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Hristo Botev et le « Radetzky »
Article classé dans : Histoire, mythologie, étymologie, symbolique
« Тих бял Дунав се вълнува » (« Le Danube blanc et silencieux ondoie joyeusement… ») est le premier vers du poème écrit le 29 mai 1876 par le poète bulgare Ivan Vazov (1850-1921)
C’est en apprenant l’exploit du révolutionnaire bulgare Hristo Botev (1848-1876) sur le Danube près de Kozloduy qu’Ivan Vazov compose ces vers. Le poète relate l’évènement dans ses mémoires : « Nous étions tous exaltés : les détails de cet entreprise audacieuse, semblant tout droit sortir d’une légende, circulaient de bouche à oreille. Profondément impressionné par cet cet évènement, j’ai écrit « Le Danube blanc et silencieux ondoie joyeusement » qui est devenu rapidement très populaire. Dans les cafés, les auberges les rues où nous nous rencontrions, nous discutions tout le temps du héros bulgare : toutes nos conversations commençaient et se terminaient avec cet incroyable exploit de notre compatriote révolutionnaire. Mon poème a ensuite été adapté pour en faire un chant patriotique. »
Le titre original du poème est en fait « Radetzky » du nom du bateau à vapeur autrichien de la D.D.S.G. commandé par le capitaine Dagobert Engländer à bord duquel Hristo Botev et ses hommes embarquèrent incognito le 16 mai 1876 depuis le port de Giurgiu, sur la rive roumaine puis qu’ils détournèrent et forcèrent à accoster le lendemain sur le rivage bulgare à Kozloduy pour les débarquer. Hristo Botev sera tué peu de temps après par les Ottomans sur le mont Okolshitsa le 1er juin 1876. Cette chanson patriotique, inspirée de ce poème comporte un nombre variable de strophes. La version originale en comptait plus de vingt.
Hristo Botev et Ivan Vazov ont eu une relation intéressante. À l’âge de 15 ans, Vazov se rendit dans la ville de Kalofer où il fut engagé comme assistant du célèbre professeur Botio Petkov, le père de Hristo Botev. Le vieux Petkov s’est fait beaucoup du souci pour son fils qui avait été renvoyé du lycée d’Odessa. Ivan Vazov et Hristo Botev se rencontreront ultérieurement.
La mélodie originale de cette chanson serait l’œuvre d’un compositeur bulgare anonyme. Certaines sources affirment que même l’auteur de la version musicale que nous connaissons aujourd’hui est également inconnu. Mais dans la biographie du musicien bulgare Ivan Karadzhov, il est mentionné que celui-ci aurait écrit la musique sur le poème d’Ivan Vazov.
Rebelle et personnage public, Ivan Karadzhov est né dans le sud-ouest de la Bulgarie occupée par l’Empire ottoman. Diplômé de l’École masculine bulgare de Thessalonique, il rejoignit l’Organisation révolutionnaire macédonienne interne qui luttait pour libérer de l’occupation turque les régions de l’ethnie bulgare en Macédoine. Il étudia par la suite à l’Ecole vocale impériale de Saint-Pétersbourg, dont il est sorti diplômé en 1902. C’est en 1909, alors qu’il est professeur de musique, qu’il aurait composé sa mélodie sur les vers d’Ivan Vazov. Cette chanson fut interprétée pour la première fois par la fanfare de son école ce qui lui attira de graves ennuis de la part des autorités turques.
« Le Danube blanc et silencieux ondoie joyeusement… »
Le Danube blanc et silencieux ondoie joyeusement
Et le Radetzky flotte majestueusement sur ses vagues d’or,
Mais Lorsque les rives de Kozloduy se montrent,
Une trompe sonne sur le bateau et un drapeau est brandit,
De juvéniles héros bulgares montrent leurs visages,
Leurs fronts ont la fierté du Lion, leurs regards sont plein de ferveur,
Leur jeune chef se tient fièrement devant eux,
s’adressant au capitaine en tenant un couteau dans sa main,
Je suis un soldat bulgare, voilà mes hommes,
Nous allons nous battre pour la liberté, le sang coulera aujourd’hui,
Nous devons combattre pour la Bulgarie
Afin de l’aider à se débarrasser d’une pesante tyrannie…
https://youtu.be/L5Rd3qLljj0?feature=shared
Sources :
BELZOVSKA, Albena, « The history of Still White Danube », BNR, Radio Bulgaria, 2015
Éric Baude pour Danube-culture, © droits réservés, mis à jour octobre 2024