Jason fit construire un navire, l’Argo (L’intrépide), pour aller la conquérir. Il s’en empara avec l’aide de Médée, magicienne et fille du roi de Colchide qui était tombée éperdument amoureuse du héros grec et qui s’enfuit avec lui à bord de l’Argo poursuivi par la flotte de leurs ennemis. Devant l’impossibilité de franchir le détroit du Bosphore pour rejoindre la Méditerranée puis la mer Égée, Jason se dirigea vers les bouches d’un fleuve immense indiqué sur une ancienne carte égyptienne : l’Istros (l’Ister)

Selon plusieurs récits dont celui d’Appolonios de Rhodes (env. 295-env. 215 avant J.-C.) intitulé l’Argonautica ou Les Argonautiques, poème composé au IIIe siècle avant Jésus-Christ, Jason et ses compagnons d’aventure auraient pénétré dans le delta du Danube par l’un des bras de son delta, remonté le fleuve jusqu’au confluent de la Drava (rive droite) puis navigué sur celle-ci vers l’amont (jusqu’où ?)  puis rejoint par voie de terre le Pô (l’Éridan ?) qu’ils auraient également remonté avant de rejoindre par voie de terre le Rhône qu’ils auraient descendu jusqu’en Méditerranée. L’Argo longera encore l’Italie et passant sur l’autre rive de  la Méditerranée, ira s’échouer quelques temps sur les bancs de sable des Syrtes au large de la Libye. Jason et ses compagnons feront enfin étape sur l’île de Circée et rencontreront des monstres de l’Odyssée avant de rentrer à Iolchos. Un autre itinéraire possible leur aurait fait emprunter la Save puis la Kulpa pour rejoindre ensuite l’Adriatique via le col de Delmès.

L’itinéraire des Argonautes via le Danube, la Sava et la Kulpa pour rejoindre l’Adriatique

Jason n’était toutefois pas au bout de ses épreuves en arrivant en Thessalie. Il découvrira alors que son père et roi légitime, Éson, frère de Pélias, avait été mis à mort par celui-ci. Sa compagne, la reine et magicienne Médée, tante de Circée, l’aidera à venger la mort de son père.
Le héros de la Toison d’or mourra, selon la légende, assommé par un morceau de l’Argo, qui avait été offert à un temple.

Carte d’après le voyage des Argonautes par le géographe et cartographe flamand Abraham Ortelius (1527-1598)

   « Puisque tout le monde convient que la première partie de l’expédition des Argonautes, leur départ pour le Phase, sur l’ordre de Pélias ; leurs relâches dans certaines îles, chemin faisant, sont des faits dont on ne peut nier l’authenticité, nous ne voyons pas en vérité, pourquoi la seconde partie du voyage, devenue pour eux comme pour Ulysse et Ménélas, une suite d’erreurs sans fin, serait accueillie avec plus d’incrédulité, quand ces erreurs sont attestées de même et par les monuments encore debout et par la mention formelle d’Homère.
Plus loin, Strabon ajoute : « Jusque’à l’époque romaine, on connaissait très mal l’Ister ou Danube, et on n’avait aucune idée de son cours supérieur. On avait confondu le fleuve et ses affluents avec les routes commerciales ouvertes par leurs vallées… Et, plus loin encore, le grand géographe nous dit : « On retrouve, qui plus est, les traces de Jason de Colchos, envoyé à sa poursuite en Crète, en Italie, dans l’Adriatique même.
Et citant Callimaque, il note encore qu’à côté du tombeau d’harmonie, les Colchiens fondèrent une humble cité du nom de Polas, c’est-à-dire « la ville des proscrits », où nous retrouvons notre actuelle Pola [Pula, ville et port croate].
Cette affirmation de Strabon et d’autres témoignages que nous rencontrerons encore donnent un aspect de vraisemblance à la poursuite des Argonautes par les Colchiens jusqu’en Adriatique supérieure. Le seul mystère à élucider est donc celui de leur passage du Pont-Euxin dans le golfe de Fiume. Le poète ne s’embarrasse pas pour si peu, et c’est en deux vers qu’il transporte nos héros des bouches de l’Ister aux îles dalmates, alors que ces deux points sont séparés par onze degrés de longitude, soit en ligne directe, six cent cinquante milles marins, et, avec les méandres du fleuve et de ses affluents, quinze cent milles au moins ou deux mille huit cent kilomètres, ce qui représente, au bas mot, compte tenu des portages ou roulages nécessaires, deux à trois mois de navigation.
Mais quelle route ont suivi ces hardis navigateurs ? Et, enfin, le passage de la mer Noire dans l’Adriatique est-il possible ? La remontée du Danube jusqu’à Belgrade ne présente pas de difficultés majeures, et là où le fleuve n’était pas navigable, les héros n’hésitaient pas à transporter Argo sur leurs épaules, comme ils feront plus tard en Libye, soit à le faire avancer sur les rouleaux de bois d’olivier dont ils s’étaient abondamment munis, suivant les dires mêmes du poète. D’après Justin, d’ailleurs, c’est pour passer de l’Ister dans l’Adriatique que les Argonautes auraient porté leur navire sur leurs épaules, aucun cours d’eau n’ayant la largeur et la profondeur nécessaire à l’Argo.
   Nous avons laissé nos héros à la hauteur de Belgrade. Là ils empruntent la Sava qui, dès cette époque, était navigable jusque’à son confluent avec la Kulpa à Sciccia. Nous avons là le témoignage de l’historien Dion Cassius, à propos de l’expédition d’Octave en Pannonie, qui eut lieu en 35 avant Jésus-Christ : « Il mit le siège devant Scissia, place situé au confluent de la rivière Colapis (Kulpa) et de la Save. Il prit la ville et s’arrêta là. Mais pendant le siège, on fit remonter la Sava à deux bateaux venant du Danube. »À Scissia, les Argonautes entrent dans la Kulpa et remontent cette rivière (ou suivent sa vallée) jusqu’à son cours supérieur. Ottach, sur la haute Kulpa, est séparé de Fiume d’environ 35 kilomètres. À côté se trouvent deux hautes montagnes, Rianjack (1528 m) et Urata (879 m), entre lesquelles s’ouvre le col de Delmès , à 600 m d’altitude. La remontée de la Kulpa, de Scissia (la Sisak actuelle) jusque dans la haute vallée ou éventuellement son transport sur 250 km est un exploit parfaitement réalisable par ces athlètes grecs, qui en feront beaucoup plus en Libye.
   Du temps d’Appolonios, on croyait que l’Ister se partageait en deux branches, dont l’une se déversait dans l’Adriatique et l’autre dans le Pont-Euxin. Strabon, deux siècles plus tard, réfute cette opinion d’Hippique et dit que l’Ister se jette seulement dans le Pont et ne se divise en deux branches qu’à son embouchure. Il ajoute : « suivant certains auteurs, Jason et ses compagnons auraient remonté la plus grande partie de l’Ister, suivant d’autres, ils l’auraient remonté jusqu’à l’Adriatique. Les uns ne connaissaient pas les endroits dont ils parlent, les autres supposent un Ister qui sortirait du grand Ister pour se jeter dans l’Adriatique ; leur supposition n’est ni invraisemblable, ni absurde. [ Il ajoute encore :] Hipparque a reproduit cette erreur commune à quelques-uns de ses prédécesseurs lesquels supposent l’existence d’un fleuve, portant le même nom , d’aster, qui sec serait jeté dans l’Adriatique après s’être séparé de l’autre Ister, qui aurait même donné à toute cette partie de son bassin la dénomination d’Istrie, et que Jason aurait descendu tout entier lors de son retour de Colchide.
Diodore de Sicile, de son côté, réfute l’opinion de ceux qui ont prétendu que les Argonautes après avoir remonté l’Ister jusque’à sa source, étaient entrés, par une autre branche du fleuve, dans l’Adriatique. Il distingue « l’Ister qui se jette dans le Pont-Euxin » et un autre fleuve homonyme qui se jette dans l’Adriatique. Ce dernier ne nous est pas connu ; ce doit être quelque petit cours d’eau du pays des Istriens.
   Ainsi  Diodore et Strabon, qui sont contemporains et vivaient deux siècles après Appolonios, concordent dans leur conclusions. Pour conclure nous-mêmes, il semble que les voies d’eau Ister, Sava et Kulpa permettent aux Argonautes de s’approcher de l’Adriatique et du golfe de Fiume suffisamment pour pouvoir remettre leur nef à l’eau en suivant la voie commerciale un usage à cette époque… »

Mais qui étaient les Argonautes ?
Plusieurs hypothèses s’affrontent. Les Argonautes auraient été, si l’on en croit Appolonios de Rhodes, une cinquantaine parmi lesquels, Argus, le constructeur du bateau, Atalante, seule femme à bord du bateau qui sera rejointe par Médée en Colchide, Castor et Pollux, Héracles, Idmon et Mopsos, devins légendaires, Lyncée, Méléagre, Nauplius, Oilée, Orphée le joueur de lyre, Pélée, père d’Achille et mari de Thétis, nymphe marine, Périclymène, un fils de Poséidon, Télamon, père d’Ajax, Typhis, timonier du navire, Zéthée et Calaïs, fils ailés de Borée, le vent du Nord et qui combattirent les Harpies au large de la Bérycie. Médée, fille d’Éétes, roi de Colchide se joindra à eux après avoir aidé Jason à s’emparer de la Toison d’or.

Les Argonautes :
Les argonautiques orphéiques [Arg] en mentionnent 49 hommes, Apollodore [Apd] 45, Apollonios de Rhodes [Apl] 64, Hygin [Hyg] 63, Diodore de Sicile [Dio] 54.
Acaste, fils du roi Pélias [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Actor, fils de Déion le Phocien [Apd]
Admète, prince de Phères [Apd, Apl, Arg]
Amphiaraos, devin et roi d’Argos [Apd]
Ancée, dit le Grand, de Tégée, fils de Poséidon [Apl, Hyg]
Ancée, fils de Lycurgue [Apd, Apl, Hyg]
Argos le Thespien qui construisit l’Argo [Apd, Dio]
Ascalaphos,d’Orchomène, fils d’Arès [Apd]
Astérios, fils de Cométès, un Pélopien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Atalante, la vierge chasseresse de Calydon et la seule femme de l’expédition [Apd, Dio]
Augias, fils d’Hélios et d’Hyrmina, roi d’Elide [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Autolycos, fils de Chioné et d’Hermès [Apd]
Boutès l’apiculteur d’Athènes [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Caenée, Lapithe qui avait été née femme puis fut changée en homme par Poséidon [Apd, Hyg]
Calaïs, frère de Zétès et fils ailé de Borée [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Canthos d’Eubée [Apl, Hyg]
Castor le lutteur Spartiate, l’un des Dioscures [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Céphée, fils d’Aléos l’Arcadien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Echion, fils d’Hermès, le héraut de l’expédition [Apl, Arg, Hyg ]
Erginos de Milet [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Euphémos, de Ténare, le nageur [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Euryale, fils de Mécistée, un des Epigones [Apd]
Eurytos, fils d’Hermès [Apd, Apl, Arg, Hyg]
 Héraclès, l’homme le plus fort qui ait jamais vécu [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Hylas le Dryope, l’écuyer d’Héraclès [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Idas au mauvais caractère, fils d’Apharée, de Messène [Apl, Arg, Hyg]
Idmon,devin d’Argos, fils d’Apollon [Apl, Arg, Hyg]
Iphiclès, fils de Thestios l’Etolien [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Iphitos, frère du roi Eurysthée de Mycènes [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Jason, le capitaine de l’expédition [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Laërte, fils d’Acrisios d’Argos [Apd, Dio]
Lyncée, l’homme à la vue perçante, frère d’Idas [Apl, Arg, Hyg]
Méléagre de Calydon [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Mopsos le lapithe [Apl, Arg, Hyg]
Nauplios l’Argien, fils de Poséidon, navigateur éprouvé [Apl, Arg, Hyg ]
Oïlée, le Locrien, père d’Ajax le petit [Apl, Arg, Hyg]
Orphée, poète et musicien de Thrace, fils d’Oeagre et de Calliope [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Palaemon, fils d’Héphaïstos, un Etolien.[Apd, Apl, Arg, Hyg]
Pelée le Myrmidon [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Pénéléos, fils d’Hippalcimos, le Béotien [Apl, Arg, Hyg]
Périclyménos de Pylos, fils de Poséidon qui avait reçu le don de métamorphose [Apd, Apl]
Phaléros, archer athénien [Apl]
Pollux, boxeur spartiate, l’un des Dioscures [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Polyphème, fils d’Elatos, l’Arcadien [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Tiphys, le timonier de Siphae en Béotie [Apd, Apl, Arg, Hyg]
Télamon, fils d’Éaque et d’Endéis [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Zétès, fils de Borée, frère de Calaïs [Apd, Apl, Arg, Dio, Hyg]
Voir la liste complète sur https://fr.wikipedia.org › wiki › Argonautes

Appolonios de Rhodes : L’Argonautica ou Les Argonautiques

Le poète Appolonios de Rhodes est né à Alexandrie aux environs de 295 avant J.-C. À la suite de la première publication de L’Argonautica (Appolonius est alors âgé de 18 ans), son maître, Callimaque de Cyrène (vers 305-vers 240 av. J.-C.) l’accuse de l’avoir plagié et obtient son exil. Appolonios choisit Rhodes où il remaniera et republiera son récit en quatre chant (250-240 av. J.-C.). Il pourra retourner à Alexandrie et deviendra précepteur du futur pharaon Ptolémée III, Évergète Ier dit « le bienfaiteur » (vers 283-vers 221 av. J.-C.) puis directeur de la prestigieuse bibliothèque d’Alexandrie. Il meurra aux environs de 215 avant J.-C.

Jason, les Argonautes, la Sava, la Ljubljanica  et le dragon de Ljubljana

   Selon l’une des versions, les Argonautes se seraient  dirigés vers le nord en remontant le fleuve Danube plutôt que de rentrer par la mer Égée pour échapper à leurs poursuivants. Ils remontèrent d’abord le Danube jusqu’à la confluence de la Sava puis son affluent la Ljubljanica (en allemand Laibach, cours d’eau de 41 km qui effectue en partie son trajet dans le sous-sol karstique avant de traverser la capitale slovène. Ils démontèrent alors l’Argo et le transportèrent sur leur dos ou en le faisant rouler sur des rondins jusqu’à la mer Adriatique. Entre les municipalités actuelles de Vrhnika et de Ljubljana, les Argonautes trouvèrent un grand lac entouré de marais. C’est là que Jason terrassa un monstre. Ce monstre était, dit une autre légende, le dragon de Ljubljana qui apparaît sur le blason et le drapeau de la capitale de la Slovénie.

Notes : plusieurs dragons ailés ornent le pont des dragons (Zmajski Most) construit entre 1900 et 1901, ce pont est l’œuvre de J. Zaninovic. Le dragon (ou le Lindwurm, créature mi-serpent mi-dragon) est aussi un symbole pour la ville autrichienne proche de Klagenfurt qui fut pendant des siècles le grand centre spirituel slovène. Du fait de cette proximité, la légende du dragon de Ljubljana et celle du Lindwurm de Klagenfurt furent souvent comparées ou reliées ; et les légendes ont été traitées de façons similaires dans les deux cités d’un point de vue héraldique: les blasons représentent tous deux des dragons de couleur verte, placés sur un fond rouge et associés à un bâtiment. (sources Wikipedia)

Sources :
PIERRE, Pierre, « Delta blond et mer Noire », Le Roman du Danube, Plon, 1987

SÉNAC, R. , « Le retour des Argonautes d’après les Argonautiques d’Appolonius de Rhodes », Bulletin de l’Association Guillaume Budé : Lettres d’Humanité n° 24, décembre 1965, pp. 447-476
http://persee.fr/doc/bude_1247-6862_1965_num_24_4_4226
 www.mythologica.fr/grec/argonaute.html
https://fr.wikipedia.org › wiki › Argonautes

Eric Baude pour Danube-culture, complété le  26 février 2023,  © droits réservés

Le Bermet, un vin danubien unique au monde !

Bordée au nord par le Danube et au sud par un de ses principaux affluents, la Save1, une grande partie de ce massif, densément boisé et alimenté par un réseau hydrographique exceptionnel, a été classé pour son extraordinaire biodiversité en Parc National dès 1960 (www.npfruskagora.co.rs). Son périmètre a récemment encore été agrandi. Cette région, colonisée par l’homme dès le Paléolithique puis un des principaux centres de l’empire romain (Ier-IVe siècles ap. J.-C.)2, possède également un magnifique patrimoine archéologique et culturel. 35 monastères orthodoxes y ont été édifiés dont 15 subsistent encore aujourd’hui. La tradition vinicole régionale remonte à l’époque celte.

Le massif de la Fruška Gora et le Danube vue d’un satellite (photo wikipedia)

Un vin à l’élaboration secrète
Vin doux unique au monde, à l’origine boisson médicinale, fruit d’un mélange entre du raisin et une mystérieuse et longue macération composée d’un assemblage resté secret depuis plus de cinq cents ans de 27 plantes avec leurs fleurs et leurs fruits parmi lesquels l’absinthe qui lui donne une singulière note d’amertume, le Bermet a subjugué les plus prestigieuses courts européennes dès le Moyen-âge. Les Habsbourg semblent avoir été friands du Bermet, en particulier l’impératrice Marie-Thérèse qui en aurait offert comme cadeau à la Cour d’Angleterre en témoignage de sa reconnaissance. Elle aurait même, dit-on, dispensé les hommes de Sremski Karlovci des obligations de corvée militaire afin qu’ils puissent se consacrer entièrement à la culture de la vigne et à l’élaboration du Bermet.
Les vignerons de la Fruška Gora et producteurs de Bermet aiment encore à raconter comment leurs ancêtres réussirent à mettre ce vin sur les cartes des plus grands hôtels viennois. Ils envoyèrent dans la capitale des étudiants serbes qui étaient chargés de réclamer au personnel du restaurant un verre de Bermet en apéritif avant le déjeuner ou le diner. Devant la fréquence de cette demande en vin de Bermet les responsables des hôtels restaurants prirent la décision d’inscrire celui-ci sur leur carte et commencèrent à en importer de Sremski Karlovci. L’Académie des Sciences et des Arts Serbes conserve certaines cartes des vins des établissements qui proposèrent le Bermet à cette époque. Les mêmes vignerons eurent aussi l’idée d’ouvrir un restaurant dans la capitale impériale qui aurait exclusivement servi du vin de Bermet à ses clients.
On raconte par ailleurs que les passagers du Titanic se seraient laissés séduire par ses incroyables arômes et que peut-être la vigilance du malheureux commandant du prestigieux paquebot britannique aurait été trompée à l’aide ce divin breuvage. Le Bermet serait-il  à l’origine du tragique naufrage d’une nuit du mois d’avril 1912 ? On ne saura jamais non plus par quel chemin et pour quelles raisons ce breuvage s’est retrouvé à bord du paquebot britannique. Il se pourrait que ce vin serbe d’exception ait été proposé à la carte du restaurant mais il se pourrait également qu’un courtier en vin de Sremski Karlovci en ait fait expédier par bateau pour les États-Unis. Des bouteilles de Bermet ont été retrouvées intactes dans l’épave du Titanic et remontées à la surface en 1985.
   La teneur en alcool du Bermet oscille entre 16 et 18°. On le sert en apéritif ou en accompagnement de dessert (mariage idéal avec des desserts à la vanille) à une température de 18-20°, il est soit blanc ou rouge. Il peut être élaboré à partir de cépages Riesling, Graševina (Welschriesling), pour les blancs, Merlot, Portugieser (Portuguais bleu), Frankovka (Blaufränkisch), Župljanka, issu d’un croisement entre le Prokupač et le Pinot Noir,  Cabernet Sauvigon voire d’autres cépages suivant le vigneron pour les rouges). Ce vin ne peut être comparé à aucun autre vin doux ou d’apéritif. Sa complexité d’arômes, sa robe, sa longueur en bouche séduisent subtilement et offrent une finale surprenante mais très agréable.

Photo Danube-culture © droits réservés

La région de production est classée en appellation d’origine géographique protégée. Les meilleurs producteurs se trouvent dans la zone d’appellation protégée à Sremski Karlovci ou dans les villages de Kiš, Dulkin, Merc, Aleks, Kosović, Došen, Živanović, Marija Benišeka…

Notes : 
1 La Save, affluent de la rive droite, prend sa naissance dans les Alpes Juliennes à la hauteur de 1600 m, coule sur 940 km et rejoint le Danube au Km 1170, à la hauteur de Belgrade.
2 Sirmium (Sremska Mitrovica), ville fondée par une tribut celte, deviendra l’une des quatre capitales de l’Empire romain  à l’instauration de la Tétrarchie (293). Pas moins de dix empereurs naîtront dans la ville et dans ses environs.

Eric Baude pour Danube-culture © Droits réservés, mis à jour mars 2022

La rivière Sava, la cigogne handicapée et le vieil homme !

La Sava prend ses sources au sein du Triglavski Narodni Park (seul parc national de Slovénie) en deux endroits, à Slavinci (Sava Dolinka) et à Bohinj au pied du mont Komarča (Savica puis Sava Bohinjka) dans les Alpes juliennes slovènes, non loin des frontières italiennes et autrichiennes.

Source de la Sava Dolinka, sources Wikipedia, domaine public

Les deux cours d’eau se rejoignent et forme la Sava près de Radovljica. La rivière conflue avec le Danube à la hauteur de Belgrade (Km 1170), au pied de la vieille ville, de sa forteresse de Kalemegdan et de la Grande île de la guerre. Son cours, comme celui de la Tisza et ses rives marécageuses ont été considérablement aménagés pour l’agriculture par l’homme dans les siècles précédents. Celui-ci a coupé de nombreux méandres, réduit ainsi sa longueur de plusieurs dizaines de kilomètres, construit des canaux, drainant et assainissant de vastes territoires pour certains inondés régulièrement par les crues de la rivière. Comme pour ses affluents, la Drina, l’Una et la Kupa, la Sava fait office de frontière, parfois contestée, sur une partie de son cours.

Cette rivière nonchalante après Zagreb, serpente et inonde encore par ses crues périodiques de nombreuses prairies alluviales d’une exceptionnelle biodiversité telles celles de Lonjsko Polje (parc naturel, www.pp-lonjsko-polje.hr), Cernac Polje, Jelas Polje, Odransko Polje (Croatie) ou Donja Gradina (Bosnie-Herzégovine). Certaines d’entre elles ont été érigées en parcs ou réserves naturels. Le village de Čigoć dans le Parc Naturel de Lonjsko Polje s’est vu accorder en 1994 le titre de ≪Premier village européen des cigognes≫ !

Malena et son protecteur Stjepan Vokic !
En Croatie, sur les rives préservées de la Save, Stjepan Vokic, gardien d’école à la retraite, s’occupe depuis 24 ans de la cigogne Malena qu’une blessure a clouée au sol.
https://dai.ly/x6hwo12

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