Entre Linz et Passau : les ruines du château-fort de Haichenbach

   L’ancien château-fort moyenâgeux de Haichenbach, dénommé également « Les ruines de Kerschbaum », sur la rive gauche haute-autrichienne, entre Passau et Linz, à la hauteur du PK 2188, 50, domine le fleuve depuis ses 471 mètres. Cette place forte occupait autrefois une position stratégique extrêmement favorable, d’un côté en amont et de l’autre en aval du méandre de Schlögen (PK 2182, 20) ! Il était donc possible à son occupant de suivre facilement voire de contrôler le trafic intense de tous les bateaux circulant sur le fleuve en contrebas. Ce château et son emplacement d’exception ont donc rapidement suscité une certaine convoitise.

 Il est possible que seule la tour ait été au préalable édifiée. C’est du moins ce qu’indique le joint de construction de la maçonnerie adjacente à celle-ci. La forme de ce château, construit à même des rochers en hauteur et étroits, ressemble étrangement à la proue d’un bateau. Son emplacement idéal permettait à la haute tour de surplomber non seulement la vallée fluviale mais aussi l’ensemble des environs sur une grande distance, en amont de la courbe de Schlögen comme en aval, conférant à la construction un caractère défensif. La fonction de la tour de guet était également de protéger en même temps la zone du château-fort située à l’arrière donnant également sur le Danube.

La tour du château-fort de Heichenbach, sur la rive gauche du Danube (Haute-Autriche)

   Les châteaux de Marsbach et de Rannariedl étant devenus des propriétés privées, c’est la seule possibilité actuelle d’avoir un point de vue exceptionnel sur le méandre de Schlögen depuis la rive gauche.

Le château de Marsbach, gravure de Georg Matthäus Vischer, 1674

Rannariedl, Detroit Publishing Company, 1905 ; Forms part of : Views of the Austro-Hungarian Empire in the Photochrom print collection.

   Toutes sortes de légendes entourent l’ancien château-fort de Haichenbach depuis longtemps abandonné, situé au-dessus de ce que l’on peut considérer comme le plus célèbre et peut-être le plus beau des méandres de tout le cours du Danube, la courbe de Schlögen (« Die Schlögener Schlinge »).

 Vue sur le Danube depuis les ruines du château-fort d’Heichenbach, photo © danube-culture, droits réservés

   L’histoire du château ayant été peu à peu oublié au cours du temps, les habitants des environs donnèrent à ses ruines le nom d’une ferme située à proximité : le château du cerisier (« Kerschbaumer Schlössl »), Kerschbaum signifiant cerisier en dialecte haut-autrichien.

Un lieu mystique et chargé d’énergies, photo © danube-culture, droits réservés

   Une légende qui ressemble à bien d’autres légendes liées à des places fortes dominant le Danube, est associée à ce curieux nom. Elle raconte l’histoire d’un châtelain qui, avec une bande de sinistres compagnons, guettait et attaquait les marchands qui descendaient le fleuve avec leurs bateaux et leurs précieuses cargaisons. Les pillards sans scrupule n’hésitaient pas non plus à procéder, si besoin, à des enlèvements pour augmenter leur butin. C’est ainsi que le châtelain aurait un jour capturé un marchand et l’aurait retenu dans son château, attendant la rançon qu’ils exigeaient pour les libérer. Le marchand emprisonné jura de se venger et mit toute sa colère en crachant un noyau de cerise à travers les barreaux de la fenêtre de sa cellule. Des années passèrent. Entretemps ce noyau avait donné naissance à un magnifique cerisier qui avait poussé juste contre le mur d’enceinte du château-fort ce qui permit un jour à des assaillants, exaspérés des agissements malhonnêtes de l’occupant du château, de pénétrer dans la forteresse en grimpant sur le cerisier. Ils tuèrent le châtelain avec ses compagnons brigands concrétisant ainsi, longtemps après, le voeux de de se venger de l’ancien prisonnier.
Eric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour novembre 2024

Vue sur le Danube depuis les ruines du château-fort d’Heichenbach, photo © Danube-culture, droits réservés

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