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Un Fribourgeois sur le Danube hongrois dans les années 1880
Article classé dans : Itinérances
Il a existé, bien avant les constructions souterraines contemporaines, de nombreuses légendes nées dans l’imaginaire des riverains du fleuve sur des tunnels ou des souterrains qui auraient été creusés sous le Danube pour aller à pied d’une rive à l’autre ou pour rejoindre une île. Ces tunnels étroits pouvaient être creusés à un endroit des bords du fleuve où se dressaient autrefois une tour de guet du Limes, un château-fort médiéval, une église, un monastère ou d’autres ruines de monuments importants.
On raconte qu’un souterrain secret partait de la vieille église orthodoxe de Sfânta Precista sur la falaise de Galaţi (Roumanie) pour rejoindre la rive droite et échapper provisoirement aux envahisseurs.
La plupart de ces histoires n’ont pas de réalité propre, probablement parce que construire un tunnel sous un fleuve tel que le Danube est une entreprise considérable et qu’il est quand même beaucoup plus facile de le traverser, quand il n’existe pas de pont, à la rame ou à l’aide d’un bac ou pour les plus audacieux, à la nage !
Un seul tunnel pédestre sous le Danube hongrois existe réellement. Son propriétaire, la Compagnie régionale des eaux du Danube, l’ouvre au public une unique fois par an.
Le tunnel de service traverse le fleuve juste à l’endroit où la construction du barrage de la centrale électrique de Nagymaros avait été prévue. Son entrée se situe au PK 1696 Ce tunnel utilitaire, construit par Mélyépterv Zrt, a été creusé en 1995. Des câbles électriques et des conduites d’eau ont été installés dans le tunnel ainsi qu’un système de tuyaux de drainage dans le gravier qui permettrait d’obtenir quotidiennement plus de 3000 mètres cubes d’eau douce. Imaginez un tuyau qui fuit sous le lit du Danube et au-dessus du tunnel et par lequel les graviers filtrent toute la boue de l’eau douce. Cela ne fonctionne certes toujours pas mais c’est déjà en place.
Après l’entrée du tunnel on descend quelques marches pour arriver dans une salle où l’on voit une petite exposition entre les vannes, les conduits et les tableaux électriques. Cette exposition présente deux thématiques ; d’une part elle nous donne des informations sur la nature, la flore et la faune locales, d’autre part, elle aborde le sujet de la construction abandonnée du barrage contesté de Nagymaros. Celui qui n’a pas la patience (et le temps) de lire toutes les informations peut contempler les illustrations sur les paysages du « Dunakanyar » (Coude du Danube) défiguré par l’ouvrage hydroélectrique
Le voyage sous le fleuve commence après une présentation de l’accompagnateur.Des câbles et des tuyaux entourent le visiteur non seulement des deux côtés, mais aussi au-dessus de sa tête. Il y a toutes sortes de câbles, électriques, internet et pour le système de contrôle automatique. Dans le conduit du côté droit coule un un égout, dans ceux de gauche deux tuyaux d’eau douce, dont un seul seulement fonctionne. Le tunnel, construit en anneaux de béton, possède un diamètre de 3 mètres et passe à 17 mètres sous la surface du fleuve. Son tracé a été élaboré dans le sous-sol volcanique du lit du Danube à l’aide d’explosifs. Le tunnel est recouvert de 4 mètres de gravier fluvial.
À certains endroits, en raison de la pression, l’eau s’infiltre et forme de petites pierres d’égouttement en béton ressemblant à des stalactites. Pour éviter que ce phénomène ne se propage, il est nécessaire d’injecter de la graisse. Malgré celle-ci, de petites gouttes d’eau scintillent aux extrémités des stalactites. Après qu’elles soient tombées par terre, elles forment des stalagmites sur le sol du tunnel. Il s’agit d’une infiltration d’eau tout à fait insignifiante et le tunnel a été bien évidemment été construit pour parer à des dysfonctionnements plus importants. Le tunnel d’une longueur 550 mètres de long est divisé en sections séparées par des portes verrouillées ce qui permet, en cas d’incendie ou d’accident, de protéger le système général et de limiter les dégâts. Ces portes ne pourraient toutefois pas résister à une importante intrusion d’eau. C’est pourquoi l’entrée du tunnel a été construite au-dessus de la ligne des hautes eaux. On peut franchir ce tunnel même avec un vélo et de cette façon, s’il était ouvert au public toute l’année, économiser le coût d’une traversée en bac !
Ce petit voyage insolite sous le Danube hongrois en amont de Budapest ne dure qu’à peine 5 minutes mais il n’est pas inintéressant d’écouter les propos de l’accompagnateur qui partage de nombreuses informations sur l’ouvrage et sur la construction abandonnée du barrage et de la centrale hydroélectrique de Nagymaros ainsi que sur le fonctionnement des services publics qui traversent le fleuve grâce au tunnel. L’accueil des visiteurs par les employés de la Compagnie régionale des eaux est de plus très chaleureux. Pour conclure la visite la signature du livre d’or est bien sûr indispensable !
Pour les curieux, il leur faudra patienter jusqu’à l’année prochaine car le tunnel a été accessible au public les 25 et 26 mars 2023.
Sources :
dunaiszigetek.blogspot.com
Un grand merci à Dániel Szávoszt-Vass pour les informations publiées sur le site à propos de ce tunnel.
Informations sur la page (en hongrois) de la Compagnie régionale des eaux :
dmrvzrt.hu
Eric Baude pour Danube-culture, mai 2023