Napoléon et l’île de la Lobau (campagne d’Autriche de 1809) II

   L’île de la Lobau et ses environs est un parc naturel de la rive gauche à la périphérie de Vienne et à la riche biodiversité. Il et situé en majeure partie dans le périmètre de la capitale autrichienne. Sur le plan historique il représente aussi un grand et légitime intérêt pour les nostalgiques des campagnes napoléoniennes. Un parcours jalonné de stèles et d’explications permet d’aller à la rencontre de la présence des troupes françaises en 1809 et de suivre leurs affrontements avec les armées autrichiennes.

   Entre le 10 mai et le 6 juillet 1809 à l’occasion de la deuxième campagne d’Autriche, eurent lieu à Aspern, Essling, Groß-Enzersdorf et dans les environs, sur l’île de la Lobau, au milieu des méandres danubiens et bien avant que les grands travaux de canalisation du Danube de la deuxième moitié du XIXe siècle ne bouleversent et ne fassent disparaître l’extraordinaire complexité de ce paysage fluvial, de nombreux affrontements entre les troupes napoléoniennes et autrichiennes. Le 22 mai se déroule la bataille dite d’Aspern-Eßling, considérée comme une victoire par les Autrichiens dont les troupes, bien supérieures en nombre, étaient alors commandées par le prince Charles de Habsbourg (1771-1847), fils de l’empereur Léopold II (1747-1792). Le maréchal Jean Lannes (1769-1809), gravement blessé à cette occasion, mourra quelques jours plus tard.

Albert-Paul Bourgeois (?-1812), le maréchal Jean Lannes blessé à la bataille d’Essling, huile sur toile, 1809-1812, collection du château de Versailles, domaine public

6 stèles (obélisques) napoléoniennes et une route Napoléon (Alte Napoleon Straße et Napoleon Straße) commémorent le passage de la Grande Armée dans la Lobau où elle s’est quelque peu fourvoyée.
   La première des stèle, « La tête de pont des Français » (Brückenkopf der Franzosen) se trouve désormais sur la Lobgrundstraße (rue Lobgrund) à l’entrée des installations et du port pétroliers de Vienne. Les premiers éléments des armées napoléoniennes (la division du général Molitor) débarquèrent sur l’île de la Lobau à cette hauteur après avoir traversé sur des embarcations le Danube en venant de Kaiserebersdorf (quartier de Vienne sur la rive droite). Ils s’appliquèrent à construire tout d’abord deux ponts puis un troisième sur lesquels ne purent toutefois traverser qu’une partie des troupes avant que les Autrichiens ne les détruisent en laissant dériver depuis l’amont du fleuve des brûlots, bateaux-moulins en feu et des barques chargées de pierre que leur avaient fourni des bateliers du Danube expérimentés.
   La deuxième stèle, toute proche (traverser la voie ferrée et se diriger vers le « Panozalacke » et le « Fasangarten Arm », un ancien bras du fleuve) indique l’emplacement du quartier général de Napoléon (Napoleon Hauptquartier) en mai 1809.

La stèle du quartier général de Napoléon, photo © Danube-culture, droits réservé

   La troisième stèle (Napoleonstraße) se tient au carrefour de la Napoleonstraße et de la Vorwerkstraße (la route Napoléon qu’il faut suivre vers le nord en revenant sur ses pas et en tournant à gauche). Au-delà du bras mort d' »Oberleitner Wasser », en direction d’Eßling, on peut apercevoir le bastion de Napoléon (Napoleonschanze).

La stèle de la route Napoléon, photo © Danube-culture, droits réservés

Puis on suivra la « Vorwerkstraße » dans la direction de Groß-Enzersdorf en passant devant ou en visitant le joli Musée de l’histoire de la Lobau (Lobaumuseum) pour atteindre deux autres stèles, celle du « Cimetière des Français » (Franzosenfriedhof) et celle du « Magasin à poudre » (Napoleons Pulvermagazin). La dernière stèle commémorative, dite du « passage des Français », située un peu plus loin dans la direction de l »Uferhaus Staudigl », une auberge populaire très fréquentée à la belle saison (Lobaustraße 85, 2301, Groß Enzersdorf) marque l’endroit où les armées napoléoniennes franchirent depuis l’île de la Lobau, dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809 et par un temps exécrable, un dernier bras du fleuve pour atteindre la région du Marchfeld et rejoindre Wagram.

Charles Meynier (1768-1832), « Le retour de Napoléon sur l’île de la Lobau après la bataille d’Essling, 23 mai 1809 », détail, huile sur toile, 1812, collection du château de Versailles

   Deux peintures historiques aux tonalités contrastées traitent de ces tragiques affrontements : celle du peintre français Charles Meynier (1768-1832) « Le retour de Napoléon sur l’île de la Lobau après la bataille d’Essling, 23 mai 1809 » et celle postérieure du peintre, graveur et écrivain autrichien Anton, Ritter von Perger (1809-1876), « La traversée de Napoléon depuis l’île de la Lobau après la bataille perdue d’Aspern. » huile sur toile, 1845.

Anton, Ritter von Perger (1809-1876), « La traversée de Napoléon depuis l’île de la Lobau après la bataille perdue d’Aspern » , huile sur toile, 1845

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Eric Baude, © Danube-culture, mai 2023, droits réservés
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