Vukovar

   Vukovar a longtemps été le symbole d’une ville danubienne prospère et multiculturelle avec ses populations croates, serbes, slovènes, allemandes, juives, hongroises, tsiganes, italiennes… Après avoir été bombardée et en grande partie détruite par l’armée serbe pendant la dernière guerre en Yougoslavie, la cité danubienne croate récemment rénovée offre désormais un visage avenant à ses habitants et ses visiteurs mais les blessures douloureuses mettront encore longtemps avant de se cicatriser. 

   L’étymologie du nom de Vukovar fait probablement référence pour Vuk à Vuka, rivière qui traverse d’abord la ville pour se jeter dans le Danube à sa hauteur la ville et vár, château ou ville en langue hongroise, le nom de la rivière provenant du slave vuk, loup. Vukovar pourrait signifier selon une autre interprétation étymologique  « la ville des loups » (Wolfburg en allemand).

Vukovar à l’époque de l’occupation ottomane, gravure de 1608

   Son histoire remonte à l’époque de la culture de Vučedol (3000-2400 avant J.-C.). Elle se retrouve dans l’Empire romain et au milieu d’un réseau de forteresses qui protègent la frontière du Danube (Limes). Les peuples slaves parmi lesquels des tributs croates envahissent le bassin du Danube et colonisent la région à partir du VIe siècle. Vukovar appartient à la principauté de Croatie au IXe siècle et se voit dotée d’une forteresse au Xe siècle avant de devenir avec sa région de Slavonie alliée puis territoire de la couronne de Hongrie pendant le Haut-Moyen-Âge .
De 1526 à 1687, Vukovar et sa région sont sous domination ottomane puis après les défaites turques de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècles elle appartient, au sein de l’empire autrichien, à la couronne hongroise jusqu’en 1918.

Vukovar sur la carte du Danube de Florian Pasetti, 1862. De nombreux moulins-bateaux sont ancrés devant la ville et en amont

   La ville abrite alors le siège du comté de Syrmie dans la province de Slavonie. À la fin de la première guerre mondiale Vukovar est rattachée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui prendra le nom le Royaume de Yougoslavie par la suite. Pendant la seconde guerre mondiale, la région fait partie de l’État fasciste indépendant de Croatie (1941 à 1945) puis sera libérée par l’armée des partisans de Tito et intégré à la République fédérative populaire puis République fédérative socialiste de Yougoslavie.
Située dans la partie méridionale de la plaine pannonienne, dans la région croate de Slavonie, abondant grenier à blé, surnommée autrefois « La petite Vienne » comme Timisoara, la capitale du Banat roumain ou encore Ruse, grand port danubien bulgare, au confluent de la Vuka (114 km) avec le Danube (rive droite), Vukovar était riche d’un patrimoine architectural baroque, hérité de son passé austro-hongrois.

Château des comtes d’Eltz, carte postale ancienne

Croates, Serbes, Hongrois, Juifs, Italiens, Allemands, notamment, ont toujours cohabité pacifiquement après le retour de la ville dans le royaume de Hongrie et ce jusqu’à ce que l’effondrement de la Yougoslavie et les événements tragiques de la fin du XXe siècle ne viennent bouleverser les relations intercommunautaires serbo-croates qui, près de trente ans après le siège de trois mois (bataille de Vukovar), la destruction de la ville et le massacre d’une partie de ses habitants par l’armée yougoslave et les paramilitaires serbes, restent animées par une méfiance réciproque.

Le monument aux héros croates de Vukovar sur les bords du Danube fait face à la rive serbe, photo © Danube-culture, droits réservés

À Vukovar la purification ethnique animée par une haine de l’autre s’en est pris non seulement à la population multiculturelle, non seulement à tous les monuments symboliques de l’histoire et des activités de la de la ville mais aussi aux maisons, au paysage urbain, à l’existence même de la ville.

Vukovar rénové, photo © Danube-culture, droits réservés 

La cité croate de la rive droite du Danube d’environ 28 000 habitants a fait depuis 2011 de très importants efforts de restauration de ses monuments historiques et cherche à retrouver son dynamisme touristique. Musées, évènements culturels, activités de loisirs, parcs naturels, port de plaisance offrent désormais aux visiteurs un portrait attachant de cette petite ville danubienne.

Le port de plaisance, photo © Danube-culture, droits réservés

Vukovar est la ville natale de Lavoslav Ružíčka (1887-1976), prix Nobel de Chimie (1939) dont la famille comptait des membres d’origine tchèque, autrichienne, allemande et croate ainsi que de l’écrivaine et poétesse croate Ivana Simić Bodrožić (1982) dont le roman  Hôtel Z (Actes sud 2012) a été traduit et publié en français.

Maison natale de Lavoslav Ružíčka (1887-1976), photo domaine public

« Il y a des villes qui ont la cote, Sarajevo, bien sûr, Mostar naturellement, bientôt Mitrovica. Curieusement Vukovar ne fait partie du lot. Pourtant la cité danubienne, détruite en 1991 lors de la première grande confrontation guerrière au sein de l’ancienne Yougoslavie est symbolique à plus d’un titre. Peuplée de Croates et de Serbes, elle est située à mi-chemin entre la Forêt-Noire et la mer Noire. Elle a été définitivement récupérée parla Croatie en janvier 1998 seulement, après avoir vécu sous administration des Nations Unies depuis les accords de Dayton, en 1995… »
Martin Graff, « Weekend à Vukovar » in Voyage au jardin des frontières, Desmaret, Strasbourg, 2000

Office de tourisme de Vukovar :
turizamvukovar.hr

Danube-culture © droits réservés, mis à jour février 2022

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