Les monts de Mǎcin (Dobroudja danubienne), sanctuaire de biodiversité

   Le Parc National des Monts de Mǎcin (11 321 hectares), créé en 2000, se situe en Dobroudja1, entre les villes danubiennes de Brăila et de Tulcea, sur la rive droite du bras du Danube du même nom. Les monts de Mǎcin sont en fait les plus anciennes montagnes roumaines. Vieilles de plusieurs centaines de millions d’années, elles sont nées à l’ère paléozoïque et auraient fait partie d’une chaine montagneuse qui traversait alors toute l’Europe d’ouest en est. Formant un ultime relief culminant à 467 mètres avec le mont Țuțuiatu en travers du chemin du Danube avant le delta et la mer Noire, ce massif abrite une flore et une faune parmi les plus riches de ces régions d’Europe orientale.

   Les paysages contrastés, forestiers ou semi-arides parfois érodés2 ou escarpés mais toujours fascinants, parmi les plus beaux des rives danubiennes, abritent plusieurs types d’écosystème (pontique, forêts sub-méditerranéennes et balkaniques) ainsi que, de part cette variété de milieux, une importante biodiversité, en particulier plus de la moitié des espèces végétales de Roumanie, un millier d’espèces de papillons et quelques espèces peu communes de rapaces (aigle criard, pomarin, circaète Jean-le-Blanc, faucon sacre autrefois utilisé en fauconnerie…) ce qui en fait un paradis particulièrement apprécié des entomologistes, des ornithologues et autres naturalistes. Il s’inscrit également dans le corridor de migration des oiseaux qui suivent les cours du Prut et du Siret, deux affluents du Danube de la rive septentrionale.

Pivoines sauvages dans les monts de Mǎcin au printemps, photo Dorina Moisa, © droits réservés

   La pivoine sauvage, la campanule de Dobroudja, une espèce végétale endémique d’une incroyable frugalité et résistance et qu’on retrouve sur le blason du parc, aiment se faire remarquer par leur floraison printanière aux couleurs intenses. Mais l’espèce emblématique du parc c’est la tortue terrestre de Dobroudja dont la vie dans ce biotope spécifique est un modèle d’adaptation. Quand aux ciels de Dobroudja, l’endroit idéal est au sommet du Dealul Pietrisului sur la commune de Luncaviţa se trouve un observatoire astronomique.

La vue sur le bras du Danube de Măcin et la Balta depuis les ruines de la forteresse de Troesmis, photo © Danube-culture, droits réservés

   Aux pieds des Mont de Mǎcin se trouvent plusieurs anciennes cités et forteresses grecques, daco-byzantines (Ogeţia) et romaines (Troesmis). Des monastères orthodoxes comme celui de Cocoş, proche du village viticole Niculiţei, fondé en 1833 par trois moines roumains ayant séjourné au Mont Athos, ont trouvé refuge dans ces contrées dont le moindre qu’on puisse dire est qu’elles peuvent inciter à une vie monacale et mystique et susciter des vocations religieuses.

Fresque du monastère orthodoxe de Cocoș, photo droits réservés

18 ethnies (russes, grecques, bulgares, ukrainiennes, tatares, turques, roumaines, tsiganes, arméniennes, italiennes…) peuplent cette région et se côtoient pacifiquement sur ce territoire insolite de la Dobroudja à la multiculturalité ancestrale.

Monts de Mǎcin, Dobroudja, photo Dorina Moisa © droits réservés

www.parcmacin.ro
Notes : 
1 « La Dobroudja, peuplée depuis les temps très anciens « c’est cette province que dessine le cours du Danube inférieur du Danube, dans sa grande boucle finale, avant de se jeter dans la mer Noire dans son célèbre delta. C’est un grand rectangle d’environ 200 km dans le sens nord-sud et d’une centaine dans le sens est-ouest, que se partagent la Roumanie, qui en détient les deux tiers septentrionaux et la Bulgarie pour le tiers méridional. C’est l’arrière-pays des stations balnéaires roumaines ; le port bulgare de Varna en marque l’extrême limite. Au nord, les monts de Măcin parmi les plus vieux reliefs d’Europe, dominent le delta du Danube, terre d’alluvions où notre continent est en pleine croissance. Au centre, un paysage de steppe domine dont l’élevage nomade fut longtemps la ressource majeure. Au sud des ondulations douces proposent un environnement plus propice à l’agriculture. La façade maritime, du nord au sud, se compose d’immenses marais, de vastes lagunes, de plages de sable fin, de falaises calcaires. »
Bernard Lory, introduction du livre de Camille Allard, Entre mer Noire et Danube, Dobroudja, 1855, collection Via Balkanica, Éditions Non Lieu, Paris, 2013
2 Le nom de Mǎcin  pourrait avoir pour origine le verbe a măcina, moudre, moulu.
Danube-culture septembre 2022, droits réservés

Dans les monts de Mǎcin, photo © Danube-culture, droits réservés

Retour en haut de page