L’église saint-François d’Assise de Leopoldstadt (Vienne)

   Aucun capitaine de bateau ne devrait passer à Vienne sans saluer l’église Saint-François d’Assise et sa chapelle dédiée à l’impératrice Sissi de style Sécession.
Cette église paroissiale catholique monumentale de style roman rhénan, classée monument historique, se trouve sur la rive droite du Danube dans le quartier de Leopoldstadt. En raison de son emplacement sur la place du Mexique, les Viennois la surnomment familièrement «l’église du Mexique».

Photo Danube-culture, © droits réservés
Saint-François d’Assise est aujourd’hui la seule église de Vienne directement au bord du fleuve. Ce monument, dédié au jubilé du 50ème anniversaire du règne de l’empereur François-Joseph Ier (1830-1916), doit sa réalisation à un comité fondé en 1898 qui décida du lancement d’une souscription publique pour la construction d’une grande église sur la rive droite du Danube.
Le projet de construction de l’architecte Victor Lunz (1840-1903) s’est inspiré de la basilique romane St Martin Majeure de Cologne (XIIe siècle), sur la rive gauche du Rhin.

Saint-Martin Majeure de Cologne

   Après la mort de Victor Lunz, lui succède August Kirstein (1956-1939), architecte d’origine allemande à qui l’on doit également le Musée romain de Carnuntum. L’édifice en brique devait servir à l’origine de paroisse de garnison d’où sa taille impressionnante. Les trois tours massives, d’une hauteur de 73 m, recouvertes de tuiles rouges, se voient de très loin. Les toitures en bois des trois entrées principales prévues à l’origine pour les cérémonies d’inauguration sont toujours en place.

Saint-François d’Assise, Vienne, photo droits réservés

   L’empereur, entouré de plusieurs personnalités religieuses et politiques et d’une foule de plus de 100.000 personnes assiste à la pose de la première pierre en 1900 tout comme à son inauguration provisoire le 2 novembre 1913. Le monument sera achevé après la Première Guerre mondiale. Son apparence restera pratiquement inchangée jusqu’à aujourd’hui.

Coupole de la chapelle dédiée à Élisabeth d’Autriche, photo © Danube-culture, droits réservés 

La chapelle commémorative (1907) octogonale et à l’architecture néo-romane, dédiée à l’impératrice Élisabeth d’Autriche (1854-1898) et qui a été érigée dans le transept gauche de l’église saint-François d’Assise de Vienne, au bord du Danube, est, avec son autel Sécession (Jugendstil), ses décors, sa coupole en mosaïques, son lustre, sa grille en fer forgé et d’autres éléments, un des trésors viennois de l’Art nouveau les plus élaborés de ce mouvement artistique.

Photo © Danube-culture, droits réservés

Sa construction, initiée par l’archiduchesse Marie-Thérèse de Bragance (1855-1944) après l’assassinat de l’impératrice Sissi à Genève en septembre 1898, fut financée par des dons spécifiques à la Croix-Rouge, dont l’impératrice avait été la première protectrice. Les murs de la chapelle, consacrée en 1908 en présence de François-Joseph, sont recouverts de marbre. Au-dessus du Christ de l’autel trône la merveilleuse mosaïque de la douce, sereine et humble sainte-Élisabeth de Thuringe ou de Hongrie (1207-1231), due à l’artiste viennois Carl Ederer (1875-1951) avec dans son manteau un bouquet de roses, symbole du miracle de sainte-Élisabeth. Huit anges, levant les bras au ciel en portant des couronnes de laurier, attirent le regard du visiteur vers le sommet de la coupole.

La mosaïque de Sainte-Elisabeth de Thuringe, photo © Danube-culture, droits réservés

Une inscription gravée sur une pierre de la place du Mexique indique un fait peu connu : le Mexique fut le seul pays en 1938, à l’exception de l’Union soviétique, à protester officiellement devant la Société des Nations contre l’annexion de l’Autriche par le Reich national-socialiste allemand.

Photo © Danube-culture, droits réservés

C’est en mémoire de cet événement que la ville de Vienne a donné à l’emplacement en 1956 le nom de « Place du Mexique ». Comme la place possède depuis longtemps plusieurs embarcadères sur le fleuve, ses environs ont toujours été réputés pour abriter du trafic de marché noir en tous genres.

Eric Baude, Danube-culture, © droits réservés, mis à jour janvier 2023

Saint-François d’Assise et le Danube pris par les glaces, hiver 1929

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