Un projet de centrale hydroélectrique à la hauteur de l’île de Wörth (Strudengau) en 1924

   Le magnifique défilé fluvial naturel de la Strudengau et l’île de Wörth ont échappé en 1924 à un projet de construction d’une centrale hydroélectrique. De nombreux autres études pour l’édification de barrages à des fins de production d’électricité sur le Danube autrichien ont existé depuis le début du XXe siècle parmi lesquels ceux de Korneuburg-Klosterneuburg (1909), Mauthausen-Wallsee (1911), Korneuburg-Schönau (1926), Greifenstein (1927), Persenbeug (1938-1944). Par la suite, entre 1956 et 1998, ce n’est pas moins de dix centrales hydroélectriques sur douze de prévues qui ont été construites, entre les kilomètres 2203,3 (barrage de Jochenstein à la frontière germano-autrichienne) et 1921,1 (barrage de Vienne-Freudenau) soit 10 barrages sur un parcours de 282, 2 km ! Deux projets qui auraient considérablement modifié la physionomie des paysages et la biodiversité danubienne ont heureusement été abandonnés : Rührsdorf (Rossatz-Arnsdorf)-Weißenkirchen en Wachau, en amont du village de Dürnstein et Hainburg en aval de Vienne. Une onzième centrale hydroélectrique à la dimension et à la production beaucoup plus modestes a été érigée entre 1992 et 1998 à l’entrée amont du Donaukanal (Nußdorf). Quant au Danube hongrois sur les quatre projets initiaux de construction de centrales hydroélectriques entre Szob à la frontière austro-slovaque et Mohács, aucun d’entre eux n’a vu le jour.

Légende :
1) Râteau de protection de la centrale hydroélectrique 2) Fosse supérieure 3) Double chambre d’écluses 4) Écluses 5) Chenal vers l’amont 6) Chenal vers l’aval 7) fosse inférieure 8) Canal de la navigation 9) Île de Wörth 10) Struden 11) Ruisseau du  Giessenbach 12) Hößgang  

La centrale hydroélectrique de Struden, un projet des entreprises Universale, Mayreder, Krauss et SSW (1924)
   Le Danube sera barré à l’extrémité amont de l’île de Wörth, près de Struden, par un barrage à sept ouvertures de 28 m de large chacune et d’environ 1,6 m de hauteur. Le débit d’exploitation de 1520m3/seconde s’écoulera par un ouvrage d’entrée disposé perpendiculairement au barrage. Un canal amont amènera l’eau vers la centrale électrique, située à l’extrémité inférieure du bras de Hößgang. La centrale hydroélectrique sera complétée par une une double écluse avec des chambres d’un gabarit de 22 m, accessibles par l’amont et l’aval. Il est prévu un déversoir de crue sur le bras nord du Danube. La centrale électrique sera équipée de dix turbines d’une puissance maximale de 120.000 cv. La puissance moyenne de production annuelle prévue sera de 550 millions de kwh. L’emplacement de la retenue (cote 228,60) a été choisi pour être environ 3 m plus haut que les autres projets de centrales sur le Danube dans le défilé de la Strudengau.

Le Danube en Strudengau à la hauteur de l’île de Wörth et des ruines du château-fort de Werfenstein : un si beau paysage ! Collection particulière.

« Le Danube, qui a été utilisé pour de nombreux symboles dans l’histoire, est depuis longtemps devenu un symbole de la nature détruite – en Autriche, cependant, c’est aussi un symbole des premiers succès du mouvement de protection de l’environnement. L’abandon des projets de construction des centrales de Zwentendorf et de Hainburg marquent des tournants dans l’histoire de la seconde république autrichienne. Ils représentent des événements politiques qui ont ébranlé les certitudes sociales et interrompu l’existant. Les deux lieux de mémoire sont sur le Danube ; leur assimilation narrative est en grande partie achevée. Les mythes qui les entourent peuvent être complétés par un récit des centrales hydroélectriques qui ont été construites sur le Danube ; ils apparaissent ici comme les deux faces d’une même médailles. »
Otrun Veichtlbauer, « Donau-Strom, über die Herrschaft der Ingenieur », in C. Reder und  E. Klein, Graue Donau, Schwarze Meer, Éditions Transfer Springer, Wien- New York, 2008
https://www.academia.edu/1609680/Donau_Strom_Über_die_Herrschaft_der_Ingenieure

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