Iosif Ivanovici, compositeur de la valse « Les flots du Danube » (Valurile Dunǎri, Donauwellen)
Iosif (Iosip, Jovan, Ivan, Joseph) Ivanovici (1845-1902), compositeur prodigue, musicien et chef d’orchestre originaire de la communauté serbe du Banat, est né à Timişoara (Temeswar, ou anciennement Temeschburg)1, ville roumaine située à cette époque dans l’Empire autrichien.
Il s’initie enfant à la flûte et la musique en autodidacte puis s’enrôle à l’âge de 14 ans dans l’armée roumaine (6ème régiment) et fait son apprentissage militaire et ses études musicales à Galaţi avec Alois Riedl (clarinette) et à Iaşi avec Emil Lehr. Il exerce ensuite en tant que directeur d’harmonies militaires au bord du Danube et se retire à Bucarest. Sa carrière culmine en 1900 lorsqu’il est nommé inspecteur général des musiques militaires roumaines, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1902.
I. Ivanovici, lauréat du Grand Prix de la Marche à l’Exposition Universelle de Paris en 1889 parmi 116 postulants, a composé plus de 350 oeuvres parmi lesquelles des fanfares, des marches, des valses, des chansons et divers potpourris (La vie de Bucarest, Un rêve sur la Volga, Nathalia, Abendtraüme, Der Liebesbote, Sur le bord de la Neva…). Elles sont souvent inspirées du folklore roumain et dédiées à des personnalités et des évènements de son époque tout comme à des villes et des fleuves d’Europe centrale et orientale. La plus grande partie de ses oeuvres, pourtant publiés par plus de 60 maisons d’édition, tomba dans l’oubli peu après sa mort à l’exception de sa valse Les flots du Danube.

Sa pièce la plus célèbre, Valurile Dunǎri (Die Donau wellen, Les flots du Danube) en la mineur, a été écrite, lors de son séjour à Galaţi, pour l’un des ensembles militaires qu’il dirigea (l’harmonie militaire du 11ème régiment du Seret ?). Il réalisa également une version pour piano qui fut publié en 1880 à Bucarest par Constantin Gebauer (1846-1920), un éditeur d’origine autrichienne, fils d’un professeur de piano installé en Roumanie. I. Ivanovici dédie cette valse à la femme de celui-ci, Emma Gebauer. Des paroles furent ajoutées à la danse sur la suggestion de l’éditeur.
Cette oeuvre a été souvent confondue avec le cycle de valses Sur le Beau Danube Bleu de Johann Strauss junior. La version pour orchestre symphonique des Flots du Danube date de 1886 ; son auteur, le compositeur strasbourgeois Emile Waldteufel (1837-1915)2, la réalisa d’après la version pour piano. Cet arrangement fut révisé ultérieurement par Constantin Bobescu (1899-1992).

Un des nombreux arrangements des Flots du Danube avec des paroles en français, photo Danube-culture, droits réservés
L’oeuvre a fait depuis l’objet de nombreux autres arrangements y compris pour des musiques de films et des chansons parmi lesquels celui singulier et aux tonalités sentimentales très kitsch, chanté en allemand dans un tempo très lent par l’icône tchécoslovaque de l’époque, Karel Gott, datant des années soixante-dix :
Autres oeuvres inspirées par le Danube et son contexte composées par I. Ivanovici :
Pe Dunăre (Mazurka)
Zâna Dunării (La fée du Danube)
Souvenir de Brăila (Quadrille)
Marche du 11ème régiment du Seret (Siret)

Marche du 11ème régiment du Seret, dédiée au colonel et également publiée à Bucarest chez Constantin Gebauer, archives de la Bibliothèque V.A. Aurechia de Galaţi (remerciements à V. Cilincǎ pour la photo).
Eric Baude, janvier 2019, tous droits réservés
Sources :
Cosma, Viorel (2001). Muzicieni din România. Lexicon (vol. IV), Editura Muzicală, București.