Articles associés
Les 10 pays riverains du Danube
Article classé dans : Géographie hydrographie, cartographie, climatologie, géologie
Les ponts sur le Danube : : entre méfiance ancestrale et coopération (une longue histoire…)
Il y a bien longtemps, depuis l’Antiquité, que la construction de ponts sur le Danube comme d’ailleurs la construction de canaux reliant le Danube à d’autres grands fleuves ou à la mer, projets parfois difficilement réalisés voire abandonnés, fait couler beaucoup d’encre et agite de nombreuses sphères, en particulier politiques et techniques. La destruction et la reconstruction des ponts demeurent un symbole de l’histoire tourmentée des pays danubiens et de leurs relations avec le fleuve et entre eux. L’édification de nouveaux ouvrages, principalement en raison de l’explosion du trafic et du transport routier, est à nouveau d’actualité. Jamais autant de ponts (132 en 2024) n’ont enjambé les eaux danubiennes qu’en ce premier quart de XXIe siècle.
132 ponts de toutes sortes, ponts rails, ponts rails-route, ponts autoroute, ponts pipe-line, ponts barrages, ponts piétonniers ou passerelles en comptant le récent ouvrage de Brǎila et les nouveaux ponts de Komárno-Komarom et de Linz dont un ne fait que remplacer l’ancien ouvrage de chemin de fer détruit en 2016, franchissent aujourd’hui le Danube depuis Kelheim jusqu’aux portes du delta. Parmi les ouvrages les plus récents, celui espéré depuis fort longtemps et objet de nombreux enjeux, enjambe le Bas-Danube entre Vidin (Bulgarie) et Calafat (Roumanie). Un autre, inauguré en décembre 2014, s’élève au dessus du fleuve et relie les deux rives de la capitale serbe. Plusieurs autres ponts sont actuellement en projet et vont impacter la nature des déplacements d’une rive à l’autre du fleuve tout en déviant le trafic sur certains axes routiers.
La construction d’un pont sur le Danube, en particulier sur le bas-Danube et quand il relie deux pays, dans un contexte de coopération régionale souvent délicat, est toujours un évènement et le pont roumano-bulgare Vidin-Calafat n’a pas manqué de faire beaucoup parler de lui pour différentes raisons. Il est vrai que la répartition très inégale des ponts sur le parcours du fleuve est éloquente et sa largeur dans sa partie bas-danubienne, n’est peut-être pas la seule raison pour expliquer le nombre total restreint d’infrastructures qui le traversent :
– 38 en Allemagne sur un parcours de 184, 3 km (à partir de la ville de Kelheim, PK 2414, 5) dont le Steinerne Brücke (pont de pierre) de Ratisbonne (Regensburg), construit entre 1135 et 1146, âgé de 850 ans, est le plus ancien de tous les pont en activité sur le Danube.
– 1 entre l’Allemagne et l’Autriche pour 28, 5 km de frontière commune
– 40 en Autriche sur un parcours de 321 km dont 3 à Linz et un en construction, 21 sur les Danube viennois sans évidemment compter les ponts sur le canal du Danube (32) et la Wien qui en totalise à elle toute seule 40. Le tout premier pont viennois (en bois) eux fut construit en 1439.
– 7 en Slovaquie dont 6 à Bratislava sur un parcours de 22, 5 km
– 6 entre la Slovaquie et la Hongrie pour 142 km de frontière commune y compris le barrage de Gabčíkovo.
– 17 en Hongrie dont 12 à Budapest sur un parcours de 275, 2 km dont celui en construction de Kalocsa-Paks (achèvement en 2024)
– 4 entre la Croatie et la Serbie pour 137, 5 km de frontière commune
– 9 en Serbie dont 5 à Novi Sad et 2 à Belgrade sur un parcours de 220, 5 km
– 2 entre la Roumanie et la Serbie pour 229, 4 km de frontière commune (ponts barrage de Djerdap I et II)
– 2 entre la Roumanie et la Bulgarie pour 470, 5 km de frontière commune
– 0 entre la Moldavie et la Roumanie pour 0, 6 km de frontière commune
– 0 entre l’Ukraine et la Roumanie pour 53, 9 km de frontière commune
– 6 en Roumanie sur un parcours de 241 km dont 2 sur le bras de Borcea
Jusqu’à la mise en service du nouveau pont-rail roumano-bulgare (Pont Danube II ou Pont de la Nouvelle Europe), un seul ouvrage permettait de franchir le fleuve sur les 470, 5 kilomètres de la frontière que dessine le fleuve entre ces deux pays. Celui-ci, le Pont de l’amitié, édifié en 1954, à l’époque du communisme au km 488, 7 entre Ruse (Bulgarie) et Ghiurgiu (Roumanie) assurait tant bien que mal avec les bacs le transit des hommes et des marchandises entre les deux rives roumano-bulgares.
L’ouvrage, baptisé Pont Danube II ou Pont de la Nouvelle Europe, a été inauguré en grande pompe par les autorités roumaines et bulgares ainsi que par le Commissaire européen pour le développement régional au mois de juin 2013. Situé sur l’axe prioritaire du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) ses principaux objectifs sont de rétablir une liaison ferroviaire entre la Bulgarie et la Roumanie et de de faire avancer l’intégration des réseaux routiers et ferroviaires bulgares aux réseaux de transport paneuropéens. Pour certains ce pont arrive trop tard, pour d’autres comme les élus locaux et les habitants de Vidin et de Calafat, celui-ci pourrait donner un coup de fouet à l’économie vacillante des deux petites villes.
Roumanie et Bulgarie ont longtemps débattues en raison d’intérêts divergents sur le choix de son emplacement et de désaccord financier. Lancés enfin en février 2007 les travaux se sont encore prolongés en raison de difficultés techniques et financières jusqu’en 2013. Le coût total de la construction a dépassé les 226 millions d’euros initialement prévus. 273 millions d’euros ont été finalement nécessaire à sa réalisation. La participation de l’Union Européenne se monte à 70 millions d’euros. La contribution bulgare est de près de 100 millions d’euros, celle de la Roumanie de 33 millions. S’ajoutent encore des aides de l’Allemagne et de la France.
Le Pont Danube II ou Pont de la nouvelle Europe comporte deux voies de circulation dans chaque sens pour le trafic routier ainsi qu’une voie ferroviaire. L’un de ses côtés est doté d’une allée réservée aux piétons et aux usagers non motorisés, et l’autre d’une piste d’évacuation.
En raison de son coût, le Pont Danube II représentait-il la solution la plus adéquate pour améliorer les conditions de transit d’une rive à l’autre du fleuve dans cette région ? À qui celui-ci profite-t-il le plus ? Aux petites villes roumaines et bulgares des environs sinistrées sur le plan économique ? Aux transports routiers dont on connaît les très lourdes conséquences environnementales ou bien au ferroviaire dont les infrastructures dans la région du bas-Danube sont encore dans un état déplorable ? On ne compte plus aujourd’hui que 8 ponts de chemin de fer dont les deux ouvrages rail-route roumano-bulgares depuis Budapest jusqu’au delta du Danube soit sur distance de 1652 km !
Un pont chinois en Serbie
Le Pont de l’amitié Chine Serbie ou pont de Pupin, construit à Belgrade, et qui relie les municipalités de Zemun et Borča, en amont du confluent de la Sava avec le Danube, mesure 1 507 m. Il a été en grande partie financé par la Chine et construit par une société chinoise. Cet ouvrage s’intègre dans un projet d’autoroute périphérique qui permettra d’améliorer la circulation dans la capitale serbe. Un autre projet de construction d’un pont sur l’axe routier Belgrade-Pančevo, placé sous l’égide d’une collaboration serbo-chinoise en plein essor, est également à l’ordre du jour.
Des discussions sont actuellement en cours pour l’éventuelle réalisation d’un troisième pont roumano-bulgare, entre Roussé (Bulgarie) et Giurgiu (Roumanie) et d’autres ouvrages sur le Danube seraient à l’étude encore plus en aval comme celui entre Issacea et la rive ukrainienne. Il faudra sans doute attendre pour cela que la guerre entre l’Ukraine et la Russie soit terminée.
Le plus long pont franchissant le Danube, le pont de Beška (PK 1232, 05), construit en 1975 et partiellement détruit en 1999 par les bombardement de l’Otan, se trouve en Serbie entre Novi Sad et Belgrade. Sa longueur est de 2250 m.
Eric Baude, Danube-culture, © droit réservés, mis à jour novembre 2023
Sources :
https://de.wikipedia.org › wiki
https://www.wien.gv.at
https://www.stadt-wien.at